Déclinaison régionale Provence-Alpes
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Déclinaison régionale Provence-Alpes
Déclinaison régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur du Plan national d’actions en faveur de la Cistude d’Europe Compte-rendu du Comité de suivi du 26 janvier 2016 Présents : Anthony Dubois (DREAL PACA), Stéphane Gagno (SOPTOM), Fabien Rozec (CAVEM), Matthieu Lascève (TPM), Katia Lombardini (PNR Camargue), Joël Torres (SIANPOU), Tatiana Fuentes Rodriguez (Tour du Valat), Sylvain Ceyte (les Amis des Marais du Vigueirat), Anthony Olivier (Tour du Valat), Samuel Pauvert (DREAL PACA), Kévin Bergeron (Ville de Fréjus), Stéphanie Bertrand (CD13), Cédric Roy (CEN PACA). Excusés : Grégoire Massez (Marais du Vigueirat), Alain Abba (Ville de Fréjus), Pascal Grebet (DDTM13), Marc Cheylan (EPHE), François Boca (SMAVD), Vincent Morcillo (CEPEC), Philippe Vandewalle (RNN Camargue – SNPN), Dominique Chavy (PNR Verdon). Ordre du jour : 1. 2. 3. 4. Animation de la déclinaison régionale Actions mises en œuvre Suite du PNA Informations et questions diverses En première information, Samuel Pauvert quitte son poste à la DREAL PACA, c’est Anthony Dubois qui reprend se fonctions. Après un tour de table de présentation des personnes présentes, le premier point est abordé. 1. Animation de la déclinaison régionale Un retour chronologique sur l’animation de la déclinaison régionale est réalisé. Cédric Roy revient sur le déroulement des cinq dernières années. Le PNA en PACA a été lancé fin 2011 via une réunion où tous les acteurs œuvrant pour la Cistude d’Europe étaient invités. Elle a permis de faire un état des lieux des connaissances sur la cistude et de proposer une stratégie d’actions en faveur de l’espèce. Après la participation au COPIL national de 2012, le comité de suivi de la déclinaison régionale est réuni en avril 2012. Cette réunion a permis de mettre l’accent sur les différents objectifs et actions à mettre en œuvre en PACA et notamment un besoin d’améliorer les connaissances sur la répartition de l’espèce en région. De fait, plusieurs réunions sur ce thème se sont déroulées au cours de l’année 2012 (notamment sur l’étang de Berre et en Vaucluse). Les journées techniques de 2013 auxquelles plusieurs partenaires régionaux ont assistés, a été suivie du COPIL national qui a permis de faire le point sur les actions menées et les perspectives à mettre en œuvre. Le comité de suivi de la déclinaison PACA a pu se réunir dans cette même optique. Il a été suivi d’un groupe de travail sur la Tortue à tempes rouges, une action importante du PNA. En mai 2013, après une enquête sur les besoins des gestionnaires d’espaces naturels, une formation sur les méthodes d’inventaire et de suivi de l’espèce a été réalisée à la Tour du Valat. En 2014, après avoir participé au COPIL national, le comité de suivi a été réuni par le CEN PACA et la DREAL PACA, faisant le point sur les actions 2013 et les perspectives 2014. En 2015, les journées techniques précédant le COPIL national à Strasbourg ont été riches en présentations, et notamment de la part de la Tour du Valat pour notre région. Puis, lors du comité de suivi régional en mars 2015, de nombreuses actions ont pu être présentées. 2. Actions mises en œuvre Les actions mises en œuvre en PACA pour les années 2011-2015 sont synthétisées dans le tableau ci-dessous : N° Intitulé des actions PNA 1 Etude des immatures 2 Etude des mycoses 3 Poursuivre l’étude de la diversité génétique des populations françaises 4 Evaluation de l’impact des espèces introduites envahissantes sur les populations de Cistude d’Europe 5 Compléter l'étude de répartition de l'espèce et réaliser des cartes N° Intitulé des actions PNA 8 Accentuer la prise en compte de l'espèce par le biais des outils de connaissance (ZNIEFF, ZHIEP) et de planification (SCOT, PLU) 9 Intégrer la démarche de conservation de l'espèce et de son habitat lors de l'élaboration de projets d'infrastructures 14 Organiser la régulation des populations de tortues à tempes rouges en milieu naturel 16 Soutenir les projets actuels de renforcement et de réintroduction de l’espèce 18 Centraliser et rendre accessible aux professionnels l’ensemble de la bibliographie, et particulièrement la littérature grise rédigée par les différents acteurs locaux 20 Réaliser des « Journées techniques cistude » 21 Sensibiliser le public (grand public, scolaires) aux problématiques de conservation de l’espèce 22 Sensibiliser les différents acteurs de