un calecon d`embauche

Transcription

un calecon d`embauche
Un caleçon d'embauche
Pièce de théâtre comique
Année de création : 2001
Denis Cousin
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UN CALECON D’EMBAUCHE
FREDERIC (FREDERIQUE) : LE STAGIAIRE
+ ou – 25 ans, un peu efféminé, mais pas trop, il va se laisser prendre au jeu du
travestissement.
HELENE :
+ 55ans, l’employée la plus ancienne de la maison, patoisante, célibataire, assez
classique mais aimant bien rire. Un peu sourde, elle porte un appareil à droite.
ODETTE :
+ 25- 30 ans, deuxième employée, patoisante, célibataire, taquine, un peu
« dévergondée »
MARGOT :
+ 55 ans, mère de la mariée, femme de Lucien, patoisante, bien de la campagne.
LUCIEN :
+ 55 ans, père de la mariée, mari de Margot, patoisant, un peu « soupe au lait »,
s’emballant facilement, mais au cœur tendre.
SOPHIE LA FUTURE MARIEE :
+ 25 ans, non patoisante, elle prendra parti de rire de la « situation » de son futur mari.
JACQUES :
+ 50 ans, le patron, non patoisant, classique commercial.
LE CURE :
+ 50 ans, classique, en soutane, petites lunettes
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ACTE 1
SCENE 1 : HELENE-ODETTE
HELENE : (regardant un caleçon) Ah là là, ça se tire…
ODETTE :(s’approchant et regardant le caleçon) Quoi ?
HELENE : Les vacances du patron pardi…
ODETTE : Pfeu ! Comment veux-tu que je sache de quoi tu parles, Hélène, enfin, tu
regardes ton caleçon en pensant au patron !
HELENE : Ce n’est pas mon caleçon, ni celui du patron d’ailleurs, il n’en met pas…
ODETTE : Qu’est-ce que tu en sais ?
HELENE : J’en sais que…j’en sais que… Mais tu m’embêtes à la fin… Il met des
slips, je l’ai vu l’autre jour quand il essayait un pantalon.
ODETTE : Ah ! Parce que tu as assisté Monsieur Jacques à essayer un pantalon, c’est
rare ça ?
HELENE : Oh, mais il s’est débrouillé tout seul, je n’y ai pas mis les mains, enfin si,
juste pour les bords.
ODETTE : Oui oui oui, n’empêche que je te surprends à rêver, un caleçon entre les
mains, ça c’est un signe.
HELENE : Un signe de quoi ?
ODETTE : Un signe de mariage prochain (Après un temps d’arrêt ; Odette et Hélène
éclatent de rire)
ODETTE : En plus ce n’est surement pas le caleçon qui fait l’homme.
HELENE : Non c’est vrai, même les curés ils en mettent.
ODETTE : Dis donc, à propos de mariage, tu sais la dernière ?
HELENE : Non !
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ODETTE : Sophie, la fille de Margot, ça y est elle se marie !
HELENE : Ah oui, et avec qui ?
ODETTE : Oh, on me l’a dit… C’est un nom en « ique », Patrick ou Dominique peutêtre.
HELENE : Et qu’est- ce qu’il fait ce gars là ?
ODETTE : A ce qu’il parait, il fait l’école des ventes à Calais, comme Josiane… Oh
ça serait drôle qu’il vienne en stage ici.
HELENE : Tu sais bien que Monsieur Jacques il prend toujours des stagiaires filles,
jamais d’homme, alors ça n’arrivera pas.
ODETTE : C’est vrai, t’as raison, mais dis donc, elle devrait être là Josiane, ce n’est
pas aujourd’hui qu’elle revient en stage ?
HELENE : Si si, elle ne devrait pas tarder, tu sais à son premier stage, elle n’était pas
toujours à l’heure.
SONNERIE DE TELEPHONE
HELENE : Ah il y avait longtemps, vas-y, prends !
ODETTE : Non non, vas-y toi, droit d’aînesse…
HELENE : Mais tu sais bien que je n’entends pas bien avec mon appareil à droite !
ODETTE : Et bin, prends à gauche ! Et puis c’est sûrement Monsieur Jacques, il
préférera que ça soit toi… (Hélène va répondre en maugréant, elle va s’adresser
tantôt au correspondant, tantôt à Odette)
HELENE : (au téléphone) Allo…oui…pardon…oui…je vous entends très mal
(À Odette) Je ne comprends rien.
ODETTE : Essaie l’autre (Hélène retourne le combiné, puis s’aperçoit de sa bêtise au
moment ou Odette intervient)
Eh Hélène, l’autre oreille badoulle va !
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HELENE : Allo…oui…excusez-moi Monsieur, la liaison est mauvaise….Ah pardon
Madame…Ah oui Madame la directrice… (à Odette) C’est la directrice de l’école,
qu’elle constipée celle là et gnan, gnan, gnan… (au téléphone) Non, Monsieur
Jacques n’est pas là…oui en congé, il rentre demain…pardon…Josiane… En Corse !
(à Odette) Josiane est en Corse.
ODETTE : Bin, qu’est-ce qu’elle fait en Corse !
HELENE : (au téléphone) Bin oui, mais qu’est-ce qu’elle fait en Corse ? Ah
entorse…oui oui, d’accord T comme toilette. Excusez-moi, j’avais compris en
Corse…Corse avec un C comme dans… (à Odette) Avec un C comme dans ?
ODETTE : Constipée !
HELENE : (au téléphone) Constipée, ou autre chose, couture, costume, cravate,
Oui…Ah oui… Une autre stagiaire…Allo…Allo…Frédérique…Comment …Allo…
Allo… (À Odette) C’est coupé.
ODETTE : Alors qu’est-ce qu’il se passe ?
HELENE : Josiane ne vient pas, elle s’est foulée la cheville, elle est dans le plâtre .
