Discours du Proviseur - Lycée Français Charlemagne

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Discours du Proviseur - Lycée Français Charlemagne
Discours du Proviseur
Monsieur le Consul Général de France,
Honorable, Monsieur le Député-maire,
Monsieur le Président du Jury du baccalauréat,
Monsieur le Directeur Départemental de l’Education,
Monsieur le Président de l’Association des Parents d’Elèves,
Mesdames et Messieurs les Proviseurs,
Mesdemoiselles et Messieurs les Lauréats,
Mesdames et Messieurs les Membres du Jury
Mesdames et Messieurs les Enseignants et Personnels du lycée Charlemagne,
Distingués invités,
En cette année anniversaire du lycée Charlemagne, qui célèbre ses 40 ans,
nous sommes en cette soirée rassemblés pour fêter nos lauréats du
baccalauréat à l’occasion d’un rituel qui consacre la fin de leur scolarité
secondaire et pour la majorité d’entre eux, un départ vers d’autres cieux
que ceux du Congo.
Si vous êtes réunis, chers élèves, c’est parce qu’en dépit de toute la
gamme de vos diversités, vous êtes unis.
Unis par une force, beaucoup plus simple, infiniment plus grande que
l’immense palette de vos connaissances déjà pointues, unis par un même
élan, un même désir, un même appétit.
Oui si vous êtes ensemble aujourd’hui, c’est parce que vous partagez la
même confiance qui vous éclaire et vous anime, celle de vouloir
apprendre. Vouloir continuellement apprendre et affronter les épreuves de
la vie.
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 Apprendre pour vous accomplir dans toute la richesse de votre potentiel.
 Apprendre pour rechercher sans orgueil, en toute humilité, l’excellence.
 Apprendre pour vivre dans ce que j’appellerai une inquiétude salutaire,
inquiétude, bien sûr, au sens étymologique du terme, celui d’un refus
d’une immobilité satisfaite, celui d’une pensée constamment en éveil et en
mouvement qui ne cède rien sur son désir de savoir.
Je voudrais, Mesdames et Messieurs, rappeler ici, quelques mots de
Jacqueline de Romilly, ce chercheur brillant, double lauréat du Concours
général, une femme qui souffrit des heures sombres traversées par la
France au cours de la Seconde Guerre mondiale et qui dut s’affranchir
tout au long de sa carrière des préjugés sexistes. Un chercheur
exceptionnel qui donna un nouvel éclat aux études grecques, un
professeur de passion surtout, qui disait que son parcours avait été dirigé
par l’émerveillement. Elle donna à cette passion, une expression plus
large que celle de son champ disciplinaire pour promouvoir une humanité,
une curiosité, un amour constant pour l’apprentissage de ce qu’elle
appelait, je cite :
« Cet effort incroyable pour faire triompher la lumière sur les
ombres. »
Et je crois que c’est la raison la plus profonde qui nous rassemble
aujourd’hui, cette volonté pleine et entière d’exprimer toutes nos
capacités, cette foi profonde dans le savoir. En cela le projet scolaire
s’accomplit ; mieux, il se sublime en projet de vie globale, à la fois éthique
et scientifique, complet et profond.
C’est évidemment un projet singulier dont les objectifs et les modalités
sont spécifiques à chacune et chacun d’entre vous mais ce n’est pas et ce
ne saurait être un projet solitaire et dans ce lycée Charlemagne où des
générations se sont, pour reprendre l’expression imagée de Montaigne
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« Frottés et limés la cervelle à celle d’illustres Maitres »,
où ils se sont nourris et ont construit leurs savoirs.
Vous me permettrez de placer au centre de votre parcours, au cœur de la
dynamique qui vous a menée jusqu’ici, un geste : celui de la transmission,
une figure, celle du professeur.
Je parle bien sur sous le contrôle des latinistes férus qui se trouvent dans
l’auditoire, l’excellence, étymologiquement est une élévation mais elle est
aussi une révélation. Eh bien, dans ce double mouvement, vous avez vous, lauréats, élèves -bénéficié d’une main tendue, celle bienveillante et
rassurante d’enseignants, qui pour certains vous ont révélé à vous-même,
qui ont su réveiller en vous tous, la joie d’étudier, d’apprendre et vous ont
hissé à ces sommets. Certains vous ont accompagné jusqu’à cet après midi
de résultats, je crois qu’ils sont fiers de votre parcours, je veux les saluer,
les remercier et à travers eux saluer et remercier tous ces maîtres, « ces
jardiniers en intelligence humaine » comme les appelait Victor Hugo qui
accompagnent chaque jour les élèves vers l’épanouissement et le savoir,
mais plus largement l’ensemble des personnels du lycée car que serait le
pilote d’un avion sans les personnels de bord ou les mécaniciens ?
Une pensée également pour vos parents. Ce sont vos meilleurs alliés. Tout
au long de vos apprentissages, ils vous ont soutenus matériellement autant
que moralement. Ils sont légitimement fiers de vous, vous pouvez leur
manifester votre gratitude. A travers l’action du comité de gestion, ils
s’évertuent également à vous garantir les meilleures conditions de travail.
