C`est lui qui était devenu un homme juste, » nous dit Jésus au sujet

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C`est lui qui était devenu un homme juste, » nous dit Jésus au sujet
DIMANCHE 30 C
23 OCTOBRE 2016
« C’est lui qui était devenu un homme juste, » nous dit Jésus au sujet du
publicain. Il l’est devenu, tandis que le pharisien l’était, du moins le croyaitil, dans sa certitude prétentieuse et son mépris des autres. Mais Jésus dira plus
tard, lui dira et nous dira : « je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les
pécheurs. » Il nous invite ainsi à nous situer face à ce que nous croyons être,
face à ce qu’il nous faut devenir.
Que veut donc dire « être un homme juste ? » Être juste, être ajusté à
ce que c’est qu’être Homme, selon Jésus. Il nous faut sans doute d’abord
faire le tri et balayer tous ce qui encombre nos convictions quotidiennes et
nos pratiques aussi dans tous ces lieux de nos vies que sont le pouvoir,
l’argent ou le sexe. : célèbre trilogie qui se manifeste en de nombreux avatars.
Être ajusté vraiment à ce qu’il en est, en définitive, d’être homme, d’être
Humain. Telle est, me semble-t-il, l’invitation que nous lance Jésus. Alors
reprenons ce qu’il nous en dit dans la Parabole.
Il y est donc question de deux hommes qui sont en prière au temple, et
de leur manière de prier, de se situer devant Dieu, donc devant eux-mêmes.
Le pharisien dit ceci : « je te rends grâce, je ne suis pas comme, je
jeûne, je verse mon offrande… » JE, je, je, je : vous aurez remarqué que
c’est toujours de lui qu’il parle sous prétexte de prière. (Tiens ! Comment
prions-nous ? ) La prière est donc occasion de parler de lui. Et nous-mêmes,
de qui parlons-nous, à qui parlons-nous, quand nous parlons à un enfant, à un
conjoint, à un ami, à Dieu, quand nous disons prier ? Parlons-nous vraiment à
quelqu’un, ou parlons-nous de nous ?
Le publicain commence sa prière en disant : « mon Dieu. » Certes il
parle ensuite de lui, mais il parle à quelqu’un. Non pas ‘moi je’, mais ‘toi tu’.
Quand il parle de lui c’est pour se situer en pauvre devant l’autre, devant
Dieu, pour lui dire sa vérité d’homme pécheur. Et c’est lui, nous dit
l’évangile, qui devient un homme juste. Il ne l’est pas, il le devient.
La crise de l’adolescence est toujours crise d’identité. Et cette crise du
moi je est toujours nécessaire. Il faut en passer par là. Mais l’on ne devient
adulte qu’en apprenant à dire, et à vivre, toi tu. Nous en savons bien la
difficulté et la joie quotidienne. Nous savons aussi qu’il nous faut toute une
vie pour devenir adulte.
Le Christ lui-même a eu à traverser cela. Ultime épreuve où il a été tenté
par le ‘moi je’. Un jour, et c’était le dernier, il a dit : « Père, si c’est possible,
que cette coupe s’éloigne de moi. » Il n’en voulait pas de cette coupe, de cette
souffrance qui s’annonçait. Mais il a ajouté : « non pas ce que je veux, mais
ce que tu veux. »
Être ajusté à ce qu’est qu’être Homme ne peut se faire sans que nous ayons
nous aussi à vivre ce combat. Nous ne pouvons ici que demander la grâce de
nous y situer comme des justes, des hommes ajustés à eux-mêmes parce
qu’ajustés à Dieu et par lui.