EXTRAIT de LA PROPHETIE DU MISTRAL Bar du - Marie
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EXTRAIT de LA PROPHETIE DU MISTRAL Bar du - Marie
EXTRAIT de LA PROPHETIE DU MISTRAL Bar du Mistral, 19 mai 2011, 8h00 A cette heure matinale, le bar du Mistral était calme. A peine sortis du lit, les habitués venaient siroter un café avant de rejoindre leur travail. On était presque en famille. La journée prenait doucement ses marques, comme si elle s’éveillait en même temps que la petite humanité réunie en ce lieu. Mélanie Rinato venait d’arriver et s’activait déjà en cuisine pour préparer la tartine de Léo, qui buvait son café au comptoir, les yeux baissés sur sa tasse. − C’est tranquille en ce moment avec le commissaire Douala ? lui demanda Roland Marci, derrière son bar. Léo, peu loquace de nature, se contenta de quelques mots : − Ça peut aller. Sachant que c’était tout ce qu’il tirerait de son vieil ami, Roland se tourna vers Nathan Leserman. D’ordinaire peu matinal, le jeune homme s’était installé à une table, au milieu d’un amoncellement de feuillets. Il avait trouvé récemment un travail d’enquêteur payé à l’unité, et devait remplir une vingtaine de questionnaires qu’il aurait déjà dû rendre la veille à son employeur. A un moment, il releva la tête : − Seriez-vous prêts à essayer un déodorant sans parfum ? Léo haussa les épaules pour montrer qu’il se désintéressait du problème. Roland prit la peine de se creuser les méninges quelques secondes. − Heu… ça dépend, vu que je n’en mets pas. Mais si j’en mettais, je crois que ça m’intéresserait… − Super… ça m’avance beaucoup ! répondit Nathan avec une mine découragée. Il se replongea dans ses papiers, et Léo dans son journal. On n’entendait plus que les verres que Roland posait sur son vaisselier. Une journée ordinaire, en somme. Mais il était écrit qu’il en serait autrement : cinq secondes plus tard, un tout jeune homme faisait irruption dans le café en titubant. Roland s’arrêta net d’essuyer son verre pour l’observer. Il faut dire que l’inconnu avait une drôle de touche. Ce n’était pas tant son allure physique, ni sa manière de s’habiller, que le cafetier aurait plutôt qualifiée de décontractée, mais plutôt le tremblement qui saisissait tout son corps, ses cheveux en bataille et l’affolement de ses yeux verts. − Aidez-moi, supplia-t-il en s’appuyant au comptoir pour reprendre son souffle. A ces mots, Léo se retourna. Nathan leva le nez de son devoir, intrigué. Roland, voyant que l’arrivant tenait à peine sur ses jambes, s’empressa de lui offrir un siège. − Tenez, asseyez-vous. Ça n’a pas l’air d’aller. Le jeune homme se laissa tomber sur la chaise. − Je suis où, dans quelle ville ? demanda-t-il avec un air hagard. Roland répondit le premier, même s’il n’était pas certain de se faire comprendre par l’inconnu. Avait-il seulement toute sa raison ? − Vous êtes au bar du Mistral, à Marseille. Je suis Roland Marci, le patron. Léo se sentit le mieux à même de poursuivre, comme sa fonction l’y invitait. − Léo Castelli, capitaine de police. Qu’est-ce qui vous arrive, jeune homme ? − On m’a séquestré, dit l’inconnu sans hésiter. Un silence perplexe accueillit cette réponse. Nathan, dans son coin, ne put s’empêcher de glousser. Au vu de leur réaction, l’inconnu comprit l’incongruité de son assertion. N’était-il pas libre de ses mouvements ? − Je me suis enfui, crut-il bon de préciser. J’ai couru et… je suis arrivé ici.