Paysage et diversification culturelle

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Paysage et diversification culturelle
Journée d'étude Paysage(s), organisée par ATRIA (Association Toulousaine pour la Recherche
Interdisciplinaire sur les Amériques). 06 novembre 2009 - Université de Toulouse 2 – Le Mirail.
« Paysage et diversification culturelle : le cas de la côte sud du Pérou à l'époque Paracas –
Nasca (200 av. J.-C. - 100 apr. J.-C.) »
Vanessa TINTEROFF GIL1
Résumé :
Étendu sur plus de 20 000 km2, le territoire archéologique de la côte sud du Pérou se
caractérise par des pampas désertiques séparées par des vallées fertiles où domine l'occupation
humaine. A partir de 400 av. J.-C., le déclin de Chavín, jusqu'alors phénomène culturel
homogénéisateur, encourage l'émergence d'entités culturelles locales innovantes dont témoignent les
changements dans le mobilier (céramiques, textiles), dans les constructions ainsi que dans
l'occupation. Alors que la culture Paracas dominait jusqu'alors la côte sud, le développement de
Topará et de Nasca atteste de ces modifications entre 200 av. J.-C. et 100 apr. J.-C. Suivant un axe
de recherche environnemental, l'étude des données archéologiques révèle la consolidation de trois
noyaux géo-culturels en interaction sur ce territoire. A partir de ce sujet d'étude particulier, il est ici
proposé de s'interroger sur le rôle joué par le paysage dans la diversification culturelle de la côte sud
à l'époque Paracas-Nasca.
INTRODUCTION (Diapositive 1)
Cette présentation s'inscrit dans la continuité de mon doctorat portant sur le sujet de
l'émergence des cultures Topará et Nasca sur la côte sud du Pérou entre 200 av. J.-C. et 100 de notre
ère (Tinteroff Gil 2008). Il y est proposé d'aborder un des axes de recherche de ma thèse en
s'interrogeant sur le rôle joué par le paysage dans la diversification culturelle du territoire de la côte
sud au cours de la période de mutation Paracas-Topará/Paracas-Nasca.
Connue sous le nom de « transition » Paracas-Nasca, cette époque correspond au passage de
l'Horizon Ancien, défini par l'expansion de la civilisation Chavín sur une grande partie du territoire
péruvien, à la Période Intermédiaire Ancienne au cours de laquelle des cultures locales et régionales
se développent (Peters&Van Gijseghem et al. 2008). Centrée sur la question de l'hétérogénéité
culturelle de la côte sud au cours de cette période, la problématique générale porte sur les relations
chronologiques, culturelles et géographiques entre les groupes de culture Paracas, Topará et Nasca.
Pour expliquer le développement de Topará et de Nasca, j'ai proposé la théorie d'une mutation
culturelle multidirectionnelle des populations de culture Paracas (Tinteroff Gil 2008: 140-146).
Impulsée par le déclin de Chavín jusqu'alors phénomène culturel homogénéisateur, cette mutation
se manifeste par un ensemble de changements dans la production des céramiques et des textiles,
dans les traditions funéraires ainsi que dans l'occupation du territoire avec, notamment, l'édification
des premiers centres publics et cérémoniels de la côte sud.2
Teintées de diversités locales, ces modifications apparaissent de manière simultanée dans
trois pôles géographiques de la côte sud : les vallées de Pisco/Chincha où la culture Topará se met
en place ; la vallée d'Ica où se maintient la culture Paracas ; les vallées du bassin du Río Grande de
Nasca où émerge la culture Nasca. Tout en alimentant un réseau étroit de contacts et d'échanges, les
groupes Paracas, Topará et Nasca se partagent alors le territoire de la côte sud. Formé de vallées
1
Docteur en Archéologie de l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV)
Jusqu'à ce jour, les recherches en archéologie n'ont pas permis d'identifier de centres cérémoniels à plateformes
antérieurs à cette période sur la côte sud.