la nature aux problématiques de conservation de l’espèce 23 Réaliser un film - Action n°1 : Etude des immatures Anthony Olivier présente le travail effectué à la Tour du Valat sur les taux de survie des cistudes et notamment des immatures. Les résultats montrent que les individus d’un an ont un taux de survie de 9%, tandis que les individus de cinq ans ont un taux de survie d’environ 90%. La période critique est donc les premières années de vie. Anthony Olivier rappelle que ces analyses ont été réalisées avec les données des dizaines d’années de CMR de la Tour du Valat et ne prennent bien sûr pas en compte la survie des pontes qu’on ne peut estimer via ces analyses. Ce travail va faire l’objet d’une publication scientifique. Le débat s’est ensuite ouvert sur la réintroduction, et notamment sur la question de l’âge de relâcher des individus, question souvent posée. Faut-il les relâcher dans leur première année de vie en dépit du fort de prédation ou les élever et relâcher à cinq ans alors que la mortalité en captivité peut être élevée et que cet élevage a un coût économique. - Action n°2 : Etude des mycoses Cédric Roy précise que cette action comprend également l’étude des algues incrustantes. Anthony Olivier expose le travail réalisé par la Tour du Valat en collaboration avec l’IMBE sur les algues épizoïques de la Cistude d’Europe. Un total de 49 espèces a été déterminé sur le corps des plusieurs dizaines de cistude. La présence de ces algues semble résulter d’un problème dans le fonctionnement naturel des habitats aquatiques. Une espèce pourrait être un élément perturbateur dans le processus de respiration cutanée des individus durant leur hibernation, mais ds la plupart des cas, leur présence ne semble pas être la cause ou la conséquence de pathologie particulière. Dans le même contexte, en 2016, la Tour du Valat souhaite travailler sur les taux de contamination au mercure des cistudes de la réserve avec le CNRS de Chizé. - Action n°3 : Poursuivre l’étude de la diversité génétique des populations françaises Durant sa thèse, Sébastien Ficheux a travaillé sur la diversité génétique des individus de deux populations. Il montre notamment qu’il y a diversité génétique même lorsqu’il n’y a pas de dispersion. Les prises de sang effectuées montrent également que plusieurs lignées sont présentes en Camargue : - lignée de type II (Emys orbicularis orbicularis) - lignée de type IV (E. o. hellenica) - lignée de type V (E. o. galloitalica) En Durance, une prise de sang a été réalisée et l’ADN mitochondrial a été analysé. La lignée présente est la type V (E. o. galloitalica). - Action n°4 : Evaluation de l’impact des espèces introduites envahissantes sur les populations de Cistude d’Europe Un retour sur le groupe de travail sur la Tortue à tempes rouges de 2013 a été réalisé. Il a été rappelé les éléments scientifiques de l’impact de cette espèce sur la Cistude et notamment la thèse d’A. Cadi, qui montrait une compétition entre les deux espèces sur les postes d’insolation. Cette réunion avait permis d’informer les participants sur le cadrage réglementaire des moyens de destruction de la Tortue à tempes rouges. La question principale était la destruction ou l’accueil en centre de récupération en cas de piégeage. A défaut de politique nationale sur ce sujet, les actions se font localement en fonction de la « sensibilité » des gestionnaires. Un point qui s’avère essentiel avait été abordé : la sensibilisation du grand public sur cette problématique (ne pas relâcher des tortues exotiques en milieu naturel). Enfin il a été rapporté lors de cette réunion la nécessité de réaliser un test sur les moyens de piégeage en région. Stéphane Gagno précise qu’un article a été proposé dans la future loi biodiversité sur l’obligation d’information sur les traits de vie (biologie, écologie) des animaux vendus par les vendeurs d’animaux auprès des clients. Samuel Pauvert rappelle l’existence d’un règlement européen relatif à la propagation des espèces exotiques envahissantes (du 22 octobre 2014) qui doit aboutir, dans les semaines qui viennent, à établissement d’une liste des espèces préoccupantes pour l’Union européenne. L’impact des autres espèces exotiques envahissantes n’a pas été étudié durant le PNA, mais il semble que les écrevisses américaines puissent avoir un impact positif (prédation de la cistude sur ces espèces). - Action n°5 : Compléter l'étude de répartition de l'espèce et réaliser des cartes Compléter l'étude de répartition de l'espèce