Elle nous envoie une autre stagiaire, une dénommée Frédérique.
ODETTE : Attends, Frédérique comment ?
HELENE : Je ne sais pas, elle ne m’en l’a pas dit !
ODETTE : Oui, mais Frédéric, RIC ou Frédérique QUE ?
HELENE : Ric, Ric, que, que, qu’est-ce que tu me chantes là ?
ODETTE : Si c’est Frédéric RIC, sans Que, c’est un garçon !
HELENE : Oui et alors ?
ODETTE : Alors un garçon sans queue, c’est un eunuque !
(Hélène et Odette rient aux éclats Margot entre).
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SCENE 2 – HELENE- ODETTE-MARGOT
MARGOT : Bonjour ! Et bin, on rigole bien ici ! Comme on dit, quand le chat n’est
pas là, les souris dansent.
HELENE : Il rentre demain le chat ! Bonjour Margot !
ODETTE : Alors, ça y est, c’est décidé, elle se marie Sophie ?
MARGOT : Bin oui, il faut bien.
HELENE : Ca n’a pas l’air de te plaire beaucoup ?
MARGOT : Si si, enfin, c’est plutôt le futur beau-fils !
HELENE : Eh bien ?
MARGOT : Ben, il ne me plait pas fort !
HELENE : Ah bon, et pourquoi ?
MARGOT : D’abord, il n’est pas fort beau, et puis…Ah comment dire…Il ne fait pas
vraiment homme, il a une boucle d’oreille, et puis il fait une queue avec ses cheveux
HELENE : Ho ! Mon Dieu Margot, mais il ne faut surtout pas t’inquiéter avec ça,
maintenant en ville, la moitié des jeunes hommes sont attifés comme ça, mais avec
ou sans queue, ça ne les empêchent pas de faire des enfants !
ODETTE : Sans queue, ça m’étonnerait !
HELENE : (à Odette) Evidemment, tu ne peux pas t’en empêcher, dévergondée ! Il y
a des moments je voudrai bien la débrancher celle là. Attends que Monsieur Jacques
il revienne, tu ne diras plus tant de bêtises…
HELENE : (à Margot) C’est quand qu’elle se marie ?
MARGOT : Le dernier samedi de ce mois ci.
HELENE : Mon Dieu, mais c’est bientôt ça. Il va falloir se dépêcher pour sa robe de
mariée !
MARGOT : Bin, c’est pour ça que je suis là.
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HELENE : Oui, mais ce n’est pas toi qui se marie, c’est ta fille, il faut qu’elle vienne
pour les essayages !
MARGOT : Ben, justement, elle est à l’école et puis, normalement, elle ne revient pas
de Lille avant le 22 du mois…
HELENE : C’est bien embêtant ça, il faudrait trouver quelqu’un avec les mêmes
tailles pour commencer les essayages. Le patron rentre demain, je vais lui en parler,
en attendant tache de me donner ses mesures au plus vite, il me faut : combien elle
mesure, son tour de taille, et puis combien elle met en soutien-gorge avec le bonnet.
Es-tu sûre au moins qu’elle ne va pas changer de taille d’ici le mariage ?
MARGOT : Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
ODETTE : Hélène veut dire que si elle se marie si vite, c’est peut-être qu’il y a une
raison ?
HELENE : Mais je n’ai jamais dit ça !
MARGOT : Oui, si tu ne l’as pas dit, tu l’as pensé, de toutes façons, vous me faites
rire toutes les deux, ça m’étonnerait fort de mon futur beau-fils !
ODETTE : Pourquoi ? Il n’est pas autrement qu’un autre ?
MARGOT : Bin, justement, il y a des moments quand je le regarde, avec sa queue de
cheval et puis sa boucle d’oreille, je me dis qu’il ne lui manque que les jupons pour
avoir l’air d’une femme.
HELENE : A ce point là !
ODETTE : Mais ils sont tous un peu efféminés les jeunes hommes de maintenant, et
puis c’est peut-être juste un air qu’il se donne.
HELENE : Et Lucien, qu’est-ce qu’il en dit ?
MARGOT : Oh lui il ne veut pas m’entendre parler, il dit que je me fais des idées…
ODETTE : (en regardant vers la porte) Mon Dieu, le voilà !
(ENTREE DE LUCIEN)
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SCENE 3 HELENE-ODETTE-MARGOT-LUCIEN
LUCIEN : (à la cantonade) Bonjour tout le monde ! (à Margot) Alors t’es encore là !
MARGOT : Bien sûr, je ne vais pas au bistrot moi !
Rentre donc, toi aussi il va falloir que tu te rhabilles pour le mariage.
LUCIEN : Ah non hein, mon costume gris fera très bien l’affaire
MARGOT : Ton costume gris ! tu as marié tes trois fils avec, tu as quand mêmes les
moyens d’acheter un nouveau costume pour le mariage de ta fille. Et puis Monsieur
Jacques il fera quelque chose, pas vrai ?
Les deux employés acquiescent de la tête
LUCIEN : Ce n’est pas une question de sou, c’est une question de principe, je ne vais
pas acheter un nouveau costume si l’autre me va encore !
MARGOT : Bin justement, il ne te va plus du tout, t’as forci, t’es tout boudiné
dedans, hein franchement, Hélène, t’es derrière lui à la messe, dis lui qu’il ne lui va
plus.
HELENE : Oui, c’est un peu vrai, de derrière tu le remplis trop !
LUCIEN : Eh bin, Hélène, pour un homme, il vaut mieux un pantalon bien rempli
qu’un pantalon vide. De derrière, il ne me va peut-être plus, mais je ne le vois pas, et
puis je trouve que de devant il me va encore bien.
MARGOT : Mais tu me fais honte, à la messe les gens ils regardent aussi bien ton
derrière
LUCIEN : (s’approchant d’Hélène et la regardant avec insistance) Et bien justement,
ils y en a qui feraient mieux de regarder mon nez que mon cul !
