emploi pour tous - CBM International
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emploi pour tous N° 2, Janvier 2012: Un bulletin trimestriel dans le cadre d’un projet financé par le programme de développement social et humain de l’Union Européenne EDITORIAL L’objectif de ce projet, qui couvre sept zones au Togo, au Niger et au Burkina Faso, est d’assurer aux personnes sourdes et/ou malentendantes des zones d’intervention ciblées, un enseignement et une formation techniques et professionnels (EFTP) favorisant leur insertion socio-économique. Le projet, communément appelé « Projet EFTP », a pour objectif de promouvoir et de soutenir l’adaptation et la mise en place d’actions de formation de qualité adaptées aux capacités d’apprentissage des personnes sourdes et/ou malentendantes en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi. Le projet, qui a débuté en janvier 2011, est cofinancé par l’Union Européenne et le Christoffel-Blindenmission (CBM) L’actualité du projet dans la région est marquée par une fin d’année intense en activités. De la conduite effective de l’étude sur les secteurs Mme BABA Foussena, femme sourde, tresseuse, Lomé-Togo C’est avec grand plaisir que je vous présente la deuxième édition de notre bulletin «Emploi pour tous». Ce bulletin a été établi dans le cadre d’un programme de trois ans appelé «Pour un accès et un maintien dans l’emploi des personnes sourdes et/ ou malentendantes en Afrique de l’Ouest.» porteurs et la sélection de filières porteuses, en passant par la mise en place du processus d’élaboration des projets personnalisés des personnes sourdes ou malentendantes identifiées, les acteurs du projet ont redoublé d’efforts afin qu’une première promotion de bénéficiaires de formation professionnelle initiale voit le jour, au titre de l’année académique 2011-2012. Ces derniers mois ont aussi été consacrés à la formation des agents de terrain sur le suivi socioprofessionnel / la langue des signes, la formation des partenaires aux techniques de plaidoyer et à la for- SOMMAIRE Actualités du projet.... Pages 2-4 Brèves........................ Page 5 Pour en savoir plus..... Page 5 Coin des partenaires... Page 6 Coin des bénéficaires.. Page 7 Coin des lecteurs......... Page 8 mation des interprètes à Niamey. Pour conclure, je tiens à remercier particulièrement les agents de terrain EFTP, ‘la colonne vertébrale’ de notre projet, pour leur grand effort dans l’identification des bénéficiaires. Je souhaite à toutes et à tous une bonne et heureuse année 2012. Bonne lecture ! Rebecca REYNOLDS, Coordinatrice du projet EFTP, CBM Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest, TOGO Vous trouverez dans ce numéro Coin des bénéficiaires Entretien avec la Directrice d’ATAIDEMES Une leçon de langue de signes Ce projet est mis en œuvre par CBM, Handicap International et un réseau de partenaires d’Afrique de l’Ouest, dont ATAIDEMES, SEFRAH, CEFISE, RBC AH, ASN et Nigetech. Les actualités du projet Au Burkina Faso La formation des agents de terrain en suivi socioprofessionnel et langue des signes Le suivi personnalisé des bénéficiaires du projet requièrt un renforcement adéquat des capacités des agents de terrain. Dès lors, après la phase d’identification de plus de 700 personnes sourdes ou malentendantes qui s’est déroulée entre juin et août 2011 sur l’ensemble de la zone d’intervention du projet et la présélection d’environ 200 bénéficiaires potentiels de formation professionnelle initiale ou de perfectionnement, le projet a initié une formation en langue des signes et en suivi socioprofessionnel au profit des 20 agents de terrain dans les régions du Centre et du Centre-Est. Animée par le CEFISE et l’équipe de Handicap International, cette formation a été très participative à travers l’organisation de travaux de groupe et de jeux de rôle, surtout sur la conduite d’entretien d’élaboration de projets personnalisés. Les objectifs à terme de cette formation étaient de : -- Faciliter la communication entre les agents de