Marcel Broodthaers

Transcription

Marcel Broodthaers
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
MusÉe d’art moderne - dÉPartement des Aigles
Marcel Broodthaers
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/// 16/04/2015
MONNAIE DE PARIS
11, Quai de Conti
75006 Paris
18 avril - 5 juillet 2015
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Moi aussi, je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose et réussir dans la
vie. Cela fait un moment déjà que je ne suis bon à rien. Je suis âgé de quarante ans… L’idée
enfin d’inventer quelque chose d’insincère me traversa l’esprit et je me mis aussitôt au travail.
Marcel Broodthaers, Bruxelles, 1964
Marcel Broodthaers à la Monnaie de Paris
Directeur de la communication
Guillaume Robic
tel : + 33 (0)1 40 46 58 18
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La Monnaie de Paris présente du 18 avril au 5 juillet 2015, le Musée d’Art Moderne –
Département des Aigles, certainement l’œuvre la plus iconique de Marcel Broodthaers,
sous le commissariat de Chiara Parisi en collaboration avec Maria Gilissen Broodthaers.
Claudine Colin Communication
Avril Boisneault
tel : + 33 (0)1 42 72 60 01
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Après avoir présenté Quatuor à cordes pour Hélicoptères de Stockhausen lors de la Nuit
Blanche 2013 puis, à l’occasion de sa réouverture partielle en octobre dernier, la Chocolate
Factory de Paul McCarthy, la Monnaie de Paris permet, une nouvelle fois, au public de
découvrir un projet artistique réputé « impossible ». Cette exposition offre aux visiteurs
l’occasion de revivre une expérience artistique unique, avec une œuvre considérée comme
fondatrice dans l’Histoire de l’art du XXème siècle.
INFORMATIONS PRATIQUES
Horaires d’ouverture
Tous les jours, 11h – 19h
Jeudi jusqu’à 22h
11, Quai de Conti
75006 Paris
Librairie Flammarion Monnaie de Paris
11, Quai de Conti
75006 Paris
Tous les jours, 11h – 19h
Jeudi jusqu’à 22h
Boutique Monnaie de Paris
2, rue Guénégaud
75006 Paris
Du lundi au samedi
11h – 19h
PUBLICS
La Monnaie de Paris propose tous
les jours un large choix de visites
et d’ateliers pour tous les publics ainsi
qu’un programme de conférences
durant toute la durée de l’exposition.
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Dès le début de sa carrière d’artiste, Marcel Broodthaers établit un rapport très clair entre
l’œuvre d’art en tant que telle et sa valeur financière. Selon lui, l’art est devenu un acteur
de l’économie. La réflexion de cet artiste, qui avait posé ces questionnements dans les
années 1960, résonne tout particulièrement à la Monnaie de Paris qui depuis douze siècles
« fabrique » l’argent des Français et d’autres pays. Dans ce lieu où se rassemblent la monnaie
courante, la monnaie de collection et les expositions d’art contemporain, la présence de
l’œuvre de Marcel Broodthaers permet de s’interroger sur le rôle fondateur de l’art dans la
société contemporaine.
Historique, cette exposition construite autour du projet majeur de Broodthaers, le Musée
d’art Moderne - Département des Aigles (1968-1972) est le fruit d’un travail de recherche de
plusieurs années mené par la Monnaie de Paris en lien étroit avec Maria Gilissen Broodthaers
et Marie Puck Broodthaers. Ces recherches ont mobilisé de très nombreuses collections
publiques et privées pour reconstituer, à la Monnaie de Paris, le Musée d’art Moderne Département des Aigles, non pas dans son intégralité (cela trahirait le projet original de
l’artiste), mais dans sa forme la plus accomplie, la plus aboutie qui n’est jamais été présentée
à ce jour.
Musée d’Art Moderne Département des Aigles
Marcel Broodthaers témoigne des changements profonds de l’art au XXème siècle : l’œuvre
qui naît d’un double renoncement au matériau initial, la peinture, et au mythe d’une identité
toute faite, celle de l’authenticité artistique. C’est dans ce contexte qu’est né le « Musée d’Art
Moderne », dans une discussion autour du « musée comme institution imaginaire, idée fixe,
principe d’ordre ou temple d’artistes ».
Les années 1970-1971 marquent un tournant dans l’histoire du Musée qui est déclaré « à
vendre pour cause de faillite », Marcel Broodthaers poursuit ainsi sa réflexion entre l’art,
l’institution du musée et le marché de l’art en créant la Section Financière (1971). Elle est
composée d’un lingot d’un kilo d’or poinçonné d’un aigle, vendu pour collecter des fonds au
profit du Musée, à un prix calculé au double de la valeur du marché de l’or, l’augmentation
représentant la valeur du lingot en tant qu’objet d’art. C’est dans cette vision d’anticipation
de notre contemporanéité que le lingot d’or présenté ici est celui appartenant à l’artiste
Danh Vo (né en 1975 à Bà Rja).
La figure de l’aigle, présente dès la naissance du Musée dans son nom, prend toute sa
dimension avec la Section des Figures. L’Aigle de l’oligocène à nos jours, conçue pour la
Staatliche Kunsthalle de Düsseldorf en 1972. Les détails de cette section sont reconstitués
pour la toute première fois à la Monnaie de Paris, grâce aux prêts des mêmes institutions,
collectionneurs, antiquaires qui avaient été contactés à l’époque par l’artiste dont le Louvre,
le Musée Ingres, le Victoria & Albert Museum, le Musée des Arts Décoratifs de Berlin,…
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11, quai de Conti - 75006 Paris
www.monnaiedeparis.fr
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Dans le Salon d’Honneur de la Monnaie de Paris, la Salle Blanche (1975), est la reconstitution
d’une pièce de la maison rue de la Pépinière où Marcel Broodthaers avait inauguré son Musée
dans lequel flottaient les mots qui ont traversé son travail, ses expériences et sa vie passée
entre Bruxelles, Paris et Düsseldorf.
Cette exposition présente, sous le Péristyle, le Balancier d’Austerlitz (1810) que Marcel
Broodthaers souhaitait emprunter à la Monnaie de Paris pour sa Section des Figures. Son
poids, 2,1 tonnes, l’obligea à se contenter de photographies qui ont également été inclues
dans la Section Publicité (1972).
L’exposition est complétée par un happening. Le jour de l’inauguration, face à l’île de la Cité,
une péniche remonte la Seine, de la même manière qu’en 1971 Marcel Broodthaers avait
pensé lui faire remonter le Rhin avec du matériel et des œuvres d’art pour être déchargés et
trouver une place dans l’exposition.
Le Musée d’Art Moderne – Département des Aigles à la Monnaie de Paris est accompagné
de la publication du recueil de dessins (1971) de l’artiste, Le Catalogue des Monnaies en
édition limitée et numérotée, ainsi que du Hors-série Beaux Arts magazine consacré à
l’exposition avec notamment la participation de Bernard Blistène, Nicolas Bourriaud et Alfred
Pacquement, ainsi qu’une conversation entre Maria Gilissen Broodthaers et Chiara Parisi.
A cette occasion, une médaille et une mini-médaille sont également frappées dans les Ateliers
de la Monnaie de Paris, inspirées d’œuvres de Marcel Broodthaers.
Marcel Broodthaers
Marcel Broodthaers (né à Bruxelles le 28 janvier 1924 et décédé à Cologne le 28 janvier
1976) a donné vie à une production plastique considérable sur une période de seulement
huit années. Abandonnant ses études de chimie, il a mené une vie d’homme de lettres dans
une communauté littéraire, artistique et politique sous l’Occupation.
C’est en 1964 qu’il figea dans du plâtre, 50 exemplaires invendus de son dernier recueil de
poésie intitulé Pense-Bête. Cet acte fondateur marque les « débuts » officiels de Marcel
Broodthaers en tant qu’artiste. Il commença à créer des œuvres d’art à partir de plusieurs
objets communs (moules, briques ect..) qu’il assemblait ou qu’il accumulait entre eux pour
ne former qu’un seul et unique objet mêlant humour et absurdité.
Plus tard, en 1968, il s’autoproclama « conservateur du Musée d’Art Moderne Département
des aigles » qu’il avait lui-même créé, dans sa maison.
Admirateur de Magritte et Mallarmé, il s’interroge sur les rapports entre l’image et sa
représentation, entre l’original et la copie, entre la fiction et le réel. Marcel Broodthaers a
influencé le travail de grands artistes de son époque comme Joseph Beuys, Hans Haacke,
James Lee Byars et aujourd’hui des artistes comme Daniel Buren, Dan Graham, Mike Kelley,
ou encore Danh Vo, Tacita Dean, Ceryth Wyn Evans.
L’humour et la mélancolie de l’œuvre de Marcel Broodthaers en font une figure de référence,
aujourd’hui en pleine redécouverte, à l’instar de Marcel Duchamp, comme en témoigne sa
présence à la 56ème Biennale de Venise en 2015.
C’est grâce à son vaste champs d’actions et à sa capacité de transformer ses expositions
en véritables œuvres d’art ayant pour thème la critique du voir et du montrer, du sens et du
contexte, de la mise en scène de l’exposition, du décor et surtout du musée.
La Monnaie de Paris, nouvel acteur culturel
Depuis 2008, la Monnaie de Paris organise des expositions d’art contemporain (Daniel
Buren, Tadashi Kawamata, Jean Prouvé, David Lachapelle…). Elle encourage également le
dialogue de ses métiers d’art avec de grands créateurs qui signent de nouvelles collections
(Philippe Starck, Karl Lagerfeld, Sempé), avec son conseiller artistique pour les médailles,
Christian Lacroix ou encore avec de grandes maisons de luxe (Chanel, Cartier, Baccarat,
Goyard, Hermès…).
La Monnaie de Paris remercie ses partenaires : Europe 1, Les Inrockuptibles, A Nous Paris, L’Officiel
Art, Le Journal des Arts, Time Out Paris, BlouinArtinfo.com, Beaux Arts Magazine, UGC
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Marcel Broodthaers à la Monnaie de Paris
Chiara Parisi
Directeur des Programmes culturels et commissaire de l’exposition
L
’œuvre de Marcel Broodthaers a marqué
des générations d’artistes après lui. Son
unique travail est porté par sa réflexion sur
la valeur de l’œuvre d’art dans son lien avec
l’institution muséale et l’économie qui la soustend. Dans le cadre du projet de la réouverture
de la Monnaie de Paris, la réflexion de cet
artiste qui avait anticipé ces questionnements
résonne particulièrement dans cette institution
qui s’interroge elle-même sur le devenir de ses
collections et sur le parcours muséographique
qui va ouvrir en 2016.
