revue de presse du colloque international

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revue de presse du colloque international
REVUE DE PRESSE DU COLLOQUE INTERNATIONAL
« L’AFRIQUE ET L’EUROPE DANS LA NOUVELLE GEOPOLITIQUE MONDIALE »
24-26 JANVIER 2008 Dakar-SENEGAL
Dépêches
Agence de presse sénégalaise APS
8/01/08
Sénégal: Colloque international sur "l'Afrique et l'Europe dans la nouvelle géopolitique
mondiale"
AD
Un colloque scientifique et politique sur le thème "l'Afrique et l'Europe dans la nouvelle géopolitique mondiale"
s'ouvre le 24 janvier à partir de 9 heures 30 à l'hôtel Savana de Dakar, en présence de 150 participants d'une
vingtaine de pays d'Afrique et d'Europe, a-t-on appris auprès des organisateurs.
La manifestation de trois jours est organisée par la Fondation Gabriel Péri présidée par le sénateur français Robert
Hue, et le Parti de l'indépendance et du travail (PIT) du Sénégal, indique un document remis à l'APS.
Des chercheurs, des universitaires, des intellectuels de différentes disciplines, des journalistes, des diplomates, des
dirigeants et des cadres politiques au pouvoir ou dans l'opposition, des entrepreneuse économiques, des
syndicalistes et autres membres de la société civile, des femmes et des jeunes sont attendus au colloque de Dakar.
L'objectif est de procéder à l'analyse des dynamiques politiques, économiques et sociales intervenues récemment
dans le monde, et d'en mesurer les enjeux et la portée, dans les relations entre l'Europe et l'Afrique mais aussi
l'avenir de celle-ci, selon les organisateurs.
La démarche de cette manifestation se veut à la fois "analytique et prospective, mais aussi ouverte, concrète,
critique et constructive".
La coordination de cette initiative a été confiée au Laboratoire d'études et de recherches philosophiques et sociales
contemporaines sur l'Afrique et le monde (LERPSCAM) de la Faculté des Lettres et sciences humaines de
l'Université Cheikh Anta Diop présidée par le professeur Sémou Pathé Guèye.
La revue de sciences sociales +Recherches Internationales+ (publiée à Paris) et l'Association française d'amitié et
de solidarité avec les peuples d'Afrique (AFASPA) collaborent à l'organisation de la rencontre.
Afriqueenligne.fr
21/01/2008
Dakar
Panapress
-
Un colloque sur l'Afrique et l'Europe jeudi à Dakar
Un colloque international de trois jours sur l'Afrique et l'Europe dans la géopolitique mondiale se tiendra à Dakar à
partir de jeudi, a appris la PANA lundi auprès des organisateurs.
Organisé par la Fondation Gabriel Péri, et le Parti pour l'indépendance et du travail (PIT) du Sénégal, le colloque
réunira quelque 150 participants d'une vingtaine de pays d'Europe et d'Afrique.
Des chercheurs, universitaires, journalistes, diplomates, dirigeants politiques, entrepreneurs économiques et des
syndicalistes sont attendus à ce colloque.
Les participants devront procéder à l'analyse des dynamiques politiques, économiques et sociales intervenues
récemment dans le monde, d'en mesurer les enjeux et la portée dans les relations entre l'Europe et l'Afrique.
Parmi les sous thèmes de la rencontre figurent l'Afrique dans la géopolitique mondiale, le partenariat EuropeAfrique après Lisbonne et la nouvelle donne chinoise en Afrique.
1
Agence de presse PANA Sénégal
Repris par http://www.leconfidentiel.com (intelink : système d'intelligence et de veille stratégique sur les sujets
du renseignement, de l'infoguerre, du terrorisme, de l'économie, de la géostratégie et de la géopolitique édité par
Digital Editions)
24/01/08
Des universitaires dénoncent la politique de coopération de l'Europe
Dakar, Sénégal (PANA) - Plusieurs universitaires et hommes politiques africains et européens ont fustigé au cours
d'un colloque international ouvert ce jeudi à Dakar, la manière avec laquelle, l'Union européenne (UE) veut
"imposer" sa vision dans ses rapports avec l'Afrique, a constaté la PANA sur place.
Le sénéteur communiste français, Robert Hue, président de la Fondation Gabriel Péri qui organise ce colloque sur
le thème : "l'Afrique et l'Europe dans la nouvelle géopolitique mondiale" avec le Parti pour l'indépendance et le
travail du Sénégal (PIT), a dénoncé que l'UE mette au premier plan de ses relations avec l'Afrique, "la gestion des
flux migratoires par la constitution d'une Europe forteresse, tout en organisant avec la carte bleue un échange de
compétences qui peut favoriser la fuite des cerveux".
Selon M. Hue, les migrations du Sud vers le Nord ne s'inverseront pas dans les conditions actuelles de
développement.
Il précise, s'agissant des Accords de partenariat économiques (APE), que la question est d'abord de "donner le
droit aux pays africains de faire ce que les Européens ont fait eux-mêmes avec succès en protégeant leurs
marchés".
La directrice de l'Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS), Sophie Bessis, a invité à ce propos,
les pays africains à protéger leurs économies, car a-t-elle affirmé, "jamais les pays occidentaux n'ont été plus
protectionnistes qu'aujourd'hui, et c'est un leurre que de vouloir parler de libéralisme absolu des relations
économiques dans le monde".
"C'est un libéralisme à géométrie variable", a estimé Mme Bessis, rejoignant la position du secrétaire général du
PIT, Amath Dansokho, pour qui les "Etats africains doivent faire front pour empêcher que les mécanismes
d'épuisement des matières premières, la dégradation générale des écosystèmes africains ne prospèrent avec les
compétitions entre puissances économiques nouvelles et anciennes".
Le député européen, Francis Wurtz, a tenu quant à lui, à souligner que les APE ne découlent pas d'une exigence
de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"L'Union européenne n'a jamais demandé à l'OMC la modification de l'article 24 qui préconise la signature de ce
type d'accord", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que "les négociations se poursuivront entre l'UE et l'Afrique pour la
conclusion d'accords plus justes et plus équitables".
Agence de Presse du Sénégal APS
24/01/08
Robert Hue : ''les orientations idéologiques de Sarkozy à l'égard de l'Afrique fragilisent
toute perspective de partenariat''
L'idée que se fait le président français Nicolas Sarkozy du continent africain met en péril le futur des relations entre
l'Afrique et l’Europe, a indiqué jeudi à Dakar le sénateur français Robert Hue.
