Construction d`un électroaimant
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Construction d`un électroaimant
ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1081 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR Construction d’un électroaimant Quelques expériences en rapport avec le magnétisme par Jean-Pierre ISLER CH-1110 Morges - Suisse RÉSUMÉ La construction artisanale d’un petit électroaimant destiné à illustrer quelques aspects du magnétisme dans un lycée scientifique en Suisse Romande a été le prétexte de recherche de quelques phénomènes et manipulations traditionnels, connus, ou moins connus dans la pratique courante. Outre des détails de construction et des descriptions d’accessoires, des rappels théoriques (circuits magnétiques, galvanomètre balistique), on a essayé de classer ces expériences en deux catégories : les unes qualitatives (courant de Foucault provoquant un freinage, point de Curie du nickel, diamagnétisme, aimantation de la limaille, roue de Barlow, polarisation rotatoire). D’autres plus quantitatives se prêtant davantage à des mesures : (perméabilité du fer, rapports de résistivités, point de Curie du fer, effet Hall). BREF HISTORIQUE Il y a une vingtaine d’années, lors d’un déménagement important, le laboratoire de physique de l’université de Lausanne se débarrassait de deux bobines à noyau de fer doux comportant respectivement 418 spires et 415 spires que j’avais récupérées, pensant pouvoir les utiliser pour réaliser un modeste électroaimant. Les différentes pièces de fer entrant dans sa construction proviennent de déchets trouvés à l’entreprise GOUTTE de Lausanne et furent usinés à l’aide d’une « machine à scier les métaux » artisanale de ma confection. Les trous traversant de part en part les « pièces polaires » et les taraudages (M 10) dans les cylindres verticaux furent également effectués dans mon atelier. 1. DISPOSITION ET DIMENSIONS DES DIFFÉRENTS ORGANES ET ACCESSOIRES Les fils qui amènent le courant ne figurent pas sur la figure 1. Toutes les dimensions sont indiquées en centimètre. ♦ Bobines B et B’ respectivement 415 et 418 spires en fil de cuivre isolé de diamètre 2 mm (probablement onze couches de 40 spires environ). Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1082 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR ♦ Distance entre les joues J, J’ de 15. Figure 1 1.1. Pièces en fer ♦ Cylindres verticaux (C, C’) : hauteur 24 cm, diamètre 6 cm, distance entre axes 23 cm. Orifices intérieurs filetés M 10, fixés par boulons M 10 sur la base Ba de longueur 33 cm, de largeur 6 cm et d’épaisseur 4 cm. ♦ Pièces polaires (également fixées à C et C’par des boulons M 10). Figure 2 ♦ P, P’ et Po sont des pièces polaires. P (ou P’) sont constituées par un bloc h (ou h’) horizontal (dim. 17 cm × 4 cm × 4 cm) assemblés par soudure électrique à une plaque verticale (v ou v’) (dim. 9 cm × 5 cm × l,5 cm). P comporte une saignée S (longueur 5 cm, largeur 1 cm) et P’ quatre orifices circulaires de diamètre 1 cm. ♦ Po est une pièce polaire en deux exemplaires identiques, S’ est une saignée dont la longueur est 7 cm et la largeur 1 cm. Po a une longueur totale de 16 cm. Sa section de l’extrémité gauche est 6 cm × 2,5 cm, et celle de l’extrémité droite 2,5 cm × 2,5 cm. Construction d’un électroaimant : quelques expériences... BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1083 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR 1.2. Accessoires et dispositifs principalement en cuivre et aluminium ♦ D1 est un dispositif permettant la chute « ralentie » d’une plaque de cuivre Pl entre les parties v et v’ des pièces polaires P et P’ ménageant un entrefer d’environ 0,5 cm. Pb est un contrepoids en plomb ; Al une tige aluminium (tringle à rideau) ; Pl a pour dimensions 5,5 cm × 3 cm × 0,3 cm. aa’ axe de pivotement sur support Sup. à fixer à un statif. Figure 3 ♦ D2 : plaque de cuivre (34 cm × 5 cm × 0,45 cm) avec M (poignée en bois). Figure 4 ♦ D3 : dispositif mettant en jeu le point de Curie du Nickel. D est un disque de tôle de cuivre (épaisseur 0,05 cm) de 18 cm de diamètre. d et d’ sont des disques d’aluminium (épaisseur 0,2 cm, diamètre 15 cm) assurant la rigidité de D. Sur la couronne de D (de largeur 1,5 cm) une couche mince de nickel a été déposée par électrolyse. Le support S est construit avec des barres d’aluminium maintenues par une tige filetée et des écrous en acier inox. L’axe de D est également en acier inox. t : tube en aluminium à fixer sur un statif. Figure 5 Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1084 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR ♦ D4 : petit barreau de bismuth collé sur un très petit tube à essai, pouvant pivoter sur une pointe verticale. 