Cette exposition historique, construite autour
de son projet majeur, le Musée d’art Moderne –
Département des Aigles, 1968-1972 est le fruit
d’un travail de recherche et de reconstitution
de trois ans par les équipes de la Monnaie de
Paris en collaboration avec Maria Gilissen
Broodthaers et Marie Puck Broodthaers, sur
les traces des œuvres de cet artiste auprès de
collectionneurs et de commissaires avec qui
il a collaboré, mais aussi de très nombreuses
collections et institutions internationales. Pour
la première fois, la Monnaie de Paris réunit
plusieurs sections de ce musée auxquelles
répondent d’autres œuvres antérieures, de
son premier film, La clef de l’horloge de
1957, jusqu’à l’une de ses dernières œuvres,
La conquête de l’espace. Atlas à l’usage des
artistes et des militaires (1975) qui est la
déclaration ultime des notions de fiction et de
décor qu’il a développé dans toutes ses œuvres.
Le Musée d’Art Moderne – Département des
Aigles participe au mythe que représente cet
artiste. La naissance de ce projet s’inscrit dans
un cadre particulier, en 1968 à Bruxelles, qui
est profondément marqué par la réflexion de
l’époque sur les changements de la société,
de l’art et des institutions. Malgré lui, Marcel
Broodthaers est devenu un des acteurs majeurs
en participant notamment à l’occupation de
la Salle de Marbre du Palais des Beaux Arts
de Bruxelles. C’est dans ce contexte qu’il a
commencé à rédiger des Lettres ouvertes,
présentées en partie dans l’exposition, dont
une lettre sous l’en-tête du « Cabinet des
Ministres de la Culture », annonçant l’ouverture
du Musée d’Art Moderne - Département des
Aigles et s’autoproclamant « directeur » et
« conservateur » de ce musée fictif, qu’il ouvre
dans sa maison à Bruxelles, cinq ans avant le
musée des Obsessions de Harald Szeeman.
Composée de cartes postales, de projections
de diapositives, de caisses de bois vides pour le
transport des œuvres, la première section de ce
musée, La Section XIXème siècle, sera suivie
par d’autres sections, composées d’œuvres
d’art et d’objets du quotidien. Dernière trace de
l’inauguration du Musée, la Projection sur caisse
accueille le visiteur dans l’enfilade de salons de
la Monnaie de Paris.
Ce Musée d’Art Moderne –Département
des Aigles fonctionne comme une véritable
institution. Le musée présente la Section
Littéraire ou le voyage de ville en ville, la Section
XVIIème Siècle inaugurée en septembre 1969
à Anvers avec le discours de Piet van Daalen,
conservateur du Zeeuws Museum à Middelburg,
la Section Documentaire en août 1969 qui est
composée du plan du musée creusé dans le
sable sur une plage belge Le Coq par Marcel
Broodthaers portant une casquette «Museum».
Mais aussi la Section Folklorique en 1970
au Zeeus Museum à Middleburg, la Section
XIXème Siècle (bis) inaugurée en février 1970
à la Staatliche Kunsthalle de Düsseldorf avec
le discours de Jürgen Harten, directeur adjoint
de la Kunsthalle puis la Section Cinéma, entre
1971 et 1972 dans le sous-sol d’une maison à
Düsseldorf, qui s’inspire de l’œuvre Cinéma
Modèle présentée dans l’exposition et qui
donne à voir la pratique profondément poétique
du cinéma de Marcel Broodthaers. Cinéma
Modèle est un programme de films qui se
décline autour des figures de références de son
œuvre : de Kurt Schwitters dans son premier
film en 1957, La Clef de l’Horloge (Un Poème
cinématographique en l’honneur de Kurt
Schwitters), à Magritte avec La Pipe, 1969,
Baudelaire avec Un film de Charles Baudelaire
(Carte Politique du monde), 1970, La Fontaine
avec Le Corbeau et le Renard, 1967 et Mallarmé
avec le film La Pluie, 1969, où dans le jardin
du Musée d’art Moderne - Département des
Aigles, Broodthaers écrit un texte tandis qu’une
averse éclate et que l’eau inexorablement efface
chaque mot, chaque trace d’écriture.
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délogée du ciel imaginaire où il loge depuis
des siècles et nous menace de sa foudre
Les années 1970-1971 marquent un tournant
dans l’histoire du musée qui est déclaré « à
vendre pour cause de faillite ». La vente a
été annoncée sur la couverture du catalogue
de la Foire de Cologne en 1971, sans trouver
d’acheteur.
Marcel Broodthaers a ensuite présenté la
Section Financière, pour laquelle il a produit
une édition de lingots d’un kilo d’or frappés
de l’emblème du musée : l’aigle. Les lingots
devaient être vendus à un prix calculé en
doublant la valeur de marché de l’or, la surtaxe
représentant la valeur de l’art. Il est associé à un
contrat de vente d’un kilo d’or en lingot et à une
lettre manuscrite du conservateur pour éviter la
fabrication de faux, un exemplaire était déposé
dans le coffre d’une banque au nom du Musée
d’Art Moderne Département des Aigles.
L’acheteur du lingot est libre de le conserver
avec le contrat ou bien de le faire fondre pour
utiliser la valeur de la matière. Il réduit l’œuvre
d’art à un bien de consommation avec les
mêmes règles régies par le marché.
Marcel Broodthaers a déclaré dans la première
lettre ouverte du 27 juin 1968 annonçant
l’ouverture du Musée d’Art Moderne.
Département des Aigles :
“ Il ne faut pas se sentir vendu
avant d’avoir été acheté “
Marcel Broodthaers. Première Lettre ouverte
du 27 juin 1968 annonçant l’ouverture
du Musée d’Art Moderne - Département des Aigles
Le lingot présenté ici est une nouvelle mise
en abîme puisqu’il s’agit du lingot de Marcel
Broodthaers, acheté par l’artiste Danh Vo et
frappé de l’aigle dans les Ateliers de la Monnaie
de Paris. Comme Marcel Broodthaers qui est à
la fois artiste et conservateur, Danh Vo est à
la fois artiste et collectionneur qui prête son
œuvre pour l’exposition.
Danh Vo fait partie de cette génération d’artistes
fascinés par le travail de Marcel Broodthaers,
par l’utilisation qu’il fait de l’or à travers
ses œuvres ou encore par la création
« d’environnements » inspirés des « décors »
que Marcel Broodthaers développera à la fin
de sa vie.
La figure de l’aigle, présente dès la naissance du
musée dans son nom, prend toute sa dimension
et son sens avec la Section des Figures. L’Aigle
de l’Oligocène à nos jours, présentée en 1972 à
la Staatliche Kunsthalle de Düsseldorf.
Allégorie du pouvoir, de l’esprit de conquête
et de l’impérialisme, la figure de l’aigle est
« délogée du ciel imaginaire où il loge depuis
des siècles et nous menace de sa foudre ». Cette
section est composée de plus de trois cent
objets, peintures, sculptures, ayant tous pour
point commun de représenter un aigle, et d’être
accompagnés de la plaquette « Ceci n’est pas
une œuvre d’art. N°...» en référence à la fois à
Magritte et à Duchamp.
Les détails de cette section sont reconstitués
pour la première fois à la Monnaie de Paris, grâce
aux prêts des mêmes institutions qui avaient
été contactées à l’époque par l’artiste telles que
le Louvre, le Musée Ingres, le Musée Ludwig à
Cologne, le Macba à Barcelone, le Victoria &
Albert Museum à Londres, les Musées Royaux
des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles… La
Monnaie de Paris présente également sous le
Péristyle le Balancier d’Austerlitz, 1810, qui
n’avait pu être transporté à l’époque au vu de
son poids, Marcel Broodthaers avait alors choisi
de présenter sous forme photographique.
Dans la salle suivante, la Section Publicité
conçue à Kassel à l’occasion de la Documenta
V en 1972 sous l’invitation de Harald Szeeman
reflète la déclaration de Marcel Broodthaers :
« Dans la publicité, l’art est utilisé et reçoit
un énorme succès », et met l’accent sur la
reproductibilité des œuvres et pose la question
du spectateur consommateur. Opérant une
comparaison entre l’aigle dans l’histoire de
l’art et l’aigle dans la publicité, il reproduit ici
sous forme de photographies tous les objets
qu’il avait exposés en 1972 à Düsseldorf dans
sa Section des Figures.
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La culture est-elle encore importante ? A mon avis, oui, d’autant plus si elle
incorpore la pensée dans un cadre de référence qui peut vous aider à vous
défendre contre les images et les textes véhiculés par les médias et par la
publicité qui déterminent nos règles de comportement et notre idéologie.
Ce musée fictif prend pour point de départ l’identité de l’art et de l’Aigle..., il
allait de soi d’estampiller l’Urinoir de Duchamp (1917) du signe de l’Aigle, plus
exactement, la photo de l’objet sanctifié par l’hsitoire de l’art, montrée ici avec
beaucoup d’autres documents.
Publicité pour l’art et l’art de la publicité. Mais qui remarque l’action magique
exercée par des artistes anonymes (grâce au symbole de l’autorité), au service de
la diffusion des produits de l’industrie ? Ceux qui vivent dans le contexte de l’art
et considèrent ainsi l’art en tant qu’art. Et seuls ceux à qui importe le contexte
social de ces productions. Mais que voit le public, le grand public et tous ceux
qui regardent des matchs de football.