terrain et les familles des bénéficiaires; -- Renforcer les connaissances des agents de terrain sur l’insertion professionnelle; -- Outiller les agents de terrain sur l’élaboration de projets personnalisés, gage de réussite du diagnostic des besoins de formation et du bon choix des types de formations professionnelles des bénéficiaires. L’élaboration des projets personnalisés des bénéficiaires A l’issue de la formation des agents de terrain sur la langue des signes et sur le suivi socioprofessionnel, ils sont repartis à la rencontre des bénéficiaires potentiels et de leurs familles pour conduire des entretiens d’élaboration de projets personnalisés. Cette démarche avait pour objectif de collecter toute information utile auprès de chaque bénéficiaire potentiel, notamment leurs choix professionnels et les implications relatives, pour une éventuelle orientation dans une structure (formelle ou informelle) de formation professionnelle. L’analyse de 126 fiches de projets personnalisés par un comité de sélection a permis de faire des propositions de formations professionnelles initiales comprenant 47 personnes sourdes et/ou malentendantes dont 10 au Centre-Est et 37 dans la région du Centre. Des lettres d’entente précisant le rôle de chaque acteur (bénéficiaire/famille, CEFISE, Réseau RBC Garango, Handicap International, structures de formation) sont signées pour une inscription effective des bénéficiaires dans les structures de formation professionnelle. La formation des partenaires aux techniques de plaidoyer Le projet EFTP se veut multi-sectoriel, multi-acteurs avec une « approche droite ». Deux sessions de formation des partenaires (45 participants) aux techniques de plaidoyer ont été mises en œuvre en collaboration avec 2 Bulletin d’informations N°2 / Janvier 2012 le projet DECISIPH (Droits, Egalité, Citoyenneté, Solidarité, Inclusion des Personnes Handicapées en Afrique de l’Ouest). A l’issue de ces sessions, 3 microprojets de La formation des partenaires aux techniques de plaidoyer, Ouagadougou, Burkina Faso Remise d’attestation à l’issue de la formation au plaidoyer plaidoyer/sensibilisation ont été élaborés par les partenaires et financés par le projet. Pour conclure l’actualité du projet au Burkina, Handicap International et le CEFISE tiennent à remercier particulièrement : -- Les Centres de Formation Professionnelle ANPE (Agence Nationale de Promotion de l’Emploi) de Cissin et de Dassasgo, le Centre de Formation Professionnelle Nékilbié de Ouagadougou, le Centre de Formation de la Cathédrale de Ouagadougou, l’Association Sommanegda de Gounghin, le Centre d’Aptitude Professionnelle en Coupe Couture de Garango, le Collège d’Enseignement Technique et de Formation Professionnelle du Boulgou, pour l’accueil de personnes sourdes et malentendantes au sein de leurs effectifs. -- Les Directions Régionales du Ministère de la Jeunesse, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi du Centre et du Centre-Est pour leur disponibilité remarquable. Désiré KABORE, Chef de Projet EFTP Handicap International Programme Burkina Niger [email protected] Au Niger Première session de formation des interprètes en langue des signes Du 05 au 21 septembre a eu lieu à Niamey au Niger la première session de formation des interprètes en langue des signes (LDS). Le lancement de cette formation a été présidé par la Ministre de la Population, de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Maïkibi Kadidja Dan Dobi. Assurée par M. Yédê Adama Sanogo de Society Without Barriers de Côte d’Ivoire, la formation a vu la participation de 14 interprètes actifs (dont deux femmes) des trois pays à savoir le Togo, le Burkina Faso et le Niger. Première session de formation des interprètes en langue des signes, Niamey, Niger Première session de formation des agents de terrain L’atelier de formation des agents de terrain chargés d’assurer le suivi d’accompagnement personnalisé des personnes sourdes et/ou malentendantes (PSM) cibles du projet dans les trois zones d’intervention du