2
1
séparées les unes des autres par des zones désertiques, le paysage de la côte sud est morcelé entre
espaces fertiles favorables à une installation permanente et espaces stériles hostiles à toute
occupation durable. Dans le contexte socio-politique du déclin de Chavín propice à une
diversification culturelle, ce paysage fragmenté a-t-il pu jouer un rôle dans l'émergence et la
consolidation de communautés culturelles distinctes et localisées par vallée ou groupe de vallées ?
I. Cadre géographique (Diapositive 2)
Le territoire archéologique de la côte sud du Pérou est situé entre 12°50' et 15°50' de latitude
sud et 75° et 76°50' de longitude ouest. Il se trouve au sud du département de Lima, plus ou moins
dans les limites actuelles du département d'Ica étendu sur 21 327 km2. Enclavée entre l'océan
Pacifique à l'ouest et le département d'Ayacucho à l'est, cette région est de climat subtropical sec et
désertique avec des températures oscillant entre 18°C et 33°C de décembre à mars et entre 10°C et
26°C d'avril à novembre (Valdez 1988: 8). Du nord au sud, elle comprend la quebrada de Topará,
les vallées de Chincha et de Pisco, la péninsule de Paracas, la vallée d'Ica, les vallées du bassin du
Río Grande de Nasca et les vallées d'Acarí, de Yauca et de Chala. Ces vallées fertiles sont séparées
les unes des autres par des étendues désertiques arides (pampas), des collines rocheuses et des
dunes de sable. Bien qu’elle présente une certaine homogénéité, cette région est caractérisée par des
variations écologiques locales qui dépendent du flux hydraulique des rivières, des altitudes et des
distances par rapport à l’océan Pacifique et à la cordillère des Andes.
A l'exception de la vallée d'Ica orientée du nord au sud, toutes les vallées de la côte sud sont
transversales, s'étendant des flancs occidentaux de la cordillère des Andes à l'est jusqu'à l'océan
Pacifique à l'ouest. Cette configuration géographique assure au territoire de la côte sud des
connexions inter- et extra-régionales entre la partie nord et la partie sud du littoral (à travers la
vallée d'Ica) et entre la zone côtière et la zone montagneuse vers l'est. Les habitats, les centres
cérémoniels et les sites funéraires Paracas, Topará et Nasca se situent le long et à proximité des
vallées, à des altitudes comprises entre 0 et 1000 mètres, là où les terres fertiles autorisent
l'exploitation agricole (O'Neale et Kroeber 1937; Rowe 1956; Strong 1957; Lanning 1960; Wallace
1970, 1971; Menzel 1971; Wurster 1984: 8; Massey 1986; Silverman 1991; Canziani 1992; Cook
1994; DeLeonardis 1997; Peters 1997; Reindel et al. 1999; Velarde 1999; Valdez Cardenas 2000;
Orefici et Drusini 2003; Van Gijseghem 2004). Des sites domestiques et funéraires occupent aussi
la péninsule de Paracas qui est un point stratégique pour l'exploitation des ressources maritimes
bien qu'elle soit extrêmement aride (Tello et Mejia Xesspe 1979; Engel 1992).
Le paysage de la côte sud est donc configuré par trois espaces géographiques majeurs : les
vallées fertiles où se développe l'agriculture et où s'installent les populations ; les zones
intermédiaires désertiques hostiles à une occupation permanente ; le littoral essentiellement exploité
pour ses ressources maritimes.
II. Cadre chronologique (Diapositive 3)
Selon le schéma chrono-culturel traditionnellement utilisé pour le Pérou, la « Période
Intermédiaire Ancienne » succède à la période de l'« Horizon Ancien » (Rowe 1962: 47-68).
