ces bêtes - Federation Departementale des Chasseurs des Vosges

2,50 € LE NUMÉRO
Vosges
É D I T I O N
JOURNAL D’INFORMATION CYNÉGÉTIQUE
N°115 JUILLET 2009
’
VOSGES
La chasse
aux braconniers
UN PEU D’HISTOIRE
Les plaisirs
du Roy
NATURE ET FAUNE
SAUVAGE
Un bouquin
en édition illimitée
DOSSIER
Elles migrent
des champs en ville...
CES BÊTES
qui nous
SQUATTENT
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2,50 € LE NUMÉRO
édito
Vosges
É D I T I O N
JOURNAL D’INFORMATION CYNÉGÉTIQUE
N°115 JUILLET 2009
’
VOSGES
La chasse
aux braconniers
UN PEU D’HISTOIRE
Chassez et régulez
Les plaisirs
du Roy
NATURE ET FAUNE
SAUVAGE
Un bouquin
en édition illimitée
DOSSIER
Elles migrent
des champs en ville...
CES BÊTES
qui nous
À l’heure où j’écris, je suis à la veille de la Commission
préfectorale des plans de chasse et de la mise en place
du plan de gestion sanglier. Le même jour, l’après-midi,
je me rends à Paris au ministère de l’Environnement
pour participer aux travaux Grand Tétras.
J’espère que nous trouverons les arguments nécessaires
pour démontrer aux ultra-protecteurs que l’action des
chasseurs et piégeurs est indispensable à la stratégie
nationale Grand Tétras. Il s’agit de démontrer, entre
autres, que la chasse peut être pratiquée dans les zones
de protection spéciale (ZPS).
Seulement, nos détracteurs n’ont cessé de demander des restrictions à la
pratique de la chasse et pourraient multiplier les demandes de ZPS. S’il y a
tétras, il y a ZPS.
Enfin, le contrôle des prédateurs reste toujours d’actualité, comme la martre, et s’il
n’y a pas chasse, il y a concentration de grand gibier… Et qui mange les œufs ?
À suivre…
SQUATTENT
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Photo de couverture : © Jacques Tournel Fotolia © Maslov Dmitry - Fotolia
CHASSEURS
DE L’EST
N°115 - JUILLET 2009
EDITEUR : Chasseurs de l’Est Sarl
1 rue de la Passotte,
57078 Metz CEDEX 03
Tél. : 03 87 75 82 82
Fax : 03 87 75 82 83
e-mail : [email protected]
www.chasseurs-est.com
GÉRANT : Pierre Lang
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :
Gérard Mathieu
RÉDACTION EN CHEF : Gwen Seznec
COMITÉ DE RÉDACTION :
Fabrice Aubert, Philippe Lavit,
Claude Paul, Roméo Rieder,
Arnaud Steil, Philippe Vuillaume
CONSEILLER ÉDITORIAL : Claude Paul
CRÉDITS PHOTOS :
Chasseurs de l'Est, ONCFS
PUBLICITÉ NATIONALE
ET DÉPARTEMENTALE :
ATC, 23 rue Dupontdes-Loges, 57000 METZ
François Bederstorfer
Tél. : 03 87 69 18 12
fax 03 87 69 18 14,
[email protected]
ADMINISTRATION DES VENTES :
Frédérique Beconcini
Tél. 03 87 69 89 09
fax 03 87 69 18 14,
[email protected]
PETITES ANNONCES : Desté Araz
Tél. : 03 87 69 96 92
fax 03 87 69 18 14,
[email protected]
CONCEPTION ÉDITORIALE
ET GRAPHIQUE, SECRÉTARIAT
DE RÉDACTION : TEMA|presse
Tél. 03 87 69 18 01
RÉDACTION GRAPHIQUE :
Pixel Image, Tél. 03 87 69 18 08
IMPRESSION : Groupe Socosprint,
route d’Archettes, 88000 Épinal
certifiée PEFC CTP/1-013,
Chasseurs de l’Est est imprimé
sur papier PEFC issu
de forêts gérées durablement
NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE :
1109 G 86388 • ISSN : 2100-0883
DÉPÔT LÉGAL : juillet 2009
PRIX : 2,50 €
• ABONNEMENT : 8,90 €/an
ÉTRANGER : 16 €
GÉRARD MATHIEU,
PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DÉPARTEMENTALE DES CHASSEURS DES VOSGES.
au Sommaire
4
ACTUALITÉS DANS LES VOSGES
Toute l'actualité dans votre département.
6
REPORTAGE
La chasse aux braconniers.
10
ACTUALITÉS EN LORRAINE
Toute l'actualité de votre région.
17
À L'AFFÛT
Les petites nouvelles qui étonnent !
18
L'ESSENTIEL
France, Europe, monde : toute l'information !
28
DOSSIER
Ces bêtes qui nous squattent en ville !
36
UN PEU D'HISTOIRE
Les plaisirs du Roy au pays.
38
NATURE ET FAUNE SAUVAGE
Un bouquin en édition illimitée !
40
MAGAZINE/ ARMES
Le réglage des armes rayées.
