Numéro Juin 2016 - Revue Médicale des Grands Lacs
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Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 EDITORIAL Ces derniers temps beaucoup de jeunes qui s’intéressent à la recherche me posent inlassablement la même question : comment commencer une recherche? Je voudrai donner dans cet éditorial les premiers pas pour commencer une bonne recherche. Mes collègues, routiniers dans ce domaine pourront m’en excuser par la simplicité de mon résumé. Surement qu’ils comprendront qu’il faut employer des termes simples et précis pour que ceux qui font leurs premiers pas dans la recherche. Ceci pour aller tout droit à l’essentiel. Comment pourrai-je résumer le processus de recherche ? Je n’aborderai que les trois premières étapes dans cet éditorial pour faire court et précis. qui semble particulièrement efficace, penser à utiliser un groupe contrôle ; laquelle on peut répondre par des expérimentations contrôlées. - chercher à comprendre ce qui se passe : étudier un événement qui vous semble curieux, car il donne des résultats contre-intuitifs, essayer de le faire se reproduire et proposer une explication ; Une question de recherche résulte donc d’une incertitude qu’un chercheur veut résoudre au sein d’une population en prélevant des données (effectuant des mesures) dans un échantillon de sujets représentatifs de cette population. - chercher les liaisons : mettre en relation deux variables qui semblent liées et en étudier la corrélation ; - chercher dans la littérature : deux auteurs proposent chacun leur manière de voir un événement, étudier cet événement et proposer sa propre vision des choses ; de plus, les auteurs proposent souvent, dans leurs conclusions, des pistes de recherches que l’on peut reprendre ; - chercher dans le prêt-à-penser : si le bon sens comprend souvent des jugements adéquats, certains sont peut-être non fondés, vous pouvez en trouver un et le tester (et être possiblement surpris de ne pas avoir confirmation de l’évidence) ; Voici les 5 étapes que nous estimons nécessaires dans tout processus de recherche : -Trouver un sujet - Se poser une question de recherche - Formuler une problématique - Préciser la question -Formuler les hypothèses 1. Trouver un sujet D’après nous, le plus difficile est de se fixer un sujet de recherche intéressant. Voici quelques idées pour en trouver un (les idées peuvent évidemment se combiner) : - chercher à côté : transposer une notion d’un domaine à un autre; Quels sont les éléments d’une question de recherche ? Il y en a trois : -Variable explicative (exposition) -Variable expliquée (évènement : souvent une maladie) -Population cible. 3. Formuler une problématique Une problématique formule un écart constaté entre une situation de départ, insatisfaisante, et une situation d’arrivée, désirable. Ce doit être un énoncé sous forme de question exigeant une réponse logique. Et traite d’une relation entre au moins deux variables. Il faut avoir la possibilité de vérifier la/les relation(s) entre ces variables. - chercher en utilisant un autre matériel : reprendre une étude en utilisant un autre matériel et en vérifiant son impact sur certaines variables ; La question posée doit être : • heuristique : elle apporte du nouveau. • testable : on peut la vérifier par l’expérience. - chercher dans ses dadas : utiliser sa propre expertise dans un domaine pour monter une expérimentation utilisant une de ses productions, etc. Je vous inviterai donc à commencer et à ne pas hésiter. Certes le chemin est long mais il faut vite démarrer. 2. Se poser une question de recherche Il y a trois types de questions de recherche, amenant à des méthodes très différentes : Vous verrez que vous êtes la personne clé car vos observations et votre intérêt personnel sont la source des idées de recherche. Merci et bonne chance, • Que se passe-t-il ? À laquelle on peut répondre par des questionnaires ou des enquêtes ; - chercher ce qui dysfonctionne : étudier une situation qui dysfonctionne, concevoir un moyen de remédier à cela et le tester ; • Quels sont les événements qui apparaissent ensemble ? À laquelle on peut répondre par des analyses en corrélation, ou des analyses factorielles. Ce sont des outils puissants, mais peu aisés à utiliser sans guidage expert. - chercher ce qui va bien : tester un moyen • Quels événements causent quels autres ? À Prof. Dr Ahuka Ona Longombe, MD, PhD, MHPE (Maastr) Editeur en Chef Revue Médicale des Grands Lacs 1 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 HYPONATREMIE CHEZ TRAUMATISE CRANIEN : A PROPOS DE 43 CAS Rochdi Jawad1 , &,Lahmadi Khalid1, Laatiris Abdelkader1, Tellal Saida1. 1 Laboratoire de biochimie Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V de Médecine et de Pharmacie de Rabat Maroc Auteur correspondant : Jawad Rochdi, Laboratoire de biochimie Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V de Médecine et de Pharmacie de Rabat Maroc Tel : +212661403947. E mail : [email protected] Résumé Introduction : Les traumatismes crâniens (TC) sont des pathologies fréquentes touchant essentiellement la population jeune. Ils engendrent des séquelles parfois très graves et qui peuvent rendre impossible la réinsertion socio-économique du malade. Les troubles hydro-électrolytiques sont parmi les problèmes rencontrés dans leur prise en charge en réanimation. L’hyponatrémie est le trouble le plus fréquent, ses étiologies sont liées à l’agression cérébrale et aux thérapeutiques mises en œuvre. Objectifs : Nous nous sommes intéressés dans ce travail à déterminer la prévalence de l’hyponatrémie chez une série de traumatisés crâniens et son évolution au cours de leur hospitalisation en réanimation chirurgicale. Patients et méthodes : Nous avons inclus 43 traumatisés crâniens hospitalisés au service de réanimation chirurgicale de l’Hôpital Militaire d’Instruction Mohamed V Rabat (HMIMV) entre janvier 2007 et novembre 2008. Ces malades ont été classés selon la gravité du traumatisme crânien en se basant sur le score de Glasgow (GCS). Les variations de la natrémie et de l’osmolarité plasmatique ont été suivies pendant une durée de 22 jours. Résultats : Dans notre série, l’âge moyen des traumatisés crâniens était de 39.26 ± 17 ans, les hommes étaient plus touchés avec un sex ratio de 6.17. Les accidents de la voie publique étaient la première cause des traumatismes crâniens (86.05%). L’incidence de l’hyponatrémie était de 34.9% dont 80% étaient légères ; 67% des hyponatrémies ont été observées chez les traumatisés crâniens graves. L’installation de l’hyponatrémie était plus tardive chez les traumatisés crâniens graves. La correction de l’hyponatrémie chez les traumatisés crâniens graves a nécessité 4.16±1.16 jours contre 1.20±0.20 jour chez ceux qui avaient un GCS > 8. La mortalité chez les patients ayant fait au moins un épisode d’hyponatrémie était de 13.3%. Conclusion : l’hyponatrémie chez le traumatisé crânien est fréquente et peut évoluer défavorablement. Le diagnostic précoce et la prise en charge rapide et prudente permet une bonne évolution, d’où l’intérêt du suivi biologique durant les premiers dix jours de l’hospitalisation. Mots clés : traumatisme crânien ; hyponatrémie ; score de Glasgow Summary Introduction: Traumatic brain injuries (TBI) are common diseases primarily affecting the young population. They generate some very serious consequences and may make it impossible to socio-economic reintegration of the patient. The electrolyte disturbances are among the problems encountered in their care in the intensive care unit (ICU). Hyponatremia is the most common disorder, its causes are related to brain injury and therapeutic implemented. Objectives: We were interested in this work to determine the prevalence of hyponatremia in a series of head injury and its evolution during their hospitalization in a surgical intensive care unit. 2 Patients and Methods: We included 43 cranial trauma patients hospitalized in the surgical ICU of HMIMV between January 2007 and November 2008. These patients were classified according to the severity of head injury based on the Glasgow Coma Score. Changes in serum sodium and plasma osmolarity were followed for a period of 22 days. Results: In our series, the average age of TBI was 39.26 ± 17 years; men were more affected with a sex ratio of 6.17. Accident public roads were the primary cause of head injuries (86.05%). The incidence of hyponatremia was 34.9%, of which 80% were mild. 67% of hyponatremia have been reported in severe head trauma. The installation of hyponatremia was later in severe head trauma. The correction of hyponatremia in severe traumatic brain injury necessitated 4.16 ± 1.16 days against 1.20 ± 0.20 days for those with a GCS> 8. Mortality among patients who had at least one episode of hyponatremia was 13.3%. Conclusion: hyponatremia in the brain injury is common and may progress unfavorably. Early diagnosis, prompt and prudent management allow a good evolution. Hence the importance of biological monitoring during the first ten days of hospitalization. Keywords: Traumatic brain injury; hyponatremia; Glasgow Coma Score Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Introduction L es traumatismes crâniens constituent un problème majeur de santé publique tant en raison de leur fréquence que des coûts de santé qu’ils engendrent. [1] Les désordres circulatoires et métaboliques cérébraux jouent un rôle important dans la physiopathologie des traumatismes crâniens, ils sont à l’origine des lésions secondaires ayant comme conséquence une ischémie globale ou focale qui s’associent aux lésions traumatiques primaires constituées lors de l’impact. On décrit après un traumatisme crânien des troubles hydro-électrolytiques notamment une hyponatrémie, qui nécessite une prise en charge adéquate et prudente, d’où l’intérêt du suivi biologique par le dosage de l’ionogramme sanguin et urinaire. [2] Patients et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive et analytique d’une série de cas sur une période de 23 mois allant de Janvier 2007 à novembre 2008, réalisée au service de réanimation chirurgicale de l’Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V de Rabat. Nous avons inclus tous les patients traumatisés crâniens ayant séjourné au service de réanimation chirurgicale pendant une durée d’au moins 3 jours. Nous avons exclu les dossiers qui manquaient de données sur les examens biologiques. Le recueil des données cliniques, scanographiques, biologiques et thérapeutiques a été réalisé à partir du registre d’hospitalisation, du dossier médical et de la fiche de prescription. Ainsi, nous nous sommes proposé, dans ce travail, d’évaluer la prévalence et le pronostic de l’hyponatrémie chez 43 traumatisés crâniens admis au service de réanimation chirurgicale de l’Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V. Les patients ont été répartis selon la gravité du traumatisme crânien en se basant sur le score de Glasgow: TC grave (GCS≤8), modéré (9≤GCS≤12), et léger (GCS>13). [3] Nous avons suivi l’évolution de la natrémie pendant une durée de 22 jours et nous avons classé les patients selon le degré de l’hypo- natrémie : sévère (inférieure à 125 mmol/l), modérée (125-130 mmol/l) et légère (131 et 135 mmol/l). Parallèlement, nous avons relevé les valeurs de la kaliémie, de la glycémie et de l’urémie et nous avons calculé l’osmolarité à partir de ces données. La détermination de la volémie a été basée sur la valeur de la pression veineuse centrale (PVC). La prise en charge thérapeutique a été représentée par la perfusion des solutés de remplissage (Sérum salé isotonique 0.9% ; Sérum salé hypertonique) ; du mannitol à 20% ; du Minirin (desmopressine). Nous avons relevé le nombre des patients hyponatrémiques et nous avons déterminé la relation entre l’évolution et la durée d’installation et de correction de l’hyponatrémie en utilisant la méthode de Kaplan-Meier avec le test Log Rank ; le seuil de significativité a été fixé à 0.05. L’analyse statistique a été effectuée par le logiciel SPSS 10. Résultats 1. Le profil épidémiologique et étiologique L’étude a porté sur 43 traumatisés crâniens dont 37 étaient des hommes (86%) et 6 étaient des femmes (14%). Le sexe masculin était ainsi prédominant avec un sex ratio de 6.17. L’âge moyen de notre population était de 39.26 ± 17 ans avec des extrêmes de 15 et 85 ans. La tranche d’âge la plus concernée était celle de 20 à 39 ans (48.84%). Les accidents de la voie publique étaient la première cause de traumatismes crâniens dans notre série (86.05%), les chutes venaient en seconde position (9.3%) (Figure 1). Le Score de Glasgow moyen était de 9.70± 3.21 (avec des extrêmes de 3 et 15). Cinquante trois pourcent des patients étaient des traumatisés crâniens graves, 18.6% étaient modérés et 27.91% étaient légers. Les contusions hémorragiques et l’œdème cérébral étaient prédominants, avec un pourcentage respectivement de 48.84% et 39.53%. Figure 2: Répartition des patients selon le degré de l’hyponatrémie 3. Hyponatrémie et gravité du traumatisme crânien Chez les hyponatrémiques, 66.7% avaient un TC grave, 20% un TC modéré et 13.3% un TC léger (Figure 3). Le délai moyen de survenue de l’hyponatrémie était de 7,536±1,058 jours après le traumatisme chez les traumatisés crâniens graves et de 4,550±0,715 jours chez les modérés et légers (p=0.047). Le délai moyen de correction de l’hyponatrémie chez les traumatisés crâniens graves était de 4.160±1.166 jours après le début du traitement, alors que chez les patients ayant un GCS supérieur à 8, elle était de 1.200±0.200 (p=0.020). Deux patients hyponatrémiques sont décédés, alors que les 13 restants ont eu une bonne évolution, soit une mortalité de 13.3%. Figure 1 : Répartition des patients selon l’étiologie du traumatisme crânien AVP* : Accident de la voie publique. 2. Le degré d’hyponatrémie L’hyponatrémie était présente chez 15 patients, soit une prévalence de 34.9%. L’hyponatrémie était légère chez 12 patients (80%), modérée chez 2 patients (13.33%), et sévère chez un seul patient (6.67%) (Figure 2). Figure 3 : Répartition des hyponatrémies selon la gravité du traumatisme crânien 3 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 4. Installation hyponatrémie et gravité du traumatisme crânien (Tableau I) Tableau I : Délai moyen d’installation de l’hyponatrémie en fonction de la gravité du traumatisme crânien Paramètre CS≤8 GCS>8 Durée moyenne (jours) IC à 95% P 7.536±1.058 4.550±0.715 (5.463-9.608) (3.149-5.951) 0.047 5. Correction de l’hyponatrémie et gravité du traumatisme crânien (Tableau II) Tableau II : Délai moyen de correction de l’hyponatrémie en fonction la gravité du traumatisme crânien Paramètre La comparaison du délai moyen de survenue de l’hyponatrémie chez les patients qui avaient ayant un GCS≤ 8 et chez ceux qui avaient un GCS>8 a montré que l’apparition de l’hyponatrémie était plus tardive chez les traumatisés crâniens graves avec une différence statistiquement significative (p = 0.047). ( GCS≤8 GCS>8 Durée moyenne (jours) IC à 95% P 4.160±1.166 1.200±0.200 (1.875-6.445) (0.808-1.592) 0.020 La correction de l’hyponatrémie chez les traumatisés crâniens graves a nécessité 4.160±1.166 jours contre 1.200±0.200 jour chez ceux qui avaient un GCS > 8. La comparaison de la durée de correction de l’hyponatrémie chez ces deux groupes a objectivé une différence statistiquement significative (p=0.020). Discussion L’incidence réelle de l’hyponatrémie reste mal connue même si elle est le désordre électrolytique le plus couramment rencontré en pratique courante [4]. Si la natrémie varie physiologiquement entre 138 et 142 mmol/l, l’hyponatrémie est définie par une valeur inférieure à 136 mmol/l selon Adrogué et al. [5]. A notre connaissance, très peu d’études se sont intéressées exclusivement aux traumatisés crâniens, la plupart ont été réalisées dans des services différents notamment en chirurgie, aux urgences, en gériatrie, en médecine interne et en milieu de réanimation [6-9]. Dans une étude menée dans le service de réanimation médicale de l’hôpital Ibn Sina, l’incidence de l’hyponatrémie (<130 mmol/l) était de 13,7 % [10]. Dans celle réalisée au service de réanimation médico-chirurgicale de l’HMIMV, l’incidence de l’hyponatrémie était plutôt de 17% [11]. Cerda et al. ont montré, dans une étude réalisée en 2010, que 14.6% des 130 patients inclus dans l’étude étaient hyponatrémiques [12]. Dans une autre étude réalisée en 2004 par Nobohiro et al. pour évaluer la prévalence de l’hyponatrémie et la réponse au traitement, 16.8% des 298 patients avec TC présentaient une hyponatrémie [13]. D’autre part, Paiva et al. ont trouvé une incidence de 20% [14], alors que pour Agha et al. elle est de 13.7% dans un travail sur 102 patients suivis pour TC modérés et graves[15]. Dans une autre étude réalisée sur 26 traumatisés crâniens hospitalisés durant 2004 - 2005 en unité de soins intensifs au Brésil, Costa et al. ont trouvé une prévalence de 34.6% [16]. Born et al. ont rapporté, dans une étude sur 109 patients avec TC grave, 36 cas d’hyponatrémie, soit une prévalence de 33.0% [17]. Chitsazian Z et al. ont rapporté une prévalence de 31.6% [18] tandis que Adiga et al. ont trouvé une incidence de 24% [19]. Dans une autre étude conduite par Sabouri et al, entre 2002 et 2003 sur 100 patients admis au service de neurochirurgie de l’hôpital Kashani et Alzahra à Isfahan, l’hyponatrémie a été observée chez 42% des 4 patients [20]. En Chine, une étude effectuée en 2008 s’est intéressée à l’exploration des mécanismes physiopathologiques des hyponatrémies centrales chez les traumatisés crâniens. Ainsi, parmi 68 traumatisés crâniens, 27 cas d’hyponatrémie ont été relevés, soit une incidence de 39.7% [21]. Dans notre étude, cette incidence était de 34.9%, comparable aux résultats rapportés par Costa et al [16], Born et al [17] et Chitsazian et al [18], mais plus élevée que certaines autres [14, 15,19]. Ainsi, l’hétérogénéité de ces chiffres rapportés dans les différentes études s’explique par la diversité de l’origine de recrutement, le type de l’hyponatrémie étudiée, c’est-à-dire d’admission ou survenant au cours de l’hospitalisation, le seuil de définition de l’hyponatrémie et l’âge des malades. On a constaté que 66.7 % des hyponatrémies étaient observées chez les traumatisés crâniens graves. Dans l’étude faite en Chine [21], l’incidence de l’hyponatrémie était de 80% chez les traumatisés crâniens graves. Dans la littérature, l’hyponatrémie post traumatique survient dans les 3 à 15 jours après le traumatisme crânien et persiste pendant 10 à 15 jours. talle en fin de la 1ère semaine et au début de la 2ème semaine d’hospitalisation, ce qui est concordant avec notre résultat. Treize pourcent des patients ayant présenté au moins un épisode d’hyponatrémie sont décédés et la cause du décès était le choc septique (pneumopathie nosocomiale). Ce taux est moins élevé que celui rapporté dans l’étude menée au même service en 2005 qui a trouvé un pourcentage de 66.6% ; signalons toutefois que la comparaison n’est pas tout à fait valable du fait de la différence de recrutement et du seuil de l’hyponatrémie choisi [11]. Par ailleurs, plusieurs études ont montré que l’altération de la conscience évaluée par le score de Glasgow est un facteur de mauvais pronostic [10]. Dans notre étude, les deux patients hyponatrémiques qui sont décédés avaient un score de Glasgow inférieur à 8. Cela est en faveur d’un trouble fonctionnel, secondaire à un ébranlement hypothalamique avec facilitation ou défaut d’inhibition transitoire de la libération d’ADH par les afférences corticales ou limbiques sus-jacentes, ou parasympathiques sous-jacentes [22]. Nous n’avons pas pu établir le lien entre la sévérité de l’hyponatrémie et le décès car la majorité des hyponatrémies étaient légères. Certains auteurs n’ont pas mis en évidence de lien entre le niveau de la natrémie et le décès des patients, alors que d’autres dont Erasmus et al. [24] ont montré que la sévérité de l’hyponatrémie influençait significativement la mortalité. Dans l’étude menée à l’hôpital Ibn Sina, cette sévérité était un facteur pronostique indépendant de mortalité hospitalière [10]. Dans notre étude, l’hyponatrémie s’est installée en moyenne au 6ème jour. L’étude réalisée par Nobohiro et al. a révélé que l’hyponatrémie s’est développée entre le 3ème et le 8ème jour après le traumatisme [13]. Dans l’étude faite par Costa et al, l’hyponatrémie était présente entre le 2ème et 10ème jour d’hospitalisation [16]. Dans une étude portant sur 1698 patients traumatisés crâniens en Ireland en 2009, Sherlock et al. ont conclu que le délai moyen d’installation de l’hyponatrémie était de 6.7 jours [23]. Toutes ces études montrent que l’hyponatrémie s’ins- Le mécanisme physiopathologique de l’hyponatrémie (syndrome de sécrétion inappropriée de l’hormone antidiurétique ou syndrome de perte de sel d’origine cérébrale) n’a pas été déterminé dans notre étude à cause de manque de données sur la diurèse et de l’ionogramme urinaire et également à cause de l’absence de dosage de l’hormone antidiurétique (ADH). La question qui reste posée est de savoir si l’hyponatrémie représente par elle-même un facteur pronostique indépendant ou elle est le reflet de la gravité et de l’évolutivité du traumatisme crânien. Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Conclusion Chez le traumatisé crânien, plusieurs facteurs favorisent l’installation de l’hyponatrémie. Un diagnostic rapide et une prise en charge adéquate et prudente permettent une bonne évolution, d’où l’intérêt d’un suivi biologique journalier par le dosage de l’ionogramme sanguin et urinaire. Conflits d'intérêts Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts Contribution des auteurs Tous les auteurs sus cités ont contribué à la réalisation de cet article depuis la collecte de données jusqu'à la rédaction finale du travail. Tous les auteurs ont contribué à la conduite de ce travail. Tous les auteurs déclarent également avoir lu et approuvé la version finale du manuscrit. 1. Mathé J.F, Richard I, Rome J. Santé publique et traumatismes craniens graves : Aspects épidémiologiques et financiers, structures et filières de soins. Ann Fr d’Anesthésie et de Réanimation 2005; 24 : 688-694. PMID: 12706778. 11. Benneser A H. L’hyponatrémie en réanimation. Etude descriptive à propos d’une série de cas, HMIMV. [Thèse médecine]. Rabat : Faculté de médecine et pharmacie ; 2005. 19. Adiga U S, Vickneshwaran V, Sanat Kumar S. Electrolyte derangements in traumatic brain injury. Basic Research Jour of Med and Clinical Sciences 2012; 1(2):15-8. 2. Saeed BO, Beaumont D, Handley GH, Weaver JU. 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Arch Trauma Res 2013 Aug;2(2):91-4. PMID: 24396801 5 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 ACTIVITE PHYSIQUE CHEZ LES DIABETIQUES DE TYPE 2 VUES AU SERVICE D’ENDOCRINOLOGIE DE CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE BEFELATANANA ANTANANARIVO, MADAGASCAR Rafamatanantsoa JF (1, 2), Andriamifidison NZR(1, 2), Ravololomanana N (3),Ratsimbazafy NS (1, 2),Rakotomalala ADP (3), RanjalahyRasolofomanana J (1, 2) (1):Département Santé Publique, Faculté de Médecine, Antananarivo, Madagascar (2):Institut National de Santé Publique et Communautaire, Antananarivo, Madagascar (3):Département Médecine Interne, Faculté de Médecine, Antananarivo, Madagascar - Auteur correspondant : Docteur Rafamatanantsoa Jean Florent Adresse complète : Lot CIK 13 Andraifaingana Ankadivoribe Soalandy Antananarivo Atsimondrano 102, Madagascar Coordonnées : - téléphone : +2613471 44111 E-mail : [email protected] Résumé Contexte de l’étude: L’activité physique fait partie intégrante de la prise en charge du diabète de type 2. Cette étude a eu pour objectifd’évaluer la pratique de l’activité physique chez les diabétiques de type 2. Matériels et Méthodes : Il s’agit d’une étude transversale rétrospective auprès des diabétiques de type 2 vues en consultation externe au sein de service d’Endocrinologie de centre hospitalier universitaire Joseph RasetaBefelatanana, Antananarivo Madagascar, du mois d’Avril au mois de Juin 2014. Résultats: Au total, 110 diabétiques de types 2 ont été enquêtés. Un total de 87,3% pratique la marche à pied régulièrement, 74,0% avec une fréquence supérieure à trois séances par semaine, et 77,1% marchent moins de 60 minutes par séance. Un total de 64,5% des patients a effectué l’activité physique de façon régulière et seuls 26,8% suivent la recommandation. L’activité physique de type endurance a été la plus prati- quée par les diabétiques de type 2, représentant plus de 75,0%. Conclusion : Pour améliorer le bien-être, nous recommandons de pratiquer l’activité physique selon les normes chez les diabétiques de type 2. Mots-clés : Activité physique,Diabète type 2, Endocrinologie, Madagascar Summary Background: Physical activity is an integral part of the management of type 2 diabetes. The aim of this study was to evaluate the practice of physical activity in type 2 diabetic patients. Materials and Methods: This is a retrospective cross-sectional study with type 2 diabetes seen in outpatients in Endocrinology Department of Antananarivo University Hos- pital, University Hospital Joseph RasetaBefelatanana, realized between April to June 2014. Results: A total of 110 diabetic patients were surveyed, and 87.3% of these patients practice regularly walking, 74.0% practice walking more than three sessions per week, 77.1% for less than 60 minutes in one séance, 64.5% performed physical activity with a regular rhythm,and only 26.8% follow the recommendations. The physical activity type most practiced by type 2 diabetesis endurance. It represents more than 75.0%. Conclusion: So we recommend practicing physical activity according to the standards in type 2 diabetic. Key-words: Physical activity, Type 2 diabetes, Endocrinology, Madagascar Introduction A ctuellement le diabète de type 2 constitue une épidémie mondiale. Il touche 194 millions de personnes et à ce rythme, il pourra atteindre 300 millions en 2025 [1-3]. Le diabète est considéré comme une maladie des pays riches. Or, en Afrique Sub-saharienne, soutenue par le vieillissement de la population, l’urbanisation accrue et l’importance des autres facteurs de risque comme le tabagisme, l’obésité et l’inactivité physique, il est évident que l’importance 6 relative des maladies non transmissibles va croître [4]. En France, le diabète de type 2 atteint 4,4% de la population [5]. La prévalence générale du diabète est de 2,4 % en Afrique et ce taux varie selon les pays. En Algérie 8% des personnes souffrent de diabète dont 90% de type 2 [6]. En 2013, chez les adultes, la prévalence de diabète était estimée à 3,3 % à Madagascar, soit 670 000 malades et seulement 39% sont traités pharmacologiquement [7] Au niveau du CHU Joseph Ra- setaBefelatanana, dans le service d´Endocrinologie, selon l’enregistrement des malades hospitalisés, 94 % des malades hospitalisés ont été admis pour complication du diabète de type 2, responsable de 13% des décès au sein de ce service en 2011. Pour prévenir l’apparition des complications précoces liées au diabète de type 2, l’activité physique fait partie des moyens qui influencent l’équilibre glycémique. Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Nous émettons comme hypothèse que les diabétiques de type 2 ne suivent pas les recommandations relatives aux activités physiques. Cette étude a pour objectif d’évaluer la pratique de l’activité physique chez les diabétiques de type 2 vus au service d’Endocrinologie de CHU Befelatanana Antananarivo. MATERIELS ET METHODE Une étude descriptive rétrospective transversale a été menée au sein du service d’Endocrinologie de Centre Hospitalier Universitaire d’Antananarivo, Hôpital Joseph Raseta Befelatanana. Il s’agit d’une étude exhaustive du mois d’Octobre au mois de Décembre 2014. Ont été inclus les patients diabétiques de type 2 vus en consultation externe avec au moins deux consultations successives par un même médecin. Ont été exclus les patients diabétiques de type 2 présentant des handicaps. La variable dépendante concerne les pratiques de l’activité physique ou non chez les diabétiques de type 2. L’activité physique se définit comme « tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques et entraînant une augmentation des dépenses d’énergie par rapport à la dépense de repos» [8, 9]. Les variables indépendantes concernent les profils sociodémographiques, la pratique régulière de la marche à pied et la pratique régulière de l’activité physique. On entend par activités régulières toutes activités de même durée dans un jour ou des jours fixes pendant une semaine. Les données concernant la pratique de l’activité physique ont été collectées par des entretiens individuels et dans des fiches pré établies. Une autorisation du chef de service et le consentement du patient ont été obtenus avant de débuter l’enquête. La saisie des données et l’analyse statistique ont été effectuées par le logiciel Epi-info version 3.5.4. Résultats 1. Caractéristiques socio-démographiques des patients diabétiques type 2 et pratiquant la marche à pied régulière Au total, 110 patients diabétiques de type 2 ont été recrutés. Plus de 99% ont un âge supérieur ou égal à 40 ans avec un âge moyen de 54,6 ( Le sex-ratio a été de 1,2 (60% sont de sexe masculin) et le statut marié a été retrouvé dans 85,5%. Près de 4 patients sur 10 (38,2%) ont atteint un niveau d’études supérieur. Un peu plus de la moitié (52,8%) des patients retrouvés dans l’étude travaille comme fonctionnaire et salarié privé (26,4%). Moins de la moitié (47,3%) perçoit un salaire plus de quatre cent mille ariary (soit plus de 134 €) par mois. Parmi les 110 diabétiques, 87,3 % soit 96 malades ont pratiqué la marche à pied de façon régulière. Le tableau 1 montre les caractéristiques de la marche à pied chez les diabétiques de type 2. Tableau I : Répartition des patients diabétiques de type 2 pratiquant la marche à pied régulière selon ses caractéristiques sociodémographiques (n=96). Marche à pied n % RYTHME (par semaine) ≤ 3 séances > 3 séances 25 71 26 74 38 36 22 39,6 37,5 22,9 DUREE (par séance) < 30 min 30-60 min > 60 min Source : Service d’Endocrinologie de Centre Hospitalier Universitaire Joseph RasetaBefelatanana Antananarivo 2. Caractéristiques socio-démographiques des patients diabétiques type 2 et pratiquant l’activité physique régulière Trois quarts (74%) des diabétiques pratiquent la marche à pied pour une fréquence supérieure à trois séances par semaine et 60,4% d’une durée supérieure à 30 minutes de marche par séance. Concernant le rythme de l’activité physique pratiquée : parmi les 110 diabétiques, 64,5% soit 71 diabétiques de type 2 ont effectué une activité physique régulière. Le profil sociodémographiques des patients diabétiques de type 2 est représenté dans le tableau 2. Tableau 2 : Répartition des patients diabétiques de type 2 pratiquant l’activité physique régulière selon leurs caractéristiques sociodémographiques (n=71). ACTIVITE PHYSIQUE RYTHME (par semaine) ≤ 3 séances > 3 séances n % n % AGE (année) ≤ 44 45 - 54 55 - 64 ≥ 65 SEXE Masculin Féminin STATUT : marié Oui Non NIVEAU D’INSTRUCTION Primaire Secondaire Supérieur PROFESSION Fonctionnaire Libérale Salarié privé Ménagère Paysans REVENU PAR MOIS (Ariary) ≤ 180 000 > 180 000 ANCIENNETE DU DIABETE (année) <1 1-4 5-9 ≥ 10 Total DUREE (min) ≤ 30 ≤ 30 n % n % 3 28 19 2 5,8 53,8 36,5 3,9 2 12 5 0 10,5 63,2 26,3 0 1 21 8 0 3,3 70,0 26,7 0 4 19 16 2 9,8 46,3 39,0 4,9 31 21 59,7 40,3 7 12 36,8 63,2 6 24 20,0 80,0 32 9 78,1 21,9 45 7 86,6 13,4 18 1 94,7 5,3 26 4 86,7 13,3 37 4 90,2 9,8 4 23 25 7,7 44,2 48,1 2 14 3 10,5 73,7 15,8 4 18 8 13,3 60,0 26,7 2 18 21 4,9 44,0 51,2 17 13 16 4 2 32,7 25,0 30,8 7,7 3,9 4 11 0 4 0 21,1 57,9 0 21,4 0 7 12 6 5 0 23,3 40,0 20,0 16,7 0 13 12 11 3 2 31,8 29,2 26,9 7,2 4,9 7 45 13,4 86,6 5 14 26,3 73,7 7 24 23,3 76,7 5 36 12,1 87,9 15 22 10 5 28,8 42,3 19,2 9,7 4 11 3 1 21,0 57,9 15,8 5,3 6 19 3 2 20,0 63,3 10,0 6,7 13 14 10 4 31,8 34,1 24,3 9,8 52 73,2 19 26,8 30 42,2 41 57,8 Source : Service d’Endocrinologie de Centre Hospitalier Universitaire Joseph RasetaBefelatanana Antananarivo Seuls 26,8% ont pratiqué plus de trois séances d’activité physique par semaine et 42,2% avec une durée inférieure à 30 min par séance. Dans la majorité des cas, le genre masculin, le niveau d’instruction supérieur, la profession fonctionnaire et le salaire supérieur à quatre cent mille ariary (soit plus de 134€) par mois représentent les caractéristiques les plus retrouvées chez les patients diabétiques de type 2 qui pratiquent l’activité physique à moins de trois séances par semaine mais d’une durée plus de 30 minutes par séance. Selon le type de l’activité physique : - 37,3 % ont brossé des parquets à la maison (dont 93,5 % sont de genre féminin), - 27,8 % ont pratiqué le trottinage (dont 91,3 % de genre masculin, 73,9 % de niveau d’instruction supérieur, 60,9 % fonctionnaire et 87 % ayant un salaire de plus de quatre cent mille Ariary par mois), - 19,3 % se sont adonné à la musculation (87,5 % de niveau d’instruction supérieur), - 12 % ont pratiqué du vélo, - 3,6 % ont préféré d’autres activités physiques. 7 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Discussion L’âge moyen retrouvé dans cette étude est identique à celui de l’étude de Carmoi [10] et Carmoi a trouvé un sex-ratio de 1,84 contre 1,2 dans notre étude. Le niveau d’instruction trouvé est plus élevé que celui de l’étude de Hnatiuk [11] (38,2% vs 24% de patients de niveau d’étude supérieur). Selon la littérature [12], le diabète de type 2 est une maladie liée au mode de vie associé aux facteurs génétiques. Ce constat a été confirmé dans cette étude car celle-ci montre que 47,3% perçoivent un salaire de quatre cent mille Ariary par mois. On peut supposer que plus le salaire mensuel est élevé plus le risque de déséquilibre alimentaire augmente. Cette étude montre que 74% des patients diabétiques de type 2 ont pratiqué la marche à pied régulièrement avec un rythme supérieur à trois séances par semaine. Près de 74% des patients diabétiques de type 2 ont donc suivi les normes recommandées. Concernant la durée et le rythme de la marche à pied : 60,4% ont respecté les normes de cette recommandation, c'est-àdire d’une durée plus de 30 min par marche [13] et 74 % pratiquent plus de trois séances de marche par semaine. Les diabétiques de type 2 qui ne respecte pas les recommandations de marche à pied peut être due à la méconnaissance de la recommandation normale et/ou de l’inhabitude des personnes. Concernant le rythme de ces activités physiques, 64,5% des patients diabétiques de type 2 le pratiquent de façon régulière. Plusieurs auteurs ont formulé des recommandations pour la pratique de l’activité physique chez les diabétiques de type 2 [14-17]. Il s’agit de pratiquer des activités physiques à un rythme d’au moins trois séances par semaine et d’une durée d’au moins 30 min par séance. Par rapport à ces recommandations, cette étude montre que seuls les 26,8% pratiquent l’activité physique selon le rythme normale et les 57,8% pratiquent l’activité physique selon la durée recommandée. Pour les 73,2% qui ne pratiquent pas le rythme de l’activité physique selon la norme recommandée, l’insuffisance de temps, les méconnaissances des normes ou des bienfaits de ces activités sont les causes possibles et/ou la négligence de la part de ces patients. Une étude menée à Dakar [18, 19] montre que 74% des patients diabétiques traités pharmacologiquement associent leur prise en charge avec un traitement traditionnel. Le genre masculin, le niveau d’instruction supérieur, la profession fonctionnaire et le salaire plus de quatre cent mille ariary par mois sont les caractéristiques retrouvées chez les diabétiques de type 2 qui pratiquent l’activité physique moins de trois séances par semaine mais d’une durée plus de 30 minutes par séance. Ceci peut être expliqué par leur occupation qui ne leur confrère pas un temps suffisant pour pouvoir pratiquer leur activité physique dans les normes, àl’exemple des postes à responsabilité (dirigeants). Par contre, les femmes accomplissent leurs activités physiques en effectuant leur tâche ménagère, surtout les femmes au foyer. Concernant les types d’activité physique : l’endurance (comme le brossage des parquets à la maison, le trottinage, le vélo) est le plus pratiqué par les patients diabétiques de type 2, représentant ainsi plus de 75%, tandis que l’activité physique de contre résistance ou la musculation représente 19,3% et les 3,6% des patients associent les deux types d’activité. En général, l’activité physique de type endurance est toujours recommandée [20,21]. Les 93,5% des patients qui pratiquent le brossage des parquets à la maison sont de sexe féminin, cela veut dire que le brossage des parquets à la maison constitue une activité de routine chez les femmes. Le trottinage est plus retrouvé chez les patients de genre masculin et les fonctionnaires. On peut penser que chez ces personnes qui ont une occupation contraignant moins de temps, l’habitude d’effectuer du trottinage vient après leur disponibilité pour cette pratique. L’activité physique de contre résistance est la plus pratiquée chez les diabétiques de type 2 de niveau d’instruction supérieur. Ces résultats peuvent s’expliquer par la possibilité pour ces personnes de niveau d’instruction supérieure, de travailler dans un secteur supérieur et de pouvoir accéder à ces moyens. Conclusion En conclusion, 64,5% des diabétiques de type 2 pratiquent régulièrement l’activité physique. Seuls 26,8% respectent le rythme recommandé et 57,8% la durée normale. Le genre masculin, le niveau d’instruction supérieur, la profession fonctionnaire et le salaire de plus quatre cent mille ariary par mois sont les caractéristiques retrouvées chez ces diabétiques de type 2 pratiquant l’activité physique avec un rythme inférieur à trois séances par semaine et d’une durée de plus de 30 minutes par séance. Plus de 90% des diabétiques de genre féminin ont pratiqué le brossage des parquets à la maison tandis que 91,3% des patients de genre masculin pratiquent le trottinage. Plus des trois quarts (87,5%) des patients pratiquant l’activité physique de type contre résistance sont de niveau d’instruction supérieur. Chez les diabétiques de type 2, pour améliorer le bien-être, nous recommandons la pratique de l’activité physique selon la norme recommandée et le respect des consignes données par les médecins traitants. - Conflit d’intérêt : non déclaré - Remerciements : tous les personnels pour la réalisation de cet article 2012. 34-8. 5- Anne FC, Isabelle R, Sandrine F, et al. Prévalence et Incidence du diabète et mortalité lié au diabète. Institut de veille sanitaire 2010 : 1-12. 6- Labie D. Le diabète en Afrique subsaharienne. Med Sci2007; 23: 320-2. 7- Internationale DiabetesFederation. Madagascar, disponible sur http://www.idf.org/ membership/afr/madagascar. Consulté le 20 Juin 2014. 8- Muriel T. L’activité physique chez les diabétiques de type 2. Soins savoirs et pratiques 2007 ; 718 : 21-6. 9- Laurence D, Hélène M. L’activité physique au quotidien protège votre santé. INPES 2003 : 7. 10- Carmoi T, Verret C, Debonne JM, et al. Prise en charge du diabète de type 2 en Afrique sub-saharienne : constats actuels et perspectives. Med Trop 2007; 67 : 6016. 11- Hnatiuk JB, Duhamel TA, Katz AM, et al. Physical activity supports provided by healthcare providers to patients with type 2 diabetes. Can J Diabetes 2012; 36 : 11927. Bibliographie 1- Lefebvre P. Le diabète hier, aujourd’hui et demain. L’action de la Fédération Internationale du Diabète.Rev Med Liege 2005; 60 : 273-7. 2- Vincent W. Lignes directrices de pratique clinique 2008 de l’association canadienne du diabète pour la prévention et le traitement du diabète au canada. Can J Diabetes 2008; 32: 1-2. 3- Wild S, Roglic G, Sicree R, et al. Global prevalence of diabetes: estimates for the year 2000 and projections for 2030. Diabetes Care 2004; 27: 1047-53. 4- OMS. Statistiques sanitaires mondiales 8 Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 12- Helene FP. Actualités sur le diabète de type 2. Institut de l’information scientifique et technique 2002 : 9. 16- American Diabetes Association. Physical activity/exercise and diabetes. Diabetes Care 2004; 27: S58-S62. 13- Catrine TL. Le diabète de type 2 et l’activité physique. Recherche en bref de la CVAA 2001 ; 1 : 4. 17- Matillon Y.Stratégie de prise en charge du patient diabétique de type 2 à l’exclusion de la prise en charge des complications. ANAES / Service des Recommandations et Références Professionnelles 2000 : 56. 14- American Diabetes Association. Physicalactivity/exercise and type 2 diabetes. Diabetes Care 2006; 29:1433-8. 15- Gautier JF. Activité physique et diabète de type 2. Rev Med Liege 2005; 60 : 395401. 18- Gning SB, Thiam M, Fali F,et al. Le diabète sucré en Afrique Sub-saharienne: aspects épidémiologiques, difficultés de prise en charge. Med Trop 2007 ; 67 : 607-11. 19- Ndiaye FK. Le diabète de type 2 à la Clinique Marie-Louise Brevié de l’Hôpital Principal de Dakar (étude descriptive à propos de111 cas).Thèse Med, Dakar, 2005, n°5. 20- Lavoie C. Faire de l’activité physique. Université du Québec à Trois-Rivières. Mai 2009 : 4. 21- Duclos M, Gautier JF. Activité physique et diabète de type 2. Médecine des maladies Métaboliques 2009 ; 3 : 31-8. LA MORTALITE MATERNELLE DANS L’EX- KASAÏ ORIENTAL : FREQUENCE, CAUSES ET QUELQUES DETERMINANTS Par : (1) MUMBA MUKANDILA. A. ; (2) KABEYA KANYANGA. C; (1) KASONGO Wa KASONGO.J; (1) NGIELE MPUETA .A. (3) KASONGO N. W; (2) KADIMA MUTOMBO. C ; (4) TSHIBANGU KABAMBA .E ; (2) BIAYI MIKENJI .J . (1) Université de Kabinda ; (2) Université officielle de Mbujimayi ; (3) Médecin Directeur de la Maternité Christ-Roi ; (4) Université de Mbujimayi. Correspondance : Dr BIAYI MIKENJI Justin, Professeur à l’université officielle de Mbujimayi, département de gynécologie-obstétrique, e-mail :[email protected] Résumé 1. Objectifs Comparer les fréquences, les causes et les circonstances de décès maternel entre les milieux urbain et rural de la province de l’Ex Kasaï-Oriental en République Démocratique du Congo. 2. Méthodologie Cette étude est transversale, rétrospective et multicentrique comparant deux milieux urbain (ville de Mbujimayi représentée par l’Hôpital de référence Bonzola dans la province du Kasaï-Oriental) et rural (les Villes de Kabinda et de Mwene-Ditu, de la Province de la Lomami). Elle a été réalisée sur une période de 4 ans et 5 mois (1er janvier 2010 au 30 mai 2015). Le taux de mortalité maternelle (TMM), le profil des femmes décédées, les événements survenus au cours de la grossesse, les circonstances de l’accouchement, la période de survenue du décès et leurs causes ont été les paramètres étudiés à l’aide du logiciel Epi Data. 3. Résultats Le taux de mortalité maternelle a été de 192,3 pour 100 000 naissances vivantes avec une forte disparité selon le type du milieu. Il a paru sous-estimé en milieux ruraux avec 75 et 135 soit une moyenne de 105 décès pour 100 000 naissances vivantes alors que huit fois élevé en milieu urbain avec de taux variant entre 620 et 1060 (TMM : 840,1). Le profil des femmes décédées a varié très peu avec le milieu. Dans la plupart de cas, il s’agissait d’une analphabète (26,4%) ; paucipare en ville (43,6%), grande multipare en milieu rural (45,1%) et multigeste (75,5%) avec au moins un antécédent d’avortement dans 34%. Elle était âgée de 29,9 ans ±8,1 (extrêmes : 14 et 51) avec une forte prédilection de la tranche d’âge comprise entre 18 et 34 ans (59,4%). Bien que les consultations prénatales aient été jugées de mauvaise qualité par leur fréquence (48,1%) et par la qualité de l’examinateur (réalisée plus par un infirmier dans 33%), seulement une morbidité maternelle chargée dans 68,9% a été relevée lors de l’interrogation avant le décès ; marquée par les épisodes de paludisme en milieu urbain et les tentatives d’avortement provoqué en milieu rural. Les causes obstétricales directes ont été les hémorragies (35,9%) principalement du troisième trimestre (16,4%) et du post-partum (16,4%) en ville et uniquement du post-partum (21,6%) en milieu rural suivies des infections du post-partum (17,0%). Ces décès sont survenus presque dans les mêmes circonstances dans les deux milieux car dans la majorité de cas en post-partum (53,8%) ; immédiat (21,7%) et précoce (21,7%), après un accouchement dystocique (45,3%) par voie basse (42,5%) réalisé par un infirmier (46,2%) alors que la patiente a été référée (41,5%). Près de la moitié de décès (52,6%) ont eu lieu à l’HGR et plus d’un tiers (38,2%), en transit vers cet hôpital en milieu urbain alors qu’en milieu rural, plus d’un tiers dans les centres de santé périphériques et plus d’un quart à domicile (27,5%). Ces différences observées ont été toutes significatives. 4. Conclusion L’absence des données sur la mortalité maternelle dans l’Ex-province du Kasaï-Oriental constituait une lacune. Ce travail a eu le mérite d’en évaluer le taux et d’en explorer les déterminants dans les différents milieux hospitaliers. Dans les limites qu’autorise la nature rétrospective d’une étude, le nombre limité d’hôpitaux par rapport à l’ensemble de notre population et l’insuffisance dans la tenue des dossiers des femmes décédées, l’interprétation des résultats aboutit aux conclusions suivantes : 9 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 - L’existence de la disparité entre les taux de mortalité en milieux urbain et rural serait due probablement à la sous-estimation au niveau des villages suite aux taux élevés des décès maternels à domicile ; - Les causes, les circonstances et les déterminants de cette mortalité ont été jugés presque identiques dans les deux milieux ; - Une étude beaucoup plus fouillée serait indispensable. Mots-clés : Mortalité maternelle - milieu urbain - milieu rural - fréquence - facteurs inhérents - causes. Summary 1. Objectives To compare frequencies, causes and circumstances of maternal decease between urban and rural environments of the provinces of Eastern Kasai and Lomami in Democratic Republic of Congo. 2. Methodology This study is transversal, retrospective, multicentric comparing two urban environements (Mbujimayi town represented by Bonzola Hospital of Reference) and rural (Kabinda and Muene-Ditu, both in the Province of Lomami). It has been carried out in four years and five months time (from January 1, 2010 to May 30, 2015). The death maternal rate (DMK), the deceased women’s profile, happened events during pregnancy time, circumstances of childbirth, the happened period of decease and their causes have been parameters we studied by means of software Epi Data 3. Results The death maternal rate during the last five years has been 192,3 out of 100 000 living births with a high disparity according to the type of the environment. It seems to be underestimated in rural environment with 75 and 135 that is to say an average of 105 deceases out of 100 000 living births with eight times high in urban environment with rates that vary between 620 and 1060 (DMR: 840,1). The deceased women’s profile varies not much with the environment. In most cases, it is about an illiterate woman (26,4%). It was not numerous in town (43,6%), but numerous in rural environment (45,1%) and a lot of gestures (75,5%) with at least an antecedent abortion in 34%. She was 29,9 years old more or less 8,1 (extremes: 14 and 51) with a high predilection of age bracket including 18 and 34 years (59,4%). Although prenatal control was a bad quality from their frequency (48,1%) and the examinator’s quality (carried out more by a nurse in 33%), a maternal morbidity rate in 68,9% was high at the time of questioning before the decease, marked by phases of paludism in urban environment and attempts of abortion provoked in rural environment. Direct obstetrical causes were hemorrhage (35,8%) mainly at third term in town (16,4%) and deliverance (11,8%) in rural environment followed by infections of post-partum period (17,0%).These deceases have almost happened in the same circumstances in two environments. In most cases, in postpartum period (53,8%), immediate (21,7%) and precocious (21,7%), after dystocical childbirth (45,3%) by lower passage (42,5%) carried out by a nurse (46,2%) while the she-patient was referred (41,5%). Nearly half of deceases (52,6%) has taken place at general hospital of reference and more than a third (38,2%), in transit towards hospital of urban environment while in rural environment, more than a third in the outlying center of health and more than a quarter at home (27,5%). These observed differences are all of them meaningful. The absence of data about maternal mortality in Eastern Kasai province was a serious gap we encountered in this domain. This work has got merit to assess the rate and explore the determining factors in different hospital environments. The study is subject to the retrospective nature, the limited number of hospitals regarding all our population and lack of file holding of deceased women. The interpretation of results leads to the following conclusion: - The existence of disparity between rates of mortality in urban and rural environments would be probably due to underestimation at the level of the village further to high rates of maternal deceases at home; - The causes, circumstances and determining factors of this mortality have been almost identical in these two environments. - A more researched study is necessary. Keywords: maternal mortality-urban environment-rural environment-frequency-determining factors. Introduction L a grossesse, l’accouchement et leurs conséquences constituent toujours les principales causes de décès, de maladies et d’incapacité chez les femmes en âge de procréer des pays en développement (1). Ainsi, la mortalité maternelle selon l’OMS est tout décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après sa terminaison, quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite (2, 3, 4). Actuellement, avec l’évolution des normes de notification de la mortalité maternelle dans la classification internationale des maladies (CIM-10) de l’Organisation Mondiale de la Santé, on définit la mortalité maternelle tardive « late maternal death » comme le décès d’une femme résultant des causes obstétricales directes ou indirectes survenu plus de 10 42 jours, mais moins d’un an, après la terminaison de la grossesse (3). En dépit des progrès de la technologie, la situation des femmes en période de grossesse reste préoccupante du fait qu’elles soient en position de risque élevé de décéder soit durant la grossesse ou lors de l’accouchement ou en suites des couches (5, 6). Chaque année dans le monde, plus d’un demi million de femmes âgées de 15 à 49 ans meurent en cours de grossesse ou post-partum avec une prédominance dans les pays en développement où la tragédie frappe plus d’une femme à la minute et près de 95% se produisent en Afrique et en Asie. En Afrique subsaharienne, les femmes ont une chance sur 12 contre une chance sur 4000 dans les pays riches au cours de la grossesse ou d’un accouchement ; ce qui donne un risque moyen multiplié par 300 par rapport aux femmes des pays nan- tis (7, 8).Le risque de décès maternel est de 1/1800 naissances dans l’ensemble de pays développés, dont 1/3700 en Amérique du Nord et 1/1400 en Europe avec un taux de mortalité compris entre 6 et 9,6 pour 100 000 naissances vivantes en France (9, 10, 11, 12). Par contre, dans les pays en voie de développement, ce risque est estimé à 1/48, dont 1/16 en Afrique, 1/65 en Asie et 1/130 en Amérique latine-caraïbes (9). Le taux de mortalité est de 1020 en Afrique Occidentale (13), 510 à 690 au Sénégal (13), 564 à 821 en Guinée Conakry (8), 2581,65 au Mali (14), 3500 au Bénin (6). Au Maghreb, la situation approche les objectifs de l’OMD 5 avec 30 pour la Tunisie et 92,6 pour l’Algérie (7). Au Maroc, le ratio de mortalité maternelle a diminué de près de 66% en vingt ans , passant de 332 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes en 1992 à 112 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2010 (15). Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 En République Démocratique du Congo, selon les statistiques de l’OMS, le taux de mortalité maternelle variait entre 700 et 870 dans l’intervalle compris entre 1993 et 1996 (16). L’estimation directe de ce taux à partir de l’EDS-RDC pour la période 2002-2006 a été de 549 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes (17). On notera que plus de trois quart de décès maternels sont dûs à cinq causes médicales directes : hémorragies, avortements (provoqués), infections (surtout en rapport avec ces derniers), troubles hypertensifs de la grossesse et dystocie. Les causes médicales indirectes incluent l’anémie, le paludisme et dans un nombre de plus en plus grand de pays le sida et toutes les pathologies non obstétricales associées à une grossesse ou au post-partum qui peuvent influer sur son cours (2, 4, 6, 8, 9, 10, 13, 18). Plus de trois quarts de décès maternels se produisent dans les établissements hospitaliers publics, 10% à domicile et 8% en clinique privée. Un quart de morts maternelles surviennent au cours de la grossesse, dont 9,5% avant 22 semaines d’âge gestationnel. Un tiers survient dans les premières 24 heures du post-partum et un autre tiers dans le post-partum au-delà des 24 heures, mais à moins de 42 jours. Enfin 6,5% correspondent aux morts tardives (4). La plupart des décès sont jugés évitables par le CNEMM, certainement dans 38% de cas et probablement dans 16%. Dans 20% des cas, les experts manquent d’éléments pour conclure (2). Aussi longtemps que les statistiques restent éloquentes à travers le monde et la mortalité maternelle demeurant l’indicateur de santé avec une plus grande disparité entre les pays en développement et les pays développés d’une part et l’estimation à l’échelle nationale du niveau de la mortalité adulte et particulièrement la mortalité maternelle étant parmi les quinze objectifs principaux de l’Enquête Démographique de la Santé en République Démocratique du Congo (EDS-RDC II) d’autre part (2,19), nous nous proposons de mener une étude détaillée sur la situation de notre pays et particulièrement l’Ex-province du Kasaï-Oriental. Non seulement une telle étude serait d’un apport non négligeable aux statistiques ci- haut dans lesquelles la République Démocratique du Congo semble moins documentée, mais elle permettrait surtout d’améliorer la prise en charge de la femme durant la période gravido-puerpérale. Tout en visant à déterminer la fréquence et les causes de la mortalité maternelle dans la présente étude, elle dégagera aussi quelques déterminants associés à cette mortalité. MATERIEL ET METHODES Il s’agit d’une étude rétrospective, analytique et multicentrique de deux populations en âge de procréer en milieux urbain et rural. Les patientes de la ville de Mbujimayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental ont constitué le groupe de référence (milieu urbain) tandis que celles de Kabinda (à 150 km Est) et Mwene-Ditu (à 120 km Ouest) de la nouvelle Province de la Lomami, le groupe de comparaison (milieux ruraux). taux ou de zones de santé. 4. Paramètres d’étude - Le taux de mortalité maternelle ; - Profil des patientes décédées ; • Âge maternel ; • Niveau d’instruction de la mère ; • Les antécédents (parité, gestité, notion d’avortement) ; - Qualités des consultations prénatales : nombre de CPN, nombre d’échographie réalisées, qualité de l’examinateur et morbidité maternelle ; - Causes de mortalité et circonstances de décès ; • Période de décès • Mode d’admission aux soins • Qualité de l’accoucheur • Type et mode d’accouchement • Lieu de décès 5. Analyse de données L’étude a été réalisée sur une période de cinq ans et 5 mois soit du 1er Janvier 2010 au 31 mai 2015 dans les hôpitaux de référence de différentes villes (Hôpital Bonzola à Mbujimayi et Maternité Christ-Roi à Mwene-Ditu) et au niveau de zones de santé (cas de Kabinda). 1. Critères de sélection A été retenu comme décès maternel dans cette étude, toute femme qui est morte durant la période de la gravido-puérpéralité et au cours de la période de notre étude. Les patientes décédées à Mbujimayi ont constitué notre groupe de référence tandis que celles de Kabinda et Mwene-Ditu le groupe de comparaison. 2. Echantillonnage Il s’agit d’un échantillon de convenance portant sur une période de 5 ans afin d’évaluer l’évolution de la mortalité maternelle sur cette période selon les Enquêtes Démographiques et de la santé dans notre Pays (17,19). 3. Recueil de données Un protocole de récolte de données préalablement élaboré, définissant les différents paramètres de notre étude et disposé dans chaque milieu d’étude, a été rempli à partir des dossiers des patientes décédées et/ou des registres de décès au niveau des hôpi- Pour analyser nos résultats, nous avons fait recours au calcul des fréquences, de proportions et des paramètres de tendance centrale et de dispersion (moyenne ± écarttype, médiane selon la nécessité c’est-à-dire type de distribution). La relation entre les paramètres étudiés et le décès maternel a été appréciée à l’aide du test de Khi carré de Pearson et à défaut, à l’aide du test de Yatt corrigé. Les proportions ont été comparées au moyen du test Z. Les paramètres de tendance centrale de distribution ont été comparés au moyen de l’analyse des variances ANOVA par le test F de Snedecor. A cet effet, la normalité et l’homogénéité des variances ont été vérifiées grâce au test du khi carré de Bartlet. A défaut de normalité, une variante non paramétrique du test de Snedecor, à savoir le test H de Kruskal-Wallis, a été mise à contribution. Le seuil de signification de 95% (α=0,05) a été utilisé pour interpréter tous les tests utilisés. Les données ont été encodées sur une base de données du tableur Excel (Microsoft Office, 2007) puis exportées pour analyse, sur les logiciels Epi Data et SSP (Smith’s Statistical Package), version 2.80, 2005. 11 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Résultats Tableau I : Taux de mortalité maternelle Période (Année) Milieux de survenue du décès maternel Milieu urbain P-value Milieu rural Global NV Décès TMM IC à 95% NV Décès TMM IC à 95% NV Décès TMM 2008 1895 15 791,6 [751,6 – 831,6] 6123 8 130,7 [40,7 – 220,7] 8018 23 286,9 2009 1185 11 928,3 [873,3 – 983,3] 8312 7 84,2 [24,2 – 144,2] 9497 18 189,5 2010 841 2 237,8 [225,8 – 249,8] 9694 7 72,2 [22,2 – 112,2] 10535 9 85,4 2011 1051 12 1142,9 [1078,9 - 1207] 10315 12 116,3 [46,3 – 186,3] 11365 24 211,2 2012 1141 11 964,1 [907,1 - 1021] 10190 7 68,7 [18,7 – 118,7] 11331 18 158,9 2013 435 4 919,5 [867,5 – 971,5] 3935 10 254,1 [94,1 – 414,1] 4370 14 320,4 Total 6547 55 840,1 [620,1 - 1060] 48569 51 105,0 [75,0 – 135,0] 55116 106 192,3 0,00000 Le taux de mortalité maternelle en milieu urbain varie entre 237,8 et 1142,9 soit une moyenne de 840,1 pour 100 000 NV versus 105,0 en milieu rural (varie entre 68,7 et 254,1). Le taux global est de 192,3 pour 100 000 NV dans l’Ex-Kasaï-Oriental. La différence observée entre le taux de mortalité urbaine et rurale est statistiquement significative (p= 0,000000). Tableau II : Profil des femmes décédées 1. Âge (Années) Urbain (n=55 Rural (n=51) Total (n=106) <20 4 (7,3%) 7 (13,7%) 11 (10,4%) 20 - 34 30 (54,5%) 28 (54,9%) 58 (54,7%) ≥35 21 (38,2%) 16 (31,4%) 37 (34,9%) Moyenne 29,6 ± 7,4 29,4 ± 9,2 29,51 ± 7,2 Extrêmes 15 et 51 14 et 45 14 et 51 Nulliparité (0) 4 (7,3%) 8 (15,72%) 12 (11,3%) Primiparité (1) 0 (0,0%) 2 (3,9%) 2 (1,9%) Pauciparité (2-3) 24 (43,6%) 13 (25,5%) 37 (34,9%) Multiparité (4-6) 10 (18,2%) 5 (9,8%) 15 (14,2%) Grande parité (≥7) 17 (30,9%) 23 (45,1%) 40 (37,7%) Moyenne 4,2 ± 3,2 4,6 ± 3,5 4,4 et 3,2 Extrêmes 0 et 11 0 et 15 0 et 15 Primigeste (1) 10 (18,2%) 12 (23,5%) 22 (20,8%) Paucigeste (2) 2 (3,6%) 2 (3,9%) 4 (3,8%) Multigeste (3) 43 (78,2%) 37 (72,5%) 80 (75,5%) Moyenne 5,0 ± 3,4 5,0 ± 3,3 5,02 ± 3,32 Extrêmes 1 à 13 1 à 17 1 à 17 0 32 (58,2%) 38 (74,5%) 70 (66,0%) ≥1 23 (41,8%) 13 (25,5%) 36 (34,0%) Moyenne 0,57 ± 0,90 0,34 ± 0,85 0,46 ± 0,88 Extrêmes 0 et 5 0 et 5 0 et 5 Seuil de signification NS 2. Parité NS 1. Gestité NS 1. ATCD d’avortement 1. Niveau d’instruction 12 OR IC à 95% p-value Analphabète 1 (1,8%) 27 (52,9%) 28 (26,4%) 0,02 [0,00-0,12] 0,00 Primaire 0 (0,0%) 12 (23,5%) 12 (11,3%) 0,00 [0,00-0,32] 0,003 Secondaire 2 (3,6%) 11 (21,6%) 13 (12,3%) 0,13 [0,02-0,69] 0,009 Non renseigné 52 (94,5%) 1 (2,0%) 53 (50,0%) 900,0 [78,80-25530] 0,000 Revue Médicale des Grands Lacs Vol6, No4, Juin 2016 NS : Différence non significative L’âge moyen des femmes décédées est de 29,51±7,2 ans dans l’Ex Kasaï-Oriental. L’âge compris entre 20 et 34 ans est majoritaire dans les deux milieux soit 54,7% avec une prédominance de grandes pares (37,7%) sans aucun antécédent d’avortement dans plus de la moitié de cas (66,0%) .Ces différences observées ne sont pas statistiquement significatives. Le niveau d’étude des défunts était significativement différent entre la ville et les villages (p=0,00). Tableau III : Qualité des consultations prénatales et morbidité maternelle Qualité des CPN Urbain (n=55 Rural (n=55) TTotal (n=55) Suivie 24 (43,6%) 27 (52,9%) 51 (48,1%) Non suivie 15 (27,3%) 24 (47,1%) 39 (36,8%) Non renseigné 16 (29,1%) 0 (0,0%) 16 (15,1%) Nombre moyen 1,8 ± 0,85 1,3 ± 1,5 1,5 ± 1,4 Extrême 1à4 0 et 4 1à4 Oui 10 (18,2%) 3 (5,9%) 13 (12,3%) Non 14 (25,5%) 30 (58,8%) 44 (41,5%) Non renseigné 31 (56,4%) 18 (35,3%) 49 (46,2%) Seuil de signification 1. CPN S* 1. Echographie S* 1. Qualité de l’examinateur Infirmier 24 (43,6%) 11 (21,6%) 35 (33,0%) Médecin 3 (5,5%) 7 (13,7%) 20 (18,9%) Non renseigné 28 (50,9%) 33 (64,7%) 61 (57,5%) NS 1. Morbidité des femmes décédées a) chargée 40 (72,7%) 33 (64,7%) 73 (68,9%) - Paludisme 11 (20,0%) 4 (7,8%) 15 (14,2%) - Infection uro-génitale 2 (3,6%) 0 (0,0%) 2 (1,9%) - Autre infection 4 (7,3%) 2 (3,9%) 6 (5,7%) - Anémie 3 (5,5%) 5 (9,8%) 8 (7,5%) - Accouchement sceptique 0 (0,0%) 2 (3,9%) 2 (1,9%) - Avortement 5 (9,1%) 5 (9,8%) 10 (9,4%) -Diabète 2 (3,6%) 1 (2,0%) 3 (2,8%) - Gémellité 1 (1,8%) 0 (0,0%) 1 (0,9%) - GEU 1 (1,8%) 1 (2,0%) 2 (1,9%) - Placenta prævia 0 (0,0%) 2 (3,9%) 2 (1,9%) - Hépato-carcinome 0 (0,0%) 1 (2,0%) 1 (0,9%) - HTA 3 (5,5%) 3 (5,9%) 6 (5,7%) - MAP 1 (1,8%) 1 (2,0%) 2 (1,9%) -MAV 3 (5,5%) 3 (5,9%) 6 (5,7%) - MFIU 1 (1,8%) 1 (2,0%) 2 (1,9%) - Mole 1 (1,8%) 0 (0,0%) 1 (0,9%) - Rupture utérine 0 (0,0%) 2 (3,9%) 2 (1,9%) - Epaule négligée 2 (3,6%) 0 (0,0%) 2 (1,9%) a) Non chargée 15 (27,3%) 18 (35,3%) 33 (31,1%) NS S* : Différence significative La qualité de CPN dans les deux milieux a été médiocre par leur nombre moyen de 1,8 (Sd : 0,85) et 1,3 (Sd : 1,5) en milieux urbain et rural respectivement et par la qualité de l’examinateur dont la plupart ont été réalisée par les infirmiers (33,0%). Dans les ATCD, il a été noté une morbidité maternelle chargée dans plus de 2/3 de cas (68,9%) avec 72,7% en milieu urbain et 64,7% rural. Les deux milieux sont différents par la fréquence des consultations prénatales uniquement. 13 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Tableau IV : Causes de décès Causes de décès Urbain (n=55) Rural (n=51) Total (n=106) a) Causes directes 43 (78,2%) 35 (68,6%) 78 (73,6%) - Troubles hypertensifs 2 (3,6%) 4 (7,8%) 6 (5,7%) - Embolie amniotique 2 (3,6%) 0 (0,0%) 2 (1,9%) - Hgie 1er trimestre 2 (3,6%) 3 (5,9%) 5 (4,7%) - Hgie 3ème trimestre 9 (16,4%) 4 (7,8%) 13 (12,3%) - Hgie du post-partum 9 (16,4%) 11 (21,6%) 20 (18,9%) - Avortement 5 (9,1%) 5 (9,8%) 10 (9,4%) - Infection post-partum 11 (20,0%) 7 (13,7%) 18 (17,0%) - Diabète 2 (3,6%) 1 (2,0%) 3 (2,8%) - Complication anesthésique 1 (1,8%) 0 (0,0%) 1 (0,9%) b) Causes indirectes 12 (21,8%) 16 (31,4%) 28 (26,4%) - Paludisme 2 (3,6%) 5 (9,8%) 7 (6,6%) - Méningite 2 (3,6%) 1 (2,0%) 3 (2,8%) - Infection urogénitale 0 (0,0%) 1 (2,0%) 1 (0,9%) - VIH 3 (5,5%) 2 (3,9%) 5 (4,7%) - Cardiopathie 0 (0,0%) 1 (2,0%) 1 (0,9%) - Autre infection 0 (0,0%) 2 (3,9%) 2 (2,0%) - Anémie 5 (9,1%) 3 (5,9%) 8 (7,5%) - Hépato-carcinome 0 (0,0%) 1 (2,0%) 1 (0,9%) Seuil de Signification NS Les causes directes sont plus fréquentes dans le décès maternel soit 73,6% représentées par les hémorragies (35,9%) suivies des infections du post-partum dans 17,0% qui passe au premier rang lorsque les causes sont considérées individuellement. Tableau V : Circonstances de décès Circonstances de décès Urbain (n=55) Rural (n=51) Total (n=106) OR IC à 95% p-value 0,5903455 1. Période décès - Au cours de la grossesse 12 (21,8%) 9 (17,6%) 21 (19,8%) 1,30 [0,45 – 3,79] - Pendant l’accouchement 11 (20,0%) 17 (33,3%) 28 (26,4%) 0,50 [0,19 – 1,31] 0,1197444 - En post-partum 32 (58,2%) 25 (49,0%) 57 (53,8%) 1,45 [0,63 – 3,35] 0,3444896 • Immédiat 12 (21,8%) 11 (21,6%) 23 (21,7%) 1,01 [0,37 – 2,82] 0,9751543 • Précoce 17 (30,9%) 6 (11,8%) 23 (21,7%) 3,36 [1,10 – 10,68] 0,0168838 • Tardif 3 (5,5%) 8 (15,7%) 11 (10,4%) 0,31 [0,06 – 1,40] 0,1593792 Domicile 0 (0,0%) 14 (27,5%) 14 (13,2%) 0,00 [0,00 – 0,46] 0,003 HGR 31 (52,6%) 10 (19,6%) 41 (38,7%) 4,07 [1,65 – 10,19] 0,0006 SSP 0 (0,0%) 19 (37,3%) 19 (17,9%) 0,00 [0,00 – 0,32] 0,0003 En route vers HGR 21 (38,2%) 3 (5,9%) 24 (22,6%) 9,33 [2,37 – 42,82] 0,0002 Non renseigné 3 (5,5%) 5 (9,8%) 8 (7,5%) 0,23 [0,07 – 0,76] 0,0058 2. Lieu de décès 3. Type de consultation Ordinaire 18 (32,7%) 25 (49,0%) 43 (40,6%) 0,85 [0,35 – 2,03] 0,682 Référée 31 (56,4%) 13 (25,5%) 44 (41,5%) 5,41 [2,18 – 13,62] 0,00004 Urgence 6 (10,9%) 13 (25,5%) 19 (17,9%) 0,00 [0,00 – 15,70] 0,955 4. Qualité de l’accoucheur Infirmier 32 (58,2%) 17 (33,3%) 49 (46,2%) 2,78 [1,17 – 6,65] 0,0110353 Sage-femme 2 (3,6%) 4 (7,8%) 6 (5,7%) 0,44 [0,05 - 3] 0,6659585 Médecin 18 (32,7%) 9 (17,6%) 27 (25,5%) 2,32 [0,86 – 6,41] 0,0664528 Seule 0 (0,0%) 3 (5,9%) 3 (2,9%) 0,00 [0,00 – 2,06] 0,2154998 Autre 3 (5,5%) 18 (35,3%) 21 (19,8%) 0,11 [0,02 – 0,42] 0,0003094 Dystocie 22 (40,0%) 26 (51,0%) 48 (45,3%) 0,60 [0,26 – 1,39] 0,196 Eutocie 22 (40,0%) 8 (15,7%) 30 (28,3%) 3,38 [1,23 – 9,43] 0,0079 Non renseigné 11 (20,0%) 17 (33,3%) 28 (26,4%) 0,59 [0,23 – 1,50] 0,222 Voie basse 26 (47,3%) 19 (37,3%) 45 (42,5%) 1,56 [0,67 – 3,64] 0,2609265 Voie haute 15 (27,3%) 13 (25,5%) 28 (26,4%) 1,10 [0,42 – 2,84] 0,8352414 Non renseigné 14 (25,5%) 19 (37,3%) 33 (31,1%) 0,58 [0,23 – 1,43] 0,1898645 5. Type d’accouchement 6. Mode d’accouchement 14 Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Dans la plupart de cas, le décès maternel était survenu dans le post-partum (53,8%) après un accouchement dystocique (45,3%) par voie basse (42,5%), réalisé par un in- firmier (46,2%) sans aucune différence significative par rapport aux deux milieux considérés. Les patientes décédées ont été reçues après référence d’une autre structure (41,5%) et dans ces conditions, 14 décès à domicile ont été déplorés dans le milieu rural soit 27,5% des cas. d’auteurs Africains (6,16) mais un âge inférieur de 24,8 ans a été rapporté en Guinée (8). En France, la femme décédée paraît encore plus âgée de 33 ans que celle de notre série (4). La taille de l’échantillon pourrait expliquer ces différences observées. Dans la présente étude, la femme décédée était aussi caractérisée par le bas niveau d’instruction (26,4%), une parité moyenne de 4,4, une gestité de 5,02 avec moins d’ATCD d’avortement (34,0%) tandis qu’au Mali, elle est également analphabète à grande échelle (89,2%), multigeste et multipare. L’âge maternel à l’accouchement est le premier facteur de risque car il existe une corrélation entre les deux. Ce risque est minimum entre 20 et 24 ans et reste faible jusqu’à 29 ans pour augmenter considérablement à partir de 35 ans (2). deux milieux versus 26,4% de causes indirectes dont le paludisme (7%) et l’anémie (7,5%) au premier rang. 3. Circonstances de décès au cours de la grossesse Parmi les facteurs étroitement liés aux causes de décès, notons le mauvais contrôle de grossesse, l’accouchement par personnel non qualifié, etc. (22). Dans notre série, la grossesse a été contrôlée dans près de la moitié de cas (48,1%) soit 43,6% en milieu urbain et 52,9% rural avec un nombre moyen respectif de 1,8 et 1,3 consultations prénatales par un infirmier dans la majorité de cas (33,0%). La mortalité maternelle résulte aussi de la morbidité maternelle sévère qui a pu affecter les femmes avant la grossesse, soit au cours de la grossesse considérée (21). Ainsi, la morbidité maternelle a été chargée dans plus de 2/3 de cas (68,9%) par le paludisme en milieu urbain (20,0%) et les tentatives d’avortement (9,8%) ainsi que l’anémie (9,8%) en milieu rural. Les troubles hypertensifs ont été incriminés dus 5,7% dans notre série dont 3,6% en milieu urbain et 7,8% en milieu rural. Ces troubles passent au premier plan de causes en Algérie (7). Discussion Cette étude a visé à déterminer la fréquence et les causes de la mortalité maternelle ainsi que quelques facteurs y associés dans notre milieu. Ainsi : 1. Taux de mortalité maternelle Malgré des progrès mesurables durant ces vingt dernières années, la situation sanitaire des pays pauvres reste caractérisée par une forte mortalité, une espérance de vie faible et une morbidité toujours aussi préoccupante (20). Le taux de mortalité maternelle dans l’Ex Kasaï-Oriental a été de 192,3 pour 100 000 NV contre 840,1 en milieu urbain et 105,0 en milieu rural. La sous-estimation, marquée par le taux élevé de décès survenus à domicile dans le milieu rural (27,5%) d’une part et la méthode de collecte de données limitée au niveau de zone de santé d’autre part, serait une explication à cette forte disparité régionale observée entre les deux milieux au sein d’une même province. Sans tenir compte de cet écart, bien que notre taux de 192,3 décès sur 100 000 NV semble élevé par rapport à ceux des pays développés, il paraît faible par rapport à ceux des pays africains : 510 à 690 au Sénégal (13) ; 564 en Guinée Conakry (8) ; 3500 au Bénin (6) ; 2881,65 au Mali (14) ; 227 au Maroc (7) ; 450 au Madagascar (20) ; 566 au Burkina Faso et 516,09 à Mbujimayi au Kasaï-Oriental (16). Par contre, au niveau de la région Moyen-Orient, la situation s’est déjà améliorée avec des taux de mortalité proches de l’OMD5 : 30 pour la Tunisie (7) ; 92,6 pour l’Algérie. Une étude encore plus détaillée et fouillée selon les nouvelles normes d’enquête, pourrait davantage contribuer à l’amélioration de ces données car le taux de mortalité maternelle est passé de 516,09 à 840,1 durant les cinq dernières années précédant notre étude au sein d’une même structure de référence en milieu urbain représenté par l’hôpital Bonzola (16). La sous-estimation de la mortalité maternelle est générale et connue de longue date (2). Elle a été mise en évidence, lors d’une recherche comparant d’une manière rigoureuse deux Etats américains et deux Etats européens et a été estimée entre 27 et 57%. 2. Profil des décès maternels L’âge moyen des patientes décédées a été de 29 ans dans notre série avec des extrêmes variant entre 14 et 51 ans, sans aucune différence significative selon le milieu considéré. Cette observation corrobore la majorité Nos résultats sont superposables à ceux observés en Guinée où l’auteur rapporte 74% de grossesse suivies (8). Par contre, un taux élevé d’absence aux fréquentations de CPN a été rapporté en milieu urbain au sein de la même structure où nous avons actuellement noté 27,3% de non suivie de CPN. Cette différence pourrait être due aux cas non renseignés (29,1%) d’une part et à l’augmentation du taux de mortalité maternelle passant de 516,09 à 840,1 en ce jour d’autre part. 4. Causes et circonstances de décès Dans 80% des cas, le décès maternel est en relation directe avec la grossesse, l’accouchement et ses suites. Les autres causes de décès sont le reflet du contexte épidémiologique de la population (11). Cette observation corrobore nos résultats avec près de 80% des causes directes (73,6%) représentées par les hémorragies (35,8%) dans les Les causes obstétricales directes dominent très largement à travers la littérature en raison premièrement des hémorragies qui restent le premier diagnostic même dans les pays développés (9, 8, 14, 10, 4). Les hémorragies (35,8%), l’infection du post-partum (17,0%), les avortements (9,4%), l’anémie (7,5%) et le paludisme (6,6%) sont les cinq causes de décès maternels dans notre milieu. En France, aux infections du post-partum au deuxième rang se substituent les embolies amniotiques (12,3%) avec une diminution de la mortalité par complications de l’hypertension artérielle (9,9%). Dans notre série, plus de la moitié des cas des décès maternels sont survenus dans le post-partum (53,8%), particulièrement précoce (21,7%) et immédiat (21,7%) après un accouchement dystocique (45,3%) par voie basse (42,5%) réalisé par un infirmier (46,2%) dans la majorité des cas bien qu’il s’agissait des patientes souvent référées (41,5%). La fréquence de référence a été plus observée en milieu urbain (46,4%), probablement suite à la présence d’un médecin spécialiste gynécologue – obstétricien à cet hôpital général de référence (Bonzola). Nos résultats corroborent ceux observés en Guinée avec plus de décès survenus à l’hôpital de référence (82%) et 10% à domicile (8). De même au Mali trois quart des décès surviennent à la maternité dont 8% avant l’admission et la majorité sont des patientes référées en urgence (65,5%) (14). Au Bénin, 61% des patientes décédées proviennent des formations périphériques (6). En France, plus de trois quart (77%) des décès maternels se sont produit dans les établissements hospitaliers publics, 10% à domicile et 8% en cliniques privées. La plupart de temps, les femmes décèdent après transfert dans une structure d’urgence de réanimation, plus rarement dans le service d’obstétrique ou elles ont éventuellement accouché. 