HELENE : Pfeu ! Vraiment faut tout entendre !
LUCIEN : De toute façon, avec vous autres je n’aurai jamais raison. Je vais m’acheter
un nouveau costume pour le mariage, mais pour la messe le dimanche, je mettrai
encore mon costume gris.
HELENE : Bon, on va regarder tout de suite.
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LUCIEN : Ah non ! On n’est pas venu pour ça, on n’a pas le temps, vient Margot, on
est parti…
MARGOT : Dis donc, tu sais que dimanche c’est l’ouverture de la chasse ?
LUCIEN : Je sais, je dois encore acheter des cartouches
MARGOT : Et puis tu n’as plus de grosses chaussettes pour mettre dans tes bottes, et
puis tu n’as plus de pantoufles pour le soir
LUCIEN ; Ah c’est vrai, j’allais oublier, ça on peut regarder tout de suite (Lucien
s’assied)
MARGOT : Voilà du propre quand même, pour le mariage de ta fille tu n’as pas le
temps, mais pour la chasse tu as le temps !
LUCIEN : Il n’est pas question de ça enfin Margot, une paire de chaussettes et une
paire de pantoufles pour moi, dans cinq minutes c’est fait. Mais pour un costume..
avec vous autres qui allaient tourner autour de moi, pour me regarder par tous les
bouts (en s’avançant vers Hélène) Dans deux heures on y est encore. Et puis le
mariage c’est dans un mois, la chasse c’est dimanche !
HELENE : Odette ! Amène des grosses chaussettes et puis des pantoufles à montrer
pour Lucien, c’est du 45 que tu fais ?
LUCIEN : Oui, 44 ou 45
HELENE : Du 45 !
(Odette revient avec 3 paires de chaussettes et une boîte contenant des charentaises
rouges)
ODETTE : Voilà en 45, des grosses chaussettes, il y en a encore des vertes, des grises
et des rouges
LUCIEN : Des rouges, surement pas, on ne va pas effrayer les perdreaux, déjà qu’ils
n’y en aura pas beaucoup cette année, donne voir les grises
MARGOT : Des vertes se serait mieux, avec ton pantalon de chasse
LUCIEN : Eh ! C’est mes pieds, ça je peux bien les rhabiller tout seul non ? Alors ne
me les cassez pas les pieds !
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MARGOT : Mon Dieu, qu’il est mal luné aujourd’hui !
(Lucien a pris les chaussettes grises et les a enfilées)
LUCIEN : Eh bin, voilà, impeccable ! Combien elles font ?
HELENE : 35 Frs
LUCIEN : Et les vertes ?
HELENE : 40 Frs
LUCIEN : Cinq francs de moins, tu vois que je n’avais pas tort ! Bon, les pantoufles
maintenant ?
ODETTE : Bin en 45, on doit en recevoir, pour l’instant on a plus que celles-là, mais
elles ne vont pas vous plaire (Odette tient la boîte fermée)
LUCIEN : Pourquoi ?
ODETTE : (en ouvrant la boîte) Bin, elles sont rouges !
LUCIEN : Ca n’a pas d’importance, j’aime bien le rouge, je ne voulais pas de
chaussettes rouges pour ne pas faire peur aux perdreaux, mais là, c’est pour mettre à
la maison, et à la maison il n’y a pas de perdreaux…(Lucien marque un temps
d’arrêt et rit tout seul) A la maison, il n’y a plus que deux poules, une petite poule
qui va bientôt s’envoler, et puis une vieille poule qui commence à se déplumer !
MARGOT : N’empêche que t’es bien content de ta vieille poule pour te faire à
manger, ton ménage, ta lessive, et puis, et puis …tout le reste…
LUCIEN : Tout le reste, aussi parfaitement qu’à vingt ans, ne te fâche pas Margotte,
ma cocotte, c’est pour rire… (Lui faisant mine de l’embrasser)
MARGOT : Vieux dégoutant va, heureusement que je t’aime bien comme tu es. Bon
tout à l’heure tu étais pressé, maintenant je te signale que c’est toi qui joue les
prolongations à dire des bêtises.
LUCIEN : C’est vrai, (il met les pantoufles et se lève) Parfait !
MARGOT : Marches un peu pour voir
(Lucien avance et à chaque pas, on entend un grincement)
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LUCIEN : Je me sens bien dedans !
HELENE : La pointure, elle est bonne ?
MARGOT : Mais c’est drôle, on dirait qu’il y a quelque chose qui grince, remarche
un peu !
(Lucien marche à nouveau, même grincement)
ODETTE : Oh oui, ça fait un drôle de bruit, vous ne l’entendez pas vous autres ? On
dirait que c’est de pied là.
HELENE : Moi je n’entends rien.
LUCIEN : Moi non plus, mais après 25 ans d’usine, il y a des bruits que je n’entends
plus.
ODETTE : Donnez-moi un peu la droite.
(Odette prend la pantoufle, la met à son pied et marche)
C’est bien celle là, ça c’est qu’il y a une bulle dans le caoutchouc, on va vous la
changer.
LUCIEN : Bin non non, pourquoi faire, je ne l’entends pas ce bruit
ODETTE : Oui, mais Margot, elle l’entend elle !
MARGOT : (entrainant Odette à l’écart) Non, non, ce n’est pas grave, quand il rentre
tard il met ses pantoufles pour pas me réveiller, avec ça je saurai à quelle heure il
rentre, ça m’arrange.
LUCIEN : Bon, bon vas-y paye Margot, on est parti.
MARGOT : Ah, mais je n’ai pas de sous moi !
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HELENE : Non, non, on va le mettre en compte avec la robe de mariée, le cadeau il
sera plus gros. Dis donc, n’oublie pas de prendre le catalogue, elle choisit celle qui
lui plait le plus, et puis toi tu m’envoies ses mesures pour qu’on lui prépare.
