PARCOURS_Loup et chevreaux:Loup
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PARCOURS_Loup et chevreaux:Loup
Cycle 2 Le loup et les 7 chevreaux lecture en parcours Un parcours de lecture proposé par Stéphanie Llory et Julie Réménoville PRÉSENTATION DU LIVRE ■ Un conte traditionnel Jacob et Wilhelm Grimm, nés en Allemagne respectivement en 1785 et en 1786, ont sillonné leur pays afin de recueillir les récits traditionnels du folklore : à l’aube de la société industrielle, la tradition orale risquait de s’éteindre. Ils ont alors transcrit plus de deux cents contes, dont Le loup et les sept chevreaux, en respectant fidèlement le ton et les expressions des conteurs traditionnels. Ils ont publié ces contes au début du XIXe siècle. ■ L’album Le loup et les sept chevreaux, publié en 2008 par l’éditeur Magnard Jeunesse, est une version adaptée du conte, légèrement simplifiée d’un point de vue lexical ; mais l’histoire est sensiblement identique à celle des frères Grimm. Cette version est mise en images par Hervé Le Goff. Né en 1971, il a illustré des dizaines d’ouvrages, à découvrir sur le site suivant : http://www.ricochet-jeunes.org/. Les illustrations d’Hervé Le Goff confèrent au conte une force dramatique et angoissante. Tout au long de l’album, l’illustrateur plonge le lecteur dans une atmosphère pesante. Il faut attendre la page 34, lorsque la chèvre recoud le ventre du loup, pour voir apparaître un coin de ciel bleu dans l’image. C’est le moment du dénouement, et la tension retombe enfin. Remarque Le loup et les sept chevreaux fait partie des contes dont la lecture au cycle 2 est recommandée par le Ministère de l’Éducation Nationale. ■ L’histoire Le loup et les sept chevreaux raconte l’histoire de sept cabris, qui, laissés seuls à la maison, reçoivent la visite répétée du grand méchant loup. – La première fois, l’animal prétend être la chèvre et essaie de se faire ouvrir la porte. Mais la chèvre a averti ses petits du danger que représente le loup. Ils reconnaissent donc la grosse voix du loup et ne lui ouvrent pas. – La seconde fois, le loup revient à la charge après avoir avalé une craie, dans le but de s’adoucir la voix. Mais cette tentative se solde par un second échec : les chevreaux aperçoivent sa patte noire et ne sont pas dupes. La chèvre a la patte blanche ! – La troisième fois, le loup montre par la fenêtre une patte enfarinée. Les chevreaux, trompés, lui ouvrent la porte. Le loup entre. Les cabris tentent de se cacher, mais ils sont vite débusqués et avalés, excepté le plus jeune, qui se dissimule dans l’horloge. En rentrant, la chèvre découvre une maison sens dessus dessous. Elle appelle ses petits et ne retrouve que le plus jeune qui lui apprend la triste nouvelle. Comme elle aperçoit le loup assoupi dans le jardin, elle s’en approche et remarque que le ventre de la bête remue. Quelques coups de ciseaux et elle en sort les six chevreaux sains et saufs. Elle les remplace ensuite, à l’aide de ses petits, par de grosses pierres. À son réveil, le loup se sent mal. Il a soif. Il se rend au puits, tombe dedans et se noie. La chèvre et les sept chevreaux dansent de joie. ■ Le sens du conte Bruno Bettelheim, dans Psychanalyse des contes de fées (Robert Laffont, 1976), explique le fait suivant : « À force d’avoir été répétés pendant des siècles, les contes de fées se sont de plus en plus affinés et se sont chargés de significations aussi bien apparentes que cachées ; ils sont arrivés à s’adresser simultanément à tous les niveaux de la personnalité humaine, en transmettant leurs messages d’une façon qui touche aussi bien l’esprit inculte de l’enfant que celui plus perfectionné de l’adulte. » Le conte Le loup et les sept chevreaux enseigne ainsi aux enfants que la vie comporte des difficultés, voire des dangers et qu’ils peuvent être amenés à vivre de telles épreuves. Mais 2 © Éditions Magnard, 2008 le conte leur apprend aussi qu’ils peuvent en venir à bout, avec l’aide toutefois d’un adulte. La mère intervient en effet de façon déterminante dans la libération de ses petits et dans la mort du loup. C’est elle qui prend les initiatives, même si ses chevreaux l’aident en apportant les ciseaux, le fil et les aiguilles ou en transportant les pierres. À noter : le plus jeune joue également un rôle capital dans la libération de la fratrie en informant la chèvre de ce qui s’est passé. Décidément, « on a toujours besoin d’un plus petit que soi » ! ■ Le parcours Ce livret propose un parcours de lecture rapide, qui permet une exploitation pédagogique de l’album. Ce parcours est constitué de six étapes. – Étape 1 Découverte