15 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Conclusion L’absence des données sur la mortalité maternelle dans la province du Kasaï-Oriental constituait une lacune. Ce travail a eu le mérite d’en évaluer le taux et d’en explorer les déterminants dans les différents milieux hospitaliers. Dans les limites qu’autorise la nature rétrospective d’une étude, le nombre limite d’hôpitaux par rapport à l’ensemble de notre population et l’insuffisance dans la tenue des dossiers des femmes décédées, l’interprétation des résultats aboutit aux conclusions suivantes : - L’existence de la disparité entre les taux de mortalité en milieux urbain et rural serait due probablement à la sous-estimation au niveau des villages suite aux taux élevés des décès maternels à domicile - Les causes, les circonstances et les déterminants de cette mortalité ont été jugés presque identiques dans les deux milieux - Une étude beaucoup plus fouillée est indispensable. Liste des abréviations : ATCD : Antécédent BCF : Battement du Coeur Foetal BIP : diamètre bipariétal CPN : Consultation Prénatale DAT : diamètre transversal DS : Détroit Supérieur EDS-RDC II : Deuxième Enquête Démographique et de la Santé en R.D Congo HTA : Hypertension Artérielle HU : Hauteur Utérine IMC : Indice de Masse Corporel MIBA : Minière de Bakuanga Nce : Naissance Nné : Nouveau-né OMD : Objectifs du Millénium pour le Développement OR : Odds Ratio OS : Occipito-Sacré SA : Semaine d’Aménorrhée Sd : Déviation standard (Ecart-type) TV : Toucher vaginal UNICEF : Fonds International des Nations Unies pour la Formation des Enfants USA : United States of America Conflit d’intérêt : Nous ne déclarons aucun conflit d’intérêt. et interprétation des données ; (15) TSHIBANGU KABAMBA. E : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse et interprétation des données ; (16) BIAYI MIKENJI. J : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse, interprétation des données et à la supervision de tout le travail ; Contribution des auteurs : Information sur les auteurs (9) MUMBA MUKANDILA. A : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse et interprétation des données ; (10) KABEYA KANYANGA. C : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse et interprétation des données ; (11) KASONGO WA KASONGO. J: contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse et interprétation des données ; (12) NGIELE MPUETA. A : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse et interprétation des données ; (13) KASONGO N.W : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse et interprétation des données ; (14) KADIMA MUTOMBO. C : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse - M.M.A : Médecin et assistant Sénior en Gynécologie-Obstétrique à l’Université de Kabinda (UNIKAB) ; - K.K.C : Médecin, Chef de Service et Spécialiste en Gynécologie-Obstétrique à l’Hopital Général de Référence Bonzola et Chef des Travaux à l’université Officielle de Mbujimayi ; - K.K.J : Médecin et Assistant Junior en Santé Publique à l’Université de Kabinda ; - N.M.A : Assistante et Administrateur des budgets à l’Université de Kabinda ; - K.N.W : Médecin Directeur à l’Hopital Général de Référence Christ-Roi de Muene-Ditu ; - K.M.C : Médecin Directeur à l’Hôpital Général de Référence /CHU Saint Sauveur et assistant Sénior en Gynécologie-Obstétrique à l’Université officielle de Mbujimayi (UOM); - T.K.E : Médecin et Assistant Junior en Médecine Interne à l’Université de Mbujimayi ; - B.M.J : Médecin, Professeur en Gynécologie-Obstétrique à l’Université Officielle de Mbujimayi (UOM), à l’Université de Mbujimayi (UM) et à l’Université de Kabinda (UNIKAB) et Président du conseil d’administration de l’Hôpital Général de Référence /CHU Saint Sauveur. Bibliographie 1. BERG C, BULLOUGH, ETARD J-F, FILIPPI V, GRAHAN W, LEWIS G, ROMANS C, WALRAVEN G. Au-delà des nombres : Examiner les morts maternelles et les complications pour réduire les risques liés à la grossesse. OMS, Genève 2004. 2. BOUVIER – COLLE M. H, PHILIBERT M. Epidémiologie de la mortalité maternelle en France, fréquence et caractéristiques. Réanimation ,2007 ; 16 :358-365. 3. KHLAT M. et GUILLAUME A. Evolution du concept de mortalité maternelle et émergence de la mortalité violente en relation avec la grossesse. Santé de la reproduction au Nord et au Sud : de la connaissance à l’action. Chaire Quételet 2004. 4. MONICA SAUCEDO, CATHERINE DE- 16 NEUX-THARAUX, MARIE-HELENE BOUVIER-COLLE. Epidémiologie des morts maternelles en France 2001-2006. BEH thématique Janvier 2010 ; 2-3/19. 5. OMS : Principaux problèmes de santé des femmes. In : améliorer la santé des femmes pour un monde meilleur. Rapport de situation de l’OMS. 4ème conférence mondiale sur les femmes. 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E-mail : [email protected] Résumé A Libreville, en 1992, la séroprévalence des anticorps anti-toxoplasmiques était estimée à 70,0% chez les personnes âgées de plus de 15 ans. Cette séroprévalence variait peu entre les différentes tranches d’âge et il n’y avait pas de différence entre les sexes. Notre étude a été menée dans le but d’évaluer le profil immunologique actuel vis-à-vis de Toxoplasma gondii chez les femmes enceintes réalisé dans le cadre du bilan prénatal. Nous avons consulté la base de données de l’Hôpital d’Instruction des Armées Omar Bongo Ondimba, on a noté les sérologies de la toxoplasmose, réalisées pendant les années 2006 et 2007, de 689 femmes enceintes. L’âge moyen était de 29,3 ans. Le taux des IgG a été trouvé positif chez 71,6%, l’IC à 95% [68,2-75,0] parmi lesquels 6,7% avaient un taux ≥300UI/ml et présence d’IgM chez 3,0% des cas. On n’a pas observé de différences statistiquement significatives du profil immunitaire vis-à-vis de la toxoplas- mose entre les différentes tranches d’âge, suggérant une immunité acquise avant l’âge de procréation. La séroprévalence des anticorps anti-toxoplasmiques chez les femmes enceintes à Libreville était élevée. Elle n’a pas changé ces 15 dernières années. Une contamination par les oocystes d’origine tellurique serait la plus prédominante. Mots clés : Toxoplasma, séroprévalence, femme enceinte. 17 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Introduction L a toxoplasmose est une anthropozoonose cosmopolite, généralement bénigne sauf chez l’immunodéprimé chez qui elle peut entrainer une affection opportuniste et chez le fœtus, chez qui elle peut être responsable d’une embryofoetopathie (3). Cette toxoplasmose congénitale est due au passage transplacentaire de tachyzoïtes, survenant lors de primo-infection pendant la grossesse. D’où l’intérêt d’une surveillance sérologique chez les femmes enceintes. La toxoplasmose est une infection cosmopolite. Sa prévalence augmente avec l’âge et varie en fonction de l’environnement et des habitudes alimentaires(6). On note ainsi une divergence de cette prévalence en fonction des pays. Dans les pays développés, la contamination est essentiellement liée à la consommation de viande infectée. La prévalence est faible, en général inférieure à 25%, dans les pays où la viande est consommée bien cuite (Royaume Uni, Scandinavie, Amérique du Nord). En Asie du Sud-Est et au Japon la prévalence est inférieure à 10% et de l’ordre de 20 à 30% dans le continent indien et au Proche Orient .Dans les pays tropicaux d’Afrique et d‘Amérique la contamination est plutôt liée à l’absorption d’oocystes. La prévalence est faible dans les zones où le climat est chaud et sec, peu favorable à la survie des oocystes sur le sol. Elle est élevée, jusqu’à 80% dans les régions humides (5). En France L’enquête périnatale de 2010 chiffrait la prévalence à 36,7%(12).Dans les pays africains, il s’avère que la prévalence de la toxoplasmose au cours de la grossesse varie selon les pays, ainsi, en Côte d’Ivoire on trouve un taux de séroprévalence à 60% (7), alors qu’au Nigeria, la prévalence est de 43,7% (8), tandis qu’au Sénégal la prévalence est de 34,5% (9). En République Centre Africaine, elle est à 60% (10), alors qu’au Gabon, la séroprévalence est de 60% (3). Au Maroc, la séroprévalence toxoplasmique est estimée à de 50,6 % (11). A Libreville, la dernière enquête date de 1992, la séroprévalence chez les femmes en âge de procréation était élevée. Le risque de primo-infection pendant la grossesse était par conséquent faible (1). Notre but à travers de cette étude était d’actualiser les données sur la prévalence des anticorps anti-Toxoplasma gondii chez les femmes enceintes à Libreville 15 ans après la première enquête. Méthodes Il s’agissait d’une étude rétrospective, réalisée à l’Hôpital d’Instruction des Armées Omar Bongo Ondimba (HIAOBO) à Libreville au Gabon. Le recueil des données à été fait à partir d’une base de données disponible au laboratoire de l’hôpital. Ont été inclus tous les résultats sérologiques vis-à-vis de la toxoplasmose des femmes enceintes effectués pendant les années 2006 et 2007 dans le cadre du bilan biologique prénatal. Ce bilan a été demandé lors de leur première consultation prénatale au premier trimestre de grossesse. Les services demandeurs étaient ceux de la gynécologie, obstétrique de l’HIAOBO, ainsi que d’autres structures de santé publique et privées notamment les centres de prévention maternelle et infantile. N’ont pas été inclus les résultats des sujets de sexe masculin, des enfants, des femmes âgées de plus de 50 ans et les sujets pour qui la sérologie de la toxoplasmose a été demandée des services de neurologie, d’ophtalmologie, des urgences et de médecine interne. La détermination du taux des IgG et des IgM a été faite sur l’appareil Mini Vidas de (bioMérieux®) par une méthode immuno-enzymatique avec détection finale en fluorescence «Enzyme Linked Fluorescent Assay* (ELFA). Nous avons noté l’âge des femmes enceintes et leurs résultats sérologiques. Nous avons utilisé le test Chi-deux pour comparer la séroprévalence entre les tranches d’âge. Résultats 689 résultats sérologiques ont été colligés, leur répartition en fonction des tranches d’âge sont reportés dans le tableau I et figure 1. Tableau I : Résultats sérologiques en fonction des tranches d’âge. Age (années) Total IgG + IgG+ (%) IgG - IgG ≥ 300 IgM + 13 - 20 21 - 30 31 - 50 Indéterminé Total 92 306 228 63 689 63 222 166 42 493 68,5 72,5 72,8 66,7 71,6 29 84 62 21 196 4 19 5 5 33 (6,7%) 1 7 5 2 15 (3%) Figure 1: Répartition des séroprévalences en fonction des tranches d’âge 18 Les données concernant l’âge n’ont pas été disponibles pour 63 femmes enceintes, pour les autres, l’âge moyen était de 29,3 ans. La séroprévalence globale des IgG était de 71,6% parmi lesquels 6,7% avaient un taux supérieur ou égal à 300UI/ml et présence d’IgM chez 3,0% des cas. On n’a pas trouvé de sérologies IgG négatif/IgM positif. La comparaison, par le test Chi – deux, des séroprévalences pour les tranches d’âges 13 – 20 ans, 21 – 30 ans et 31 - 50 ans n’a pas montré de différences statistiquement significatives entre ces tranches d’âge (p=0,71). Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Discussion La présente étude, a été réalisée à l’Hôpital d’Instruction des Armées Omar Bongo Ondimba (HIAOBO) à Libreville au Gabon. Notre objectif à travers cette étude était d’actualiser les données sur la prévalence des anticorps anti-Toxoplasma gondii chez les femmes enceintes à Libreville 15 ans après la première enquête. Dans notre série, la séroprévalence des anticorps anti-toxoplasmique était de 71,6% IC à 95% [68,2 – 75,0] (Tableau I). A Libreville, en 1992, dans la série de Duong et al. cette séroprévalence était de 70,0% IC à 95% [66,7-73,3] pour les personnes âgées de plus de 15 ans toutes tranches d’âges confondues (n=751). Elle variait peu entre les différentes tranches d’âge et il n’y avait pas de différence entre les sexes (1). La séroprévalence des anticorps anti-Toxoplasma gondii n’a pas donc changé depuis 1992. Cependant, à Franceville, en 1997, Nabias et al. ont trouvé une séroprévalence de 71,2% IC à 95% [68,0-74,4] chez les femmes enceintes (n=767) avec présence d’IgM chez 2,6% des cas (4), puis 10 ans plus tard Mpiga Mickoto et al. ont trouvé chez les femmes enceintes (n=839) une séroprévalence de 56,0%, IC à 95% [52,6-59,4] avec présence d’IgM chez 2,6% des cas (3). A Franceville, la séroprévalence des anticorps anti-toxoplasmique a donc diminué cette dernière décennie. A l’instar de tous ces travaux, on a observé que l’immunisation vis-à-vis de Toxoplasma gondii a été acquise tôt avant l’âge de procréation. Cette séroprévalence élevée et l’acquisition tôt de l’immunité spécifique avant l’âge de procréation réduirait le risque de primo – infection pendant la grossesse, sans pour autant l’exclure. Pour les femmes qui avaient des IgM positifs ainsi que celles qui avaient un titre des IgG≥300UI/ml, le test déterminant l’avidité des IgG était nécessaire (3). Il situerait directement la primo-infection par rapport au début de grossesse. En effet, une faible avidité d’IgG serait en faveur d’une immunisation datant de moins de quatre mois, le risque de toxoplasmose congénitale serait présent. Des mesures de prévention secondaire devraient alors être entreprises puisqu’il s’agissait pour nos cas de femmes enceintes au premier trimestre de grossesse. Cet essai n’a pas été disponible. Dans les coutumes culinaires de la popula- tion Gabonaise la viande mal cuite est peu consommée comparativement à certains pays de l’Europe de l’Est et Centrale, où la séroprévalence de la toxoplasmose est élevée. La principale source de contamination qui reste envisagée et évoquée dans beaucoup d’études était tellurique par les oocystes disséminés à travers les fèces des chats (1). Hors, avoir le chat comme animal de compagnie ne fait pas partie de la culture Gabonaise, par contre les chats errants existent. Un chat errant, se nourrissant par la chasse de rongeurs et d’oiseaux serait plus contaminé qu’un chat domestique qui reçoit une alimentation cuite. D’autres félidés sauvages pourraient être aussi sources d’oocystes. Les oocystes émis seraient conservés à l’état infectieux pendant longtemps par le concours de la température se situant en moyenne autour de 26°C, l’humidité élevée et l’aération du sol. Les précipitations importantes caractéristiques du climat tropical paraissent favoriser la dissémination des oocystes. En effet, au Gabon, la pluviométrie annuelle a été estimée à 2 mètres (1). A Sao Tomé et principe, pays voisin du Gabon, la séroprévalence est également élevée, elle a été estimée à 75,2% (2). Conclusion La séroprévalence des anticorps anti-Toxoplasma gondii reste élevée à Libreville, elle demeure inchangée pendant ces 15 dernières années. L’acquisition tôt, avant l’âge de procréation de ces anticorps rend le risque de primo-infection faible pendant la grossesse, mais toujours possible. Cependant, le risque de toxoplasmose cérébrale chez les patients HIV positifs reste énorme. Des études recherchant les oocystes dans des échantillons d’eau de boisson seraient intéressantes dans le but d’élucider cette haute séroprévalence observée. Conflits d’intérêts Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêts Contributions des auteurs La collecte des données a été réalisé par le professeur Er-rami Mohammed et le docteur Iroungou Amélie Berthe. Tous les auteurs ont contribué à ce travail. Tableaux et figures Tableau 1 : Résultats sérologiques en fonction des tranches d’âge. Figure 1 : Répartition des séroprévalences en fonction des tranches d’âge. of Toxoplasma gondii seroprevalence and implications for pregnancy and congenital toxoplasmosis. International journal for Parasitology 2009; 39: 1385–94. 6- Cenci-Goga BT, Rossitto PV, Sechi P, McCrindle CM, Cullor JS. Toxoplasma in animals, food, and humans: an old parasite of new concern. Foodborne Pathog Dis. 2011; (7):751-62. 7- Adou-Bryn KD, Ouhon J, Nemer J, Yapo CG, Assoumou A. Enquête sérologique de la toxoplasmose acquise chez les femmes en âge de procréer à Yopougon (Abidjan, Côte d'Ivoire). Bull Soc Pathol Exot. 2004; 97 (5):345-8. 8- Olusi T, Gross U, Ajayi J. High incidence of toxoplasmosis during pregnancy in Nigeria. Scand J Infect Dis. 1996; 28 : 645- 6. 9- Ndiaye D, Sène PD, Ndiaye M, Faye B, Ndiaye JL, Ndir O. Evolution de la séroprévalence de la toxoplasmose chez la femme enceinte à Dakar, Sénégal de 2002 à 2006. Med Trop (Mars). 2011 Feb; 71(1):101-2. 10- Morvan JM, Mambely R, Selekon B, Coumanzi-Malo MF. La toxoplasmose à l’Institut Pasteur de Bangui, République centrafricaine (1996- 1198): données sérologiques. Bull Soc Pathol Exot. 1999 Jul;92(3):157-60. 11- El Mansouri B, Rhajaoui M, Sebti F, Amarir F, Laboudi M, Bchitou R, Hamad M, Lyagoubi M. Séroprévalence de la toxoplasmose chez les femmes enceintes à Rabat. Bull Soc Pathol Exot. 2007 Oct;100(4):289-90. 12- Toxoplasmose chez les femmes enceintes en France. Évolution de la séroprévalence et de l’incidence et facteurs associés, de 1995 - 2010. Bulletin épidémiologique hebdomadaire. 2015;(15-16) : 264-272 Bibliographie 1- Duong TH, Dufillot D, Martz M et Coll. Seroepidemiological study of toxoplasmosis in Libreville, Gabon. Ann Soc Belg Med Trop 1992;72(4):289-293. 2- Hung CC, Fan CK, Su KE et Coll. Serological screening and toxoplasmosis exposure factors among pregnant women in the Democratic Republic of Sao Tome and Principe. Trans R Soc Trop Med Hyg 2007;101(2): 134–139. 3- Mpiga Mickoto B, Akue JP, Bisvigou U et Coll. Etude sérologique de la toxoplasmose chez les femmes enceintes de Franceville, Gabon. Bull Soc Pathol Exot 2010;103(1) :41-42. 4- Nabias R, Ngouamizokou A, Migot-Nabias F et Coll. Serological investigation of toxoplasmosis in patients of the M.I.P. center of Franceville (Gabon). Bull Soc Pathol Exot 1998;91(4): 318–320. 5- Pappas G, Roussos N, E. Falagas M. Toxoplasmosis snapshots: Global status 19 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 LE PROFIL DES ENZYMES HEPATIQUES CHEZ LES PATIENTS SOUS TRAITEMENT ANTITUBERCULEUX A MBUJIMAYI EN R.D CONGO Par : (1) BUKASA TSHILONDA. J.C. ; (2) NGIELE MPUETA A.; (3) MWELA NKOLA D. ; (2) NKONGOLO MALEBUE ; (2) MUMBA MUKANDILA A. ; (4) MILONGO KASONGOMA.S. (5) MULOWAYI KASHI F. ; (6) NDIBUALONJI. B.B.V (1) Institut Supérieur des Techniques Médicales de Mbujimayi ; (2) Université de Kabinda ; (3) Université de Mbujimayi ; (4) Université Officielle de Mbujimayi ; (5) Laboratoire médical de l’HGR Dipumba ; (6) Université de Lubumbashi. Correspondance : Dr MUMBA MUKANDILA Aaron, Assistant à l’université de KABINDA, département de gynécologie-obstétrique, e-mail :[email protected]. Tél :+(243)992664906 / +(243)816818169/ +(243)854253778 Résumé 1. Objectif Déterminer le profil des enzymes hépatiques chez les patients sous traitement antituberculeux (transaminases et phosphatase alcaline) à Mbujimayi. 3. Résultats L’âge moyen de nos patients a été de 36,78 ans (Sdv : 4,26) avec des petites variations non significatives selon le sexe. Le statut des enzymes hépatique des patients avant et à la fin de la phase intensive du traitement antituberculeux a varié dans le sexe féminin et masculin respectivement de manière suivante avec des coefficients de détermination très faibles dans tous les cas : - Phosphatase alcaline (PAL) : de 103,96 UI/l (Sdv : 16,0) à 179,58 UI/l (Sdv : 18,91) versus 89,22 UI/l (Sdv : 9,93) à 163,28 UI/l (Sdv : 11,49) soient de variations de 72,7% et 83,0% ; - Aspartate aminotransferase (SGOT): de 9,40 UI/l (Sdv : 1,27) à 17,0 UI/l (Sdv : 4,54) versus 10,26 UI/l (Sdv : 1,24) à 15,83 UI/l (Sdv : 2,27) soient de variations de 80,9% et 54,3% ; - Alanine aminotransferase (SGPT): de 8,95 UI/l (Sdv : 1,33) à 20,93 UI/l (Sdv : 6,40) ver- sus 9,08 UI/l (Sdv : 0,90) à 16,70 UI/l (Sdv : 3,55) soient de variations de 133,9% et 83,92%. 1. Objective 3. Results Determine the profile of liver enzymes in patients on TBC treatment (transaminases and alkaline phosphatase) of Mbujimayi. The average age of our patients was 36.78 years (Sdv: 4.26) with small non-significant variations by gender. The status of liver enzymes in patients before and at the end of the intensive phase of TB treatment has varied in the female and male respective way follows with very low coefficients of determination in all cases: - Alkaline phosphatase (ALP): from 103.96 IU / l (Sdv: 16.0) to 179.58 IU / l (Sdv: 18.91) versus 89.22 IU / l (Sdv: 9,93) to 163.28 IU / l (Sdv: 11,49) are variations of 72.7% and 83.0%; - Aspartate aminotransferase (AST): 9.40 IU / l (Sdv: 1.27) to 17.0 IU / l (Sdv: 4.54) versus 10.26 IU / l (Sdv: 1.24) to 15.83 IU / l (Sdv: 2.27) are variations of 80.9% and 54.3%; - Alanine aminotransferase (ALT) of 8.95 IU / l (Sdv: 1.33) to 20.93 IU / l (Sdv: 6.40) versus 9.08 IU / l (Sdv: 0.90) to 16.70 IU / l (Sdv: 3.55) are variations of 133.9% and 83.92%. 2. Méthodologie Nous avons suivi 50 patients avec tuberculose pulmonaire et sous traitement anti-tuberculeux sur une période de 4 mois soit du 10 février au 08 juin 2014. L’étude a été réalisée dans les zones de santé de Bonzola et Lukelenge dans la ville de Mbujimayi au Kasaï Oriental. Les caractéristiques épidémiologiques des sujets d’études (Age, sexe) et le taux des enzymes hépatiques :(PAL, GOT et GPT) ont été les différents paramètres étudiés en recourant à la régression linéaire. 4. Conclusion Le taux des enzymes hépatiques varie au cours du traitement anti-tuberculeux mais cette variation ne dépend pas des taux initiaux avant la prise de traitement mais plutôt de la durée de celui-ci. Ainsi, les explorations du foie restent très nécessaires dans la prise en charge des patients souffrant de la tuberculose. Mots clés : profil des enzymes-variation-tuberculose pulmonaire- Mbujimayi. Summary 2. Methodology We followed 50 patients with pulmonary tuberculosis and under TBC treatment over a 4 month period is from February 10 to June 8, 2014. The study was conducted in the areas of health and Bonzola Lukelenge in the city of the Mbujimayi Kasaï-Oriental. Epidemiological characteristics of study subjects (age, gender) and the rate of liver enzymes (PAL, GOT and GPT) were the parameters studied by using linear regression. 20 4. Conclusion The status of liver enzymes varies during TB treatment but this variation does not depend on initial rates before taking treatment but the length of it. Thus, liver explorations remain very needed in the care of patients with tuberculosis. Key words: Profile of enzymes-variation-TBC pulmonaire- Mbujimayi. Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Introduction L a tuberculose est une maladie à déclaration obligatoire qui guérit dans l’immense majorité de cas grâce aux traitements antituberculeux. Ce traitement dure au minimum six mois et au maximum huit mois pour les cas de rechute, et se déroule en deux phases [1]: La première est celle du traitement intensif ; d’une durée de deux mois durant laquelle on associe quotidiennement quatre antibiotiques et la deuxième phase ou phase de continuation, associe deux de ces antibiotiques pendant au moins quatre mois. Les schémas thérapeutiques adoptés recommandent l’association de quatre médicaments dont certains causeraient des perturbations plus ou moins graves dans le fonctionnement hépatique [2]. Ceci, justifie des recherches permanentes visant l’exploration de cet organe vital comme celles dans lesquelles nous nous sommes engagés. Ainsi, une fois le diagnostic établi et le traitement débuté, la répétition des dosages des enzymes hépatiques s’avère indispensable pour surveiller l’évolution de cette anomalie. Le bilan comprend, le dosage de plusieurs enzymes relativement spécifiques du foie, notamment : - Les transaminases (SGPT ou ALAT et SGOT ou ASAT) ; - La phosphatase alcaline (PAL) ; - La gamma-glutamyl-transférase (Gamma GT) - La 5’- Nucléotidase (5’-Nu) [2-5]. Toutefois, une augmentation des transaminases est observée au cours de l’infarctus du myocarde et de façon très importante au cours de toutes les hépatites (d’origine virale et médicamenteuse ou toxique) [6,7] et l’élévation des phosphatases alcalines dans le sang reflète le plus souvent une cholestase qui peut être due à une hépatite, une cirrhose, un cancer ou d’autres maladies des voies digestives [5-8]. Chez l’enfant, le taux de phosphatases alcalines est normalement élevé en raison de la croissance osseuse. La tuberculose représente alors un problème majeur de Santé Publique dans le monde. Depuis un certain temps, elle figure sur la liste des maladies à éradiquer et de ce fait la maladie nécessite un traitement prolongé associant plusieurs médicaments. Parmi les molécules utilisées dans le schéma thérapeutique, la RIFAMPICINE, l’ISONIAZIDE et le PYRAZINAMIDE sont particulièrement hépatotoxiques et c’est leur association qui augmente le risque d’hépato toxicité qui constitue d’ailleurs l’effet secondaire le plus redouté dans la chimiothérapie antituberculeuse [8]. Si cette hépatotoxicité est évidente à fortes doses (intoxication médicamenteuse aiguë), il est possible qu’elle survienne au cours du traitement, d’où la nécessité d’évaluer la variation des activités des enzymes hépatiques chez les malades sous tuberculostatiques. épidémiologiques étaient plus ou moins rapprochées (âge, poids). Quelle serait alors l’évolution des activités des transaminases sériques et de la phosphatase alcaline au cours du traitement antituberculeux chez les patients dans notre milieu? Bien que d’emblée, nous penserions qu’aussi bien l’activité de la phosphatase alcaline que celle des transaminases augmenteraient dans le sérum au cours du traitement antituberculeux, seule une étude dans ce contexte permettrait non seulement de répondre à la question mais et surtout de contribuer à la prise en charge thérapeutique correcte des personnes souffrant de la tuberculose par une évaluation systématique et régulière de la fonction hépatique. - Tout cas de tuberculose pulmonaire ; ancien ou nouveau ayant débuté le traitement avant notre prélèvement sanguin pour analyse ; - Tout cas de tuberculose extra-pulmonaire ; - Tout patient avec tuberculose pulmonaire chez qui les taux des enzymes hépatiques (PAL, GOT, GPT) étaient supérieures aux normes physiologiques avant le démarrage du traitement antituberculeux ; - Tout patient avec antécédent hépatique, consommation excessif d’alcool et ictère ; - Tout patient à profession à risque d’hépatoxité ; - Tout jeune patient à l’âge pédiatrique quel que soit le statut enzymatique (âge inférieur ou égal à 13 ans); - Tout patient avec sérologie VIH positive ; - Tout patient avec tuberculose pulmonaire n’ayant pas consenti à participer délibérément à notre étude. L’objectif général de notre travail est de déterminer si la toxicité des antituberculeux élève les taux des enzymes hépatiques (transaminases et phosphatase alcaline). Ainsi, pour y arriver il sera nécessaire de déterminer : Ont été exclus de la présente étude : 3. Support documentaire - les taux des transaminases et de la phosphatase alcaline chez les tuberculeux avant la mise sous traitement et à la fin de la phase intensive; - les taux de ces enzymes chez les patients non tuberculeux ; MATERIEL ET METHODES 1. Nature et période d’étude Il s’agit d’une cohorte prospective multicentrique menée sur 50 patients avec tuberculose pulmonaire. L’étude a été réalisée dans les zones de santé de Bonzola et Lukelenge dans la ville de Mbujimayi au Kasaï Oriental sur une période de 4 mois de la manière ci-après : - premier prélèvement des échantillons de sang chez les sujets malades et saints avant la mise sous traitement antituberculeux : du 10 février au 8 avril 2014 ; - deuxième prélèvement chez les sujets tuberculeux uniquement à la fin de la phase intensive en cours de traitement : 10 avril au 08 juin 2014. 