Produits éco-responsables : quelle demande et quelle place dans la

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Produits éco-responsables : quelle demande et quelle place dans la
DOSSIER
Produits éco-responsables :
quelle demande et quelle
place dans la distribution ?
Les produits éco-responsables s’installent dans
l’offre des papetiers et des fournituristes de
bureau pour répondre aux premières demandes
d’une clientèle de plus en plus sensibilisée par
les préoccupations environnementales. Enquête
auprès des distributeurs qui révèle un véritable
phénomène de fond portant l’offre des
produits éco-responsables, mais
aussi les écueils à
éviter.
Côté produits, ce sont le papier et les consommables informatiques
qui focalisent le plus l'attention. (Photo Clairefontaine)
L
e constat est unanime : l’attention portée à la
préservation de l’environnement, et l’intérêt pour
les produits éco-responsables qui en découle, constituent un phénomène de fond irréversible que les
distributeurs doivent accompagner, sinon précéder
en montrant l’exemple.
Ce constat établi, la réalité du terrain oblige à reconnaître qu’aujourd’hui le mouvement n’en est encore
qu’aux prémices. Le surcoût de certains produits
«verts», l’abondance de labels et certifications, la
complexité du message à faire passer,... constituent
autant de freins auxquels sont confrontés des distributeurs qui mesurent encore le fossé existant entre
les bonnes intentions et leur concrétisation dans les
achats des consommateurs.
Parmi eux, les plus sensibilisés et aussi les plus
exigeants sont les administrations et les grandes
entreprises. Contraints par la législation ou motivés
par une démarche citoyenne, les critères environnementaux s’imposent dans leurs appels d’offres.
Jusqu’à devenir une condition suspensive avec le
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risque pour le distributeur de perdre le marché,
comme en témoigne Annick Boulanger, responsable
des achats du groupement Unifob. Lorsqu’ils ne sont
pas soumis à ces contraintes, les comportements des
consommateurs se révèlent plutôt hétérogènes, c’està-dire fonction de leur sensibilité individuelle à la
protection de l’environnement... et au prix. La plupart
des distributeurs le souligne, quelles que soient leurs
convictions personnelles, les acheteurs ne sont
pas toujours prêts à payer plus cher un produit
éco-responsable, notamment dans le cadre
contraignant d’un budget d’entreprise ou de
collectivité. Mais ces consommateurs
se montrent aussi plutôt réceptifs aux
messages et aux actions visant à promouvoir les produits respectueux
de l’environnement. Ceux des
fabricants, mais aussi ceux de
distributeurs qui, dans leurs catalogues ou leurs magasins, font
oeuvre de pédagogie en mettant
en avant ces produits. Avec à la
clef des résultats probants, comme
le prouvent les exemples de Gibert
Jeune et de JM Bruneau auprès de
cibles pourtant bien différentes. Une
démarche pro-active de la distribution que les responsables d’enseignes cherchent à
favoriser en mettant les produits éco-responsables
en exergue, comme l’a fait dernièrement Spicers
lors de ses congrès Calipage et Plein Ciel, ou en récompensant d’un Maju d’Or l’adhérent réalisant le
plus gros chiffre d’affaires avec ces produits, comme
l’a fait Majuscule à Reims lors de sa convention le
mois dernier.
Côté produits, ce sont sans surprise le papier et les
consommables informatiques qui focalisent le plus
l’attention. A leur crédit, l’antériorité des process et
des démarches de certifications mises en place par
leurs fabricants, mais aussi le poids important qu’ils
représentent dans le budget des entreprises. Pour
sélectionner leur offre de produits éco-responsables,
les distributeurs font confiance à leurs fournisseurs et
se réfèrent aux certifications que leurs produits ont
obtenues. Mais ils se montrent aussi critiques vis-à-vis
des labels auto-déclaratifs ou du manque de rigueur
des démarches qui ne prennent pas en compte tous
les impacts sur l’environnement. Notamment celui
du transport qui incite certains à envisager à terme
la remise en cause de leurs approvisionnements
asiatiques...
Jean-Pierre Maternowski, responsable
des achats et ventes de Majuscule :
«10 % d’articles à caractère environnemental
supplémentaires chaque année»
Le groupement Majuscule a choisi de s’engager dans une démarche de développement durable à travers
une offre estampillée «Majuscule protège la planète», en interne en mettant en place dans son entrepôt
des process pour trier les déchets et économiser l’énergie, et vis-à-vis de ses adhérents, en identifiant
l’ensemble des produits et en créant cette année un
Trophée Maju d’Or qui vient de récompenser l’adhérent
réalisant la plus grande part de son chiffre d’affaires avec
des produits propres.