Marcel Broodthaers « Museum für moderne Kunst – Abteilung die Adler », Heute
Kunst, Milan N°1, avril 1973, pp. 20-23
Marcel Broodthaers termine son Musée en 1972 avec le Musée d’art Ancien
dans lequel il présente une galerie pour l’art du XXe siècle composée d’une
pièce vide avec les inscriptions d’une série de verbes d’actions « Ecrire, peindre,
copier, figurer, parler, former, rêver, échanger, faire, informer, pouvoir». L’artiste
reprend ce procédé dans son œuvre Salle Blanche, 1975, exposée dans le Salon
d’honneur de la Monnaie de Paris comme un nouvel hommage à l’exposition
L’Angélus de Daumier présentée par Pontus Hultén en 1975 au Centre National
d’Art Contemporain (Hôtel Rothschild) qui préfigurait le Centre Georges
Pompidou. Cette œuvre est la reproduction d’une pièce de sa maison où il a
inauguré son Musée. Sur les murs, il a apposé les mots et concepts qui ont
traversé son travail pendant toute sa carrière, nourris par ses expériences et sa
vie passée entre Bruxelles, Paris et Düsseldorf, spatialisation du texte comme
hommage à Mallarmé.
L’aventure du Musée d’Art Moderne – Département des Aigles est également
présentée dans l’exposition grâce aux Plaques (Poèmes industriels), 1968-1972,
qui en retracent toute l’histoire et démontrent l’ironie de leur auteur ainsi que
leurs multiples références, notamment à Magritte dont il était l’ami et le fervent
admirateur. Ces plaques représentent l’un des aboutissements de son utilisation
du langage comme outil visuel, de l’appropriation d’images et d’œuvres de la
littérature qui ont constitué l’ordinaire d’un travail à la fois littéraire et plastique.
Les objets fonctionnent-ils, chez vous, comme des mots ?
J’utilise l’objet comme mot zéro. Ce n’étaient pas d’abord des objets littéraires ?
On pourrait les nommer comme cela, alors que les objets plus récents
échappent à cette dénomination qui a réputation péjorative (je me demande
bien pourquoi ?). Ces objets récents portent, à la manière sensationnelle, les
marques d’un langage. Mots, numérotations, signes inscrits sur l’objet lui-même.
Au début de votre activité vous avez suivi une direction aussi précise ?
J’étais hanté par une certaine peinture de Magritte, celle-là où figurent des mots.
Chez Magritte, il y a contradiction entre le mot peint et l’objet peint, subversion
du signe du langage et de la peinture au bénéfice d’un resserrement de la notion
de sujet. [...]
Et le langage de ces plaques ?
Disons des rébus. Et le sujet, une spéculation sur une difficulté de lecture
entraînée par l’emploi de ce matériau. Sachez que l’on fabrique ces plaques
comme des gaufres.
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Ces plaques sont-elles si malaisées à déchiffrer ?
La lecture est contrariée par l’aspect image du texte et l’inverse. Le caractère
stéréotypé du texte et de l’image est défini par la technique du plastique. Et
la lecture proposée dépend d’un double niveau – appartenant chacun à une
attitude négative qui me paraît être le propre de l’attitude artistique. Ne pas
situer le message entièrement d’un côté, image ou texte. C’est-à-dire refuser
la délivrance d’un message clair comme si ce rôle ne pouvait incomber à
l’artiste et par extension à tout producteur économiquement intéressé. Il y
aurait ouverture, ici, d’une polémique. A mon sens, il ne peut y avoir de rapport
direct entre l’art et le message et encore moins si ce message est politique
sous peine de se brûler à l’artifice. De sombrer.
Je préfère signer des attrape-nigauds sans me servir de cette caution.
Quel genre de nigauds attrapez-vous avec vos plaques ?
Eh bien ! ceux qui prennent ces plaques pour des tableaux et les accrochent
aux murs. Rien ne dit d’ailleurs que le nigaud ne soit leur auteur qui a cru être
linguiste en sautant la barre de la formule Signifiant/Signifié et qui, en fait,
n’aurait que joué au professeur.
Marcel Broodthaers, « Dix mille francs de récompense » d’après une interview
d’Irmeline Lebeer, Catalogue-Catalogus, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 27
septembre-3 novembre 1974 reproduit dans catalogue du Jeu de Paume, 1992
En seulement dix années de production, Marcel Broodthaers a profondément
influencé les artistes des générations suivantes. Il a créé des œuvres qui
oscillent et flirtent avec tous les courants artistiques majeurs de l’époque,
de l’art conceptuel à Fluxus en passant par le Pop Art et le lettrisme. Sa
fulgurante carrière et l’écho particulier de son travail auprès d’artistes avec
lesquels il a collaboré tels que Joseph Beuys, Hans Haacke, James Lee Byars
contribuent à la création de la figure mythique qu’il représente aujourd’hui
pour des artistes contemporains comme Dan Graham, Daniel Buren, Mike
Kelley ou encore Danh Vo.
Cette exposition est l’occasion d’un hommage à cet immense artiste et à
son histoire à travers la participation dans un numéro hors série de Beaux
Arts Magazine de Bernard Blistène, Nicolas Bourriaud et Alfred Pacquement.
Les jeunes artistes Ivan Argote, Hicham Berrada, Davide Bertocchi, Nico
Dockx, Mark Geffriaud et Virginie Yassef, profondément touchés par son
travail, participent à l’happening qui a lieu le jour de l’inauguration, le 16
avril à 19h, face à l’île de la Cité, en écho à l’Ile du Musée et en référence au
Bateau sur le Rhin, deux projets non réalisés de Marcel Broodthaers. Une
péniche remonte la Seine jusqu’à accoster à l’amont du Pont Neuf, de la
même manière qu’en 1971 Marcel Broodthaers avait pensé lui faire remonter
le Rhin. A son bord, œuvres et objets arrivent pour être déchargés et trouver
une place dans l’exposition.
La Monnaie de Paris s’est confrontée à la même question que les autres
institutions qui ont présenté le travail de Marcel Broodthaers depuis sa
disparition : comment exposer l’œuvre d’un artiste qui rend une exposition en
un moyen d’expression artistique ? Marcel Broodthaers montre que l’œuvre
est l’exposition en elle-même.
Le Musée d’Art Moderne - Département des Aigles est tout simplement
un mensonge et une tromperie… Le musée fictif essaie de piller le musée
authentique, officiel, pour donner davantage de puissance et de vraisemblance
à son mensonge. Il est également important de découvrir si le musée fictif
jette un jour nouveau sur les mécanismes de l’art, du monde et de la vie de
l’art. Avec mon musée, je pose la question. C’est pourquoi je n’ai pas besoin
de donner la réponse.
Marcel Broodthaers, 1972
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
www.monnaiedeparis.fr
SALLE 1.
Balancier Gengembre-Saulnier (dit Balancier d’Austerlitz), 1810
Bronze, fonte de fer, fer forgé
Collection Monnaie de Paris
SALLE 2.
Malle en osier, 1975
Estate Marcel Broodthaers
SALLE 3.
Un Jardin d’hiver II, 1974
Une vingtaine de palmiers, 6 agrandissements photographiques de gravures du XIXème siècle
encadrés, 16 chaises pliantes, projection sur écran du film Un jardin d’Hiver (A.B.C), 1974, couleur,
son, 7’
Estate Marcel Broodthaers
SALLE 4.
Salle Blanche, 1975
Encre de chine sur bois, photographies, ampoule, 2 appliques en plâtre
Collection Maria Gilissen/Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
SALLE 5.
Projection sur caisse, 1968
50 diapositives de reproductions de peintures du XIXème siècle, 21 cartes postales,
caisse de transport Département des Aigles
Musée, Museum, 1972
Deux impressions en noir avec différentes cartes postales collées
MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone
SALLE 6.
Plaques (Poèmes industriels), 1968-1972
16 plaques en plastique embouti et peint
Estate Marcel Broodthaers. Prêt de longue durée S.MA.K., Gand
SALLE 7.
Section des Figures.
Der Adler vom Oligozän bis heute (L’Aigle de l’oligocène à nos jours), 1972 (détails)
SALLE 8.
Section Publicité, 1972
Photomontages, vitrines, cadres, objets divers et projections diapositives.
Collection K21, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
www.monnaiedeparis.fr
SALLE 9.
Monsieur Teste, 1975
Mannequin automate assis sur une chaise en osier, journal, photo de plage et palmiers
Estate Marcel Broodthaers
Sélection d’éditions
Cahiers – Service financier, 1972
Cahier d’écolier écrit à la main, billet de 100 DM, aiglé découpé
Collection Marie Puck Broodthaers
Cahiers (projet pour un traité de toutes les figures en trois parties), 1971
Cahier d’écolier écrit à la main, billet de 100 DM, aigle découpé
Collection Jürgen Harten
5 ardoises magiques ou la signature de l’artiste, 1973
Estate Marcel Broodthaers
En lisant la Loreleil. Wie ich die Loreilei Gelesen habe, 1975
Typographie, 17 illustrations dont 6 couleurs
32 x 24,5 cm
MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone
Avis. Six lettres ouvertes. 1972
Six feuilles illustrées sur papier à en-tête du Musée d’art Moderne, Département des Aigles
MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone
Gedicht - Poem - Poème / Change - Exchange - Wechsel, 1973
Deux feuilles sérigraphiées rouge et noir sur carton
Collection Frac Nord-Pas-de-Calais, Dunkerque
La Conquête de l’espace. Atlas à l’usage des artistes et des militaires, 1975
Livre miniature de 38 pages et son emboitement.
MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone
Paysage d’automne (ABC, hausse du prix de l’art), 1973
Typographie couleur sur carton blanc
Estate Marcel Broodthaers
Les Animaux de la ferme, 1974
Deux feuilles, impression couleur
81,5 x 59,7 cm
MACBA Collection. MACBA Foundation, Barcelone
Papier à lettre de la Section Littéraire, 1968
Estate Marcel Broodthaers
Grandville & M.B., 1966
Projection de 75 diapositives de dessins de Granville et Early Works de Marcel Broodthaers
Estate Marcel Broodthaers
Jacquette du Musée d’Art Moderne à vendre pour cause de faillite, 1971
Impression typographique sur papier blanc
Galerie Michael Werner, Cologne et New York
Couverture de Musée d’Art Moderne à vendre pour cause de faillite, 1971
Encre imprimée en offset sur papier
Collection S.M.A.K. Stedelijk Museum voor actuele kunst, Gand
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
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Musée d’Art Moderne – Département des Aigles, Section XIXème siècle, (détails), 1968-69
© Maria Gilissen
SALLE 9. (suite)
20 Lettres ouvertes, 1968-74
« A mes amis », Bruxelles, avril 1968, Lettre ouverte adressée à l’éditeur de la revue
« Art International » et aux directeurs de la 1ère Biennale de Lignano
« A mes amis », Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 7 juin 1968
« A mes amis », Kassel, 27 juin 1968
« A mes amis », Bruxelles, 14 juillet 1968
« Ouverture », Ostende, 7 septembre 1968, Lettre ouverte au Cabinet des Ministres de la Culture
« A mes amis, Museum », Département des Aigles, Düsseldorf, 19 septembre 1968
« A mes amis », Paris, octobre 1968, Invitation à la Librairie Saint Germain des Prés
« Lettre ouverte », Anvers , 11 octobre 1968
« Chers amis », Département des Aigles, Paris, 29 novembre 1968
« Mon cher Kasper », Département des Aigles, Bruxelles, 9 mai 1969
« Chers amis », Département des Aigles, Anvers, 10 mai 1969
« Mon cher Jacques », Département des Aigles, Bruxelles, 21 juillet 1969
« Cher Monsieur », Musée d’Art Moderne, Section XIXe siècle, Département des Aigles,
Bruxelles, 25 août 1969
« Mon cher Immendorf », Département des Aigles, Anvers, 29 septembre 1969
« Mon cher Lamelas », Musée d’Art Moderne, Section littéraire, Département des Aigles,
Bruxelles, 31 octobre 1969
« Mon cher Lamelas », Musée d’Art Moderne, Section littéraire, Département des Aigles,
Bruxelles, 23 novembre 1969
« Chers amis », Anvers, 2 décembre 1969
« Mon cher Beuys », Düsseldorf, 29 septembre 1972
« Monsieur le Directeur », Berlin, 30 juillet 1974
« Lettre ouverte à Messieurs les sénateurs de la ville de Berlin », Berlin, automne 1974
Estate Marcel Broodthaers
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SALLE 10.
Section Financière, 1971
Lingot d’un kilo d’or
Département des Aigles
Collection Danh Vo
SALLE 11.
Cinéma Modèle (Programme La Fontaine), 1970
Projections de 5 films
- Le Corbeau et le Renard, 1970
Film en couleur, 7 mn, écran de projection en bois, écran de projection en toile photographique,
portfolio en carton contenant deux typographies sur carton et trois toiles photographiques
- La Clef de l’Horloge (un poème cinématographique de Kurt Schwitters), 1957
Film en noir & blanc, son, 7 minutes
- La Pipe (René Magritte), 1969
Film en noir & blanc, 2,5 minutes
- La Pluie (projet pour un texte), 1969
Film en noir & blanc, 2 minutes
- Un film de Charles Baudelaire (Carte politique du monde), 1970
Film en couleur, son, 6,30 minutes
Cinéma Modèle, 1970
Plaques en plastique embouti et peint
Estate Marcel Broodthaers
SALLE 12. (Flammarion Monnaie de Paris)
Un Voyage à Waterloo (Napoléon 1769-1969), 1969
Film en noir & blanc, 13 minutes
Marcel Broodthaers - Projection sur caisse, 1968
© Estate Marcel Broodthaers
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Marcel Broodthaers Biographie
MARCEL BROODTHAERS
28 janvier 1924, Bruxelles
28 janvier 1976, Cologne
On jette une pierre dans
l’eau, cela fait des cercles,
on les fige, on en tire une
théorie, on rejette une
autre pierre plus loin, on
travaille volontairement
dans une obscurité.
Marcel Broodthaers, 1972
Marcel Broodthaers est né dans la commune de
Saint-Gilles, à Bruxelles, le 28 janvier 1924. Son
père, un maître d’hôtel, aurait voulu qu’il travaille
dans une banque. Le jeune Marcel, bien qu’attiré
par la poésie, se renseigna sur ses possibilités
de carrière, opta pour la chimie, et entra à
l’université en 1942. Il abandonna pourtant
rapidement ses études pour devenir lui-même
poète et s’intégrer à la communauté littéraire,
artistique et politique qu’il vécut plus ou moins
clandestinement pendant l’Occupation avant de
connaître un bref triomphe après la Libération.
Ses héros étaient alors Mallarmé et Magritte.
Autoportrait de Marcel Broodthaers, 1974
© Estate Marcel Broodthaers
Il avait une telle passion pour les beaux livres
qu’il monta lui-même un petit commerce de
librairie à la fin des années 40. Il vivait comme
un poète et dans une extrême pauvreté. Vers
la fin des années 50, il entreprit d’élargir son
champ d’actions et publia le premier de quatre
petits volumes de poèmes très condensés
(1957), devint reporter-photographe, guide
d’expositions (1958), et réalisa un film sur
l’artiste Kurt Schwitters (1957). Il organisa la
présentation d’un ensemble de films regroupés
sous le titre Poésie Cinéma, qu’il décrivait
comme une « peinture » et au cours de laquelle
il fit lui-même une performance (1959). Il
rencontra sa future femme Maria Gilissen en
1961. C’est vers cette époque que débuta l’une
de ces courtes périodes pendant lesquelles on a
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pu voir les arts plastiques prendre le pas sur les
autres formes d’art et tenter de structures avec
une grande netteté les perceptions changeantes
de la culture occidentale. Broodthaers écrivit
alors des critiques artistiques qui identifiaient
le Pop Art américain à l’expression du système
économique.
En 1962, Piero Manzoni attesta qu’il était une
œuvre d’art. A la fin de 1963, Broodthaers ancra
dans du plâtre 50 exemplaires de son dernier
recueil de poèmes, Pense-Bête, et les exposa
comme sculpture. Par rapport à son œuvre
poétique, il découvrit que les gens pouvaient
réagir à cette pièce sur un autre mode et
l’intégrer à leur propre système de pensée.
Il vit là une occasion de se faire entendre: il
réaliserait des objets pouvant être exposés et
vendus. Composés à partir d’éléments naturels
et usuels, ce sont aussi des poèmes qu’il faut
lire dans une langue et une orthographe qu’ils
nous enseignent eux-mêmes, mais dont on ne
peut en fin de compte jamais en décoder le
sens. C’est ainsi qu’il parvint à troubler notre
compréhension de l’art et, à travers l’art, du
monde.
Eu 1968, il se retrouva confronté à de nouvelles
formes d’art, le minimal et le conceptuel, qu’il
détourna à son propre usage. Les événements
de 1968 permirent aux artistes de jouer un rôle
plus actif; ce que Broodthaers ne pouvait refuser
même si ce n’était pas dans ses manières
habituelles. Il participa à l’occupation du Palais
des Beaux-Arts de Bruxelles où il avait fait des
performances et des expositions, mais ne tarda
pas à s’en désintéresser pour créer, dans sa
maison de la rue de la Pépinière, la première
manifestation du musée itinérant qui devait
durer quatre ans, le Musée d’Art Moderne –
Département des Aigles : il y mettait en scène
un débat sur la condition de l’art au milieu
d’une installation de caisses d’emballages
vides, de cartes postales de maîtres anciens et
d’un camion de transport d’œuvres d’art. C’est
à la même époque qu’il entreprit une série
de reliefs en plastiques façonnés sous vide. Il
utilisait dans toutes ces pièces des diagrammes
composés de mots, des représentations et
autres signes d’une telle façon que les rapports
de signification en matière d’art éclairaient ceux
du domaine social et vice-versa.
La renommée internationale de Broodthaers
commença à se développer, il s’installa à
Düsseldorf et exposa les dernières sections de
son musée à la documenta 5 de Kassel. Il élargit
à nouveau son champ d’actions, en réalisant
davantage de gravures, livres, films, montages
de diapositives et, surtout, en transformant
ses expositions elles-mêmes en œuvres d’art.
Il partit s’installer à Londres en 1973. Au cours
des dernières années de sa vie, il réalisa Décor
et son dernier film La Bataille de Waterloo.
Broodthaers se sentait de plus en plus souffrant;
néanmoins, mis à part Le Musée d’Art Moderne
– Département des Aigles, c’est dans une série
de cinq expositions qui débuta à Bruxelles en
1974 pour se terminer à Paris en 1975, que ses
réalisations furent les plus significatives. On
pouvait y voir une nouvelle combinaison de
ses propres œuvres, récentes et anciennes,
donnant lieu à de nouvelles créations dans les
salles des musées. Avec la dernière exposition,
L’Angélus de Daumier, il eu le sentiment d’avoir
dit ce qu’il voulait dire à ce stade de son art et
de sa vie ; il était fatigué et se mit au repos. Il
mourut le jour de son 52e anniversaire le 28
janvier 1976 à Cologne.
On a pris conscience que Broodthaers avait
été, pendant une période de huit ans, l’un des
artistes les plus importants de son époque.
Rien qu’au cours des deux dernières années
de sa vie, il avait créé des œuvres qui, tout en
se manifestant de manière éphémère, se sont
révélées exceptionnelles et se sont imposées
dans au fil du temps. Aussi, son influence n’a
cessé de croître et son art de s’affirmer comme
une véritable interpellation du sens même de
l’art dans sa manifestation visible.
*Extrait du texte de Michael Campto
dans « Marcel Broodthaers. Livre d’images »,
Flammarion, Paris, 2013
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Marcel Broodthaers
La Salle Blanche, 1975
bois, photographies, ampoule, inscriptions peintes, corde
390 x 336 x 658 cm
© Estate Marcel Broodthaers
Musée d’art Moderne
Département des Aigles
En 68, peu de temps d’ailleurs après cette
vague de contestation que nous avons connue,
quelques amis et moi, des amis où on retrouvait
des gens de galeries, des collectionneurs et des
artistes, nous nous sommes réunis pour tenter
d’analyser ce qui n’allait pas au point de vue
artistique en Belgique, c’est-à-dire pour analyser
les rapports Art/Société, et nous avons bavardé
puis finalement convenu d’une réunion chez moi
dans mon atelier pour développer cette analyse.
Alors j’ai ajouté à ce décor des cartes postales
reproduisant des œuvres du XIXème siècle, un
peu par provocation, pour marquer ma distance
avec les matériaux en plastique que j’utilisais
déjà.
On en a parlé pas mal autour de nous et
finalement j’attendais 60, 70 personnes. Cet
atelier est assez vide, il n’y a que deux, trois
chaises. Je me suis dit : “Comment les asseoir?”
