Androstanediol (3 α-) et son glucuronide

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Androstanediol (3 α-) et son glucuronide
Androstanediol (3 α-)
et son glucuronide
La testostérone est transformée en 5 αdihydrotestostérone (DHT) par la 5 α-réductase,
enzyme qui se trouve dans les follicules pileux, les
organes génitaux externes, le foie. La DHT est ensuite
convertie préférentiellement par 3 α-réduction en 5 αandrostane, 3 α, 17 â-diol (3 α-androstanediol), étape
réversible, et avec un moindre rendement par 3 âréduction en 5 α-androstane, 3 â, 17 â-diol (3 âandrostanediol), étape irréversible. Les enzymes
nécessaires se trouvent au niveau du foie et des tissus
cibles (peau, prostate). Le 3 α-androstanediol est
ensuite glucuroconjugué irréversiblement en glucuronide de 3 α-androstanediol.
Le glucuronide de 3 α-androstanediol est intéressant
dans l’exploration de certaines hyperandrogénies. En
effet :
• c’est le métabolite terminal de la voie des androgènes
17 hydroxylés actifs : son taux dépend de la quantité
d’androgènes en amont (testostérone, androstènedione…) et de leur transformation en DHT ;
• son élimination étant essentiellement urinaire, sa
détermination sur un échantillon des urines de
24 heures est plus informative que sur un échantillon
sérique ;
• son taux urinaire est un meilleur reflet de l’androgénicité que la DHT, car le taux plasmatique de la
DHT reflète la conversion hépatique de la testostérone et de l’androstènedione, sans prendre en compte
la DHT intracellulaire, utilisée au niveau des cellules
cibles et métabolisée en androstanediol ;
• la forme libre du 3 α-androstanediol étant en équilibre réversible avec la DHT, son taux circulant plasmatique est moins intéressant et ne représente que
10 % du taux du glucuronide sanguin ;
• le taux de 3 â-androstanediol ne provient pas seulement du métabolisme de la DHT et son élimination
urinaire est très inférieure à celle du 3 αandrostanediol.
Le glucuronide de 3 α-androstanediol est un marqueur
du métabolisme périphérique des androgènes et son
taux sérique circulant est corrélé à l’activité 5 αréductasique : l’étude directe de cette enzyme n’est possible que sur des biopsies de peau, mais constitue une
méthode sensible pour estimer la consommation cutanée des androgènes. L’activité de la 5 α-réductase est
stimulée par les taux circulants d’androgènes, mais
aussi par des facteurs génétiques et le système insu-
line/IGF-1, IGF-BP : son activité androgénodépendante
semble bien corrélée au taux urinaire du glucuronide de
3 α-androstanediol.
Le glucuronide de 3 α-androstanediol est hydrolysé
pendant 24 heures par une â-glucuronidase, puis extrait
par un solvant organique, séparé par chromatographie
sur une colonne de célite, puis dosé par une technique
radioimmunologique à l’aide d’anticorps polyclonaux
(méthode de référence).
Les valeurs usuelles sont :
• sérum :
– femmes : 1 à 27 nmol/l (0,3 à 7,9 ng/ml) ;
– hommes : 8,5 à 80 nmol/l (2,5 à 23,6 ng/ml).
• urines :
– femmes : < 0,3 μmol/24 h (< 90 μg/24 h) ;
– hommes : 0,2 à 0,55 μmol/24 h (58 à 160 μg/24 h).
Chez les enfants, les taux s’élèvent parallèlement aux
stades pubertaires. Les taux du glucuronide de 3 αandrostanediol diminuent avec l’âge.
Chez la femme, le taux du glucuronide de 3 αandrostanediol est élevé dans environ 60 % des cas
d’hyperandrogénie clinique. Dans 20 % des cas, cette
élévation constituera le seul signe biologique en association avec une activité 5 α-réductasique élevée. Les taux
d’androgènes (testostérone, DHT, androstènedione…),
de la protéine porteuse liant la testostérone et l’estradiol
(TeBG) sont normaux, ainsi que le récepteur des
androgènes. Les signes cliniques d’hyperandrogénie
n’évoquent pas de pathologie surrénalienne ou ovarienne. Ces cas, regroupés sous le terme d’« hirsutisme
idiopathique », sont également appelés « hirsutisme par
hyperactivité primitive constitutionnelle de l’enzyme »,
ou « par hypersensibilité cutanée sans hyperproduction
d’androgènes ». D’une manière plus générale, le taux
urinaire du glucuronide de 3 α-androstanediol peut
aider à la surveillance thérapeutique des hyperandrogénies quelle qu’en soit l’origine.
Chez l’homme, un taux abaissé du glucuronide de
3 α-androstanediol reflète un état d’hypogonadisme,
soit pathologique, soit en relation avec l’âge (partial
androgen deficiency in aging males). De même, le taux
urinaire aide à la surveillance thérapeutique des traitements hormonaux substitutifs des hypogonadismes.
Des taux élevés peuvent être rencontrés au cours de
l’hyperthyroïdie, sans signe clinique de virilisme.
N.B. : androstanediol « libre » et androstanediol « glucuroconjugué » :
La détermination des taux sanguins d’androstanediol
« libre », c’est-à-dire non glucuroconjugué, ne présente
pas d’intérêt en routine : en recherche clinique, le rap-
Figure 19. Anabolisme des stéroïdes.
aldostérone
S-DHA
déhydroépiandrostérone
androsténediol
3 0L-déshydrogénase
170H prégnénolone
170H progestérone
corticostérone
11-désoxycorticostérone
11-désoxycortisol
Delta-4
androstènedione
11-hydroxylase
progestérone
prégnénolone
21-hydroxylase
cholestérol
cortisol
cortisone
11β-OH-Delta-4
androstènedione
adrénostérone
testostérone
5 alpha-réductase
dihydrotestostérone
voie delta-5
voie delta-4
port de ces deux formes d’élimination a été proposé
dans certains protocoles de recherches cliniques, initiés
lors de l’établissement de mécanismes physiopathologiques.
Dans les urines, la forme prépondérante d’élimination
à plus de 95 % est le glucuronide d’androstanediol
(figure 19).
androstanediol
glucuronide d’androstanediol
☞
(
Dihydrotestostérone, Testostérone
Labrie F, Bélanger A, Bélanger P, Bérubé R, Martel C, Cusan L, et al.
Androgen glucuronides, instead of testosterone, as the new markers of
androgenic activity in women.
J Steroid Biochem Mol Biol 2006 ; 99 : 182-188.