L`obésité... pas une mince affaire

Transcription

L`obésité... pas une mince affaire
Le
SpécialistE
Le magazine de la Fédération des médecins spécialistes du Québec
Vol. 13 no 3 ­| Septembre 2011
L’obésité...
pas une mince affaire
3
recommandations Voir texte p. 40
Traitement du
trouble déficitaire
de l’attention avec
hyperactivité
Nombre d’ordonnances exécutées par les pharmacies communautaires au Canada
2010, par groupe d’âges, comparaison Québec - Canada
500 000
Volume de prescriptions (brutes)
450 000
400 000
350 000
300 000
250 000
200 000
150 000
100 000
50 000
Québec
Reste du Canada
0-5
6-9
10 - 15
16 - 19
20 - 25
26 et plus
2 090
58 280
112 638
111 140
466 005
442 132
165 136
192 944
50 337
111 607
172 123
448 553
Âge des patients
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Sommaire
Le Spécialiste est publié quatre fois par année
par la Fédération des médecins spécialistes du Québec.
COMITÉ ÉDITORIAL
Dr Bernard Bissonnette
Dr Raynald Ferland
Dr Paul Perrotte
Me Sylvain Bellavance
Nicole Pelletier, ARP, directrice
Patricia Kéroack, conseillère
en communication
Éditrice déléguée
Nicole Pelletier, ARP
Responsable de l’édition
Patricia Kéroack
RÉVISION
Angèle L’Heureux
ASSISTANTE de
production
Geneviève Roberge
Graphisme
Dominic Armand
TRADUCTION
Anne Trindall
Annette Grimaïla
PUBLICITÉ
France Cadieux
7
Le Mot du président
impression
Impart Litho
Mobilisation, constance et transparence
8
In memoriam
Dr Yves Dugré
TIRAGE
13 700 exemplaires
Pour nous joindre
RÉDACTION Téléphone : 514 350-5021
Télécopieur : 514 350-5175
Courriel : [email protected]
Publicité
Téléphone : 514 350-5274
Télécopieur : 514 350-5175
Courriel : [email protected]
www.magazinelespecialiste.com
9
Négo 2010
11 Actualités
15 En manchettes
19 Dossier
Fédération des médecins
spécialistes du Québec
2, Complexe Desjardins, porte 3000
C.P. 216, succ. Desjardins
Montréal (Québec) H5B 1G8
Téléphone : 514 350-5000
Le
POSTE-PUBLICATION
Contrat de vente 40063082
L’obésité...
pas une mince affaire DÉPÔT LÉGAL
3e trimestre 2011
Bibliothèque nationale du Québec
ISSN 1206-2081
• Pas de solutions
miracles, mais...
CCAB audite les envois faits aux médecins spé­cia­­listes et
résidents, soit pour un total de 11 115 copies (juin 2011).
La FMSQ distribue aussi plus de 1 000 copies aux
chercheurs, titulaires des Facultés de médecine du Québec, aux gestionnaires
des agences, des établissements et du réseau de la santé au Québec.
L’obésité...
pas une mince affaire
26
3
recommandations
Voir texte p. 40
• Si on s’y mettait vraiment... 32
35 Les grands noms de
Les articles portant signature n’engagent que leur auteur. Tous droits réservés.
Le contenu ne peut être reproduit sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec regroupe les spécialités
suivantes : allergie et immuno­logie ; anesthésiologie ; biochimie médicale ;
cardiologie ; chirurgie cardio-vasculaire et thoracique ; chirurgie ; chirurgie
plastique et esthétique ; derma­tologie ; endocrinologie ; gastro-entérologie ;
génétique ; gériatrie ; hématologie et oncologie ; médecine d’urgence ;
médecine interne ; médecine nucléaire ; microbiologie infectiologie ;
néphrologie ; neurochirurgie ; neurologie ; obstétrique-gynéco­logie ; ophta­l­­­­
mologie ; orthopédie ; oto-rhino-laryngologie et chirurgie cervico-faciale ;
pathologie ; pédiatrie ; physiatrie ; pneumologie ; psychiatrie ; radiologie ; radiooncologie ; rhuma­tologie ; santé communautaire et urologie.
Vol. 13 no 3 | Septembre 2011
20
• Taxer la malbouffe :
pourquoi pas ?
