L`impressionnisme à Chatou

Association Amicale des Anciens
d’Entreprises Saunier Duval.
- Voyages et Sorties
Compte-rendu de notre sortie du 15 Mai 2013
L'impressionnisme à Chatou
Par Suzanne Thomas
« Je suis revenu à Chatou à cause de mon tableau. Vous
serez bien gentil de venir déjeuner. Vous ne regretterez
pas votre voyage, c’est l’endroit le plus joli des
alentours de Paris » disait Pierre-Auguste Renoir.
Prés de 150 ans après, nous avons répondu à son
invitation et nous sommes allés déjeuner au restaurant
Fournaise!
Cette « maison Fournaise » est installée sur l’ile de Chatou depuis le 18ème
siècle. En 1857, lorsqu’Alphonse Fournaise devient propriétaire de ce lieu, la
mode du canotage est déjà bien établie sur les berges de la Seine. En 1870, on ne
comptera pas moins de 10 000 adeptes de ce sport et 30 constructeurs de bateaux.
De surcroit, la ligne de chemin de fer de Paris au Pecq (la première en France qui
transporte des voyageurs) permet de venir passer un dimanche à la campagne à de
plus en plus de Parisiens.
Au départ, Alphonse Fournaise construit des canots pour la vente et pour la
location. Mais les canotiers ont faim et surtout soif….Alphonse étend très vite ses
activités, Madame Fournaise, son épouse, se met à la cuisine et en 1869, il est
recensé comme : constructeur de canots, restaurateur à la carte et loueur en garni
(c'est-à-dire « hôtelier »).
Ils ont tous le même âge les Renoir, Sisley, Monet qui fréquenteront cet
établissement, c'est-à-dire une vingtaine d’années. Pissaro et Manet, même un peu
plus âgés, viendront aussi, ainsi que Edgar Degas, Berthe Morisot, Jacques
Offenbach (accompagné d’Hortense Schneider), le couturier Paul Poiret et bien
d’autres célébrités.
Quant à Renoir, il peindra 12 tableaux chez Fournaise et paiera sa pension en en
donnant certains pour cacher les taches d’humidité sur les murs!
Des artistes, clients du restaurant, ont réalisé des peintures murales sur la façade
principale et dans les salles de réception. Certains décors encore visibles
aujourd’hui sont des originaux.
En extérieur, Les Quatre Ages de la Vie (L’enfance, l’adolescence, l’âge mur, la
vieillesse) ont été réalisés par Maurice Réalier-Dumas, peintre et ami.
A l’intérieur, de nombreuses peintures, souvent restaurées, seraient attribuées à
Béraud, Lepic, Gervex ou Gautier.
Un poème composé et écrit directement sur le mur par Guy de Maupassant luimême est une mise en garde contre l’ivresse du vin et la douceur des filles !
Après notre déjeuner (fort copieux !) dans la salle historique, nous allons visiter le
musée Fournaise.
Il ne conserve aucune œuvre exceptionnelle mais une somme de documents
rappelant la vie des lieux, quelques jolis tableaux (aquarelle de Lebourg, études de
Derain) et une copie du célèbre Déjeuner des Canotiers de Renoir.
Ce chef d’œuvre, dont l’original est aujourd’hui à
Washington, est à la fois une galerie de portraits,
une nature morte et un paysage en fond.
Renoir s’y serait représenté en supplément pour
« qu’ils ne soient pas 13 à table ».
Une très jolie exposition temporaire du sculpteur Félix Charpentier complète notre
visite du musée.
Puis, nous embarquons pour quelques minutes de canotage sur le « Dénicheur »,
une gabarre de Seine à fond plat et à moteur.
Notre journée se termine par la visite du garage à bateaux.
Toute une flottille rassemble des canoës, des
yoles anciennes ainsi que le Roastbeef
réplique à l’identique du voilier de Gustave
Caillebotte (construit pour battre les
Anglais !).
Je ne peux résister au plaisir d’évoquer la présence de
« Suzanne », canot de plaisance à vapeur d'une ébénisterie
très soignée, mais un peu gourmande :
30kg de bois par jour !
Venez donc voir vous aussi « l’endroit le plus joli des alentours de Paris » selon Renoir.
D’autant plus qu’il ajoutait : « J’étais toujours fourré chez Fournaise, j’y trouvais autant
de superbes filles à peindre que je pouvais en désirer. »