J’ai eu l’idée de téléphoner à une firme de
transport assez connue ici (Menkès) pour leur
demander des caisses à prêter afin que ces gens
puissent s’asseoir dessus. Je trouvais naturel de
les asseoir sur des caisses qui servent à emballer
des tableaux, des sculptures. Ces caisses sont
arrivées, je les ai disposées ici d’une manière
finalement assez particulière, comme on
disposerait, justement, une œuvre d’art. Et je
me suis dit : “Mais au fond, le musée, c’est ceci.”
Ceci regarde la notion de musée.
Le Musée était né, non pas à travers un concept,
mais justement d’une circonstance. Le concept
est venu après.
Alors j’ai écrit le mot MUSEE sur mes fenêtres,
le mot DEPARTEMENT DES AIGLES sur le mur
du fond dans le jardin, et sur la porte d’entrée de
ce jardin SECTION XIXème SIECLE.
Et comme Marcel Duchamp disait : “Ceci est un
objet d’art”, au fond, j’ai dit : “Ceci est un musée.”
Avec toutefois cette grande différence, c’est
qu’au bout d’un an, j’ai remballé tout ce matériel
à la maison de transport d’où [...] il venait.
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Marcel Broodthaers en entretien
avec Freddy de Vree
Bruxelles & Düsseldorf 1969, 1971, 1974
Marcel Broodthaers
Museum-Museum, 1972
Sérigraphie sur carton (diptyque)
Tirage à 100 exemplaires numérotés et signés
84 x 59,5 cm
© Estate Marcel Broodthaers
La Section des Figures
Marcel Broodthaers - Catalogue d’exposition Section des Figures
Städtische Kunsthalle, Düsseldorf, 1971 et 1972 © Estate Marcel Broodthaers
La Section des Figures était à son origine
constituée de près de cinq-cents tableaux,
sculptures, objets, livres, photos, pièces de
monnaies, etc. (dont deux cent soixante-dix
référencés dans le catalogue de l’exposition)
marqués du symbole de l’Aigle avec une
plaquette incluant l’inscription « Ceci n’est
pas un objet d’art » (en français, allemand, ou
anglais) et de l’abréviation « Fig. » suivie d’un
numéro arbitrairement affecté par Marcel
Broodthaers à chaque objet.
Pour reconstituer cette œuvre emblématique,
les recherches se sont d’abord basées sur le
catalogue historique de l’exposition dont il a
fallu identifier et retrouver les préteurs. Ce
travail d’investigation a été possible grâce à
Maria Gilissen Broodthaers dont les archives
ont permis l’identification des plusieurs
objets ainsi que de Jürgen Harten, qui en 1972
était Conservateur adjoint de la Kunsthalle
Düsseldorf. Une grande partie de la recherche
des objets a également été rendue possible
grâce à l’existence de la Section Publicité, qui
désormais, inventoriée dans les collections du
K21 / Kunstsammlung Nordrhhein Westfalen à
Düsseldorf, constitue une source documentaire
très riche. En effet, opérant une comparaison
entre l’aigle dans l’histoire de l’art et l’aigle
dans la publicité, Marcel Broodthaers reproduit
dans la Section Publicité sous forme de
photographies tous les objets qu’il avait
exposés en 1972 à Düsseldorf dans sa Section
des Figures.
Si certains objets ont aujourd’hui disparu
car ils avaient été empruntés auprès de
collectionneurs privés ou d’antiquaires qui les
ont par la suite vendus, les détails de la Section
des Figures constitue une exposition pars pro
toto de l’ensemble constitué en 1972.
Pour cette réalisation, la Monnaie de Paris a
supporté la restauration de quelques œuvres
dans des institutions prêteurs. Ce qui a permis
notamment la remise à niveau de pièces
prestigieuses des collections françaises avec
entre autres la restauration d’une œuvre de
Ingres de 1811, d’un pupitre en bois du XVIIIème
siècle de la sacristie de l’église franciscaine de
Nancy ou la dorure d’un Aigle Empire du Musée
des Arts décoratifs de Paris.
Depuis leur première présentation, certains
objets n’ont plus jamais été présentés au public
et d’autres devenus très sensibles ne purent
plus quitter leur lieu d’exposition comme c’est
le cas pour La Liberté, 1891 de Arnold Böcklin,
œuvre de la collection de la Nationalgalerie
à Berlin, identifiée Figure n°22 par Marcel
Broodthaers ou la Fontaine de Jouvence, 1957
de René Magritte, Figure n°181, présentée de
façon définitive au Ludwig Museum à Cologne.
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Monsieur Teste © Marc Dommage
Les Détails de la Section des Figures est présentée grâce à la complicité
et aux prêts extraordinaires de la Collection du Département des Aigles,
Bruxelles et de la Collection Maria Gilissen, Bruxelles, ainsi que du :
/// Musée du Louvre, Département des Antiquités Orientales, Paris
/// Musée des Arts Décoratifs, Paris
/// Musée de l’Armée, Paris
/// BNF, Paris
/// Musée Ingres, Montauban
/// Mucem, Marseille
/// Palais des Ducs de Lorraine, Nancy
/// BMN, Bibliothèque Stanislas, Nancy
/// Musée des Beaux Arts, Rennes
/// Staatliche Museen, Berlin
/// Kunstbibliothek, Skulpturensammlung und Museum
für Byzantinische Kunst, Berlin
/// National Gallery, Berlin
/// Collection Jürgen Harten, Berlin
/// Akademisches Kunstmuseum – Antikensammlung der Universität, Bonn
/// Musée Royal de l’Armée et de l’Histoire Militaire, Bruxelles
/// Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Collections Céramique,
Porte de Hal & Collection Ethnologie européenne, Bruxelles
/// Hetjens-Museum -German Ceramics Museum, Düsseldorf
/// Stiftung Museum Kunstpalast, Düsseldorf
/// Aquazoo Löbbecke Museum, Düsseldorf
/// Museum für Kommunikation, Frankfort
/// Kommunikation Berlin, Abteilung Sammlungen, Berlin
/// Mittelrhein Museum, Coblenz
/// Kölnisches Stadtmuseum, Cologne
/// Römisch-Germanisches Museum, Cologne
/// Schnütgen Museum, Cologne
/// Kaiser Wilhelm Museum, Plakatsammlung, Krefeld
/// Victoria & Albert Museum, Londres
/// Museo del Prado, Madrid
/// Münchener Stadtmuseum, Graphic Art, Poster, Painting Collection, Munich
/// Heeresgeschichtliches Museum/Militärhistorisches Institut, Vienne
/// Kunsthistorisches Museum, Waffensammlung, Vienne
/// Österreichische Nationalbibliothek für angewandte Kunst, Vienne
/// Zentralbibliothek, Zürich
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Entretien de
Maria Gilissen Broodthaers et Chiara Parisi
A paraître dans le numéro Hors-série de Beaux-Arts Magazine Marcel Broodthaers.
Musée d’Art Moderne – Département des Aigles
Dans sa correspondance, Marcel Broodthaers
évoque souvent Paris. Dans une lettre du 13
mai 1973 à Karl Ruhrberg, il déclare : « Paris est
devenue une ville dans laquelle vivre est devenu
progressivement intolérable » mais aussi M.B.
écrit sur « l’étonnement que donne Paris à un
étranger ». Comment vous souvenez-vous du
temps où vous avez vécu à Paris ?
Marcel et moi avions habité Porte des Lilas
durant le mois d’août 1961 en occupant
l’appartement du peintre espagnol Fernando
Lerin, du mouvement des Nuagistes. Nous
sommes revenus à la fin de l’année 1961, et
cette fois, nous logions à l’Hôtel du Nord, rue
Mazarine, précisément dans le magnifique
quartier de la Monnaie de Paris. Nous pouvions
apercevoir de la fenêtre de l’hôtel, la coupole
de l’Institut de France se détacher de la ville
lumière. A cette période, Marcel tentait de faire
publier ses poèmes du Bestiaire aux éditions
du Seuil par l’intermédiaire de Jean Cayrol.
Ce dernier n’a cependant pas été en mesure
d’atteindre cet objectif malgré la persévérance
et les attentes de Marcel. Il était de manière
générale peu aisé de publier la poésie en ce
temps là, comme aujourd’hui.
Effectivement, à Paris, mon mari s’étonnait déjà
des signes avant coureurs annonçant l’ère du
consumérisme et l’avènement sur le marché
français de nouveaux produits étrangers :
les softs drinks, les saucissons provenant de
la Hollande, etc. Marcel était certainement
amateur de produits du terroir, admirateur du
goût, de la tradition française reflétant cette
grandeur culturelle de la France. Sans doute
cela lui provenait-il du temps où il travaillait chez
des vignerons dans le sud de la France durant la
seconde guerre mondiale.
A partir de 1968, la notion de « Décor » revient
très souvent dans ses propos au sujet de
la Section XIXème siècle : « This Museum
consisted mainly of a decor recalling the
technical areas in a museum and the objects
related to the artwork ».
La notion de « Décor » de Broodthaers demeure
un vaste sujet, un catalyseur dans son travail,
et peu aisé à appréhender en quelques mots.
Certes, les objets de la vie quotidienne ont aussi
composé nombre de ses « Décors ».
Vous présentez à la Monnaie Le Jardin
d’Hiver II de 1974 avec des palmiers, des
agrandissements photographiques de gravures
représentant des animaux, des chaises de
jardin. Et de même, le film Un Jardin d’Hiver
réalisé dans le Jardin d’Hiver initial en 1972
est projeté dans ce magnifique Décor, rempli
de sens Broodthaersien.
Au sujet du film Monsieur Teste, 1972-1973,
il écrira: « Ce n’est pas la mer. C’est un décor
exotique »
Dans son travail filmique, aussi la notion de
Décor, de lieu, d’environnement où se passe
l’action, reste centrale, prégnante.
En tout état de cause, soulignons que La
Pyramide est son dernier « Décor ». Sa forme, sa
masse, sa symbolique, ses secrets a interpellé
nombre d’êtres en quête de connaissance.
Dans cette exposition, nous sommes entourés
de palmiers qu’ils soient réels, dessinés,
photographiés. J’aimerais que vous nous
parliez de cette importance du palmier dans les
dispositifs et l’œuvre de Marcel Broodthaers ?
Le Jardin d’Hiver. Son oasis dans le désert.