Niger a eu lieu du 20 au 30 septembre. La cérémonie d’ouverture qui s’est voulu modeste, a été présidée par le Coordinateur National de CBM Niger en présence des dirigeants des structures partenaires. Cette formation a permis aux agents de terrain, entre autres, d’être initiés au langage de signes et outillés à la démarche de suivi accompagnement personnalisé. Première session de formation des partenaires en plaidoyer Au Niger, la première session de formation des partenaires en plaidoyer a eu lieu du 25 au 27 octobre 2011. La cérémonie officielle d’ouverture a été présidée par M. Ousmane Silemane NAYAYA, Directeur Général de l’Enseignement et de la Formation Qualifiante au Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Emploi. Il s’agissait pour cette formation de sensibiliser les participants qui sont des décideurs, des employeurs et des défenseurs des droits de l’Homme, des dirigeants de structures faîtières de personnes en situation de han- dicap (PSH), sur les droits des PSH/PSM et surtout les initier/renforcer dans la démarche du plaidoyer. Ces acteurs ainsi formés joueront un rôle clef dans les futures actions de plaidoyer en faveur de la formation et de l’insertion socioprofessionnelle des PSH en général mais particulièrement des PSM au Niger. Parmi les thèmes développés lors de cet atelier, en plus de la démarche de plaidoyer, il faut citer : le cadre juridique de promotion et de maintien dans l’emploi des PSH/PSM ; la dimension sociale de promotion de l’emploi des PSM; la politique nationale de la formation professionnelle des Première session de formation des partenaires en plaidoyer, Niamey, Niger PSH/PSM. L’atelier a abouti à l’élaboration de six projets de plaidoyer par rapport au cadre juridique, à la formation professionnelle et technique des PSM et à l’insertion socio économique des personnes sourdes et/ ou malentendantes. Identification et présélection des personnes sourdes et/ou malentendantes Initiées par les assistants et le Conseiller Technique de l’équipe du projet et poursuivie par les agents de terrain après leur formation, les séances d’identification et de présélection des PSM sont actuellement en cours. En novembre 2011, près de 300 PSM ont été identifiées (dont environ 45% de femmes). D’autres activités importantes ont été menées, notamment : la tenue de la deuxième réunion du Cadre National de Concertation inter acteurs ; l’identification des centres de formation technique et professionnelle; la mise en place des comités de révision et d’adaptation des modules et l’élaboration des termes de référence de la conception de l’affiche du projet pour le Niger. Mahaman Rabiou Mahaman, Chef de Projet Formation Professionnelle, CBM Niger [email protected] Bulletin d’informations N°2 / Janvier 2012 3 Au Togo L’atelier de planification stratégique Une étude d’identification des secteurs économiques porteurs dans la région des Savanes et dans la commune de Lomé a été réalisée au mois de juin 2011. Les résultats de cette étude devront permettre de définir une offre de formation adaptée aux besoins du marché de l’emploi. personne handicapée et a souhaité le succès aux travaux de l’atelier. A l’issue des trois jours de travaux, les participants à l’atelier ont retenu plusieurs filières prioritaires : l’agriculture/maraîchage/élevage, Soudure/Tôlerie, Boulangerie/Pâtisserie, Restauration, Service esthétique, Tôlerie/Peinture, Maçonnerie/Carrelage. L’atelier de planification stratégique tenu du 29 juin au 1er juillet 2011, a réuni une quarantaine d’acteurs dont des représentants des Ministères de l’Action Sociale, de l’Enseignement Technique et de la Formation professionnelle, des services et structures liés à la formation professionnelle, des représentants des acteurs économiques des secteurs formels et informels, des associations lo- La formation des agents de terrain Il a été identifié au sein des associations de personnes handicapées des agents de terrain. Ces derniers au nombre de 23 au total (13 pour les Savanes et 10 pour