Toutes les annonces de produits pharmaceutiques sur ordonnance ont été
approuvées par le Conseil consultatif de publicité pharmaceutique.
SpéciaLiSte
Le magazine de La Fédération des médecins spéciaListes du Québec
la médecine au Québec
r Paul Khairy, cardiologue
D
36 Développement
professionnel continu
39 Financière des
professionnels
Les annonceurs de cette édition :
• IMS Brogan
• La Personnelle
• RBC Banque Royale
• Financière des professionnels
• ASSS du Bas-Saint-Laurent
• CSSS Maria-Chapdelaine
• Club Voyages Berri
• Productions Diverso
• Groupe Conseil Multi-D
• Sogemec Assurances
• Services aux médecins MD
2
3
4
6
8
15
17
17
18
40
43
40 Sogemec assurances
42 Word from the president
eadiness, Steadfastness and Transparency
­­­R
44 Services aux membres
A vantages commerciaux
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 5
*
* Membre - Fonds canadien de protection des épargnants
Le Mot du président
Dr Gaétan Barrette
Mobilisation, constance
et transparence
N
ous vous présentons ici les grandes lignes de l’entente
que nous venons de conclure avec le gouvernement.
Vous pouvez en être fiers, car elle répond à vos
aspirations tout en mettant de l’avant la place et l’importance
de la médecine spécialisée au Québec. Mais d’abord, un petit
retour en arrière...
En 2006, la FMSQ a pris un virage majeur. Nous avons osé
et continué de parler « rémunération » et nous nous sommes
mobilisés comme jamais auparavant. La crainte au sortir de
la médiation de 2007 ? Que vous vous apaisiez et reveniez à
« avant ». Ce ne fut pas le cas. C’était clair lors des Commissions
des présidents et des Assemblées des délégués. Ce le fut aussi
quand les représentants de l’État ont « testé » le terrain durant
la dernière négociation ; ils le font toujours et c’est de bonne
guerre. Un résultat sans équivoque : vous étiez prêts. Nous
aussi. Fallait, pour eux, éviter un déclenchement. Fallait, pour
nous, doser. Ceci a créé une dynamique de style « guerre froide »
entre nous et l’État quant à notre négociation propre avec,
en accessoire, le débat de nos collègues omnipraticiens, fort
utile d’ailleurs. Nous avons eu une chance : nos interlocuteurs
ont été la présidente du Conseil du Trésor et son secrétaire,
M. Denys Jean. Il faut insister sur le rapport que nous avons
eu avec Mme Courchesne, rapport basé sur la transparence et
une approche directe.
On nous attendait avec le couteau entre les dents. C’était une
erreur. En négos, il faut en être capable, mais aussi de l’opposé,
ce que nous avons démontré. Dans les deux cas, je ne le
répéterai jamais assez, il faut pouvoir s’appuyer sur une forte
mobilisation, toujours prête à s’exprimer. Je l’ai dit en 2003 lors
de la fameuse réunion du Stade olympique : on ne discute pas
du pouvoir, on l’exerce ! La balle ne doit pas être simplement
dans votre camp, elle doit vous appartenir. Il faut aussi avoir
un discours cohérent et inattaquable. Constatons-le ! À ce jour,
jamais n’a-t-on pu défaire le discours public de la FMSQ et
nous concluons notre négociation sans l’ombre d’un moyen de
pression ! Pas mal ! Heureusement, nous ne comptons aucun
François-Pierre Gladu parmi nos membres. Auteur de nombreux
textes qui me visaient personnellement ou volontairement
biaisés lorsque vient le temps de parler de chiffres, notamment
dans Santé Inc., il aura été jusqu’à faire une campagne contre
sa propre organisation et a même affirmé, dans Cyberpresse
le 21 août dernier, que les médecins de famille avaient été
forcés d’accepter leur entente sous la menace d’une loi
spéciale ! Croyez-moi, quand il y a une loi spéciale dans l’air,
ça se sait. Un conseil, ne vous attardez jamais aux propos de
François‑Pierre Gladu. Mieux, écrivez donc à l’AMC, propriétaire
de Santé Inc., pour qu’on le remplace.