Le propre de l’art broodthaersien reste de
savoir l’interpréter. Marcel Broodthaers est
de ces esprits qu’on ne pourrait entièrement
percer. Des mystères demeurent. Il a écrit par
ailleurs à propos de la malle - placée à l’entrée
de l’exposition L’Angélus de Daumier - que
vous exposez aussi à la Monnaie: « Cette malle
contient des messages confiés à moi d’une
autre hémisphère ».
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/// A propos des citations de M.B. j’ai été
très amusée de lire dans une interview avec
Michael Oppitz et Benjamin Buchloh de 1973,
Broodthaers répondre à la question : « Do
you collect gold like you collect paintings? »,
« I collect gold coins with eagles. I have some
Mexican coins, American dollars – 20 dollars,
10 dollars and 5 dollars – and also some British
coins and some marks in gold… ».
Marcel avait beaucoup d’humour, il pouvait
même être moqueur voire ironique. En filigrane,
son objectif était bien évidemment d’attirer
l’attention sur l’Or – voir les lingots - et la
Peinture – voir le Tableau. Ces thématiques,
ces recherches suscitaient peu d’engouement à
l’époque du puritanisme artistique (conceptuel
- minimal art).
Je me souviens d’une soirée chez Fritz
Heubach à Cologne à laquelle Benjamin
Buchloh nous avait invités alors que nous
arrivions de Düsseldorf. Les joutes oratoires
durant cette soirée furent si animées, les
fulgurances des uns se confrontant à ceux
des autres, qu’aucun de nous ne s’aperçut que
les aiguilles de l’horloge s’étaient précipitées.
Et c’est ainsi que nous manquions l’heure de
notre correspondance afin de rentrer par le
dernier train à Bruxelles. Avec beaucoup de
réticence, même à contrecœur, Fritz Heubach
s’est senti contraint à nous inviter à passer la
nuit chez lui. Au petit matin, alors que notre hôte
était déjà sorti, je revois Marcel, habillé de son
long manteau foncé, sortir délicatement de sa
poche une petite pièce d’or. Elle était destinée
à être exposée dans la Section des Figures du
Musée. Il a posé la pièce sur une feuille blanche
de papier sur le bureau de Fritz et a tracé le
contour de la pièce en écrivant en dessous : « A
ne pas bouger de place, Marcel Broodthaers ».
/// De 1962 à 1963 où Broodthaers pratique selon
ses dires « un journalisme très élémentaire »
pour des magazines locaux ; dans une interview
par Ludo Bekkers, il mentionne « J’étais libre de
choisir mes sujets et le plus souvent je prenais
des sujets artistiques ». Vous souvenez-vous
de cette période ?
Très bien, oui. En 1961, après l’avoir rencontré à
Bruxelles, j’étais partie pour Londres. Marcel y
avait alors entrepris une série de voyages dans
le but de me faire la cour. Et c’est ainsi, pour être
en mesure de payer les frais de son trajet, qu’il a
écrit une série d’articles intitulée « Un poète en
voyage à Londres » pour le ‘Journal des Beaux
Arts de Bruxelles’. Il illustra ses textes, « ses
impressions poétiques » de ses propres photos.
De même, à Paris, pour une agence de presse, il
écrit également une série dans les colonnes du
‘Magazine du Temps Présent’ dont cet article
sur la Tour Saint-Jacques que vous publiez dans
ce présent magazine.
Les photographies et les articles qu’il publie
sont à la fois poétiques et critiques, à l’image du
travail plastique qu’il produira quelques années
plus tard.
/// Diriez-vous que c’est à ce moment-là,
lorsque Marcel Broodthaers écrivait des articles
accompagnés de ses propres photographies,
qu’il a établi cette relation du mot à l’image –
au-delà de la réflexion qu’il a nourrie au contact
de l’œuvre de Magritte ?
Magritte oui, mais n’oublions pas les Scènes
de la vie privée et publique des animaux de
Grandville et Le Voyage en Zigzag de Töpfer :
les deux seuls livres qui étaient en sa possession
lorsque je l’ai rencontré en 1961. Broodthaers
a détourné le mot, l’image pour mieux les
réarticuler selon un espace, une grammaire, un
langage qui lui est propre. Cet intérêt pour le
mot et l’image existe depuis toujours en lui.
/// On retrouve dans les Plaques (poèmes
industriels) de 1968-1972, ce travail sur le
positif/négatif qu’il a peut-être acquis durant
toutes ces années sur la photographie ?
Depuis 1957, Marcel commence effectivement
à s’adonner à l’art photographique. Il
avait un sens à part du cadrage de l’objet
photographié. La thématique du positif/négatif
se dégage dans son premier film, Un Poème
Cinématographique en l’Honneur de Kurt
Schwitters. Celui-ci est entièrement réalisé en
positif/négatif, également en 1957. Une année
charnière où il conçoit aussi un petit livre sur
les statues de Bruxelles, basé sur ce même
procédé, le même thème du positif/négatif.
Mais à partir de 1972, Marcel travaillera sur le
UN et l’unité, à mon sens, il réunissait alors le
positif et le négatif.
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(suite)
Entretien
Maria Gilissen Broodthaers et Chiara Parisi
/// Est-ce que vous pouvez nous parler du
reportage sur le Club Antonin Artaud de
1961 ?
Marcel a fait parti des personnes qui ont initié
le mouvement de création de ce club. Il les
fréquentait au départ sans cependant partager
l’entièreté de leur vision, de leurs objectifs. Il se
tenait à l’écart et ils le tenaient à l’écart. Dans
cet esprit, il a écrit un article à ce sujet.
/// Les poèmes La Bête Noire et Le PenseBête semblent s’inscrire dans la tradition
du bestiaire développée par La Fontaine.
Ils pourraient apparaître comme une sorte
de préfiguration à l’œuvre plastique de
Broodthaers avec ses réflexions sur l’aigle
mais aussi l’introduction plus large de la
thématique des animaux dans son travail
(singe, tortue, perroquet, chameau, etc.).
Diriez-vous qu’il y a cette idée de bestiaire
dans l’œuvre de Broodthaers ?
Effectivement, le seul bestiaire qui lui était cher
et qui l’a profondément inspiré était celui de La
Fontaine. Broodthaers a écrit un bestiaire qui
malheureusement n’a pas encore été publié
dans son entièreté. Les poèmes La Bête Noire
comme Le Pense-Bête sont deux petits livres
extraits de ce bestiaire non publié.
Marcel a ensuite transformé Le Pense-Bête: il
a couvert certains textes avec des papiers de
couleurs en faisant déjà un tout de la poésie
et des arts plastiques. Peu après, il a planté
d’un geste dans le plâtre un paquet de 50
exemplaires du même Pense-Bête.
Ces livres reflètent, préfigurent certainement
l’œuvre plastique de Broodthaers, avec plus tard
ses réflexions sur l’oiseau majestueux, l’Aigle,
dont Broodthaers a fait lui-même référence
comme le symbole particulier de l’évangéliste
Jean.
Dans l’exposition à la Monnaie de Paris, vous
présentez par exemple, Cinéma Modèle,
Programme La Fontaine, qui comprend cinq
films dont l’ensemble livre-film Le Corbeau
et Le Renard (1967-1968). Au-delà de la figure
symbolique même des animaux, Broodthaers
étire la réflexion sur leur valeur iconographique.
/// J’aimerais, si vous êtes d’accord, qu’on
parle de la Section des Figures qui a constitué
une part fondamentale de notre travail
ensemble au cours de ces trois dernières
années et qui est au cœur de l’exposition
consacrée à Marcel Broodthaers à la Monnaie
de Paris ?
Oui, c’est grâce à votre enthousiasme, à votre
persévérance ainsi que de celle de votre équipe
que des détails de la Section des Figures
seront exposés à la Monnaie de Paris. Et, j’ai été
véritablement touchée par votre organisation
et la qualité de votre travail de recherche. C’est
en raison de ce contexte favorable que nous
montrons pour la première fois aujourd’hui,
après 43 ans, des détails de cette Section
des Figures du Musée d’art Moderne Département des Aigles. La Section des
Figures comprenait plus ou moins de 500 objets
à l’effigie de l’Aigle provenant de différentes
contrées et époques. Environ 266 de ces
objets avaient été repris dans le catalogue.
Je revois encore à l’époque Broodthaers
s’alarmer, s’insurger en s’apercevant que des
descriptifs tendancieux, erronés -non rédigés
par lui- s’étaient glissés dans les entrées des
numérotations du catalogue d’exposition pour
quelques objets.
/// Au sujet de l’exposition L’Angélus de
Daumier à Paris, Broodthaers écrivait : « Si
son intention l’emporte, cette exposition
ne sera pas une rétrospective mais une
succession de ‘décors» qui mènera à la
Salle Noire où un programme de films sera
projeté ». Que vous inspirent ces mots au
regard de l’exposition que nous avons pensé
ensemble à la Monnaie de Paris ?
En 1975, cette exposition a été initiée par Pontus
Hulten, assisté de Jacques Caumont, puis repris
par Alfred Pacquement et Véronique Legrand
pour le Centre Georges Pompidou. Vu que les
bâtiments n’étaient pas prêts afin d’accueillir
Broodthaers, l’exposition a finalement eu lieu au
Centre National d’Art Contemporain (C.N.A.C).
L’Angélus de Daumier était en effet déclinée
en différentes salles : la Salle Rouge sur la
thématique de la peinture, la Salle Verte
avec le Jardin d’hiver, la Salle Rose, salon
de la baronne Rothschild (Broodthaers a fait
ouvrir les portes ses salons privatifs puisque
le C.N.A.C était situé dans les bâtiments de
leur hôtel particulier), la Salle Blanche en
relation avec la Section XIXe siècle, la Salle
Outremer notamment sur le sujet des voyages,
des espaces lointains. Broodthaers était féru
de grands voyages, d’où l’idée prégnante d’un
autre monde : cartes, atlas, boussole, Manuscrit
trouvé dans une bouteille (en référence à
Edgar Allan Poe) présents dans son travail.
Votre exposition, de par ses aspects
pluridisciplinaires, oui, est sans doute un aperçu
de sa notion de Décor, qui n’était pas une fin
en soi.
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
www.monnaiedeparis.fr
/// Le Musée d’Art Moderne - Département
des Aigles est né dans votre maison au 30,
rue de la Pépinière à Bruxelles. Est-ce que vous
pouvez nous parler de ce moment où tout a pris
forme dans son esprit ?