1.3. Source de courant pour le fonctionnement de l’électroaimant Figure 6 Figure 7 – I1 : interrupteur courant du réseau (220 V alternatif). T : transformateur ; noyau fer feuilleté (dimensions extérieures (21 cm × 15 cm × 4,2 cm). Section noyau 4,5 cm × 4,2 cm. Prim : enroulement circuit primaire 660 spires. Sec : circuit secondaire 135 spires fournissant 45 V. Depuis ce circuit les fils de jonction (en cuivre avec isolation) ont un diamètre de 0,25 cm. – Red : redresseur pont de Graetz (dim. 2,8 cm × 2,8 cm × 1 cm). – – – – Figure 8 – Cel : cellule de filtrage. – Self : 250 spires fil isolé diamètre 0,25 cm sur noyau fermé fer feuilleté (dimensions extérieures 23 cm × 13,5 cm) section 4,5 cm × 5 cm. – Cl et C2 : condensateurs électrolytiques de 4 × 2200 µF chacun. – I3 : interrupteur du circuit des bobines B et B’ de l’électroaimant. – X , Y, Z : bornes de l’interrupteur I3 à deux voies : - XY reliés pour fonctionnement normal (avec I2 fermé). - YZ reliés (avec I2 ouvert). Si, pour un motif quelconque, on désire obtenir une suppression de l’induction rémanente du fer de l’électroaimant. On fait alors Construction d’un électroaimant : quelques expériences... Figure 9 BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1085 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR intervenir une source de courant alternatif auxiliaire dont on diminue progressivement l’intensité jusqu’à zéro. En conditions normales d’utilisation, le courant circulant dans le primaire atteint environ 8 A et celui parcourant B et B’ s’approche des 25 A (tension « continue » aux bornes environ 45 V). 2. QUELQUES RAPPELS 2.1. Mesure approximative du champ d’induction B obtenu dans un entrefer déterminé On utilise d’abord les pièces polaires P et P’, avec h et h’ en regard, vissés respectivement sur C et C’ de façon à ménager un entrefer de 1 cm (donc le « volume » où règne un champ sensiblement uniforme a pour dimensions 4 cm × 4 cm × 1 cm). Un courant de 25 A parcourt B et B’. Dans la « balance de Cotton » rudimentaire employée, dont l’extrémité immergée dans le champ a été dessinée seule (cf. figure 10), la partie Figure 10 horizontale AA’ du circuit de cette balance mesurait 2,8 et était parcourue par un courant de 6 A (fourni par un accumulateur avec résistance appropriée). La présence de 9,9 g sur le plateau opposé était nécessaire pour le rééquilibrage. Donc la « force de Laplace » exercée sur AA’ = i.l.B = 6 # 0,028 # B = m.g = 0,0099 # 9,81 N On en déduit que B = 0,58 Tesla, valeur probablement approximative à 10 % près, compte tenu de la médiocre qualité des appareils de mesures utilisés. 2.2. Influence des différents éléments sur le « filtrage » du courant redressé Nous allons étudier l’influence de Cl, Self, C2, B et B’ sur le « filtrage » du courant redressé fourni par Red. Au courant « continu » de 24 A que consomme l’électroaimant s’ajoute une composante alternative, de fréquence f = 50 Hz égale à celle du réseau, qui produit un flux d’induction de la forme U = U0 sin ~t par spire (~ = 2rf = 100 r rad.s- 1 ). Dans un enroulement de 200 spires entourant la partie h (ou h’) de P (ou P’), la tension aux bornes de cet enroulement sera de la forme : E = dU / dt = 200 ~ U0 cos ~t = E ’cos ~.t et donnera Eeff = 0,15 V (valeur efficace) correspondant à une tension maximale E ’ = 0,15 2 V. Alors E ’ = 200.U0 100 r s- 1 = 0,15. 2 V d’où on tire U0 = 3, 37.10- 6 Wb. Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1086 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR Il est environ 275 fois plus petit que le flux « continu » de B = 0,58 T qui vaut : z’ = 0, 58 # 0, 04 # 0, 04 = 9, 28.10- 4 Wb De la proportionnalité approximative (non absolue à cause de l’hystérésis du fer) entre le courant et le champ B, on déduit que la composante alternative du courant se superposant à 24 A a pour intensité maximale I = 24 A : 275 = 0,087 A, de l’ordre de 0,1 A, soit environ 0,4 % de l’intensité continue, ce qui provoque un « nivelIement » de courant « festonné » assez efficace. En résumé le courant i « continu » circulant dans B et B’ est : i = (24 ! 0,1) A NB : la fréquence du courant alternatif parasite est bien de f = 50 Hz. On peut s’en assurer en branchant un haut-parleur aux bornes de l’enroulement de 200 spires. 2.3. Circuit magnétique Considérons un courant d’intensité i circulant dans un enroulement de N spires. En un point P quelconque, il crée un champ d’induction magnétique B, caractérisé expérimentalement par la position d’une petite boussole b placée en P. Si P se déplace en suivant toujours la direction indiquée par b, il décrit une ligne appelée « ligne de champ ». Envisageons une courbe fermée quelconque C, « enlacée » par les N spires. La circulation Cir du vecteur B le long de C, soit Cir = #c B.dl = n0 .N.I selon le théorème d’Ampère. Figure 11 Figure 12 Imaginons maintenant un bâti en fer presque fermé (cf. figure 12), par exemple le noyau de fer d’un transformateur présentant un entrefer e. N tours de fil ont été enroulés sur ce noyau, et on y fait circuler un courant i. En un point P de ce bâti, où la section du fer est S, on pourrait, par la pensée, supprimer