gilles dejong - Tristan Godaert

Transcription

gilles dejong - Tristan Godaert
ÇA C'EST DU SPORT
L’increvable
Il est l’un des pilotes
les plus doués. Mais plutôt
que la facilité, Gilles Dejong
a opté pour l’impitoyable
monde du freestyle.
À l’ombre des
motocrossmen belges,
le Bruxellois compte bien se
faire une place au soleil
parmi le gratin du FMX.
Entretien avec
un garçon… renversant
PAR TRISTAN GODAERT
B
Gilles, entre votre participation aux X-Fighters, en mai dernier, au Brésil et vos débuts
en cross, il y a plus de 24 ans, il y a un sacré
bout de chemin parcouru…
“C’est vrai. Je suis vraiment heureux d’avoir participé aux X, l’année dernière, même si ce fut la
seule manche à laquelle j’ai pris part. J’ai tout de
même pu y récolter mes 15 premiers points sur le
circuit. C’est le début, je l’espère, d’une belle histoire avec la plus belle des compétitions en FMX.
La plus redoutable aussi.”
Racontez-nous vos premiers pas en motocross. La moto, c’est un peu une histoire de
famille chez les Dejong !
“Toute la famille a touché, de près ou de loin,
à la moto. Mon père roulait en cross et j’avais
pour habitude d’aller le supporter chaque weekend. C’est tout naturellement que j’ai également
fait mes débuts en motocross, avant même de
faire du vélo. J’avais à peine plus de trois ans !”
Pourquoi avoir accroché ?
“Pour les sensations ! La vitesse, le fun, mais surtout, la liberté. En cross, tu es seul sur ta machine et tu peux aller où tu veux. C’est sans limite.”
Rapidement, on vous classe dans la catégorie des surdoués, dans la plus pure tradition
des grands champions belges. À 15 ans,
vous achevez votre première saison complète, avec un titre de champion espoir à la
clé. Pourtant, vous basculerez plus tard
vers le FMX. Pourquoi ?
“Il faut préciser que ce sport coûte très cher. À 19
ans, je devais assumer seul toutes les dépenses.
Quelques années plus tard, j’ai rencontré Jimmy
Verbrugh et son team FMX. Jimmy est une figure
emblématique du motocross freestyle, qui a connu de nombreux succès en compétition. Il m’a proposé de passer chez lui, à l’occasion, et d’essayer
quelques rampes. En 2007, j’ai franchi le cap…”
JOERG MITTER
/RED BULL
Était-ce vos tout premiers tours de roue en
freestyle ?
“Oui. Je n’avais jamais effectué de gros jumps
sur rampes auparavant, même si j’avais toujours été très à l’aise sur les bosses, en cross.
Chez Jimmy, il ne m’a fallu que quelques runs
pour être performant. J’ai tout de suite aimé ça !”
66 I
les sports I
21 MARS 2012
Comment s’est passée la transition entre le
tout-terrain et le freestyle ?
“Ce n’était pas facile de quitter ma première
passion. D’ailleurs, je ne l’ai pas totalement
oublié, puisqu’il m’arrive encore de rouler en
compétitions, de temps à autre. J’ai envie de cultiver ce côté pluridisciplinaire. En 2007, après
ma seconde place en championnat de Belgique
de MX, quasi sans entraînements, j’ai tout de
“J’ai eu une vingtaine d’accidents, tout au long
de ma carrière, dont une dizaine était grave. La
peur fait partie intégrante de ce sport. Et ces accidents accentuent cette peur. C’est certain,
ça trotte toujours dans ma tête, quelque part…
Mais une fois sur la moto, le moteur allumé et le
public autour de moi, qui me galvanise, je ne
pense plus qu’à rouler et me faire plaisir.”
“Je me suis cassé le dos en
tentant mon premier backflip.
Depuis, une plaque de fer
maintient trois de mes
vertèbres en place”
même décidé de me concentrer à fond sur le
FMX. Il était impossible d’être ultra-performant
dans les deux disciplines. Et le freestyle a eu raison de moi ! Un an plus tard, j’effectuais mes
grands débuts, en Pologne, lors du Speed&Style
de Varsovie. Mon plus beau souvenir en FMX…”
Suivez-vous un entraînement particulier
pour le FMX ?
“Je n’ai pas de préparation particulière. Tout
simplement car j’ai rarement le temps d’en suivre une ! Souvent, je m’entraîne quelques heures
avant la compétition. Lors de ma participation
aux Redbull X-Fighters, au Brésil, les organisateurs m’ont appelé un jour avant
le début du show, en remplacement d’un pilote
blessé ! En dehors de la moto, je touche à toute
machine qui a deux ou quatre roues, comme le
vélo de descente, le skate ou le BMX. C’est la base de mon entraînement.”
Vous souvenez-vous de votre plus gros
accident ?
“Évidemment ! Je me suis cassé le dos en tentant
mon premier backflip. Depuis, une plaque de fer
maintient trois de mes vertèbres en place.”
Est-ce vraiment utile de vous demander
pourquoi vous continuez le FMX…
“Parce que j’adore ça ! Ce sport me rend tellement heureux. Je pense que mes parents, par
contre, sont un peu moins ravis que moi. En même temps, ce sont eux qui m’ont mis sur une moto, la première fois !”
Vous semblez aussi toujours en quête de
nouveaux défis. En juillet 2011, à Madrid,
vous réalisiez un backflip avec la machine
de Marc Coma, double vainqueur du Dakar.
Pas vraiment le genre de moto taillée pour
le freestyle, non ?
“Au début, c’était juste un délire ! À Dubai, Marc
avait laissé entrevoir de belles possibilités de
freestyle avec sa moto, qui est évidemment bien
plus difficile à manier en l’air qu’une machine
de cross. Et je me disais que ce serait pas mal de
voir ce qu’elle avait dans le ventre, en FMX. Redbull m’a suivi dans ce délire pour le plus grand
plaisir du public madrilène !” l
Vous êtes pour le moment blessé au poignet, suite à une chute, alors que vous prépariez le Supermotard de Mettet. Comment
se passe votre revalidation, en vue de la saison, qui débute le 13 avril, à Dubai ?
“Je recommence tout doucement à rouler, mais
je sens que je suis sur la bonne voie. J’ai déjà
participé à deux shows et je n’ai ressenti aucune
gêne. Mais je ne pourrai malheureusement pas
être présent aux Émirats.”
Vous avez d’ailleurs déjà connu quelques
blessures, depuis le début de votre carrière.
Avez-vous parfois peur de prendre une rampe pour tenter un gros jump ?
6
STEFAN AUFSCHNAITER/RED BULL
GILLES DEJONG
rasilia, 28 mai 2011. Deuxième manche des Redbull X-Fighters. Les mains
serrées sur le guidon, Gilles Dejong
s’apprête, un brin nerveux, à mettre
les gaz, devant plus de 100 000 fans déchaînés. Le Bruxellois vit un rêve éveillé. Qui
aurait pu imaginer, quelques mois auparavant, que le gamin d’Uccle se mêlerait à la
plus prestigieuse des compétitions de motocross freestyle ? Une dixième place à la clé,
mais surtout, le début d’une belle aventure en
FMX.
JOERG MITTER/RED BULL
ÇA C'EST DU SPORT
Le nombre de manches du Red Bull
X-Fighters 20012 qui débute à Dubaï,
le 13 avril. Suivront Glen Heln (USA),
le 12 mai ; Istanbul (Tur), le 16 juin ;
Madrid (Esp), le 20 juillet ; Munich (All),
le 11 août ; et Sydney (Aus), le 6 octobre.
21 MARS 2012
I
les sports I 67