Lomé Commune) ont été formés durant 10 jours aux fondamentaux de la langue des signes et à la démarche de l’insertion socio-économique. Chargés de l’identi- La cérémonie d’ouverture de l’atelier de planification stratégique, Lomé, Togo cales des personnes handicapées et des personnes sourdes et/ou malentendantes en particulier. L’atelier de planification stratégique devrait permettre aux participants d’identifier parmi les filières économiques porteuses, celles pour lesquelles des formations professionnelles seront développées prioritairement ainsi que les modalités de mise en œuvre En ouvrant les travaux de l’atelier, le Directeur de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage, M. TCHENDO Constant, a rappelé le Plan Sectoriel de l’Education qui, dans son volet formation professionnelle, affirme la volonté de mettre à la disposition de tous les fils et filles du Togo sans exclusion aucune des dispositifs de formation. « Les personnes handicapées en tant que citoyens à part entière doivent bénéficier des formations professionnelles adaptées et de qualité en vue d’apporter leur contribution à la société » a-t-il ajouté. Pour finir M. TCHENDO a remercié les partenaires techniques et financiers pour leurs multiples actions en faveur de la La formation des agents de terrain à Lomé, Togo fication des personnes sourdes et/ou malentendantes, de leur accompagnement dans la définition des projets professionnels, de leur orientation vers les structures de formation, les deux formations reçues par les agents de terrain faciliteront leur travail au quotidien avec les personnes sourdes et/ou malentendantes. L’identification des personnes sourdes et/ou malentendantes par les agents de terrain En septembre 2011, les agents de terrain ont identifié un total de 262 personnes sourdes et/ou malentendantes dans les deux zones d’action du projet (Savanes et Lomé Commune). Ce travail permet de constituer une première base de données sur les personnes sourdes et/ou malentendantes dans les deux zones d’action. Hortense SANTOS, Chef de Projet Formation Professionnelle, Handicap International/Programme Togo Bénin cdpread@handicap-international Promouvoir les possibilités d’emploi et d’avancement des personnes handicapées sur le marché du travail, ainsi que l’aide à la recherche et à l’obtention d’un emploi, au maintien dans l’emploi et auretour à l’emploi ; Article 27 de la Convention Internationale sur les Droits des Personnes Handicapées 4 Bulletin d’informations N°2 / Janvier 2012 Brèves Journée internationale pour les personnes handicapées : Historique et enjeu pour 2011 AYASSOU Komivi, Président du Conseil d’Administration de la FETAPH Dans le souci de faire prendre conscience à la communauté internationale de la nécessité de considérer la personne handicapée comme un sujet de droit à part entière, l’Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé 1983-1992 Décennie Mondiale des Personnes Handicapées. Au cours de cette décennie, des mesures avaient été prises pour sensi- biliser davantage les populations et améliorer la situation des personnes handicapées et leur permettre de bénéficier des mêmes chances que les personnes non-handicapées. Entre autres actes concrets posés, nous pouvons citer l’élaboration en 1991 du Programme d’Action Mondial concernant les Personnes Handicapées et plus tard l’adoption en 1994 des Règles pour l’Egalisation des Chances des Personnes Handicapées. A la fin de la décennie en 1992 l’Assemblée Générale des Nations Unies va consacrer par la résolution 47/3, le 3 décembre comme Journée Internationale des Personnes Handicapées. Un appel a été lancé à tous les Etats afin de mettre l’accent sur la célébration de cette journée en vue de renforcer l’intégration des personnes handicapées dans la société. Il s’agit de réfléchir ensemble à des mesures incitatives et innovantes pour une meilleure application des normes et règles internationales relatives aux personnes handicapées. Le rôle des médias est déterminant dans le succès