MARGOT : D’accord, sans faute, y es-tu Lucien ?
LUCIEN ; Moi j’attends.
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MARGOT : Alors, en route, au revoir tout le monde
(Sortie de Margot et Lucien)
HELENE : Ha ! Quel monstre ce Lucien !
ODETTE : Il est un peu soupe lait, mais il me fait rire et dans le fond il n’est pas
méchant.
HELENE : Non, mais ça ne va pas être de la tarte pour l’habiller.
(Entrée de Frédérique)
SCENE 4 –ODETTE-HELENE-FREDERIC
FREDERIC (petit sac à main, queue de cheval, boucle d’oreille) Bonjour Mesdames.
ODETTE : Bonjour Monsieur.
HELENE : Bonjour… (Hésitation)…monsieur. C’est pourquoi ?
FREDERIC : Euh !...C’est pour le stage
HELENE : Mon Dieu Odette, t’avais raison, c’est Frédéric, ric !
FREDERIC : Non, Frédéric Haneur, H-A-N-E-U-R
ODETTE : Oui, oui, on sait bien, c’est Monsieur Jacques qui va être content
FREDERIC : C’est qui Monsieur Jacques ?
HELENE : C’est le patron, il est en congé, il rentre demain, mais c’était prévu une
stagiaire, pas un stagiaire !
FREDERIC : En effet, c’est embêtant, bon et bien, je vais rentrer, Madame la
Directrice enverra une fille.
HELENE : Attends, attends, tu as déjà travaillé dans l’habillement ?
FREDERIC : Oui, mon dernier stage c’était dans la lingerie à Calais. Oh mais si le
patron ne veut pas d’homme, je men vais.
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HELENE : Ah, ça peut peut-être s’arranger, on va lui téléphoner au patron
FREDERIC : Non non, c’est mon dernier stage, j’aurais préféré le faire dans un
magasin où il puisse y avoir un espoir d’embauche.
HELENE : Mais le patron il est peut-être prêt à embaucher. Il dit toujours que si on en
trouve une bien de stagiaire, on la garde.
FREDERIC : Ha oui vraiment ? Mais il parle au féminin.
HELENE : Bin oui, mais d’un autre côté il dit toujours qu’il en a marre d’être le seul
homme de la maison.
FREDERIC : Ah bon !
ODETTE : Et puis ce serait dommage, pour une fois qu’un stagiaire a une petite
expérience dans la lingerie.
Pourtant, à la limite Hélène, avec une boucle d’oreille, et en dénouant les cheveux,
Monsieur Jacques il n’y verra que du feu.
HELENE : Ah oui !
FREDERIC : Attendez ! je n’ai pas bien compris !
HELENE : Et bin, le stagiaire devient une stagiaire !
FREDERIC : On non !...Et le rapport de stage,
HELENE : Les rapports avec le patron, c’est moi qui les fais !
ODETTE : (en rigolant) pour sûr, et ils sont bien faits !
HELENE : Les rapports de stage ! A quoi tu penses encore ? T’as pas honte devant un
jeune homme.
Pour le rapport de stage, on rajoutera QUE au crayon de bois
ODETTE : Frédéric RIC, devient Frédérique QUE.
FREDERIC : Ah non, franchement vous me voyez…
ODETTE : Bin oui, laisses-nous essayer, pas vrai Hélène ?
(Les deux employées dénouent les cheveux de Frédéric)
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HELENE : Et bin, c’est pas mal !
ODETTE : Il faudrait deux boucles d’oreille au lieu d’une, et puis un peu de rouge à
lèvre et du fard à joues, j’ai ça dans mon sac. (Odette va chercher son sac)
FREDERIC : Mais ça va s’arrêter où ?
HELENE : Il faut essayer de faire aussi vrai que possible, (Odette revient avec
boucles d’oreilles, fard à joues, rouge à lèvres et maquille Frédéric)
ODETTE : Oui super, mais ça manque de poitrine tout ça !
FREDERIC : Oh non !
HELENE : (Qui sort un mètre ruban et mesure le tour de poitrine de Frédéric) Mais
si, mais si. Odette va me chercher un 85 C, tu le rembourres avec de la mousse, et
puis ramènes un beau chemisier.
(Odette s’exécute tandis qu’Hélène aide Frédéric à retirer sa chemise)
FREDERIC : Mais je vais avoir l’air de quoi ?
HELENE : Ha bin, d’une fille pardi !
FREDERIC : Mais je ne saurais pas !
HELENE : Bin justement, il ne faut pas dire ça avant d’avoir essayé ! (Retour
d’Odette avec soutien-gorge et chemisier qui sont mis par Frédéric).
HELENE : Bin voilà, parfait, enfin il manque la jupe, ce serait plus sûr !
ODETTE : Oh oui !
FREDERIC : (Qui retient son pantalon) Ah non ! Ce n’est pas possible !
HELENE : Et pourquoi donc?(à Odette) Il croit qu’ on a jamais vu un homme en
slip !
FREDERIC: Je n’ ai pas de slip!
ODETTE : (Regard et attitude éventuellement lubriques et intéressés) Ah non, alors
tu n’as rien dessous ?
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HELENE :( A Odette) Dis donc toi !
FREDERIC : Si, j’ai un caleçon, mais je ne peux pas le montrer !
ODETTE : Il n’est pas propre ?
FREDERIC : (haussant les épaules) Mais si !
ODETTE : Ben alors ?
FREDERIC : Je ne peux pas, il n’est pas encore breveté !
(Temps d’arrêt, Odette et Hélène se regardent et répètent ensemble)
ODETTE-HELENE : Breveté ?
FREDERIC : C’est un caleçon tout à fait particulier, de ma fabrication, et pour lequel
j’ai déposé un brevet.
HELENE : Bin là alors, t’en a trop dit, on veut voir !
FREDERIC : Bon d’accord, mais vous me promettez de garder le secret ?