''Les orientations idéologiques prises par Nicolas Sarkozy à l'égard de l'Afrique, qu'il a exprimées avec clarté à
l'Université Cheikh Anta Diop, fragilisent d'emblée toute perspective de partenariat avec le continent'' africain, a
notamment dit M. Hue.
Il participe à un colloque sur l'enjeu de l'Europe et de l'Afrique dans ''la nouvelle géopolitique mondiale''. Cette
rencontre qui se poursuit jusqu'à samedi est organisée par le Parti de l'indépendance et du travail (PIT, opposition)
du Sénégal et la Fondation ''Gabriel Péri'' présidée par M. Hue.
''On ne peut éprouver que colère et indignation quand le président Sarkozy prétend, je cite, que +l'homme africain
n'est pas assez entré dans l'histoire (...) et n'a pas de place pour l'idée de progrès+'', a-t-il ajouté.
''Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain (...) ne
connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes
paroles'', avait déclaré M. Sarkozy dans un discours prononcé le 26 juillet 2007 à Dakar.
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''Ce discours nourrit une tendance régressive et réactionnaire en France, plus importante qu'on ne le croit...'', selon
le Robert Hue, membre du Parti communiste français (PCF).
Selon lui, ''rejeter consciemment l'Afrique dans l'immobilisme, ignorer l'histoire, privilégier une vision folklorique et
entretenir l'afro-pessimisme pour condamner le continent (...) permet aux pays occidentaux de justifier la
domination qu'ils voudraient continuer d'exercer.''
''Le pôle unissant l'Afrique et l'Europe doit au contraire se fonder sur le respect et l'égalité'', a-t-il soutenu.
ESF/AD
Agence de Presse Sénégalaise (Dakar)
24/01/08
Repris sur allAfrica.com
Afrique : Le projet d'un commandement militaire américain prouve le poids du continent
dans la géopolitique mondiale, selon un chercheur français
Esf/Adc
La volonté du gouvernement américain d'installer un commandement militaire en Afrique prouve que le continent
est déterminant dans la géopolitique mondiale, en plus de faire l'objet d'une "attention particulière" des Etats-Unis,
selon un chercheur français.
En cherchant à installer leur commandement unifié pour l'Afrique (United States Africa Command, en anglais) en
terre africaine, "les Etats-Unis témoignent du fait que l'Afrique est à prendre en compte dans la géopolitique
mondiale. L'Afrique fait l'objet d'une attention particulière", a déclaré, jeudi à Dakar, Michel Rogalski.
M. Rogalski, directeur de la revue française Recherches internationales, participe à un colloque sur l'enjeu de
l'Europe et de l'Afrique dans "la nouvelle géopolitique mondiale". Cette rencontre qui se poursuit jusqu'à samedi est
organisée par le Parti de l'indépendance et du travail (PIT, opposition) du Sénégal et la Fondation française Gabriel
Péri.
Les cinq régions qui constituent l'Afrique intéressent les Etats-Unis pour différentes raisons, a fait savoir le
chercheur qui prononçait une communication sur le thème "l'Afrique et les Etats-Unis".
Washington s'intéresse à l'Afrique australe en raison de son "potentiel de richesses indispensables", au Golfe de
Guinée où se trouvent l'Angola et le Nigeria avec leurs ressources pétrolières, au Sahel avec "l'expansion des
groupes islamistes salafistes" en Algérie, au Mali, Niger et au Tchad", a-t-il donné en exemple.
Le département de la Défense des Etats-Unis veut "faire de l'Afrique une zone prioritaire", a-t-il indiqué, ajoutant
que "dans les dix prochaines années, 25% des importations américaines de pétrole seront d'origine africaine contre
15 voire 18 actuellement".
"L'AGOA (la Loi américaine sur les possibilités en Afrique -- en français) adoptée en 2000, pour permettre l'accès
sur le marché américain de produits textiles d'une trentaine de pays africains, est un mécanisme, un moyen de
contrecarrer la menace asiatique pour le contrôle de l'industrie textile africaine", a analysé M. Rogalski.
"Tout cela justifie le renouveau que portent les Etats-Unis sur l'Afrique. Pour disposer d'un continent de la taille de
l'Afrique, ils ont besoin d'alliés solides et stables" sur le continent, a-t-il encore dit, soulignant que ce "maillage ne
sera pas du tout facile".
"Ils (les Etats-Unis) ont essuyé quelques refus de la part des pays d'abriter cet commandement. Il semblerait qu'un
pays africain ait accepté. Le Maroc a semble-t-il accepté de l'abriter", a-t-il annoncé.
Ce commandement sera chargé, parmi d'autres missions, mener la guerre contre le terrorisme en Afrique et de
sécuriser les approvisionnements américains de pétrole.
Agence de presse Xinhua
25/01/08
Repris par French.china.org.cn
La Chine est une opportunité et non une menace pour l'Afrique, dit l'ambassadeur
chinois au Sénégal
"La Chine est une opportunité au lieu d'être une menace pour l'Afrique", a déclaré l'ambassadeur de Chine au
Sénégal, Lu Shaye, au cours d'un colloque international qui s'est ouvert jeudi à Dakar sous le thème : "l'Afrique et
l'Europe dans la nouvelle géopolitique mondiale", a constaté l'Agence de presse Xinhua.
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Le diplomate chinois a lancé à cette occasion un véritable pamphelet contre les "points de vue négatifs" aux relents
occidentaux sur les sujets aussi divers que les échanges commerciaux sino-africains, l'exploitation par la Chine de
produits miniers dans le continent africain, l'impact de la présence d'entreprises chinoises sur l'environnement de
l'Afrique, le respect des critères internationaux du travail, les conséquences des prêts chinois sur l'endettement de
l'Afrique ainsi que les sempiternelles critiques à l'encontre de la Chine en matière de démocratie et de droits de
l'homme.
Lu Shaye n'a pas manqué de relever que cette théorie de la " menace chinoise" était également répandue chez
certains Africains qui, selon lui, ignorent l'histoire des relations sino-africaines nouées depuis un demi-siècle et qui
ont "formé un jugement moral basé sur une notion des valeurs occidentales, sous les influences des propagandes
idéologiques de l'Occident".
L'ambassadeur chinois s'est étendu sur ces questions avec chiffres et faits à l'appui, déchaînant plusieurs fois des
applaudissements nourris de l'assistance.
A propos de l'exploitation par la Chine de ressources pérolières africaines, Lu Shaye a fait remarquer que la Chine
n'est pas la première à venir exploiter des ressources en Afrique, car celles-ci avaient déjà été accaparées par des
pays occidentaux.
