Atelier Forum 18 Aout 2016 (3) .docx à proposer.

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Atelier Forum 18 Aout 2016 (3) .docx à proposer.
École lacanienne de psychanalyse - Nantes Atelier/Forum
Psychanalyse / Folie / Psychiatrie : dé-tressées ?
Année 2016-2017
Five Day Forecast. Lorna Simpson. 1991 Tate Modern. Londres
Les lundis 19 septembre, 10 octobre, 14 novembre, 12 décembre 2016,
9 janvier, 6 février, 6 mars, 15 mai et 12 juin 2017, à 20 heures 45,
salles C ou E,
à la Maison des Syndicats,
1 Place de l’Etat, Ile de Nantes, à Nantes.
Entrée libre
À propos,
„Schreber Président 1“
Le rapport de la psychanalyse à la folie se trouve lié d'emblée à la psychiatrie par l’étude de Freud, Le
Président Schreber. Un cas de paranoïa, publiée dès 1911. Jung offre à Freud Les mémoires d’un
névropathe que Daniel Paul Schreber rédige sur la base de notes prises au cours de son internement à
l’asile, dans le temps où il recouvre un certain apaisement (entre 1900 et 1902). Dans son texte, Freud
interprète « à distance », répondant (d’une place d’herméneute ?) à l’appel de Daniel Paul Schreber. Il
propose un sens au délire, autorise une sortie des théories de la dégénérescence et ouvre une voie
nouvelle pour la psychiatrie et la psychanalyse, en incluant la folie dans le « champ de discursivité »2 de
la psychanalyse. Le singulier transfert de Schreber sur Fleschsig dans la clinique duquel il est d’abord
interné, sert d’axe à l’interprétation freudienne autour des liens qu’il suppose de la paranoïa avec une
défense contre l’homosexualité. Freud tresse ainsi folie, psychanalyse et psychiatrie en ouvrant une voie
à l’écoute du délire, mais en refermant aussitôt le foisonnement schrebérien sous les verrous d’une
théorie qui tend, surtout au fur et à mesure des générations de commentateurs, à masquer son objet et
à s’y substituer.
Des lieux pour des processus de subjectivation ?
En France, des psychiatres réfugiés à Saint-Alban pendant la seconde guerre mondiale, mettent en acte
autour de la folie, dans des conditions asilaires où les patients meurent de faim, des notions liées au
marxisme, à la psychanalyse et à la psychiatrie en un mouvement initié par François Tosquelles, nommé
par Georges Daumézon, « psychothérapie institutionnelle ». De cet élan historique, relevons seulement
deux faits : Tosquelles, réfugié de la guerre d’Espagne, fait imprimer la thèse de Lacan et la fait
connaître et, dès 1953, Jean Oury crée la Clinique de La Borde qui devient un lieu expérimental
permanent. Le marxisme, autre discursivité, selon Foucault, prend en compte les réalités sociales dans
lesquelles s’enracine la ségrégation asilaire. Il inspire la psychiatrie de secteur à venir, puis
partiellement l’antipsychiatrie. Le nouage « marxisme, psychanalyse et psychiatrie » se constitue autour
de la folie à partir de la psychiatrie, de façons diverses, mais imprime un mode de soin largement
dominant dans les lieux de soin de 1960 à presque 2000, au point que Jean Oury écrit : « psychothérapie
institutionnelle et psychiatrie sont la même chose ». « Un principe essentiel, sur lequel s’appuie notre
praxis, est l’abord multidimensionnel de la psychose. « Multidimensionnel » ne veut pas dire étanchéité
entre diverses « dimensions », mais mise en acte d’approches différenciées : le social, le psychologique,
le psychanalytique, le biologique. »3 Les tressages sont donc multiples. Les ratages poussent aux reprises
et donc, à des discontinuités, à des répétitions fécondes. Les tissus se recomposent au gré des nouages
de l’art des acteurs.
Un certain nombre de conditions légales, politiques, économiques, idéologiques ont largement mis à mal
ces zones de travail collectives gagnées depuis des dizaines d’années. Le primat du biologique, dans le
cadre général du « biopouvoir », a nommé « maladie » des souffrances en créant de nouveaux syndromes
dont l’autisme4, fait qui révèle les soubassements économiques et idéologiques des théorisations. Est-ce
qu'aujourd'hui les champs de la psychanalyse et de la psychiatrie se détressent ? Dé-tressées par la force
du DSM ou des neuro-sciences ? Stressées, elles deux, dans l‘anomie sociale galopante? Faut-il vraiment
en pâtir ? Le vivre en détresse devant la folie laissée à la sauvagerie sociale ? Ou bien trouver là cause à
élargissement, à nouvelles inventions ?
