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Axe transverse: COUPLAGE Physique-Biogéochimie-Biologie et Mesures-Modèles Acronyme : COUPLAGE P2B2M Responsable : Andrea Doglioli Programmes : HYMEX, MERMEX, HYMEREX, CASCADE, COSTAS, BIOMED, MOOSE, MACROES, FOCEA, JellyWatch, ANTARES, MEUST, MORSE-MED, MALINA. Introduction générale La spécificité de cet axe réside dans le regroupement d’expérimentateurs et de modélisateurs dont les préoccupations scientifiques sont centrées autour de l’étude du couplage entre les processus physiques, biogéochimiques et biologiques. Notre objectif est de faire progresser la connaissance sur ces processus qui interagissent au sein des écosystèmes marins afin d'obtenir une meilleure caractérisation des cycles biogéochimiques marins. Nos thématiques de recherche s'organisent le long d'un continuum côte-large et surface-fond et se concentrent sur certaines échelles spatiales et temporelles considerées comme clefs. Notre méthodologie de travail veut favoriser les mesures multi-parametriques et l'interaction entre modèles numériques et observation. Objectifs scientifiques Depuis les travaux historiques de Riley [1942] et Sverdrup [1953] sur le rôle de la turbulence verticale sur le déterminisme de la floraison planctonique printannière, ou ceux de Haury et al. [1978] sur le rôle de la dynamique océanique sur la distribution spatiale du plancton (à l'origine de la notion de « patchiness »), il est admis que la physique de l'océan affecte la dynamique des communautés planctoniques. Le lien avec la géochimie est identifiable dès les années 60 via les travaux de Dugdale [1967] sur la limitation de la production planctonique par les sels nutritifs. L'émergence de la problématique du réchauffement climatique lié au cycle du carbone, amenant la notion de « pompe biologique » [Raven and Falkowski, 1999], a encore considérablement renforcé cette vision pluridisciplinaire de l'océan et la nécessité d'étudier conjointement et aux échelles spatio-temporelles pertinentes les processus physiques et biogéochimiques. Au premier titre de ces échelles, la méso-échelle joue un rôle clef dans la dynamique, dans les transports de chaleur et de matière et dans le contrôle de l’activité biologique (Fig.1). Fig.1 Variation verticale de l'isopycne due à la présence de deux tourbillons adjacents et de signe opposé (Tirée de MCGillicuddy, 1998). L’activité hydrodynamique de mésoéchelle a été mise en évidence dès les années 1960, mais a pleinement été révélée par les observations satellitales (SST, CZCS, TOPEX) ou par les flotteurs dérivants [e.g. Reverdin et al., 2001]. Les études numériques utilisant la résolution appropriée montrent toute l’importance de ces processus, en particulier dans le contexte du couplage avec les processus biogéochimiques (sensu largo), que ce soit à l’échelle d'un bassin océanique [McGillicuddy, 1998] ou à celle d’un tourbillon ou d’un front [Lévy, 2003]. Les confirmations expérimentales de ces effets sont difficiles à obtenir, principalement pour des raisons d'adéquation entre les stratégies expérimentales étudiant l'hydrodynamique et celles étudiant la biogéochimie [Mémery et al., 2005]. Différentes campagnes océanographiques dont le COM a été ou est maître d’œuvre ont permis d'apporter des éléments importants concernant le rôle de ces processus en Méditerranée (TaupierLetage et al., 2003, Petrenko, 2003; Petrenko et al., 2005; Petrenko et al., 2008; Moutin, 2008), mais ce manque de connaissance reste particulièrement criant pour l'océan côtier [IMBER, 2005] où le rôle des processus de méso- à subméso-échelle est très difficile à appréhender, tant du point de vue de la distibution des espéces et des grandeurs géochimiques associées que du point de vue des transferts de matière côte/large et surface/fond. À plus petite échelle, la turbulence verticale et, dans le cas particulier des zones de formation d'eaux profondes, la convection hivernale, jouent un rôle tout aussi important par leurs effets sur l’enrichissement nutritif de la couche éclairée ainsi que le transfert de matière vers le fond. Une bonne connaissance des processus physiques conduisant à la stratification (déstratification) de la colonne d’eau est donc primordiale pour une bonne résolution du cycle saisonnier de production. De plus, la turbulence peut modifier la compétition pour obtenir l'énergie radiative entre des espèces phytoplanctoniques en suspension et d’autres espèces qui sédimentent dans la colonne d'eau [Huisman et al., 2004] et peut donc jouer une rôle sur la succession des espèces à l'échelle saisonnière. L'évaluation