de l’album : présentation de l’album, activation des connaissances et prédictions sur l’histoire à l’aide d’indices. – Étape 2 Étude du schéma narratif : lecture intégrale de l’album et activités centrées sur la structure du conte. – Étape 3 Les personnages : rappel du conte et activités centrées sur les personnages. – Étape 4 L’illustration de la séquence de la dévoration : retour réflexif sur l’illustration d’une séquence forte du conte : le moment où les chevreaux se font dévorer. – Étape 5 Mise en réseau du conte traditionnel avec des œuvres contemporaines : proposition de mise en relation du conte traditionnel avec des œuvres contemporaines proches. – Étape 6 Travailler l’album sous l’angle des arts visuels : propositions d’activités plastiques. 3 © Éditions Magnard, 2008 Étape 1 Découverte de l’album OBJECTIF • Apprendre à préparer sa lecture : se créer un horizon d’attente, anticiper la suite de l’album, en prélevant des indices pertinents et en mobilisant sa culture, son imagination et ses représentations. ■ Première approche : émission d’hypothèses à partir de la couverture L’enseignant présente le livre aux élèves et leur propose un travail de spéculation : « À votre avis, de quoi parle cette histoire ? ». • Avec des élèves non lecteurs L’enseignant travaille avec des groupes de quatre ou cinq élèves en dictée à l’adulte. Le reste de la classe est placé en autonomie. L’enseignant peut sélectionner des activités parmi les suivantes : – Puzzle de la première de couverture. – Étiquettes : mots du titre de l’album à replacer dans le bon ordre puis réécriture du titre en cursives. • Avec des élèves lecteurs/scripteurs Les élèves travaillent par groupes de quatre. Le dispositif de travail est précisé : « Vous écrirez vos hypothèses sur une feuille que je vais vous donner. Un rapporteur viendra lire à la classe ce que vous avez produit. » Dans chaque cas, les élèves s’appuient sur les indices de la première de couverture (titre et image) et font appel à leur culture personnelle comme à leur imagination. Ils doivent confronter leurs idées au sein du groupe en argumentant et en justifiant leurs propos. ■ Mise en commun Chaque groupe expose ses hypothèses à la classe : L’image de la première de couverture représente une scène terrible : sept chevreaux menacés par un loup ! On s’interroge : comment se fait-il que les cabris soient dans cette situation ? Peut-être vontils se faire dévorer ? Peut-être vont-ils réussir à se sauver ? À ce niveau, les élèves, avec l’enseignant, repèrent l’atmosphère terrifiante campée par Hervé Le Goff : Le loup est très grand et les chevreaux sont petits, ils sont regroupés et acculés contre le mur, comme pris au piège. De plus, les couleurs sont sombres, le cadrage est significatif : le lecteur est derrière le loup mais à la même hauteur que les chevreaux. Le lecteur est donc amené à s’identifier aux chevreaux. L’enseignant lit ensuite le texte proposé en 4e de couverture afin que les élèves valident ou non certaines de leurs propositions et qu’ils en formulent éventuellement de nouvelles. ■ Observation des pages de garde et de la page de titre L’enseignant montre l’illustration des pages de garde et demande aux élèves de la décrire et d’exprimer leur ressenti. – Le cadre spatial est posé : une maison, bordée d’une immense prairie, à l’orée d’une forêt sombre. Le lieu est désert. – L’atmosphère n’est pas sereine : il se dégage comme un sentiment d’insécurité, d’autant plus que le lecteur a en tête l’image de la première de couverture. Le lecteur peut extrapoler : le dessinateur présente le lieu du drame ! 4 © Éditions Magnard, 2008 – Un tas de pierres capte immédiatement l’attention. Son importance sera découverte plus tard ! – Sur la page de titre, l’oreiller éventré confirme qu’un événement terrible va se produire. Le lecteur averti ne pourra donc regarder la petite scène familiale des pages 2 et 3 sans une réelle inquiétude ! L’enseignant interroge ensuite les élèves sur la signification du mot « conte ». Au cycle 2, ils connaissent quelques caractéristiques du conte : la formule « Il était une fois » ainsi que quelques traits de personnages récurrents. L’enseignant ne doit pas aller plus loin à ce stade de la lecture. Le schéma narratif, tout comme les personnages, seront étudiés dans les séances suivantes. À cette étape, il s’agit seulement d’activer les connaissances des enfants et d’inscrire Le loup et les 7 chevreaux dans un genre. On termine la séance en parlant des auteurs. Le maître explique que le nom « Grimm » renvoie à deux frères allemands qui ont écrit de nombreux contes tels