Vieille chanson du jeune temps hugo commentaire
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Vieille chanson du jeune temps hugo commentaire
« Vieille chanson du jeune temps » de Victor Hugo. Poème daté par Hugo de 1831, en réalité écrit le 18 janvier 1855, après la mort de Léopoldine le 4 septembre 1843. Genre narratif : par la progression dans l’espace : entrée dans le bois (v. 2) + sortie du bois (v. 34) - et la progression ds le temps : emploi du passé simple (vers 2, 18,20,25..) actions successives. Le récit est vif, alerte et léger : - vers courts (7 syllabes) + souvent coïncidence mètre/syntaxe + beaucoup de ponctuations fortes à l’intérieur de chaque quatrain (. et ;) – noter d’ailleurs que les chutes des vers 20 et 28 sont d’autant mieux mises en relief que les trois vers qui précèdent sont soudés par un enjambement (vers 17 à 19, vers 25 à 27 ) rythme à la fois rapide, léger et vif. - Chute finale accentuée par le point vers 35 fait « rebondir » le texte en faisant apparaître clairement les regrets du jeune homme. Quel regard le narrateur adulte porte-t-il sur les deux jeunes gens ? Le narrateur adulte, celui qui est en train d’écrire, apparaît deux fois : vers 4 et 36. Aujourd’hui il est capable de percer le jeu de Rose : vers 12 « Rose [écoutait] les rossignols » (oiseaux liés à l’amour) + « d’un air ingénu » (vers 36) : il se rend compte maintenant que cette ingénuité était feinte. Le parallélisme de rythme lui-même fait sentir l’ironie avec laquelle il considère le décalage qui existait entre eux : vers 11 et vers 12 = 2/5. (d’ailleurs, idem pour vers 13-14 ( = 3 /4). On pourrait dire la même chose du chiasme rythmique des vers 15 – 16 = 4/ 3 puis 3 /4) Il perçoit maintenant son ridicule et ironise sur son propre compte. Plusieurs notations prouvent qu’il s’agit d’une analyse rétrospective. - Valeur de l’imparfait: « Je ne songeais pas à Rose » suggère qu’il aurait dû y songer.(cf : opposition de ce 1er vers avec le dernier vers : « Depuis, j’y pense toujours »). L a personnification des merles moqueurs qui « sifflaient » laisse à penser que le narrateur adulte prête aux merles le regard qu’il porte aujourd’hui sur l’adolescent qu’il a été. - De même, il décrit la nature avec la conscience qu’il a aujourd’hui du rôle qu’elle tentait de jouer (abri pour les amoureux) : « Le taillis [offrait] ses parasols ». Dans ces vers 9-10, la sensualité de la nature est aussi mise en valeur par les allitérations en [l], [r], [p], les termes tactiles (« fraîche », « mousses », « velours »), la personnification « nature amoureuse » (vers 23), les sons eux-mêmes se font caressants (allitérations en [m], [s] et assonance en [u] aux vers 21-23.) Il réalise après coup, avec un attendrissement mêlé d’ironie et de mélancolie, de l’invitation à laquelle il n’a pas répondu. Montrez que ce texte, même s’il est personnel, est, comme il est de mise dans le registre lyrique, voulu comme atemporel, universel . - Titre : « vieille chanson » : évoque les rapports entre jeunes gens depuis toujours : l’homme est toujours moins mûr que la femme + antithèse « vieille »/ « jeune » insiste sur cette permanence. - « jeune temps » := la jeunesse en général (on aurait pu avoir « mon »). - Cadre : pas de précision spatiale, termes très vagues, banals même : « au bois », « rosée », « taillis », « branches », « grands bois sourds » ce n’est pas un lieu particulier, cela concerne la nature en général. - De même, ce n’est pas qu’un souvenir individuel : Rose (métaphore traditionnelle pour évoquer la beauté de la femme) fait penser à l’Eve tentatrice du jardin d’Eden : elle cueille des fruits et les tend au jeune homme. La Nature, les oiseaux personnifiés sont comme cela est le cas traditionnellement du côté de l’amour et de la femme. le « je » lui-même reste anonyme (« Moi, seize ans ») tous les jeunes hommes, souvent timides et inexpérimentés à cet âge, peuvent s’y reconnaître et donc s’identifier au narrateur. Conclusion : texte lyrique par lequel Victor Hugo se plaît à retrouver des souvenirs pleins de fraîcheur et d’innocence : il peut ainsi revivre grâce à l’écriture, le temps d’avant la blessure irréparable causée par la mort de Léopoldine qui sera évoquée dans la 2ème partie du recueil. Texte universel et atemporel qui conserve son charme quelle que soit l’époque.