Lacan : inspirateur de tresse ?
Contrairement à Freud, Lacan aborde la question de la psychose en psychiatre dans sa thèse de
médecine, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, la « longue
monographie5» de celle qu’il nomme Aimée A., « observée durant un an et demi environ. » Les deux
disciplines sont donc biographiquement liées pour lui et il ne semble pas que jamais il les oppose. Son
parcours, à partir de sa thèse, peut être perçu comme une tentative de forger des outils pour l’objet de
la psychanalyse. En particulier, il met à l’épreuve, dès 1953, son ternaire Réel, Imaginaire, Symbolique,
jusqu’à ses derniers séminaires.
Quand, dans Le moment de conclure6 , le 9 Mai 1978, il propose une certaine « tresse » comme «
représentation » (sic) et si c’est avec cette tresse-là que Jean Allouch remet sur le chantier le devenir
d’Aimée en Marguerite Anzieu, on peut penser, qu’à la fin de son parcours, comme le note ce dernier,
Lacan tente encore de répondre aux questions laissées en suspens dans sa thèse. On peut aussi bien
laisser flotter les derniers mots de ce séminaire qui font écho à nos questions. Ne dit-il pas
« tressé borroméennement », équivalence « non tressé » ? Lacan nous laisse-t-il cette tresse qui serait
tresse du lien social tel que Jean Oury le note, bien au-delà de la folie ? Et que fait-il quand, à I’instant
de conclure, devant son public, il retire sa propre ceinture tressée ? Que ceignait-elle ? Cesse-t-elle alors
de ceindre ? De ceindre le corps absent ? De ceindre les corps souffrants ? Ceux, tous, que la
folie traverse ? Une ceinture tressée trop serrée - de discipline des corps ? Ouvre-t-il intervalle entre
corps et chair ? Là où est l’étoffe ? De quelle « étoffe » 7 est notre psychanalyse, interroge-t-il ? Lacan a
tendu cette ceinture au public du séminaire, libre. Par force, il en est resté là. Comment accueillir
aujourd’hui les lignes d‘erre de la folie féconde ?
Atelier / Forum
•
1 - Si l'on souhaite se pencher, une nouvelle fois, sur le texte de Daniel Paul Schreber, c'est sans
doute, parce qu'aujourd'hui, aucun auteur d'aucun texte ne peut, de la sorte, être épinglé si
fortement d'un diagnostic tel, même sous forme de discussion. Personne ne peut le déplorer. Or,
si le Président Schreber est devenu un paradigme de la psychose bien à ses dépens, (peut-être en
a-t-il souffert de son vivant ?- suggère Jean Allouch, après 1903, date de la publication de ses
Mémoires), s'il faut des conditions exceptionnelles d’histoire, de qualité de récit et de ses
réceptionnaires (Freud d'abord) pour la mise en place d'un paradigme, sa " déconstruction "
requiert aussi des conditions singulières. N'arrivent-elles pas en ce moment de crise dont nous
sommes témoins et acteurs ? La question des diagnostics est aiguë en psychiatrie avec les
classifications du DSM. Mais la psychanalyse ne devrait pas être concernée si elle n'avait, depuis
des lustres, servi d'appui logique et causal à la psychiatrie, en renforçant son propre rôle
descriptif, partageable, sériel des symptômes. Elle a largement aidé à pathologiser la vie sociale,
même si une grande part des psychanalystes se sont employés à résister. L'opportunité d'une
claire dépathologisation de la psychanalyse n'est-elle pas à l'ordre du jour ?
•
C'est pourquoi, re-visiter les diverses étapes du paradigme Schreber, semble un biais pour
aborder, sur un même nom remarquable, les divers abords cliniques et les interroger.