"Au lieu d'avoir recours à la force et à la duperie qui étaient familières aux colonisateurs occidentaux dans
l'acquisition des ressources en Afrique, la Chine a choisi d'en exploiter par voie de négociations commerciales
normales, d'achats à des prix raisonnables et de coopération mutuellement bénéfique", a-t-il affirmé.
"Selon une enquête menée en 2006, le pétrole importé par la Chine de l'Afrique représentait 8,7% dans
l'exportation pétrolière africaine, alors que les importations des Etats-Unis et de l'Union européenne en
représentaient respectivement 33% et 36%. Si on considère les 8,7% comme étant un +pillage des ressources+, de
quoi qualifiera-t-on les 33% et 36%", s'est interrogé le diplomate chinois, réfractaire à la "langue de bois".
"Pour un même d'exploitation de ressources, il s'agira d'une activité commerciale normale si ce projet est appliqué
par une entreprise occidentale, tandis qu'il deviendra +un pillage des ressources+ et une +destruction de
l'environnement+ s'il est mis en valeur par une entreprise chinoise. Quelle est cette logique? C'est une logique
insensée, hypocrite et hégémonique", a martelé l'ambassadeur avec une point d'ironie.
Et d'ajouter en ce qui concerne l'environnement : "Le gouvernement chinois, soucieux de la protection de
l'environnement dans le pays, a élaboré une série de politiques et lois pour régulariser les activités d'exploitation
ayant un impact sur l'environnement. De même, il demande aux entreprises chinoises d'accorder une importance
particulière à la protection de l'environnement dans l'exploitation de ressources à l'étranger et de respecter les lois
et règlements régissant le secteur environnemental dans les pays où elles s'installent".
Parlant de la dette africaine, Lu Shaye a rappelé que la Chine a annulé 1,3 milliard de dollars de dettes contractées
par les pays les moins avancés (PMA) et les pays pauvres très endettés ( PPTE) en 2001 et en 2002, avant de
préciser que lors du sommet Chine-Afrique tenu à Beijing en 2006, la Chine a lancé un deuxième projet de
réduction de dettes pour l'Afrique portant sur l'annulation de toutes les dettes gouvernementales liées aux prêts
sans intérêt arrivant à échéance fin 2005 des PMA et des PPTE ayant des relations diplomatiques avec la Chine. Et
la plupart de ces dettes ont été annulées à ce jour.
Sur la question du Darfour, M. Lu s'est montré critique à l'endroit de ceux "qui ne connaissent guère l'origine et la
vérité de cette crise et qui suivent les autres seulement pour faire du chahut".
Il s'est expliqué en citant le représentant spécial du gouvernement chinois sur les questions de l'Afrique, Liu Guijin,
qui s'occupe spécialement de la question du Darfour depuis mai 2007.
"Après avoir visité à plusieurs reprises cette région soudanaise, M. Liu a affirmé que l'origine du conflit du Darfour
est imputable à la +calamité naturelle+ et à la +catastrophe humaine+, sans compter les ingérences des
puissances extérieures", a souligné l'ambassadeur chinois.
Il a également indiqué que c'est notamment grâce aux méthodes de travail chinoises que le gouvernement
soudanais a fini par accepter le déploiement d'une force hybride UA-ONU au Darfour.
Au sujet des relations entre l'Europe et l'Afrique, Lu Shaye a estimé que l'arrivée des pays émergents comme la
Chine, l'Inde et le Brésil permet aujourd'hui aux pays africains d'avoir de nouveaux partenaires et de discuter les
prix pour ce qu'ils veulent acheter ou vendre.
A ce propos, l'ambassdeur chinois a cité le président Abdoulaye Wade qui a dit dernièrement que "dans la
coopération avec les pays africains, l'Europe parle plus qu'elle n'agit et elle a perdu sa compétition avec la Chine".
"Ils (Africains) sont capables de dire non à des conditions et exigences injustes. En un mot, ils peuvent se
comporter avec la tête levée. Récemment, des pays africains se sont dressés contre les APE proposés par l'UE.
C'est en quelque sorte une manifestation de la prise de conscience de l'autonomie économique africaine", a conclu
le diplomate chinois.
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Articles
Le Quotidien
25/01/08
COLLOQUE - Nouveaux partenariats entre l’Europe et l’Afrique : Contre la loi du profit
La fondation française Gabriel Péri organise, depuis hier, en partenariat avec le Parti de l’indépendance et
du travail (Pit) et la revue Recherches internationales, un colloque qui a pour thème : «L’Afrique et l’Europe
dans la nouvelle géopolitique mondiale ». Durant trois jours, d’éminents hommes et femmes de sciences
vont réfléchir sur le nouveau contenu à donner aux relations Afrique-Europe, afin de départir les peuples
du Sud «des ravages de la mondialisation libérale».
Des hommes et femmes de sciences, de grande notoriété, des acteurs de premier ordre de la vie d’Europe sont
engagés, depuis hier, dans une réflexion destinée à l’éclairage des grands problèmes géopolitiques de l’Afrique, de
l’Europe et du monde. Placé sous la coordination scientifique du Laboratoire d’études et de recherches
philosophiques et sociales contemporaines sur l’Afrique et le monde (Lerpscam), de Dakar, ce colloque rassemble
à Dakar plus d’une centaine de personnalités originaires de plus d’une vingtaine de pays d’Afrique et d’Europe.
Le secrétaire général du Pit, co-organisateur de cette rencontre dira dans son discours que : «Toutes les régions
d’Afrique sont représentées ici à un moment où le débat sur le partenariat Afrique-Europe occupe tous les esprits
avec angoisse.» Amath Dansokho de poursuivre qu’il n’est pas exclu que «le souci d’un partenariat de type
nouveau dans cette salle permette de formuler des hypothèses et même des esquisses de solutions dans le sens
de la libération de nos peuples des ravages de la mondialisation libérale».
Pour le leader du Parti de l’indépendance et du travail, il urge de construire de nouveaux rapports de partenariat
entre l’Europe et l’Afrique et entre ces deux continents et le reste du monde. «Tant il est vrai qu’aux iniquités et
exploitations, nées des rapports de domination coloniaux, s’ajoutent aujourd’hui les conséquences désastreuses de
la mondialisation libérale sous la houlette de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de
l’Organisation mondiale du commerce dont les diktats sont conçus par une petite minorité de puissances
regroupées au sein du G8», souligne Amath Dansokho.
