Commentaire sur les marchés
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Commentaire sur les marchés
BMO Gestion privée de placements inc. août 2015 Par Daniel Theriault, CFA, MBA, Stratège en chef Commentaire sur les marchés Pagayons-nous en amont? Cyrus Higbee : « Je ne suis pas sûr que le Canada soit suffisamment loin pour qu’on vous y envoie! » Rawhide Buttram : « Avouez que c’est un pas dans la bonne direction. » Dialogue extrait du film Blue Canadian Rockies mettant en vedette Gene Autry et sorti en 1952 L ac Maligne, dans le parc national de Jasper, est le plus grand lac naturel des Rocheuses canadiennes. Les eaux de fonte de Replica Peak coulent dans la rivière Maligne; celle-ci alimente le lac avec un débit lourd et chargé de limon qui donne à l’eau une couleur turquoise saisissante. Parcs Canada exploite, au bord du lac, deux terrains de camping qui ne sont accessibles que par canoë ou kayak. Le plus éloigné est situé à Coronet Creek, à 22 km; il faut pagayer durant six ou sept heures pour s’y rendre...si les conditions météo le permettent. Ce n’est pas toujours le cas! Parcs Canada émet l’avertissement suivant : « Les montagnes transforment le vent en une colonne tubulaire et peuvent en changer l'orientation et l'intensité très rapidement. Attendez-vous à ce que le vent souffle dans différentes directions, ou même change souvent de direction pendant votre voyage. Tout l’été durant, il faut s’attendre à des tempêtes soudaines, à des températures qui chutent et, parfois, à de la neige. » S’il prend toutes les précautions d’usage, le campeur peut profiter pleinement de la beauté majestueuse et sereine du site, si éloigné soit-il. Quelles précautions d’usage l’investisseur canadien doit-il prendre? Les vents de face qui soufflent au pays semblent s’intensifier et tourbillonner dans toutes les directions. À l’approche des élections fédérales, des candidats libéraux et néo-démocrates ont brandi assez cavalièrement, ces derniers jours, un mot tabou : « récession ». Il est vrai que les prix de l’énergie et des produits de base restent obstinément faibles et que le dollar canadien se négocie autour de 0,76 $ US. Malgré tout, une solide amélioration des exportations non énergétiques pourrait bien être le catalyseur d’un deuxième semestre vigoureux pour le Canada. BMO Gestion privée de placements inc. août 2015 Aux États-Unis, les obstacles tombent Tout semble indiquer que la Réserve fédérale commencera à majorer les taux en septembre. Le rapport sur l'emploi le plus récent est certainement favorable à ce type d'action. En juillet, 215 000 emplois non agricoles ont été créés et, donnée presque aussi importante, les chiffres des derniers mois ont été revus à la hausse, de sorte que 14 000 emplois se sont ajoutés. Il y a même eu une légère hausse du salaire horaire; celui-ci a progressé d’un peu plus de 0,2 % par rapport au mois précédent. Le taux de chômage s’établit à 5,3 %, son niveau le plus bas depuis avril 2008. Bien que le taux de participation demeure obstinément bas et touche un creux de 38 ans à 62,6 %, l’utilisation de la main-d'œuvre, une mesure plus générale, est tombée à 10,4 %. Qu’est-ce que cela signifie? Ceux qui travaillent à temps partiel en attendant de trouver un emploi à plein temps ont vu leur nombre diminuer de 180 000. Si on combine ce chiffre à la hausse du nombre moyen d’heures travaillées, il est probable que la Fed y verra un autre redressement du marché de l’emploi. Même si un compte rendu de l’emploi sera publié avant la réunion du Federal Open Market Committee qui se tiendra le 17 septembre, rien dans les résultats de juillet ne devrait empêcher la Fed d'amorcer une majoration des taux. Toutefois, la Fed pourrait reporter la première hausse de taux en décembre, à la réunion suivante du comité FOMC. La décision dépendra des autres facteurs. Un retard pourrait survenir si le dollar continue de s’affermir, si l’indice des responsables des approvisionnements du secteur manufacturier baisse, si les ventes de maisons baissent ou si le niveau de confiance des consommateurs faiblit. Comment le marché réagira-t-il à une hausse de taux? Pour beaucoup d’investisseurs, ce sera du nouveau : la Fed n'a pas majoré les taux depuis plus d’une décennie. Les trois dernières fois où elle a entrepris de resserrer les taux, soit en 1994, en 1999 et en 2004, le marché a mal réagi. En règle générale, les marchés haussiers prennent fin lorsque l'inflation se met à monter et que la Fed doit resserrer énergiquement son étau, ou encore lorsqu’une politique fautive est appliquée ou qu’un choc exogène perturbe