42
JURIPRATIQUE
Accident : responsabilité de l'organisateur.
44
MUSIQUE ET CHASSE
« La Chasse du cerf » de Jean-Baptiste Morin.
45
CHIENS DE CHASSE
Pointer, la Ferrari des plaines.
46
SHOPPING
Tous les nouveaux produits ciblés chasseurs.
48
PETITES ANNONCES
Offres de chasse, chiens, adjudication, voitures…
CHASSEURS DE L’EST • N°115. JUILLETL 2009 • 3
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ACTUALITÉS
dans les Vosges
4
Des manifestations
pour tous
FÉDÉRATION DÉPARTEMENTALE DES CHA SSEURS DES VOSGES
Bilan de l’année
COMME CHAQUE ANNÉE, LA FÉDÉRATION DÉPARTEMENTALE DES CHASSEURS
DES VOSGES ORGANISAIT SON ASSEMBLÉE GÉNÉRALE AU CENTRE DES CONGRÈS
À ÉPINAL. PRÈS DE 500 CHASSEURS ÉTAIENT PRÉSENTS.
En quelques mois, le service technique
épaulé par Jean-Claude Bahu, président de la commission « Animation
et communication », s’est particulièrement investi dans l’ouverture du monde de la chasse au grand public. Après
l’exposition des trophées de brocards
le dimanche 1er mars regroupant près
de 900 trophées, la traditionnelle
exposition des trophées de cerfs
à Étival-Clairefontaine le 5 avril
et ces 250 trophées de cerfs, ajoutés
aux 40 trophées de chamois a été
un véritable succès ! Elle était de
surcroît accompagnée par l’équipe
de sonneur de trompe du Tholy.
C’est ensuite des expositions
permanentes, avec les reconstitutions
de milieux naturels qui présentent
la faune sauvage des Vosges qui a
accueilli les scolaires durant un mois
à Tignécourt et trois semaines
à la bibliothèque de Mirecourt.
Enfin la fédération a participé à l’accueil de près de 600 élèves aux « Sylviades » qui se sont tenues la semaine
du 8 juin à Raon-l’Étape. Ça bouge !
•
CHASSEURS DE L’EST
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S
ous le regard attentif de
nombreux chasseurs, le
président de la fédération Gérard Mathieu a souhaité la bienvenue à toutes
les personnalités présentes :
Michel Heinrich, députémaire d’Épinal ; Dominique
Sorain, préfet des Vosges ;
François Vannson, député ;
Véronique Mathieu, député
européen ; Bernard Marchal, procureur de la République, Paul Hett, délégué
départemental de l’ONF et
Catherine Lhote, déléguée
régionale de l’ONCFS.
Il a ensuite présenté le rapport annuel sur la gestion,
la situation morale et les
activités de la fédération.
Après avoir souligné les
avancées du monde de la
chasse au niveau national,
dates d’ouverture et de fermeture, amélioration et simplification du droit de chasse,
etc., M. Mathieu a souligné
l’accord de partenariat qui
met fin au contentieux avec
l’ONCFS. La fédération a
maintenu une activité soutenue avec la formation de
19 gardes particuliers, 52 piégeurs, 137 nouveaux chasseurs, 31 chasseurs à l’arc et
27 chasseurs accompagnés.
Quatre cents chasseurs ont
notamment été formés à l’examen initial de la venaison.
LES VOTES
◆ Adoption du budget
composé d’un bracelet sanglier à 31 € et d’une taxe à
l’hectare de 240 000 € ;
◆ Maintien de la vignette
fédérale à 77 € (39 € pour
neuf jours et 20 € pour
trois jours) ;
- Adhésion des bénéficiaires
de plan de chasse (territoire)
maintenue à 66 € ;
- Maintien de la contribution plan de chasse à 50 € ;
- Passage du prix matériel
des bracelets à 9 € (augmentation de 1 €)
- Maintien des prix des bracelets chevreuil cerf chamois
à respectivement 25 € ;
83 € et 25 € ;
◆ Passage des frais de dossier
à 3 € (augmentation de 1 €)
◆ Timbre grand gibier
• N° 115. JUILLET 2009
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dans les Vosges
ACTUALITÉS
national à 70 € (35 € pour
9 jours et 18 € pour trois
jours)
◆ Vignette fédérale permis
national 95 €
◆ Abonnement à Chasseurs
de l’Est : 8,90 € (augmentation de 1,30 €)
La gestion du sanglier étant
au cœur des discussions de
cette assemblée, la grande
nouveauté votée à l’unanimité des présents a été le
passage au plan de gestion
pour cette espèce, préféré à
la lourdeur administrative et
au manque de réactivité du
plan de chasse. Cette saison
2009-2010, les détenteurs de
plans pourront donc effectuer des demandes supplémentaires à partir de l’ouverture générale, en envoyant à
la fédération le formulaire
prévu à cet effet (voir l'article page 12 et 13). Après
récolte des avis du GIC et de
l’administrateur du secteur
concerné, de nouveaux bracelets pourront être attribués
chaque mois.