ODETTE-HELENE : Bien sûr !
(Frédéric retire son pantalon pour laisser voir un caleçon exceptionnel, aux couleurs
vives)
HELENE : Mon Dieu ! Qu’est-ce que c’est que ça ?
(Frédéric marche fièrement comme à un défilé de mode)
FREDERIC : Vous avez devant vous le premier caleçon polaire réversible été-hiver.
ODETTE : Réversible ?
FREDERIC : Et oui, une seule couture, donc réversible, en laine polaire, qui ne laisse
passer la chaleur que dans un sens.
HELENE : Bin ça alors ! Et ça se lave comment ?
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FREDERIC : En machine à 70°, c’est le progrès récent du polaire, c’est pour ça que
c’est devenu possible de l’utiliser en lingerie, fallait y penser !
ODETTE: Bin zut alors! Ca c’est une bonne idée !
HELENE : C’est vrai, ce n’est pas bête, enfin là, ça ne va pas aller avec la jupe, au
moindre coup de vent on va voir les couleurs. Passe la jupe et rentre là-dedans.
(Frédéric rentre dans la cabine) Odette, va chercher un slip d’homme taille 3 basse.
ODETTE : Homme ?
HELENE : Bin oui homme ! Quand même !
ODETTE : Ah oui, c’est vrai.
(L’ensemble des vêtements a été ôté à l’extérieur, sauf le caleçon réversible qui sera
oublié à l’intérieur de la cabine. Frédéric sort de la cabine)
ODETTE : Et bin voilà, parfait ! Regardes-toi dans la glace là !
FREDERIC :(qui se prend au jeu) C’est vrai, pas mal !
HELENE : Franchement personne ne pourrait te reconnaître habillé comme ça !
FREDERIC: Ho! C’est pas si sûr!
HELENE : Et puis, personne ne te connaît ici ?
FREDERIC : Justement si, il y a des gens qui me connaissent très bien ici.
ODETTE : Ah bon ! Et qui ?
FREDERIC : Et bien, disons…De la famille, ils risquent de me reconnaître à la voix.
HELENE : Essaye de la changer.
FREDERIC : Qu’est-ce que vous voulez que je dise ?
HELENE : Je ne sais pas moi, essayes : Bonjour madame, que puis-je pour vous ?
(Frédéric répète plusieurs fois, en essayant de faire une voix plus aigüe)
FREDERIC : Bonjour madame, que puis-je pour vous ?...
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ODETTE : Voilà quelqu’un, on va voir si ça marche, on te laisse.
(Hélène et Odette sortent, embarquant les vêtements de Frédéric)
FREDERIC : Oh non, pas tout seul !
(Frédéric reste seul, répétant la même phrase pour s’entraîner)
(Entrée du Curé)
SCENE 5 FREDERIC-LE CURE
FREDERIC : Bonjour madame, que puis-je pour vous ? Oh pardon !
LE CURE : Bonjour mademoiselle, Monsieur Jacques n’est pas là ?
FREDERIC : Non, c’est pourquoi ?
LE CURE : C'est-à-dire, que c’est un peu délicat !
FREDERIC : Comme les synthétiques !
LE CURE : Pardon ? !
FREDERIC : Non ? C’est pour rire, je dis synthétiques, parce que les synthétiques,
c’est délicat.
LE CURE : Ah oui ! AH ! AH ! Alors je vous disais, on m’a recommandé Monsieur
Jacques, il n’est vraiment pas là ?
FREDERIC : Non, il est encore en vacances, mais je peux peut-être vous satisfaire ?
LE CURE : C'est-à-dire que c’est pour une affaire d’homme.
FREDERIC : Et bien vous ne pouviez pas tomber mieux, je suis le…enfin la
spécialiste homme de la maison…
LE CURE : Ah bon ! Soit ! Je vous explique ; je viens du séminaire de Lille, et je suis
actuellement en repos pour huit jours au couvent voisin . C’est la sœur supérieure
d’ailleurs qui m’a recommandé votre maison pour son grand sérieux.
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FREDERIC : Oui oui, en effet…
LE CURE : Je suis à la recherche de caleçons pour moi-même et une trentaine de
séminaristes.
FREDERIC : Ah oui ! (visiblement intéressé) Caleçons d’hiver ou d’été ?
LE CURE : Ah, si vous en aviez un qui fasse les deux, ce serait bien, vous savez, c’est
pour de petites bourses.
FREDERIC : Oui, on sait bien que les curés tirent le diable par la queue…
LE CURE : Si l’on peut dire oui…
FREDERIC : Je vais vous montrer ce que l’on fait.
LE CURE : Je sais que cela ne se fait pas trop, mais dans le but d’un achat de grande
quantité, est-il possible d’essayer ?
FREDERIC : Oh mais bien sûr, entrez derrière ce rideau
(le curé essaye plusieurs types de caleçons, courts, longs, qui ne lui plaisent pas, puis
découvre celui du stagiaire)
LE CURE : Attendez, il en reste un là, sur le banc, un peu coloré, mais ce n’est pas la
couleur qui m’intéresse, c’est le confort !
(Le curé enfile le caleçon et sort de la cabine)
Formidable, quel confort ! C’est chaud, c’est doux !
FREDERIC : Ah Monsieur le curé, celui-là, c’est embêtant !...
LE CURE : Pourquoi, il est déjà vendu ?
FREDERIC : Non mais c’est le mien, enfin je veux dire, c’est celui que m’a laissé un
représentant en démonstration, je n’en ai qu’un exemplaire !
LE CURE : (en retirant le caleçon) Qu’à cela ne tienne, je sais attendre, il est en
quelle matière ?
FREDERIC : En laine polaire, une seule couture, donc réversible, ne laissant passer la
chaleur que dans un seul sens, un côté pour l’été, un côté pour l’hiver.
LE CURE : Formidable, donc une économie, enfin ça dépend du prix !