totalement le fer. Un champ d’induction magnétique B0 y régnerait alors. Mais du fait de la présence du fer, ce champ B0 est « renforcé » à peu près multiplié par un facteur nr >> 1 relativement grand et devient nr B0 en ce point P. nr est appelé << perméabilité magnétique relative >> du fer à cet Construction d’un électroaimant : quelques expériences... BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1087 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR endroit. La ligne de champ de ce nouveau vecteur nr B0 a sensiblement la forme de la ligne pointillée. Expérimentalement, on constate que les lignes de champ ne sortent pas du bâti, sauf dans l’espace e, et on peut observer que le flux U = nr B0 S est constant, pour n’importe quelle section du bâti. B0 = U nr S On peut exprimer : Pour appliquer correctement le théorème d’Ampère, rien ne nous empêche d’adopter une ligne de champ comme courbe C fermée quelconque. Dès lors nr B0 ou B0 est partout tangent à C ; alors le produit scalaire B0 dl = B0 dl. Le flux U étant une constante, le théorème d’Ampère se traduit par : U dl = U. dl = n .N.i B0 dl = B0 dl = 0 n S n S C C C r C r # # # # N.i est appelée « force magnétomotrice » E (exprimée en ampères × tours). # n0dlnr S est appelée « reluctance » R (exprimée en ampères × tours / weber). La perméabilité n = n0 nr s’exprime en henrys/mètre. La relation E = R.U présente une analogie avec la loi d’Ohm U = R.I. Appliquons ce qui précède à l’électroaimant que nous étudions : N = 415 + 418 = 833 (cf. page 1) i = 25 A B = 0,58 T (cf. page 5) Les dimensions des pièces de fer sont indiquées dans le paragraphe 1.1. Dans le schéma de la figure 13, la courbe C fermée sera figurée par la ligne de champ « moyenne » ADEFGHA. Figure 13 Ainsi : – AF = GH = 23 cm ; – AH = GF = 28 cm ; Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1088 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR – CC’= saignée + 4 trous en P’ = 5 + 4 = 9 section 3 cm – DE (air) = 1 cm ; – AC + C’D + EF = 23 – (1 + 9) = 13 cm. ces parcours correspondant à une section 4 cm × 4 cm. Évaluons approximativement l’intégrale curviligne × 4 cm ; #C ndlr S : -2 -2 -2 -2 -2 = 23.10 - 4 + 2.28.10 - 4 + 13.10 - 4 + 9.10 - 4 + 10 - 4 16.10 nr 24.10 nr r.9.10 nr 16.10 nr 12.10 1 44 2 44 3 1 44 4 2 44 4 3 1 444444 2 444444 3 1 44 2 44 3 Base 2 cylindres Partie superieure Entrefer On obtient : = n1 (95, 8 + 198 + 81, 2 + 75) + 6, 25 = n1 .450 + 6, 25 = n0 R r r La reluctance du circuit magnétique : R= 28, 7 m- 1 E 833 # 25 = = n0 U 16.10- 4 # 0, 57 1 nr 450 + 6, 25 = 28, 7 Dès lors, de : nr = 20 on tire : Cette valeur de la perméabilité peut paraître exagérément faible pour du fer courant. Mais si, pour ce même circuit magnétique, on utilise un courant i d’alimentation dix fois plus faible, soit i = 2,5 A, le champ d’induction dans l’entrefer devient B’0 = 0, 228 T et la nouvelle reluctance sera : R’ = et : d’où l’on tire : 833 # 2, 5 7,17 m- 1 = -4 n0 16.10 # 0, 228 1 .450 = 7,17 - 6, 25 = 0, 92 n’r n’r = 450 = 489 0, 92 2.4. Utilisation d’un galvanomètre « balistique » pour la mesure d’un champ d’induction magnétique dans un entrefer 2.4.1. Principe de la méthode N spires d’un fil de cuivre fin isolé sont enroulées sur une petite surface S’ de carton (à laquelle on a collé deux joues de bristol, pour obtenir un encombrement maxiConstruction d’un électroaimant : quelques expériences... BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1089 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR mum). Les extrémités du fil sont reliées aux bornes d’un galvanomètre. La résistance du circuit ainsi constitué est r. Cette bobine est placée dans l’entrefer, les lignes de champ B étant normales au plan S’. Un flux DU = N.B.S’ traverse la bobine. Brutalement retirée du champ en un temps Dt, il se crée dans la bobine une intensité moyenne <i> et une force électromotrice d’induction moyenne < e > = DU / Dt = r < i > ou DU = B.N.S’ = r < i > Dt = r.q. q est la quantité d’électricité (en C ou A.s) ayant brièvement traversé le galvanomètre, et est proportionnelle à la déviation maximum imax = kq de son cadre. Le coefficient de proportionnalité k étant déterminé, on tire facilement la valeur de B. 2.4.2. Caractéristiques du galvanomètre Un galvanomètre G présente plusieurs caractéristiques ; les principales sont : – sa sensibilité s = i / i en (A- 1). i étant le courant qui le traverse et i l’angle de rotation du cadre (ou partie mobile) à partir de sa position de repos ; – sa résistance R ; – le moment d’inertie I de la partie mobile (cadre + miroir) ; – la constante de torsion C du fil de suspension du cadre, ou du ressort de rappel, égale au quotient du couple C de forces s’exerçant sur le cadre par l’angle i de rotation de la partie mobile (C = C.i) ; – sa période d’oscillation T « à vide » (les bornes de G n’étant reliées à aucun circuit). Sous certaines conditions (précisées plus loin), la