Le Musée d’Art Moderne - Département
des Aigles est né après l’effervescence des
événements politiques de mai 1968, qui ont
eu un impact considérable sur le plan culturel.
Mais il s’en était distancié pour reprendre une
certaine forme d’individualité. L’inauguration de
son Musée a eu lieu le 27 septembre 1968 à notre
domicile avec l’ouverture de la Section XIXe
siècle en présence de directeurs de musée, de
critiques d’art, d’artistes, des collectionneurs,
de diverses personnalités du monde de l’art. Je
me souviens qu’afin d’inaugurer cette soirée,
Broodthaers et Cladders, le directeur du Musée
de Mönchengladbach ont prononcé chacun
un discours solennel. Marcel en a par ailleurs
réalisé un petit film La discussion inaugurale.
Le Musée d’Art Moderne - Département
des Aigles, avec ses douze sections, a par la
suite véritablement fonctionné comme une
institution muséale, avec un ancrage matériel.
Ce Musée me tient véritablement à coeur dans
la mesure où Marcel me l’a dédicacé et légué.
/// Cette publication est aussi l’occasion pour
nous de revoir (au travers de lettres et d’images
retrouvées…) les liens et les échanges que
Marcel Broodthaers a eu tout au long de sa vie
avec les artistes, qu’il s’agisse de Magritte mais
aussi d’autres.
Magritte lui avait offert en 1945 son exemplaire
d’Un coup de dés jamais n’abolira le hasard
de Stéphane Mallarmé qui, comme vous le
savez, a détenu une place prépondérante dans
son travail. Broodthaers s’était par ailleurs
beaucoup amusé avec Manzoni, qui l’a déclaré
« œuvre d’art authentique et véritable » en
1962. De Palermo, Marcel me disait «Regarde
il est comme Schiller». Marcel appréciait aussi
le travail de Richard Long. Et Toroni, James Lee
Byars, et Richard Hamilton étaient considérés
comme des proches de notre famille.
/// On retrouve aussi beaucoup cette affirmation
chez Marcel Broodthaers d’être, de devenir
un artiste, dans le carton d’invitation en 1964
pour sa première exposition à la Galerie SaintLaurent à Bruxelles, puis en 1972 avec cette
déclaration :
« Je suis né en 1924.
Je deviens artiste en 1963.
Je fonde un musée (Musée d’Art Moderne Département des Aigles) en 1968.
J’enterre ce musée en 1972
à Documenta à Kassel.
Je redeviens artiste la même année. »
Oui, Marcel a fermé le Musée d’Art Moderne
en 1972 et ne se considérait dès lors plus
comme un directeur de musée. Bien que sa
carrière artistique fût très courte, l’héritage
qu’il lègue à l’histoire de l’Art reste aujourd’hui
incommensurable. Je me souviens qu’il avait
le projet d’un petit livre auquel il avait donné
pour titre le proverbe du poète et avocat Nicolas
Boileau : « Vingt fois sur le métier remettez votre
ouvrage ». Ces mots me ramènent au travail
inlassable qu’avait entrepris Broodthaers, doté
de sa volonté inaltérable, tant dans l’écriture
que dans les arts plastiques. De ce proverbe,
il avait fait un précepte, une philosophie, un
moteur. Le petit livre précité faisait aussi
référence à l’ingestion de la ciguë par Socrate
et à cette obligation de la « boire jusqu’à la
dernière goutte »... Le travail tiré ?
/// En travaillant à cette exposition, vous nous
avez fait partager vos souvenirs, votre mémoire,
vos archives. Et un aspect qui m’intéresse
beaucoup, c’est votre présence dans l’œuvre
de Broodthaers, derrière l’objectif. Je pense
notamment à toutes ces photos de Broodthaers,
celles prises, par exemple en 1969 pendant le
tournage d’Un Voyage à Waterloo.
Si Magritte a été le premier à m’avoir mis
une petite caméra entre les mains, c’est
Broodthaers qui a fait de moi une photographe.
J’ai commencé à faire à des reportages
photographiques, dont celui d’Un voyage à
Waterloo, et après le départ de Broodthaers,
j’ai continué mais avec des portraits.
Effectivement, j’ai accompagné, aidé, assisté
mon mari de son vivant afin qu’il puisse réaliser
son travail. J’ai toujours eu foi en lui, c’était un
être exceptionnel. Mais j’étais aussi sa première
critique (Rires). Et, depuis 1976, il n’y a pas un
seul jour où je ne me suis pas investie en faveur
du rayonnement de son travail.
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
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Action culturelle à la Monnaie de Paris
Programme public et artistique
HAPPENINGS
Un happening inspiré de L’île du Musée et
Bateau sur le Rhin de Marcel Broodthaers a lieu
le jour de l’inauguration, le 16 avril à 19h. Une
péniche remonte la Seine, de la même manière
qu’en 1971 Marcel Broodthaers avait pensé lui
faire remonter le Rhin avec du matériel et des
œuvres d’art. C’est ainsi qu’œuvres et objets
arrivent à bord d’une péniche qui accoste face
au Pont Neuf, pour être déchargés et trouver
une place dans l’exposition. Dans le cadre de l’exposition à la Monnaie de
Paris, l’happening la Tekenacademie van Marcel
Broodthaers, L’Académie de dessin de Marcel
Broodthaers, est présenté en collaboration avec
l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris, fin
juin 2015. Le public est invité à venir participer
à cet happening en venant dessiner d’après
un modèle à l’Ecole Nationale Supérieure des
Beaux Arts de Paris où Ingres auquel Marcel
Broodthaers fait souvent référence dans ses
œuvres était professeur. L’Ecole Nationale
Supérieure des Beaux Arts prévoit des chaises,
quelques tables et quelques chevalets. Vous
devez apporter votre propre matériel de dessin.
Inscription: [email protected]
/// Programme public
Un programme de concerts dans les salles
d’exposition est proposé au public.
/// Pédagogie
La Monnaie de Paris privilégie le principe de
visite active qui place le visiteur au centre de
la discussion en sortant du schéma vertical
d’un conférencier qui parle et d’un groupe
qui écoute.
L’Équipe pédagogique :
Monnaie d’Échange
Un programme d’internship rassemble des
étudiants issus de formations variées. Chacun
est en charge d’un projet individuel qu’il doit
mener dans son intégralité, de sa conception
avant l’ouverture de l’exposition jusqu’à sa
finalisation. Ce projet est conçu comme un
laboratoire aidant à réfléchir aux nouvelles
formes de médiation, aux nouveaux formats
de visites et d’ateliers, grâce à une approche
fondée sur la découverte personnelle du visiteur
lors de discussions et de dialogues avec la
personne qui l’accompagne.
En partenariat avec l’Ecole du Louvre, l’Ecole
Nationale Supérieure des Beaux Arts et le
Master « Médiation Culturelle, Patrimoine et
Numérique » des universités de Paris 8 et Paris
10.
MEDIATION CULTURELLE
L’équipe de Monnaie d’échange est
présente lors de la visite libre des visiteurs
individuels. Médiateurs culturels, ils assurent
des interventions ponctuelles auprès des
visiteurs pour leur proposer un complément
d’information ou pour échanger avec eux.
Le visiteur reste libre d’en profiter ou non.
Un médiateur est présent dans les espaces
d’exposition durant l’ensemble des horaires
d’ouverture.
VISITES TOUT PUBLIC
Après la découverte en autonomie de
l’exposition, les visiteurs, par groupes de dix
personnes maximum, échangent avec un
médiateur de l’équipe Monnaie d’échange.
Chaque visite prend une forme et un contenu
différents puisqu’elle dépend des visiteurs qui
la suivent. Toutes ces visites sont déclinées en
anglais et en langue des signes.
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
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/// Focus Monnaie
/// Clan Monnaie
Qui n’a jamais souffert d’être pressé par le
temps pendant la visite d’une exposition ? Les
médiateurs culturels sont là pour vous proposer
une introduction ciblée et vous permettre
d’approcher les œuvres d’art d’une manière,
originale, axée sur un thème de l’exposition.
Les samedis après-midi sont l’occasion pour
les enfants de 3 à 5 ans et de 6 à 12 ans et
leurs parents de venir dialoguer autour des
œuvres exposées. Les médiateurs de Monnaie
d’échange ne manquent pas d’idées pour
enrichir les découvertes réservées aux petits et
aux grands, entre récits, mises en situation et
expériences à plusieurs mains pour un résultat
original.
Visite de 20 minutes tous les mardis à 16h / les
jeudis à 19h / les samedis à 17h.
/// expo Monnaie
C’est le visiteur qui, par ses observations,
oriente la visite proposée par les médiateurs.
En rapport avec l’histoire de la Monnaie de
Paris, son architecture et sa mission, l’approche
des expositions d’art contemporain devient
singulière et sur-mesure.
Visite d’1 heure tous les mardis à 17h / les jeudis
à 20h / les samedis à 16h.
/// Rencontre avec Monnaie d’Echange
Cette visite est l’occasion pour les étudiants
d’aborder l’exposition en proposant un éclairage
sur un des corps de métiers qui a participé à
l’exposition. Ces rencontres, proches d’une
discussion informelle, permettent aux visiteurs
de poser des questions aux médiateurs, jeunes
professionnels de la culture, concernant leurs
parcours de formation.
Visite atelier de 45 minutes à 1 heure pour les
enfants accompagnés d’adultes.
/// Mini-Monnaie
Le mardi 19 mai à 10h, les espaces d’exposition
sont réservés aux parents accompagnés de
leur enfant de 0 à 18 mois pour leur permettre
de venir découvrir le Musée d’Art Moderne
– Département des Aigles de Marcel
Broodthaers en toute liberté. La visite est
ponctuée de temps de manipulation des résines
des pièces de la collection de la Monnaie de Paris
présentées dans l’exposition pour développer le
toucher alors que d’autres œuvres stimulent la
vue des enfants mais aussi leur ouïe. La visite
devient un moment d’échange entre les parents
et leurs enfants qui s’éveillent par les sens à l’art
contemporain et aux objets monétaires.
POUR LES ADULTES
// Le Grand Monnayage - Atelier en série
Rencontre d’1 heure.