2. Critères de sélection A été inclus dans la présente étude : Tout nouveau cas avéré de tuberculose pulmonaire, reçu pour traitement dans les différents centres de santé retenu pour notre étude, n’ayant pas encore débuté le traitement et ayant consenti à participer à la présente étude délibérément. Ensuite, chaque cas retenu a été représenté par un témoin supposé saint et dont les caractéristiques Pour réaliser ce travail, nous avons fait recours aux : - Dossiers médicaux des malades ; - Registres des malades ; - Un questionnaire adressé aux différents patients reprenant les différents paramètres d’étude et parfois une interview a été nécessaire 4. Equipement pour analyse des échantillons - Spectrophotomètre de marque TRSP-722 ; - Centrifugeuse électrique de marque HERMLE Z 200 A ; - Chronomètre ; - Micropipette réglable de 20-200 microlitres ; - Embouts adaptables ; - Cuvettes pour spectrophotomètre ; - Porte-tubes ; - Tubes vacutainers ; - Aiguilles vacutainers ; - Adaptateur ; 5. Réactifs utilisés - Kit Phosphatase alcaline : fabriqué par la maison CYPRESS, Code HBE 02 Lot : F 221 Péremption : Avril/2015. - Kit GOT : fabriqué par CYPRESS, Code HBE 06 : lot : SOC 102 Péremption : Juin/2015 - Kit GPT : fabriqué par CYPRESS, Code HBE 07 : lot : SPC 127 Péremption : Mai/2015 21 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 6. Echantillonnage - La régression linéaire. ) ainsi que les intervalles de confiance à 95%. Vu la nature de l’étude, nous avons opté pour un échantillon de convenance constitué de 50 cas de patients avec tuberculose dont chacun a été représenté par un témoin en vue de minimiser le cout. 8. Analyse statistique des données Les données recueillies ont été encodées sur tableur du logiciel EXCEL (Microsoft, USA, 2007) puis importées pour traitement sur le logiciel informatique Epi-Info 3.5.1. (CDC, USA, 2008). La comparaison des moyennes a été faite au moyen du test de Khi-carré de Pearson ou de Yatt corrigé et parfois le test Z. 7. Paramètres d’étude Les résultats ont été présentés sous forme de tableaux et figures comportant les effectifs observés, les proportions et les paramètres de tendance centrale (moyenne arithmétique) , les dispersions (minimum, maximum - Caractéristiques épidémiologiques des sujets de l’étude : Age et sexe ; - Le taux des enzymes hépatiques : PAL, GOT et GPT ; Les paramètres de tendance centrale ont été comparés au moyen du test t de Student. Un modèle de régression linéaire a été conçu, le nuage de points ainsi qu’un calcul du coefficient de corrélation (r) pour apprécier la liaison entre différents facteurs avant et après la prise des anti-tuberculeux. La signification des tests utilisés a été fixée au seuil de 95 %. Résultats 1. Caractéristiques des sujets d’études Tableau I : répartition des sujets selon l’âge et le sexe Age (ans) Groupe de référence Groupe d’étude Sexe M n=50 Sexe F n=25 Global n=25 Sexe M n=50 Sexe F n=25 Global n=50 Moyenne 37,76 35,84 36,8 38,00 35,56 36,78 Min 19 17 17 18 14 14 Max 69 62 69 74 66 74 ICà95% 37,76±4,7 35,84±4,66 36,8±3,36 P-value Taux de SGOT (U/l) 0,06789 38,00±6,32 35,56±5,5 36,78±4,26 Tableau II : Variation de taux de phosphatases alcalines dans les deux sexes Groupe de référence n=25 Initial Groupe d’étude n=25 Final Avant <400 U/l 88,82 103,96 Moyenne 89,12 Min 66 62 60 115 Max 101 102,96 221 273 ICà95% 89,12±3,43 88,82±3,69 179,58 0,00000000 103,96±16,00 179,58±18,91 Sexe Masculin Valeur normale à 25° <400 U/l 90,81 89,22 Moyenne 89,94 Min 68 68 60 Max 103 101,5 134 254 ICà95% 89,94±4,23 90,81±4,10 89,22±9,93 163,28±11,49 163,280 113 0,00000000 Malgré que les taux de phosphatases alcalines chez les sujets de sexe féminin soient restés dans les limites physiologiques (<400 U/l) dans les deux groupes de référence et d’étude, ils ont sensiblement augmenté chez les patientes sous traitement aux tuberculostatiques soit en moyenne 179,58±18,91 U/l contre 103,96±16,00 U/l dans le sexe féminin et 163,28±11,49 U/l contre 89,22±9,93 U/l avant traitement. Ces différences observées sont très significatives : t cal=7,1>t th=1,71 ; p=0, 000000, ddl=24 dans le sexe féminin et t cal=11,106>t 22 Groupe d’étude n=25 Final Avant P-value Après Sexe Féminin Valeur normale à 25° <16 U/l Moyenne 9,54 11,13 9,40 17,99 Min 6 5,74 4 6,23 Max 16 21,36 15,23 68 ICà95% 9,54±1,24 11,13±1,72 9,40±1,27 17±4,54 0,00000000 Sexe Masculin Valeur normale à 25° <19 U/l Moyenne 10,34 10,68 10,26 15,83 Min 6 5,1 6 9 Max 16 23,1 18,23 29,75 ICà95% 10,34±1,214 10,68±1,58 0,0000020 810,26±1,24 15,83±2,27 P-value Après Sexe Féminin Valeur normale à 25° Groupe de référence n=25 Initial L’analyse de ce tableau montre que l’âge moyen des sujets est de 36,78±4,26 ans (extrêmes : 14 et 74) dans le groupe d’étude versus 36,8±3,36 ans (extrêmes : 17 et 69) dans le groupe de référence avec des petites variations selon le sexe mais cette différence observée n’est pas statistiquement significative : p=0,06789. 2. Variation des taux enzymatiques des patients avec TBC avant et sous traitement Taux de PAL (U/l) th=1,71 ; p=0, 0000000, ddl=24 alors qu’aucune différence n’a été observée dans le groupe de référence malgré de petites variations constatées. Tableau III : Variation de taux de SGOT dans les deux sexes Malgré que les taux de SGOT chez les sujets dans les deux sexes soient restés dans les limites physiologiques (<16 U/l et<19 U/l) dans les deux groupes de référence et d’étude, ils ont sensiblement augmenté chez les patientes sous traitement aux tuberculostatiques soit en moyenne 17,99±4,54U/l contre 9,40±1,27 U/l dans le sexe féminin et 15,83±2,27U/l contre 10,26±1,24U/l dans le sexe masculin avant traitement. Ces différences observées sont très significatives : t cal=3,56>t th=1,71 ; p=0, 0000121, ddl=24 dans le sexe féminin et t cal=6,77>t th=1,71 ; p=0, 0000032, ddl=24 alors qu’aucune différence n’a été observée dans le groupe de référence malgré de petites variations constatées. Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Tableau IV : Variation de taux de SGPT dans les deux sexes Taux de SGPT (U/l) Groupe de référence n=25 Initial Groupe d’étude n=25 Final Avant Graphique III : Nuage des points dans le sexe féminin (SGOT) P-value Après Sexe Féminin Valeur normale à 25° ≤18 U/l Moyenne 9,701 9,529 8,948 20,927 Min 5 5,23 4 5,25 Max 19 20,5 13,5 80 ICà95% 9,70±1,364 9,53±1,473 8,95±1,329 20,93±6,399 0,0000118 Y : droite de régression linéaire des SGOT Sexe Masculin Valeur normale à 25° ≤22 U/l Graphique IV : Nuage des points dans le sexe masculin (SGOT) Moyenne 9,400 9,545 9,080 16,700 Min 5 4 6 7 Max 14,2 25,4 12 49 ICà95% 9,40±0,977 9,55±1,641 9,08±0,90 16,70±3,55 0,0000103 Malgré que les taux de SGPT chez les sujets de dans les deux sexes soient restés dans les limites physiologiques (≤18U/l et ≤22U/l) dans les deux groupes de référence et d’étude, ils ont sensiblement augmenté chez les patientes sous traitement aux tuberculostatiques soit en moyenne 20,93±6,399U/l contre 8,95±1,329 U/l avant traitement dans le sexe féminin et 16,70±3,55U/l contre 9,08±0,90U/l dans le sexe masculin. Ces différences observées sont très significatives : t cal=3,81>t th=1,71 ; p=0, 0000118, ddl=24 dans le sexe féminin et t cal=4,38>t th=1,71 ; p=0, 0000103, ddl=24 alors qu’aucune différence n’a été observée dans le groupe de référence malgré de petites variation constatées. 2. Nuage de points, Régression linéaire, coefficient de corrélation et coefficient de détermination R2 : Coefficient de détermination Les deux figures montrent une forte corrélation entre les taux de SGOT des patients avant et en cours de traitement tuberculostatique dans le sexe masculin (r=72,32%) alors que trop faible dans le sexe féminin (r=3,16%) Graphique V: Nuage des points dans le sexe féminin (SGPT) Graphique I : Nuage des points dans le sexe féminin (PAL) Y: droite de régression linéaire des SGPT Y : droite de régression linéaire des PAL Graphique VI : Nuage des points dans le sexe Masculin (SGPT) Graphique II : Nuage des points dans le sexe Masculin (PAL) R2 : Coefficient de détermination R2 : Coefficient de détermination Les deux figures montrent une faible corrélation entre les taux de phosphatases alcalines des patients avant et en cours de traitement tuberculostatique dans les deux sexes ; respectivement (r=35,50%) dans le sexe féminin et (r=26,08%) dans le sexe masculin. Les deux figures montrent une corrélation des SGPT avant et en cours de traitement légèrement supérieure dans le sexe féminin (r=42,19%) que dans le sexe masculin (r=27,57%). 23 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Résultats Nous nous sommes fixé comme objectif dans le présent travail d’évaluer la toxicité des anti-tuberculeux par l’élévation des enzymes hépatiques (transaminases et phosphatase alcaline). A l’issue de ce travail, nous avons constaté que notre population d’étude était constituée de sujets dont l’âge moyen était de 36,78±4,26 ans (extrêmes : 14 et 74) dans le groupe d’étude versus 36,8±3,36 ans (extrêmes : 17 et 69) dans le groupe de référence avec des petites variations selon le sexe mais cette différence observée n’a pas été statistiquement significative : p=0,06789. en route dudit traitement alors qu’ils n’ont presque pas varié dans le groupe de référence dans le même intervalle de temps. Ces taux étaient alors passés de 103,96±40,82 U/l (extrêmes : 60 et 221) à 179,58±48,25 U/l (extrêmes : 115 et 273) dans le sexe féminin et de 89,22±9,93 U/l (extrêmes : 60 et 134) à 163,28±11,49 U/l (extrêmes : 113 et 254) dans le sexe masculin, ce qui a déterminé des faibles corrélations respectives de 35,5% dans le sexe féminin et 26,08% dans le sexe masculin entre les taux de phosphatases alcalines des patients avant et en cours de traitement tuberculostatique . faible de 3,16% dans le sexe féminin entre les taux de SGOT des patients avant et en cours de traitement tuberculostatiques . Les coefficients de détermination ont été évalués à 0,1% et 52,3% respectivement dans les deux sexes. Les valeurs physiologiques des SGOT sont ≤16 U/l dans le sexe féminin et ≤ 19 U/l dans le sexe masculin. bNos résultats corroborent quant à l’augmentation à ceux observés par KAKULE dont le taux de SGOT de ces patients sous anti-tuberculeux est passé de 20,8±12,79 U/l à 30,6±13,58 U/l soit une variation d’environ 50% contre 91% et 54,3% respectivement dans notre étude. Dans une étude analogue réalisée à Kinshasa sur l’évaluation de la fonction hépatique, il a été rapporté un âge moyen des patients tuberculeux de 33,9 ans avec une majorité entre 16-55 ans soit 94% de cas [5]. Cette différence d’âge observée entre les deux types de sujets peut être expliquée par les écarts des milieux de vie d’une part et par la différence entre les deux extrêmes d’âge des patients car le plus âgé dans notre étude avait 74 ans alors que 61 ans dans l’étude Kinoise. Il est établi que la chimiothérapie de la tuberculose est susceptible de provoquer un certain nombre d'effets secondaires qui surviennent en général au cours du premier trimestre du traitement. Eu égard à ces valeurs, le traitement anti-tuberculeux n’a expliqué l’élévation des phosphatases alcalines chez nos patients que dans 12,6% dans le sexe féminin et dans 6,8% dans le sexe masculin (en calculant le coefficient de détermination R2). Cette différence observée serait due probablement par le fait que les sujets d’étude de KAKULE avaient déjà avant traitement des taux de SGOT pathologiques alors que pour notre cas, ces genres de patients étaient exclus de notre étude [5]et d’autre part, la plupart des malades terminent leur traitement sans que leurs médicaments aient des effets secondaires graves [12,13,14]. Lorsqu’un patient développe une hépatite au cours de son traitement, celle-ci peut avoir pour origine les médicaments antituberculeux euxmêmes ou une autre cause. Il est important d’éliminer les autres causes possibles avant de décider que l’hépatite est d’origine médicamenteuse [15 ]. Ces effets secondaires sont le plus souvent mineurs, mais dans 1 à 3% des cas, des effets secondaires majeurs peuvent apparaître, imposant l'arrêt temporaire ou définitif du traitement ou du médicament incriminé. C’est le cas des « accidents hépatiques » : Une hépatite iatrogène peut être provoquée par l'isoniazide, la rifampicine ou le pyrazinamide, ou par l'association isoniazide-rifampicine, particulièrement chez des sujets dont le foie est lésé par une cirrhose ou une hépatite infectieuse ou toxique. Cette hépatite est annoncée par des signes comme : anorexie, nausées, vomissements, arthralgies, qui précèdent l'apparition d'un ictère franc, colorant les conjonctives et la peau. Biologiquement on retrouve des signes de cholestase et de cytolyse avec des taux de bilirubine et des transaminases sériques très élevées [9]. Pour évaluer cette toxicité hépatique chez nos patients après la phase intensive de traitement anti-tuberculeux, nous avons préféré l’établir par sexe (masculin et féminin) car les valeurs normales de référence sont déterminées par rapport à ce critère (Laboratoire CYPRESS). Ainsi : 1. les taux de phosphatases alcalines chez nos patients tuberculeux ont sensiblement augmenté dans les deux sexes à la fin de la phase intensive de traitement anti-tuberculeux par rapport aux mêmes sujets avant la mise 24 Néanmoins, malgré cette élévation des phosphatases alcalines observée, les valeurs sont restées dans les limites physiologiques (≤400 U/l à 25°C). Cette enzyme n’a pas fait objet dans l étude Kinoise [5]. Ensuite, il faudra signaler aussi que la phosphatase alcaline est une enzyme membranaire dont les iso-enzymes se concentrent principalement dans le foie et l’os et accessoirement dans le rein, l’intestin et les poumons. Ainsi, étant une enzyme membranaire, l’élévation de son activité sérique que nous avons observée chez les patients sous traitement anti-tuberculeux est un signe de régénération du parenchyme hépatique ce qui est typique des intoxications surtout chroniques [7, 10,11].Toutefois, à elle seule, son activité sérique ne permet pas de révéler quel organe est atteint. Mais l’augmentation concomitante des transaminases sériques ainsi que la diminution des quotients de De Ritis chez les sujets d’étude dans les deux sexes confirment l’atteinte hépatique en passant de 1,05 (9,4/8,95) à 0,81(17,0/20,93) dans le sexe féminin et de 1,13 (10,26/9,08) à 0,95(15,83/16,7) dans le sexe masculin [12]. 2. les taux de SGOT (ASAT : Aspartate Amino-Transferase) chez nos patients tuberculeux ont également augmenté dans les deux sexes à la fin de la phase intensive de traitement anti-tuberculeux par rapport aux mêmes sujets avant la mise en route dudit traitement alors qu’ils n’ont presque pas varié dans le groupe de référence dans le même intervalle de temps. Ces taux sont alors passés de 9,40±3,24 U/l (extrêmes : 4 et 15,23) à 17,99±11,59 U/l (extrêmes : 6,23 et 68) dans le sexe féminin et de 10,26±3,16 U/l (extrêmes : 6,00 et 18,23) à 15,83±5,78 U/l (extrêmes : 9,00 et 29,75) dans le sexe masculin, ce qui a déterminé une forte corrélation de 72,32% dans le sexe masculin contre une très 3. les taux de SGPT (ALAT : Alanine Amino-Transferase) chez nos patients tuberculeux ont aussi augmenté dans les deux sexes à la fin de la phase intensive de traitement antituberculeux par rapport aux mêmes sujets avant la mise en route dudit traitement alors qu’ils n’ont presque pas varié dans le groupe de référence dans le même intervalle de temps. Ces taux étaient alors passés de 8,95±3,39 U/l (extrêmes : 4,0 et 13,5) à 20,93±16,32 U/l (extrêmes : 5,25 et 80) dans le sexe féminin et de 9,08±2,30 U/l (extrêmes : 6,00 et 12,00) à 16,70±9,06 U/l (extrêmes : 7,00 et 49,00) dans le sexe masculin, ce qui a déterminé des faibles corrélations dans les deux sexes de 42,19% contre 27,57% respectivement dans les sexes féminin et masculin entre les taux de SGPT des patients avant et en cours de traitement antituberculeux. Les coefficients de détermination ont été évalués ainsi à 17,8% et 7,6% dans le même ordre. Les valeurs physiologiques des SGPT sont ≤18 U/l dans le sexe féminin et ≤ 22 U/l dans le sexe masculin. Nos résultats paraissent contradictoires par rapport à ceux observés par KAKULE dont le taux de SGPT de ses patients sous anti-tuberculeux n’a presque pas varié au cours du traitement [5]. Néanmoins, à coup sur, nous pouvons affirmer l’atteinte hépatique des nos patients au regard de la littérature. 24 Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Conclusion Le statut des enzymes hépatiques varie au cours du traitement anti-tuberculeux mais cette variation ne dépend pas des taux initiaux avant la prise de traitement mais plutôt de la durée de celui-ci. Ainsi, les explorations du foie restent très nécessaires dans la prise en charge des patients souffrant de la tuberculose. Liste des abréviations : ALAT : Alanine Amino-transferase ASAT : Aspartate Amino-transferase SGOT : Sérum Glutamino-Oxalo-Transferase SGPT : Sérum Glutamino-Pyrivate-Transferase UI/l : Unité internationale par litre Conflit d’intérêt : Nous ne déclarons aucun conflit d’intérêt. Contribution des auteurs : (1) BUKASA TSHILONDA. J.C : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’analyse et interprétation des données ; (2) NGIELE MPUETA. A : contribution à la configuration, à l’analyse et interprétation des données ainsi qu’à l’élaboration de la version finale ; (3) MWELA NKOLA. D: contribution à la configuration, à l’analyse et interprétation des données ainsi qu’à l’élaboration de la version finale ; (4) NKONGOLO MALEBUE: contribution à la configuration, à l’analyse et interprétation des données ainsi qu’à l’élaboration de la version finale ; (5) MUMBA MUKANDILA. A : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse et interprétation des données ainsi qu’à l’élaboration de la version finale; (6) MULOWAYI KASHI. F : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse et interprétation des données ; (7) MILONGO KASONGOMA. S: contribution à la configuration, à l’analyse et interprétation des données ainsi qu’à l’élaboration de la version finale ; (8) NDIBUALONJI.V.B.B : contribution substantielle à la conception et à la configuration, à l’acquisition de données, à l’analyse, interprétation des données et à la supervision de tout le travail ; Techniques Médicales de Mbujimayi ISTM/ MBJ) ; - N.M.A : Administrateur de Budget et Assistante Séniore à l’Université de Kabinda (UNIKAB); - M.N.D : Médecin traitant à l’Hôpital Général de Référence Valentin Disashi/CHU et Assistant Junior au département de Médecine Interne à l’Université de Mbujimayi (UM); - N.M : Assistant Sénior en Santé Publique à l’Université de Kabinda (UNIKAB) ; - M.M.A : Médecin traitant à l’Hôpital Général de Référence /CHU Saint Sauveur et Assistant Sénior au département de Gynécologie Obstétrique à l’Université de Kabinda (UNIKAB); - M.K.S : Médecin traitant à l’Hôpital Général de Référence Dipumba et Assistant Junior au département de Gynécologie Obstétrique à l’Université Officielle de Mbujimayi (UOM); - M.K.F : Biologiste Médicale et chef de service de laboratoire Médical de l’Hôpital Général de Référence DIPUMBA à Mbujimayi ; - N.V.B.B : Médecin, Professeur Ordinaire en Médecine Vétérinaire et Doyen de la Faculté de Médecine Vétérinaire à l’Université de Lubumbashi (UNILU) Information sur les auteurs - B.T.JC : Secrétaire Général Académique et Chef des Travaux à l’Institut Supérieur des Bibliographie 1. KASHONGUE Z. et al. Guide de prise en charge de la tuberculose. 2008, PATI -4; Kinshasa, 32-41. 2. KAKOU A. et al. Problèmes engendrés par l’utilisation des antituberculeux. Médecine Tropicale, Abidjan 1998. 3. ANIMAT C. Hépatotoxicité des antituberculeux. Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM U991). Université de Rennes 1, Paris.2011 4. ELFTOUH M. et al. Médicaments antituberculeux : effets secondaires et conduite à tenir, Médecine de Maghreb, Maghreb, 1998 : 36. 5. KAKULE M. H. Evaluation de la fonction hépatique. Mémoire de licence, ISTM/ Kinshasa, 2007, Kinshasa. Inédit. 6. BENHAMOU J.P. et al. Les maladies du foie. Médecine-Sciences Flammarion, 2002 ; Paris, 629. 7. NDIBUALONJI B.B.V, MALOZA T.D ; KAHENGA K.G ; MULAJ M.A ; MARYABO K.G. Evaluation des fonctions hépatiques chez les creuseurs artisanaux d’hétérogénéité de Lubumbashi par les dosages sériques des transaminases, de la phosphatase alcaline et de la bilirubine totale. Revue Médicale des grands Lacs, Septembre 2015 ; 6(3) :10-14 8. RAZAFIMAHEFA S.H. et Coll. Hépatite fulminante associée à un traitement antituberculeux. Revue d’Anesthésie -Réanimation et de Médecine d’urgence 2011. Université d’Antananarivo, Madagascar. 9. RAME A. Les effets secondaires indésirables des médicaments de première intention en cas de tuberculose ; In Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, Institut de formation des Aides-soignants (IFAS), Paris.2012. 13. WHO. Treatment of tuberculosis. Guidelines for national programs; Geneva.2003. 14. ADEHOSSI E. et al. e-Pilly. Les maladies infectieuses tropicales. Collège des universitaires des maladies infectieuses et tropicales. Alinéa Plus, Paris, 2012 :427429 15. WHO/TB/97.220; Prise en charge. OMS, Genève. 10. HENEN G. Biochimie humaine. Introduction biochimique à la médecine interne. De Boeck Université, Liège, 1996, p325. 11. BEASKY V.R., Dorman D.C. Management of toxicoses. Vét. Clin. North Am. Small. Anim. Pract. 1990; 20:307-337. 12. BOTROS M., SIKARIS K.S. The De Ritis ratio: the test of time. Clin. Biochem. Rev. 2013; 34:117-134. 25 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 QUININE INFUSION OVERUSE IN GENERAL PRACTICE IN EASTERN D.R.C Author(s): Tshienda M. Denon, Ahuka O. Longombe Objectives of Study: Malaria is an important cause of death and illness in children and adults; especially in tropical countries. Due to its non-specific symptomatolgy and system barriers to accurate diagnosis, malaria is frequently over-diagnosed. This over-diagnosis of malaria leads to overuse of antimalarials with a negative impact on health care costs, the Plasmodium resistance1, 2, the ten core dimensions of primary health care 3 , especially the structure, the process and the outcomes of primary health care. The authors embarked in this study to assess the indications of quinine infusion in the treatment of malaria and to determine the reasons for administering the quinine infusion at health facility level. Key-words: Quinine infusion, complicated malaria, DR Congo Methods with the national and WHO guidelines in their daily practices. This study was a multi-centre retrospective chart review. Data were collected in three health care facilities using charts selected randomly among patients admitted for malaria during a three-week period from 1 st January 2012 to 21 st January 2012 at the Eastern DR Congo using a purposive sample. The main reasons for the quinine intravenous infusion overuse have been identified through discussions during morning staff meetings at each facility. Data were analysed using SPSS 17.0 and univariate analysis were used. Due to ethical considerations, the methodology did not describe the study setting. In each setting, a debriefing was organized with the health staff to sensitize them reconciling Main results I.Clinical cases presentation Case #1 A 60 years old female patient complaining of a headache, myalgia, epigastralgia. No particular findings on physical examination. Giemsa-stained thick blood film: 0-1 P falciparum trophozoite per field; white blood cells: 3,500.Conclusion: Malaria and gastritis. Treatment: Quinine infusion 500 mg twice a day, Omeprazole, Paracetamol Case #2 A 7 years old female patient, weighing 26 kgs with diarrhoea (3 times a day for 1 night), headache, vomiting (once a night).On physical examination: asthenia, hypogastralgia. Giemsa-stained thick blood film: 0-3 P falciparum trophozoite per field; white blood cells: 12, 000; white stool cells: 10-20 per field and erythrocyte sedimentation rate (ESR): 12 mm/hour. Conclusion: Malaria and bowel infection. Treatment: Quinine infusion 520 mg then 400 mg twice a day, Ampicilline, Gentamycine, Nystatine Moreover, the researcher where not allowed to take charts pictures at the health facilities but only retranscription of data from the charts in researcher block notes was permitted. Therefore, data from 5 charts or files are presented as samples in the results section where names have been removed to insure confidentiality. The researcher discussed with health providers based on charts insuring the data validity and reliability. The clinical cases presented rely on the validated data found on the charts. The “convenience” admission can be defined as an admission of a patient based on non-clinical considerations but on individual ones; mostly social and/or emotional. Conclusion: Urogenital infection. The patient was admitted “conveniently” Treatment: Quinine infusion 1g then 750 mg twice a day, Brufen, Buscopan, Zincof, Polygynax, Ampicilline Case #5 A 43 years old female patient complaining of a headache, weakness and edema, known as hypertensive. Blood pressure measurement: 200/120 mmHg. Giemsa-stained thick blood film: 0-2 P falciparum trophozoite per field, Widal (typhoid fever serological test): low antibodies levels, glycaemia: 109 mg/Dl. Treatment: Hypertension and Malaria. Quinine infusion 1g then 750 mg twice a day, captopril, paracetamol and ampicilline II.Tables Table 1.Quinine infusion according to the severity of malaria Case #3 A 50 years old female patient complaining of a weakness and palpitation, known as hypertensive patient. Blood pressure measurement 160/110 mmHg. Glycaemia: 102.48 mg/dL, ESR: 12 mm/hour. Conclusion: Hypertension. Treatment: Quinine infusion 1 g then 750 mg twice a day, Diazepam, Captopril, Esidrex Case #4 A 22 years old female patient complaining of an abdominal pain and cough. Giemsa-stained thick blood film: 0-1 P falciparum trophozoite per field, urinalysis: 12-20 white cells 26 The quinine infusion was administered in complicated malaria (19.4 %) among patients admitted for malaria contrasting with the quinine infusion in uncomplicated malaria (80.5%). Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Main results Table 2. Reasons for quinine overuse malaria. This practice is raising a considerable debate in primary health care that needs to be addressed in an adequate fashion. Regimens of quinine intravenous infusion (course and dosage) WHO recommended that the parenteral antimalarial agents (quinine infusion) in the treatment of complicated malaria should be given for a minimum of 24h4.The quinine infusion is a transitional option treatment. Thereafter, a full course of the oral artemisinin based combination therapy that is effective in the area where the infection was acquired should be administered4. The main reasons for administering quinine infusions to treat malaria are financial/facility income increase (70.5%), patients’ expectations or demand/family can afford (12.0%), health provider ignorance or lack of knowledge (10.5%) and presumed failure of the first treatment line (7.0%) Indications of quinine intravenous infusion in complicated malaria In endemic malaria areas such as DR Congo, the quinine intravenous infusion is indicated in the treatment of complicated malaria. However in this chart review, the quinine intravenous infusion was administered to the vast majority of patients admitted for uncomplicated In this chart review, the administration of quinine intravenous infusion for 5 days and in some cases the full course of quinine infusion for 7 days was generally practiced in health facilities as reported by health providers during the morning staff meeting discussion. In fact, the issue around the quinine dosage was not the main scope of this chart review but researchers found that the dosage of quinine infusion was not administered as indicated in the national guidelines, even the regimen of the treatment. While discussing on the quinine infusion regimen, health providers including medical doctors, taking into account the patient demand, preferred to administer quinine infusion twice per 24 hours instead of three times each of 8 hours per 24 hours. They observed empirically similar results with these two regimens raising another controversial issue of adequate regimens in the quinine infusion administration. Further studies are needed to determine the effectiveness and evaluate the satisfaction of these two competing regimens. Discussion Indications of quinine intravenous infusion in complicated malaria In endemic malaria areas such as DR Congo, the quinine intravenous infusion is indicated in the treatment of complicated malaria. However in this chart review, the quinine intravenous infusion was administered to the vast majority of patients admitted for uncomplicated malaria. This practice is raising a considerable debate in primary health care that needs to be addressed in an adequate fashion. Regimens of quinine intravenous infusion (course and dosage) WHO recommended that the parenteral antimalarial agents (quinine infusion) in the treatment of complicated malaria should be given for a minimum of 24h4.The quinine infusion is a transitional option treatment. Thereafter, a full course of the oral artemisinin based combination therapy that is effective in the area where the infection was acquired should be administered4. In this chart review, the administration of quinine intravenous infusion for 5 days and in some cases the full course of quinine infusion for 7 days was generally practiced in health facilities as reported by health providers during the morning staff meeting discussion. In fact, the issue around the quinine dosage was not the main scope of this chart review but researchers found that the dosage of quinine infusion was not administered as indicated in the national guidelines, even the regimen of the treatment. While discussing on the quinine infusion regimen, health providers including medical doctors, taking into account the patient demand, preferred to administer quinine infusion twice per 24 hours instead of three times each of 8 hours per 24 hours. They observed empirically similar results with these two regimens raising another controversial issue of adequate regimens in the quinine infusion administration. Further studies are needed to determine the effectiveness and evaluate the satisfaction of these two competing regimens. In the current DR Congo malaria management directives, the use of artesunate slow IV is highly and preferably recommended as an alternative option in the treatment of complicated malaria. The quinine intravenous infusion is a transitional treatment in complicated malaria due to its adverse effects and its protection to resistance6. Failure of the first malaria treatment line During morning staff meeting discussion, the empirical data from health providers indicated that there is an increasing failure rate of ACTs mostly used in DR Congo (artesunate/amodiaquine, arthemeter/lumefantrine, artesunate/sulfamethoxypyrazine/pyrimethamine).Further studies need to be conducted in order to determine scientifically the failure rate of ACTs in DR Congo. The health providers reported empirically that artesunate-amodiaquine is one of the ACTs making patients more and more sick (more weak, more myalgia, etc) and leading more and more to the administration quinine intravenous infusion. Therefore, even if the patient is not severely sick, once there is a presumed resistance with oral antimalarial drugs, the health provider should consider the quinine infusion administration without any particular attention to adherence, quality of drugs in the market, drugs storage conditions, etc. 27 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 However, the recent national guideline recommended the oral quinine plus clindamycin in an ACTs confirmed failure. Health provider ignorance In some charts, the diagnosis was even not indicated but the patient received quinine intravenous infusion. In one chart, there is a “convenience admission” and the patient received quinine infusion as a treatment. This picture showed that it’s a multifactorial issue and need therefore to be addressed in an effective, efficient and particular fashion. The health provider ignorance has been mentioned as one of the main reasons of quinine infusion administration. Is it an intentional or unintentional ignorance? Patient demand of quinine intravenous infusion and “non-clinical” considerations in complicated malaria definition This study demonstrated that “non-clinical” considerations are guiding the administration of quinine at health facilities level such as patient demand or expectation (15.0%), financial income increase (72.5%) and the health provider ignorance (12.5%). The patient and/or his or her family will demand the quinine intravenous infusion. In practice, the health provider is under pressure with this demand but it will also benefit the health facilities in terms of income. Should we consider the family or patient demand as a non-clinical consideration of severe malaria and therefore administer quinine intravenous infusion in that particular case? If it is the case how then should the quinine be prevented against resistance in that particular case? Financial income at health facility and the funding is one of the fundamental concerns in a health system as indicated in the DR Congo national strategic plan against malaria 5. The very low funding status of the DR Congo health system is one of the roots of certain inadequate management of diseases. In fact, this very low funding is impacting negatively on the clinical reasoning, the quality of care, the increase in individual cost of care, the compliance with the evidence-based national guidelines. The quinine intravenous infusion is considered at health facility as a “breadwinner” strategy. Due to the lack of incentives, insufficient salaries and lack of primary care core dimensions requirement in the DR Congo health system, the health providers developed coping or “survival” mechanisms overcoming financial challenges of the health facility. The current profile of health system in DR Congo is posing constantly several problems; Conclusion The quinine intravenous infusion is administered both in complicated malaria and mostly in uncomplicated malaria contrasting with national and WHO guidelines. The quinine intravenous infusion is beneficial to facilities in term of financial income. There is an urgent need to establish and monitor a quality process team with the minimum adequate resources to improve services in each health facility including the quinine intravenous infusion regimens. In other hand, the DR Congo government should provide more incentives, more health providers’ trainings and pay adequately health providers salaries. References 1. WHO. Guidelines of malaria treatment. 2 nd Ed. Geneva, 2010, pp 4-5. 2. WHO. World malaria report 2011. Geneva, 2011 3. Dionne S Kringos,Wienke GW Boerma, Allen Hutchinson, Jouke van der Zee, Peter P Groenewegen. 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Centre Hospitalier de Chambéry. Résumé Objectif Déterminer les caractéristiques histopronostiques du cancer de la prostate à Mbujimayi comparativement à d’autres populations noires. Matériel et Méthodes Cette étude descriptive a concerné 75 cas dont 40 prospectifs et 35 rétrospectifs. Sur 15 cas d’adénocarcinome de la prostate, âgés en moyenne de 65,2 ans, 2 provenaient des biopsies de la partie prospective et 13 de la revue des dossiers des hôpitaux Miba de 1992 à 2013. Résultats Deux cas de cancer ont été diagnostiqués en HES sur les 40 biopsies à l’aiguilles soit 5%, tandis que 11 cas étaient jugés suspects soit 27,5%. Les cancers ont été confirmés par l’immunohistochimie (IHC), mais aucun des 11 cas suspects. Tous les 15 cas observés dans l’étude étaient des adénocarcinomes de prostate. L’aspect le plus fréquemment rencontré était le type cribriforme soit 26,6 % des cas.L’agressivité des tumeurs était modérée avec 53,3 % de tumeurs bien différenciées et 26,6 % de tumeurs moyennement différenciées. Les 3 tumeurs Gleason 9 ont été notées chez des hommes de 59, 60 et 68 ans. Conclusion Le cancer de prostate à Mbujimayi est typiquement un adénocarcinome d’aspect cribriforme. L’agressivité des tumeurs et l’âge plus jeune de survenue observés dans d’autres populations noires n’ont pas été constatés dans notre étude. Mots-clés : Cancer de prostate, anatomopathologie, score de Gleason, immunohistochimie, Mbujimayi. Summary Objective To determine the histoprognostic features of prostate cancer in Mbujimayi (DRC) and to compare them to those of other black populations. Materiel and Methods The study included 75 cases of which 40 were prospective and 35 retrospective. We found 15 prostate adenocarcinoma cases with an average of 65, 2-year-old, and among them, two came from prospective biopsies and 13 drawn from the Miba hospital archives (1992 to 2013). The parameters studied were the histopathological nature of prostatic samples on HES, the histological type of cancer, the cell differentiation, the Gleason score and the histopathological nature of the prostatic samples on immunohistochemistry. Results Two cancers have been diagnosed with HES among the 40 needle biopsies or 5%, when 11 were considered suspect. The cancers have been confirmed by IHC but none of the 11 suspected cases. All the 15 cases observed in the study were prostate adenocarcinomas. The most frequent was the cribriform type (26, 6 %). The tumor aggressiveness was moderate with 53, 3 % of tumors being well differentiated and 26, 6 % moderately differentiated. The three Gleason score 9 tumors were from 59, 60 and 68-year-old patients. Conclusion The prostate cancer in Mbujimayi is typically an adenocarcinoma of cribrifom aspect. Our study did not observe tumor aggressiveness and younger patients at the onset of the disease as noted in other black populations. Keywords: Prostate cancer, histopathology, Gleason score, immunohistochemistry, Mbujimayi. Introduction L a suspicion du cancer de la prostate est établie sur la base du toucher rectal et du dosage du PSA. Toute anomalie de l’un ou l’autre appelle la réalisation des biopsies et d’un examen anatomopathologique complété au besoin par l’immunohistochimie pour confirmer le diagnostic [1]. Les prélèvements prostatiques à l’aiguille sont bien codifiés. Ils comprennent idéalement 12 prélèvements échoguidés, réalisés de préférence avec un pistolet automatique, à partir des différents sites prostatiques (apex, partie moyenne et base des lobes gauche et droit) [2]. L’examen anatomopathologique permet non seulement le diagnostic de certitude, mais évalue également l’agressivité de la tumeur grâce au score de Gleason. Celui-ci a une valeur fondamentale dans la prédiction du comportement du cancer de la prostate et dans l’évaluation de son pronostic sous traitement [3]. Le score de Gleason peut encore être combiné avec le dosage du PSA et la classification clinique TNM dans la classification de D’Amico, pour apprécier le risque d’extension de la maladie en dehors de la glande [ 2,4,5]. Aucune étude n’a été conduite pour définir les caractéristiques histopronostiques du cancer de la prostate dans la ville de Mbujimayi. Nous nous sommes donc assigné pour objectif d’établir pour la première fois, les caractéristiques histopronostiques du cancer de la prostate dans cette ville en vue de les comparer avec celles d’autres populations noires. 29 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 MATERIEL ET METHODES L’étude a eu pour cadre les hôpitaux Miba de Mbujimayi. Les prélèvements réalisés ont été fixés dans du formol à 10 %, avant d’être expédiés et traités au Service d’Anatomopathologie des Cliniques Universitaires de Kinshasa. Il s’agissait d’une étude descriptive rétroprospective. La partie prospective a compté 494 participants tirés au sort sur une liste d’employés d’entreprise. Les biopsies prostatiques ont été proposées à 57 participants suspects de cancer de la prostate sur la base du TR et/ou du PSA. Dix-sept participants ne se sont pas présentés. En définitive, 40 biopsies ont été réalisées. Elles ont permis de diagnostiquer 2 cas d’adénocarcinome au Service d’Anatomopathologie des Cliniques Universitaires de Kinshasa. Toutes les lames suspectes ou confirmées de cancer au nombre de 16, ont été envoyées au Service d’Anatomie et Cytologie Pathologique du Centre Hospitalier de Chambéry en France pour relecture aussi bien en coloration HES qu’en Immunohistochimie. La partie rétrospective a repris les données anatomopathologiques exploitables des hôpitaux Miba, de 1992 à 2013. Cependant nous n’avons retrouvé que 35 résultats anatomopathologiques dont 18 HBP et17 adénocarcinomes de la prostate. Parmi ces derniers, 13 seulement avaient un proto- cole anatomopathologique détaillé. La population d’étude a été ainsi constituée d’un total de 75 cas soit 40 prospectifs et 35 rétrospectifs. Les adénocarcinomes de la prostate étaient au nombre de 15 dont 2 provenant des biopsies prospectives et 13 des archives des hôpitaux Miba. Ils étaient âgés en moyenne de 65,2 ans avec des extrêmes de 51 et 78 ans. Ils disposaient d’un score de Gleason ou d’un compte-rendu anatomopathologique suffisamment détaillé pour l’établissement de ce score aux normes de la conférence de consensus de l’ISUP en 2005. Au Service d’Anatomopathologie des Cliniques Universitaires de Kinshasa, le traitement des prélèvements a suivi la technique ci-après : déshydratation au moyen de bains d’alcool, éclaircissement aux bains de xylol et imprégnation à la paraffine; enrobage dans la paraffine; coupe au microtome; coloration à l’hématoxyline éosine safran (HES) après déparaffinage et réhydratation; enfin montage précédé de déshydratation. Dans le Service d’Anatomie et Cytologie Pathologique du Centre Hospitalier de Chambéry en France, l’immunohistochimie a suivi la technique immunohistochimique automatisée (BOND III-MENARINI) : kit BOND Résultats Nature anatomopathologique des prélèvements prostatiques à l’aiguille (Kinshasa) Sur les 40 biopsies à l’aiguille, le cancer de la prostate a été confirmé dans deux cas soit 5 %. Onze prélèvements soit 27,5 %, ont été jugés histopathologiquement suspects de cancer en raison de la présence d’atypies ou de PIN 1, 2 et 3. (Tableau 1) Les résultats des examens anatomopathologiques confirmant ou évoquant le cancer de prostate ont été repris de façon exhaustive au tableau 2. Tableau 1. Répartition des cas en fonction de la nature anatomopathologique des prélèvements prostatiques à l’aiguille. Nature anatomopathologique des prélèvements Effectif % Hbp Suspicion de Cancer biopsie non contributive Cancer de la prostate prostate normale 23 11 5 2 2 57,5 27,5 12,5 5 5 n=40 Tableau 2. Description anatomopathologique des prélèvements à l’aiguille, en faveur du cancer de la prostate et score de Gleason N° Lame Diagnostic Score de Gleason 1 2 3 4 5 B211 B212 B214 B215 B217 Gleason 9 6 7 8 9 10 11 12 13 B219 B228 B233 B236 B238 B241 B245 B248 Cancer de la prostate PIN2-3 ; hyperplasie intracanalaire ou glandulaire atypique PIN1-3 Foyers d’atrophie glandulaire Acini réguliers cribriformes par foyer, forte suspicion de cancer PIN2-3 et HFLA Acini réguliers et atypies, PIN1 PIN1-3 PIN2-3 Cancer de la prostate PIN2-3 Acini uniassisiels avec atypies PIN2-3 et HFLA* 30 *HFLA : hypertrophie fibroleiomyoadénomateuse Gleason 6 Polymer Refine Detection ; système conjugué peroxydase de raifort (HRP) polymère anticorps de liaison, sans biotine ; seuil de positivité à 10% de cellules marquées, évaluation semi-quantitative de l’intensité du marquage :- : négatif, + : faible, ++ : modéré, +++ : intense). Les anticorps utilisés ont été : 1) Nom : P504S ; Clone : EPUM1 ; Société : Novocastra/Menarini ; Dilution : 1/200 2) Nom : P63 Protein ; Clone : 7JUL ; Société : Novocastra/Menarini ; Dilution : RTU Les variables de notre étude ont été les suivantes : • Age • Type histopathologique des prélèvements prostatiques en HES • Degré de différenciation • Score de Gleason • Nature histopathologique des prélèvements suspects de cancer, révélée par immunomarquage au p63 et p504s Les patients ont été dûment informés sur les avantages et inconvénients (complications des biopsies) des examens à réaliser dans le cadre de la partie prospective de l’étude. Les données ont été analysées dans des tableaux de fréquence. Les intervalles de confiance ont été calculés à 95 %. Résultats de l’immunohistochimie sur les biopsies à l’aiguille anatomopathologiquement suspectes de malignité Les 2 cas de cancer de la prostate identifiés par la coloration HES ont été confirmés en IHC, les autres cas étaient des hyperplasies bénignes de la prostate (Tableau3). Tableau 3. Résultats de l’Immunohistochimie et conclusions intégrant HES et IHC (Chambéry) sur les prélèvements à l’aiguille LAME P504S (AMACR) P63 Conclusions intégrant IHC et HES B209 B210 B211 - ++ MNC +++ de >80% des cellules Hyperplasie bénigne de la prostate Hyperplasie bénigne de la prostate Carcinome peu différencié ; score de Gleason 5+5 ; profil IHC non classique pour un carcinome prostatique B212 B214 B215 B217 B219 B220 B228 B233 -* MNC ++ MNC§§§ ++ ++ ++ ++ ++§ B236 B238 +++ ++ -§§ B241 B245 B248 + - ++ ++ ++ Hyperplasie bénigne de la prostate Hyperplasie bénigne de la prostate Hyperplasie bénigne de la prostate Lésions d’atrophohypertrophie de la prostate, sans atypie Hyperplasie bénigne de la prostate Hyperplasie bénigne de la prostate Hyperplasie simple sans atypie Hyperplasie simple sans atypie ; aspect IHC compatible avec PIN de bas grade Hyperplasie simple sans atypie Carcinome prostatique de score de Gleason 6 (3+3) intéressant 1mm de la biopsie Hyperplasie bénigne de la prostate Hyperplasie simple sans atypie; aspect IHC compatible avec PIN de bas grade Hyperplasie bénigne de la prostate - = absent ; + = faible ; ++ = modéré ; +++ = intense *- P504S : Pas de surexpression de la Racémase **+P504S : Marquage cytoplasmique des cellules bordantes par la Racémase (confirmant le caractère néoplasique) §+P63 : Marquage des assises basales par la P63 §§-P63 : Absence d’assise basale (confirmant le caractère néoplasique) §§§MNC : Marquage non contributif Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Analyse anatomopathologique et histopronostique des 15 cas de cancer retrouvés dans nos registres. La moyenne d’âge des 15 patients porteurs d’un cancer de la prostate était de 65,2 ans (61,32-69,08). Tous les cancers observés étaient des adénocarcinomes. L’analyse anatomopathologique a retrouvé plusieurs aspects de cancers décrits au tableau 4. L’aspect le plus fréquemment rencontré (4 cas sur 15 soit 26,6 %) a été le type cribriforme. Les tumeurs ont présenté une agressivité modérée puisque nous avons observé 8 cas sur 15, Gleason 6 soit 53,3 % (tumeur bien différenciée) et 4 cas Gleason 7 soit 26,6 % (tumeur moyennement différenciée). Les 3 tumeurs Gleason 9 ont été notées chez des hommes de 59, 60 et 68 ans. Aucun score de Gleason égal ou inférieur à 4 n’a été observé. Tableau 4. Analyse histopathologique des 15 prélèvements prostatiques néoplasiques rétrospectifs Aspects histopathologiques et Score de Gleason Effectif Prolifération d’acini de petite taille. Gleason 6 (3+3) Prolifération d’acini réguliers et uniassisiels d’aspect cribriforme. Gleason 6 (3+3) Prolifération d’acini de petite et grande taille. Aspect cribriforme. Gleason 7 (3+4) Prolifération d’acini irréguliers dispersés et plages de cellules denses. Gleason 7 (3+4) Prolifération d’acini de grande taille avec épithélium à cellules claires. Gleason 6 (3+3) Infiltration de plages et cordons de cellules épithéliales atypiques sans différenciation acinaire. Gleason 9 (5+4) Foyers de prolifération carcinomateux. Gleason Indéterminé 3 1 3 1 3 3 1 Discussion Analyse anatomopathologique des biopsies prostatiques à l’aiguille (Kinshasa) IHC, les autres cas étaient des hyperplasies bénignes de la prostate. Sur les 40 biopsies à l’aiguille, le cancer de la prostate a été confirmé dans deux cas soit 5 %. Onze prélèvements soit 27,5 %, ont été jugés histopathologiquement suspects de cancer en raison de la présence d’atypies ou de PIN 1, 2 et 3. Van der Kwast TH a rapporté que 36,5 % des patients avec suspicion de malignité histopathologique présentaient effectivement un cancer de prostate lors des biopsies répétitives ultérieures [10]. Les cas suspects doivent ainsi être suivis malgré les résultats négatifs observés lors d’un premier examen. La positivité des biopsies (5%) a été particulièrement faible dans notre série. Une aussi faible positivité s’observe lorsque la biopsie est réalisée alors que le TR et le PSA sont normaux (4-9 %). La positivité augmente à 10-21% lorsque le TR seul est anormal ; à 1232% lorsque le PSA seul est anormal et à 4272 % lorsque le TR et le PSA sont