de cette journée par une présentation adéquate des progrès, des obstacles dans la concrétisation politique, de programmes et des projets qui font une place aux problèmes de handicap et pour sensibiliser le public aux contributions positives des personnes handicapées. Pour finir, j’invite les lecteurs de ce bulletin d’information à réfléchir aux actions idoines répondant au thème de l’édition 2011 de cette journée : « Ensemble pour un monde meilleur pour tous : Inclure les Personnes handicapées dans le développement » AYASSOU Komivi, Président du Conseil d’Administration de la FETAPH [email protected] Pour en savoir plus Dans son roman Les Frasques d’Ebinto, l’écrivain Amadou Koné soutenait que même si le travail n’arrive pas toujours à sortir les hommes de la pauvreté, il leur assure du moins la dignité. Peut-on imaginer l’existence d’un homme sans le travail ? A bien observer le système sociétal, nous dirons que le travail est le moteur de l’autonomie de l’homme. En effet, tout individu dans une société quelconque aspire à être autonome. Et pour ce faire, il recherche un emploi. Les personnes en situation de handicap (PSH) qui sont des composantes de la société ne peuvent échapper à cette réalité. C’est ainsi que l’on retrouve des PSH, que bon nombre de traditions et de préjugés surtout en Afrique, prennent pour des incapables et des « bon à être mendiant », sur le marché de l’emploi ou, pourrait-on dire, sur le champ de la conquête de la DIGNITE. L’insertion socioprofessionnelle des PSH en général et en particulier des personnes sourdes et malentendantes (PSM) n’est pas chose aisée en Afrique de l’Ouest du fait du manque de connaissance des acteurs, des marqueurs sociaux, des croyances, etc. Les PSM font ainsi face à de nombreuses barrières qui limitent leur accessibilité à l’emploi. Par accès à l’emploi, nous n’entendons pas seulement l’accès à l’emploi rémunéré mais aussi au secteur informel. C’est par le travail que l’individu gagne sa vie. C’est par le travail que l’individu contribue au développement de son pays. En tant que citoyens, les PSM sont des acteurs du développement de leurs pays. On ne pourrait négliger ce point comme c’est d’ailleurs très souvent le cas surtout en Afrique. Cependant, à défaut d’être un contribuable, la PSM sera une charge, voire un fardeau pour la société. Le Professeur Kampadilemba OUOBA, président du comité scientifique de la 3ème édition des Etats Généraux de la Surdité en Afrique de l’Ouest et du Centre (EGS 3), écrivait : « c’est malheureusement pour ces pays en dévelop- pement que le fardeau de la surdité est le plus lourd ». Plus l’insertion socio-professionnelle des PSM devient une réalité, moins le « fardeau » est lourd. Car la PSM, devenue autonome, se prendra en charge elle-même et sera pour sa famille et sa société, non pas une charge, mais un contribuable. L’insertion socioprofessionnelle des PSM doit se faire tant dans le secteur formel qu’informel. Cependant, l’étape primordiale de ce processus demeure leur accessibilité à l’enseignement et à la formation technique et professionnelle. L’accès à l’emploi passe par l’acquisition d’une qualification. Dans le cas des PSM, l’encadrement devant leur permettre d’obtenir cette qualification ainsi que leur suivi dans le secteur professionnel doit prendre en compte leurs besoins spécifiques dont la langue des signes. Yédê Sanogo, Directeur de Society Without Barriers et le formateur des interprètes à Niamey [email protected] Bulletin d’informations N°2 / Janvier 2012 5 Coin des partenaires Entretien avec la Directrice de ATAIDEMES seignants sur la déficience auditive et les fondamentaux de la langue des signes, l’identification des personnes sourdes et leur référencement vers les structures de formation... ATAIDEMES est aussi responsable du suivi des personnes sourdes et/ou malentendantes pendant et après le projet. Mme PASSOKI B Aninam, Présidente de l’ATAIDEMES, Lomé, Togo Q ; Pouvez-vous présenter brièvement votre structure ? R ; Avec plaisir ! ATAIDEMES