que Hansel et Gretel, Tom Pouce, Blanche Neige ou le Petit Chaperon Rouge. En fin de cycle 2, on pourra situer l’Allemagne sur une carte. ➜ Piste possible : lecture plaisir d’autres contes de Grimm. Étape 2 Étude du schéma narratif OBJECTIF • Dégager le schéma narratif du conte afin de mieux le mémoriser et d’améliorer sa compréhension. ■ Lecture du conte L’enseignant lit le conte à haute voix. Il montre les illustrations pour appuyer sa lecture et répond aux problèmes de compréhension du vocabulaire si nécessaire. ■ Travail à partir d’images séquentielles A. Poppet et J. Herlan-Bredel, dans Le conte et l’apprentissage de la langue, présentent l’utilité de l’étude du schéma narratif : « L’appropriation du schéma narratif ne représente qu’un outil. Il ne peut être un but en soi […] mais c’est, malgré tout, un moyen de compréhension et de mémorisation. Il aide à reconstruire a posteriori la trame événementielle et sert aussi d’indicateur quant aux capacités de raisonnement des enfants ». L’enseignant distribue à chaque élève une série d’illustrations photocopiées dans l’album, à replacer dans l’ordre chronologique. Le choix des illustrations est le suivant : Attention : les élèves doivent ranger les images dans l’ordre chronologique, sans les coller. Situation initiale Problème Péripéties Sauvetage Fin heureuse GS Page 2 Page 7 Page 17 Pages 22 et 31 Page 41 CP Page 2 Page 7 Pages 14 et 18 Pages 22 et 31 Page 41 CE1 Page 2 Page 7 Pages 8, 12 et 17 Pages 22 et 31 Page 41 5 © Éditions Magnard, 2008 ■ Correction • En Grande section de maternelle L’enseignant corrige l’exercice avec les élèves. Il dispose les images, au format A4. Il demande aux élèves quelle est la première illustration. Celle-ci est collée sur une grande affiche au tableau. Les élèves collent eux aussi « la première image » sur une feuille que l’enseignant aura pris soin de leur distribuer. L’illustration est décrite et commentée : Les personnages sont la chèvre et ses sept chevreaux. Ils vivent dans une maison entourée d’une prairie et en bordure d’un bois. Ils sont heureux. Le nom de l’étape est donné : Il s’agit de la situation initiale ou situation du début du conte. Sous l’image, le maître écrit une courte phrase résumant cette situation initiale Cette démarche est poursuivie pour les autres étapes du conte. • En CP L’enseignant distribue une feuille où sont représentés les emplacements des illustrations. Sous ces emplacements sont placées des lignes d’écriture qui serviront pour la trace écrite. L’exercice est corrigé comme en GS ; mais au CP, les élèves recopient le nom de chaque étape et la phrase qui résume la situation. Remarque : À l’étape 3 correspondent trois images. • En CE1 La correction est identique à celle faite en CP, mais après avoir vérifié le bon ordre des phrases l’enseignant peut demander aux élèves d’aller plus loin dans le travail écrit : « Par deux, vous allez maintenant écrire une phrase ou deux qui expliquent ce qu’il se passe à chaque étape du conte. » La correction de ce travail sera alors différée. Étape 3 Les personnages OBJECTIFS • Étudier les différents personnages – leurs motivations et leurs émotions — afin de mieux comprendre les enjeux du conte. • Prendre conscience que le conte donne à penser et véhicule des valeurs. ■ Rappel du conte L’histoire est reformulée à l’oral en groupe classe. Ce moment permet de réactiver la mémoire des élèves et de vérifier s’ils ont retenu la structure narrative du conte. ■ Discussion collective Les personnages sont listés : le loup, la chèvre, les sept chevreaux, l’épicier et le meunier. L’enseignant précise le but de l’échange : – déterminer qui sont vraiment les personnages, – déterminer quelles sont les relations qu’ils entretiennent. 6 © Éditions Magnard, 2008 Pour cela, l’enseignant relit le passage où le loup arrive pour la première fois chez les chevreaux, jusqu’à ce qu’il entre chez eux (pages 6 à 14). Il demande alors : « Que ressentent les personnages face au loup ? ». Les réponses des élèves doivent être justifiées par le texte ou les illustrations. Dans ce passage, tous les personnages (les chevreaux, l’épicier et le boulanger) ont peur : – L’illustration page 8 montre un épicier dont le regard est bas ; celle page 12, un meunier soumis et apeuré. Le texte indique d’ailleurs qu’il n’ose pas refuser la demande du loup alors qu’il sait que celui-ci prépare quelque chose de grave. – L’illustration page 11 est elle aussi intéressante. Les chevreaux, tous regroupés sous la fenêtre, sont à la fois surpris et effrayés : leurs bouches et leurs yeux sont grands ouverts ; l’un d’entre eux