Durant cette rencontre qui va se terminer demain, les participants vont s’atteler à l’analyse des rapports qui sont en
gestation dans la nouvelle géopolitique mondiale et de prendre en compte l’existence de nouvelles puissances
émergentes, financières et industrielles dont certaines ont atteint un niveau de haute compétitivité. Ces puissances,
assure Dansokho, «sont désormais à l’assaut des matières premières du continent et des marchés, d’une vaste
gamme d’articles de consommation, appréciés des Africains, parce qu’à la portée de leurs revenus».
Dans ce contexte, il faut, selon le leader du Pit, que les Etats africains, dans le cadre des instances multilatérales
des Nations-Unies, s’érigent en rempart, pour empêcher que «la logique productiviste qui met en péril la planète, ne
se traduise par une catastrophe encore plus grave que la traite négrière». Ce, par des mécanismes d’épuisement
des matières premières, la poursuite de la dégradation générale des écosystèmes africains et le développement
des tensions sociales et politiques. Des mutations, selon encore M. Dansokho, qui ne manqueront pas de créer des
compétitions entre puissances nouvelles et anciennes et même des conflits inter-impérialistes classiques dans le
cadre d’une mondialisation totalement «contrôlée et stimulée par la loi du profit».
repenser les rapports europe-afrique
Pour sa part, le président de la Fondation Gabriel Péri, par ailleurs, vice-président de la commission des Affaires
étrangères et de la Défense au Sénat français, Robert Hue, affirme que l’Afrique est indépendante, et a le privilège
de choisir ses partenaires. Le temps où ceux-ci imposaient des accords selon leur seule volonté, leurs seuls
intérêts est révolu. «L’émancipation africaine fait d’ailleurs peur à ses partenaires traditionnels : la France, l’Union
européenne, les Etats-Unis», assure Robert Hue. En effet, les pays africains contractualisent désormais avec les
nouveaux pays émergents comme la Chine, l’Inde ou les pays du Golfe. Ainsi, pour M. Hue, pour que le partenariat
avec l’Europe apparaisse à l’Afrique comme une nécessité, «il faut d’abord clarifier la compréhension que ces deux
entités ont de leur histoire commune, donner à voir la vision que l’Afrique a d’elle-même dans la mondialisation».
Aly FALL
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Nettali.net
26/01/08
Les intellectuels de gauche "auditent" les ravages de la mondialisation
NETTALI - Le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) et la Fondation française Gabriel Péri organisent, depuis
hier, un colloque sous le thème : « L’Afrique et l’Europe dans la nouvelle géopolitique mondiale ». Durant trois
jours, d’éminents hommes et femmes de sciences vont réfléchir sur la redéfinition du contenu à donner aux
relations Afrique-Europe, afin de départir les peuples africains « des ravages de la mondialisation libérale ».
Un colloque international scientifique et politique, réunit depuis hier, à Dakar et pendant trois jours, sous le thème
« l’Afrique et l’Europe dans la nouvelle géopolitique mondiale », des chercheurs, des universitaires, des intellectuels
de différentes disciplines, des dirigeants et des cadres politiques, africains et français. Ce afin de procéder à
l’analyse des dynamiques politiques, économiques et sociales intervenues récemment dans le monde, et d’en
mesurer les enjeux et la portée, dans les relations entre l’Europe et l’Afrique aussi bien qu’entre les deux entités et
le reste du monde. Ainsi, sous l’égide de la Fondation Gabriel Péri et le Parti de l’indépendance et du travail (Pit),
des sommités telles que Moustapha Niass, Amath Dansokho, Robert Hue du Parti communiste français, Albert
Bourgi, Assane Diop de Rfi, entre autres vont se pencher sur sur plusieurs thèmes qui concernent les relations
eurafricaines notamment le positionnement géostratégique des grandes puissances et des multinationales, la place
de la Chine, la nature et le contenu des relations Europe Afrique, le processus démocratique africain.
A l’ouverture, hier, le Secrétaire général du Pit, Amath Dansokho, membre du Conseil d’administration de la
Fondation Péri, a souhaité que « le souci d’un partenariat de type nouveau dans cette salle permette de formuler
des hypothèses et même des esquisses de solutions dans le sens de la libération de nos peuples des ravages de la
mondialisation libérale ». Poursuivant son propos, le leader du Pit dresse un tableau sombre de la géopolitique
actuelle dominée par les pays regroupés autour du G8 et des institutions de financement internationales. « « Tant il
est vrai qu’aux iniquités et exploitations, nées des rapports de domination coloniaux, s’ajoutent aujourd’hui les
conséquences désastreuses de la mondialisation libérale sous la houlette de la Banque mondiale, du Fonds
monétaire international et de l’Organisation mondiale du commerce dont les diktats sont conçus par une petite
minorité de puissances regroupées au sein du G8 », souligne Amath Dansokho. Pour sa part, Robert Hue, le
président du Conseil d’administration de la Fondation Gabriel Péri, par ailleurs, Sénateur français, a affirmé que le
privilège de l’Afrique indépendante est de choisir ses partenaires, comme pour déclarer la fin du système de
précarré que certaines anciennes puissances coloniales pensent toujours jouir auprès de leurs anciennes colonies.
C’est pourquoi, M. Hue estime qu’« il faut d’abord clarifier la compréhension que ces deux entités ont de leur
histoire commune, donner à voir la vision que l’Afrique a d’elle-même dans la mondialisation », si l’Europe et
l’Afrique veulent poursuivre leur partenariat. Ce, parce que les pays africains, à l’image du Sénégal, se tournent
désormais vers les nouveaux pays émergents comme la Chine, l’Inde ou les pétrodollars du Golfe.
« L’émancipation africaine fait d’ailleurs peur à ses partenaires traditionnels : la France, l’Union européenne, les
Etats-Unis », a révélé l’ancien candidat malheureux à la présidentielle française.
Colloque international sur la géopolitique mondiale Synthèses des communications de Jeudi et Vendredi
Après la traditionnelle cérémonie d’ouverture du colloque, la centaine de participants venus de « toutes les régions
d’Afrique » et d’Europe a consacré la matiné d’hier au « nouveau contexte géopolitique ». L’après-midi, les
participants ont débattu de « l’Afrique : un nouvel enjeu géostratégique » et de « l’Etat et les acteurs sociaux en
Afrique face aux nouveaux défis géopolitiques ». Et pour la journée du vendredi, c’est autour des « stratégies et des
perspectives » et des « enjeux ruraux et agraires en Afrique » qui étaient au menu.