«N
ous avons intégré le critère
environnemental dans nos
objectifs qualité. Concrètement,
dans le cadre de la politique qualité
totale de l’entreprise ayant conduit
à notre triple certification Qualité,
Sécurité, et Environnement, nous
nous engageons à introduire chaque
année 10 % d’articles à caractère
environnemental supplémentaires
dans nos catalogues. Cette offre est
relayée auprès de nos adhérents via
notre intranet où ils trouvent la liste
exhaustive des produits verts ainsi que
leurs certificats et labels afin qu’ils
puissent répondre aux demandes
de leurs clients. Pour nos magasins,
les sachets sont désormais proposés
en papier recyclé, et recyclage.
Aujourd’hui les entreprises se disent
très demandeuses, mais il y a encore
une dissonance entre les discours vertueux et la réalité de la demande. En
fonction des remontées de nos adhérents, nous constatons des demandes
à plusieurs vitesses. Elles sont fortes
de la part des grands comptes et des
administrations qui ont des contraintes réglementaires ou qui surfent sur
une image de citoyenneté. Au niveau
des PME, les comportements sont plus
divers, mais, d’une manière générale,
le positionnement en prix et la qualité
de service continuent à être le facteur
déclencheur de l’achat. Quant à la
clientèle scolaire, elle apparaît encore
très loin de cette préoccupation. Les
enseignants montrent peu d’intérêt
pour ces produits, sans doute en
raison, là encore, des budgets très
serrés mis à leur disposition. Il en va
de même des clients
en magasins où nous
ne notons pas une
grande volonté de
vendre des produits
propres. Il faudra
sans doute attendre
que les grandes surfaces donnent le «la»
pour que les ventes
démarrent réellement au niveau des
particuliers. D’autant
que nous nous
heurtons au double
langage de certaines associations de
consommateurs qui
Jean-Pierre Maternowski, responsable des achats et ventes
se sont élevées en
de Majuscule : «Les produits éco-responsables rencontrent
leur temps contre
un vrai succès commercial quand ils offrent un avantage
les importations de
concurrentiel».
Chine et qui, dans
leur dernier rapport
sur la rentrée 2006, encensent la démarche, et rencontrent de bonne
grande distribution et ses approvi- progression à la vente. Développer les
sionnements chinois parce qu’ils ont ventes des produits éco-responsables
permis d’abaisser le panier moyen de est un enjeu pour la planète. Majusd’écolier !
cule œuvre aussi dans le sens du déIl est à noter que les produits éco- veloppement durable, en soutenant
responsables rencontrent un vrai des événements et organisation à but
succès commercial quand ils offrent caritatif. Mais sans hypocrisie, il faut
un avantage concurrentiel. C’est le cas parvenir à anticiper une législation
du papier Discovery 75 g. qui con- qui ne peut que se durcir à très court
jugue des performances techniques terme. Cette offre verte, et le message
(le premier des soucis des donneurs citoyen qui l’accompagne en phase
d’ordres), qui consomme moins de avec notre politique volontaire pour
matières premières et qui est aussi la défense de l’écologie répondent
une alternative économique. D’autres également pour nous à un besoin
produits (lampes et ampoules fluo de différenciation face à nos grands
pour le luminaire, piles rechargea- concurrents internationaux».
bles , …) tiennent de cette même
Le Papetier de France - Avril 2007  25
DOSSIER
Annick Boulanger, responsable des achats
d’Unifob : «Une demande forte mais brouillée»
Le dernier catalogue du groupement Unifob qui vient de sortir
met en exergue les produits éco-responsables. Une démarche
aboutie qui intègre également le support sur lequel il est imprimé,
le V Green, un papier couché 100 % recyclé fabriqué dans une
usine ISO 14001 de Matussière et Forest.
l’offre, certains s’en remettent
à l’avis d’officines extérieures
qui jouent un rôle de conseil.