porte ses pattes à la bouche. À ce niveau, une question se pose : « Ces personnages ont-ils raison d’avoir peur ? ». Oui : le loup est méchant. Il n’a qu’un but : dévorer les chevreaux et il est prêt à tout pour cela. Il n’hésite pas en effet à utiliser la ruse (il se déguise la voix et s’enfarine la patte) et la contrainte (il menace le meunier). On peut d’ailleurs noter que les chevreaux ne désobéissent pas à leur mère. Ils ouvrent la porte parce qu’ils sont trompés par le loup qu’ils ne pouvaient reconnaître qu’à sa patte noire et à sa voix rauque (indications laissées par la chèvre). Si aucun des élèves n’en a fait la remarque, le maître interroge alors la classe : « Mais que pensez-vous de la chèvre ? A-t-elle peur du loup, elle aussi ? » Certains enfants penseront qu’elle a peur ; d’autres non. Dans tous les cas, c’est la seule qui fait face ! Le maître pourra proposer un parallèle entre l’illustration de la première de couverture et celle page 34, où la mère domine le loup pour aller sauver ses petits. Il y a comme une symétrie inversée. Au début, le loup semble gigantesque et tout puissant. À la fin, c’est lui qui se retrouve au sol et la chèvre en position de force. Il est nécessaire d’interpréter la réaction de la chèvre. Réponses possibles : – Elle veut à tout prix sauver ses petits et dépasse donc sa peur. – Elle n’a pas peur parce qu’elle est « forte ». Une réflexion peut alors s’engager sur le rôle des parents – des adultes en général — vis-à-vis des plus jeunes. Ils avertissent les enfants des dangers éventuels – ils les connaissent par expérience – et leur viennent en aide dans les moments difficiles ; précisément parce qu’ils ont, eux, la maturité nécessaire. Mais que les enfants se tranquillisent, ils ne sont pas sans ressource ! Pour preuve, un chevreau contribue au sauvetage de la fratrie. Apparaît alors un autre message délivré par le conte : l’aide des autres est essentielle dans la vie, même si c’est celle d’un plus petit que soi. Les jeunes lecteurs pourront en effet noter que le plus jeune n’est pas forcément le plus dénué d’intelligence : le jeune chevreau est le seul finalement à avoir trouvé une bonne cachette ! Les élèves prennent conscience à l’issue de la séance que les contes ne sont pas seulement des divertissements mais qu’ils donnent aussi à penser. ■ Mise en scène des personnages L’objectif de ce jeu est de faire en sorte que les élèves, en se mettant dans la peau d’un personnage, comprennent mieux les différents caractères des personnages et leurs agissements. L’activité est menée en petit groupe de 5 élèves, avec l’enseignant. Chaque enfant représente un personnage du conte : le loup, la chèvre, un chevreau, l’épicier et le boulanger. L’enseignant explique l’activité : « Je suis journaliste. Je vais vous poser des questions et vous 7 © Éditions Magnard, 2008 devrez répondre comme si vous étiez votre personnage. Lorsque vous n’êtes pas interrogé, vous devez écouter celui qu’il l’est et éventuellement intervenir si vous n’êtes pas d’accord. » L’enseignant pose les questions suivantes : – « Qu’as-tu ressenti au moment où… ? » L’enseignant choisit une scène clé en fonction du personnage. Par exemple, pour la chèvre, ce pourrait être le moment où elle rentre chez elle. – « Penses-tu que tu as bien agi ? » Pour le boulanger, le maître peut faire réfléchir les élèves sur le fait que le personnage était tellement apeuré qu’il a préféré servir le loup tout en sachant qu’il allait faire quelque chose de mal. – Des questions pourront être plus ciblées en fonction du personnage. Pour le loup, par exemple : « Pourquoi voulais-tu rentrer chez la chèvre ? » ■ Production d’une trace écrite (avec des élèves lecteurs/scripteurs uniquement) Le maître peut proposer les exercices suivants : • Pour des CP Relie chaque personnage à la phrase qui lui correspond : Le loup • • « Je n’ai pas peur du loup ». La chèvre • • « Il faut être prudent ». Les chevreaux • • « Je suis rusé ». • Pour des CE1 Complète le tableau suivant : Titre du conte ........................................................... Nom de mon personnage ........................................................... ........................................................... ........................................................... Ce que je retiens de mon personnage ........................................................... ........................................................... ........................................................... ........................................................... L’enseignant aide les élèves pour la rédaction de la trace écrite et donne le vocabulaire nécessaire. 