La fédération a notamment
eu la joie de présenter les
Les médaillés autour du Président.
fructueux résultats de nombreux mois d’enquêtes en
collaboration avec l’ONCFS,
le parquet et la gendarmerie, mettant un terme à des
années de pratique de braconnage dans le secteur de
Rambervillers. Cinq perquisitions ont abouti à de nombreuses saisies auprès d’un
groupe de contrevenants à
la police de la chasse. Un
diaporama de cette action
forte a été présenté sous les
applaudissements chaleureux des chasseurs.
Après les différentes commissions présentées par
M. Voilquin (grand gibier),
M. Mathieu (dégâts),
M. Tissier (petit gibier),
M. Bahu (communica-
tion), M. Bové (environnement) et M. Gérard (antibraconnage), ainsi que les
interventions de M. Heckel au titre des lieutenants
de louveterie et de
M. Thuon concernant les
résultats de l’Unucr, le
président a présenté à tous
ses vœux pour la saison
cynégétique 2009-2010.
LE MOT DU PRÉSIDENT
Affluence à l’assemblée générale
M. LE PRÉFET, M. LE PROCUREUR, M. LE DIRECTEUR DÉPARTEMENTAL DE L’ÉQUIPEMENT ET DE L’AGRICULTURE, LES DÉPUTÉS FRANÇOIS VANNSON, MICHEL HEINRICH, VÉRONIQUE MATHIEU, PAUL HETT, DIRECTEUR
DÉPARTEMENTAL ONF VOSGES, CATHERINE LHOTE, DIRECTRICE RÉGIONALE DE L’ONCFS ET MICHEL BALAY,
PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DE PÊCHE ONT FAIT L’HONNEUR D’ASSISTER À NOS TRAVAUX.
O
n pourrait supposer
qu’après l’assemblée
générale le rythme
baisse. Que nenni, préparation de la commission des
plans de chasse, mise en
place du plan de gestion
sanglier, etc. Dossiers dégâts,
dossiers qui fâchent.
La fédération fournit le
matériel, le législateur ne
l’a pas prévu, nous l’avons
souhaité pour limiter la
« casse ». Deux facteurs
principaux ont une influence prioritaire sur l’intensité
des dégâts : les animaux ont
eu faim cet hiver, deux
mois de gel consécutif à
partir du 24 décembre et
trop nombreux sont les
chasseurs qui cessent
d’agrainer à la fermeture.
Grosse erreur. Il faut bien
prendre conscience de l’efficacité du non-agrainage
dans la montée en puissance des dégâts. On enregistre plus de 600 dossiers
supplémentaires prairies
par rapport à 2008. Enfin,
je compte sur vous (tous)
pour prendre soin du maté-
riel. Nous ne pourrons
répondre à la même demande l’année prochaine.
Le 1er juin arrive, le brocard
vous attend, tirez des sangliers de préférence en bordure de forêt ou dans les
cultures, sans oublier maître goupil. Bonne ouverture
d’été à tous.
◆ LE PRÉSIDENT, GÉRARD MATHIEU
CHASSEURS DE L’EST
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REPORTAGE
La chasse AUX BR A
DES CARCASSES DE CHEVREUILS, DE CERFS, DE SANGLIERS TRANSITENT D’UN COFFRE À UN AUTRE. DES BILLETS
DE BANQUE CIRCULENT. RABOLIOT LE BRACONNIER, HÉROS SOLOGNOT DE MAURICE GENEVOIX, NE RECONNAÎTRAIT
PAS SES SUCCESSEURS. DANS LE SECTEUR DU MASSIF DE THAON-LÈS-VOSGES, BRUYÈRES ET RAMBERVILLERS,
LE BRACONNAGE EST EN ÉVOLUTION. FINI LE COLLET POUR PRENDRE LE GARENNE À L’UNITÉ : ON COMPTE DÉSORMAIS
PAR CENTAINE LES ANIMAUX TUÉS CHAQUE ANNÉE ET IL S’AGIT DE GROS GIBIER.
L
e bon « braco », paysan malin,
excellent chasseur, jouant à
cache-cache avec le gardechasse pour le plaisir, se fait
rare. Avec la crise économique
et l’ouverture européenne, le braconnage change de recrues et
d’échelle. Le braconnage attire aussi désormais une population
d’authentiques délinquants bien
plus dangereuse : « Autrefois, quand
on les arrêtait, les types respectaient
la règle, se souvient un garde.
Aujourd’hui, ils sont parfois prêts à
tout pour s’échapper ». Et il y a l’Europe. La suppression des contrôles
aux frontières a des effets pervers :
en Allemagne, la forte demande en
venaison et une répression sévère
incitent certains chasseurs à tenter
leur chance en nocturne sur le sol
français.
UN PHÉNOMÈNE NOUVEAU
Le rural, pur produit du terroir,
amateur d’émotions fortes et d’interdits, est doucement remplacé par
le non-chasseur, pour qui l’odeur de
l’argent constitue l’unique objectif.
« Les gens que l’on arrête intéressent
de plus en plus les gendarmes »,
notent des gardes de l’ONCFS.