Le virage de 2007 aura été aussi d’un autre ordre, celui d’un
nouveau principe de distribution des sommes résultantes de
ces deux séquences de négociations. Un principe, en fait un
engagement, de réduire les écarts entre le revenu moyen de
toutes les spécialités, et ce, d’ici 2016. Je me souviens de la
tournée des régions faite en 2007 pour expliquer l’entente
d’alors. Dans notre présentation, nous annoncions même
l’objectif à viser lors de la présente négociation en fonction de
diverses hypothèses quant à l’évolution de la rémunération
canadienne. En fait, ça aura conditionné toute notre approche.
Sur ce plan, nous avons atteint notre objectif. Encore une fois
grâce à vous. Vous comprendrez qu’une mauvaise négociation
aurait rendu plus difficile, mais pas impossible, d’y arriver.
Donc, en additionnant le résultat des deux négociations depuis
2006, je crois que nous sommes en mesure de respecter
globalement notre engagement sur le plan des écarts de revenus
entre les spécialités. Mais voilà un sujet qui soulèvera sans doute
encore beaucoup de passion... Ceux et celles qui ont vécu
l’épisode de 2007 s’en rappellent. Ceux et celles qui arrivent
aujourd’hui s’en souviendront aussi plus tard. Un fait demeure :
nous avons promis constance et transparence, des critères et
paramètres concrets plutôt que vagues et subjectifs. C’est ce que
nous avons livré jusqu’ici et ce que nous entendons poursuivre.
Cet engagement nous obligera à un « passage ». La prochaine
distribution sera celle qui aura le maximum d’impact quant aux
écarts de rémunération. Et qui dit diminution des écarts, dit
distribution asymétrique. Grande distribution veut possiblement
dire grande asymétrie. Mais toujours dans la transparence et
l’objectivité. Vous comprendrez qu’après la liesse entourant
la conclusion de cette entente s’en suivra une période plus
laborieuse de débats internes dont nous devons sortir encore
plus forts et plus déterminés que jamais en vue de la prochaine
ronde de négociations qui débutera… fin 2014 !!!
2011 conclura ainsi une démarche débutée en 2003 sous la
présidence du docteur Yves Dugré, qui vient de nous quitter, dont
nous saluons la contribution dans cette édition. Comme vous le
constatez, votre Fédération vit à un rythme infernal depuis cinq
ans et non seulement ça n’arrête pas, mais ça continuera de plus
belle en 2014. Il n’en tiendra toujours qu’à vous de nous pousser
à maintenir ce rythme. C’est votre devoir de le faire.
Je ne peux terminer cet éditorial sans prendre le temps de
remercier l’équipe de direction et tout le personnel de la
Fédération pour leur esprit de corps dans cette période, car,
croyez-moi, toutes et tous ont eu à contribuer au-delà de
l’habituel et l’ont fait avec passion et dévouement. Mille mercis !
Syndicalement vôtre !
S
L
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 7
In memoriam
Décès du Dr Yves Dugré
Dr Yves Dugré, 5e président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ)
s’est éteint le 29 juillet dernier, à l’âge de 70 ans, à la suite d’un accident vasculaire cérébral.
Natif de Pointe-du-Lac en Mauricie, Dr Dugré a
des professionnels (aujourd’hui la Financière
effectué ses études universitaires à Québec où
des professionnels) où il a été administrateur
il a obtenu son doctorat en médecine et, par la
à compter de 1991, président du conseil
suite, sa certification en oto-rhino-laryngologie
d’administration de 1997 à 2008 et membre du
comité d’examen indépendant depuis 2006.
de l’Université de Montréal en 1972. Tout
en exerçant sa profession à Trois-Rivières,
« Au nom de tout le personnel, des médecins
Dr Dugré a constamment été impliqué au sein
spécialistes membres du conseil d’administration
de diverses instances médico-professionnelles,
et au nom de tous les membres de la FMSQ,
faisant ainsi bénéficier ses collègues de son
je réitère mes plus sincères condoléances à
expertise. Il a été président de l’Association
la famille du Dr Dugré. Je me souviendrai de
d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervicol’implication constante et immuable de Dr Dugré
faciale du Québec de 1987 à 1989. Par la suite,
quant à l’amélioration de tous les aspects
il a occupé différents postes électifs au sein du
touchant la pratique médicale des médecins
Dr Yves Dugré
conseil d’administration de la Fédération, ayant
spécialistes du Québec. Cette implication,
été respectivement conseiller et vice-président
pleine et entière, aura été un exemple. Il faut
e
entre 1991 et 2001 pour ensuite devenir le 5 président de la
aussi
nous
rappeler
que, derrière toutes ces fonctions, il y a un
FMSQ, de 2001 à 2006. Au cours de cette période, il a été
homme dont nous tenons ici à saluer la dignité, et une famille qu’il
administrateur de Sogemec Assurances et membre du conseil
aimait profondément », a tenu à souligner Dr Gaétan Barrette.
d’administration de la Régie d’assurance maladie du Québec.