anormaux [6]. La suspicion histopathologique de cancer appelle la réalisation de l’HIC [7]. Lorsque le doute persiste après une première biopsie, la répétition de cette dernière est indiquée particulièrement si le PSA était supérieur à 10 ng/ml ou que le prélèvement était jugé histopathologiquement suspect, comme en cas de prolifération de petits acini atypiques (ASAP) ou d’HGPIN [8,9]. Analyse immunohistochimique sur les biopsies à l’aiguille suspectes de malignité (Chambéry) Dans notre étude, les conclusions de l’IHC ont reposé sur les combinaisons des résultats de l’immunomarquage par les anticorps p63 et p504s. Elles ont permis de lever le doute sur les cas suspects et d’établir qu’il ne s’agissait pas de cas de cancer. Les 2 cas de cancer de la prostate identifiés par la coloration HES ont été confirmés en Analyse anatomopathologique et histopronostique des 15 cas de cancer retrouvés dans nos registres L’analyse anatomopathologique et histopronostique des 15 protocoles de cancer retrouvés dans nos registres a montré que l’aspect anatomopathologique le plus fréquemment rencontré avait été le type cribriforme. Néanmoins cet aspect ne représentait que 26,6 % des cas, ce qui reflétait la grande variété des aspects anatomopathologiques. La littérature a accordé peu d’attention aux types anatomopathologiques, en dehors du fait qu’ils permettent avec d’autres paramètres de déterminer le score de Gleason. Elle s’est focalisée plutôt sur la valeur du PSA et le score de Gleason auxquels leur valeur pronostique confère en effet un prix inestimable [11]. Nous avons cependant considéré que ces aspects morphologiques gagnaient à être connus comme des marqueurs d’une population donnée, dont l’intérêt reste encore à établir. Les tumeurs dans notre série, ont présenté une agressivité modérée, puisque nous avons observé 8 cas sur 15, Gleason 6 soit 53,3 % (tumeur bien différenciée) et 4 cas, Gleason 7 soit 26,6 % (tumeur moyennement différenciée). Ces deux groupes ont représenté ensemble 79, 9 % des cas. Le pro- nostic des tumeurs Gleason 6 est favorable au point que Carter HB s’est interrogé sur sa nature cancéreuse [12]. Nos chiffres correspondent à ceux trouvés dans les études de Douglas HT et de Kambere concernant le score de Gleason avec respectivement 77,7% et 65,5% de résultats bien et moyennement différenciés [13]. Il n’est pas étonnant que Douglas qui a travaillé sur des cas T1c ait trouvé des résultats comparables aux nôtres [14]. La plupart de nos 15 cas sont en effet des cancers T1a ou T1b qui ont été découverts sur pièce opératoire à la suite d’une opération pour hypertrophie bénigne prostatique. Au cours de la période considérée, nous n’avions réalisé aucune biopsie à l’aiguille. Il faut relever que les études relatives aux populations noires de la diaspora ont fait souvent mention d’une plus grande agressivité des tumeurs ainsi qu’à un âge plus jeune de survenue du cancer [15, 16, 5, 17]. De nombreux travaux africains [18, 19, 20, 21, 22, 23, 24] vont dans le sens d’une similitude entre la population noire de la diaspora et la population noire africaine. Notre population d’étude ne semble pas partager cette particularité à l’instar des résultats de quelques études [25]. Il existe des différences de prévalence du cancer entre les différentes parties de l’Afrique, mais les raisons de ces différences ne sont pas formellement établies [26]. S’agit-il de différences génétiques entre populations ou de l’impact des facteurs environnementaux ? [27, 5, 28] Il sera intéressant de le vérifier dans des travaux ultérieurs. Conclusion Le cancer de prostate a été confirmé en HES dans deux cas sur 40 biopsies soit 5% tandis que onze participants ont été jugés histopathologiquement suspects soit 27,5%. Le recours à l’immunomarquage par les anticorps p63 et p504s a permis de trancher en confirmant ou en écartant le cancer. Le nombre de cas de cancer de prostate n’a pas été modi- fié. La revue de tous les cas de cancers prospectifs et rétrospectifs a montré qu’il s’agissait d’adénocarcinomes. Les aspects de cancer observés étaient diversifiés, mais l’aspect cribriforme était le plus fréquent (26,6 %). L’agressivité des tumeurs était modérée avec 8 cas Gleason 6 (tumeurs bien différenciées) soit 53,3 % des cas. Nous n’avons pas observé dans notre étude l’agressivité des tumeurs et l’âge plus jeune de survenue relevés dans d’autres populations noires. 31 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Références 1. Adam C, Petit T. Pathologie urologique. Le fascicule. Extraits du Memento de Pathologie. 1ère éd. Paris : Editions Vernazobres-Grego. 2006. 2. Salomon L, Azria D, Bastide C, Beuzeboc P, Cormier L, Cornud F, et al. Recommandations en Onco-Urologie 2010 : Cancer de la prostate. Progrès en Urologie 2010 ; 20 : S217–S252. 3. Lavery HJ, Droller MJ. Do Gleason patterns 3 and 4 prostate cancer represent separate disease states? J Urol. 2012;188:1667-75 4. Soulié M, Beuzeboc P, Cornud F, Eschwege P, Gaschignard N, Grosclaude P, et al. Cancer de la Prostate - Partie 1. Prog Urol, 2007;17:1157-1188. 5. Heidenreich A, Bastian PJ, Bellmunt J, Bolla M, Joniau S, Mason MD, et al. Guidelines on Prostate Cancer. European Association of Urology 2013. 154 p. 6. 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Rémérciements Nous remercions le Dr Moningo pour son concours dans le prélèvement des biopsies prostatiques ; les équipes d’anatomopatho- 32 Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 EFFICACITE DE LA DILATATION EN ENDOSCOPIQUE DES STENOSES CAUSTIQUES DE L’OESOPHAGE Togo S.1, Ouattara MA1; Xing L2 ; Sanogo Z.Z 3; Koumaré S.3; Yang SW2; Sangaré I 1 ;Touré CA 1 Maiga I1, Saye J.1; Dakouo DJ.1 , Toure OD4, Camara M3. Koita AK3, Togola B3, Soumaré L3 Yéna S 1 1 Service de chirurgie thoracique, Hôpital du Mali (Bamako, Mali) 2 23ème Mission médicale chinoise. Hôpital du Mali, (Bamako, Mali) 3 Service de chirurgie « A » CHU du Point G, (Bamako, Mali) 4 Service de santé publique et de statistique hôpital du Mali, (Bamako, Mali) Auteur correspondant : Seydou Togo ; Chirurgie thoracique, Hôpital du Mali E.mail : [email protected] Tel : +223 65511651 Résumé Le but de ce travail est d’évaluer l’apport des moyens endoscopiques dans la prise en charge de la dilatation œsophagienne pour sténose caustique de l’œsophage (SCO). Méthode : Il s’agissait d’une étude descriptive et prospective réalisée dans le service de chirurgie thoracique à l’hôpital du Mali. Au total 46 dossiers cliniques de patients on été enregistrés et subdivisés en 4 groupes en fonction de la topographie des lésions cicatricielles. Le nombre de cas d’assistance endoscopique réalisé a été déterminé afin de comprendre l’apport des moyens endoscopiques dans le succès de la dilatation des SCO. Pour les 2 différentes méthodes de dilatation utilisées, le résultat du traitement et le coût ont comparés. Résultats La FOGD a été utilisée dans 19 cas (41.30 %) de dilatation avec la bougie de Savary Guillard et dans 47.82% des cas dans la dilatation de Lerut. La vidéo-laryngoscopie a été utilisé 58.69% des cas de dilatation à la bougie de Lerut. Le passage de guide métallique et / ou de filguide a été réalisée dans 39.13% avec la vidéo laryngoscopie et dans 58.68% avec la FOGD. Dans la comparaison des deux méthodes, il existe une différence significative dans la survenue des complications (p=0.04075) , l’anesthésie générale (p=0.02287), l’accessibilité à la méthode (p=0.04805) et la mortalité (p=0.00402).Conclusion La SCO est une pathologie grave et sous évaluée au Mali . Les moyens endoscopiques contribuent considérablement au succès de la dilatation œsophagienne pour sténose caustique dans les différentes méthodes utilisées. Mots clés : œsophage ; sténose caustique ; dilatation ; endoscopique Abstract The aim of this work is to present the contribution of the endoscopy in the management of esophageal dilatation for caustic esophageal stenosis (CES). Method: This was a descriptive and prospective study in the thoracic surgery department at the Hospital of Mali. A total of 46 cases of CES is recorded and divided into 4 groups acording to the topography of the esophageal lesions. For the different methods of dilatation the number of performed endoscopic support was determined to understand the contribu- tion of endoscopic means in the success of dilatation for CES. The outcome in the two methods was compared.Results: Fibroscopy was used in 41.30% of patients with Savary Guillard dilators and in 47.82% of patients with Lerut dilators. Video laryngoscopy was used in 58.69 % of patients who underwent dilatation with Lerut dilators. The passage of the guide wire was performed in 39.13% under video laryngoscopy and 58.68% under fibroscopy. of complications (p = 0.04075), general anesthesia (p = 0.02287), accessibility (p = 0.04805) and mortality (p = 0.00402) . Conclusion The CES is a serious disease and under evaluated in Mali. The endoscopies contribute significantly to the success of esophageal dilatation for caustic stenosis in the different methods we used. Keywords: esophagus; caustic stenosis; dilatation; endoscopic In comparison of the two methods, there is a significant difference in the occurrence 33 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Introduction L ’objectif de la dilatation dans la SCO est d’obtenir la disparition ou l’amélioration de la dysphagie et dans les sténoses d’origine inconnu permettre le passage de l’endoscope. Toutes les sténoses symptomatiques peuvent être dilatées par voie endoscopique et peut être proposé en première intension du faite de sa bonne tolérance et de la simplicité de sa mise en œuvre. [1]. Les indications thérapeutiques dans la SCO restent source de polémique dans la littérature [1, 2]. En effet, plusieurs types de traitement pour la SCO existent mais l’’approche thérapeutique conservatrice, par dilatation est celle que nous avons privilégiée à cause de l’inaccessibilité en milieu africain souvent très paupérisé de certaines techniques trop couteuses. Cependant l’apport des moyens endoscopiques pour mener à bien cette dilatation n’est pas négligeable et n’est pas trop souvent mis en exergue dans la littérature. Le but de ce travail est de présenter l’apport des moyens endoscopiques dans l’efficacité de la dilatation des SCO dans notre contexte. 2. PATIENTS ET METHODE Patients et méthodes : De janvier 2011 à janvier 2015, nous avons colligés 46 dossiers cliniques de patients et pris en charge. Il s’agissait d’une étude descriptive et prospective réalisée dans le service de chirurgie thoracique à l’hôpital du Mali. Les patients ont été subdivisés en 4 groupes en fonction de la topographie des lésions cicatricielles pour les besoins de l’étude: groupe 1 (sténose caustique limitée à l'œsophage ; n= 34) ; groupe 2 (SCO avec lésions ORL; n= 8) ; groupe 3 (SCO avec lésions gastriques; n= 3) et groupe 4 (SCO avec lésions ORL et gastriques; n= 1). Tous les patients ont été reçus au stade de sténose caustique cicatricielle de l’œsophage avec ou sans gastrostomie d’alimentation. Un bilan biologique standard et une consultation anesthésique ont précédé la prise en charge. Une fibroscopie œso-gastro duodénale(FOGD) et/ou un transit oeso-gastroduodénal (TOGD) a été réalisé selon la demande du médecin. La FOGD a été fréquemment utilisée par voie antérograde ou rétrograde lorsque la sténose était infranchissable. La voie antérograde était la voie conventionnelle passant par la bouche. La voie rétrograde a consisté au passage du fibroscope flexible par l’orifice de la gastrostomie afin de passer le guide de l’orifice de la gastrostomie à la bouche à et permettre la mise en place du Fil-guide pour la traction de la bougie de Lerut. ( Fig 3 ) Fig 1 : Transit œsogastroduodénal montrant une sténose caustique de l’œsophage Une préparation nutritionnelle (orale, entérale ou parentérale) a été effectuée. La gastrostomie d’alimentation a été réalisée mais pas systématique et considérée comme définitive en cas d’impossibilité de dilatation. La première méthode de dilatation œsophagienne a été celle réalisée avec la bougie de Tony Lerut qui est celle de Savary Guillard modifiée par le Pr Tony Lerut, spécialiste des pathologies de l’œsophage de la Belgique. A l’aide d’un guide métallique, un fil-guide est placé passant par la bouche sortant par l’orifice de la gastrostomie qui sera lié à un bout de la bougie et servir pour sa traction pendant la dilatation. Cette méthode de dilatation a été réalisée le plus souvent avec l’assistance des moyens endoscopiques (FOGD et vidéo-laryngoscopie). La vidéo-laryngoscopie et la FOGD étaient souvent couplées. La gastro-entéro-anastomose (GEA) a été réalisée en cas de sténose gastrique ou bulbaire associée si une alimentation orale était possible après la dilatation de l’œsophage. Le résultat du traitement a été considéré comme réussi lorsque les patients étaient capables de maintenir une alimentation orale solide ou semi-solide sans autres traitements. La deuxième méthode a été la dilatation avec la bougie de Savary Guillard qui a été exclusivement réalisée à l’aide de la FOGD. Elle a été réalisée initialement pour mettre en place le fil-guide au bloc opératoire pour les sténoses serrées afin de pouvoir réaliser les séances futures de dilatation à la bougie de Lerut. Les données cliniques, les caractéristiques de la sténose œsophagienne (siège, nombre), les lésions caustiques extra œsophagiennes associées (ORL, gastriques), les données du traitement de la sténose, les complications post thérapeutiques, le résultat fonctionnel (alimentation, regain pondérale) et le coût direct de la prise en charge ont été analysés. Lorsque l’indication le permettait, elle était utilisée pour dilater les patients dont les sténoses étaient moins serrées et qui pouvaient supporter la dilatation sans anesthésie générale. La vidéo laryngoscopie a été utilisée pour assistance à la dilatation avec la bougie de Lerut au cours des séances itératives. (Fig 2 ) . La mortalité et la morbidité ont été rapportées à chaque groupe et aux différentes méthodes de dilatation. Pour les différentes procédures de dilatation le nombre d’assistance endoscopique réalisé a été déterminé afin de comprendre l’apport des moyens endoscopiques dans le succès thérapeutique des différentes méthodes de dilatation. Les résultats des 2 méthodes de dilations utilisées ont été également comparés. Les variables ont été analysées en utilisant le test exact de Fisher. Toutes les opérations statistiques ont été réalisées avec le logiciel open EPI. La valeur de P<0,05 a été considérée comme significative pour toutes les procédures. Fig 2 : Dilatation à la bougie de Lerut par assistance vidéo laryngocopique 34 Fig 3 : Fibroscopie rétrograde avec passage de guide Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Résultats 1. Caractéristiques de la population Durant la période d’étude, 46 patients âgés de 06 mois à 21 ans (moyenne : 6 +/- 4 ans) ont été traités par l’équipe de chirurgie thoracique pour sténose caustique de l’œsophage. Il y avait 33 garçons et 13 filles. Le sexe ratio était de 2.54 en faveur du sexe masculin. Le délai d’évolution moyenne de la brûlure caustique a été de 6 mois+/-2 (extrêmes : 4 mois et 8 mois). La dénutrition était constante chez l’ensemble des patients et 18 patients (39.13%) sont arrivés en consultation dans le service avec une gastrostomie d’alimentions. Les patients qui avaient bénéficiés d’un traitement traditionnel (décoctions, huile de palme, kaolin, eau de mer, etc.…) avant de se faire consulter dans un centre médicalisé représentaient 92%. Chez une adolescente l’ingestion de produit caustique était volontaire à but suicidaire pour refus à un mariage forcé. 2. Résultats technique et clinique de la dilatation La sténose œsophagienne était isolée dans 34 cas (73.91), associée à des lésions ORL dans 16 cas (34.78%) et gastriques dans 3 cas (6.52%). La dysphagie était totale dans 32.60 % des cas et la sténose était étagée chez 15 patients (32.60 %) (Tableau I). Tableau I : Caractéristiques anatomo-cliniques des lésions caustiques. Caractéristiques Effectif (%) Type de dysphagie - Totale - Aux aliments semi-solides - Aux aliments solides 15(32.60) 13(28.26) 18(39.13) Topographie des lésions œsophagiennes - Cervicale - Thoracique - Cardia - Étagée 14 (30.43) 15 (32.60) 2 (4.34) 15 (32.60) Classification des lésions caustiques - Groupe 1(G1) = SCO isolée - Groupe 2(G2) = SCO + lésions ORL - Groupe 3(G3) = SCO + lésions Gastriques - Groupe 4(G4) = SCO + lésions ORL et gastriques 34(73.91) 8(17.39) 3(8.69) 1(2.17) SCO* : sténose caustique de l’œsophage La FOGD a été utilisée dans l’ensemble des cas (19 patients) de dilatation avec la bougie de Savary Guillard et dans 47.82% des cas (22 patients) dans la dilatation de Lerut. La vidéo-laryngoscopie a été utilisé dans l’ensemble des cas (27 patients) de dilatation à la bougie de Lerut et seulement dans un cas avec la bougie de Savary Guillard. Dans les deux moyens endoscopiques utilisés, le passage de guide métallique et / ou de fil-guide a été réalisée dans 39.13% avec la vidéo laryngoscopie et dans 58.68% avec la FOGD. La survenue de complication et de décès pour les 2 moyens endoscopiques et les 2 méthodes de dilatation est consignée dans le tableau II. Tableau II : Résultats des différents gestes réalisés en fonction des groupes. Gestes de dilatation G1 G2 G3 G4 Effectif (%) Compl* (%) Décès (%) *Bougie Tony Lerut Dilatation seule 4 - - - 4 (8.69) - - Dilatation reproductible + gastrostomie Dilatation ( tentative) + gastrostomie définitive 14 - - - 14(30.43) 4(8.69) 2(4.34) - 5 - - 5(10.86) 5(10.86) 4(8.64) Dilatation + GEA 1 - - 1 2(4.34) - - Dilatation + gastrostomie + GEA - - 1 - 1(2.17) - - Dilatation + jejunostomie - - 1 - 1(2.17) 1(2.17) 1(2.17) *Bougie Savary Guillard Dilatation seule 15 - 1 - 16(34.78) 1(2.17) 1(2.17) Dilatation + Gastrostomie - 4 - - 3(6.52) 2(4.34) - *Fibroscopie œsogastroduodénale Aspiration débris alimentaire 8 - - - 8(17.39) - - Passage de guide métallique + fil-guide 11 3 - - 14(30.43) 2(4.34) - Incision de cicatrices orificielles + fil-guide 4 2 1 1 8(17.39) 2(4.34) 1(2.17) Contrôle hémorragique 2 2 1 - 5(10.86) - - Recherche compl* de fistule œsophagienne 1 - - - 1(2.17) - - Dilatation Savary pour passage fil-guide - Lerut 5 - - - 5(10.86) 1(2.17) - Dilatation bougie de Savary G. 15 3 1 - 19(41.30) 1(2.17) 1(2.17) *Vidéo-laryngoscopie Passage de fil-guide + dilatation bougie Lerut 15 3 - - 18(39.13) 4(8.69) 2(4.34) Dilatation directe à la bougie de Lerut 5 2 1 - 8(17.39) 1(2.17) 1(2.17) Passage de guide + dilatation bougie Savary G. 1 - - - 1(2.17) 0(0) 0(0) Gestes endoscopiques Compl* : complications post thérapeutiques GEA : gastro-antéro-anastomose ME : Moyen Endoscopique Dans la comparaison des deux méthodes, il existe une différence significative dans la survenue des complications (p=0.04075) , l’anesthésie générale (p=0.02287), l’utilisation de la vidéo-laryngoscopie (p<0.0001) l’accessibilité à la méthode (p=0.04805), la mortalité (p=0.00402) et du cout moyen (p=0.02960) .Par contre il n’ya pas de différence dans le regain pondérale ,la reprise alimentaire orale et les différents moyens endoscopiques utilisés. (Tableau III). La reprise alimentaire orale a été effective chez 39 patients (84.78%). Tableau III: Données comparées (Dilatation bougie Savary versus bougie Tony Lerut) Données Dilatation Bougie Savary Guillard n= 19 Dilatation Bougie Tony Lerut, n=27 P *Dilatation 19(41.30) 27 (58.69) 0.2043 *Complications -fistules œsophagienne - infection pulmonaire (inhalation) - dénutrition sévère - hémorragies - septicémie 3 (6.52) 1 (2.17) 0 10 (21.73) 2 (4.34) 1 (2.17) 0.04075* 0.20080 0.33333 2(4.34) 0 0 5 (10.86) 1 (2.17) 1 (2.17) 0.08981 0.33333 0.33333 *Reprise alimentaire orale 18(39.13) 20 (43.47) 0.06976 *Regain pondérale 18(39.13) 20 (43.47) 0.06976 *Anesthésie générale 11(23.91) 27 (58.69) 0.03287 * *fibroscopie œsogastroduodénale 19 (41.30) 22 (47.82) 0.31803 *Vidéo-laryngoscopie 1(2.17) 27(58.69) P<0.0001 * *Faisabilité 18 (39.13) 20 (43.47) 0.16976 *Accessibilité 19 (41.30) 27(58.69) 0.04805 * *Reproductibilité 18 (39.13) 20(43.47) 0.40201 *Mortalité 1 (2.17) 7 (15.21) 0.01402* *Coût moyen (Euro) 34.38 ± 4 139.13 ±15 0.02960 * 35 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 3. Suivi des patients. L’évolution était souvent favorable après dilatation dans les 2 méthodes utilisées. Il y a eu 4 cas de resténose (8.69 %) qui ont été secondairement redilatés. Les complications représentaient 28.25%. Le délai moyen de suivi des patients étaient de 11 mois +/- 4. La mortalité était de 17.38 % dont 15.21 % de décès survenus dans la dilatation à la bougie de Lerut et 2.17 % à la bougie de Savary Guillard. La mortalité a été plus importante chez les patients qui avaient une gastrostomie définitive. Discussion Les sténoses œsophagiennes de l’enfant d’origine caustique sont parmi les plus fréquentes en Afrique et dans les pays en voie de développement [3]. Sa survenue est presque toujours accidentelle mais il faut cependant ne pas oublier les tentatives d’infanticide ou de suicide chez l’enfant ou chez l’adulte, avec le degré de lésions lié à la nature et la quantité de caustique ingérée. [4] Certaines réalités socio-économiques africaines et en particulier la région subsaharienne, peuvent favoriser la survenue d’un accident domestique caustique chez l’enfant. Ce sont entre autres : le faible niveau d’éducation, les conflits, la polygamie, la famille nombreuse, le taux de fécondité élevé, l’errance des enfants, la criminalité croissante ou l’existence d’une entreprise familiale génératrice de revenus utilisant les produits corrosifs à domicile telle que la teinture, la fabrication du savon ou de soude caustique à usage alimentaire (préparation d’aliment locale à base de mil appelé le Tô). Pour certains auteurs, le mauvais itinéraire dans la prise en charge médicale en est un facteur, de même que le recours fréquent des patients à la médecine traditionnelle sont des raisons qui favorisent les complications. [3,5] Dans notre travail, les patients arrivent constamment en chirurgie à un stade tardif après l’installation des conséquences de la dysphagie dans plus de la moitié des cas. Ces facteurs grèvent négativement le pronostic et explique la morbidité et la mortalité élevées dans nos régions. La coexistence de la SCO avec les lésions ORL et/ou gastriques est une situation préoccupante. Elle est reconnue comme étant un facteur d’aggravation et de co-morbidité [6,7]. La dilatation œsophagienne a un avenir très prometteur dans notre contexte puisque sa technique continue d’être améliorée par le perfectionnement de l’endoscopie interventionnelle qui permet actuellement de re perméabiliser dans de bonne conditions les SCO longues, complexes et étagées par la mise en place de prothèses ou par dilatation [10]. Les progrès actuels de la fibroscopie souple et la modernisation des dilatateurs de l’œsophage permettent une dilatation instrumentale avec un maximum d’efficacité et un minimum de complications. La correction de la dénutrition est faite par une alimentation entérale grâce à la réalisation de la gastrostomie (73.7% des cas) comme dans l’étude de Contoni [3]. En plus de son exécution simple, la gastrostomie permet d’alimenter les patients par les aliments locaux (en liquide ou liquéfiés) et de faire passer le fil-guide en cas de dilatation par voie antérograde ou rétrograde. En effet plus de complications iatrogènes sont observées parce que le passage de filguide ou guide simple qui est en fait le pilier de la réussite de la dilatation dans les 2 méthodes que nous avons utilisées est souvent très complexe avec beaucoup de manœuvres. La survenue de complications est plus importante dans la dilatation avec la bougie de Lerut surtout avec la possibilité de nombreuses manœuvres car tous les patients sont sous anesthésie générale. La comparaison des complications (p=0.04075) et de l’anesthésie générale (p=0.02287) dans les 2 méthodes est significatif. La comparaison de la mortalité dans les deux méthodes est statistiquement significatif (p=0.01402). Dans la littérature, plusieurs modalités de dilatations utilisant différents types de dilatateurs ont été proposées. [4 ,5 ,8] Mais dans notre travail deux type de dilatation ont été utilisés mais l’utilisation de la bougie de Savary-Gilliard modifiée de Lerut guidée par du fil sans fin associé ou non à une gastrostomie a montré plusieurs avantages dans un milieu peu équipé. Elle a été la plus utilisée parcequ’elle est simple de pratique, facile à reproduire et bien tolérée. La fibroscopie œsophagienne et la vidéo-laryngoscopie ont donc beaucoup été utilisées à cause de la vision indirecte qu’elles offrent lors des différentes manœuvres. La première séance de dilatation nécessite le plus souvent le recours à ces moyens endoscopiques d’autant plus que le passage de guide métallique ou du fil-guide reste difficile et nécessite certains gestes préalables sous endoscopie. Elle permet une reprise alimentaire le même jour. [8]. Les mérites de la dilatation ont été signalées en Afrique depuis 1972 par [9]. Le plus souvent les débris alimentaires peuvent fermer la lumière de l’œsophage sténosée et seule la fibroscopie œsopha- 36 gienne permet d’aspirer les débris alimentaires et salivaires afin de rendre perméable l’œsophage et permettre le passage du fil-guide. La FOGD est indispensable à une bonne dilatation par la bougie de Savary Guillard. Avec la bougie de Lerut, la FOGD est fréquemment utilisée pour la dilatation initiale mais elle devient peu fréquente pour les séances répétitives de dilatation dès que le fil-guide est mis en place. Dans la comparaison des deux méthodes de dilatation que nous avons utilisées, l’utilisation de la FOGD est presque similaire. La fibrose sténosante de la lumière de l’œsophage est souvent infranchissable et seul la FOGD permet d’obtenir des moyens de dilatation ou de passage du fil-guide. [9] Dans notre étude la FOGD a servi entre autre à inciser les fibroses cicatricielles, à évaluer le diamètre des orifices de sténose afin de pouvoir faire le choix du calibre du guide, à faire l’hémostase lors des hémorragies pendant la dilatation et souvent de poser le diagnostique des complications de la dilatation telles que les perforations . Dans la dilatation de l’œsophage à la bougie de Lerut La FOGD réalisés de facon antérograde comme rétrograde ont pour seule objectif de pouvoir faire passer le fil-guide. Le passage du fil-guide par voie rétrograde n’a été possible que seulement sous FOGD chez tous nos patients qui ont bénéficié de cette technique. Dans notre travail la dilatation à la bougie de Savary Guillard par l’aide de la FOGD a occupée une place importante. Cette méthode de dilatation est possible exclusivement que par l’aide de la FOGD [4, 8,9]. Elle a substitué le plus souvent à la dilatation de Lerut avec un cout plus accessible .Elle a permis de réaliser une dilatation initiale au bloc opératoire sous anesthésie générale pour pouvoir faire passer le fil -guide ou de réaliser des dilatation dans la salle d’endoscopie avec absence d’ anesthésie générale surtout chez les adolescents ( 7 à 15 ans ) et les adultes. Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Il est aisément compréhensible que l’endoscopie œsogastroduodénale garde une place majeure dans la réussite de la dilatation des SCO comme le confirme l’étude de Hamza et Al. [4] La méthode est facilement reproductible mais l’accessibilité reste encore difficile à cause de la pauvreté de ressource humaine qualifiée dans les dilatations endoscopiques dans le milieu africain. En plus, les quelques rares endoscopistes sont souvent trop sollicité. La vidéo laryngoscopie a été un véritable outil utilisé dans la dilatation à la bougie de Lerut. Elle a été utilisée dans toutes les séances de dilation possible à la bougie de Lerut avec ou sans gastrostomie. Elle a permis d’objectiver de facon indirecte le passage de la bougie au niveau de la bouche de Killian (chose qui n’est pas toujours aisée lorsqu’il existe des lésions ORL associées) et aussi d’aspirer les secrétions salivaires qui masquent l’orifice. En définitif, la stratégie de la prise en charge d’une SCO doit se concevoir dans un contexte de concertation pluridisciplinaire incluant au moins le pédiatre, l’endoscopiste digestif, le radiologue, l’anesthésiste, le chirurgien avec la participation active des familles. [7] Cette attitude participative a le mérite de rendre accessible le traitement de la SCO à un maximum de victimes à moindre coût. Son utilisation comparatif dans les deux méthodes de dilatation est statistiquement significatif (P < 0.0001). Conclusion La sténose caustique est une pathologie grave et sous évaluée au Mali. Sa morbi-mortalité reste élevée et sa gravité est en rapport avec la prise en charge tardive et la présence de lésions caustiques associées (ORL et gastrique). La dilatation œsophagienne est un moyen thérapeutique simple, efficace et applicable dans notre contexte d’exercice. Cependant l’apport des moyens endoscopiques dans le succès de la dilatation œso- phagienne pour sténose caustique quelles que soit les différentes méthodes utilisées est considérable. Toutefois un accent particulier doit être mis sur la conduite d’un programme de prévention à échelle. Bibliographie 1. Heresbach D, Boustiere C, Michaud L, Lachaux A. Dilatation des sténoses bénignes de l’œsophage chez l’adulte et chez l’enfant. Acta Endosc .2010 ; 40 :282-6 2. Contini S, Scarpignato C. Caustic injury of the upper gastrointestinal tract: A comprehensive review. World J Gastroenterol. 2013;19(25): 3918-30. 3.Contini S, Swarray-Deen A, Scarpignato C. Caustic ingestion in children: is endoscopy always indicated? A perspective from a Sierra Leone experience. Gastrointest Endosc. 2009;69(6):1191-2 4. Hamza AF, Abdelhay S, Sherif H et al. Caustic esophageal strictures in children: 30 years’ experience. J Pediatr Surg. 2003;38(6): 828-83. 5. Zhang X, Wang M, Han H, Xu Y, Shi Z, Ma G.Corrosive induced carcinoma of esophagus after 58 years.Ann Thorac Surg. 2012; 94(6):2103-5 tic substance ingestion in children and adolescents. Int J Pediatr Otorhinolaryngol. 2012 ;76(2):253-6. 7. Yena S, Togo S, Ouattara MA, Lerut T. sténoses caustiques de l’œsophage à l’hôpital du Mali : J Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire. 2014 ; 18(4) : 83-88 8. Durenne JM., Navigué C. Propos sur les brulures caustiques de l’oesophage chez l’enfant africain. Ann Soc Belge Med Trop. 1972 ; 52(6):499-508 9. N. Oumnia , M. Lahcene , A. Tebaibia , N. Matougui , ML Boudjella , B. Touchene. Traitement par dilatation instrumentale des sténoses caustiques de l'œsophage de l'adulte: Étude prospective de 132 CAS. J Africain d'Hépato-Gastroentérologie. 2010 ; 4 (4) : 205-20 10. Gorman RL, Khin-Maung-Gyi MT, Klein-Schwartz W, Oderda GM, Benson B, Litovitz T, McCormick M, McElwee N, Spiller H, Krenze 6. Sánchez-Ramírez CA, Larrosa-Haro A, Vásquez-Garibay EM, Macías-Rosales R. Socio-demographic factors associated with caus- 37 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 UTILISATION DU LATEX DANS LE TRAITEMENT LOCAL DES EPISTAXIS SACKO H.B. MD, CES et PhD en ORL *Unité ORL Centre de santé de référence de la commune CIV Bamako(MALI) Email : [email protected] Résumé Introduction L'épistaxis est une urgence fréquente. Elle constitue un signe révélateur soit : -d'une affection locale des fosses nasales, -soit d'une affection générale grave, Certains tamponnements antérieurs sont souvent mal tolérés par la muqueuse nasale (compresses grasses, sondes à ballonnets gonflables...), d'autres par contre présentent un problème de compression des fosses nasales [mèches résorbables (surgicel), mérocel]. OBJECTIFS DE L’ETUDE a) Utiliser une nouvelle méthode de compréssion du nez au cours des épistaxis à savoir le doigtier de gant découpé b) Juger de son éfficacité en milieu tropical TECHNIQUE DE LA METHODE Elle est basée sur l’utilisation des gants chirurgicaux en latex. Dans un premier temps les doigtiers du gant sont découpés, ensuite dans chacun d’eux sont introduits des morceaux d’éponges souples préparées à l’avance selon leurs tailles. Sur le doigtier est appliqué de de l’onguent(pommade antibiotique ou révitalisante(lubrifiante) de la muqueuse nasale: auréomycine 3%, avibon, vaséline, etc ...) afin de faciliter la pénétration et le contact des doigtiers. RESULTATS Cette méthode a été utilisée chez 86 patients du service présentant des épistaxis de diverses étiologies. Aucun patient de l’étude n’a subi une reprise du tamponnement pour une compression insuffisante des fosses nasales par les doigtiers. CONCLUSION CETTE METHODE DE TAMPONNEMENT ANTERIEUR FACILE A REALISER ET MIEUX TOLEREE SE CARACTERISE SURTOUT PAR SON EFFICACITE DANS L’HEMOSTASE LOCALE ET SON ACTION MOINS TRAUMATISANTE SUR LA MUQUEUSE NASALE. Mots clés : Latex-épistaxis-tamponnement antérieur- milieu tropical. Son utilisation dans notre service a permis une parfaite maîtrise de l’hémorragie chez nos patients. Summary INTRODUCTION Epistaxis is a common emergency. It is a telling sign is: -Of a local affection of the nasal cavity, -Is a serious systemic disease, Some previous tamponade are often poorly tolerated by the nasal mucosa (fat pads, probes inflatable balloons ...), others have a problem of compression of the nasal cavity[absorbable strands (Surgicel) Merocel]. OBJECTIVES OF THE STUDY a) Using a new method of compression of the nose during epistaxis namely stall to cut glove b) Assess its effectiveness in tropical area 38 METHOD OF THE TECHNIQUE It is based on the use of latex surgical gloves. At first the glove finger cots are cut, then in each of them are introduced pieces of soft sponges prepared in advance according to their sizes. The stall is applied ointment (antibiotic ointment or revitalizing (lubricant) of the nasal mucosa: aureomycin 3% avibon, Vaseline, etc ...) to facilitate the penetration and the contact finger cots. RESULTS This method was used in 86 patients with epistaxis of various etiologies. Its use in our service has full control of bleeding in our patients. No study patient has undergone a revival of buffering for inadequate compression of the nasal cavity by thimbles. CONCLUSION This method of anterior pack easy to perform and better tolerated is mainly characterized by its effectiveness in local hemostasis and less traumatic action on the nasal mucosa. Key-words :Latex- epistaxispacking of nose - tropical area . anterior Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Introduction L 'épistaxis est une urgence fréquente. Elle constitue un signe révélateur soit : -d'une affection locale des fosses nasales(1), -soit d'une affection générale grave(1, 2), La fragilité et la richesse vasculaire de la muqueuse des fosses nasales jouent un rôle déterminant dans la survenue de l'épistaxis (1, 2, 3). L'épistaxis occupe une place importante non seulement dans la pratique quotidienne de l'oto-rhino-laryngologiste mais également des praticiens d'autres spécialités(2). En présence d’épistaxis abondante ou répétée où le tableau clinique devient plus préoccupant, il est nécessaire de faire un tamponnement antérieur des fosses nasales pendant une période déterminée(1,2). Certains tamponnements antérieurs sont souvent mal tolérés par la muqueuse nasale(compresses grasses, sondes à ballonnets gonflables...), d’autres par contre présentent un problème de compression des fosses nasales[mèches résoorbables(surgicel), mérocel](3,4,5). Plusieurs raisons peuvent être évoquées : 1. Manoeuvre douloureuse de tassement en accordéon de la mèche dans la fosse nasale. 2. Résorption inégale du méchage avec mèche résorbante. 3. Adhérence de la compresse à la muqueuse des fosses nasales. 4. Possibilité du passage de la mèche dans les voies digestives. 5. Risque important d’hémorragie au cours du déméchage. En tenant compte de tous ces facteurs précités cette méthode de tamponnement antérieur que nous proposons pourrait constituer une méthode de recours dans les épistaxis. INDICATIONS DE LA METHODE . Epistaxis idiopathiques . Epistaxis secondaires . Epistaxis traumatiques . Tamponnement du nez dans la chirurgie endonasale. TECHNIQUE DE LA METHODE Elle est basée sur l’utilisation des gants chirurgicaux en latex (photo I, et 2). sont introduits des morceaux d’éponges souples préparées à l’avance selon leurs tailles. Sur la muqueuse des fosses nasales est appliqué de l’onguent (pommade antibiotique ou révitalisante de la muqueuse nasale avibon, vaseline, etc..) afin de faciliter la pénétration et le contact des doigtiers. Un fil en soie de sécurité est passé à travers les doigtiers et son extrémité maintenue en dehors des fosses nasales pour prévenir toute inhalation accidentelle (notre modification). Selon l’importance du saignement et le calibre des fosses nasales, on peut introduire à la fois dans chaque narine un ou deux doigtiers. Photo 1. Doigtier de gant découpé et éponge souple Le tamponnement antérieur ainsi réalisé doit être bilatéral pour une bonne compression des fosses nasales. Les dimensions des doigtiers varient entre 8,5 x 1,5 cm et 5,5 x 1,0 cm; ce qui justifie son utilisation pratique aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. Photo 2. Eponge placée dans le doigtier de gant découpé Introduite à l’aide d’une pince en baïonnette Dans un premier temps les doigtiers du gant sont découpés, ensuite dans chacun d’eux Résultats -Cette méthode a été utilisée chez 86 patients du service présentant des épistaxis de diverses étiologies. -La méthode de tamponnement antérieur à partir des doigtiers de gant en latex a été utilisée avec succès par nombre de cliniciens (2, 4, 6). Son utilisation dans notre service a permis une parfaite maîtrise de l'hémorragie chez nos patients. Aucun patient de l'étude n'a subi une reprise du tamponnement pour une compression insuffisante des fosses nasales par les doigtiers. Aucune descente des doigtiers dans les voies aérodigestives n'a été signalée. AVANTAGES DE LA METHODE 1. Respect de la muqueuse des fosses nasales 2. Démèchage moins hémorragique, moins douloureuse et moins lassante 3. Eponges souples moins lourdes que les mèches à partir des compresses 4. Bonne compression des fosses nasales 5. Très facile à réaliser comme technique par tout agent de santé de ville ou de campagne. Conclusion Cette méthode de tamponnement antérieur facile à réaliser et mieux tolérée se caractérise surtout par son efficacité dans l'hémostase locale et son action moins traumatisante sur la muqueuse nasale; facteur important à ne pas négliger dans la pathologie rhinologique de nos pays à climat sec et chaud. 39 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Bibliographie 1. Sacko HB. L’essentiel en ORL et Pathologies cervico-faciales, 1ère édition 2002 Bamako Mali. 2. DERBINËVA T.N. Aspects étiologiques, pathogéniques et thérapeutiques des épistaxis à l'Hôpital Municipal N°1 de Moscou. Mémoires de candidat es-sciences médi- cales(PhD), 1971. 3. PESSEY J.J. Les urgences O.R.L chez l’adulte et l’enfant. Publications RCG 1987 Paris (France), P.30-38. 4. PALTCHOUN V.I. Epistaxis, Précis d’O.R.L, Editions «Méditsina» Moscou 1980. 5. CHABOLLE F., GARABEDIAN E.N. Décision en O.R.L, Editions Vigot Paris(France) 1994, P. 107-116. 6. KOURILLIN I.A.Epistaxis, Editions»Zdorovia», Kiev (Ukraine) 1976. CORPS ETRANGERS INTRODUITS PAR VOIE ANO-RECTALE : A PROPOS DE 6 OBSERVATIONS Intra-rectal foreign body: About six cases G. Lamrani Alaoui, S.Adadi, I. Mellouki, M. El Yousfi, N. Aqodad, D.Benajah, A. Ibrahimi, M. El Abkari Service d’hépato-gastroentérologie, CHU Hassan II de Fès. Maroc Faculté de Médecine te de Pharmacie de Fès. Université Sidi Mohamed Ben Abdellah. Fès. Maroc Résumé L’insertion d’objets dans le rectum est peu courante dans les pays au contexte socio-culturel tels que le Maroc. Elle se caractérise par la gravité des complications éventuelles et les différentes possibilités thérapeutiques. L’extraction manuelle ou instrumentale de l’objet permet quand elle est possible d’éviter la chirurgie qui s’impose en cas d’échec ou de complications.Nous présentons six observations colligées au service des urgences au CHU Hassan II de Fès, qui illustrent par leur diversité les différents problèmes et modal- ités de prise en charge de cette situation dans notre contexte. des lavements rectaux et enfin l’introduction rectale d’un flacon de déodorant (Figure 3) deux jours auparavant ». L’examen trouvait un patient obèse, sans particularités cliniques. Ni l’examen proctologique ni la palpation abdominale ne retrouvait le CE. Le patient était apyrétique, avec un abdomen distendu et sensible. Une hyperleucocytose était notée. Des clous et un pneumopéritoine étaient visibles sur la radiographie d’abdomen sans préparation (ASP). Mots-clés : Corps étranger, rectum, voie anale, complications OBSERVATIONS Observation 1 Un patient âgé de 20 ans sans antécédents notables présentait une sub-occlusion sur corps étranger (CE) intra-rectal. Il s’agissait d’un flacon de shampoing (Figure 3) ayant selon le patient « pénétré l’anus, accidentellement, une semaine auparavant ». Le patient était apyrétique, avec un abdomen souple non distendu, légèrement sensible. Le toucher rectal trouvait une ampoule rectale vide. L’ASP ne visualisait pas de CE, contrairement à la rectoscopie qui visualisait le fond du CE sans réussir à l’extraire malgré l’utilisation de pinces à préhension. Le patient a été mis sous laxatifs et a réussi à expulser spontanément le CE à J2 de son hospitalisation. Il était adressé en consultation psychiatrique. Observation 2 Un homme de 30 ans, sans antécédents pathologiques particuliers présentait une sub-occlusion et rapportait « une constipation qu’il a tenté de traiter par des laxatifs, 40 La radiographie abdominale sans préparation (ASP), visualisait l’image d’un flacon radio-opaque abdomino-pelvien, siège d’un niveau hydroaérique (Figure 1). La laparotomie réalisée, retrouvait l’objet ayant migré à l’angle colique gauche. Une extraction manuelle rétrograde de celui-ci a pu être faite sans colotomie. Le patient a eu des suites simples et a été adressé en consultation psychiatrique. Observation 3 Un homme âgé de 28 ans, suivi en psychiatrie rapportait la notion d’introduction d’un bâton en bois (Figure 3) en intra-rectal quinze jours auparavant, avec apparition par la suite de douleurs abdominales diffuses et de diarrhées liquidiennes. La laparotomie réalisée en urgence trouvait une péritonite sur deux perforations (l’une rectale et l’autre sigmoïdienne par laquelle s’extériorisait le CE). Le CE a été retiré et la toilette péritonéale réalisée. Une suture de la perforation rectale et un abouchement à la peau en sigmoïdostomie latérale de la perforation proximale terminaient l’opération. Une péritonite postopératoire au septième jour, nécessitant une résection sigmoïdienne de type Hartmann et une éviscération fixée progressivement couverte ont été notées dans les suites. Revue Médicale des Grands Lacs Vol7, No2, Juin 2016 Observation 4 Un patient de 90 ans sans antécédents notables, s’est présenté aux urgences pour CE (figure 1) incarcéré en intrarectal depuis son introduction deux jours auparavant « au cours d’un acte sexuel ». L’examen trouvait un patient en bon état général sans signe particulier. Le toucher rectal percevait l’objet (flacon de comprimés effervescents) au bout du doigt. La radiographie et l’échographie abdominales ne visualisaient pas d’épanchement péritonéal ni le CE. L’extraction par voie basse à l’aide d’une pince a été facile sans sédation à la salle d’examen. A sa sortie, le patient a été adressé en consultation psychiatrique. Observation 5 Un patient de 49 ans sans antécédents notables, s’est présenté aux urgences pour une sub-occlusion en rapport avec un CE incarcéré en intra-rectal depuis son introduction cinq jours auparavant en vue de traiter une crise hémorroïdaire. L’examen trouvait un patient en bon état général, stable sur le plan hémodynamique, et apyrétique. L’examen abdominal était sans particularités. Le toucher rectal percevait au bout du doigt l’extrémité distale de l’objet qui venait buter contre l’excavation sacrée. La radiographie de l’abdomen sans préparation permettait de visualiser le CE, volumineux et se projetant au niveau du pelvis (Figure 2). L’extraction par voie basse à l’aide d’une pince a été faite sous sédation, au bloc opératoire. Il s’agissait d’un objet volumineux et oblong, mesurant près de 15 cm, ayant été fabriqué par le patient à partir d’un tuyau d’arrosage soigneusement recouvert de plusieurs couches de plastique (Figure 4). Le patient était gardé 24h en observation après l’extraction. L’évolution était sans particularités. Figures 1, 2 : Rdiographies objectivant des CE introduits Observation 6 Un patient de 40 ans, sans ATCD pathologique notable s’est présenté aux urgences pour « introduction accidentelle, suite à une chute » d’un CE en intra rectal la veille de son admission. L’examen clinique général était sans particularités, avec perception au toucher rectal et à la rectoscopie d’un objet (couvercle d’un flacon de déodorant) bas situé et mobile, l’extraction s’est faite à l’aide d’une pince après dilatation anale, sans complications. Le patient a été également adressé en consultation psychiatrique. Figures 3, 4 : Corps étrangers extraits Discussion L’insertion de corps étranger dans le rectum est un motif de consultation de plus en plus fréquent en occident, mais qui reste rare dans les pays en voie de développement [1]. Elle peut être volontaire et il s’agit le plus souvent de pratique sexuelles (situation la plus fréquente), comme elle peut être involontaire dans le cadre d’une agression, ou d’un viol, ou survenir de façon accidentelle surtout chez l’enfant (rétention et oubli d’un thermomètre, d’une canule de lavement, etc.) [2]. En fait, comme pour la majorité de nos observations, le motif d’insertion n’est pas toujours reconnu par le patient, qui allègue parfois un malencontreux accident, ou une origine auto-thérapeutique d’une constipation, d’hémorroïdes ou de prurit anal. Dans d’autres cas l’origine est psychiatrique avérée[2-3]. Il ne semble pas y avoir de spécificité ethnique [4], car on retrouve des cas sur tous les continents, mais plus de cas sont décrits en Europe et aux Etats-Unis qu’en Afrique [5] ou en Asie [6]. La prédominance du sexe masculin est affirmée, avec deux pics d’âge de fréquence entre 20 et 30 ans pour des fins sexuelles et entre 60 et 70 ans souvent à des fins thérapeutiques[2]. Le motif de consultation aux urgences est variable allant d’une simple gêne proctologique jusqu’un abdomen chirurgical dans le cadre de tableaux de péritonites avérées. voie basse dans la mesure du possible. Les objets insérés dans le rectum décrits dans la littérature sont de nature variable: végétaux, manche de bois, flacons..[2]. Ces objets peuvent être à l’origine de complications:lésions du sphincter anal, ulcération de la muqueuse rectale, hémorragie, perforation péritonéale [4]. Des succès d’extraction par endoscopie souple ont été rapportés mais concernent surtout les CE de petite taille [10]. La radiographie de l’abdomen de face debout et le sacrum de profil sont de rigueur. Ces clichés donnent une idée quant à la nature de l’objet et sa localisation [6-7]. Les méthodes d’extraction dépendent de la forme de l’objet et de sa localisation. Si le diagnostic a été établi avant le stade de complication, l’extraction doit être réalisée par Une anesthésie locorégionale ou même générale au bloc opératoire s’impose pour un relâchement des sphincters anaux [8]. La visualisation par le biais d’un recto-sigmoïdoscope rigide peut y être associée en veillant à ne pas pousser le corps étranger en proximal [9]. En effet, la visualisation endoscopique du CE, la sédation et la dilatation sphinctérienne, ainsi que l’utilisation de moyens adaptés aux types d’objet (doigts de l’opérateur, pinces à CE, anses à lasso, sondes à ballonnet gonflée en amont de l’objet.) sont considérés comme des éléments de succès de l’extraction[11-12]. En cas d’échec, une laparotomie s’avère nécessaire [10, 13]. 41 Great Lakes Medical Review Vol7, No2, June 2016 Conclusion Si les CE colorectaux introduits par voie anale sont des évènements banals dans les pays dits développés, ils restent peu fré- quents dans notre contexte. Son diagnostic nécessite l’ingéniosité du praticien pour l’extraire sans recours à la chirurgie. Celle-ci devient inévitable en cas d’échec ou en présence d’une complication majeure. Conflits d’intérêts : aucun conflit d’intérêt. Bibliographie 1- Rakatovao M, et al. Aspects de la prise en charge des corps étrangers intra-rectaux dans les pays en développement. Revue tropicale de chirurgie. 2008;2:16–17. 2- Kurer MA et al. Colorectal foreign bodies: asystematicreview. Colorectal Diseases. 2009;12(9):851–861. 3- P. A. Bâ, et al.Corps étranger du rectum : à propos d’une observationJournal Africain d'Hépato-GastroentérologieMarch 2013, Volume 7, Issue 1, pp 50-52, 16 Nov 2012 4- Lake, JP et al. Management of retained colorectal foreign bodies : Predictors of operative intervention. Disease of Colon &Rectum, 2004, 47(10) : 1694-1698. 5- Narjis, Y. et al.Foreign body of the rectum : 42 an unusual case. Journal of Emergencies, Trauma, and Shock, 2010, 3(3) : 306 6- AkhtarMA. et al. Case of UnusualForeign Body in the Rectum. Saudi Journal of Gastroenterology, 2009, 15(2) : 131-132. 7- Rodrigues, GS. et al. A foreign body in the rectum. Indian Journal of Surgery, 2010, 72 : 78. 8- Clarke DL et al. Colorectal foreign bodies. Colorectal Dis. 2005; 7: 98-103. 9- Cirocco WC. et al. Anesthesiafacilitates the extraction of rectal foreign bodies. GastrointestEndosc. 2000; 52: 452-3. 10- Ahmed A, et al. Novelendoscopicapproach for removal of a rectal foreign body. GastrointestEndosc. 1999; 50: 8724. 11- Rubin Dt. et al. Endoscopicremoval of hollow colorectal foreign bodies with the use of aballooncatheter. GastrointestinalEndoscopy, 2009, 69(3) : 604-605. 12- Kethu SR et al. 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