mozart mosaŁques - Médiathèque de la Cité de la musique

Transcription

mozart mosaŁques - Médiathèque de la Cité de la musique
André Larquié
président
Brigitte Marger
directeur général
Ce concert s’inscrit dans le cycle Mozart que la cité de la musique a programmé cette saison en coordination avec le South Bank Centre de Londres.
Sir William Glock, l’ancien directeur de la BBC, a été le principal initiateur de cette
série. « Nous avons d’abord choisi, explique-t-il, de représenter les principaux
genres qui, à l’exception de l’opéra, illustrent sa production : symphonies, concertos, musique de chambre et musique religieuse. L’étape suivante de la programmation a consisté à associer aux chefs-d’œuvre fréquemment interprétés
(Messe du Couronnement, Messe en ut mineur, Requiem…) des œuvres moins
connues, comme le Quintette pour piano et vents K 452, le Divertimento K 254
ou l’Ode funèbre maçonnique K 477. La dernière étape a consisté à s’assurer la
collaboration des ensembles ou des solistes les plus appréciés pour leur style
mozartien (Orchestra of the Age of Enlightenment, Quatuor Mosaïques, la pianiste Imogen Cooper…). »
De ce point de vue, le cas du Quatuor Mosaïques est exemplaire, puisqu’il est
devenu l’un des ensembles les plus appréciés pour défendre le répertoire mozartien sur instruments d’époque autant que pour envisager la formation du quatuor
comme une somme de personnalités complémentaires. « Dans une mosaïque,
explique Christophe Coin, chaque détail semble magnifiquement pensé. Mais
c’est une fresque entière que l’on saisit d’un seul regard. En musique, c’est
pareil, il faut travailler les détails, faire des recherches en organologie, en musicologie, réfléchir sur les articulations, les phrasés, les dynamiques… Forger les
meilleurs conditions d’écoute, comme l’œil qui perçoit la fresque a su trouver la
distance idéale ».
samedi
13 mars - 16h30
dimanche
14 mars - 15h
amphithéâtre du musée
Wolfgang Amadeus Mozart
Quatuor à cordes en sol majeur, K 387
allegro vivace assai, menuetto (allegro), andante cantabile, molto allegro
durée : 25 minutes
Duo pour violon et alto n° 2, en si bémol majeur, K 424
adagio/allegro, andante cantabile, tema con variazioni
(andante grazioso, allegretto, allegro)
durée : 15 minutes
Quatuor à cordes en la majeur, K 464
allegro, menuetto, andante, allegro non troppo
durée : 35 minutes
Quatuor Mosaïques :
Erich Hobarth, Andrea Bischof, violons
Anita Mitterer, alto
Christophe Coin, violoncelle
Wolfgang Amadeus Mozart
Wolfgang Amadeus
Mozart
Quatuor à cordes
en sol majeur K 387
4 | cité de la musique
Composé à Vienne et terminé le 31 décembre 1782,
le Quatuor K 387 constitue le premier des Six Quatuors
publiés en 1785 par l’éditeur Artaria sous le numéro
d’opus 10. L’appellation moderne de « Quatuors
dédiés à Haydn » provient de la dédicace rendant
hommage à celui que Mozart considérait comme le
maître du genre, une dédicace tout à fait inhabituelle
lorsque l’on observe que l’usage voulait qu’elle fût
adressée à un noble ou à un protecteur. Il est vrai que
la publication en 1781 des Quatuors op 33 de Haydn
avaient tellement impressionné Mozart que ce dernier
avait choisi la même formation pour lui prouver son
admiration et partager avec lui cette musique savante
déjà considérée comme « réservée » aux Kenner
(connaisseurs) plutôt qu’aux Liebhaber (amateurs).
Plusieurs témoignages ont rapporté que Mozart et
Haydn ont joué ensemble ces Six Quatuors à l’occasion de réunions privées. Le compositeur anglais
Stephen Storace, raconte comment, à l’occasion
d’une soirée organisée chez lui, Haydn, Dittersdorf,
Mozart et Vanhal avaient interprété plusieurs de leurs
quatuors à cordes (cité par Michael Kelly,
Reminiscences, 1826).