est une association créée en 1999 par les parents d’enfants sourds pour servir de porte-voix pour la promotion des droits, l’épanouissement des personnes sourdes et/ou malentendantes et leur intégration socioéconomique. C’est une association apolitique et ouverte à tous ceux qui partagent la même vision. Q ; Quel est le rôle d’ATAIDEMES dans le projet « Pour un accès et un maintien dans l’emploi des personnes sourdes et/ou malentendantes en Afrique de l’Ouest » ? R ; En tant qu’un des partenaires locaux du projet au Togo, ATAIDEMES participe de manière active à la mise en œuvre de l’ensemble des activités ; aussi a - t - elle été chargée par Handicap International Togo-Bénin du pilotage direct de certaines des activités du projet : activités de formation des maîtres d’ateliers et des en- Q ; Quelles sont les barrières qui pourraient empêcher une personne sourde de travailler ? R ; Nous pouvons citer trois principales barrières : (1) les pesanteurs des traditions : En Afrique les réalités socioculturelles font que les personnes handicapées en général et les personnes sourdes et malentendantes en particulier sont exclues ou ignorées par la société. La réprobation envers elles est renforcée par des croyances populaires. C’est ainsi qu’existent dans plusieurs communautés togolaises des préjugés qui stipulent que les personnes handicapées sont « des incapables », que les personnes sourdes et/ou malentendantes sont « la conséquence d’une malédiction ou d’une punition des dieux sur les descendances » etc.… ; tout ceci conduit à une marginalisation sociale des personnes handicapées dont les personnes sourdes et/ ou malentendantes ; (2) les difficultés de communication interpersonnelle ; (3) le manque de formations professionnelles adaptées et l’accès très limité à l’information sur les structures de formations existantes. Q ; A votre avis, quelles adaptations nécessaires faut-il apporter aux formations existantes pour un accès facile des personnes sourdes aux formations professionnelles et techniques de qualité ? R ; Il faudrait selon nous : (1) Adapter les curricula/modules de formations existants en tenant compte non seulement des besoins du marché mais aussi des spécificités des personnes sourdes et/ou malentendantes et des incapacités qui leur sont propres ; (2) avant l’accueil des personnes sourdes et/ou malentendantes dans les structures de formation, former les enseignants desdites structures sur le contenu des curricula adaptés, à la déficience auditive et à la langue des signes en vue de favoriser l’inclusion des personnes sourdes et/ou malentendantes dans les structures de formation. Q; En tant que Présidente d’ATAIDEMES, quels conseils donnerez –vous à une jeune personne sourde pour son intégration ? R ; Merci. Pour son intégration, la personne sourde doit avoir une qualification professionnelle, une des conditions essentielles pour accéder à un emploi décent ; pour ce faire elle doit s’armer de beaucoup de courage, de volonté et de ténacité ; elle doit avoir confiance en ellemême et en ses propres capacités ; elle doit aussi se dire que « son handicap c’est le regard des autres » et contribuer au changement de ce regard. C’est dans ce contexte que nous, organisations luttant pour les personnes sourdes et /ou malentendantes, sommes appelées à multiplier nos actions de sensibilisation envers les populations et à lutter pour l’accès des personnes sourdes à des formations professionnelles adaptées et de qualité Mme PASSOKI B Aninam, Présidente de l’ATAIDEMES, e-mail : [email protected] «L’homme inutile c’est celui qui refuse sa participation au développement économique et social de son pays, l’infirmité s’efface devant la volonté de l’homme de se rendre utile à la société’’ Hassan Bana Bâ, Père Fondateur de l’Association des Sourds du Niger, Président de l’Association de 1979 à 1994» 6 Bulletin d’informations N°2 / Janvier 2012 Coin des bénéficiaires Un couturier comme les autres (Togo) Dans le quartier Natbagou de Dapaong et dans la cour d’une