Attribuée à l'Horizon Ancien, la civilisation Chavín s'étend sur une grande partie du territoire
péruvien entre 1000 et 200 av. J.-C. (Rowe 1962-67; Burger 1995; Rodriguez Kembel 2001). 1 La
culture Paracas s'est développée sur la côte sud du Pérou entre 850 et 200 av. J.-C. sous son
influence. Datée entre 200 av. J.-C. et 800 de notre ère, la Période Intermédiaire Ancienne succède
La chronologie de la civilisation Chavín et du site principal de Chavín de Huántar est actuellement au cœur de
nombreux débats et fait l'objet de recherches. La chronologie ici retenue est approximative et est fondée sur celle de
Chavín de Huántar proposée par Silvia Rodriguez Kembel (2001) comparée à la chronologie des cultures Paracas,
Topará et Nasca sur la côte sud (Tinteroff Gil 2008: 131- 146).
1
2
au déclin de Chavín.1 Elle est marquée par l'émergence de cultures régionales dont Nasca sur la côte
sud. L'homogénéité culturelle du territoire péruvien au cours de l'Horizon Ancien contraste donc
avec l'hétérogénéité au cours de la Période Intermédiaire Ancienne.
Le passage de l'Horizon Ancien à la Période Intermédiaire Ancienne est connu sur la côte
sud sous le terme général de « transition Paracas-Nasca ». Il est supposé que la culture Nasca s'est
peu à peu développée à partir de la culture Paracas suivant un schéma linéaire d'évolution (Menzel
et al. 1964: 212, 230, 257; Wallace, 1985: 91-93). Fondée sur des typologies céramiques, cette
théorie a été remise en question dès les années 80 et elle fait toujours l'objet de discussions (Massey
1986; Valdez 1988; Silverman 1994; Peters 1997; Frame 2001; Llanos Jacinto 2001; Tinteroff Gil
2002; Orefici&Drusini 2003; Torre Zevallos&Van Gijseghem 2004; Van Gijseghem 2004;
Peters&Van Gijseghem et al. 2008). D'une part, une troisième culture appelée Topará et datée de
cette période de « transition » a été isolée grâce aux recherches menées dans la quebrada de Topará
puis dans les vallées de Chincha et de Pisco (Lanning 1960; Peters 1997). D'autre part, les fouilles
archéologiques conduites à partir des années 80 dans divers sites de cette période ont démontré que
les cultures Paracas, Topará et Nasca ont été contemporaines entre 200 avant J.-C. et 100 de notre
ère (Massey 1986; Cook 1994; Peters 1997; Isla Cuadrado et al. 2003; Van Gijseghem 2004)2. Ces
données rejettent donc l'hypothèse d'une simple évolution de la culture Paracas en la culture Nasca.
III. Cadre culturel et territoire
A)
L'homogénéité culturelle : le développement de la culture Paracas sous l'influence
Chavín (850 – 200 av. J.-C.) (Diapositive 4)
L'Horizon Ancien correspond à la diffusion sur une grande partie du territoire d'éléments
culturels de la civilisation Chavín dont le centre se situe à Chavín de Huántar dans la cordillère nord
(Burger 1995; Rodriguez Kembel 2001). Sur la côte sud, l'influence Chavín se ressent dans le
registre iconographique des poteries produites par les populations de cette région. On nomme cette
culture « Paracas ». Les données archéologiques permettent de la dater de 850 à 200 avant J.-C. et
de reconnaître une certaine homogénéité culturelle sur l'ensemble de la côte sud avec la production
de céramiques peintes après cuisson et incisées de motifs aux traits chavinoïdes (Menzel et al. 1964:
20-174). L'occupation Paracas datée de cette période correspond à des petits villages dispersés sans
centre public ou cérémoniel.3
Avec le déclin du centre de Chavín de Huántar à partir de 400 avant J.-C. (Rodriguez
Kembel 2001: 251), les premiers changements culturels apparaissent sur la côte sud au moment de
la production des céramiques Paracas-Ocucaje 8. A travers l'analyse du mobilier archéologique, des
contextes stratigraphiques de divers sites des vallées de la côte sud, de l'étude de la répartition des
villages et des centres publics sur la côte sud ainsi que de l'analyse des dépôts funéraires de la
péninsule de Paracas datés de la période de 200 av. J.-C. à 100 de notre ère, j'ai proposé la théorie
d'une mutation culturelle multidirectionnelle des populations de culture Paracas de la côte sud pour
expliquer l'émergence des cultures Topará et Nasca (Tinteroff Gil 2008: 125-146). Cette mutation
s'est produite grâce au déclin de Chavín selon trois trajectoires différentes dans les trois pôles
géographiques de Pisco/Chincha, d'Ica et du bassin du Río Grande de Nasca.