Votre succès vient récompenser leurs efforts, leurs sacrifices parfois, et
tout l’amour qu’ils vous manifestent jour après jour.
La soirée des bacheliers est maintenant bien inscrite dans le calendrier
scolaire annuel. Elle est un moment fort dans la vie de notre
établissement, dans la vie du LFC, comme on le désigne affectueusement.
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J’adresse donc mes chaleureuses félicitations à tous les bacheliers de cette
promotion des « quarante ans » qui se sont illustrés pour maintenir
brillamment le défi des 100% en dépit d’épreuves difficiles et d’un
baccalauréat relevé cette année mais chacun sait « qu’à vaincre sans
périls on triomphe sans gloire ».
Un vif remerciement à vous mes chers élèves dont les résultats feront taire
momentanément les quelques rares gorgones des plages du week end,
toujours promptes à critiquer notre établissement, et qui de l’éducation,
n’ont qu’une vision réductrice, et qui devrait se résumer à un
stakhanovisme d’heures accumulées, à une érudition feinte au détriment
de ce qui fait notre force à Charlemagne, travailler sérieusement sans se
prendre au sérieux, en privilégiant aussi l’indispensable part de plaisir
dans l’acte éducatif.
Je sais qu’à cette manifestation, on fait dans d’autres cénacles le procès
d’un club pour « Happy fiew », une élite qui n’aurait pas à être révélée à
l’école. Personnellement, je veux être très clair, que cette cérémonie
reconnaisse dans ses lauréats autant de promesses en devenir, n’arrive pas
à me choquer. Laissons la médiocratie à ceux qui voient en elle l’alpha et
l’oméga et savourons ensemble ce moment au charme suranné mais
vivifiant, symbole de l’éducation « à la française ».
La société de la connaissance qui se construit sous nos yeux a besoin d’une
élite et il me semble tout à fait légitime que notre école récompense ses
élèves les plus talentueux, c’est le principe même de notre méritocratie
républicaine. Cette cérémonie met en avant le talent, le mérite et toutes les
formes d’intelligence.
Notre établissement, le système éducatif nécessitent une élite. Ne nous
méprenons pas, cette cérémonie porte en elle l’esprit des Lumières, la
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reconnaissance du mérite de chacun, la volonté de se réaliser pour soi et
pour l’ensemble de la collectivité parce que comme le disait Montesquieu :
« Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être au -dessus des
Hommes, il faut être avec eux. »
Toutefois, l’excellence devient stérile si elle nie l’altruisme, dans
l’expression pleine et entière de ses capacités, elle demeure vaine si audelà de la fierté pleine d’humilité du chemin parcouru, elle ne porte pas
des valeurs fortes de générosité et de contribution au vivre ensemble.
Eh bien aujourd’hui dans toute votre diversité, vous incarnez les modèles
éducatifs pour notre école de demain, votre curiosité, votre désir
d’apprendre s’appuient sur la stimulation et le désir constant de vos
professeurs et de vos familles. Plus que des savoirs ressassés vous illustrez
une pratique vivante, dynamique du savoir, une capacité à comprendre et
à résoudre des problèmes, à adapter vos connaissances et vos compétences
aux enjeux, bref, une véritable intelligence en éveil.
Tous, ici présents,
êtes parvenus à une étape importante de votre
parcours scolaire. Importante mais pas déterminante. Importante mais
pas définitive. Cette cérémonie est une reconnaissance, elle n’est pas une
consécration. Elle doit être au contraire pour chacun de vous un appel et je
reprends les mots de Jacqueline de Romilly
« Vers un idéal supérieur qui serait quelque chose de durable
et de beau. Le sens de la grandeur humaine est un but, une
conquête, un effort renouvelé auquel un Homme digne de ce
nom doit consacrer toutes ses forces »
Vous allez bientôt quitter cet établissement, devenir autonomes,
pleinement maîtres de vos destins, dans tous les cas, vous allez affronter
de nouveaux défis qui aiguiseront encore votre intelligence et vous
révèleront sans doute toute la richesse de ce que vous avez déjà acquis au
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sein de cette école et vous vous souviendrez sans doute de ce moment rare,
exceptionnel qui valide la qualité de votre parcours.
Avant de conclure, je tiens à remercier nos généreux donateurs sans qui
cette soirée ne serait pas possible ainsi que les membres du comité de
gestion avec lesquels l’équipe de direction partagent la même ambition de
faire du lycée un lieu de savoir pour nos élèves, un centre de ressources et
de coopération en faveur de la francophonie et un vecteur consubstantiel
au développement de l’influence économique française au Congo.
Enfin, je souhaiterais saluer notre Consul général, Patrice SERVANTIE,
qui, après 4 années passées au service de la communauté française, quitte
Pointe-Noire.
Je tiens à saluer en lui un chef de poste efficace, à l’écoute, proche du lycée
Charlemagne, par la géographie bien sûr mais surtout par sa bienveillance
et le souci permanent qu’il aura manifesté de veiller au bon
fonctionnement de notre institution. Je lui adresse mes remerciements
sincères et je lui souhaite « bon vent et bonne marée » et pleine réussite
dans le cadre de sa future affectation.
Je vous remercie de votre patiente écoute.
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