Les travaux du colloque international sur « L’Afrique et l’Europe dans la nouvelle géopolitique mondiale » ont
débuté, hier, après la traditionnelle cérémonie d’ouverture, par une communication de Sophie Bessis, directrice de
recherches à l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris) sur « l’état du monde : mutations, enjeux
et défis politiques majeures » qui entre dans le sous-thème « le nouveau contexte géopolitique ». Elle est suivi par
un exposé de l’ancien candidat à la présidentielle sénégalaise de février 2007, Mamadou Lamine Diallo, par ailleurs
ancien conseiller d’Alpha OOUmar Konaré à l’Union africaine sur les « atouts et les faiblesses de l’Afrique dans la
géopolitique mondiale ». A sa suite, le député européen, Francis Wurtz a traité de la « nouvelle stratégie
européenne en Afrique », avant que Michel Rogalski, chercheur au Centre international de recherches sur
l’environnement et le développement et directeur de la revue ’’Recherches internationales’’ ne clos la matinée en
parlant des « Etats-unis et l’Afrique ». Les travaux de l’après-midi, regroupés autour du « nouvel enjeu
géostratégique de l’Afrique », ont repris avec la présentation de l’exposé du journaliste Adama Gaye sur « la
nouvelle donne chinoise en Afrique », complété par un autre de Lu Shaye, Ambassadeur de la République
populaire de Chine sur le même sujet. C’est après au tour du professeur Sémou Pathé Guèye de discourir de
« l’Afrique de Sarkozy : du mépris culturel à l améprise géopolitique ». Après une petite pause, les participants ont
ouvert le sous-thème « l’Etat et les acteurs sociaux en Afrique face aux nouveaux défis géopolitiques » par la
communication de Atsutse Agbobli, directeur d’’’Afric’Hebdo’’, historien, politologue et chef de parti au Togo. Il a
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traité de « quel Etat en Afrique face aux nouveaux défis », avant d’être suivi par une présentation de
« l’entrepreunariât africain face aux nouveaux défis » de Pape Nalla Fall, du Conseil national du patronat (Cnp)
sénégalais. Toujours, face aux nouveaux défis, Evelyne Benjamin-Sampson a informé sur le « mouvement
syndicale africain ». La première journée du colloque est clôturée par le « rôle des femmes dans la lutte pour la
démocratie et le développement durable en Afrique » du professeur Aminata Diaw Cissé. La journée du vendredi a
commencé par un récapitulatif de la journée précédente avant que le Pr Anver Saloojee, conseiller à la présidence
du gouvernement sud-africain, ne présente « l’approche sud-africaine d’une politique de transformation sociale
globale ». Dans la foulée, le congolais Jean-Christophe Boungou a parlé des « limites des stratégies de lutte contre
la pauvreté » et Mary Teuw Niane, Recteur de l’Université Gaston Berger de Saint Louis des « politiques
d’éducation, d’information et de recherches comme enjeu géopolitique ». Le professeur Hamidou Dia quant à lui a
évoqué les « Réflexions sur l’idée d’un gouvernement continental » et Bienvenu Okiémy de l’université Reims a
développé « l’approche comparative de la démarche constitutive et des mécanismes institutionnels de l’Union
européenne, de l’Oua et de l’Ua ». « Les enjeux ruraux et agraires en Afrique » sont les sous-thèmes de l’aprèsmidi. « Quel développement agricole pour le XXIe siècle » a été traité par Marc Dufumier, professeur d’agriculture
comparée et de développement agricole à l’Institut des sciences et de l’industrie du vivant et de l’environnement
(AgroParis Tech). Après lui, Jacques Faye, socilogue du monde rurale et ancien directeur de l’Isra a développé de
la « révolution agricole pour l’Afrique » et Ibrahim Mayaki, ancien Premier ministre du Niger a évoqué de la question
de « comment sortir de l’impasse dans les négociations des Ape entre l’Ue et les Acp ». Pour le député européen
Helmut Markov, il s’est agit de parler de la « stratégie commerciale et le développement de l’Ue en Afrique » ; le
professeur Abdoulaye Faye de l’Ucad a exposé sur « le contrôle et la gestion durable de la ressource en eau
comme futur enjeu géopolitique ». La journée du vendredi est cloturée par la projection d’un film documentaire sur
L’Ofice du Niger.
Yahoo actualités
25/01/08
Les pays africains doivent protéger leurs économies
Plusieurs universitaires et hommes politiques africains et européens ont fustigé au cours d'un colloque international
ouvert ce jeudi à Dakar, la manière avec laquelle, l'Union européenne (UE) veut "imposer" sa vision dans ses
rapports avec l'Afrique, a t-on constaté sur place.
Le sénateur communiste français, Robert Hue, président de la Fondation Gabriel Péri qui organise ce colloque sur
le thème : "l'Afrique et l'Europe dans la nouvelle géopolitique mondiale" avec le Parti pour l'indépendance et le
travail du Sénégal (PIT), a dénoncé que l'UE mette au premier plan de ses relations avec l'Afrique, "la gestion des
flux migratoires par la constitution d'une Europe forteresse, tout en organisant avec la carte bleue un échange de
compétences qui peut favoriser la fuite des cerveux".
Selon M. Hue, les migrations du Sud vers le Nord ne s'inverseront pas dans les conditions actuelles de
développement. Il précise, s'agissant des Accords de partenariat économiques (APE), que la question est d'abord
de "donner le droit aux pays africains de faire ce que les Européens ont fait eux-mêmes avec succès en protégeant
leurs marchés".
La directrice de l'Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS), Sophie Bessis, a invité, à ce propos,
les pays africains à protéger leurs économies, car a-t-elle affirmé, "jamais les pays occidentaux n'ont été plus
protectionnistes qu'aujourd'hui, et c'est un leurre que de vouloir parler de libéralisme absolu des relations
économiques dans le monde".
"C'est un libéralisme à géométrie variable", a estimé Mme Bessis, rejoignant la position du secrétaire général du
PIT, Amath Dansokho, pour qui les "Etats africains doivent faire front pour empêcher que les mécanismes
d'épuisement des matières premières, la dégradation générale des écosystèmes africains ne prospèrent avec les
compétitions entre puissances économiques nouvelles et anciennes".
Le député européen Francis Wurtz, a tenu, quant à lui, à souligner que les APE ne découlent pas d'une exigence
de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"L'Union européenne n'a jamais demandé à l'OMC la modification de l'article 24 qui préconise la signature de ce
type d'accord", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que "les négociations se poursuivront entre l'UE et l'Afrique pour la
conclusion d'accords plus justes.
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Le Quotidien
28/01/08
Par Nelly FUALDES
ANALYSE - Hausse des prix alimentaires. Demain, se nourrir sera un luxe !