Selon les statistiques de l’Office
national de la chasse et de la faune
sauvage (ONCFS), le braconnier
moyen a 35 ans. Il est sans emploi
(22,2 %) ou ouvrier (30 %).
6
•
CHASSEURS DE L’EST
L’équipe qui a mené
à bien cette opération
d’envergure.
DEUX MINUTES
POUR UN SANGLIER
Ils ont un véhicule tout terrain mais
sans trop de valeur, en cas de saisie,
avec des plaques d’immatriculation
masquées, un fusil à lunette muni
d’un modérateur de son, un phare
portatif, une radio CB et un scanner
pour écouter les conversations de la
garderie ; l’équipement complet
pour ces contrevenants. D’autant
que le jeu est facile dans des régions
comme l’est, où le gibier est abondant : le tireur fait son œuvre sans
même sortir de la voiture. Arrivé
dans une zone riche en gibier, il
allume le phare en direction des
animaux qui ne paissent parfois
qu’à une dizaine de mètres. Aveu-
glés, ceux-ci ne bougent pas pendant quelques secondes : le tir est
aisé. Il ne reste qu’à disparaître et
faire disparaître, l’opération ne dure
souvent pas plus de deux minutes.
Même les gardes le reconnaissent :
« Ils sont très bons. Ces individus sont
capables d’entrer dans un champ de
maïs de nuit et d’y déloger un sanglier.
Ce type de braconnier nous complique la tâche ».
L’AVIS DE PHILIPPE LAVIT,
DIRECTEUR DE
LA FÉDÉRATION
DES CHASSEURS DES VOSGES
Philippe Lavit explique qu’il s’agit
là de la troisième plus grosse affaire
de braconnage sur le plan national
• N° 115. JUILLET 2009
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VOSGES BRACONNAGE
ACONNIERS
Un important dispositif
a été déployé.
De gauche à droite, M. Sollevanti (délégué régional adjoint ONCFS), Mme Courtois, (substitut du procureur),
M. Mathieu (président FDC88) M. Marchal (procureur) M. Mollard (chef d’escadron de la gendarmerie Épinal)
M. Breton (responsable service antibraconnage FDC88) ; M. Clerc (chef du service départemental ONCFS),
M. Lavit (directeur FDC88) et M. Hitzel (directeur adjoint de la police ONCFS).
avec quelques particularités tant au
niveau des pratiques – quasi industrielles – de ces braconniers qui opèrent au sein d’un réseau structuré,
qu’au niveau des moyens qu’il a
fallu instaurer pour mettre un terme
à leurs agissements frauduleux. Cela
n’a été possible que grâce à la parfaite collaboration entre les différents services, initiée par le président Gérard Mathieu et M. le
procureur. Tout est parti d’un dossier conséquent, fruit du travail du
binôme fédération – ONCFS, qui a
été remis à la juge d’instruction au
parquet. Au vu de l’ampleur des
actes mis en évidence dans ce rapport, la juge d’instruction a pu donner une suite favorable et ainsi associer les méthodes d’enquêtes de la
gendarmerie, par commission rogatoire, dès décembre 2008.
« Cette opération a nécessité beaucoup
d’investissements personnels, félicitations à ceux qui y ont participé »,
précise le directeur avant de conclure : « Désormais, nous espérons que
l’instruction mènera à des sentences à
la hauteur des méfaits, mais ce n’est
plus de notre ressort. »
L’AVIS DE GÉRARD MATHIEU,
PRÉSIDENT DE LA FDC 88
« Braconner c’est voler. »
Comment tout a commencé ?
« Déjà en décembre 2007, j’avais
sensibilisé Albert Dupuy, ancien préfet, sur les problèmes liés au braconnage. Il avait su mobiliser les forces
de gendarmerie et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage pour s’informer des méthodes et
pratiques des braconniers et organiser des opérations de contrôles de
nuit. Je m’en félicite, car sans l’engagement des magistrats et de la gendarmerie et notamment de M. le
procureur, nous n’aurions jamais pu
monter cette opération. Il a fallu les
sensibiliser sur l’importance et le
volume que cela représentait car, au
début, personne n’avait de chiffres. Mais quatre mois d’écoute téléphonique révélant qu’au moins 85
animaux ont été prélevés dans ce laps
de temps constituent des données plutôt éloquentes.
C’était une famille de cinq braconniers qui œuvraient de génération en
génération, connus de tous, qui opéraient dans le canton de Rambervillers et ses environs. Jusqu’à ce jour,
quand ils étaient pris, c’était pour un
transport d’animal sans bracelet ou
pour l’éclairage de nuit ; avec les
moyens dont ont disposé les gendarmes, cette fois-ci, ça a été différent.
En tant que président de la FDC 88,
je suis content d’avoir pu sensibiliser
M. le procureur afin de mettre un
terme à l’activité de braconniers
notoires. Jusqu’ici, toutes nos tentatives pour mettre fin à ces actes
avaient été vaines. Ces braconniers
ont à leur disposition tout un arsenal
d’armes, de voitures avec GPS, de
phares, de pièges de toute nature, ce
qui les rend quasi imprenables,
d’autant plus qu’ils bénéficient de
complices. Certains continuent encore aujourd’hui à braconner, mais
nous sommes extrêmement vigilants.
