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HIVER 14 Bimestriel Surface approx. (cm²) : 2089 N° de page : 96-99 13, Rue de Nesle 75006 Paris - 01 44 41 97 20 Page 1/4 LIANALEVI 3847419300508/GTG/OTO/3 Eléments de recherche : ÉDITIONS LIANA LEVI : maison d'édition située à Paris (5ème), toutes citations HIVER 14 Bimestriel Surface approx. (cm²) : 2089 N° de page : 96-99 13, Rue de Nesle 75006 Paris - 01 44 41 97 20 Page 2/4 Entretien EMMANUEL GRAND COURSE CONTRE LA MORT Terminus Belz Propos recueillis par VIRGINIE Vicou ROUX À quoi reconnaît-on un bon polar? Au fait qu'on ne peut pas le lâcher de la première à la dernière page. Eh bien, Terminus Belz est de cette trempe-1 à ! Avec une scène d'ouverture qui vous met immédiatement dans l'ambiance, ce roman, le premiensigné par EMMANUEL GRAND, tient toutes ses promesses. LIANALEVI 3847419300508/GTG/OTO/3 Eléments de recherche : ÉDITIONS LIANA LEVI : maison d'édition située à Paris (5ème), toutes citations HIVER 14 Bimestriel Surface approx. (cm²) : 2089 N° de page : 96-99 13, Rue de Nesle 75006 Paris - 01 44 41 97 20 Page 3/4 «QUAND J'AI DECIDE D'ECRIRE CE ROMAN, JE VOULAIS UNE HISTOIRE QUI FONCTIONNE UN PEU COMME UN MÉCANISME D'HORLOGERIE. J'ÉTAIS FASCINÉ PAR LES THRILLERS AMÉRICAIN SD'ELLROY, LEHANE OU KING CAR ILS ONT CETTE INTELLIGENCE DE L'INTRIGUE. » — EMMANUEL GRAND ^ EMMANUEL GRAND est invité au festival Quais du polar (Lyon, 4-6 avril). AVEC TERMINUS BELZ, vousjjites une entrée réussie sjjrj a scène du polar. Etait-ce une évidence pourj/pjjs que votre premier roman serait un policier? EMMANUEL GRAND — Depuis tout petit je suis fasciné par la construction Adulte, je suis resté assez habile de mes mains et surtout habité par cette passion de construire. Quand j'ai décidé d'écrire ce roman, je voulais une histoire qui fonctionne un peu comme un mécanisme d'horlogerie. J'étais fasciné par les thrillers américains d'Ellroy, Lehane ou King car ils ont cette intelligence de l'intrigue. C'est le fameux «page turner» anglo-saxon, elle genre le plus adapté à ce type de construction avec ses intrigues, ses sous-mtngues, ses mystères et ses résolutions, ses pistes, vraies ou fausses, c'était le polar, sans aucun doute. De ce fait, que mon premier roman soit un poîar s'est imposé comme une évidence. Était-il importjmtjpour vous de traiter cer; tains sujets cle nos^ociétés actuelles comme les réseaux d'immigration jilandestiqe_et lajiejjr de l'autre ? E, G. — C'est une autre caractéristique du polar : c'est un genre (mais pas le seul) qui permet de parler du réel, voire qui se donne le réel pour objet. Plus on est proche du réel, plus on implique le lecteur dans l'histoire. Ce peut donc être vu dans un premier temps comme un ressort narratif. Mais c'est aussi important sur le fond car l'objectif que je me suis fixé avec ce texte ne concerne pas seulement sa construction, mais aussi sa capacité à atteindre l'humanité des personnages. Je ne traite pas de l'immigration clandestine ou de la peur de l'autre, car ce n'est pas une thèse, mais je plonge des personnages d'aujourd'hui dans des situations de notre temps ; et la façon qu'ils ont de se comporter dans ces situations nous en dit un peu plus sur eux, et sur nous. Car bien entendu, je ne peux le cacher, il y a une vision du monde embusquée derrière l'histoire de Marko et Caradec, LIANALEVI 3847419300508/GTG/OTO/3 et qui transparaît, par capillarité Elle concerne en effet l'immigration clandestine, la peur de l'autre, mais aussi la dureté du travail de ces pêcheurs, l'étau économique dans lequel ils se trouvent et un peu de scepticisme à l'égard de certains aspects de notre monde moderne. Dès le début nous sommes enchaînés au destin de Marko, nous avons peur pour l u i , nous ne pouvons plus lâcher le livre. Comment avez-vous