Un professeur d'Agriculture en Europe considère que toutes les conditions sont réunies pour que les
produits alimentaires importées deviennent de plus en plus chers pour les populations des pays pauvres.
A l'occasion de la réflexion sur les enjeux ruraux et agraires en Afrique, lancée lors du colloque international sur
«L'Afrique et l'Europe dans la nouvelle géopolitique mondiale», organisé à Dakar par la fondation Gabriel Péri et le
Parti de l'indépendance et du travail (Pit) du 24 au 26 janvier, Marc Dufumier, professeur d'Agriculture comparée et
de Développement agricole à Paris, est revenu sur la hausse des prix des produits alimentaires sur les marchés
mondiaux.
Selon lui, même si cette hausse est en partie imputable à des facteurs conjoncturels, comme les sécheresses en
Ukraine et en Argentine, c'est surtout à des phénomènes structurels que le monde est confronté. L'augmentation
des prix proviendrait en effet de la croissance continue de la population mondiale, et en particulier de l'émergence
de nouvelles classes moyennes en Asie. Il est vrai que dans les pays émergents, de plus en plus de familles
arrivent à un niveau de vie leur permettant de diversifier leur alimentation, et notamment d'avoir accès à la viande.
Ainsi, en Chine, la consommation moyenne annuelle de viande a décuplé en 10 ans, passant de 4 kg par an et par
habitant à 40 kg ! Or, la production d'un kilo de viande revient très cher. Plusieurs kilogrammes de production
végétale, transformés en alimentation animale, sont nécessaires. Une part de plus en plus grande de la production
végétale est donc destinée à cette alimentation animale, au détriment de l'alimentation humaine. De plus, le
développement des agro-carburants ponction-ne encore une part toujours plus importante de la production végétale
mondiale.
Dans un tel contexte, la hausse des prix agricoles ne peut que se poursuivre, et les pays dont l'alimentation est
basée sur l'importation, risquent d'en subir les conséquences. Et réagir actuellement est difficile, car pour l'instant,
protéger l'agriculture en augmentant les droits de douanes serait plus dommageable qu'autre chose, d'après le Pr
Dufumier, qui suggère néanmoins d'agir sur ces taxes dès que la hausse des prix connaîtra une certaine accalmie.
Mais pour lui, le remède le plus absolu serait encore d'opérer de grandes réformes agraires en Afrique, d'appliquer
les méthodes ancestrales d'agriculture sous arbre et de fertilisation organique, et de se soustraire aux conditions
imposées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (Fmi). A ce sujet, il rappelle que c'est cette
agriculture européenne basée sur une productivité et un rendement toujours croissants qui a produit «des vaches
folles, des poulets à la dioxine et d'autres choses un peu bizarres».
Le Quotidien
28/01/08
Repris le mercredi 30 janvier par blogs-afrique.info/senegal-politique/
JACQUES FAYE, sociologue du monde rural : «Il faut vite transformer l’agriculture
africaine»
Jacques Faye est sociologue du monde rural et ancien directeur de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra).
Pour lui, face aux problèmes écologiques en cours et à prévoir et à la hausse des prix agricoles sur les marchés
mondiaux, il est nécessaire de transformer et de moderniser l’agriculture africaine par ce qu’il appelle, une
«révolution verte». Laquelle révolution serait techniquement possible, mais pas encore soutenue par une vraie
volonté politique.
Les évolutions nécessaires de l’agriculture africaine La nécessité d’une révolution verte africaine ne se discute
pas. Je crois qu’il est clair pour tout le monde, qu’il nous faut transformer complètement cette agriculture. Mais il
faut voir les conditions. Il y a d’abord les conditions techniques, et là, il y a consensus. On sait qu’il faut des
infrastructures, des routes, des aménagements hydro-agricoles, de l’eau, de l’énergie, le téléphone, il faut des
services publics aussi.
Divergences sur les conditions de la «révolution verte africaine» Il y a des désaccords importants sur les
conditions sociopolitiques, notamment au sujet du soutien, de la protection des produits vivriers africains par rapport
aux produits importés. Mettre des protections fortes, c’est faire payer plus cher la nourriture aux populations
urbaines, et de plus en plus, aux populations rurales aussi, puisque ces populations vivent des produits bas de
gamme, très bon marché, importés, alors que le pouvoir d’achat n’augmente pas de manière significative. Alors,
forcément, ça pose problème. Il y a aussi des lobbies de l’importation alimentaire, extrêmement puissants, qui ont
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beaucoup d’influence sur le pouvoir politique. Donc, il est extrêmement difficile de trouver un consensus sur la
nécessité d’une protection forte. On ne pourra pas s’en sortir uniquement avec des politiques protectionnistes. Il
faut autre chose. Autre chose, c’est des formes de soutien à la production agricole : subvention sur les intrants,
rémunération des activités de protection des ressources naturelles et d’adaptation aux changements climatiques,
etc. Il faut donc combiner subventions et soutiens. Il y a des choix sur quelles formes d’agriculture on favorise :
agriculture familiale, entreprenariat agricole, ou agrobusiness. Suivant les priorités qu’on donne à telle ou telle
forme d’agriculture, l’impact sur la pauvreté, sur la création d’emplois n’est pas le même. Donc, il y a des choix des
politiques qu’il faut faire. Si on veut lutter contre la pauvreté, il est clair qu’il faut donner la priorité à l’agriculture
familiale. Si on veut favoriser les exportations, peut-être que l’agrobusiness, ou l’entreprenariat agricole sont plus
indiqués, surtout parce qu’ils sont capables de répondre aux normes sanitaires de l’exportation.
Mais il y a aussi le fait de développer les activités non agricoles. Moderniser, transformer l’agriculture africaine, c’est
dégager des surplus de main-d’œuvre agricole de plus en plus importants. Donc, il faut trouver des emplois pour les
gens qui sortent de l’agriculture. Et ces emplois, on ne peut les créer massivement qu’autour de l’agriculture, c’està-dire en développant les activités de transformation des matières premières agricoles et des activités de services à
l’agriculture, et les activités de préservation des ressources naturelles et d’adaptation aux changements
climatiques. Mais c’est une question essentielle. Si on ne fait rien pour ceux qui sortent, ils vont rester dans
l’agriculture et continuer à détériorer les ressources naturelles. Donc l’agriculture, ce n’est pas ou on nourrit la
population, ou on développe le monde agricole ; il faut lier étroitement les deux. Et c’est justement dans cette
articulation
et
dans
la
progression
simultanée
qu’on
pourra
résoudre
les
problèmes.