Un succès comme celui-là motive tout
le monde, au même titre que les
joueurs d’une équipe de foot après
avoir remporté un match. Je tiens à
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• N° 115. JUILLET 2009 •
7
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REPORTAGE
Les saisies
de venaison.
37 armes ont été
prélevées lors
de cette opération.
remercier Denis Breton et son service
pour la bonne coordination avec
l’ONCFS. En effet, il est rare de
constater une aussi bonne entente
entre tous les services. Merci aussi à
tous ceux qui ont "tiré la charrue
dans le même sens" (personnel FDC,
ONCFS, gardes particuliers, gendarmes). Ce qui comptait avant tout,
c’était de garder confidentielle la date
de la perquisition où l’on allait intervenir sur cinq sites en même temps
afin d’éviter qu’un complice puisse
déménager les pièces à conviction
plus vite qu’il ne le faut pour le
dire.
Chose importante : les enquêtes sont
en cours et elles vont durer assez
longtemps, car il faut remonter les
réseaux, depuis les receleurs
jusqu’aux restaurateurs en passant
par les personnes qui écoulaient la
venaison. Les voitures ont été saisies.
Ils sont désormais sous contrôle judiciaire, c’est-à-dire qu’à partir de
vingt-deux heures, ils n’ont pas le
droit d’être hors de chez eux, et nous
y veillons particulièrement.
SERVICE ANTIBRACONNAGE
MENÉ PAR DENIS BRETON
Unique dans une fédération, un
service totalement consacré à la
lutte antibraconnage a été créé en
1998 sous l’impulsion de Gérard
Morel et de Daniel Voilquin.
Denis Breton, au départ le seul
agent, est aujourd’hui responsable
8
•
CHASSEURS DE L’EST
de ce service.
« Depuis 2005, nous avons quatre
agents de développement, employés
à plein-temps, qui n’hésitent pas à
s’investir à toute heure, que ce soit
de jour ou de nuit. Notre mission est
de rassembler les informations qui
nous parviennent par le biais des
chasseurs, mais aussi des promeneurs, des lieutenants de louveterie
et des gardes particuliers. Ces derniers ont une implication importante du fait de leur parfaite
connaissance des territoires sur lesquels ils sont assermentés. »
Les braconniers sont des personnes de terrain, parfois des bûcherons. Ce sont des personnes au
contact de la forêt, ils savent où
sont les meilleurs passages d’animaux, où les femelles viennent
mettre bas et où sont les meilleures coulées : ils connaissent par
cœur les us et les coutumes du
gibier. Nous avons affaire à des
gens connus et même avec une
certaine notoriété vis-à-vis des
autres habitants de leur village. Il
règne une ambiance malsaine :
tout le monde « sait mais ne dira
rien », par peur de représailles.
« Ils utilisent beaucoup le téléphone
portable, ce qui nous permet, lors des
écoutes, de récolter une foule de renseignements qu’il serait bien plus
difficile d’obtenir lors des auditions,
explique Denis Breton. Chaque
information délivrée constitue une
preuve à charge contre les braconniers. Nous en avons obtenu large-
L’OPÉRATION
EN CHIFFRES
L’opération a mobilisé 25 militaires de la
compagnie de gendarmerie d’Épinal, deux
techniciens en investigation criminelle de la
brigade départementale de renseignements
et d’investigations judiciaires (BDRIJ) d’Épinal,
les quatre agents de la fédération des chasseurs
des Vosges et 21 agents de l’ONCFS. Elle a
conduit à une importante saisie : 37 armes
de tout genre, certaines à canon scié, d’autres
munies de modérateur de son et de lunette
de visée, pour la plupart de calibre 22 Long Rifle
ou 222.
Au tableau des saisies s’ajoutent 50 trophées,
284 kg de viande (dont 15 kg de cuisses
de grenouille), tout le matériel de découpe,
2 365 € en numéraire, un véhicule tout terrain,
un utilitaire ainsi que des pièges et des phares
de recherche. Bref, tout l’attirail du parfait
braconnier…
La fédération des chasseurs de Vosges ne peut
qu’inciter les présidents de GIC, les sociétés
de chasse, les propriétaires, les adjudicataires
qui estiment avoir été victimes de préjudices
sur leur territoire, à se porter partie civile
et à réclamer des dommages et intérêts.
N’hésitez pas à contacter la fédération.
• N° 115. JUILLET 2009
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VOSGES BRACONNAGE
ment assez quant à leurs agissements et à leur "butin" de ces
derniers mois, ainsi que sur le réseau
et les acteurs en aval de la filière. »
Comment s’est déroulée l’opération « Saucisson 88 » du 21 avril
dernier ?
