DISCOURS BRESSO FR
Transcription
DISCOURS BRESSO FR
CONSTRUIRE UNE POLITIQUE AGRICOLE ET ALIMENTAIRE SE BASANT SUR LES PRINCIPES DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE Conférence Nyeleni Europe - Coordination Européenne Via Campesina 7 mars 2012 à Bruxelles DISCOURS DE MERCEDES BRESSO, PRESIDENTE DU COMITE DES REGIONS Seul le discours prononcé fait foi Mesdames et Messieurs, C'est avec grand plaisir que nous vous accueillons aujourd'hui au Comité des Régions pour réfléchir ensemble à la construction d'une nouvelle Politique Agricole et Alimentaire qui se baserait sur les principes de la Souveraineté Alimentaire. Comme vous le savez probablement, le Comité des Régions représente toutes les collectivités territoriales de l'ensemble de l'Union européenne – les régions, les provinces, les villes et les villages. Il fait entendre leur voix dans le processus décisionnel communautaire. Or il est essentiel que cette voix soit entendue quand on discute de l'avenir de la PAC puisque les territoires ruraux représentent, au sens large, 91% du territoire de l'Europe et plus de 56 % de la population des 27 Etats membres. Le Comité des Régions maintenant, les principes réaffirme, de depuis préférence plusieurs années communautaire et d'autonomie alimentaire. Nous avons déjà fixé nos grandes priorités pour la réforme, qui sont notamment consignées dans notre avis d'initiative sur "Le Futur de la PAC après 2013". Nous travaillons maintenant sur les propositions présentées par la Commission en octobre dernier. Si on les compare aux recommandations émises par le Comité des Régions dans ses précédents avis, on y retrouve un certain nombre de points de convergence. Toutefois, nous sommes déçus parce que les propositions ne traduisent pas le grand souffle de réforme que l'on avait cru sentir, lorsque le Commissaire Ciolos s'était exprimé dans nos sessions plénières. Même si certaines propositions vont dans la bonne direction, elles ne dessinent pas la réforme en profondeur qui nous semble indispensable pour préserver notre agriculture et valoriser pleinement nos territoires ruraux. Nous demandions une répartition plus équitable des soutiens par les paiements directs et un rééquilibrage des aides en faveur de l'emploi. Or les propositions repoussent la convergence des aides entre les Etats membres à la prochaine période de programmation. Les seuils proposés pour le plafonnement et la dégressivité des 2 aides paraissent bien trop élevés pour permettre une redistribution significative. Nous avions plaidé pour la mise en place d'outils afin de préserver la capacité de l’Europe à assurer la sécurité alimentaire. Face à une pression toujours accrue de la mondialisation et une extrême volatilité des prix, nous considérions que la future PAC devait nous permettre de garantir une production alimentaire diversifiée et de grande qualité. Les propositions avancées semblent créer plus d'inquiétude que d'apaisement, face aux craintes de nos concitoyens que nous avions relayées en tant qu'élus locaux et régionaux. La somme de 2,5 milliards destinée à aider les agriculteurs européens dans le cadre du Fonds européen d'ajustement à la globalisation est à la fois trop élevée pour le Fonds, qui risquerait de ne plus pouvoir aider les autres secteurs économiques, et trop faible pour compenser les pertes réelles des producteurs agricoles, notamment des éleveurs, suite à la signature de l'accord de libreéchange entre l'Union européenne et le Mercosur. De même, l'élargissement de la reconnaissance des organisations de producteurs à de nouveaux produits dans le cadre de l'Organisation Commune des Marchés ne permettra pas de renforcer le pouvoir des producteurs au sein de la chaine alimentaire, sans une remise en cause profonde des règles de la concurrence et des conditions de distribution. Face à ces constats, notre rapporteur sur le paquet législatif sur la future PAC après 2013 propose une PAC plus juste et une vraie 3 politique de régulation des marchés, dans son projet d'avis, qui sera débattu bientôt en commission spécialisée. Il considère positif et essentiel le rééquilibrage des aides, mais