connaissance de S et de T permet d’établir le lien entre ~0 (vitesse angulaire di / dt que prend la partie mobile à sa position de repos) et une quantité d’électricité q traversant brièvement G. Dans ce dernier cas, le galvanomètre G est utilisé « en balistique ». Ayant constitué un circuit fermé b-G-R’ (bobine + Galvanomètre + Rhéostat R’) avec une résistance variable R’, la partie mobile de G est animée d’un mouvement oscillatoire amorti si on la lance à partir de sa position de repos avec une vitesse angulaire ~0 (~0 obtenue par impulsion mécanique du doigt, ou par bref passage d’une quantité q d’électricité). Si, par manœuvre de R’ on diminue progressivement la résistance du circuit, il arrive, pour une valeur déterminée r’ de la résistance totale du circuit, que l’amortissement devienne « critique ». Cela signifie que, juste après son amplitude imax atteinte, la partie mobile revienne à sa position de repos (en une durée minimum), mais sans la dépasser, sans oscillation supplémentaire. Cette situation sera adoptée pour la suite, motivée par le fait que le traitement mathématique du mouvement du cadre s’en trouve simplifié (cf. annexe - § 1.). Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1090 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR En résumé, pour un amortissement critique, on a : imax = ~0 . I .e- 1 C (1) Un courant i dans le cadre exerce sur lui un couple de forces C = C.i tel que i = S.i donc C = C.S.i. A l’instant t = 0 la partie mobile, en position de repos reçoit le courant i pendant une durée Dt, courte. Par intégration du théorème du moment cinétique sur la durée Dt, on obtient : I.D~ = C.S < i >. Dt = C.S.q Or D~ est la vitesse angulaire ~0 acquise et q la quantité d’électricité ayant traversé le circuit ; donc ~0 = CI .S.q. et d’après (1) on obtient : 1 Sq imax = CI I e = S.q. 1e . CI (2) C En circuit ouvert (faible amortissement), le même théorème de mécanique déjà cité permet d’écrire (car ~ = di ) : dt 2 2 I = d 2i = - C.i ou I. d 2i + C.i = 0 dt dt La solution de cette équation différentielle est i = i0 . sin CI .t (mouvement harmonique sinusoïdal) de période T telle que : T. CI = 2.r (3) En combinant les relations (2) et (3) on obtient finalement : S.q imax = e # 2Tr (4) 2.4.3. Mesure Pratiquement, le galvanomètre G utilisé pour tester cette mesure de B est « extrait » de l’un des quatre anciens « thermomètres électriques » fonctionnant autrefois aux Câbleries de Cossonay (Suisse), aimablement fournis par Charles TSCHANZ. Un petit miroir de quelques millimètres a été collé sur la partie mobile de G. Un pointeur laser le frappe de son étroit faisceau, lequel est réfléchi vers une échelle graduée à 175 cm de G. La bobine b faisant office de « sonde » comporte N = 10 spires de fil de cuivre fin enroulées sur un carré de carton de 2,6 cm × 2,6 cm. Le circuit fermé est donc composé de G, de b et d’un rhéostat (0 - 200 X). On diminue progressivement sa résistance jusqu’à faire en sorte qu’une petite « chiquenaude » sur la partie mobile ne produise qu’une déviation du spot lumineux d’un seul côté de l’échelle, avec retour à la posiConstruction d’un électroaimant : quelques expériences... BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1091 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR tion zéro sans la dépasser et sans osciller davantage. Cet amortissement critique est obtenu pour une résistance totale du circuit G + b + R’ de 150 X environ (mesurée au pont de Wheatstone). Avec ou sans R et b, et avec un montage potentiométrique alimenté par une pile de 1,5 V, on fait passer dans G un courant de 56 nA, qui provoque une déviation du spot sur la division 100 de l’échelle. Le cadre a donc tourné d’un angle i tel que tg 2i = 100 : 175 ce qui donne 2i = 29, 74 degrés = 0,52 rad. S = i / i = 0,26 / 0,000056 = 4643 rad/A. La sensibilité : En circuit ouvert, « à vide » dix oscillations de G s’effectuent en quatorze seconde ; T = 1, 4 s dès lors : De l’égalité B.N.S’ = r.q (cf. (1)) et de la relation q = B= e.T.imax on tire : S.2.r r.e.T imax S.2.r.N.S ’ Pour les futures mesures de B à effectuer, on souhaite conserver la même valeur r = 150 X correspondant à l’amortissement critique. Ainsi l’expression : r.e.T / S.2.r = 150 # 2, 72 # 1, 4 / 4643 # 2r = 0, 0195n.S.I. reste constante et : B = 0, 0195 imax N.S ’ (5) Pour une évaluation du champ d’induction B = 0,58 T (cf. page 5) obtenu avec la balance de Cotton, on reprend évidemment les mêmes conditions : entrefer de 1 cm entre les pièces polaires P et P’, l’électroaimant alimenté par i = 25 A. La bobine b est ensuite placée dans l’entrefer, et le circuit R’ + b + G reconstitué. L’électroaimant est mis en fonction ; le retrait brusque de b fait dévier le spot lumineux de 76 sur l’échelle. Ainsi tan 2imax = 76 / 175 d’où 2imax = 23, 47 o = 0, 4096 rad et imax = 0, 205 rad. Dès lors : B = 0, 0195 # 0, 205 / 10 # 0, 026 = 0, 59 T. Cette manière de mesurer B par le galvanomètre G utilisé en « balistique » semble donc fiable, et utile dans certains cas (par exemple exiguïté de l’entrefer lors de l’emploi des pièces polaires Po) et moins encombrante que la balance de Cotton. 