maison à peine clôturée, un couturier et son apprenti s’attèlent à confectionner des tenues pour hommes. Rien de particulier à ces artisans à l’œuvre …Sauf un détail qui frappe un observateur attentif : les deux personnes communiquent en langue des Bangoulougou Tilate et son signes. A notre salutation le apprenti,Dapaong, Togo patron, Bangoulougou Tilate, répond mais en langue des signes. A la suite d’une méningite contractée dans l’enfance, Tilate perdit l’audition. Il intègre l’école de base pour enfants sourds du SEFRAH. Il fit ses études jusqu’en classe de sixième et décida par la suite d’apprendre la couture homme et dame. SEFRAH l’appuya dans le payement des frais de contrat. Grand travailleur, en deuxième année d’apprentissage déjà, il s’inscrit à l’examen professionnel initié par les syndicats. Il sortit premier de sa promotion et retourna chez son patron pour terminer sa troisième année d’apprentissage. Installé aujourd’hui dans la maison de son oncle qui lui a offert une machine à coudre, Tilate a accueilli un jeune apprenti en mars 2011. Les habitants de son village ont désormais fait de lui, leur couturier et lui apportent régulièrement du travail. Dans le cadre du projet EFTP, Tilate bénéficie d’un appui pour le renforcement de ses compétences ; il suit, deux fois par semaine, une formation modulaire en broderie (art d’ornementer un tissu au moyen de motifs cousus avec des fils de couleurs et de textures variées). A l’issue de cette formation il va acquérir de nouvelles compétences professionnelles lui permettant de s’insérer davantage sur le plan économique et d’accroître ainsi sa participation sociale. Aussi pourra t-il dans quelques mois, passer l’examen du CFA (certificat de fin d’apprentissage), un diplôme reconnu par l’Etat. Entretien avec M. Seybou Aoudi, Directeur de l’Ecole pour Sourds Hassan Bana Bâ de Niamey, Interprète en langue de signes et particulièrement dans la zone de Niamey pour le compte du projet EFTP (Niger) Q : Pouvez-vous dire de quelle manière vous êtes impliqué dans le Projet ? R : Ayant eu plusieurs années d’expérience en langue des signes, l’Association des Sourds du Niger m’a identifié et a souhaité mon engagement en tant qu’interprète officiel en langue M. Seybou Aoudi Directeur de de signes de la zone de l’Ecole pour Sourds Hassan Bana Bâ de Niamey Niamey. C’est ainsi que je fus sélectionné et avec 13 autres interprètes des 3 pays d’intervention du projet, nous avons reçu, courant septembre 2011, à Niamey, une formation en langue de signes avec M. Yédê A. Sanogo , consultant ivoirien chargé de la formation. A la fin de la formation nous sommes tenus de servir d’interface de communication entre les PSM, les enseignants, maîtres d’atelier des centres ou structures de formation professionnelle et technique vers lesquels seront orientées les PSM sélectionnées. Q : Dites en quoi et dans quelle mesure vous pensez que le projet EFTP va améliorer la vie des PSM ? R : A mon avis le projet EFTP, va améliorer sensiblement les conditions de vie des PSM sélectionnées et formées. Car les PSM qualifiées pourront accéder à des emplois dans les secteurs public et privé, leur permettant de disposer de revenus nécessaires à l’amélioration de leur quotidien. Plusieurs opportunités leurs seront offertes en les organisant en groupements d’intérêt économique (GIE) et en faisant un bon plaidoyer auprès des employeurs et décideurs en vue d’une meilleure application de leurs droits. Il y a lieu aussi de sensibiliser les populations pour un changement de comportement. Une fois toutes ces conditions réunies alors l’insertion socioéconomique des PSM sera une réalité au Niger, et ce grâce au projet EFTP, qui aura impulsé toute cette dynamique d’ensemble dans la prise en charge et la promotion des PSM. Témoignage d’un participant à la formation des interprètes (Burkina Faso) Issa TIENDREBEOGO, travaillant au CEFISE comme enseignant depuis 2003, il est maintenant interprète et présent aux grands rendez-vous/cérémonies pour assurer la