Dans sa dédicace, Mozart revendique - et cela est suffisamment rare pour le noter - « un travail long et laborieux » qui se trouve confirmé par l’état du manuscrit
original ainsi que par le nombre important d’esquisses.
La densité et la « science » de l’écriture suffiraient à
expliquer ce soin, mais la composition du Quatuor K
387 se situe aussi au même moment que la découverte du contrepoint de Bach pour lequel Mozart s’était
passionné en parcourant la collection privée du baron
van Swieten. Mozart commence par transcrire pour
quatuor à cordes une série de vingt-et-un préludes et
fugues (K 404a, K 405…) d’après les BWV 853, 883,
882, 1080, 526, 871, 874, 876 à 878, 891, 548… Ces
adaptations serviront de banc d’essai avant l’intégration du contrepoint dans les allegros de sonate de ses
quatuors : un défi déjà tenté par Michael Haydn, F. X.
Richter ou Wagenseil, mais jamais égalé.
Wolfgang Amadeus Mozart
Dans le Quatuor K 387, la référence au contrepoint
peut être soit explicite (thèmes du finale exposés en
fugato et alternés avec des motifs de style buffa), soit
implicite lorsque Mozart ne conserve du contrepoint
que la lettre et se sert de cette technique pour répartir l’intérêt mélodique entre les quatre voix sans pour
autant composer en style fugué. D’autres caractéristiques méritent d’être notées, comme le menuet placé
en seconde position, les modulations lointaines (développement du premier mouvement, partie centrale
de l’andante) et l’utilisation surprenante du chromatisme : un chromatisme ascendant entendu dans le
menuet sur des nuances opposées (alternance piano
et forte) puis réutilisé en profil descendant comme
accompagnement du motif suivant.
Duo pour violon et alto n°2, Composés à Salzbourg pendant l’été 1783, les Duos
en si bémol majeur, K 424 pour violon et alto K 423 et 424 sont contemporains
des Six Quatuors dédiés à Haydn. Leur formation
rare dans le cadre de la musique « savante » - et très
courante pour la musique imprimée pour les instrumentistes amateurs - n’implique pas un défi moins
important que celui de l’inclusion du contrepoint dans
les quatuors précédemment mentionnés. Il s’agit en
effet d’une véritable gageure que d’écrire une polyphonie à deux qui ne paraisse pas transparente.
Mozart réussit à « combler ce vide » en confiant simultanément aux deux instruments des motifs mélodiques qui s’éloignent du schéma traditionnel de la
mélodie accompagnée. Il conserve pourtant des parties ayant pour fonction d’accompagner mais dont
la nature s’échappe des habituelles basses d’Alberti
ou des arpèges. Les doubles cordes (second mouvement) et la virtuosité des échanges du finale à variations achèvent de créer l’« illusion polyphonique » qui
a manqué à tant de compositeur abordant cette formation si délicate à faire sonner.
notes de programme | 5
Wolfgang Amadeus Mozart
Quatuor à cordes
en la majeur K 464
Composé à Vienne et terminé le 10 janvier 1785, le
Quatuor K 464 sera publié avec le K 387 à Vienne chez
Artaria comme op. 10 n°5. Certains ont pu voir dans
cette composition la première empreinte laissée par
son affiliation à la franc-maçonnerie (le 14 décembre
1784), notamment par l’usage symbolique que Mozart
avait pu faire du chiffre trois. Comme dans le Quatuor K
387, le contrepoint est présent à plusieurs niveaux.
Dans le premier mouvement, il apparaît nettement
comme un moyen d’intensification du discours (tous
les thèmes principaux sont soumis au développement
contrapuntique) ; dans le menuet, il permet de révéler la
complexité latente d’un thème apparemment simple.
