Vers une ville algérienne amnésique ?
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Vers une ville algérienne amnésique ?
Edito Vers une ville algérienne amnésique ? Djillali TAHRAOUI Architecte [email protected] A peine remis des émotions suscitées par la publication du numéro de lancement qui a été largement bien accueilli à travers le territoire national et au-delà, qu’il faut entrer dans le vif du sujet avec cette nouvelle parution qui investit la ville à partir de nombreuses entrées. Ainsi rattrapés par l’actualité urbaine locale et nationale d’un coté et l’exigence de la périodicité de notre revue de l’autre, nous avons concocté pour le numéro 1 de Madinati un contenu riche et varié. La problématique des secteurs sauvegardés et son traitement en Algérie fait l’objet des analyses des contributeurs au dossier de ce numéro. Consacré à Sidi El Houari, centre historique d’Oran, les auteurs s’interrogent sur les modes de « prise en charge » d’un patrimoine protégé par les lois de la République et les conventions internationales. Sidi El Houari, cette cité emblématique de la métropole oranaise vit une situation paradoxale aujourd’hui : à peine les célébrations du premier anniversaire de son classement comme secteur sauvegardé organisées in situ en grande pompe par l’APW, l’OGEBC (Office de Gestion et d’Exploitation des Biens Culturels) et une bonne partie de la société civile le 23 janvier 2016, que les premières démolitions d’envergure ont été entamées manu militari, quelques jours après. Les contributions du dossier consacrées à Sidi El houari mettent le doigt sur ce décalage entre les «discours patrimoniaux» et la réalité d’un centre ancien en voie de disparition. Le «dossier» regroupe les contributions d’acteurs de la société civile, du mouvement associatif et d’universitaires que nous avons croisées avec les analyses de spécialistes de la question du patrimoine et très engagés pour la sauvegarde de la casbah d’Alger. Djaffar LESBET nous fait part de sa récente proposition aux pouvoirs publics pour la relance de la sauvegarde effective de la casbah d’Alger et l’accueil qu’elle a reçu de la part des autorités concernées alors que Mourad BETROUNI nous renseigne sur « la valeur universelle et les derniers gestes de la reviviscence » de cette entité. Nous marquons ainsi, à notre façon, le mois du patrimoine qui s’annonce. La problématique de l’habitat est présente dans cette livraison à travers un entretien réalisé avec Brahim HASNAOUI qui nous expose la synthèse de son expérience dans la construction et le secret de la réussite du groupe qu’il préside. Nous découvrons un homme d’engagement quelque peu contrarié par certaines dispositions bureaucratiques mais clairvoyant et plein de ressources. Son parcours et ses analyses méritent l’attention. Sur un autre plan, la ville est constituée / représentée par ses équipements anciens ou nouveaux. Saddek BENKADA nous livre une précieuse présentation historique de certains hôtels d’Oran «auréolés de légendes». En effet, nous explique t-il, l’hôtel constitue un «lieu de sociabilité et de convivialité par excellence»; il représente, également, un «lieu de mémoire ou même des mémoires». Avec le Professeur Hadj MILIANI, le lecteur découvre que la ville se lit dans le texte : le propos de l’auteur sur « les villes algériennes dans la rhétorique littéraire de quelques romans récents « introduit à une autre dimension de l’espace urbain représenté mentalement et mis en scène dans des œuvres de romanciers algériens. La touche internationale de ce numéro nous vient du Professeur Daniel GRATALOUP, architecte suisse de renommée internationale qui compte quelques réalisations en Algérie. Il nous fait l’honneur de répondre à la sollicitation de MADINATI en nous dévoilant sa conception de l’architecture et sa philosophie de l’urbanisme. D’autres contributions, tout aussi intéressantes les unes que les autres, agrémentent et enrichissent cette nouvelle livraison. N°01 Mars - Avril 2016 - 3