WORKSHOPS POUR LE JEUNE PUBLIC
ET LES FAMILLES
C’est l’occasion pour l’équipe Monnaie
d’échange, les médiateurs de la Monnaie de
Paris, de proposer des Ateliers originaux autour
de l’exposition. A chaque nouveau rendez-vous,
un atelier différent est proposé en échos aux
œuvres de Marcel Broodthaers. Les Ateliers Pile
ou Face et Clan Monnaie sont aussi proposés en
anglais et en langue des signes français.
/// Atelier Pile ou Face
Les mercredis après midi, grâce aux outils de
création en échos à la production de Marcel
Broodthaers, entre appareil photo, carnet
de croquis, microphone ou encore ardoises
magiques, les enfants de 6 à 9 ans et de 10 à
12 ans peuvent éveiller et développer le regard
qu’ils portent sur les œuvres, guidés par les
médiateurs de Monnaie d’échange.
En écho à la production industrielle en série des
monnaies et celle artisanale des médailles de
la Monnaie de Paris, un workshop de création
vidéo est proposé par une jeune artiste. C’est
bien le processus de création qui est étudié au
travers de la construction d’une œuvre filmée.
Les participants à l’atelier deviennent les
coréalisateurs d’un épisode de cet Atelier en
série qui se développe sur six séances.
Différentes étapes sont franchies en plaçant
le public au cœur du processus créatif : de la
création de l’œuvre vidéo à la conception du
storyboard, en passant par la production, au
tournage jusqu’au montage.
6 séances de 2h. Détail des dates sur le site
Internet. Sur inscription.
Visite atelier d’1 heure, réservé aux enfants.
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
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Les éditions de l’exposition
Médaille d’artiste
« Marcel Broodthaers »
200 exemplaires numérotés, avec certificat
100 mm de diamètre, bronze monétaire
Cette médaille biface, fabriquée dans les Ateliers de la Monnaie de Paris, s’inspire de deux
toiles photographiques de 1967 de l’artiste : Marcel Broodthaers écrivant Le Corbeau et
le Renard (installation présentée dans l’exposition en Cinéma Modèle) et Maria Gilissen,
son épouse, prenant une photographie. Toujours à ses côtés, Maria Gilissen n’a cessé de
le photographier, elle est l’auteur des portraits les plus connus de l’artiste.
Cette médaille représente la fascinante histoire de cette personnalité qui a marqué le milieu
de l’art des années 1960 et des générations d’artistes de Daniel Buren à Mike Kelley.
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
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Les éditions de l’exposition
mini-Médaille d’artiste
« Marcel Broodthaers »
4800 exemplaires
34 mm de diamètre en nordic gold
Cette mini-médaille est inspirée d’une œuvre de Marcel Broodthaers Le Langage des
Fleurs, 1965 dont la spécificité est d’être, pour la première fois pour ce type de production,
travaillée à la fois sur l’avers et le revers. Elle représente les préoccupations de l’artiste liées
à l’écriture et à la peinture, les lettres sur la palette devenant la matière des mots.
Monnaie de Paris
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Les éditions de l’exposition
MUSÉE - MUSEUM
MARCEL BROODTHAERS
Catalogue des Monnaies
(collection privée)
Service financier du Musée d’Art Moderne
Département des Aigles
6
7
15
28
Marcel Broodthaers,
Le Catalogue des Monnaies
Edition de 500 exemplaires numérotés
32 pages / couverture : Suedel bleu royal
Le Catalogue des Monnaies, publié à l’occasion de l’exposition de Marcel Broodthaers à
la Monnaie de Paris, reproduit huit dessins originaux de l’artiste datant de 1970, sous la
forme de frottages de pièces de monnaies.
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Les éditions de l’exposition
Beaux Arts Magazine
Hors Série Marcel Broodthaers
Incluant exceptionnellement le livre d’artiste de Marcel Broodthaers
Musée d’Art Moderne Section Financière Département des Aigles
4000 exemplaires
64 pages
Ce Hors-série de Beaux Arts magazine consacré à l’exposition de Marcel Broodthaers à la
Monnaie de Paris comprend les participations de Bernard Blistène, Nicolas Bourriaud et
Alfred Pacquement ainsi qu’une conversation entre Maria Gilissen Broodthaers et Chiara
Parisi, commissaires de l’exposition.
Cette publication inclut le Contrat de vente d’un kilo d’or fin en lingot, estampillé d’un
poinçon représentant un aigle, que l’artiste remettait aux acheteurs de cette œuvre.
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Les éditions de l’exposition
Sac en coton
« Marcel Broodthaers »
250 exemplaires
Coton biologique
Ce sac en coton s’inspire de l’œuvre Jardin d’Hiver II, présentée à l’entrée de l’exposition.
Ce sont les palmiers qui accueillent les visiteurs et qui rythment leur découverte de
l’exposition. D’un côté, l’œuvre abc, 1974 ; de l’autre, un texte de l’artiste intitulé ‘Jardin
d’Hiver’ questionnant l’abécédaire comme une matière à part entière :
Ce serait un A.B.C.D.E.F…. du divertissement, un art du divertissement.
…G.H.I.J.K.L.M.N.O.P.Q.R.S.T.U.V.W.X.Y.Z….
Pour oublier. Pour dormir, serein, bien pensant. De nouveaux horizons se dessinent. Je vois
venir à moi de nouveaux horizons et l’espoir d’un autre alphabet (voir catalogue).
Ecrit à Bruxelles, le 7-I-74 à l’occasion d’une exposition collective au Palais des Beaux-Arts
à laquelle je participe avec ce jardin. Monnaie de Paris
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Les éditions de l’exposition
Carnet
« Marcel Broodthaers »
500 exemplaires
Inspiré du diptyque Baudelaire peint - René Magritte écrit, 1972, personnalités tutélaires
et références absolues de Marcel Broodthaers, un carnet est conçu spécialement pour
l’exposition en référence à ceux que Marcel Broodthaers tenait (dont deux exemplaires
sont présentés dans la Salle des Editions à la Monnaie de Paris).
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Informations pratiques
Monnaie de Paris
Monnaie de Paris
Librairie Flammarion Monnaie de Paris
11, Quai de Conti
75006 Paris
11, Quai de Conti - 75006 Paris
Exposition Musée d’Art Moderne
Département des Aigles de Marcel
Broodthaers
Ouvert au public du 18 avril au 5 juillet 2015
Ouvert tous les jours, 11h – 19h
Jeudi jusqu’à 22h
/// Tarifs
Plein tarif : 12 €
Tarif réduit : 8 €
Jeunes de moins de 18 ans, Etudiants,
Enseignants, Professionnels du tourisme,
Salariés de la Monnaie de Paris et
accompagnants, Partenaires : Porteurs de la
Carte UGC
Gratuité :
Jeunes de moins de 13 ans, Artistes affiliés à
la Maison des Artistes, Demandeurs d’emploi
et bénéficiaires des minima sociaux, Familles
nombreuses, Personne en situation de
handicap avec 1 accompagnant, Journalistes,
Membres de l’ICOM,
Partenaires : Ecole Nationale Supérieure
des Beaux Arts (étudiants et staff), Ecole
du Louvre (étudiants et staff), Etudiants du
Master « Médiation culturelle, Patrimoine
et Numérique » de Paris 8 et Paris 10,
Professionnels des institutions membres
du réseau TRAM, Etudiants bénévoles du
dispositif « Souffleurs d’images »
Tous les jours, de 11h à 19h
Jeudi jusqu’à 22h
Boutique Monnaie de Paris
2, rue Guénégaud - 75006 Paris
Du lundi au samedi de 11h à 19h
Action culturelle / Programme public
La Monnaie de Paris propose tous les jours un
large choix de visites et d’ateliers pour tous
les publics.
Accueil visiteurs et réservations du lundi au
vendredi de 10h à 18h : 01 40 46 56 66
Pour toute demande :
[email protected]
Programme public : [email protected]
RETROUVEZ-NOUS SUR
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twitter.com/monnaiedeparis
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/// Nocturnes étudiantes
Entrée gratuite pour tous les étudiants les
jeudis 23 avril, 21 mai, 11 juin et 2 juillet à partir
de 19h.
La Monnaie de Paris remercie ses partenaires : Europe 1, Les Inrockuptibles, A Nous Paris, L’Officiel Art,
Le Journal des Arts, Time Out Paris, BlouinArtinfo.com, Beaux Arts Magazine, UGC
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vi s u e l s
AUTRES
Marcel Broodthaers
Un Jardin d’Hiver, 1974
Détail du jardin d’hiver,
six agrandissements
photographiques
de gravures anciennes
anglaises du XIXe siècle
81 x 124,5 cm (chaque)
© Estate Marcel Broodthaers
Marcel Broodthaers
Département des Aigles
(David - Ingres - Wiertz - Courbet), 1968
Plaque en plastique embouti
85,5 x 120 cm
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Le Balancier d’Austerlitz
Vue d’ensemble des trois tirages et détail
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AUTRES
disponibles
Photogrammes du film Le Corbeau et le Renard, 1967
projeté sur l’écran avec cadre noir sur lequel sont imprimés des extraits du poème.
61 x 80 x 4 cm
©Estate Marcel Broodthaers
Marcel Broodthaers
Musée d’Art Moderne Département des Aigles,
Service Publicité, 1971
Plaque en plastique embouti
85 x 121 cm
© Estate Marcel Broodthaers
Marcel Broodthaers
Catalogue d’exposition
Section des Figures
Städtische Kunsthalle, Düsseldorf, 1971 et 1972
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AUTRES
Marcel Broodthaers
Cinéma modèle (en négatif), 1970
Plaque en plastique embouti
85 x 120 cm
© Estate Marcel Broodthaers
Marcel Broodthaers
Cinéma modèle (en positif), 1970
Plaque en plastique embouti
85 x 120 cm
© Estate Marcel Broodthaers
Marcel Broodthaers
Les Portes du Musée d’Art Moderne, Les Aigles,
Section XIXe siècle, 1969
Plaque en plastique embouti
220 x 180 cm
© Estate Marcel Broodthaers
Marcel Broodthaers- Musée d’Art Moderne
Département des Aigles - S. Littéraire
Fig. 1 et 2, 1971
Plaque en plastique embouti
87 x 121 cm
© Estate Marcel Broodthaers
Monnaie de Paris
11, quai de Conti - 75006 Paris
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