8 © Éditions Magnard, 2008 Étape 4 L’illustration de la séquence de la dévoration Pages 14 à 19 OBJECTIFS • Lire des images et apprendre à mettre en mots ses impressions. • Comprendre comment Hervé Le Goff illustre une « scène d’horreur ». • Se sensibiliser au fait que, dans un album, le texte et l’image interagissent. ■ Introduction FICHE 1 P. 15 Matériel : utiliser les images A, B et C de la fiche 1, ou photocopier en couleur les pages de l’album, au format A3. L’enseignant affiche au tableau les trois illustrations de la fiche 1, correspondant à la séquence de la dévoration et pose la question suivante : « Que pensez-vous de ces images ? ». Réponse possible : – Elles font peur. L’enseignant enrichit, si nécessaire, le vocabulaire des élèves : « Elles sont terribles », « effrayantes », « terrifiantes », etc. À ce niveau, deux questions se posent : « Est-ce que le dessinateur voulait faire peur ? Et pourquoi ? ». Réponse possible : Oui, il voulait faire peur parce que c’est le moment où le loup dévore les chevreaux. Le texte des pages étudiées est lu à haute voix pour confirmer le lien entre le texte et les images. L’intérêt ici est que les élèves prennent conscience de l’intention du dessinateur, qui a choisi de répéter le texte (l’histoire est aussi bien portée par le texte que par les illustrations). Remarque : Au cycle 2, les concepts d’« auteur » et d’« illustrateur » ne sont pas encore maîtrisés. L’occasion est donc donnée ici de sensibiliser les élèves au travail spécifique de l’illustrateur. ■ Réflexion collective et travail écrit FICHE 1 P. 15 FICHE 1 P. 15 • Avec des élèves non scripteurs Le travail se fait en petits groupes autour d’une table (fonctionnement en ateliers tournants d’une dizaine de minutes). – L’enseignant distribue une photocopie de l’image B au groupe avec lequel il travaille et propose de s’intéresser « à tout ce qui fait peur dans l’image ». Il demande dans un premier temps aux enfants d’« entourer ce qui fait peur ». Les élèves travaillent ensemble : ils peuvent discuter entre eux. L’enseignant se met en retrait : il écoute et observe. – Dans un deuxième temps, l’enseignant anime une discussion au cours de laquelle les élèves présentent leurs propositions. Il aide à les organiser et à pousser plus avant la réflexion. • Avec des élèves scripteurs Le maître remet à chacun une fiche de travail. Les questions sont lues et expliquées. Les enfants réfléchissent seuls ou à deux, mais tous donnent une réponse écrite. Suivent une mise en commun orale (les titres toutefois sont écrits au tableau) et une discussion, menées conjointement. On juge dans un premier temps la pertinence des titres. Réponses possibles : Les titres peuvent par exemple être axés sur la terreur des chevreaux (Sauve-qui-peut !) ou renvoyer à la dévoration (Le repas du loup/Les chevreaux à la merci du loup/Scène d’horreur/Un seul survivant/Six d’un coup !, etc.). 9 © Éditions Magnard, 2008 Dans un second temps, les élèves, soutenus par l’enseignant, repèrent les procédés utilisés par Hervé Le Goff pour illustrer une « scène d’horreur ». Attention, le rôle de l’enseignant est d’aider les élèves à repérer et à interpréter les indices pertinents. Il est proposé ci-dessous des axes de réflexion à adapter selon le niveau des enfants. Pistes retenues : – Hervé Le Goff représente la scène sur trois grandes images à fond perdu, qui emplissent intégralement les doubles pages. Le texte est placé dans l’image de manière discrète. Ces trois doubles pages qui se succèdent sont donc essentiellement visuelles et ont un impact fort sur le lecteur. – Il a recours à des nuances de rouge et suggère ainsi le sang, la dévoration. À noter que dans les premières pages, Hervé Le Goff avait utilisé des nuances de violet, de rose et de bleu pour colorer l’intérieur de la maison. Il a donc volontairement opéré un glissement de teintes pour donner une unité propre à cette séquence. Le noir, très présent aussi dans les images (le contraste avec le rouge le met d’ailleurs en valeur) renvoie à la peur. – L’illustrateur dessine un « grand méchant loup » ! Son personnage est énorme. Comment s’y prend-il ? 1. Il le représente de façon disproportionnée par rapport à la taille des chevreaux. 2. Il le « coupe » (images A et C) de manière à ce qu’il sorte du « champ ». Il donne ainsi l’impression que le loup ne peut tenir dans l’image tant il est grand, mais (ceci est vrai pour l’image C) il oblige aussi le lecteur à reconstruire lui-même le personnage et à donner libre cours à son imagination – tout peut alors être envisagé, d’autant que le loup vient d’avaler six petits chevreaux ! 