l'économie mondiale. Si le troisième événement est imprévisible, les deux premiers semblent improbables. Cela laisse sous-entendre que nous sommes encore loin du début d’un marché baissier. L’Europe prise entre l’arbre et l’écorce Malgré l’épreuve de force qui a marqué les négociations, la Grèce et ses créanciers sont parvenus à une entente à la dernière minute. Les modalités sont difficiles pour la Grèce. Une radiation de la dette est indispensable si l’on veut donner la moindre chance à l’économie grecque de se redresser. Pourtant, aucun allégement de la dette n’est envisagé avant que la Grèce ne franchisse au moins le premier examen de son plan de sauvetage. Dans le cadre de cet examen, la Grèce doit atteindre des cibles budgétaires données. Les hypothèses budgétaires actuelles prévoient une contraction du PIB de 3,3 %, même si le recul de l’économie grecque tourne actuellement autour de 7,0 % par an. Sans BMO Gestion privée de placements inc. août 2015 un rebond plus que respectable qui se produirait pendant le deuxième semestre de l’année, pareille cible semble hors de portée. Si la Grèce rate ses hypothèses de croissance, il lui faudra recourir à davantage de mesures d’austérité pour enregistrer un excédent budgétaire primaire. Pour l’instant, il semble que l’accord permette à la Grèce de gagner du temps, mais on est encore loin d’une solution tangible et durable. Le problème refera sans doute surface au cours de la prochaine année. Par ailleurs, la situation économique de l’Allemagne est très enviable. La faiblesse de l'euro, une politique monétaire ultra-expansionniste et la chute du prix du pétrole devraient permettre à l’Allemagne de remporter la mise. Par contre, la croissance du PIB stagne et oscille entre 1,0 % et 2,0 %. Dans le passé, la robustesse de la reprise laissait entrevoir une croissance des exportations, mais ce n’est pas le cas actuellement. La croissance des exportations est anémique – chose surprenante, étant donné la position de force de l’Allemagne pour ce qui concerne les échanges commerciaux à l'extérieur de la zone euro. Le grand coupable est la faiblesse de la demande. L’Allemagne expédie toujours près de la moitié de ses exportations vers les autres pays de la zone euro. Les exportations allemandes demeurent gênées par l’absence de reprise économique véritable ailleurs dans la zone. L’Allemagne n’a pas perdu son avantage concurrentiel. L’économie du pays sera en bonne santé cette année, mais cela ne suffira sans doute pas à transformer les perspectives pour le reste de l'Europe. Chine : un plongeon effrayant Les importations totales de la Chine ont chuté de 8,1 % sur douze mois en juillet, après avoir reculé de 6,1 % en juin sur une base comparable. Les prix inférieurs des produits de base expliquent en bonne partie le repli; pourtant, le volume des importations a augmenté durant la période, dominé par le minerai de fer et le soja. Voilà qui confirme sans doute que les mesures de relance du gouvernement commencent à se frayer un chemin dans l’économie réelle. Le volume des importations devrait rester robuste d’ici la fin de l'année. Une partie de cette robustesse est attribuable à des achats opportunistes – tant les autorités que les entreprises accumulent les stocks de pétrole en raison d’un prix toujours aussi faible. Les appréhensions entourant le marché boursier chinois sont bel et bien fondées. Depuis leurs pics du 12 juin dernier, les Bourses de Shanghai, de Shenzhen et de Hong Kong ont chuté de 26,7 %, 30,0 % et 9,8 % respectivement. Cependant, il faut noter que, sur douze mois ,le marché est en hausse de 73,6 % à Shanghai et de 91,9 % à Shenzhen. À Hong Kong, l’indice Hang Seng reste inchangé. Les répercussions sur la grande majorité des ménages chinois sont minimes. La richesse des ménages est concentrée dans les dépôts bancaires et l’immobilier. Pour mettre les choses en contexte, moins de 10 % de l’actif des ménages chinois se présente sous la forme d’actions en Bourse. Ce pourcentage frôle 31 % dans le cas des ménages américains. Il faut savoir aussi que l’économie chinoise dépend beaucoup plus des prêts bancaires que des marchés de capitaux pour financer son développement. Malgré tout, les autorités chinoises sont intervenues énergiquement BMO Gestion privée de placements inc. août 2015 pour endiguer les pertes en Bourse. Les taux d'intérêt ont été sabrés et la vente à découvert a été interdite, tout comme les ventes de titres par les grands investisseurs. Les maisons de courtage ont été invitées à procéder à des rachats d’actions, et les opérations ont été suspendues à