Un de nos adhérents a été confronté à cette difficulté en répondant à l’appel d’offres d’un
important groupe privé. Il s’est
engagé une discussion tripartite
Annick Boulanger, responsable des achats
entre l’entreprise, son conseil et
d’Unifob : «Nous avons introduit une nouvelle
notre adhérent qui a dû, pour
gamme de consommables compatibles à notre
certains produits, changer de
propre marque Premium Environnement».
fournisseur pour se conformer
aux critères avancés. Sans ce
es adhérents d’Unifob sont dialogue à trois pour ajuster son offre,
concernés par ce sujet au tra- je pense que l’adhérent aurait perdu
vers de demandes qui émanent pour le marché.
l’essentiel de leur clientèle d’adminis- Aujourd’hui nous apportons une
trations. Elles appliquent des directi- réponse encore partielle, même si
ves gouvernementales les enjoignant les fournisseurs nous proposent de
de choisir en priorité les fournisseurs plus en plus de produits. Nous avons
et les produits qui répondent à des trouvé des réponses notamment dans
normes environnementales. C’est une l’écriture avec la gamme Begreen de
demande forte mais brouillée, car les Pilot et avec un fabricant comme
acheteurs n’ont pas toujours en main Schneider qui a la certification EMAS
tous les critères d’évaluation leur per- pour l’ensemble de sa production. Au
mettant de cerner la pertinence de niveau des enveloppes la plupart des
l’offre produit qui leur est proposée. intervenants sont maintenant engagés
Faute de compétences pour évaluer dans la démarche NF Environnement.
«L
Pour sélectionner notre offre, nous
nous appuyons sur les labels des
fournisseurs. Mais l’éventail est tel
qu’il est quelques fois difficile de
discerner lequel est le plus significatif, par exemple dans le papier. D’où
notre choix d’apporter une double
réponse, d’une part avec des produits
recyclés et d’autre part en introduisant
une offre de plus faible grammage
générant une économie de matière
première.
Dans le domaine des consommables informatiques, l’autre catégorie
de fournitures pesant lourd dans le
budget des entreprises, nous avons
introduit une nouvelle gamme de
consommables compatibles à notre
propre marque Premium Environnement. Pour ce faire, nous avons
collaboré avec un fabricant qui nous
garantit la prise en compte des différents critères environnementaux
à travers le label Nordic Swan, la
certification ISO 14001 et les tests
ASTM rigoureux en matière de performances des cartouches».
Valérie Le Put, acheteuse de Gibert Jeune :
«Je suis à l’écoute de tout ce que peuvent
nous proposer les fabricants»
Si pour la clientèle d’étudiants qui fréquente la papeterie Gibert Jeune le papier recyclé est emblématique
des produits éco-responsables, une nouvelle préoccupation se fait jour, celle de ne pas gaspiller à travers
notamment le choix de produits rechargeables.
«L
es premières demandes que
nous avons eues concernaient
surtout le papier recyclé, notamment
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de la part d’étudiants européens qui
nous ont demandé les produits avant
qu’ils soient commercialisés sur le
marché français. Depuis nous avons
étendu notre gamme tant avec des
ramettes en papier recyclé que des
cahiers Clairefontaine et des gammes
de papiers et enveloppes assorties
Euro-terix à base de fibres naturelles
que nous vendons bien. Depuis le
printemps 2006, nous constatons
une nouvelle attention portée au
gaspillage. Les consommateurs
montrent la volonté de moins jeter,
quitte à acheter un produit un peu
plus cher mais de meilleure qualité
qu’ils pourront utiliser jusqu’au bout
ou recharger. Le message commence
à réellement bien passer et à se concrétiser dans les achats. Ainsi nous
vendons de plus en plus de recharges
de stylos. Ces achats participent à la
fois d’une volonté d’économie et d’un
comportement davantage citoyen,
même si l’on peut douter que l’écoresponsabilité soit toujours la raison
déterminante de leur choix.
Pour répondre à ces demandes, j’ai
élargi l’offre des recharges, y compris
à celles de stylos que je ne travaille
plus. J’envisage également d’étendre
cette offre aux marqueurs
et aux surligneurs rechargeables en référençant
les produits Schneider et
Stabilo. Je vends aussi très
bien la gamme Begreen
que j’ai volontairement
isolée du rayon écriture
en l’implantant juste à
côté sur ses présentoirs
pour bien la mettre en
valeur. De même, les ramettes en papier recyclé
sont présentées à côté des
ramettes standard, bien
mises en évidence pour
que le client choisisse en
connaissance de cause.