3. QUELQUES EXPÉRIENCES QUALITATIVES 3.1. Mise en évidence du freinage par courant de Foucault Les dispositifs D1, D2, D3 et D4 sont décrits au paragraphe 1.2. Le dispositif D2 permet de montrer l’existence des courants de Foucault utilise P et P’ avec entrefer Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1092 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR 4 cm × 4 cm × 0,5 cm. En l’absence du champ B la lame, tenue par M, glisse sans aucun obstacle dans l’entrefer. Sitôt B établi, le mouvement de va-et-vient est sensiblement freiné. 3.2. Freinage par courant de Foucault Le montage Dl (cf. figure 3) tente de montrer que les courants de Foucault induits dans une plaque n’existent que s’il y a variation de flux. Après avoir ajusté l’appareillage de façon que, élevée et lâchée d’une hauteur de 60 cm environ, Pl passe sans accroc entre les deux plaques V et V (des pièces polaires P et P’) séparée par 0,5 environ. La durée de chute se situe entre 1,5 et 2 secondes lorsque B n’intervient pas. Mais lorsque B existe on constate, comme illustré sur la figure 14 un freinage à l’entrée de la partie supérieure, puis disparition du freinage lorsque Pl est totalement à l’intérieur, puis réapparition d’une décélération lorsque PI quitte la partie inférieure de l’entrefer. Figure 14 3.3. Mise en évidence du point de Curie du nickel Dispositif D3 : le support du disque D étant solidement fixé à un statif, sa couronne, recouverte d’une couche mince de nickel, passe librement dans l’entrefer d’espace 1, ménagé entre les deux pièces polaires Po. Le champ B étant établi, la flamme bleue d’une lampe à souder est braquée sur la couronne du disque, en un endroit très proche de l’entrefer. La température de cette partie chauffée atteint celle du point de Curie du nickel (environ 360 °C). L’effet magnétique de B cessant à cet endroit, D se met à tourner dans un sens de rotation facile à prévoir. 3.4. Mise en évidence du faible diamagnétisme du bismuth Le dispositif D4 permet de montrer le faible diamagnétisme du bismuth (petit barreau que je dois à l’amabilité du professeur Léopold HÜNENBERGER). Ce barreau étant placé dans l’axe des pièces Po (entrefer de 2,5 à 3 cm), l’influence de B tend à le placer perpendiculairement aux lignes de champ de B. Une flamme de bougie, placée dans l’entrefer de 1 cm ménagé entre ces mêmes pièces Po, est « chassée » de l’entrefer lorsque B agit (diamagnétisme d’une flamme de bougie). 3.5. Aimantation de la limaille de fer Un tube à essai est à moitié rempli de limaille de fer, éventuellement fermé par un bouchon. A son approche, l’aiguille d’une boussole reste insensible. Ce tube est ensuite Construction d’un électroaimant : quelques expériences... BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1093 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR couché sur les deux pièces Po (entrefer de 1 à 2 cm), et on établit le champ B. Après une ou deux secondes, on ôte le tube qui se comporte comme un barreau aimanté en l’approchant de la boussole. On secoue ensuite la limaille en agitant le tube. Approché de la boussole, on constate sa désaimantation. 3.6. Propriété magnétique de l’eau Figure 15 3.6.1. Faible polarisation rotatoire magnétique de l’eau Sur l’extrémité E’ d’un tuyau d’eau (en fer) d’environ 24 cm, est collé un petit carré de verre pour l’obturer. Sur l’autre extrémité E deux vis v et v’ diamétralement opposées ont été soudées, permettant, avec l’aide d’une rondelle de fer Fe percée de deux trous, d’une rondelle de caoutchouc C et de deux écrous, de plaquer un autre petit carré de verre pour obtenir l’obturation de E, après avoir rempli d’eau le tube. On dépose ce dernier sur deux cales c et c’ déjà placées sur les cylindres C et C’ de l’électroaimant. On place ensuite devant E un petit morceau du « verre » d’une paire de lunettes « polaroïd » (faisant office de polariseur P), puis devant l’extrémité E’ un autre morceau de cette même matière, collé sur un petit tube pour rendre possible une rotation autour de l’axe du tube EE’. Ce second morceau de matière polarisante fera office d’analyseur A. Figure 16 Figure 17 Figure 18 Le pointeur laser L est placé de telle manière que son faisceau traverse successivement P, E, E’, A pour aller enfin frapper l’écran blanc Ec. Par une rotation judicieuse de A, on arrive à obtenir l’extinction du spot sur Ec. En mettant l’électroaimant en marche, le spot réapparaît faiblement sur E. On peut aussi, avec une position de A très voisine de la précédente, faire disparaître le spot par influence de B. Il est conseillé de réaliser cette expérience dans une pièce relativement sombre. Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1094 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR Avec un tube identique, des essais ont été tentés avec le sulfure de carbone CS2. Dès les observations faites, il est prudent de vider le tube dans le flacon d’origine, car CS2 dissout le caoutchouc. Dans les mêmes conditions, la rotation du plan de polarisation de la lumière du pointeur laser est supérieure à celle produite par l’eau et peut être estimée à 3 ou 4°. 3.6.2. Mesure approximative du champ d’induction B moyen régnant dans le tube Pour des raisons évidentes d’encombrement, la bobine-sonde b’ est constituée par un bâton en bois bien circulaire (partie rectiligne d’un cintre à habits), de diamètre 1,05 sur lequel 30 spires de fil de cuivre isolé fin ont été enroulées. On réalise ensuite le circuit traditionnel résistance R’, galvanomètre G et bobine sonde b’. b’ est introduite entièrement au milieu du tube vide. L’établissement du champ B, ou sa disparition, ou le retrait brusque de b’ hors du tube (quand B existe) provoque chaque fois une même déviation du spot lumineux de 5 sur l’échelle. 2 Hmax étant faible, on peut sans grande erreur confondre sa tangente et sa valeur en radian. Ainsi Hmax = 2, 5 / 175 = 0, 0143 rad. On en tire : B = 0, 0195 . 0, 0143 :(30.r.0, 005022 ) = 0,117 T 3.7. Roue de Barlow Figure 19 Pl est une planchette de bois d’épaisseur 1 cm et de dimensions AC = 12 cm et CE = 18 cm. V et V’ se vissent dans les saignées des pièces polaires Po. Entrefer conseillé de 0,6 cm. Le diamètre du disque d’aluminium D = 9 cm et son épaisseur = 0,3 cm. L’axe est une tige filetée d’acier inox M5. L est une lame de cuivre d’épaisseur 0,05 cm. Avant la mise en place du dispositif on mesure le champ B avec une sonde-bobine b constituée par dix tours de fil enroulés sur un carré de 2 cm × 2 cm. En utilisant le cirConstruction d’un électroaimant : quelques expériences... BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1095 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR cuit habituel galvanomètre G, bobine sonde b et résistance R’, avec l’électroaimant en fonction, et b dans l’entrefer, le retrait brusque de b hors du champ provoque une déviation du spot de 95 sur l’échelle. Donc : tg 2 Hmax = 95 / 175 = 0, 543 ce qui correspond à : 2 Hmax = 28,5° Hmax = 14, 25 = 0, 253 rad On en tire : B = 0, 0195 # 0, 253 / (0, 02 # 0, 02 # 10) = 1, 2 T Le dispositif est ensuite monté sur les pièces polaires Po, maintenu par les vis et écrous V et V’. F et F’ sont des fils d’amenée de courant reliés à un accumulateur 12 V par l’intermédiaire d’une résistance R de 0,5 - 0,6 X permettant une intensité d’environ 20 A. Si le frottement de la lame L sur D (réglable par les écrous Ec et E’c est correct, suffisant pour un bon contact, mais sans freinage exagéré, le disque D se met à tourner lentement lorsque B agit. Si des difficultés surgissent, on peut réaliser le contact par un petit tambour en aluminium (diamètre 3 cm) tournant librement sur l’extrémité recourbée d’un fil de cuivre (diamètre 0,3 cm)), relié à F, et qu’on maintient en contact avec D manuellement. Figure 20 Conservant l’usage de la lame L, et reliant F et F’ directement aux bornes du galvanomètre G, la rotation de D par la main engendre une « tension d’induction » qui fait dévier le spot d’une dizaine de centimètres sur l’échelle graduée. 4. EXPÉRIENCES QUANTITATIVES Elles permettent éventuellement des mesures par usage d’appareils de qualité. 4.1. Détermination des résistivités relatives du cuivre et du zinc à partir des courants de Foucault Au sujet des courants de Foucault, se manifestant dans différents métaux, il peut être intéressant d’en déduire des rapports de résistivités. C’est ce que tente d’établir l’expérience suivante, faisant intervenir du cuivre (résistivité tCu = 1, 7.10- 8 X.m) et du zinc (résistivité tZn = 6.10- 8 X.m). Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1096 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR En arrondissant légèrement, on remarque que, à 1 % près, tZn = 3, 5 # tCu). Par le dispositif ci-après, on va tenter de confirmer ce rapport de résistivité. Accessoires : on dispose de quatre tiges de cuivre (diamètre 0,4 cm - longueur 40 cm), chacune correspondant au prototype de la figure 21. Figure 21 A l’une des extrémités est soudée une plaque Pl de cuivre (ou de zinc) de dimensions 6 cm × 5 cm × 0,1 cm. T est une tige de fer (diamètre 0,2 cm) recourbée avec pointes P et P’. S est un « sucre » (pour raccord de fils électriques) soudé à T, avec une vis V à ailettes. Sup est un support (en aluminium) avec alvéoles a et a’. L’extrémité de chaque tige opposée à Pl peut s’enfiler dans S, maintenue par serrage de la vis à ailettes V. Après avoir fixé Sup à un solide statif, Pl doit se trouver dans le plan d’oscillation, de telle manière qu’en position d’équilibre, elle se situe dans l’entrefer, de largeur 1 cm, séparant les pièces polaires P et P’ dont les sections 4 cm × 4 cm « se regardent ». La tige, pouvant osciller, est