Le comportement alimentaire au quotidien change De plus en plus, on constate que dans les classes aisées,
urbaines, sénégalaises, les gens consomment de plus en plus de légumes. Leur modèle alimentaire change. Dans
les familles aisées sénégalaises, on mange du riz à midi, et on mange autre chose le soir, de la viande, du poisson,
avec des légumes. Donc, c’est possible. (Il répète) Mais ça ne sera pas facile. Car le riz a tellement de qualités, et
c’est facile à préparer. Et pour les femmes, leur émancipation dépend très fortement de leurs possibilités de
dégager du temps de libre. Tout produit alimentaire qui leur prend beaucoup de temps de préparation est une
contrainte énorme. D’où l’intérêt que les femmes ont pour le riz : le riz, on le prend et on le fait cuire, le mil il faut le
piler, etc. D’où l’importance du développement de la transformation artisanale et industrielle des matières premières
agricoles, pour que les consommateurs aient des produits prêts à préparer, prêts à consommer. S’il n’y a pas ces
changements, bien sûr que les gens vont continuer à consommer des produits importés, qui sont prêts à préparer.
Pour cela, il faut plus qu’une volonté politique. Il faut que les gens qui ont intérêt à ce changement, s’allient et se
battent. Ils sont nombreux. Les paysans ont intérêt à ça, il y va de leur vie. Les classes moyennes urbaines pauvres
ont intérêt à ça, parce que les prix alimentaires sur le marché mondial vont s’équilibrer à un tel niveau que leur
pouvoir d’achat ne leur permettra pas d’accéder à ces produits. Il ne faut pas que les gens se fassent des illusions.
Les ajustements se feront à un niveau de prix très élevé. Et donc, hors de portée de ces gens-là. De plus, si les
importations de riz des Chinois continuent à augmenter, dans 20 ans, la Chine va prendre toute l’offre de riz sur le
marché international. Il n’y aura plus de riz pour les Sénégalais sur le marché international, on n’en trouvera plus !
Donc, autant le produire.
Sur un an, le prix du lait a pratiquement doublé, le prix du blé a pratiquement doublé, le prix des huiles a augmenté
de plus de 60%. Est-ce que les populations sénégalaises, avec leur pouvoir d’achat pratiquement stagnant et qui
même, dans certains cas, diminue, peuvent acheter ces produits, surtout qu’il faut se les offrir en même temps que
l’énergie qui, aussi, est de plus en plus chère ? On ne va pas s’en sortir. Il faudra bien qu’on produise ce qu’on a,
parce qu’on ne pourra pas l’acheter sur le marché mondial.
Le Sénégal a les techniques pour accéder à l’autosuffisance alimentaire Je dis toujours que pour les 20 ans
qui viennent, les technologies nécessaires à la révolution verte sont disponibles au Sénégal. Et au niveau mondial,
il est possible de les adapter. Donc, ce n’est pas un problème technique. Sauf peut-être, à long terme, en termes
d’adaptation aux changements climatiques, oui, il y a un certain nombre de technologies, de méthodes qu’il faut
mettre au point. Il faut changer le matériel végétal, il faut changer le matériel animal, etc. Mais on sait faire. Sur le
plan scientifique comme sur le plan technique, on sait faire ! Il n’y a pas de blocage. Mais la question est, les
conditions socioéconomiques sont-elles réunies pour que les gens adoptent ces techniques, et les mettent en
œuvre ?
Nelly FUALDES
L’Observateur.sn, Wal Fadjri et l' Office - Dakar, Sénégal
29/01/08
Article Par Khalil GUEYE, Directeur, NBN Télévision www.nbnlive.com
Nouvelle géopolitique mondiale. Les enfants de Marx au chevet de l’Afrique
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L’impensé de Marx, aimions-nous dire dans nos fraîches années de philosophie, c’est la notion de nation. Jeunes
étudiants, nous aimions faire face à nos amis marxistes pour leur opposer avec plaisir et malice que Marx n’avait
pas intégré la notion de nation dans ses réflexions. Nous pouvions le dire d’autant que nous pratiquions aussi la
lecture de Marx, impérieuse nécessité dans notre exercice quotidien du matérialisme dialectique, notre essence de
l’époque pour faire face avec courage et détermination aux policiers et agents du système pendant les grèves. Nos
amis marxistes nous répondaient souvent que le choix du philosophe Allemand était destiné à barrer la voie à la
formation d’états nationaux dits « démocratiques » car cela équivaudrait à la fin de toute lutte sociale. Au finish, le
front éclaterait et irait se jeter dans la guerre civile contre l’état de sa « patrie ». Aujourd’hui, ils sont nombreux à
travers le monde, les intellectuels qui ont une certaine inclination à revisiter cette attitude réflexive du philosophe
allemand devant la peur que suscite aujourd’hui l’économie mondiale.
Aujourd’hui, les observateurs les plus sérieux de la géopolitique mondiale ont fait le constat que le portrait qui se
dresse devant nous de l’économie mondiale est effrayant. Mortel pour l’Afrique ! Cela les enfants de Marx, l’ont
compris qui se sont retrouvés à Dakar, le temps d’un colloque pour aller au chevet de notre continent. Ils étaient
donc là, Robert Hue, Dansoko, Francis Wurtz, le député européen, Sémou Pathé GUEYE, Ibrahima Sène… Il y
avait aussi les sympathisants par la réflexion qui sont venus d’une quarantaine de pays à travers le monde : Sophie
Bessis, Jean Paul Escofier, Bienvenu Okiémy…. Leurs réflexions de haute facture n’ont fait que me conforter dans
ma conviction qu’à l’heure de la mondialisation, les intellectuels marxistes font aussi partie des meilleurs analystes
de la situation de notre monde. Et à Dakar, ils ont proposé des solutions. Quand j’interviewais M. Robert Hue sur
justement la parenté entre le marxisme et la mondialisation, il m’a dit avec le sérieux qu’on lui connaît : « nous
avions déjà l’Internationale….. » Pendant que le colloque se tenait à Dakar, la récession frappait aux portes des
Etats-Unis et la Société générale en France était victime d’une fraude de 4,9 milliards d’euros, œuvre, nous dit on,
d’un individu. Les communiqués rassurants de la Banque n’ont pas apaisé les marchés. Qu’ont fait les libéraux du
Sénégal pour rassurer les populations dans un moment de fort chômage et de précarité du travail, eux qui ignorent
que le seul fait de clamer son appartenance au libéralisme en politicien, ne fait pas de vous un libéral, surtout si le
CFA est contrôlé par le trésor Français.