du mélange vertical induit par la turbulence est aussi un point clef pour l'évaluation de la dispersion du zooplancton, dont les gélatineux (méduses), affectant donc possiblement la structure de l'écosystème. A l’échelle globale, une augmentation de cette stratification est prédite suite au réchauffement climatique et la prise en compte d'une représentation fine de la turbulence dans les modèles couplés est susceptible de grandement modifier les bilans biogéochimiques à cette échelle globale [Klein and Lapeyre, 2009]. Cette stratification étant aussi fortement dépendante de l’activité physique à méso-échelle qui est peu ou mal prise en compte dans les modèles globaux et, dans le même temps, la turbulence agit en retour sur cette même activité méso-échelle. Par exemple, il n’existe pas d’accord actuellement sur un modèle « biogéochimique » conceptuel des tourbillons pour lesquels deux schèmas opposés sont proposés : le modèle fermé (le tourbillon peut être assimilé à un réacteur isolé de l’extérieur) et le modèle ouvert [Olaizola et al., 1993, Nencioli et al., 2008]. Par contre, la représentation par l’un ou l’autre de ces modèles conceptuels semble dépendre de l’hydrodynamisme local, en particulier au regard du rôle de la turbulence. Problematiques méthodologiques et perspectives La modélisation couplée physique/biogéochimie est, dans ce contexte du couplage physique/biogéochimie, une branche d'activité qui a connu un formidable essort depuis les 20 dernières années. Basé sur l'équation fondamentale de conservation de la matière et profitant d'outils modèlisation physique de plus en plus performants, cette modélisation couplée permet de simuler la réponse de l’écosystème planctonique en terme de production et de biomasse, ainsi que les flux géochimiques associés, à la variabilité des conditions océaniques, incluant les processus de haute fréquence (cycles diurnes des marées et du transfert radiatif, précipitations), de basses fréquences (passages des perturbations atmosphériques) et saisonniers (variations saisonnières des débits d’eaux douces, convection hivernale, stratification estivale). L'intégration de cette variabilité sur des échelles annuelle, pluriannuelle, voire séculaire, donne accés à des estimations quantitative fiables des grandeurs biogéochimiques et des groupes écologiques fonctionnels en réponse à la variabilité du « climat » océanique. Les récents développements d'instrumentation permettant les mesures biogéochimiques in situ et en continu (e.g. ISUS qui permet la mesure de nitrate à haute fréquence) donnent la possibilité d'explorer l'influence des processus physiques sur les processus biogéochimiques pour un continuum d'échelles spatiales et temporelles. Ces mesures sont primordiales pour permettre de calibrer et valider aux mêmes échelles temporelles les processus simulés par les modèles physiques et biogéochimiques couplés. Ils sont également fondamentaux pour calibrer et valider les produits satellites qui vont permettre de comparer aux mêmes échelles spatiales les résultats des simulations de modélisation couplée. Ces mesures in situ et satellites pourront être utilisées ensembles pour les assimiler dans les modèles biogéochimiques afin de diagnostiquer les processus à améliorer pour mieux simuler les variables biogéochimiques. Le groupe partage aussi une culture commune dont la caractéristique principale est de privilégier une approche duale modélisation/observation associant étroitement les données de terrrains ("vérité in situ") et les expériences numériques conjointes ("vérité in silico"). L'hypothèse de base de cette démarche est que le processus réel (ou combinaison de processus) est vraissemblablement entre cette vérité in situ, par nature incompléte et/ou fragmentaire, et cette vérité in silico, par nature virtuelle mais plus complète du point de vue de la résolution spatio-temporelle. La démarche qui permet d'approcher les processus réels est itérative : les données soulèvent de nombreuses questions, l'analyse des sorties numériques répond à certaines d'entre elles, confirmant ou rejetant certaines hypothèses; ces données numériques génèrent à leur tour d'autres hypothèses qui, pour être vérifiées, nécessitent un retour aux données via les expérimentations/observations in situ etc. Il est bien entendu que les interactions modèles/observations ne se limitent pas pas à cette démarche itérative conceptuelle, l'équipe partageant aussi une culture bien ancrée en terme de validation systématique des modèles [e.g., Petrenko et al., 2005; Le Fouest et al., 2006]. En regroupant des membres de