La chronologie de l'Horizon Ancien et de la Période Intermédiaire Ancienne soulève de nombreuses discussions,
tant au niveau terminologique que des datations, cf. Tinteroff Gil, 2008: 45. La chronologie ici retenue pour le début
de la Période Intermédiaire Ancienne repose sur les résultats de mes recherches portant sur la chronologie de
Paracas et des premières phases de Nasca (Tinteroff Gil, 2008: tabl. 6).
2
Pour plus de détails, cf. Tinteroff Gil 2008: 101-124.
3
Cf. supra, p. 1, note 2.
1
3
B)
Les indices archéologiques d'une diversification culturelle sur la côte sud du
Pérou : la période de mutation Paracas – Topará / Paracas – Nasca (200 av. J.-C. 100 apr. J.-C.)
Les données archéologiques indiquent que les populations Paracas qui occupent la côte sud
du Pérou diversifient leurs traditions culturelles selon la vallée ou le groupe de vallées où elles se
trouvent à partir de 200 avant J.-C. De nombreux changements culturels marquent cette période.
Tout d'abord, trois traditions céramiques principales coexistent désormais sur la côte sud
(diapositive 5) :

les céramiques Paracas encore décorées par incision et par peinture après-cuisson dans la
vallée d'Ica (phase Paracas-Ocucaje 9 : Menzel et al. 1964: 175-208) ;

les céramiques Topará essentiellement monochromes dans la région de Pisco/Chincha
(phases Jahuay, Chongos, Paracas-Ocucaje 10 : Lanning 1960; Peters 1997) ;

les céramiques Nasca monochromes ou polychromes, incisées et/ou peintes avant-cuisson
avec des engobes et dont la production se généralise dans la région de Nasca (phases
Paracas-Ocucaje 10, Nasca 0, Nasca 1, Montana : Menzel et al. 1964; Orefici&Drusini
2003: 144-145; Van Gijseghem 2004: 152, 238).
Par ailleurs, jusqu'alors secondaire, le textile devient un support iconographique majeur
grâce notamment à un usage croissant de la laine de camélidés (Dwyer 1971: 214). Trois
productions de textiles décorés apparaissent entre 200 av. J.-C. et 100 de notre ère (diapositive 6 ;
Paul 1982; 1990) :

les textiles de style linéaire dont l'iconographie reste semblable à celle des poteries Paracas ;

les textiles de style en blocs de couleurs avec une polychromie et une iconographie similaire à
celles des céramiques Nasca ;

les textiles de style en lignes épaisses dont l'iconographie reste Paracas mais avec des influences
Nasca dans le tracé des figures.