travajMé Bour installer cette tension ? E. G. — J'ai travaillé de manière très empirique. Je n'ai jamais fait d'études de lettres et n'ai pas pu mobiliser tout l'arsenal d'outils que l'on enseigne dans les ateliers d'écriture. J'ai un peu étudié le piano jazz; et dans le jazz, la meilleure manière d'apprendre l'improvisation, c'est de répéter les soles des grands jazzmen. L'apprentissage par coeur... c'est ce que j'ai fait. J'ai pris des bouquins de grands auteurs etj'ai essayé de comprendre. Etj'ai compris un certain nombre de choses... Pas tout. Il me reste beaucoup à apprendre. On touche ici au secret de fabrique.. Je ne vais vous révéler qu'une chose, qui d'ailleurs fait étrangement écho au jazz: le rythme est la clé. Le rythme ne doit jamais abandonner l'histoire. Comme il n'abandonne jamais Miles Davis, même quand il joue peu. Le rythme de l'ensemble. Le rythme des parties Le rythme des chapitres. Le rythme dans chaque page. Votre histoire est vraiment ancrée dans le réel tout au long de cette course-poursuite, jusqu'à ce que le surnaturel cueille le lecteur par ie biais dè légendes bretonnes. Ainsi l'AjnkouJJ'jinglejie la mortj d e v i e n t u r ^ v r a i ressort de |Mntrij|ue. Connaissiez^vous ces^crovances ayantde débouter yptre_roman? E. G. — Oui. Enfin, je n'étais pas un expert, mais à vrai dire, tout est parti de là. L'origine de ce roman remonte à une lecture d'un recueil d'Anatole le Braz paru dans la collection «Bouquins» en 1996 et inti- Eléments de recherche : ÉDITIONS LIANA LEVI : maison d'édition située à Paris (5ème), toutes citations HIVER 14 Bimestriel Surface approx. (cm²) : 2089 N° de page : 96-99 13, Rue de Nesle 75006 Paris - 01 44 41 97 20 Page 4/4 tulé Magies de la Bretagne Et puis, au cours d'un voyage à Etel, près de Beiz, j'ai assisté à une cérémonie du pardon breton Je me suis dit que ce pays était décidément resté très attaché à ses traditions et j'ai voulu en savoir plus. Dans ce bouquin très épais, que j'ai lu avec gourmandise, j'ai trouvé quatre lignes qui retraçaient une petite histoire et je me suis dit qu'il y avait matière à roman Ces quatre lignes sont reproduites dans le livre et elles ont une importance toute particulière dans l'histoire Vos personnages sont bien croques et beaucoup s^jnjirèsjttachants^JljLajiptarnment Claude Venel, libraire hajJt en cc>uleur,jjui aide Marko dans ses inYestijgaJ;iojTs\j^lo^j^rnjd[o;yj^nj^e profession? E. G. — Claude Venel, le libraire, est un personnage que j'aime beaucoup et pas seulement parce que j'e me suis inspiré, pour une bonne part, d'un de mes grands cousins, littéraire, enflammé et expert dans une variété impressionnante d'alcools de plus de 40° Venel est attachant car il est à lui seul une avalanche de contradictions À la fois tonitruant et fragile comme une coquille d'escargot, à la fois éperdu d'admiration devant quèlques lignes prises au hasard dans L'Odyssée et désespéré de donner une telle place dans sa librairie a des livres médiocres parce qu'il faut bien vivre C'est un défenseur de la différence bretonne et un vrai citoyen du monde levant son verre à la Grèce antique et à la Chine, berceaux de notre civilisation Enfin, c'est un amoureux de l'écrit. En écrivant ces pages, je n'avais pas rencontre de libraires comme j'ai eu l'occasion de le faire depuis quèlques semaines J'ai découvert des gens épatants et passionnés. Et je ne cesse de dire autour de moi d'acheter les livres dans les librairies et nulle part ailleurs... Pour ce qui est du penchant pour la bouteille, je vous propose que nous convenions conjointement qu'il s'agit d'un attribut plus directement emprunté a la corporation des antiquaires • LIANALEVI 3847419300508/GTG/OTO/3 Eléments de recherche : ÉDITIONS LIANA LEVI : maison d'édition située à Paris (5ème), toutes citations