Dr Dugré a aussi été très impliqué au sein du Groupe Fonds
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L
8 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
Négo 2010
Par Me Sylvain Bellavance
Directeur, Affaires juridiques
Une époque bientôt révolue ?
La FMSQ et le MSSS viennent de conclure une nouvelle entente pour le renouvellement
de l’accord-cadre pour la période du 1er avril 2010 au 31 mars 2015. La négociation de
cette entente s’est concentrée autour de deux objectifs principaux, soit l’amélioration
du réseau de la santé et l’atteinte d’une rémunération concurrentielle pour les médecins
spécialistes québécois.
Les résultats de cette entente, conjugués avec ceux obtenus
au cours des années précédentes, devraient nous permettre de
déclarer enfin, au cours de l’année 2015, que la rémunération
des médecins spécialistes québécois s’avère désormais
concurrentielle à celle des autres médecins spécialistes
canadiens. L’époque où les médecins spécialistes québécois
étaient traités comme des médecins de second rang et où
leurs conditions de rémunération faisaient en sorte de favoriser
l’exode et la pénurie des médecins spécialistes devrait alors
être bel et bien révolue.
Avant d’examiner plus en détail les éléments de l’entente intervenue
récemment, il importe de rappeler succinctement les grandes
étapes du chemin parcouru au cours des dernières années.
Le coup de départ de 2002 – Bien que les comparaisons
de rémunération avec les autres provinces canadiennes aient
déjà été évoquées dans le cadre des négociations antérieures,
ce n’est véritablement qu’en 2002 que la Fédération en a fait
un cheval de bataille important dans le cadre des négociations
du renouvellement de l’entente. Les négociations de 2002
ont été ardues et ont donné lieu à un conflit important avec
le gouvernement concernant le respect de l’autonomie des
médecins spécialistes et l’amélioration de leurs conditions
de pratique. Ces négociations ont néanmoins permis de
consacrer, pour la première fois, le principe de la mise en place
d’une rémunération adéquate pour les médecins spécialistes
québécois. L’entente conclue en février 2003 prévoyait en effet :
„„L’octroi
d’un premier redressement de rémunération ;
„„La
mise en place d’un comité d’étude ayant pour objectif
d’évaluer l’ampleur des écarts de rémunération ;
„„L’engagement
du gouvernement à corriger les écarts reconnus
par les parties afin d’assurer et de maintenir un niveau de
rémunération concurrentiel visant à permettre la rétention et
le recrutement des médecins spécialistes nécessaires au bon
fonctionnement du système de santé.
L’entente de 2006 – La négociation de cette entente faisait suite
aux travaux du comité d’étude sur la rémunération, lesquels se
sont échelonnés sur une période de plus d’un an. Nonobstant la
résistance des représentants du gouvernement, le constat était
clair : la rémunération des médecins spécialistes québécois
était d’environ 50 % inférieure à celle de leurs collègues des
autres provinces canadiennes ! Les négociations de 2006 ont
donc porté sur le respect de l’engagement du gouvernement
d’assurer une rémunération concurrentielle pour les médecins.
Ces négociations auront à nouveau donné lieu à un conflit
important avec le gouvernement qui reniait cet engagement. Au
terme de celles-ci, et à la suite de la mobilisation de l’ensemble
des médecins spécialistes, la Fédération obtenait finalement, en
décembre 2006, une entente qui prévoyait :
„„Le
renouvellement de l’engagement du gouvernement à
corriger les écarts de rémunération reconnus afin d’assurer et
de maintenir un niveau de rémunération concurrentiel pour les
médecins spécialistes québécois ;
„„Un
redressement important de la rémunération des médecins
spécialistes, échelonné sur les années 2008 à 2013 ;
„„L’octroi
d’une enveloppe de 144 M$ allouée à la mise en place
de diverses mesures ciblées dont la rémunération de la garde
et de l’enseignement ;
„„La
mise en place d’un processus de médiation et, le cas
échéant, d’arbitrage afin de conclure sur l’ampleur des
écarts de rémunération des médecins spécialistes et du
redressement à effectuer.