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FREDERIC : Il ne sera pas plus cher que les autres : 55Frs.
LE CURE : En effet, ce n’est pas bien cher, et l’entretien ?
FREDERIC : Pour tout vous dire, le représentant est un ami personnel, celui-là a déjà
été lavé 11 fois, il n’a pas bougé !
LE CURE : Vrai ? Attention ma fille, on ne ment pas à un curé, ce serait péché
mortel !
FREDERIC : Juré Monsieur l’Abbé, aussi vrai que je suis une fille
LE CURE : Alors là, aucun doute n’est permis, je vous le rends, j’en parle à
l’économe, et je repasse pour la commande mademoiselle …C’est comment votre
nom ?
FREDERIC : Frédérique.
LE CURE : Enchanté d’avoir fait votre connaissance, Frédérique, au revoir et à
bientôt.
FREDERIC ; Au revoir Monsieur l’Abbé. Et bien ça marche ! (seul au public en
montrant le caleçon)
RIDEAU-FIN DU PREMIER ACTE
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ACTE II
SCENE 1 JACQUES-HELENE-ODETTE
(Jacques, seul sur scène trouve le caleçon)
JACQUES : Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Hélène, Odette !
HELENE : Oui, voilà !
ODETTE : Oui, oui !
JACQUES : Pourriez-vous m’expliquer ce que c’est ça ?
ODETTE : Ca Monsieur Jacques, c’est un caleçon.
JACQUES : J’avais remarqué, merci, mais de où sort-il ?
HELENE : C’est à Frédérique.
JACQUES : (surpris) Frédérique, mais c’est un caleçon d’homme !
HELENE : C’est-à-dire que c’est un représentant qui a laissé un échantillon…
JACQUES : Elle est où Frédérique ?
ODETTE : Aux chaussures, je vais la chercher…
(Odette revient avec Frédéric, Odette et Hélène s’éclipsent).
SCENE 2 JACQUES-FREDERIC
JACQUES : Ma petite Frédérique, quel représentant vous a laissé ça ?
FREDERIC : Euh…C’est une nouvelle maison de confection en lingerie à Calais !
JACQUES : Et qui s’appelle ?
FREDERIC : La maison Monfois.
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JACQUES : Monfois ?… Monfois ?… Connais pas !...Des couleurs un peu vives !
FREDERIC : Oh, mais ils vont en faire de toutes les couleurs et même en blanc aussi.
JACQUES : Mais, c’est de la laine non ?
FREDERIC : Oui, de la laine polaire, réversible, ne laissant passer la chaleur que
dans un seul sens, un côté été, un côté hiver, c’est extensible et très doux à porter, ça
je peux vous l’assurer…
JACQUES : Vous l’avez essayé ?
FREDERIC : Oui.
JACQUES : Mais c’est un caleçon d’homme ! Vous mettez des caleçons d’homme ?
FREDERIC : Et bien oui, quand je veux savoir, j’essaye Monsieur. Je pense qu’il faut
savoir investir de sa propre personne…
JACQUES : Ah ! Tout à fait, soit ! Mais enfin, pardonnez-moi l’expression ma petite
Frédérique, mais il vous a « bourré le mou », votre représentant, la laine polaire, ne
se lave pas, ou très peu…
FREDERIC : Celle-là, si, justement, c’est un procédé de traitement révolutionnaire,
vous allez voir, la laine polaire va envahir la lingerie, celui-là a déjà été lavé 11 fois.
JACQUES : Vous l’avez lavé vous-même ?
FREDERIC : Oui, enfin non, c’est le représentant qui…
JACQUES : Je vois, je vois…Mademoiselle, sachez que certains représentants vous
racontent n’importe quoi pour vous vendre leur camelote, qui risquent de vous rester
sur les bras ensuite. C’est votre premier stage ?
FREDERIC : Non Monsieur, c’est le dernier, encore deux mois à faire, et je cherche
du travail.
JACQUES : Ah bon, et bien un bon conseil, Mademoiselle, méfiez-vous des
nouvelles maisons de confection et méfiez-vous des représentants.
FREDERIC : Franchement, Monsieur, je suis certaine que ça va marcher, c’est le
progrès !...
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JACQUES : Oui, et à quel prix ?
FREDERIC : 35Frs
JACQUES : En effet, ce n’est pas cher, mais vous n’aurez jamais d’amateur. Ici, c’est
une clientèle de campagne, des gens posés, réfléchis, classiques.
FREDERIC : Pourtant, je suis sûr…
(Retour d’Hélène et Odette qui vont être témoin des propos de Jacques)
SCENE 3 JACQUES-HELENE-ODETTE-FREDERIC
JACQUES : Gardez vos certitudes pour vous Frédérique, franchement vous allez me
faire rire, moi je suis sûr du contraire. Tenez ! Vous cherchez du travail, moi je
cherche une vendeuse, et bien si vous m’en vendez 10 d’ici une semaine, je vous
embauche.
FREDERIC : C’est pour rire, Monsieur ?
JACQUES : Ah ! Non ! Je n’ai qu’une parole et vous avez 2 témoins.
Le téléphone sonne, Monsieur Jacques va répondre
Frédéric, vous mesurez combien ?
FREDERIC : 1,72 m
JACQUES : C’est bien, et en pantalon, vous mettez du combien ?
FREDERIC : Du 42, pourquoi ?
JACQUES : Parfait ! Et en soutien-gorge ?
FREDERIC : Euh !...C’est-à-dire que…
ODETTE : Mais si, le nouveau modèle qu’on t’a fait essayer hier c’est du 85 C.
JACQUES : Bon, et bien voilà, on rembourre un peu le bonnet, et vous allez me faire
le modèle.
FREDERIC : Pour qui ?
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JACQUES : Pour la robe de mariée de Sophie, la fille de Margot.
FREDERIC : Ah non ! C’est pas possible…
JACQUES : Et pourquoi donc ?