3. Sur l’image A de la séquence, il le met en valeur : les lignes de fuite – qui correspondent aux lignes du parquet – et le regard des sept chevreaux convergent vers lui. On peut noter que le loup n’apparaît en entier pour la première fois qu’aux pages 16 et 17 (illustration B). Hervé Le Goff le dessine alors gueule ouverte et fait apparaître ses dents acérées. Ce n’est plus un loup qui court après le cabri mais un monstre avide ! Ses yeux sont rouge sang. Sa patte avant ressemble à une pince avec laquelle il s’apprête à saisir le petit chevreau. Et ce monstre est d’autant plus terrifiant qu’Hervé Le Goff suggère la rapidité de la bête en le représentant les jambes écartées et le corps incurvé. Face à un tel loup, énorme et même monstrueux, avide et rapide, le chevreau n’a aucune chance ! L’horreur est totale. Les images laissent d’ailleurs à penser que le loup a déjà avalé ses autres frères (sans compter le plus jeune). Deux indices témoignent en effet du « carnage » qui semble avoir déjà eu lieu : 1. Le mobilier renversé ou comme en suspension dans la pièce : Le dessin est en décalage par rapport au texte. Celui-ci précise les endroits où les chevreaux se cachent. Or ce sont précisément les objets qui tenaient lieu de cachettes qui volent dans la maison ! Ce mobilier encore en suspension dans l’air suggère aussi que le loup a dévoré les cabris extrêmement rapidement ! 2. Le sens de déplacement du loup et son emplacement sur l’illustration : Sur l’image C, le loup se déplace de droite à gauche et occupe l’espace gauche de l’illustration. Le dessinateur suggère que l’animal en a fini avec les chevreaux. – En dessinant les chevreaux en train de fuir et le regard toujours porté sur le loup, l’illustrateur exprime la terreur que la bête inspire et parallèlement rend le loup encore plus effrayant. 10 © Éditions Magnard, 2008 ■ Conclusion L’enseignant conclut que le dessinateur a exprimé l’horreur de la scène en jouant sur le format des images et les couleurs, en travaillant les personnages : leur taille, leurs expressions, etc., en suggérant le mouvement (la rapidité du loup et les sens de déplacement) et le temps (la brièveté de la scène). Il demande ensuite aux élèves ce qu’ils pensent d’un tel travail. À ce niveau, il ne s’agit plus de réagir aux illustrations mais bel et bien de les apprécier ! À l’issue de l’étape, la fiche de travail des élèves scripteurs est corrigée et collée dans les cahiers. Étape 5 Mise en réseau du conte traditionnel avec des œuvres contemporaines OBJECTIFS Pour les élèves lecteurs : • Apprendre à comparer des œuvres littéraires avec méthode (tableau de comparaison). • Percevoir les différences et les similitudes entre le conte classique et des œuvres détournées. Pour les élèves non lecteurs : • À l’oral, comparer les œuvres entre elles et faire des découvertes. ■ Introduction L’enseignant propose aux élèves de découvrir de nouveaux albums, en lien avec le conte des frères Grimm. Il présente alors les livres suivants : – L’histoire de la vieille bique et de ses sept biquets de Tony Ross (Mijade, 2007). – Le loup, la chèvre et les 7 chevreaux de Geoffroy de Pennart (Kaléidoscope, 2005). Il précise que ces livres sont récents. Il énonce le projet : « Je souhaiterais que nous comparions les livres de Tony Ross et de Geoffroy de Pennart au livre que vous connaissez bien : Le loup et les sept chevreaux, illustré par Hervé Le Goff. Comparer veut dire : repérer ce qui est pareil et ce qui est différent. » Il explique le dispositif de travail : « Nous travaillerons en deux temps. Aujourd’hui, je vous lirai les albums. Demain, nous commencerons l’activité de comparaison. La classe sera partagée en deux groupes : le groupe A travaillera sur le livre de Tony Ross avec moi pendant que le groupe B travaillera seul. Puis nous échangerons. Le groupe A sera seul à son tour et le groupe B travaillera avec moi sur l’album de Geoffroy de Pennart. Ce n’est qu’à la fin que le travail des uns et des autres sera mis en commun et discuté. » Le maître lit les albums et permet déjà aux élèves de donner leurs premières impressions. ■ Activité de comparaison en demi-groupe L’enseignant peut proposer au groupe en autonomie des activités portant sur les livres de Tony Ross et de Geoffroy de Pennart : réécriture du titre et du nom de l’auteur sur des photocopies à trous des premières de couverture, écriture d’une phrase décrivant les images de couverture (pour les élèves scripteurs), etc. Avec les autres, il relit rapidement l’album puis propose un