Plus de 15 études d'inventaire et de suivi ont été menées entre 2011 et 2015. On peut citer le marais de l’ilon, les marais du pont de gau, cap Lardier, Pardigon, etc. Un focus sur trois d’entre elles, avec des présentations suivies de discussions a été réalisé : la Bélugue (stage de Tatiana Fuentes Rodriguez), les Salins d’Hyères (stage de Kathleen Perrot qui a été présenté par Matthieu lascève) et la Roque d'Anthéron sur un suivi de ponte via des miniGPS. Tatiana Fuentes Rodriguez a présenté le suivi de la Cistude d’Europe sur le site de La Bélugue au sein du PNR Camargue. L'objectif de l'étude était de connaître les aspects démographiques, la répartition géographique et d'identifier les sites de ponte de la population de Bélugue. Le piégeage a été réalisé à l'aide de verveux (les nasses n'ont pas fonctionné) et de capture à la main et le marquage a été effectué via une entaille à la scie ainsi qu'un marquage au feutre. 142 individus ont été capturés, la population a été estimée à 625 individus avec un sex-ratio proche de l'équilibre. Les sites de pontes ont été trouvés principalement au sud du site (digue de Poutrague). Des déplacements d'individus de plusieurs kilomètres entre ce site et la Tour du Valat ont été mis en évidence. Ces individus étaient tous des mâles adultes. Matthieu Lascève a présenté le suivi de la population de Cistude d'Europe aux vieux salins d'Hyères. L'étude avait deux objectifs, la capture et le prélèvement des Tortues à tempes rouges du site et la capture de cistudes afin de les équiper d'émetteurs VHF pour identifier les sites de pontes. 159 Tortues à tempes rouges ont été enlevées du site. La population de cistude est estimée à 232 individus avec un sex-ratio de 1,09. Des sites de ponte ont été identifiés uniquement au nord du canal à proximité immédiate (moins de 30m) de celui-ci. Les actions de gestion du canal (curage) seront décalées à juillet-août afin d'éviter le dérangement des femelles en période de reproduction. Cédric Roy a présenté un suivi de site de ponte de Cistude d'Europe via des mini-GPS en Basse-Durance. 13 femelles ont été équipées et plus de 9000 points GPS ont pu être récoltés. Sur 13 individus, au moins 8 ont pondu (manque de données pendant une partie de la période de ponte). Deux individus ont pondu deux fois et deux individus n'ont pondu qu'une seule fois, pour les autres nous avons manqué de données au périodes propices. Le pic de ponte est autour du 15 juin. Certaines femelles sont sorties durant plusieurs jours avant de pondre. Un individu n'a pas pondu et s'est déplacé début mai durant plus de 10 jours dans des sites anciennement en eau. Pour l'objectif, les GPS ont été un moyen très efficace d’identifier les sites de ponte : le nombre de données est conséquent et modulable de 1/s à 4/j en fonction de la question posée, la précision GPS est de 5m, le temps consacré a été moins important que pour la télémétrie VHF mais il faut avoir un taux de recapture assez élevé sous peine de ne jamais récupérer les données, l'autonomie de trois semaines, ce qui n'est pas assez pour pouvoir avoir des données sur l’ensemble de la saison sans recapture. Réaliser des cartes Carte de répartition : Une cartographie régionale des populations de Cistude d'Europe a été réalisée en 2013 par Marc Cheylan. La situation de la Cistude d’Europe est plutôt bonne en région bien que d’importants déclins soient attestés par les textes anciens et les données archéologiques. Les populations de la Camargue et de la Provence cristalline (Maures-Estérel au sens large) ne semblent pas menacées actuellement. Il en va autrement des populations isolées des Alpes-Maritimes, du Vaucluse, de l’ouest du Var, et des Bouches-du-Rhône, hors Camargue. Carte de sensibilité : C'est un travail débuté en 2015 par le CEN PACA et stoppé en milieu d’année car il y eu un projet de méthodologie nationale sur ce projet notamment méthodologie de définition des niveaux de sensibilité. Un partenariat entre le coordinateur national (CEN Savoie) et la SHF et un groupe d’experts va permettre avant mi 2016 de proposer une méthodologie nationale de définition des enjeux. - Action n°8 : Accentuer la prise en compte de l'espèce par le biais des outils de connaissance (ZNIEFF, ZHIEP) et de planification (SCOT, PLU) La mise à jour des données Cistude dans les fiches ZNIEFF a été réalisée dans le cadre de l'actualisation des ZNIEFF coordonnée par le CEN PACA. La cistude étant une espèce déterminante, les données ZNIEFF ont donc