Le chromatisme joue le même rôle d’intensification,
dans le menuet en détournant le diatonisme de l’exposé du thème, ou dans le finale en chromatisant le
développement contrapuntique… Ce finale monothématique - une spécialité haydnienne ! - est le mouvement
le plus original du Quatuor. Construit sur deux cellules
génératrices exposées dans les quatre premières
mesures, il déploie une telle densité polyphonique que
Beethoven en sera un des célèbres admirateurs, allant
jusqu’à recopier intégralement ce mouvement pour
mieux l’étudier. Dans la série des Six Quatuors dédiés à
Haydn, seuls deux comportent des mouvements en
variations : le finale du Quatuor K 421 et le mouvement
lent du Quatuor K 464. Dans les deux cas, Mozart se
saisit du schéma traditionnel du « quatuor concertant »
- chaque instrument prenant tour à tour la parole - en
renouvelant ce principe par une extrême inventivité polyphonique qui, dans le Quatuor K 464, produit un effet
d’intensification : irruption d’une mélodie nouvelle (variation 2), conversation à quatre (var. 3), minorisation (var.
4), irruption du contrepoint (var. 5), installation d’un motif
rythmique frénétique (partie de violoncelle de la var. 6)
destiné à gagner toutes les parties (coda) dans un geste
beethovénien avant la lettre.
Emmanuel Hondré
6 | cité de la musique
Wolfgang Amadeus Mozart
biographies
Quatuor Mosaïques
Comme Vienne, qui à l’origine les a rapprochés au
sein du Consentus
Musicus, les grands noms
du répertoire classique
viennois ont réuni Erich
Höbarth, Andrea Bischof,
Anita Mitterer et Christophe
Coin sous le nom de
Quatuor Mosaïques. Dès
1985, le Quatuor
Mosaïques fait coexister
l’exigence d’une nouvelle
lisibilité, qu’engendre la
pratique sur instruments
anciens, et la poésie du
détail, révélée par la tradition de l’Ecole de musique
de chambre d’Europe
Centrale. Depuis, le
Quatuor Mosaïques ne
cesse d’aller de l’avant,
notamment en s’engageant sur la totalité de
l’œuvre de chambre de
Haydn, Mozart, Schubert
et Beethoven : l’œuvre
apparaît dans toute l’ampleur de son intégralité en
même temps que dans
l’intimité de chaque quatuor qui le structure. Le
Quatuor Mosaïques trouve
ainsi l’équilibre entre l’unité
du discours et la multiplicité des éléments qui le
composent. Se dégagent
plusieurs niveaux de lecture qui, mesurés à leur
juste distance, laissent
apparaître la grande
mosaïque du répertoire
des XVIIIe et XIXe siècles. Le
travail approfondi du
Quatuor Mosaïques sur le
répertoire viennois gagne la
musique française
(Hyacinthe et LouisEmmanuel Jadin) et le
répertoire italien
(Boccherini). Il s’élargit également grâce à la
collaboration fidèle de partenaires comme Wolfgang
Meyer (clarinette), José
Miguel Moreno (guitare),
Miklos Perenyi et Roel
Dieltens (violoncelle),
Patrick Cohen et András
Schiff (pianoforte, piano).
Régulièrement invité dans
des salles prestigieuses
(Musikverein et
Konzerthaus de Vienne,
Wigmore Hall de Londres,
Théâtre de la Ville et
Maison de Radio France
de Paris), le Quatuor
Mosaïques se produit dans
les plus grands festivals :
en Autriche (Wiener
Festwochen, Resonanzen,
Schubertiade de Feldkirch,
Mondsee), en GrandeBretagne (Edinburgh,
Aldeburgh), en Suisse
(Luzern, Amadeus), en
Allemagne (Leipzig, Berlin,
Bonn, Schleswig Holstein),
en France (Aix-en
Provence, La Roque
d’Anthéron)... L’intégralité
des dix-sept quatuors de
Beethoven, qu’il partage
en concert avec les
Quatuors Keller, Hagen,
Carmina, Vogler et Neues
Leipziger dans les grandes
villes européennes, contribue encore à étendre son
rayonnement aux dimensions internationales. Sous
les labels Auvidis/Astrée et
Auvidis/Valois, la discographie du Quatuor
Mosaïques reflète les
grands axes de sa carrière.
Couronnés par les plus
grands prix (dont deux
« Gramophone Awards »,
décernés à l’Opus 20 de
Haydn et, tout récemment
à l’Opus 33 du même
compositieur) ses enregistrements sont
unanimement placés au
rang de référence.
technique
régie générale
Olivier Fioravanti
régie plateau
Jean-Marc Letang
régie lumières
Marc Gomez
notes de programme | 7

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