traduction en langue des signes. Dans le cadre du projet EFTP, Issa Issa Tiendrebeogo en action , TIENDREBEOGO a bénéficié Ouagadougou, Burkina Faso d’une formation de perfectionnement en interprétation. Monsieur Issa nous livre ici, ses sentiments sur l’activité de formation des interprètes et aborde aussi, la suite de cette formation. Q : Vous avez suivi la formation des interprètes en compagnie de 14 autres participants venant du Burkina Faso, du Togo et du Niger. Que pouvez-vous dire de cette formation ? R : Cette formation vient à point nommé car elle nous a permis de renforcer nos capacités d’interprétariat en langue des signes. Notre vocabulaire gestuel a été enrichi. Nous avons découvert de nouveaux mots. La formation a été un partage d’expérience entre les autres interprètes des trois pays. En somme, cette formation est une bonne initiative car elle comble une lacune d’une part mais aussi elle a été merveilleusement organisée. Q : Après cette formation vous avez eu l’opportunité d’interpréter aux Etats généraux sur la surdité qui ont regroupé 250 participants venant de 12 pays d’Afrique et d’Europe. Comment appréciez-vous votre prestation ? R : Les participants sont mieux placés pour apprécier ma prestation! Cependant à travers différentes réactions, j’ai compris que le message était fidèlement bien passé. Du reste, je me sentais vraiment à l’aise! Je n’ai pas rencontré de difficultés à interpréter les messages des nombreux orateurs. De nombreuses délégations m’ont félicité pour le travail bien fait. Une responsable de « Light for the world » à déclaré : Issa, tu es prêt pour la télévision nationale! Q : Maintenant que vous avez eu cette formation, que faut-il encore pour de meilleures prestations dans l’interprétariat ? R : Un proverbe mossi dit : « On n’est jamais rassasié de connaissances ». Par conséquent des recyclages et des stages nous seront encore utiles. Nous voulons visiter des écoles de formation d’interprètes à travers le monde. Q : Avez-vous un dernier message? R : Un autre proverbe dit : « Lorsqu’une chèvre mange du karité, elle doit un remerciement au vent qui a fait tomber le fruit ». Nous disons donc merci aux donateurs et aux acteurs de ce projet. Bulletin d’informations N°2 / Janvier 2012 7 Coin des lecteurs Le coin des lecteurs est la section du bulletin qui vous est dédiée, chers lecteurs. Vous pourrez ici partager votre point de vue sur le projet, le thème abordé et toute information que vous aimeriez partager qui puisse nous aider dans son développement. Merci d’envoyer vos contributions avant fin Février 2012 à l’adresse suivante : [email protected] M. TCHINLIAGUE Koitidja, un homme sourd qui vient de commencer sa formation en agriculture et en maraichage, Dapaong-Togo OURO-AGOUDA Sadia, une femme sourde avec sa fille gérant sa micro entreprise de cacahuètes à Lomé, Togo Leçon de la langue des signes A chaque édition, vous apprendrez à signer un nouveau mot ou expression. Pour ce deuxième numéro nous aimerions vous apprendre à signer « BONNE ANNEE 2012 » CEFISE Proverbe de cette édition Le proverbe de cette édition est nigérien ; ‘Grain par grain la poule remplit son ventre’’ Contacts CBM Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest CBM Africa Regional Office-West Villa B-86, rue des Mercuriales, Résidence du Bénin BP: 13489 Lomé, Togo Tél: +228.22.26.3220 / 22.26.02.37 / 90.94 50 82 Site web: www.cbm.org CBM- Bureau National de Coordination Niger Quartier Dar Es Salam, Rue Nouveau Pavé, Niamey, Niger. BP: 10731 Tél: +227 20 35 17 07 Site web: www.cbm.org Handicap International Programme Burkina Faso – Niger 01 BP 541 Ouagadougou 01 Tél: (+226) 50 36 28 71/73/75 Site web: www.handicap-international.org Handicap International Programme Togo- Benin BP 8621 Lomé - TOGO Tél. : +228 22 26 01 56 Site web: www.handicap-international.org Nous voudrions remercier toutes les personnes et organisations qui ont contribué à cette deuxième édition de « Emplois pour Tous » 8 Bulletin d’informations N°2 / Janvier 2012