Les enfants de Marx réunis à Dakar, eux, ont bravement exposé leurs idées et proposé des solutions. Ils ont aussi
écouté les brillantes contributions de membres de la société politique et de la société libre du Sénégal. Ainsi,
Moustapha Niasse de l’AFP, Tanor Dieng du PS et bien d’autres acteurs de la politique nationale ont brillamment
contribué au succès des travaux. L’intervention de Moustapha Niasse sur les APE, particulièrement relevée a reçu
l’approbation de toute la salle et a d’ailleurs été versée aux dossiers du colloque. Les conclusions de ces travaux
initiés par le laboratoire du philosophe Sémou Pathé GUEYE en collaboration avec la respectueuse fondation
Gabriel Péri ont été édifiantes et pleines d’espoir pour nous. Seulement, pas l‘ ombre d’un libéral officiel dans la
salle. Pas l’ombre de la télévision nationale non plus. Tant pis pour l’information du citoyen, de l’homo senegalensis
qui se débat dans les ressacs d’une économie mondiale en crise sans trop comprendre ce qui lui arrive. Il faudrait
cependant que l’état libéral comprenne que les chocs financiers d’aujourd’hui n’épargneront point le Sénégal et que
ce ne seront ni les images de footballeurs reçus au Palais ou suivis jusqu’ à leur escale du Burkina par l’Exécutif ou
encore même les images envoyées en direct de la CAN d’une équipe qui se fait battre malgré tous les
investissements qui lui sont consentis au détriment de l’école ou de la santé qui régleront les problèmes des
Sénégalais.
Le Figaro
01/02/2008
Rubrique Débats
L'analyse de Pierre Prier, grand reporter au service Étranger du Figaro.
La Chine fascine les élites africaines
La Chine, une menace pour l'Afrique ? L'ambassadeur de Pékin à Dakar, Lu Shaye, ironise sur les craintes
occidentales devant l'irruption chinoise sur le continent : «Ce n'est pas étrange qu'ils aient de tels points de vue.
L'Afrique était leur colonie et doit donc être dans leur pré carré.»
Cette période est révolue, a averti l'ambassadeur devant un parterre d'économistes, d'hommes politiques et
d'universitaires venus de nombreux pays africains, réunis la semaine dernière dans la capitale sénégalaise par la
Fondation Gabriel Péri. Dans un discours d'une rare franchise, le jeune diplomate de Pékin a lancé un
avertissement aux anciennes puissances coloniales : fini le temps où les Occidentaux pensaient que «toute
l'Afrique, y compris le marché et les ressources, leur appartenait» .
Quelques applaudissements saluent ces remarques. Même si l'on est loin de l'époque du soutien aux maquis et aux
régimes socialistes africains, la Chine fait aujourd'hui rêver beaucoup de monde en Afrique, analyse le journaliste
sénégalais Adama Gaye (1) : «Elle offre un exemple concret de réussite comme il en existe rarement dans le
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monde du développement» , une réussite qui n'est pas passée par le Fonds monétaire international ou la Banque
mondiale.
À Dakar, les polémiques sur l'influence française, tout comme le retour de la «Françafrique» que vient de dénoncer
le ministre délégué à la Coopération Jean-Marie Bockel, paraissent appartenir au passé. Personne ou presque n'y
a fait allusion. C'est désormais sur l'influence chinoise que l'on polémique, en particulier sur son soutien aux
régimes dictatoriaux. Là-dessus, l'ambassadeur chinois au Sénégal renvoie à l'Europe ses accusations.
Si la communauté internationale critique le soutien apporté par l'empire du Milieu au Soudan et à ses dirigeants
autocratiques, «ce n'est pas à cause de la mauvaise situation de la démocratie et des droits de l'homme dans ces
pays, mais parce qu'ils n'obéissent pas aux ordres de l'Occident» .
D'ailleurs, ajoute-t-il, dans un style inchangé depuis Mao, les dénonciations des régimes dictatoriaux sont
«partagées par de soi-disant organisations non gouvernementales indépendantes qui sont subventionnées par des
groupes d'intérêt». Ces préoccupations agitent plus les défenseurs des droits de l'homme que les pouvoirs en
place, auxquels il faut ajouter une bonne partie de ceux qui aspirent à les remplacer. Le président sénégalais Abdoulaye Wade ne perd pas une occasion de chanter les louanges de la Chine, et, au Sénégal, Pékin se partage
désormais les marchés avec les sociétés de BTP du Golfe, au détriment des entreprises françaises.
En dehors de leur savoir-faire, les Chinois cassent les prix en proposant une main-d'œuvre à bas coût et des frais
réduits, se glorifie l'ambassadeur Lu Shaye. «les experts et les techniciens des pays occidentaux s'installent
souvent dans des hôtels 3 ou 4 étoiles, et il leur faut parcourir en véhicule 40, 50 kilomètres ou même plus pour
visiter les chantiers», se gausse le diplomate, tandis que leurs homologues chinois «vivent dans des camps de
fortune construits par eux-mêmes sur les chantiers». Mais là aussi, affirme l'ambassadeur, le bilan est positif pour
l'Afrique. «On nous accuse de ne pas employer de main-d'œuvre locale. C'est faux», assure-t-il en citant deux
entreprises chinoises implantées au Sénégal et qui emploient «plus de 50 % de Sénégalais» .
Même triomphalisme à propos du déferlement des produits chinois sur le continent : «Dans beaucoup de pays
africains, les enfants issus d'une famille pauvre ne pouvaient avoir une paire de chaussures, même jusqu'à l'âge de
7 ou 8 ans, tandis que maintenant, ils peuvent en avoir une dès qu'ils apprennent à marcher, car une paire de
chaussures fabriquée en Chine ne coûte que 500 F CFA (0,80 euro.)»
Enfin, que l'on n’accuse pas la Chine d'endetter l'Afrique, elle procède à de nombreuses remises de dettes, assure
Lu Shaye, ou de piller ses ressources. «Une pure invention», dit l'ambassadeur. La Chine achète pétrole et minerai
«par voie de négociations commerciales normales», contrairement aux Occidentaux qui, selon lui, ont agi jusqu'ici
«par la force et la duperie» .
Quand la puissance financière chinoise vient au secours de la rhétorique anti-impérialiste, les anciennes
puissances coloniales ont du souci à se faire. Citant la récente résistance des pays africains au sommet de
Lisbonne face aux propositions de renouvellement des conventions régissant les échanges entre l'Europe et
l'Afrique, le diplomate chinois conclut : «Aujourd'hui, les Africains ont de nouveaux partenaires.»
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