•
Expérimenter la lecture du texte brut, (en français et un peu en allemand). L'oubli actuel trop
fréquent de la parole du « fou » au profit de notations de comportement, une fois passé un
diagnostic rapide, fait de la relecture du texte original, un enjeu politique. Privilégier la lecture à
haute voix laisse espérer des effets de déplacement. Yves Arcaix, comédien, metteur en scène, a
accepté d‘accompagner l’expérience qui sera menée dans un second atelier, en lien avec celuici. Atelier Des Voix . la Maison des Syndicats, 1 Place de l’Etat, Ile de Nantes, à Nantes. Salle
B, 2ème étage, 20h45, 12 /09, 3/10, 3/11 et 5/12/2016, 30/01, 27/03, 24/04, 29/05,26/06/2017.
•
L’Atelier/Forum accueillera aussi toutes expériences actuelles qui entrent dans le cadre du débat
et seront amenées par les présents.
•
Il aura aussi un rôle pour préparer et faire le bilan des conférences qui auront lieu parallèlement.
Joëlle Oury
animera une rencontre autour de son ouvrage, Daniel H. La modeste contribution d’un
pâtissier à l’équilibre terrestre. Paris, Ed. Hermann, 2012. Nantes, Salle de la Médiathèque, Jeudi 3
Novembre 2016, à 20 h. 30.
Il n’y a pas de volonté dans le fait de tresser mais il y faut une plongée dans l’espace. Les intervalles
ainsi ménagés sont juste à disposition.
1 Titre heureux de l’ouvrage collectif aux Ed. Fage , voir ci-dessous.
2
Michel Foucault, Qu’est-ce qu’un auteur ? Revue Littoral 9. 1983. Ed Eres Téléchargeable. Littoral.
Jean Oury, Psychanalyse, psychiatrie et psychothérapie institutionnelles. Vie sociale et traitements. 2007 3 n°95
Ed. Eres.
3
4
Marie-Claude Thomas, Genèse de l’autisme, Freud, Bleuler, Kanner, Paris, Ed. Epel, 2014.
5
Jean Allouch, Marguerite ou l’Aimée de Lacan, p. 18 et 19.
6
Jacques Lacan, Séminaire. Le moment de conclure, 9 Mai 1978. Gaogoa. Web.
7
Ibidem.
Bibliographie.
Daniel Paul Schreber, Mémoires d‘un névropathe, Editions du Seuil, Coll Points, Paris, 1975.
Sigmund Freud. http://www.unebevue.org/l-unebevue-editeur/freud-zone/84-remarques-psychanalytiques-sur-uncas-de-paranoia. Edition bilingue.
Le Président Schreber. Un cas de paranoïa, Paris, Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2011.
Jacques Lacan, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, suivi de Premiers écrits sur la
paranoïa, Ed. du Seuil, Paris, 1975.
Jacques Lacan, Séminaire III. Les psychoses, Sur le net : Staferla (staferla.free.fr)
Jacques Lacan, Ecrits, D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose, Ed. Du Seuil, Paris,
1966.
Jean Allouch, Marguerite ou l’Aimée de Lacan, Paris, EPEL, 1991.
Jean Allouch L'ingérence divine II Schreber théologien. Béatitude, volupté, jouissance. Paris, Ed. Epel, 2013.
Jean Allouch L’Autresexe, Paris, Ed. Epel, 2005.
Guy Le Gaufey, Une archéologie de la toute-puissance, Paris, Epel, 2014.
Maud Mannoni. Le psychiatre, son fou et la psychanalyse, Paris, Éditions du Seuil, 1979 .
Laure Murat, L’homme qui se prenait pour Napoléon : pour une histoire politique de la folie. Paris. Ed. Gallimard,
2011
Revue du littoral N° 40. Témoin Schreber. Epel-edition.com à télécharger.
Cahier de l'Unebévue, Saint Foucault un miracle ou deux ? Ouvrage collectif sous la direction de Mayette Viltard.
L'Unebévue-éditeur.
Cahier de l'Unebevue, Écrits inspirés et langue fondamentale, L'Unebévue-éditeur, 1993. Ouvrage collectif sous la
direction de Mayette Viltard.
Un dire atopique- Daniel Paul Schreber, Collectif elp, Epel. 2014.
Actifs Schreber Président , sous la direction de Petitjean, Smith et Thiellement, Fage Editions, 2006.
Bibliothèque ecole-lacanienne.net
L’Unebévue, revue. N°2-L’Elangue, unebevue.org, téléchargeable.
Contact: Ecole lacanienne de psychanalyse. 110 Bd Raspail, 75006 Paris. Ecole-lacanienne.net