« Beaucoup de nos adhérents chasseurs nous reprochaient notre absence relative dans cette zone. Nous
avions en effet relâché la pression sur
ces individus, nous observions "de
loin". L’important était de récolter
A-Légende
des
informations et de les garder
secrètes jusqu’à la date de perquisition. S’ils avaient eu ne serait-ce
qu’un petit doute sur la présence
d’une personne hostile, les braconniers n’auraient pas hésité à laisser
sur place des animaux fraîchement
abattus avant de prendre la fuite. Le
jour J, lors du briefing qui précède la
perquisition, la carte a été examinée
avec soin. Pour les consignes de sécurité, le responsable de l’opération n’a
pas eu besoin d’insister : les agents
ont tous en tête des histoires de collègues blessés ou celle de ce garde
abattu il y a quelques années, alors
qu’il arrêtait un braconnier. « Ne
jamais oublier, note Alain Hitzel,
directeur adjoint de la police
ONCFS, que nous interpellons des
individus armés ». Le 21 avril der-
Les véhicules
des braconniers ont
également été saisis.
A-Légende
Les braconniers
pratiquaient de
l’élevage clandestin.
A-Légende
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Nous avons
réussi
à mettre
en place un
vrai dialogue
avec
l’ensemble
des acteurs
des plans
de chasse.
CÔTÉ LOI
La nouvelle disposition de
l’article L 428-5-1 du Code de
l’environnement de la loi du
23 février 2005 relative au
développement des territoires
ruraux permet au juge de
délivrer une commission
rogatoire contre X. Ce nouvel
article permet de classifier le
grand braconnage en un délit
passible de lourdes sanctions
pénales, 4 ans
d’emprisonnement ou
60 000 € d’amende et autorise
également la mise en pratique
de méthodes d’investigations
avec techniques modernes et
des moyens accrus.
nier, à 6 h 00 du matin, après des
mois d’enquête, de témoignages et de
preuves sur le terrain, "l’heure de la
délivrance avait sonné" avec le stress
que l’on peut ressentir sur une opération de cette envergure à interpeller, chez eux, cinq braconniers et à
l’endroit même où ils transforment
la viande en "saucisses" ».
◆ TEXTE PHILIPPE HOUILLON
PHOTOS COURTOISIE FDC 88
Chargement des saisies.
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• N° 115. JUILLET 2009 •
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ACTUALITÉS
en Lorraine
SHOPPING LIVRES
PL AN DE GESTION SANGLIER
« Les plantes
en Lorraine »
Ce qui va changer en 2009-2010
Médecine, traditions,
remèdes
LE PLAN DE GESTION SANGLIER A ÉTÉ ADOPTÉ PAR LES CHASSEURS VOSGIENS
LORS DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 26 AVRIL DERNIER. IL SE SUBSTITUE AU
PLAN DE CHASSE DÈS LA CAMPAGNE 2009-2010.
Par Patrick Marx
Élaboré au cours de plusieurs
années d’enquête sur le terrain
et de recherche dans les quatre
départements de la région lorraine,
cet ouvrage dresse un riche tableau
de la médecine populaire, comme elle
était pratiquée autrefois. La partie la
plus conséquente de l’album présente
pus de 100 plantes (ou remèdes),
avec toutes les informations relatives
à chaque
espèce.
c
De nombreux documents
anciens
et une centaine
an
de reproductions du
célèbre
herbier de la
cé
bibliothèque
municipale
bi
de
d Nancy font de
cette
publication
c
une
u véritable référence
en
e la matière. Prix de
l’Académie nationale
de Metz 2008.
192 pages 200 ddessins
i et photographies.
Prix : 29 euros. Éditions Place Stanislas
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« Lorraine – Étoiles
du sport »
Par Bertrand Munier
Ce livre a l’ambition
dde faire découvrir
ttous ces grands qui
oont porté très haut
du sport
ll’étendard
’
Il recense
llorrain.
o
nnos sportifs lorrains
qqui ont participé aux
compétitions
ddiverses
i
ffrançaises,
ra
européennes et
eu
mondiales. Football,
mo
athlétisme, handball, basket-ball,
natation, rugby, mais aussi tennis,
water-polo, karaté, etc. Un très
intéressant éphéméride du sport en
Lorraine de 1903 à nos jours termine
cet excellent inventaire pour tous les
sportifs pratiquants ou spectateurs.
349 pages. Format 26 x 33. Prix : 45 euros.
Éditions Serpenoise www.editions-serpenoise.fr
12
•
CHASSEURS DE L’EST
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Il devient impératif de remédier à l'évolution des populations de sanglier et des dégâts aux cultures.
C
e plan a été instauré
afin d’avoir une meilleure réactivité face à
l’évolution des populations
de sangliers et des dégâts
aux cultures, en concertation avec les différents
acteurs de l’équilibre agrocynégétique. Pour les détenteurs de droits de chasse, il
n’y aura aucune modification jusqu’à l’ouverture
générale, par rapport au
plan de chasse :
◆ critères de recevabilité
des demandes identiques ;
◆ demandes initiales sur
l’imprimé Cerfa de plan de
chasse ;
◆ demandes examinées lors
des deux premières commissions départementales (mai
pour les premières demandes
et septembre pour les
demandes tardives).
