Entrevue Jean-Sébastien Vallée, Le Délit de l

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Entrevue Jean-Sébastien Vallée, Le Délit de l
Entrevue accordée à Jean-Sébastien Vallée du journal Le Délit, de l’Université de Montréal. Parution
: 24 février 2004
Avec l’auteure Janick Belleau suite au lancement de Humeur – haïku & tanka
Humeur, un parcours – comme vous le nommez si bien – s’ouvre sur des rythmes accessibles et à la
fois révélateurs. Sexuelle, Sensuelle, Amoureuse, Infidèle? et Tumultueuse révèlent une suite logique
des sentiments qui semblent vous habiter comme si on suivait le déroulement d’une rencontre, d’une
histoire amoureuse. Est-ce que les haïku et les tanka s’écrivent selon les humeurs passagères de
l’auteur ou doivent-ils suivre le courant d’un récit?
J’ai écrit ces haïku et ces tanka selon l’humeur du moment. Ils se sont accumulés dans l’ordi pendant trois
ans. Puis un jour, je me suis dit : ‘’Tiens, il y en a suffisamment pour faire un livre.’’ C’est là, selon moi,
que le vrai travail commence. Un travail d’architecture afin que l’on puisse y lire l’histoire d’un moment ou
d’une vie. Les cinq humeurs du livre sont, selon moi, quelques-unes des humeurs qui accompagnent tout
être humain… tout au long de sa vie. Jusqu’à la mort. L’ordre aurait pu cependant être interverti. Sauf
l’Épilogue qui, lui, est immuable.
Pourquoi un recueil en trois langues?
Pour me faire plaisir parce que je parle ces trois langues. Mais aussi pour faire plaisir aux personnes qui
ne parlent pas français. Car n’importe qui, vous savez, peut reconnaître son propre parcours dans ces
poèmes. Que l’on soit Noir ou Blanc, femme ou homme, gai ou hétéro.
Avez-vous travaillé en collaboration avec l’artiste, Diane Desmarais, tout au long de l’écriture de ce
recueil ou bien lui avez-vous proposé vos textes une fois le tout terminé?
Je lui ai proposé d’illustrer le manuscrit après en avoir terminé la structure. Les sous-titres étaient déjà
trouvés. Je lui ai donné deux ou trois poèmes de chaque chapitre en lui disant : ‘’ Essaie de recréer
l’humeur; que tes dessins collent à mes mots’’. Le résultat est magnifique : il y a une symbiose naturelle
entre mes textes et ses illustrations…
Votre mission – ou but – artistique semble bien clair. Y a-t-il une mission sociale, revendicatrice à
l’intérieur de l’artiste?
J’aimerais, Jean-Sébastien, me croire investie d’une mission sociale. Croyez-moi ou non, je la cherche
encore, cette mission. Tout ce que je peux vous dire c’est que je désire l’authenticité. En finir avec les
valses-hésitations, les compromis, la peur d’offenser parce que j’ai envie d’être moi-même, d’être intègre
dans l’écriture et à l’extérieur de l’écriture.
On sent la rage, la douleur, l’amertume et la douceur de l’artiste. Parlez-moi de cette force qui vous a
poussée à écrire des haïku et des tanka?
Ce sont tous ces sentiments, et bien d’autres, qui me poussent à écrire. L’écriture est mon exutoire. Pour
Desmarais, c’est la peinture. Vous avez peut-être trouvé le vôtre. Pourquoi cette forme d’écriture? Parce
qu’elle force la concentration, le dépouillement. Elle exige de vivre l’ici et le maintenant.