toutes les cinq équipes du MIO, cet AT veut développer une forte synergie à l'intérieur du futur Institut. Ainsi il pourra non seulement constituer un groupe de travail important à l'intérieur des programmes déjà en cour tel que HYMEX (en particulier WG1) et MERMEX (en particulier WP1), mais aussi être noyau de proposition pour des nouveau projets à plus long terme (appels d'offres ANR, LEFE, EC2CO, MERCATOR, FP7, etc.). Thèmes de recherches 2.1 Processus physiques et fonctionnement de l'écosystème pélagique Baklouti M., Bonnet S., Carlotti F., Dekeyser I., Diaz F., Doglioli A., Gauduchon M., Leblanc K., Manté C., Moutin T., Nerini D., Petrenko A., Pinazo C., Poggiale J-C., Van Wambeke F., Zakardjian B., Zhou M. - Modélisation des processus d'advection-dispersion caractérisant la distribution des organismes et des concentrations biogéochimiques. Programmes: HYMEX, MERMEX, HYMEREX, CASCADE, ANTARES, MEUST. Ce WP veut se concentrer sur le couplage en milieu pélagique hauturier et côtier. Une attention particulière sera portée à l’étude des phénomènes physiques de mesoet submeso-échelle horizontales, ainsi qu’à l’étude de la dispersion et du mélange vertical turbulent. Détails: - Influence des structures tourbillonnaires sur les processus biogéochimiques; - Influence de la dispersion et du mélange sur la distribution des grandeurs biogéochimiques et des organismes; - Influence des processus physiques induits par le vent sur la disponibilité nutritive. Programmes: HYMEX, MERMEX, HYMEREX, CASCADE, COSTAS, BIOMED, FOCEA, JellyWatch, MALINA, MORSE-MED, LATEX (valorisation), BOUM (valorisation). 2.4 Mesures multi-paramétriques et modélisation numérique couplée Baklouti M., Carlotti F., Dekeyser I., Doglioli, A., Gauduchon M., Lefèvre D., Manté C., Nerini D., Petrenko A., Pinazo C., Tamburini C., Zakardjian B., Zhou M. Ce WP se concentre sur le développement de nouvelles méthodologies de mesure et de modélisation numérique pour l'étude du couplage. Détails: -observations à long terme multi-paramétriques; -amélioration des dispositifs de mouillages instrumentes; -développement des dispositifs lagrangiens multiparamétriques; -développement des algorithmes de couleur de l'eau; -calibration et validation des modèles couplés physique-biogéochimique; -assimilation de données in situ et satellitales dans les modèles couplés physique-biogéochimique. Programmes: HYMEX, MERMEX, HYMEREX, MOOSE (exploitation des données d'observation), FOCEA, ANTARES, MEUST, MORSE-MED, MASSILIA, LATEX (valorisation). 2.2 Processus physiques et échanges aux interfaces Continent/Océan, Air/Mer et Eau/Sédiment Baklouti M., Chevalier C., Doglioli A., Goutx M., Petrenko A., Pinazo C. Ce WP se concentre sur le couplage entre processus physiques et biogéochimiques aux interfaces Continent/Ocean eau/Sediment. La thématique sera développée en forte liason avec l'axe ECHANGE. Détails: -Impact des processus physiques sur les apports nutritifs et de contaminants; -Impact des processus physiques sur le contrôle des interactions entre écosystèmes benthique et pélagique; -Impact des processus physiques à l'interface air/mer. Programmes: HYMEX, MERMEX, HYMEREX, CASCADE, MASSILIA. 2.3 Processus physiques et biogéochimiques dans l'écosystème pélagique profond Dekeyser I., Doglioli A., Goutx M., Lefèvre D., Petrenko A., Pinazo C., , Sempere R., Tamburini C., Taupier-Letage I., Zakardjian B. Ce WP se concentre sur le couplage entre processus physiques et biogéochimiques dans l'ocean obscur. La thématique sera développée en forte liason avec l'axe EMBE. Détails: Identification des processus physiques caractérisant la circulation profonde; - Variabilité spatiale et temporelle des courants profonds; - Développement des mesures multi-paramétriques pour l'identification des échelles spatiales et temporelles caractérisant le couplage entre la physique, la biogéochimie et la biologie du milieu profond; Moyens mis en œuvre Mouillages (MOOSE, JULIO, 42°N5°E, ANTARES), Capteur de turbulence (SCAMP), ADCP, capteurs de nitrates (ISUS). ADCP et appareils tractés pour l'observation du zooplankton (LISST). Flotte côtière. Plateaux techniques MIO. Base de données satellitales. Cluster de PC Linux pour le calcul intensif et parallèle (participant au projet Grille Interdisciplinaire de Calcul Intensif d'Aix-Marseille – GICIAM). Références Allou, A., Forget, P., and Devenon, J.-L. (2010). Submesoscale vortex structures at the entrance of the Gulf of Lions in the Northwestern Mediterranean Sea. Cont. Shelf Res., (30):724-732. Dugdale, R. (1967). 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