alors écartée de sa position d’équilibre d’un angle déterminé, toujours le même, par exemple 45° avec la verticale, puis lâchée. Quelle que soit la tige utilisée, elle oscillera un certain nombre de fois, avec un amortissement relativement faible, en l’absence de B. Précisons que toutes les plaques Pl sont des rectangles (6 cm × 5 cm). Pour la tige n° 1, Pl ne comporte qu’une plaque de zinc d’épaisseur 0,1 cm. Pour la tige n° 2 Pl ne comporte qu’une plaque de cuivre d’épaisseur 0,1 cm. Mais pour la tige n° 3, Pl résulte de l’assemblement de tôles de zinc : quatre plaques d’épaisseur 0,08 cm et une de 0,1 cm, maintenues ensemble par un ruban adhésif. Son épaisseur est donc 0,42 cm. La tige n° 4 est un empilement de quatre tôles de cuivre d’épaisseur 0,03 cm, donc en tout 0,12 cm. Mais cette dernière Pl est nettement plus légère que Pl de la tige n° 3. Pour conserver le même moment d’inertie par rapport à l’axe d’oscillation, il est nécessaire d’y ajouter des plaques de verre, de dimensions variables, l’ensemble étant aussi maintenu par du ruban adhésif, jusqu’à obtenir la même masse. Observons ensuite la différence de comportement des tiges n° 1 et n° 2 avec Pl d’épaisseur 0,1 cm. Le champ B étant Construction d’un électroaimant : quelques expériences... Figure 22 BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1097 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR établi, l’amortissement des oscillations est net, pour n° 1, mais beaucoup moins important que pour la tige n° 2, lâchée initialement avec le même écart. Déduction qualitative ; les courants de Foucault rencontrent une résistance plus grande dans le zinc que dans le cuivre. Utilisons ensuite les tiges n° 3 et n° 4. Faisant intervenir B, et lâchées initialement avec le même écart, elles se comportent de façon quasiment identique (deux ou trois oscillations avant l’immobilité), subissant le même effet de freinage. Les courants de Foucault sont donc les mêmes, et comme l’épaisseur du zinc est 3,5 fois celle du cuivre, la résistivité du zinc est également 3,5 fois plus grande. 4.2. Effet Hall Si on fait passer un courant intense dans une feuille métallique très mince, et que cette feuille est immergée dans un champ d’induction magnétique B suffisamment fort, les électrons en mouvement sont poussés par la force de Lorentz vers l’un des bords de la feuille. Il en résultera une faible différence de potentiel entre les deux bords. Une plaque de tôle de fer mince Pl (découpée dans un estagnon d’huile végétale) a pour dimensions environ 7 cm × 4,5 cm. Son épaisseur est de 0,025 cm. Des « sucres » sur lesquels on a pratiqué une petite saignée permettent la circulation d’un courant d’environ 70 A par des fils d’amenée F et F’, reliés aux bornes d’un accumulateur de 12 V par l’intermédiaire d’une résistance d’environ 0,2 X. Figure 23 Il est difficile de souder les fils plus fins f et f’ sur une ligne exactement perpendiculaire à AA’. Ces fils étant reliés aux bornes du galvanomètre G, une faible différence de potentiel DV se manifeste en général lors du passage des 70 A. Laissant A fixe, on peut légèrement déplacer, le sucre vissé A’. Par tâtonnement, on arrive à éliminer ce DV parasite. Pl est ensuite placée « en sandwich » entre deux cartons bristol, puis serrée entre les extrémités de section 4 cm × 4 cm des pièces polaires P et P’. Pour évaluer le champ B agissant sur Pl, on n’a guère d’autre moyen que d’entourer P ou P’ de quatre spires de fil (4Sp) qui sont introduites dans le circuit traditionnel Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1098 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR résistance R’, galvanomètre G et les 4Sp. Lors de l’établissement de B (ou de sa disparition) le spot lumineux dévie de 135 cm. Dès lors tg 2 Hmax = 135 / 175, correspondant à 2 Hmax = 37,6° d’où : Hmax = 0, 328 rad B = 0, 0195 . 0, 328 :(4 . 0, 04 . 0, 04) = 1 T On en tire : Sous l’influence de ce champ, lorsque f et f’ ont été directement reliés aux bornes de G, le passage de 70 A dans Pl provoque une déviation du spot lumineux de 9 cm ; avec 70 A en sens opposé, on obtient une déviation dans l’autre sens de 8 cm d’où une déviation moyenne valant 8,5. Pour évaluer la différence du potentiel entre f et f’, il faut recourir à un montage potentiométrique : un fil de résistance de fer à repasser de un mètre, de résistance 20 X est tendu sur une latte de bois XY graduée en centimètres et fait partie du montage potentiométrique de la figure 24. P est une pile de 1,5 V et R une résistance radio de 220 X. Lorsqu’on applique les extrémités des fils reliés directement aux bornes de G sur les points D et E, la déviation du spot lumineux atteint 100. Avec quelques précautions, on peut apprécier les positions à 0,1 près, et DE = 3,7, correspondant à une différence du potentiel de 1,5 # 0,037 # 20 / 240 = 0,00462 V. La tension électromotrice par effet Hall est donc : 0, 00462 # 0, 085 = 393 nV Il est facile de vérifier que le sens de cette tension électromotrice est en accord avec la loi de Lorentz appliquée aux vecteurs intensité de courant et champ d’induction B. Figure 24 Construction d’un électroaimant : quelques expériences... BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1099 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR Annexe * Justification mathématique de la relation imax = ~0 CI .e- 1 1. GALVANOMÈTRE UTILISÉ EN MODE BALISTIQUE Notations I C f i = = = = moment d’inertie du cadre (par rapport à son axe de rotation) ; constante de torsion du fil (ou du ressort spiral) ; coefficient de freinage (résistance de l’air, f.