été mises à jour. Plusieurs partenaires du PNA ont participé à celle-ci. Il en est ressorti qu’il y a 90 ZNIEFF (sur 828) qui abritent la cistude. - Action n°14 : Organiser la régulation des populations de tortues à tempes rouges en milieu naturel Le site des vieux salins étant propice au test de limitation de la population de la population de Tortues de Floride, TPM a mis en œuvre en 2013 puis en 2015 des captures de cette espèce. En 2013 ce sont 79 individus et en 2015, 159 individus ont pu être prélevés. Les Amis des marais du Vigueirat ont testé plusieurs moyens de capture de la Tortue de Floride sur les marais de Meyranne en 2014 et 2015 : les nasses, les verveux, les pièges à insolation ainsi que les cages "Fesquet" ont été utilisés. Sylvain Ceyte précise que la cage "Fesquet" est le piège le plus efficace puisque plus de 80 % des captures l'ont été avec ce type de piège. Environ 70 individus de Tortue de Floride ont été capturés en deux ans. - Action n°16 : Soutenir les projets actuels de renforcement et de réintroduction de l’espèce A la suite d'un partenariat avec l'université de Bourgogne, la SOPTOM a fait analyser son cheptel qui se compose principalement d'individus de la lignée galloitalica. Stéphane Gagno précise qu'ils souhaiteraient "valoriser" ces individus en tant que géniteurs potentiels dans le carde de programmes de conservation et notamment dans le cadre de réintroduction. La réunion "élevage" qui s'est tenue lors des journées techniques n'a pas eu de suite concernant la production d'individus dans ce cadre. - Action n°18 : Centraliser et rendre accessible aux professionnels l’ensemble de la bibliographie, et particulièrement la littérature grise rédigée par les différents acteurs locaux Cédric Roy précise que 37 rapports d'étude ou de stage ont été envoyés au centralisateur de la littérature grise (Claude Nottebaert) sur la période 2011-2015. - Action n°20 : Réaliser des « Journées techniques cistude » Plusieurs partenaires régionaux du PNA ont participé aux journées techniques Cistude en 2013 et 2015. Trois communications ont été présentées à Aix-les-Bains en 2013 et trois également à Strasbourg en 2015. - Action n°21 : Sensibiliser le public (grand public, scolaires) aux problématiques de conservation de l’espèce La SOPTOM a démarré en 2015 des animations à destination des scolaires avec l’acquisition d’une mallette pédagogique (jeu basé sur la vie de la cistude) ainsi que de deux maquettes réalistes d’une cistude et d’une Tortue de Floride. - Action n°22 : Sensibiliser les différents acteurs de la nature aux problématiques de conservation de l’espèce Cédric Roy présente la formation « méthodes d’inventaire et de suivi des populations de Cistude d’Europe ». La matinée avait été consacrée à plusieurs présentations (PNA, rappels réglementaires sur la mise en place d’un suivi et définition d’un plan d’échantillonnage et du choix du protocole en fonction de la question posée). Suite à ces présentations, une table ronde avait été faite, ca a permis à tous les participants de présenter leur site/objectifs/choix de protocoles/etc. L’après midi avait quant a elle été consacrée au terrain, le relevé de différents types de verveux présents sur la Tour du Valat a été réalisé, puis des relevés biométriques, détermination de l'âge et du sexe, techniques de marquage, prise de sang, etc. ont été réalisé au laboratoire. - Action n°23 : Réaliser un film Plusieurs interviews et images du web-doc ont été tournées en PACA. Les réalisateurs ont donc rencontré plusieurs personnes au sein de la région : - Le CEN PACA : Cédric Roy en Basse-Durance avec « Une population en péril », - La Tour du Valat : Anthony Olivier en Camargue avec « 40 ans d’études », - Le CEFE-CNRS : Marc Cheylan dans les Maures avec « Face aux incendies ». 3. Suite du PNA Cédric Roy annonce qu’un PNA « deuxième phase » est potentiellement prévu pour les prochaines années. Il s’agirait de cibler la mise en œuvre d’actions prioritaires. Aucune autre information n’est disponible à cette date. Le COPIL national étant prévu le 2 février 2016, des informations sur la suite y seront présentées. 4. Informations diverses Cédric Roy présente la possibilité d’une autorisation de capture de Cistude d’Europe avec relâcher immédiat dans le cadre de programmes scientifiques régionale, pluriannuelle et multi-structure. Certaines personnes présentes sont intéressées. Un courriel d’information à tous les acteurs du PNA sera envoyé dans les jours suivant la réunion.