Alors que les poteries tendent à la monochromie avec des motifs plus simplifiés (jusqu'à la phase
Nasca 2), les textiles eux sont décorés de motifs complexes polychromes. Objet mobile par
définition, le tissu devient un véhicule de culte privilégié et un élément clef des rituels funéraires.1
Aussi, la période de mutation est marquée par la croissance du nombre de villages et
l'édification des premiers centres publics avec des constructions monumentales à plateformes
échelonnées (diapositive 7 ; Tinteroff Gil 2008: 101- 124). Plusieurs monticules à trois plateformes
sont édifiés dans la vallée de Chincha (Wallace 1970) et dans la vallée de Pisco où les sites de
Chongos et d'Alto del Molino sont les principaux (Peters 1997; Silverman 1997). Si dans la vallée
nord d'Ica, les archéologues notent une décroissance de la population et l'absence de centre public
majeur, des établissements avec des espaces cérémoniels sont élevés dans les parties centrale et sud
d'Ica au cours du IIe siècle avant notre ère avant d'être abandonnés au Ier siècle avant J.-C. (Massey
1986). Dans les vallées du bassin du Río Grande de Nasca, les villages, les géoglyphes et les
pétroglyphes se multiplient (Silverman 1991; Reindel et al. 1999: 371). Avec le Templo del
Escalonado, les premiers édifices monumentaux à caractère cérémoniel sont construits à Cahuachi
qui deviendra le centre public principal de la culture Nasca (Orefici 1989; Orefici&Drusini 2003:
74-76; Tinteroff Gil 2008: 385-395). L'édification de structures publico-cérémonielles dans chaque
vallée ou groupe de vallées indique la consolidation de pouvoirs centralisés et l'essor de classes
dirigeantes dans l'organisation socio-politique des communautés.
1
Cf. cimetière de Necrópolis, infra, p. 6.
4
Finalement, parmi les changements culturels, on note l'élaboration de dépôts funéraires
riches en offrandes sous la forme de paquets funéraires (fardo funéraire, cf. Necrópolis, infra, p. 6)
et le développement de trois déformations crâniennes distinctes : cunéiforme, tabulaire et
cylindrique (diapositive 8). Modification corporelle permanente, la déformation du crâne était
encore pratiquée à l'époque des Incas pour distinguer les groupes de chaque province de l'empire et
les statuts sociaux à l'intérieur des communautés (Torres-Rouff 2003: 11-12). Au cours de la période
de mutation Paracas-Topará/Paracas-Nasca, la plupart des crânes sont déformés et les trois types de
déformation se développent parallèlement à l'émergence de trois traditions culturelles. La forme du
crâne servait donc plus probablement à marquer l'appartenance à un des trois groupes qui occupent
la côte sud qu'à distinguer des rangs sociaux à l'intérieur d'un seul (Tinteroff Gil 2008: 187-232).
Elle devient un marqueur d'identité culturelle.
C)
L'émergence et le développement des trois pôles géographiques culturels :
Paracas, Topará, Nasca – 200 av. J.-C. - 100 apr. J.-C.
Avec le déclin de Chavín jusqu'alors phénomène culturel homogénéisateur, les populations
de culture Paracas de la côte sud se diversifient dans leurs traditions culturelles entre 200 av. J.-C. et
100 de notre ère. La culture Topará se met en place dans la région de Pisco/Chincha au nord alors
que la culture Nasca se développe dans le bassin du Río Grande de Nasca au sud. Dans la vallée
d'Ica, les populations conservent les traditions héritées de la culture Paracas de l'Horizon Ancien
jusqu'à ce que Topará s'étende vers le sud et Nasca vers le nord entre 100 av. J.-C. et 100 de notre
ère. Trois groupes culturels coexistent ainsi sur le territoire de la côte sud, chacun occupant une
vallée ou un groupe de vallées fertiles. Avec l'édification des centres publics, chaque communauté
assoit son autorité dans sa vallée tout en maintenant un réseau étroit de communication avec les
autres.