é.m. d’induction) ; angle que fait la normale au cadre avec sa position d’équilibre. k.i = moment du couple qui tend à écarter le cadre de sa position d’équilibre sous l’effet d’un courant i. On applique au système oscillant cadre-ressort le théorème de mécanique : « La dérivée par rapport au temps du moment cinétique est égale au moment résultant des forces appliquées ». Ce qui donne : 2 I . d 2i = - C.i - f di + k.i dt dt (1’) Lorsque le cadre atteint sa position d’équilibre a pour un courant io : d 2 i = 0 = di dt dt 2 C.i = C.a = k.io ce qui entraîne : La valeur i = a = k.io / C est une intégrale particulière de l’équation. On obtient l’intégrale générale en ajoutant l’intégrale de l’équation sans second membre à cette intégrale particulière. L’équation (1’) sans second membre est donc : 2 I . d 2i + f . di + C.i = 0 dt dt (2’) On pose i = A.e rt et l’équation devient : I.A.r 2 .e rt + f.A.r.e rt + C.A.e rt = 0 = A.e rt .( I.r 2 + f.r + C) = 0 d’où : (*) r= -f! f 2 - 4.I.C 2.I Cf. équation (1) - § 2.4.2. Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER 1100 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR Si f 2 - 4.I.C.< 0, l’étude mathématique montre que l’on obtient i = i0 e- mt sin ~.t qui est un mouvement oscillatoire amorti. Si f 2 - 4.I.C. = 0, le cas est intéressant, plus simple pour le calcul car r se limite à une racine double r = - f / 2I . Si on pose f / 2I = m, on aura une intégrale générale de la forme : i = (A + B.t). e- mt Vérification di = B.e- mt + (A + B.t) . (- me- mt ) dt d 2 i = - m.B.e- mt + B.( - m). e- mt + (A + B.t). m 2 .e- mt dt2 Remplaçons dans (2’) : - m.I.B.e- mt - m.I.B.e- mt + I.A.m 2 .e- mt + I.B.t.m 2 .e- mt + f.B.e- mt - f.m.A.e- mt - f.m.B.t.e- mt + C.A.e- mt + C.B.t.e- mt Cette expression est-elle égale à zéro ? Souvenons-nous que f 2 - 4.I.C = 0 entraîne f = 2. I.C et m = f / 2I ou m = (3’) C. I Alors (3’) devient, en divisant tout par e- mt : - 2.B. C.I + A.C + B.C.t + 2.B. C.I. - 2.A.C - 2.B.C.t + A.C + B.C.t qui est en effet une quantité nulle. Donc pour f 2 - 4.I.C = 0 la solution est : i = (A + B.t). e- mt Mouvement apériodique A l’époque t = 0, i = 0 et di = ~0 ce qui implique que A = 0 donc à t = 0 : dt di = ~ = B.e- mt - m.B.t.e- mt 0 dt ce qui entraîne ~0 = B. La solution devient : i = ~0 t.e- mt di = ~ (e- mt - m.t.e- mt ) = ~ .e- mt .( 1 - m.t) 0 0 dt Cette vitesse s’annule pour t = 1 = I . C m donc : Construction d’un électroaimant : quelques expériences... BUP no 835 ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1101 VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIRE – VU AU LABORATOIR L’élongation maximum est : imax = ~0 . I .e- 1 C C.Q.F.D. 2. POINT DE CURIE DU FER Dispositif Reportez-vous aux figures 1 et 2 au début de cet article (toutes les quantités numériques indiquées sont approximatives...). L’électroaimant dessiné en coupe sur la figure 25 est utilisé avec la seule pièce polaire P fixée sur C. Un gobelet à yaourt G est inséré entre les bobines B et B’, contenant une masse M d’eau (de l’ordre de 50 g ) à température ambiante t. Une plaque F de faïence (ou d’ardoise) de dimensions (25 cm × 10 cm × 0,5 cm) légèrement inclinée est supportée par G et s’appuie sur P. Un bloc de bois d’épaisseur 4 cm à 5 cm est placé sur C’ (jouant le rôle de Figure 25 support partiel pour la lampe à souder L, violemment attirée par C’ lors de la mise en fonction de l’électroaimant, si elle est en fer...). L’électroaimant est alors « enclenché » et un petit objet E en fer (un écrou par exemple) de masse m, de l’ordre de 10 g, est déposé sur la plaque F (utile comme isolant calorifique) sur laquelle il se « colle » sous l’influence du champ B. La lampe à souder est alors allumée, utilisée avec son débit maximum, et, maintenue à la main, on « darde » alors sa flamme bleue sur E. Après un peu plus d’une minute, E devient rouge clair et se détache lorsque sa température i correspond au point de Curie du fer, et tombe dans l’eau du gobelet G. L’eau atteint alors une température d’équilibre T. C et c étant les chaleurs massiques respectives de l’eau et du fer, la traditionnelle équation des échanges de chaleur (i - T). m.c = (T - t). M.C. permet d’évaluer i. Expérience faite, i avoisine les 800 °C. Vol. 95 - Juin 2001 Jean-Pierre ISLER