Valérie Le Put, acheteuse de Gibert Jeune : «Nous vendons
La demande pour les prode plus en plus de recharges de stylos».
duits «verts» est installée
maintenant. Et l’offre se
développe dans de nouvelles gammes leur gamme de prix est tout à faire
de produits comme le classement. J’ai correcte... parce que j’y crois ! Je suis
l’intention de référencer les produits à l’écoute de tout ce que peuvent
Pentel parce qu’ils sont beaux, que nous proposer les fabricants».
Didier Riahi, PDG de Welcome Office :
«Une tendance de fond qui va s’amplifier»
Les internautes ont-ils la fibre verte ? Pas plus que les autres consommateurs, répond Didier Riahi qui sur
son site met en avant l’éco-taxe et le papier recyclé.
«U
ne étape a été franchie chez
Welcome Office cette année.
La première mesure a été de mettre
en avant l’éco-taxe sur les produits
que nous vendons. Une démarche
forte sur laquelle nous communiquons sur la page d’accueil
de notre site. Autres produits
sur lesquels nous organisons
une communication écoresponsable : le papier et les
cartouches, notamment les
produits compatibles.
L’offre des fabricants commence à s’étendre. Le problème est qu’aujourd’hui la
plupart de ces produits sont
plus chers. Or les entreprises
ne sont pas encore prêtes à
consacrer une somme plus élevée
pour acheter de manière verte. Sans
doute est-ce la raison pour laquelle la
prise de conscience générale dans la
population a du mal à se concrétiser
dans les ventes.
Mais le phénomène est enclenché
et nous essayons de le favoriser. Par
exemple, en répondant aux demandes que nous recevons par mail par
la proposition systématique du produit éco-responsable certifié à côté
du produit au meilleur prix.
Nous sommes en présence d’une
tendance de fond qui va s’amplifier.
Mais à quelle vitesse ?»
Didier Riahi, PDG de Welcome Office :
«Les entreprises ne sont pas prêtes à consacrer une
somme plus élevée pour acheter de manière verte».
Le Papetier de France - Avril 2007  27
DOSSIER
Amédée Yannick Chanteau en charge du
développement durable chez Bureau Vallée :
«La différence de prix n’est plus un frein»
L’engagement en faveur du développement durable est une décision stratégique prise par Bruno Peyroles,
PDG de Bureau Vallée. Un engagement appelé à monter en puissance et en visibilité dans les prochains
mois.
«L
e développement durable
est aujourd’hui une vraie
préoccupation des fournisseurs, des
distributeurs et de leurs consommateurs professionnels ou particuliers.
Nous y répondons déjà depuis plusieurs années avec des fournisseurs
comme Clairefontaine qui ont fait
de véritables efforts sur ce sujet. Jusqu’à présent le prix était souvent un
handicap pour développer une offre
éco-responsable. Mais aujourd’hui le
différentiel entre produits standard
et produits verts s’est sensiblement
réduit. La fourchette est de 5 à 15 %
selon les produits. Ce n’est plus un
frein, d’autant plus que vous pouvez
remplacer un produit dit vert par un
produit moins lourd. C’est ainsi que
nous proposons du papier en 75 g
dont l’avantage environnemental est
clair : sa fabrication consomme moins
de ressources, moins d’eau, moins
d’énergie et donc au final moins de
gaspillage.
Notre premier objectif est d’identifier un certain nombre de produits
existant dans les gammes de nos
fournisseurs.
Au vu de cette offre, nous
allons pouvoir infléchir notre stratégie commerciale
et peut-être décider d’être
un peu plus agressifs vis-àvis de certains fournisseurs
dont les produits viennent
de trop loin. Nous sommes également concernés
par les émissions de gaz à
effet de serre et, à cet égard,
le transport n’est pas innocent. De même nous serons
sans doute plus exigeants
sur les qualités environnementales des produits qui
nous sont proposés. Par
exemple les classeurs de la
Amédée Yannick Chanteau en charge du
gamme Touareg associant
développement durable chez Bureau Vallée : «Nous
polypropylène et bois, ne
allons être un peu plus agressifs vis-à-vis de certains
fournisseurs dont les produits viennent de trop loin».
sont recyclables. En tant
qu’acheteur je m’interroge
sur le fait de continuer à
référencer ce classeur sous prétexte nementaux une condition d’achat. En
qu’il est beige, qu’il est beau et qu’il France il n’y a pas encore la place
sent le bois !
pour des enseignes distribuant des
Les consommateurs montrent leur fournitures de bureau où 100 % des
intérêt pour ces produits, mais ils ne produits sont recyclés ou recyclables.
font pas encore des critères environ- Mais cela viendra !»