FREDERIC : Euh…Ca porte malheur !
JACQUES : Allons donc ! Vous qui portez des caleçons d’homme pour goûter leur
confort, vous hésiteriez à essayer une robe de mariée ? Vous l’avez dit vous-même
tout à l’heure, dans le commerce, on ne doit pas hésiter à investir de sa propre
personne pour satisfaire le client. Noémie, Noémie, je vais la chercher là-haut !
(Jacques sort)
SCENE 4 FREDERIC-HELENE-ODETTE
FREDERIC : Merde ! Qu’est-ce que je vais faire ? Je suis foutu !
HELENE : Mais qu’est ce qui t’arrive, t’as peur de quoi ?
FREDERIC : C’est de votre faute aussi, cette idée de m’habiller en femme !
ODETTE : Mais ce n’est pas grave, tu vas te déshabiller là-dedans, il n’y verra rien !
FREDERIC : Mais vous ne comprenez rien, ce n’est pas pour ça !
ODETTE : Bin quoi alors ?
FREDERIC : Le futur marié de Sophie…C’est moi !
HELENE : Je m’en doutais !
ODETTE : Moi aussi !
FREDERIC : Et la belle-mère, elle va me reconnaître…
HELENE : Mais non, pas habillé comme ça, et puis c’est la robe qu’elle vient voir,
pas le bonhomme, enfin, la bonne femme en-dessous.
(Retour de Jacques, Odette fait « chut » du doigt)
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SCENE 5 FREDERIC-HELENE-ODETTE-JACQUES
JACQUES : Voilà Noémie, et le jupon qui va avec, allez les filles, on essaye de
m’ajuster ça, moi je reviens tout à l’heure, je vais faire la caisse…J’espère que vous
avez bien travaillé pendant mon absence.
HELENE : Oh ! Oui Monsieur, je crois que vous allez être content.
JACQUES : Et bien tant mieux, je vais voir ça, à toute à l’heure.
(Jacques sort).
SCENE 6 FREDERIC-HELENE-ODETTE
ODETTE : Il est parti compter ses sous, on va être tranquille un moment.
FREDERIC : Qu’est-ce qu’on va faire ?
HELENE : Et bien, tu vas la mettre !
FREDERIC : Ah non !
ODETTE : Qu’est-ce que tu veux faire d’autre ?
FREDERIC : Oui, mais la belle-mère ?
ODETTE : Eh bin ! Elle ne va pas te manger, et puis elle ne te reconnaitra pas ta
belle-mère, et puis même si elle te reconnaît, on la fera taire, pas vrai Hélène ?
HELENE : Ben oui, allez, passe là
(Frédéric passe la robe)
HELENE : Elle te va à ravir, t’es rudement belle avec ça !
FREDERIC: Oh ça va hein!
ODETTE : Ah, si j’étais un homme, je me marierai bien avec toi !
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HELENE : Moi aussi !
(Frédéric hausse les épaules)
ODETTE : Quel succès dit donc, tu révèles même les célibataires endurcies…
HELENE : Endurcies, endurcies, pas plus que toi !
FREDERIC : C’est bientôt fini oui, toutes les deux là, je suis assez énervé comme
ça !
(Entrée de Margot, Frédéric tourne le dos)
SCENE 7 FREDERIC-HELENE-ODETTE-MARGOT
MARGOT : C’est moi, bonjour tout le monde
ODETTE : Bonjour Margot !
HELENE : Bonjour Margot, et bien voilà Noémie.
MARGOT : Il n’est pas là Monsieur Jacques, je lui ai apporté des confitures de mûres,
je sais qu’il aime bien ?
ODETTE : Non, il est dans son bureau là-haut, il compte ses sous…
(Margot tourne doucement autour de Frédéric, en regardant la robe et arrive
finalement en face de lui).
MARGOT : C’est vrai qu’elle va être rudement belle avec ça !
ODETTE : Pour sûr !
MARGOT : Et dire, que lui il est si laid…
HELENE : Mais non ! Il faudra nous l’envoyer, on a reçu des beaux costumes italiens,
vous verrez il sera tout bellot là dedans, un vrai Alain Delon !
MARGOT : Ah oui, Alain Delon, avec une boucle d’oreille et puis une queue de
cheval ! Faudrait commencer par lui faire couper ses cheveux.
ODETTE : (regardant Frédéric qui acquiesce discrètement) Oh bin, ça, ça doit
pouvoir s’arranger.
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MARGOT : Il faudrait arriver à le décider !
ODETTE : Sûr qu’on y arrivera, pas vrai Hélène ?
HELENE ; Bien sûr, Odette elle fait même coiffeuse à ses heures perdues, les
hommes lui résistent, mais les cheveux jamais.
MARGOT : Je ne demande qu’à vous croire…
ODETTE : (Regardant Frédéric qui acquiesce à nouveau) Tu peux nous croire
Margot, c’est comme ci c’était fait.
MARGOT : Bin, ce serait rudement gentil de ta part.
(Regardant à nouveau la robe). Il ne faudrait pas la reprendre un peu là ? Du combien
vous faites mademoiselle ?
FREDERIC : Du 42
MARGOT : Sophie aussi, c’est vrai que vous êtes quasiment taillée comme elle, je
suis sûre que vous vous entendriez bien toutes les deux.
FREDERIC : Sans doute.
(Entrée de Sophie)
SCENE 8 HELENE-ODETTE-FREDERIC-MARGOT-SOPHIE
ODETTE : Et bin ! Quand on parle du loup…
(Frédéric apercevant Sophie se cache dans la cabine).
SOPHIE : Bonjour tout le monde !
Bonjour Man !
MARGOT : Ben, qu’est-ce que tu fais là ?
SOPHIE : On a pas cours demain, Martine elle revenait à Rinxent, alors j’ai profité de
l’auto, et puis papa m’a dit que vous étiez là, alors me voilà.