À partir de l’ouverture
générale, des demandes
d’attributions complémentaires pourront être faites à
l’aide de l’imprimé ci-contre. Toute demande devra
être revêtue de l’avis du
président de GIC du secteur concerné pour être
recevable. Elles seront examinées par la fédération des
chasseurs des Vosges
(FDCV) aux environs du
dix de chaque mois et les
résultats, accompagnés de la
facture, seront transmis par
courrier au détenteur de
plan de gestion. La FDCV
enverra les bracelets dans
les meilleurs délais sous
réserve d’avoir reçu le paiement correspondant à la
totalité des bracelets attribués. Les modalités de suivi
des réalisations restent
identiques à celles qui sont
pratiquées avec le plan de
chasse :
◆ baguage de chaque ani-
mal prélevé avec un bracelet d’identification non sexé
et sans appartenance à une
catégorie d’âge ou de
poids ;
◆ double déclaration à
l’aide des cartes T à retourner dans les 48 heures suivant le tir et dans le carnet
de prélèvement à renvoyer
avant le 10 mars 2010 à la
FDCV.
Les périodes de chasse sont
fixées par le préfet dans l’arrêté annuel d’ouverture et de
fermeture de la chasse.
Enfin, les populations de
sangliers étant très élevées
encore cette année et les
dégâts importants, nous
vous demandons de rester
très présents sur vos territoires pour poser et entretenir les clôtures et pour
réaliser au maximum vos
plans de gestion.
Bonne saison à tous.
• N° 115. JUILLET 2009
29/06/09 15:48:09
en Lorraine
« Coulisses
de nos campagnes »
Intime regard sur la nature
en Lorraine
ACTUALITÉS
SHOPPING LIVRES
Par Francis Nowicki et Olivier Dangles
Dans la peau du photographe, vous
vivrez les instants magiques de
rencontres avec une nature souvent
méconnue de notre belle Lorraine,
née de son passé industriel toujours
très présent dans l’esprit des Lorrains.
Usine de textile, mines de charbon
et industrie sidérurgique font l’histoire
de la région et c’est pourtant l’une
des plus sauvages et des plus
diversifiées de France. Elle abrite,
au cœur de ses massifs forestiers,
de ses zones humides et de ses côtes
calcaires, une faune et une flore
remarquables que l’artiste magnifie
à travers plus de 200 photographies.
L’imprimé de demande d’attribution complémentaire.
144 pages format 24 x 37. Prix : 39 euros.
Éditions Serpenoise www.editions-serpenoise.fr
NOUVEAUX CHASSEURS
Coup de pouce !
S
uite à l’arrêté du 6 mai 2009 fixant le montant des redevances cynégétiques, les nouveaux chasseurs bénéficieront
d’une réduction de moitié du montant de la redevance de référence ainsi que du timbre fédéral. Par « nouveau »,
il faut comprendre « ceux qui se sont vu délivrer leur permis de chasser après le 1er janvier 2009 ».
Ainsi, la valeur des redevances pour l’année 2009 pour les nouveaux chasseurs sera :
◆ redevance cynégétique nationale annuelle : 101,85 € ;
◆ redevance cynégétique nationale temporaire 9 jours : 60,90 € ;
◆ redevance cynégétique nationale temporaire 3 jours : 30,40 € ;
◆ redevance cynégétique départementale annuelle : 19,94 € ;
◆ redevance cynégétique départementale temporaire 9 jours : 12,08 € ;
◆ redevance cynégétique départementale temporaire 3 jours : 7,86 € ;
◆ vignette fédérale Vosges : 38,50 €.
En définitive, pour les nouveaux chasseurs qui souhaitent valider leur permis de chasser dans les Vosges cette année,
il ne leur en coûtera que 70,44 € (19,94 € + 38,50 € + 9 € de droit de timbre + 3 € de frais de dossier) au lieu de
128,89 €. Un bon de commande de la validation du permis de chasser spécifique sera donc adressé aux chasseurs
concernés.
◆ Philippe LAVIT
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ACTUALITÉS
dans votre région
DRAHTHAAR
TAN et confirmation
Le 29 août 2009 prochain, la ville de
Chavigny, située aux portes de Nancy,
accueillera sous l’égide du Drahthaar
Club de France, un test d’aptitudes naturelles (TAN). Cette épreuve est destinée
aux Deutsch Drahthaar inscrits au LOF
et âgés de 6 mois minimum à 36 mois
maximum. Le TAN a pour but de promouvoir à l’intérieur de l’élevage français, les
sujets qui réunissent les qualités de
chasseurs, propriétés que tous chiens
d’arrêt devraient posséder au minimum.
L’après-midi, une initiation au field avec
un juge SCC de travail sera proposée. Du
reste ; il sera également possible, lors de
cette occasion, de faire confirmer les
drahthaars inscrits au LOF. Nous espérons vous voir nombreux !
Pour tout renseignement, contact mail :
[email protected] ou 06 26 80 55 33
CARNET
Disparition
C’est avec tristesse que nous apprenons le décès de Jean-François
Schaefer. Âgé de 73 ans, et pharmacien de profession, il fut pendant
plusieurs années président du Syndicat des pharmaciens de Moselle.