La médiation de 2007 – Celle-ci s’est déroulée sur une
période de huit mois et constitue un autre jalon important dans
la mise en place de conditions de pratique et de rémunération
satisfaisantes pour les médecins spécialistes québécois.
La médiation de 2007 a, en effet, permis de conclure une
entente prévoyant :
„„Le
constat que les écarts de rémunération étaient de l’ordre de
50 à 55 % au 1er avril 2007 ;
„„L’octroi
d’un autre effort de redressement de la rémunération
des médecins spécialistes qui, avec le redressement conclu
l’année précédente, s’échelonne sur la période de 2008
à 2016 ;
„„L’octroi
d’une enveloppe de 240 M$ afin de favoriser
l’accessibilité, les conditions de pratique et l’organisation
des soins.
L’entente de 2011 – Bien que les ententes de 2006 et 2007
prévoient un calendrier de redressement qui s’échelonne
jusqu’à l’année 2016, l’accord-cadre des médecins spécialistes
prenait fin le 31 mars 2010 et le renouvellement de l’entente
devait être conclu pour la période débutant le 1er avril 2010.
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 9
Négo 2010 (suite)
De nouveau, la Fédération a abordé ces négociations avec
l’objectif, d’une part, de continuer à renforcer le réseau de la
santé et, d’autre part, d’assurer le maintien de l’objectif de
rémunération auquel s’était engagé le gouvernement par les
ententes antérieures. Il faut rappeler que les redressements
octroyés de 2008 à 2016 visent à corriger l’écart de
rémunération constaté au 1er avril 2007. Or, comme il avait été
indiqué à l’ensemble des médecins spécialistes, cette nouvelle
ronde de négociation était cruciale afin de ne pas perdre les
gains acquis lors des ententes antérieures et de s’assurer de
maintenir l’objectif de rémunération fixé pour 2015.
Ces négociations, les premières en 10 ans qui n’ont pas
engendré de conflit important, ont permis à la Fédération et
au MSSS d’atteindre les résultats escomptés tant au niveau
du renforcement du réseau de la santé que du maintien de
l’objectif de rémunération.
Quant au premier objectif, une nouvelle enveloppe de 251 M$
sera consacrée au cours des six prochaines années pour
permettre la mise en place de mesures ciblées qui visent à
favoriser la qualité et l’accessibilité aux services médicaux
spécialisés et à renforcer l’efficience du réseau de la santé. Cet
investissement sera réparti selon l’échéancier suivant :
„„20 M$
en 2011-2012
„„50 M$
en 2014-2015
„„30 M$
en 2012-2013
„„87 M$
en 2015-2016
„„40 M$
en 2013-2014
„„24 M$
en 2016-2017
Les mesures ciblées par les parties concernent notamment le
vieillissement de la population, la prévention et la gestion des
maladies chroniques, la lutte contre le cancer, la réduction
des délais d’attente, le soutien aux médecins de famille, les
soins intensifs, la télémédecine, les conditions de pratique en
anatomopathologie, l’instauration d’un programme de maintien
et de développement des connaissances pour l’ensemble des
médecins spécialistes, la coordination clinique des transferts
urgents vers les centres tertiaires de néonatalogie et d’obstétrique,
la garde en disponibilité, les activités de prélèvements et de
dons d’organes, les activités médico-administratives, la santé
mentale, la reconnaissance de l’expertise des médecins au
niveau de la gouvernance et de la performance du réseau, etc.
En ce qui a trait à la rémunération, l’entente de 2011 prévoit des
augmentations de près de 400 M$ au cours des années 2010
à 2015. Ces investissements, conjugués avec l’enveloppe de
mesures ciblées de 251 M$, devraient permettre aux médecins
spécialistes québécois de progresser au même rythme que
leurs confrères des autres provinces. Toutefois, puisque nous
ne connaissons pas d’emblée l’ensemble des investissements
qui seront effectués dans chacune des autres provinces
canadiennes au cours de la même période, il importe de
demeurer vigilants afin de s’en assurer. À cette fin, la Fédération
et le MSSS ont convenu de mettre sur pied un nouveau comité
ayant pour mandat de suivre périodiquement l’évolution de
l’écart entre la rémunération des médecins spécialistes du
Québec et celle de l’ensemble des médecins spécialistes
des autres provinces canadiennes. À la lumière des travaux
du comité, les parties entreprendront des discussions afin de
maintenir une rémunération concurrentielle et attractive.