MARGOT : Et bien, tu vas pouvoir l’essayer, tu vois mademoiselle, elle faisait le
modèle pour toi… Bin ! Où elle est donc ?
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HELENE : (Montrant la cabine) Là-dedans !
ODETTE : Elle a peur, il paraît que ça porte malheur.
MARGOT : (Approchant de la cabine) C’est rien mademoiselle, on ne va pas vous
gêner, Sophie elle va passer la robe, moi je vous laisse, je vais porter les confitures à
Monsieur Jacques. (A Hélène) Il est dans son bureau ?
HELENE : Oui.
MARGOT : Bin j’y vais . (Sortie de Margot)
SCENE 9 HELENE-ODETTE-FREDERIC-SOPHIE
ODETTE : Dis donc, tu sais c’est qui le stagiaire qui fait le modèle pour toi ?
SOPHIE : Non, pourquoi ? Je la connais ?
ODETTE : Ah oui ! Tu vas avoir une surprise !
(Elle ouvre le rideau, Sophie est surprise puis éclate de rire).
SOPHIE : Qu’est-ce que c’est que cette farce ?
FREDERIC : C’est une idée des deux copines là…Le patron attendait une stagiaire,
elles m’ont habillé en femme, lui il ne sait rien, ta mère non plus. Qu’est-ce que l’on
va faire, ils vont arriver tous les deux ?
HELENE : Il n’y a plus qu’une chose à faire, on dit que t’es arrivé à l’improviste, et
tu mets un costume de marié.
ODETTE : Et puis je te coupe les cheveux, en trois coups de ciseaux c’est fait !
HELENE : Et bien fait !
SOPHIE : Oh, dis donc, ça va te changer !
(Sophie met la robe de mariée)
(Frédéric met un costume de marié et se fait couper les cheveux)
(Tous les deux entrent dans la cabine)
(Retour de Lucien)
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SCENE 10 LUCIEN-HELENE-ODETTE
LUCIEN : Eh les filles ! Margot elle n’est pas là ?
ODETTE : Si, elle est en …
HELENE : Non non, elle n’est pas là .
LUCIEN : Ah ! Parce que je sais qu’elle doit venir avec sa fille pour faire les
essayages.
HELENE : Non, non on ne l’a pas vue.
LUCIEN : Je suis rentré pour changer les pantoufles, hier soir on avait une réunion de
conseil, tu sais comme à chaque réunion de conseil, on fait la troisième mitan, on est
revenu un peu tard, Margot m’a entendu marcher, tu ne pourrais pas me les changer ?
ODETTE : T’es sûr que c’est la bulle qu’elle a entendue ?
LUCIEN : Elle était derrière la porte, elle m’attendait avec le balai, monsieur le maire
ne veut pas comprendre que c’est là que l’on discute le mieux, à la troisième mitan.
ODETTE : On va te les changer, mais tu ne dis rien à personne !
LUCIEN : C’est moi le premier qui va vous demander de ne rien dire.
ODETTE : Ah tu as de la chance, on a encore les mêmes, mais tu t’en souviendras
aux étrennes !
LUCIEN : Oui, tu diras à Monsieur Jacques que s’il n’a plus de timbre d’escompte,
qu’il mette un gant de toilette de côté. Au revoir les filles.
(Sortie de Sophie et Frédéric de la cabine)
(Retour de Jacques et Margot)
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SCENE 11 ODETTE-SOPHIE-FREDERIC-JACQUES-MARGOT
MARGOT : Ah bin ! Vous êtes là, vous aussi ?
FREDERIC : Hé bin oui, je suis arrivé. Bonjour Monsieur, bonjour Madame.
JACQUES : Bonjour Sophie, Bonjour Monsieur.
MARGOT : (A Frédéric) Vous savez, vous, habillé comme ça, il va falloir vous
habituer à m’appeler maman.
FREDERIC : Oui, maman.
MARGOT : Ah ! Ca c’est bien, c’est vrai, on n’a pas fait les présentations, Monsieur
Jacques, je vous présente mon futur beau-fils, Frédéric.
JACQUES : Frédéric ! Ah non, attendez (approchant et dévisageant Frédéric) C’est
pas vrai, Frédérique…Comment avez-vous pu…
FREDERIC : Ceux sont elles qui…
MARGOT : (A Odette) C’est vrai, vous lui avez coupé sa queue !
ODETTE : Oui, dans tous les sens, enfin, habillé comme ça, il l’aurait plutôt
retrouvé !
JACQUES : Ah vous m’avez bien…On s’expliquera plus tard (avançant pour parler
au public) Restons commerçant, une robe, un costume, on ne va pas manquer
l’affaire !
(Entrée du curé)
SCENE 12 HELENE-ODETTE-FREDERIC-SOPHIE-MARGOTJACQUES-LE CURE
LE CURE : Bonjour tout le monde.
TOUT LE MONDE Bonjour Monsieur le curé
LE CURE : (Voit le caleçon, le prend et s’approche de Jacques) A la voilà cette petite
merveille. Alors c’est vous Monsieur Jacques ?
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JACQUES : Oui, c’est moi. C’est pourquoi Monsieur le Curé ?
LE CURE : Ca y est, l’économe est décidé, il m’en faudrait 30.
FREDERIC : (Victorieux) Oui !
ODETTE : (A Jacques) Alors ça y est, embauché Frédéric ?
JACQUES : Et bien…Et puis oui, de toutes façons, j’en avais marre d’être le seul
homme dans cette boutique !
FREDERIC : Ouais !
MARGOT : (Prend le caleçon et s’adresse à Hélène et au public) Bin moi, je n’y
comprends rien, c’est quoi ce caleçon ?
HELENE : (Vers le public) Ca c’est un nouveau modèle de caleçon qui vient de sortir,
ça s’appelle un CALECON D’EMBAUCHE !
RIDEAU
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