Son autre passion était la chasse
qu’il exerçait depuis son plus jeune
âge. Il était également lieutenant
de louveterie depuis 1998 et membre de l’Association des chasseurs
de l’arrondissement de Metz-Ville
et Metz-Campagne. Impliqué dans
la vie association de la fédération
des chasseurs, il a durant de longues années été examinateur à
l’examen du permis de chasser.
Nous garderons de lui le souvenir
d’un homme de conviction, engagé
et toujours disponible. Toutes
nos condoléances à sa famille.
Jean François
Schaefer.
INDEMNISATION DES DÉGÂTS DE GIBIER
Au Luxembourg : un système original
CONTINUONS NOTRE ANALYSE DES MODES D’INDEMNISATION DES DÉGÂTS
DUS À LA FAUNE SAUVAGE EN EUROPE. APRÈS LA BELGIQUE ET L’ALLEMAGNE, NOUS NOUS RENDONS AU LUXEMBOURG. LE SYSTÈME EST HYBRIDE
AVEC UNE PARTICIPATION DE L’ÉTAT LUXEMBOURGEOIS, MAIS EN FINALITÉ
C’EST LE CHASSEUR QUI FINANCE DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT.
C
omme en Allemagne,
Alsace, Moselle ou dans
les départements à Acca,
c’est le principe de la location obligatoire du droit de
chasse qui est appliqué avec
son corollaire : l’obligation
pour le locataire de chasse
d’indemniser les dégâts causés par le gibier. Dans toutes
les communes luxembourgeoises, les propriétés non
bâties forment un district
de chasse. Les propriétaires
sont constitués en syndicat
de chasse (comme en Allemagne). Ce syndicat nomme
cinq syndics qui adjugent
tous les neuf ans le droit de
chasse à l’un des trois derniers candidats ayant participé à l’adjudication Le prix
de la location est perçu par
le syndicat et réparti entre
les propriétaires. En plus
du prix de location, l’adjudicataire supporte un droit
de 15 % pour financer les
dépenses syndicales.
LA PROCÉDURE
L’agriculteur qui subit un
dégât de gibier doit en informer le secrétaire du syndicat
de la commune concernée.
Celui-ci réunit les parties en
cause en vue d’un arrangement amiable. C’est le cas
le plus courant. Toutefois,
si aucun accord n’est possible, le secrétaire du syndicat
transmet le procès-verbal
d’estimation au juge de paix.
En cas de conflit, le juge désigne un expert. La répartition
du montant de l’indemnisation dépend de la nature
des dégâts. Seuls les dégâts
causés par les sangliers, les
L’administration des Eaux
et Forêts est partie prenante
dans la gestion des dégâts
au Luxembourg.
cerfs ou les mouflons, sont
pris en compte. En ce qui
concerne le financement, il
émane de deux sources. Un
dixième est payé par le syndicat de chasse de la commune concernée, les neuf
dixièmes restants sont à la
charge de l’adjudicataire du
droit de chasse chez qui ont
été constatés les dégâts. Mais
les chasseurs luxembourgeois
ont la chance de pouvoir se
faire rembourser la totalité
ou une partie des sommes
payées aux agriculteurs. En
effet, à l’issue de l’année
cynégétique, le financement
par l’adjudicataire peut être
pris en compte partiellement
par le fonds spécial pour l’indemnisation des dégâts de
gibier, à concurrence d’une
somme ne pouvant dépasser
un montant de quatre euros
par hectare. Ce fonds d’État
est alimenté par une taxe
supplémentaire sur le permis de chasser de 185 euros
pour un permis annuel. Il
y a donc, au Luxembourg
comme en France, une part
de mutualisation des dégâts.
L’obligation d’indemnisation, par le biais du permis,
concerne tous les chasseurs
luxembourgeois. Le titulaire du droit de chasse, en
matière de financement
des dégâts, prend en charge
15 % sur le prix du loyer
qui servent au financement
de la part incombée au syndicat (1/10) et le surplus
éventuel, au-delà des quatre euros par hectare et en
fonction de la superficie de
son lot. Par exemple pour
un lot de 400 hectares, le
fonds prendra en compte les
dégâts jusqu’à concurrence
de 1 600 euros. La participation de l’État au financement
des dégâts n’est pas courante
en Europe.
◆ CLAUDE PAUL
LES CHIFFRES CLÉS
Le dernier montant connu
des dégâts de sangliers
et cerfs date de 2004.
Il s’élève à environ
800 000 euros.
Il y a dix ans, le total
était de l’ordre de
200 000 euros, soit quatre
fois plus de dégâts
aujourd’hui. Le tableau
de chasse sangliers est
de 5 481 pour la saison
2007/2008. Il était de
542 en 1970, soit dix fois
moins ! On compte 2 000
chasseurs luxembourgeois.
Compte tenu de la
population du pays, cela
représente une densité
d’un chasseur pour
250 habitants (à titre
de comparaison, la France
compte un chasseur
pour 49 habitants et la
Belgique un pour 520).
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