tableau, sur une affiche. Il en 11 © Éditions Magnard, 2008 explique le fonctionnement : la première colonne sert à écrire les points sur lesquels porte la comparaison et les deuxième et troisième colonnes correspondent aux livres à comparer (le premier groupe remplira la deuxième colonne et le second la troisième). Les critères de comparaison sont à déterminer par les élèves eux-mêmes, aidés de l’enseignant. Il peut s’agir de questions. L’enseignant anime une discussion avec le groupe et remplit le tableau progressivement. Pistes de réflexion pour l’enseignant: L’histoire de la vieille bique et de ses sept biquets de Tony Ross Le loup, la chèvre et les 7 chevreaux de Geoffroy de Pennart Structure narrative Est-ce que l’histoire est la même que dans le conte traditionnel ? L’histoire est quasiment identique, si ce n’est que l’auteur ajoute un épisode : le test de la queue après ceux de la voix et de la patte. L’auteur met en scène un loup qui désire plus que tout avaler les 7 petits chevreaux, mais il s’éloigne du conte traditionnel : personnages supplémentaires, épisodes du conte supprimés (avertissement de la chèvre à ses petits, scène de la dévoration), scènes ajoutées (préparatifs du loup, chute du loup, altercation entre la chèvre et le bouc). Les personnages Comment apparaît le loup ? Il ressemble au loup du conte : il est rusé, prêt à tout pour croquer les cabris. Il a de la suite dans les idées mais malheureusement pour lui il est terriblement maladroit : sa chute est comique. Comment apparaît la mère ? Quand elle apprend la dévoration de ses petits, elle ne pleure pas, elle entre dans une colère noire ! Sa réaction est surprenante et… comique ! La mère s’attendrit sur ses petits qui auraient pu se faire attaquer par le loup. Mais si c’est une mère, c’est aussi une femme : tandis que le bouc bouscule le loup travesti, elle s’énerve contre son mari, croyant qu’il la trompe avec une autre. Le quiproquo est amusant ! Comment se comporte le plus jeune chevreau ? Il joue un rôle beaucoup plus important. Il est très vif et plus méfiant que ses frères. Il malmène le loup pour le plus grand plaisir des lecteurs. Il n’est pas fait allusion au « plus jeune ». Les images Est-ce que les illustrations font peur comme celles d’Hervé Le Goff ? Le dessin de la dévoration est Le conte est actualisé et humanisé : le terrible. Tony Ross dessine des loup conduit une voiture décapotable et chevreaux dans la gueule du la chèvre une mobylette ! loup. Mais dans l’ensemble les images sont drôles. L’auteur a actualisé le conte et humanisé les animaux : il dessine les chevreaux en rollers, le casque du walkman sur les oreilles ! ■ Conclusion Des élèves rapporteurs de chaque groupe présentent à leurs camarades leur travail. Le maître illustre leurs propos en montrant des images ou en lisant des extraits des livres. Le tableau est affiché au mur. À ce niveau, l’enseignant met l’accent sur l’intention des auteurs : proposer des versions humoristiques du conte traditionnel. À ce titre, ont-ils réussi ? Les élèves disent s’ils ont apprécié ou non les albums et en expliquent la raison. 12 © Éditions Magnard, 2008 Étape 6 Travailler l’album sous l’angle des arts visuels PREMIÈRE ACTIVITÉ OBJECTIFS • Prendre conscience que les illustrations peuvent être incomplètes et que le lecteur peut, grâce à son imagination, faire exister ce qui n’est pas dessiné. • Comprendre que l’illustration donne un point de vue afin que le lecteur puisse « se mettre à la place » d’un personnage. Matériel : photocopie de l’illustration page 6 de l’album, collée en bas à droite d’une feuille à dessin blanche format A3 (une par élève), crayons de couleurs, feutres, crayons gras. ■ Discussion autour des illustrations L’enseignant ouvre l’album aux pages 6 et 7 et demande aux élèves de décrire les images. L’important est que les élèves remarquent que le loup n’est pas représenté entièrement. Cette coupure a un sens. Il faut donc l’interpréter : Réponses possibles : – Le loup est tellement énorme qu’« il ne tient pas dans la page ». – L’illustrateur adopte le point de vue des chevreaux. Le maître demande : « À votre avis, si quelqu’un est derrière la fenêtre, voit-il le loup en entier ? ». Les élèves peuvent comprendre qu’Hervé Le Goff a dessiné la scène comme si, nous, lecteurs, étions de la même taille que les chevreaux. La preuve en est : le cabri est à notre hauteur de vue. Le loup nous paraît alors gigantesque puisque nous sommes petits. Les sentiments d’angoisse et de peur sont donc mis en relief par l’illustration. L’enseignant peut montrer l’image des pages 28 et 29 en guise