l’occasion. Les autorités ont également laissé entendre que l’achat direct d’actions par le gouvernement et des prises de position fermes au plan politique pourraient servir d’outils supplémentaires pour atténuer le recul des cours. Canada : faire face à la tourmente Les récentes statistiques de l'économie canadienne sont encourageantes. En juin, les résultats du commerce extérieur ont été nettement supérieurs aux prévisions du consensus, les exportations ayant bondi de 6,3 %. Une légère diminution des importations a permis d’abaisser le déficit commercial à 476 millions de dollars; il s’agit du plus petit déficit des sept derniers mois et d’un rebond majeur par rapport au déficit trimestriel le plus important jamais enregistré. Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, est sans doute impressionné et soulagé de voir que la croissance des exportations hors énergie a bondi de 6,2 %. Il s’est dit « perplexe » devant l’atonie affichée par ce secteur tout au long du premier semestre de l’année. Espérons qu’il s’agit là d’un signe précurseur de ce que le reste de l’année nous réserve. En juillet, le marché du travail a manqué de tonus, mais est resté positif en se soldant par une hausse de 6 600 emplois. Le taux de chômage est demeuré stable à 6,8 %. Le salaire horaire moyen a progressé de 3,4 % en juillet sur douze mois, ce qui devrait inciter les consommateurs canadiens à dépenser. La publication prochaine de statistiques clés du secteur manufacturier nous donnera sans doute des indications sur le PIB du mois de juin. La vigueur soutenue des ventes de voitures et les résultats du commerce extérieur sont de bon augure. Tout pointe vers une amélioration au troisième trimestre. Beaucoup de facteurs pèsent sur le dollar canadien à l’heure actuelle. Le prix du pétrole a encore baissé, tandis que le dollar américain a monté en flèche par rapport à bon nombre de devises, pas seulement le huard. Si un autre repli est possible, le regain de vigueur de l’économie canadienne soutiendra le huard. Nous continuons de surveiller les améliorations qui pourraient survenir dans les secteurs autres que celui de l’énergie. Notre stratégie Les pertes que les marchés boursiers mondiaux ont essuyées en juin ont été recouvrées en juillet – l’Europe et, plus particulièrement, l’Union monétaire européenne ont mené le bal. Exception notable, les marchés émergents ont chuté de 6,8 % durant le mois. L’indice composé S&P/TSX a enregistré un repli modeste de 0,32 % en juillet, tant et si bien que son rendement total depuis le début de BMO Gestion privée de placements inc. août 2015 l’année s’établit à -2,85 %. Comme on pouvait s’y attendre, les secteurs des matières premières et de l’énergie font reculer le rendement global. Malgré la hausse récente de la volatilité sur les marchés boursiers, notre stratégie de placement continue de privilégier les actions dans la plupart des portefeuilles. Nous pensons toujours que les taux de rendement des titres à revenu fixe sont relativement bas. L’écart de taux d’intérêt entre le Canada et les États-Unis devient plus prononcé. Nous continuons d’opter pour un positionnement défensif dans nos portefeuilles de titres à revenu fixe, même si nous chercherons, de manière opportuniste, à améliorer le taux de rendement global au gré des circonstances et de l’évolution des marchés. Le mot de la fin Il aura fallu pagayer vigoureusement pendant 13 heures et demie, réparties sur deux jours, pour franchir les 44 km du circuit aller-retour sur un glacial Maligne Lake. Une expérience de plein air aussi riche, vécue hors du temps dans un endroit sauvage et silencieux, loin de toute technologie et de l’agitation des marchés, peut certes remettre les choses en perspective. L’investisseur doit toujours respecter les principes fondamentaux du placement : bien diversifier son portefeuille au pays et à l’étranger; faire preuve de constance et ne pas craindre la volatilité cyclique; être prêt à saisir les occasions qui se présentent. Les portefeuilles sont bien positionnés. Les renseignements contenus dans la présente publication sont fondés sur des sources comme les rapports des émetteurs, les services statistiques et les communications d’entreprise. Nous les estimons fiables sans toutefois en garantir l’exactitude ni l’exhaustivité. Les opinions exprimées dans cette publication sont purement ponctuelles et peuvent changer en tout temps. BMO Gestion prive de placements inc. n’est pas responsable des pertes pouvant découler de l’utilisation du présent commentaire ou de son contenu. 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