10 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
En plus de ces mesures, l’entente de 2011 prévoit divers autres
investissements dont :
„„Un
redressement annuel de 2 % de l’enveloppe budgétaire
afin de permettre la rémunération des nouveaux médecins
spécialistes qui exercent dans le régime d’assurance maladie
et de tenir compte des effets de la croissance de la population
et de son vieillissement ;
„„Une
augmentation de 5,5 M$ afin de financer les hausses du
coût de l’assurance responsabilité professionnelle ;
„„Une
enveloppe de 4 M$ afin de mettre en place un programme
de congé de maternité et d’adoption ;
„„Un
redressement de l’enveloppe afin de tenir compte
d’un dépassement antérieur attribuable à une plus grande
productivité des médecins spécialistes.
Qui plus est, l’entente de 2011 aborde le dossier des plans
d’effectifs médicaux et celui du financement des cliniques
médicales. À cet effet, le ministre de la Santé reconnaît d’abord
le rôle primordial de la Fédération au niveau de l’exercice
de planification annuelle des effectifs médicaux. Il convient
également d’entamer des travaux concernant le financement
des cliniques médicales.
l’entente conclue (...) devrait assurer le
respect des objectifs fixés dès le départ
par la Fédération, et ce, tant au niveau
du renforcement du réseau de la santé
que de la rémunération.
Comme on peut le constater, l’entente conclue est des plus
favorables et devrait assurer le respect des objectifs fixés dès le
départ par la Fédération, et ce, tant au niveau du renforcement
du réseau de la santé que de la rémunération. L’effet des
ententes antérieures et de celle intervenue en 2011 devrait
nous permettre de constater, en 2015, que la rémunération des
médecins spécialistes québécois est désormais concurrentielle
avec celle de leurs confrères des autres provinces canadiennes.
Nous pourrons réellement affirmer le début d’une nouvelle
époque qui permettra non seulement de reconnaître la juste
valeur des médecins spécialistes québécois, mais également
de favoriser le recrutement et la rétention des effectifs médicaux
nécessaires pour la population québécoise.
D’ici là, beaucoup de travail demeure à être accompli. À
compter de maintenant, en plus de procéder à la répartition des
augmentations au sein des différentes associations, il importera
de développer et d’instaurer progressivement l’ensemble
des mesures d’accessibilité identifiées. Qui plus est, nous
devrons entreprendre des travaux importants au niveau de la
comparaison interprovinciale afin d’assurer le suivi de l’évolution
des écarts de rémunération et d’assurer l’atteinte de l’objectif
fixé pour 2015. Demeurons vigilants.
S
L
Actualités
La FMSQ primée à cinq reprises
La FMSQ, par son équipe des Affaires publiques et des Communications, a été récompensée
lors de trois concours professionnels pour des campagnes de communication tant externes
qu’interne effectuées pendant l’année 2010.
Prix d’excellence 2011 de la Société canadienne des
relations publiques
Prix STRAT 2010 de l’Association des professionnels en
communication et en marketing
La campagne de communication interne « Le grand village
gaulois » a obtenu un Prix d’excellence OR, la plus haute
distinction dans la catégorie des communications internes
au Canada.
Plus tôt, ce printemps, la FMSQ a également obtenu un certificat
d’excellence pour sa campagne « L’expertise a un prix » dans la
catégorie Impact.
La campagne « L’expertise a un prix » a, quant à elle,
obtenu un Prix d’excellence ARGENT dans la catégorie des
communications externes : relations gouvernementales.
Prix d’excellence 2011 de la Société québécoise
des professionnels en relations publiques
« Ces reconnaissances s’ajoutent à celles obtenues au cours des
dernières années et soulignent la qualité de nos interventions et de
leur exécution. Je suis particulièrement fier de ces prix, car la très
grande majorité de ces campagnes ont été produites à l’interne,
de la planification et l’idéation à l’exécution » a indiqué le Dr Gaétan
Barrette, président de la FMSQ.
