35 2006 Eon ThUnion Limoges

Transcription

35 2006 Eon ThUnion Limoges
Franck EON
Œuvres de la collection du FRAC Limousin
Franck EON, Podiums, 2000 (détail)
Collection FRAC Limousin / © Galerie Cortex Athletico, Bordeaux
Franck EON
Œuvres de la collection du FRAC Limousin
L’œuvre de Franck Eon, essentiellement picturale, peut prendre des formes
variées (peinture murale, papier peint, films d’animation, collages, …). Artiste
de son temps, c’est-à-dire particulièrement informé de l’histoire de la peinture
moderne et de ses avatars les plus récents, Eon a choisi de ne pas choisir.
C’est-à-dire de mener de front des entreprises de peintures variées, différentes, qui pourraient même apparaître comme contradictoires.
Les deux séries de tableaux présentées ici sont représentatives de cette démarche.
L’une, intitulée Podiums, date de l’année 2000 et développe à travers quatre
petits formats un certain nombre de points communs: les podiums (et la potence de la dernière) qui donnent leur nom à l’ensemble, des animaux
(vaches et taureaux de concours, chienne aux airs de dalmatiens, …), de
vastes paysages de désert (américain ?) aux ciels veloutés…
L’incongruité des situations représentées pourrait rappeler la période des
peintures « alogiques » (sans logique) d’un Malevitch, ou plus près de nous,
certaines confrontations surréalistes (on pense notamment à Magritte). Cependant, on ne peut s’empêcher d’y voir aussi une réunion de prétextes à
peindre, des prétextes quelquefois très connotés (la géométrie des podiums,
le traitement « romantique » des paysages, la précision du peintre en lettres
(ou ici en chiffres)… d’autres plus personnels (la chienne était celle de l’artiste en 2000, il fit un voyage à travers les Etats-Unis peu avant), d’autres encore qui correspondent à des rencontres d’images fortes (« le choc des photos ! ») comme c’est le cas avec le dernier tableau de cette série qui reprend
une image d’une œuvre particulièrement spectaculaire de l’américain Chris
Burden, Flying Steamroller , une sculpture constituée d’un rouleau compresseur mis en mouvement et s’envolant dans les airs (Biennale de Lyon, 2000).
En vis-à-vis, la série plus récente de cinq tableaux Cortex 1 prend appui sur
l’environnement dans lequel l’artiste travaille à Bordeaux. Cortex Athletico est
en effet le nom d’une galerie bordelaise à l’étage de laquelle l’artiste a son
atelier. Après une série de prises de vue de fragments de l’architecture de
l’atelier, l’artiste a préparé ces images sur l’ordinateur en vue de les
« transférer » sur toile. La gamme de couleurs est ici délibérément restreinte
(bleu, rouge, noir, gris), le sujet l’est aussi (des éléments géométriques aux
perspectives accélérées, déformées, qui font que l’on ne sait plus très bien ce
qui est en haut ou en bas). La seule fantaisie que semble s’être accordée l’artiste réside dans la variété des formats (où on sent la volonté d’un accord optimal entre fond et forme, la réduction des éléments sur un format adapté
pourrait presque l’amener au logotype) jusqu’à l’utilisation « impertinente » du
losange. Cette peinture losangique, au centre de la série, nous remémore
inévitablement le néo-plasticisme de Piet Mondrian, sorte de synthèse des
couleurs primaires, de leurs proportions et de leur organisation (uniquement
orthogonale) qui est devenu un des emblèmes de la modernité. Reste le souvenir lointain d’une période où l’on croyait à l’harmonieux progrès que Franck
Eon revisite sans nostalgie, avec les outils et le savoir-faire dont il dispose
aujourd’hui. Et, bien sûr, un autre pré-texte à peindre.
(Y.M.)
« Je ne fantasme pas sur la surface du tableau et je ne m’inspire de rien. Je
n’évacue ni le poids du temps ni la force de la mémoire et je ne mets rien en
abîme. Je n’essaie pas de communiquer avec quelqu’un, je ne tente pas de
mettre en place des relations. Je ne m’interroge pas sur la perception de
l’œuvre ou sur son statut et j’ai du mal à être critique avec mon objet. Je ne
cherche pas à montrer que l’art offre une liberté d’expression qui est une libération. Il ne se passe rien en dehors, à côté ou derrière mes tableaux. J’ai
des problèmes pour me positionner dans la peinture. J’aime bien les nouvelles technologies mais je n’ai pas la patience d’y accorder du temps. J’ai bien
aimé les tableaux de Richter l’autre jour à Paris, cela me paraît très sophistiqué comme peinture, j’aime bien mais je préfère les tableaux de Sanéjouand
sans doute parce que j’ai mis plus de temps à les comprendre. J’ai plein
d’idées sur la peinture, je pense qu’elles sont toutes bonnes mais il n’y en a
pas une qui domine. J’aime qu’elles se confondent pour que leur sens se
perde. Je ne sais pas très bien d’où proviennent les bandes, les taches noires et la matière peinte que j’emploie dans mes tableaux. J’ai des problèmes
avec la réalité et avec l’histoire. J’ai l’impression d’être parfois sain comme
artiste et malsain comme personnage, parfois c’est l’inverse. »
Franck Eon, Statement,
extrait du catalogue « Triple Axel »,
Roubaix 1996, n.p.
Franck Eon
Né en 1961 à Roubaix
Vit et travaille à Bordeaux
Expositions personnelles
2005
Centre Culturel Jean-Pierre Fabrègue,
Saint Yrieix la Perche
Galerie Cortex Athletico, Bordeaux
en collaboration avec Rolf Julius
2000
Le Spot, Centre d’art contemporain,
Le Havre
1999
capcMusée d’art contemporain,
galerie des projets, Bordeaux
1997
Galerie du Triangle, Bordeaux
Cortex 1, (détail), 2005
Acrylique /toile, 80x 85 cm
Informations pratiques
Exposition Franck Eon du 2 mars au 20 avril 2006
Rencontre avec le public
mercredi 8 mars 2006 à partir de 18h30
La galerie du Théâtre de l’Union est accessible
du mardi au samedi de 13h à 19h
les dimanches si spectacle à partir de 14h et les soirs de représentation
Fermé les lundis.
Théâtre de l’Union,
20 rue des Coopérateurs - B.P.206 - 87006 Limoges cedex 1
tel : 05 55 79 74 79 / fax : 05 55 77 37 37 / www.theatre-union.f
Le Frac Limousin reçoit le soutien de la Région Limousin et de l’Etat
(Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Limousin)