d’exemple supplémentaire. Le loup nous apparaît toujours monstrueux de part sa taille mais aussi par la grosseur de son ventre qui remplit la page de droite ! ■ Activité plastique L’enseignant donne la consigne suivante : « On vient de voir que pour nous montrer ce que pouvait voir un chevreau, l’illustrateur dessinait parfois comme si nous en étions un. Alors, les personnages ne sont pas toujours dessinés en entier. C’est au lecteur, et donc à nous, de s’imaginer ce qu’il manque. Je vais vous distribuer la photocopie d’une illustration où le loup n’est visible qu’en partie. J’ai collé cette photocopie en bas d’une grande feuille blanche. À vous d’imaginer ce qui manque, comme par exemple le haut du corps du loup, et de le dessiner ». ■ Mise en commun Les productions des élèves sont affichées au tableau et chaque enfant explique ce qu’il a imaginé et produit. L’enseignant fait remarquer que chaque dessin est différent : chaque enfant a imaginé ce qu’il a voulu. 13 © Éditions Magnard, 2008 DEUXIÈME ACTIVITÉ OBJECTIFS • Savoir interpréter les couleurs dans une image. • Changer l’atmosphère d’une scène en travaillant sur les couleurs. Matériel : photocopie de l’illustration des pages 8 et 9 format A3 (une par élève), peinture ou crayons gras. ■ Retour oral sur l’importance des couleurs dans les illustrations L’enseignant annonce le but du travail : « Comme nous l’avons déjà vu, l’illustrateur, Hervé Le Goff, joue avec les couleurs pour faire peur (GS/CP), créer une atmosphère particulière (CE1). Nous allons aller plus loin dans le travail sur les couleurs. » L’enseignant ouvre l’album à la double page concernant la scène avec l’épicier. « Que pouvez-vous me dire sur les couleurs ? » Réponses attendues : – Il y a du noir, du gris… – Les couleurs sont foncées, sombres. Pour faire glisser la réflexion des élèves sur l’atmosphère qui se dégage de l’image, l’enseignant peut s’appuyer sur la question : « Auriez-vous envie de rester dans cette épicerie ? ». Le maître conclut avec les élèves que les couleurs foncées créent une atmosphère angoissante. Autre exemple intéressant : l’illustration des pages 2 et 3. Le maître demande : « Que pensez-vous de cette illustration ? Quelles en sont les couleurs ? Aimeriez-vous rester dans cette pièce ? Auriez-vous envie de vous promener dehors ? » Les élèves apprécieront peut-être la douceur des teintes de la pièce mais pourront aussi être sensibles à l’atmosphère pesante qui s’en dégage, du fait même que le dessinateur utilise des couleurs sombres et, qui plus est, très proches les unes des autres. L’extérieur n’est pas plus rassurant : le bois est obscur et le ciel est gris. Cette image, bien qu’elle représente une paisible scène familiale, laisse présager qu’un malheur va bientôt arriver ! L’enseignant rappelle enfin l’impact de la couleur rouge dans la scène de la dévoration et termine en disant que les couleurs sont importantes pour permettre au lecteur de saisir l’atmosphère d’une scène, de comprendre s’il va se passer quelque chose de grave ou non. ■ Production plastique L’enseignant donne la consigne suivante : « Je vous ai photocopié, en noir et blanc, la double page du début de l’album. J’aimerais que vous redonniez des couleurs à cette photocopie. Attention, il ne s’agit pas de recopier l’album. Vous devez mettre des couleurs de telle sorte que l’on oublie qu’il va se passer quelque chose de grave. Il faut que l’on ait envie de rester dans la pièce, que la scène soit gaie. » ■ Mise en commun Les productions des élèves sont affichées et chaque enfant explique ce qu’il a imaginé et produit. L’enseignant fait réfléchir les enfants sur les couleurs utilisées et pourra éventuellement travailler sur le cercle chromatique. 14 © Éditions Magnard, 2008 FICHE 1 Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A B C 1. Quel titre pourrais-tu donner à ce passage du conte ? ........................................................................................................ 2. Comment l’illustrateur, Hervé Le Goff, arrive-t-il à nous faire peur ? ........................................................................................................ ........................................................................................................ ........................................................................................................ ........................................................................................................ ........................................................................................................ 15 © Éditions Magnard, 2008