après Hyper Cacher: «On a le droit d`être sonné, mais on a le devoir

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après Hyper Cacher: «On a le droit d`être sonné, mais on a le devoir
L’après Hyper Cacher: «On a le droit
d’être sonné, mais on a le devoir de
se réveiller»
Le président du consistoire, Joël Mergui, a exhorté la communauté juive
à ne pas avoir peur ©Alain Azria
Un mois après les attentats, l’émotion n’a pas disparu
au sein de la communauté juive du 9e arrondissement.
Mais les responsables religieux refusent de se laisser
intimider et affichent leur confiance.
Les mots de Joël Mergui, président du Consistoire (institution qui représente
officiellement la religion juive en France) à la communauté juive sont
réconfortants et pleins d’encouragements. «On a le droit d’être sonné, mais
on a le devoir de se réveiller», s’est ainsi exprimé Joël Mergui, lors d’un
office en présence du Grand Rabbin d’Israël, David Lau, à la synagogue Bérith
Chalom, rue Saint-Lazare, le 4 février.Ce jour-là, un office était organisé
en hommage à Ilan Halimi, jeune Juif torturé et tué à Bagneux il y a tout
juste neuf ans. En hommage aussi aux victimes de Mohamed Merah en 2012, et à
celles des attentats du 9 janvier. La douleur liée à ce dernier drame est
encore vive dans la communauté. Une quadragénaire aux cheveux bruns, dont le
mari a été pris en otage à l’Hyper Cacher porte de Vincennes, est venue à la
cérémonie. Emue. «Aujourd’hui encore, c’est important d’être solidaires, de
se réunir», confie-t-elle.
Garder son identité
Mais Joël Mergui insiste : après des moments difficiles, où les fidèles ont
eu besoin de se retrouver, il faut à présent se tourner vers l’avenir. Il les
exhorte à ne pas douter, à se battre pour vivre leur foi. «On doit montrer à
nos enfants que l’on peut vivre ici en gardant notre identité, nos racines,
et en à pratiquer notre religion» continuant, affirme-t-il avant de saluer
le dispositif sécuritaire déployé près des lieux de culte depuis un mois.Rue
Buffault par exemple, au moins six militaires sont postés aux abords de la
synagogue. Avant d’entrer à l’intérieur du bâtiment, on fouille les sacs, on
vérifie les pièces d’identité. Est-ce suffisant ? Les avis sont partagés.
«Cela ne résout rien : quand les militaires partiront, les terroristes
recommenceront», estime un Juif israélien qui travaille à proximité. D’après
lui, il faut agir sur le fond : l’éducation. Pour le rabbin de la synagogue
Buffault, Didier Weill, c’est toute la démocratie qui est menacée. Face au
danger, l’inquiétude de sa communauté lui semble légitime.
« Les Juifs sont optimistes »
Alors, les regards de certains Juifs se tournent, encore une fois, vers
Israël. D’après les chiffres donnés par le Consistoire, ce sont près de
7 000 personnes qui ont déjà émigré en Israël en 2014. Ces départs s’étaient
déjà intensifiés après l’affaire Merah, en 2012, et risquent d’être encore
plus nombreux dans les mois à venir. Le rabbin souligne que chaque personne
est libre de se positionner selon sa sensibilité, mais rappelle que
l’ « aliya », le en terre sainte, est un processus long et complexe
voyage.Face à cette tension et à cette agitation, l’homme de foi tente de
mettre les choses en perspective. A ses fidèles il explique, calmement :
«Depuis l’époque romaine, nous sommes habitués à cette animosité du monde,
alors nous faisons avec». Il évoque les empires, qui, au fil des siècles, ont
eu des ambitions expansionnistes et ont poursuivi les Juifs, à cause de leur
religion. Pourtant, ils sont encore «sereins, confiants», assure-t-il. Et
Didier Weill sourit : «Les Juifs sont optimistes.»