il estime la proposition de la Commission insuffisante pour améliorer la compétitivité des petites et moyennes exploitations et les zones soumises à des contraintes naturelles. Il demande donc : un abaissement des seuils de dégressivité dès 100 000 euros d’aides avec un plafond de 200 000 euros par exploitation; une augmentation du seuil minimum de soutien aux petits agriculteurs qui serait porté à 1000 euros; un renforcement des dispositifs de couplage dans les zones soumises à des contraintes naturelles et les zones ultrapériphériques; et que le dispositif en faveur des zones soumises à des contraintes naturelles et spécifiques soit rendu obligatoire pour tous les États membres avec un maximum de 15 % du plafond national. Afin d'assurer notre autosuffisance alimentaire, il souhaite la mise en place d’un "plan protéines" grâce au développement des cultures oléo-protéagineuses dans les assolements, afin d’assurer l’autonomie en protéines des élevages européens, de réduire l’usage des engrais azotés de synthèse et d'améliorer la fertilité des sols. Alors que la stabilisation des marchés est inscrite dans le Traité de Lisbonne, la Commission ne propose aucun mécanisme efficace de 4 maîtrise publique de la production. Elle fait peut-être une erreur stratégique en privilégiant la gestion des crises a posteriori, au détriment d’une régulation en amont qui permettrait de lutter efficacement et à moindre coût contre la volatilité des prix. Il faudrait donc lancer de nouvelles études d’impact sur les conséquences de la disparition des quotas et des droits de plantation. Selon le rapporteur, la Commission doit également sauvegarder les mécanismes de préférence communautaire et privilégier les dispositifs d’intervention et de stockage (public et privé), car ils sont préférables au développement des systèmes assurantiels. Enfin, je l'ai déjà dit à plusieurs reprises: pour le Comité des régions, il est urgent que la politique commerciale européenne change de cap, pour se mettre en conformité avec les objectifs de régulation des marchés agricoles et de sécurité alimentaire, qui sont énoncés dans la communication sur "la PAC à l'horizon 2020". Au-delà du débat sur l'avenir de la PAC, le Comité des Régions s'emploie également à promouvoir au sein des institutions européennes les circuits courts qui favorisent le maintien d'une agriculture sur l'ensemble du territoire, du fait de leur plus grande efficacité économique, sociale et environnementale. Le Comité a été saisi en 2010 par le Commissaire Ciolos d'un avis de prospective sur "l'identification des mesures à mettre en œuvre pour soutenir les productions de terroir destinées à être commercialisées par des circuits courts ou sur des marchés locaux". 5 Sur la base d'un inventaire des initiatives locales et régionales pour promouvoir les circuits courts de commercialisation des produits de terroir, nous avons formulé des propositions pour développer ces filières en janvier 2011. Nous avons ainsi proposé à la Commission européenne de compléter le règlement sur la politique de qualité des produits agricoles de l'Union par un nouveau référentiel européen pour les "produits agroalimentaires locaux" et de créer des outils afin de développer ces "systèmes agroalimentaires locaux" et de les promouvoir auprès des consommateurs. Nous avons aussi suggéré une modification de l'article 26 de la directive 2004/18/CE portant sur la coordination des procédures de passation de marchés publics, afin que la notion de "production locale" puisse devenir un critère de sélection standard dans les appels d'offres concernant la fourniture de produits alimentaires pour des collectivités, telles que les établissements scolaires, les maisons de repos et les établissements ouverts au public. Mesdames et Messieurs, Comme vous le voyez, il nous reste encore beaucoup à faire. Mais je voudrais vous assurer que le Comité des Régions mettra toute son énergie pour que les politiques européennes continuent d'offrir à tous les territoires ruraux et à tous leurs acteurs professionnels un avenir et les moyens d'exploiter leurs atouts. Je vous remercie pour votre attention. 6