La comparaison des cartes de la période de mutation Paracas-Topará/Paracas-Nasca
(diapositive 9) avec celle de l'Horizon Ancien (diapositive 4) montre que la diversification
culturelle des populations Paracas de la côte sud se calque sur la fragmentation géographique du
territoire configuré par une vallée ou les groupes de vallées fertiles isolées les unes des autres par
des étendues désertiques hostiles à l'occupation. Si le déclin de Chavín a été le facteur historique
déclencheur de la mutation culturelle qui s'est produite sur la côte sud, le paysage a joué un rôle
central dans le caractère multidirectionnel de cette mutation. Aussi, on note qu'à partir du I er siècle
avant notre ère, les populations de la vallée d'Ica incorporent les traditions culturelles Topará en
provenance du nord et celles Nasca en provenance du sud. L'observation du paysage amène à
reconnaître que si la vallée d'Ica demeure une vallée côtière, les vallées de Pisco, de Chincha et du
bassin du Río Grande de Nasca, en raison de leur transversalité, autorisent plus de contacts, et donc
plus d'échanges, avec les aires géographiques de la cordillère et de la selva situées vers l'est. Les
réseaux de communication inter- et extra-régional s'agrandissent, se consolidant autour des centres
publics et cérémoniels des vallées de Pisco et de Chincha pour le nord et du centre cérémoniel de
Cahuachi pour le sud. Les contacts entre les communautés Paracas, Topará et Nasca transitent du
nord au sud et d'est en ouest à travers la vallée d'Ica située au centre du territoire de la côte sud.
Les interactions entre les populations Paracas, Topará et Nasca génèrent des influences
réciproques, observables notamment dans le mobilier céramique. Elles scellent les liens entre les
personnes des classes dirigeantes de chaque vallée ou groupe de vallées qui assurent un équilibre
socio-économique et politique régional. Le cimetière de Necrópolis situé dans la péninsule de
Paracas en témoigne.
5
IV. Necrópolis : un témoignage des interactions ente les communautés (Diapositive 10)
Découvert dans la péninsule de Paracas en 1927 par Julio César Tello et Toribio Mejía
Xesspe, le cimetière de Necrópolis est un site unique en raison de son emplacement, de la quantité
et de la diversité des matériels archéologiques ainsi que de la qualité du mobilier et de son état de
conservation (Tello&Mejia Xesspe 1979). Il comprend 429 paquets funéraires (fardo) chacun
composé généralement par un corps humain au crâne déformé enveloppé dans plusieurs textiles et
accompagné d'offrandes diverses (poteries, vêtements décorés, armes, bijoux, etc.). L'intérêt de ce
cimetière pour la problématique de la « transition » Paracas-Nasca réside d'une part dans les
informations anthropologiques biologiques, notamment la déformation crânienne, et, d'autre part,
dans la variabilité stylistique du mobilier qui peut être attribué aux traditions Paracas, Topará et
Nasca dans un même paquet funéraire.
Daté de la période de mutation Paracas-Topará/Paracas-Nasca (200 av. J.-C.-100 apr. J.-C.),
le cimetière de Necrópolis rend compte des interactions entre les communautés Paracas, Topará et
Nasca qui se partagent le territoire de la côte sud. Il a été placé dans un territoire isolé des vallées où
vit la population et où se dressent les centres publics représentants du pouvoir de chaque groupe. Il
se trouve dans une péninsule extrêmement aride, hostile à l'agriculture, mais exploitée pour ses
ressources maritimes riches. Dans la configuration politique régionale au cours de la période de
mutation, la péninsule de Paracas peut donc être vue comme un territoire neutre, partagé et exploité
par les trois communautés. Les dépôts funéraires de Necrópolis renvoient à des rituels menés en
commun par les populations Paracas, Topará et Nasca pour les personnes qui jouent des rôles
sociaux, politiques et économiques au niveau régional.1 Le mobilier textile et la déformation
crânienne essentiellement cylindrique des individus de Necrópolis laissent supposer que les
personnalités inhumées viennent de la vallée sud d'Ica et de la région de Nasca. Le mobilier
céramique aurait été produit et déposé en offrande par les populations Topará de Pisco/Chincha et
Paracas de la vallée d'Ica. Necrópolis est donc une sorte de reflet de l'organisation sociopolitique de
la côte sud à cette époque, un territoire sacralisé en dehors des systèmes de vallées fertiles où se
consolident les centres de pouvoir des trois communautés.