Vincent Schaller, PDG de Schaller SA :
«Le manque de cohérence dans la démarche
des fournisseurs nous oblige à rester en retrait»
Le marché des produits éco-responsables rejoindra-t-il la cohorte des occasions râtées ? Vincent Schaller
s’en inquiète, regrettant l’absence de concertation au niveau des fabricants et le manque d’une approche
rigoureuse nécessaire à la promotion de ces produits.
«A
u niveau des marchés publics
nous constatons une montée
en puissance des demandes de
produits éco-responsables. Mais ces
28  Le Papetier de France - Avril 2007
approches se développent d’une
manière totalement désorganisée car
chaque administration détermine ses
propres critères et ses propres nor-
mes. Les critères d’éco-responsabilité n’étant pas normés en amont au
niveau des fabricants, ils ne peuvent
l’être en aval auprès des utilisateurs.
D’où une contrainte administrative
supplémentaire complexe à gérer et
des choix qui peuvent être subjectifs.
Je citerais l’exemple d’un appel d’offres récent se référant à une norme
concernant le papier. Son fabricant
devait s’engager à planter un arbre
pour remplacer chaque coupe. Or à
ce jour, un seul fabricant se conforme
à cette norme auto-déclarative !
Le manque de normalisation au niveau des fabricants fait qu’à l’autre
bout de la chaîne tout le monde est
perdu. Les consommateurs manquent
de repères et quand ils nous interrogent, nous ne savons pas toujours où
trouver la réponse.
Malheureusement l’effet de mode a
déjà partiellement détruit l’approche
rigoureuse dont nous avions besoin
pour promouvoir ces produits. Une
approche construite et commune qui
nous aurait permis de faire des choix
clairs et transparents auprès des four-
nisseurs et de les relayer de façon
claire et transparente auprès de
nos clients. C’est sans doute un
défaut de jeunesse. La précipitation a créé des confusions qui sont
aujourd’hui préjudiciables au développement et au bon relais de
l’information. Et le manque de
clarté dans les normes aboutit à
une remise en cause du concept.
Les produits qui ne sont pas normés et dont le label est purement
auto-déclaratif peuvent soulever
les objections de la part de clients
un peu pointus sur le sujet. La
gestion du contre argument est
difficile et requiert des vendeurs
Vincent Schaller, PDG de Schaller SA : «La gestion du
de haute qualité capables de traicontre argument est difficile et requiert des vendeurs
ter toutes les objections.
de haute qualité capables de traiter toutes les
Nous voudrions être professionobjections des clients».
nels et nous démarquer de la concurrence avec un discours sérieux sur
l’éco-responsabilité, mais le manque fournisseurs nous oblige à rester en
de cohérence dans la démarche des retrait.»
Jean-Yves Sebaoun,
directeur général de Spicers France :
«Une opportunité que les distributeurs
doivent saisir»
Les nouveaux produits de la gamme éco-citoyenne de Spicers ont fait l’objet d’une présentation et d’une
formation spécifiques lors des C ongrès Calipage et Plein Ciel à Nice en mars dernier.
«L
es produits verts représentent
désormais une demande forte
de la part des consommateurs. C’est la
raison pour laquelle nous déployons
beaucoup d’énergie pour aider les
distributeurs Spicers à promouvoir
et mettre en avant les produits écocitoyens. Notre rôle consiste à inciter
nos distributeurs à s’intéresser à cette
offre à laquelle les consommateurs
sont de plus en plus sensibles. Elle
représente pour les distributeurs
une opportunité qu’ils doivent saisir.
Dans le nouveau catalogue général
qui vient de sortir en mars 2007, les
produits éco-citoyens occupent une
place privilégiée. Ils sont identifiés par
un logo et, en début de catalogue, un
index spécifique a été créé
pour permettre au lecteur
de trouver aisément ces
produits. Cette offre est
accompagnée d’un guide
explicatif des normes et
logos existants sur l’environnement. Par ailleurs, un
certain nombre de produits
éco-citoyens a fait son apparition parmi les gammes
des produits Calipage et
Plein Ciel. Ils ont fait l’objet
d’une formation et d’une
présentation spécifiques à
l’attention des distributeurs
lors des Congrès Calipage
et Plein Ciel.»
Jean-Yves Sebaoun, directeur général de Spicers France :
«Nous déployons beaucoup d’énergie pour aider les
distributeurs Spicers à promouvoir et mettre en avant
les produits éco-citoyens».
Le Papetier de France - Avril 2007  29
DOSSIER
Jean-Claude Auffret,
chef de produits papeterie de JM Bruneau :
«La protection de l’environnement est une
conviction profonde partagée dans notre
entreprise»
Guidé par l’expertise de WWF, JM Bruneau a entrepris depuis déjà
plusieurs années la promotion des produits éco-responsables avec des
résultats probants auprès d’une clientèle constituée essentiellement de
PME et de TPE.
«L
a demande a évolué dans un
sens positif pour certaines
gammes de produits, notamment
les produits à base de recyclé et
le papier en premier lieu, les produits qui apportent des économies
d’énergie, comme les ampoules fluo
moins voraces que les halogènes, et
Jean-Claude Auffret, chef de produits papeterie de
JM Bruneau : «Eviter le gaspillage est une notion qui
commence à entrer dans les esprits».
les produits rechargeables comme
les piles. Pour l’instant, la demande
est plus marginale pour les produits
d’écriture rechargeables, mais elle va
30  Le Papetier de France - Avril 2007
se développer car éviter le gaspillage
est une notion qui commence à entrer
dans les esprits.
Depuis 2005, quand nous avons mis
en place notre communication sur
les produits environnementaux, nous
avons vu la demande grandir.
L’étude menée pour mesurer les
retombées de cette communication montre que la moitié de
nos clients ont repéré l’offre de
produits citoyens dans le catalogue, que 36 % ont déjà effectué
un achat de ce type et que 60 %
des interrogés considèrent que
l’offre est suffisante.
La quasi totalité des clients sondés déclare vouloir renouveler
ces achats citoyens.
J’ai le sentiment qu’aujourd’hui la
différence de prix est acceptée...
Si différence il y a. Entre un papier
recyclé et une ramette classique,
l’écart de prix a été réduit car nous
avons fait des efforts de positionnement. Pour les produits rechargeables, l’économie est évidente
et quand le prix reste plus élevé,
ce qui est le cas des ampoules
fluo, il suffit de l’expliquer et les
consommateurs comprennent
vite qu’au bout du compte ils
font une économie.
Pour sélectionner notre offre,
compte tenu de l’abondance
des labels, nous avons dû faire
des choix cautionnés par l’expertise
de WWF. Ainsi nous mettons en avant
la certification FSC et les labels NF
Environnement. Dans notre catalo-
gue et sur notre site Internet, où cette
gamme de produits éco-responsables
est mise en avant, nous donnons également des informations à nos clients
sur les matières. Par exemple nous
conseillons le polypropylène qui est
moins nocif que le PVC.
L’offre est le sommet de l’iceberg. Elle
repose aussi sur une démarche interne
dans l’entreprise qui a obtenu la certification ISO 14001 plus rapidement
que prévu grâce à la sensibilisation et
la formation de tous les acteurs de
Bruneau, de la direction aux livreurs.
Nous avons mis en place également
une Convention Fournisseur les incitant à suivre notre exemple avec pour
résultat une proportion de 25 % de
nos fournisseurs qui aujourd’hui sont
certifiés ISO 14001.
Tout mettre en oeuvre pour la protection de l’environnement répond
à une conviction profonde partagée
dans notre entreprise. Nous sommes
conscients qu’il s’agit d’un travail de
longue haleine et que nous n’allons pas révolutionner du jour au
lendemain la consommation des
entreprises. Mais notre responsabilité est d’informer et de prescrire, et
aussi de sélectionner sur des critères
rigoureux et à partir d’une analyse
approfondie. Ainsi nous prenons
en compte la provenance géographique des produits et l’impact de
leur transport sur l’environnement.
Quand on évalue l’impact environnemental d’un produit qui vient de
Chine, même s’il est fabriqué à partir
de matériaux recyclés, le bilan reste
en faveur d’un produit plus cher mais
fabriqué en Europe, même s’il est un
peu plus cher. Le rôle des distributeurs
est de vérifier ces éléments. C’est aussi
notre responsabilité».

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