V. Le rôle de l'environnement dans le prestige croissant de la culture Nasca
(Diapositive 11)
Durant les trois siècles de la période de mutation Paracas-Topará/Paracas-Nasca, les
traditions culturelles Nasca originaires de la région de Nasca se diffusent peu à peu à l'ensemble du
territoire de la côte sud où elles sont incorporées par les communautés Paracas et Topará situées
plus au nord. Après le Ier siècle de notre ère, Nasca dominera la scène culturelle de la côte sud
(Proulx&Silverman 2002).
Situé entre 13°48' et 15°04' de latitude sud et entre 74°22' et 75°26' de longitude ouest, le
bassin du Río Grande de Nasca est un vaste réseau hydrographique formé par le río Grande et ses
affluents (Silverman 1993: 1, 3). Étendu sur 10 750 km2, le bassin couvre trois zones écologiques
principales : le littoral, la zone côtière et les versants occidentaux de la cordillère (Silverman 1991:
3). Par son emplacement, la région de Nasca offre donc un accès à la fois aux ressources maritimes
via le río Grande, aux terres agricoles côtières (les vallées) et aux produits des hautes terres vers
l'est. Elle occupe donc une position stratégique pour une exploitation de ressources plus diversifiées
grâce à un commerce trans-régional renforcé (Llanos Jacinto 2001: 38, 42, 49, 77; Tinteroff Gil
2008: 399).
Pour plus de détails sur cette théorie, cf. Tinteroff Gil 2008: 147-264. La théorie du caractère « multiethnique » du
cimetière de Necrópolis a déjà été proposé par Ann H. Peters (Peters 1997: 297, 328-329). De même, Mary Frame
(Frame 2001: 55) a souligné l'interaction de trois traditions culturelles.
1
6
La nouvelle place du textile comme support iconographique au cours de la période de
mutation a été possible notamment grâce à la croissance de l'usage de la laine de camélidés pour les
broderies.1 En raison de leurs relations privilégiées avec la cordillère, les populations de la région de
Nasca ont dû importer la laine ou les camélidés pour la production des textiles brodés dans le style
en blocs de couleurs qui jouent un rôle central, en raison de leur nature mobile et bien avant les
poteries, dans la diffusion du nouveau culte Nasca. De même, la déformation crânienne cylindrique
utilisée par les populations de la région de Nasca tend à soutenir l'hypothèse des contacts renforcés
avec les groupes de la sierra généralement distingués par un type de déformation allongé similaire
(Torres-Rouff 2003: 82).
CONCLUSION (Diapositive 12)
Dans le contexte sociopolitique du déclin de Chavín favorable à l'émergence de cultures
locales, le paysage spécifique de la côte sud a joué un rôle dans la nature multidirectionnelle de la
mutation culturelle des populations Paracas de la côte sud entre 200 av. J.-C. et 100 de notre ère.
L'isolement relatif de chaque vallée a encouragé les populations a développer des traditions
culturelles locales auxquelles les archéologues donnent les noms de Topará pour Pisco/Chincha, de
Paracas pour Ica et de Nasca pour la région de Nasca. Avec le morcellement de l'homogénéité
culturelle Chavín, les vallées deviennent des espaces stratégiques pour l'exploitation des ressources.
L'édification de centres publics et cérémoniels dans chaque vallée ou groupe de vallées assoit
désormais l'autorité de chaque communauté sur son territoire tout en assurant le maintien du réseau
de contacts et d'échanges entre les trois groupes culturels qui se partagent la région. Le cimetière de
Necrópolis témoigne de ces interactions et du rôle joué par les dignitaires pour l'équilibre sociopolitique et économique régional. Le paysage permet aussi d'expliquer en partie le prestige croissant
de la culture Nasca, le bassin du Río Grande de Nasca assurant les connexions avec le littoral, avec
les autres vallées côtières et avec les zones périphériques de la sierra et de la selva. Son
emplacement à cheval entre la côte et les hautes terres a permis aux populations de la région de
Nasca de diversifier leurs ressources notamment pour la production des textiles qui deviennent le
premier véhicule de diffusion de leur culte.
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1
Cf. supra, p. 4.
7
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