La campagne « La FMSQ s’invite à
la Rencontre économique 2010 » a
obtenu un Prix d’excellence OR dans
la catégorie Outils de communication.
La campagne de communication
interne « Le grand village gaulois » a
obtenu un Prix d’excellence ARGENT
dans la catégorie Programme interne
de relations publiques.
Lancement de la Chaire de recherche
en oncologie ORL Dr Azar | Angélil
La première chaire de recherche québécoise en oncologie ORL
a été lancée le 16 août dernier. M. René Angélil a accepté de
prêter son nom aux côtés de celui qui fut, pendant 30 ans, le
chef et pilier du service d’oto-rhino-laryngologie (ORL) du CHUMHôpital Saint-Luc, Dr Antoine Azar, décédé en mai 2010. Cette
chaire de l’Université de Montréal veut améliorer les traitements
pour combattre et guérir les cancers ORL ; son titulaire est le
Dr Apostolos Christopoulos, ORL et chirurgien cervico-facial.
Ce projet a vu le jour grâce à la détermination des équipes médicales
concernées affiliées à l’Université de Montréal. Fait exceptionnel,
en plus d’avoir soutenu financièrement pendant deux ans leur
collègue, le Dr Christopoulos, afin qu’il puisse se consacrer à la
recherche, les médecins ont tenu à renouveler cet engagement. Ils
ont déjà personnellement amassé quelque 200 000 $ pour soutenir
les travaux de la Chaire qui souhaite recueillir 3 millions de dollars
pour lancer les travaux de recherche. Aujourd’hui, près de la moitié
de cette somme a déjà été amassée.
Offrir aux Québécois les meilleurs traitements du monde
« J’ai été impressionné par la solidarité et la détermination de
l’équipe médicale. Ce groupe exceptionnel veut développer ici, au
Québec, les meilleurs traitements avec la plus récente technologie
qui soit disponible au monde », a souligné René Angélil. De son
côté, Dr Barrette a ajouté : « Le Québec peut s’enorgueillir d’avoir
des soins de médecine spécialisée de grande qualité et la recherche
médicale est une composante essentielle à la dispensation de
tels soins. »
Dr Gaétan Barrette, président de la FMSQ, entouré de l’équipe médicale du
CHUM traitant les cancers ORL.
S
L
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 11
Actualités
Association des neurologues du Québec
50 ans déjà !
Pour son 50e anniversaire de création, l’Association des neurologues du Québec a commandé un livre
retraçant les débuts de la neurologie au Québec ainsi que ses développements cliniques, scientifiques
et professionnels. Le Spécialiste a fait appel à l’auteur du livre pour présenter son ouvrage.
L’histoire de la neurologie au Québec se divise en deux
périodes : la première est surtout marquée par l’implantation
de la neuropsychiatrie durant la première moitié du 20e siècle,
alors que la deuxième, de 1960 à aujourd’hui, marque les
développements remarquables de la neurologie moderne
qui est alors devenue une discipline autonome.
De fait, jusqu’aux années 1960, l’approche neuropsychia­
trique demeure dominante au Québec francophone. En
milieu anglophone, la démarcation entre la neurologie et
la psychiatrie est plus nette en raison de la forte influence
exercée par l’Institut neurologique de Montréal et par son
directeur, le Dr Wilder Penfield. Les Drs Herbert Jasper et
Francis McNaugton jouent aussi un rôle majeur : le premier
est le père de l’électroencéphalographie alors que le second
contribue à développer la pratique et la recherche cliniques.
Du côté francophone, les Drs Antonio Barbeau, Jean
Saucier et Roma Amyot sont aussi de grands pionniers.
Parmi ces précurseurs, il y a aussi le parcours mystérieux
de la Dre Marthe Pelland qui est non seulement la première
francophone admise à l’étude de la médecine, mais aussi la
première neurologue du Québec qui a pratiqué brièvement à
l’Hôpital Saint-Luc.
Presque tous issus de l’École clinique française, même
si le modèle américain exerce un certain attrait, et donc
formés dans la tradition neuropsychiatrique européenne,
ces pionniers de la neurologie québécoise francophone,
contrairement à leurs collègues de McGill, ont une nette
tendance à privilégier la psychiatrie dans leurs activités
cliniques. Certes, l’Institut neurologique de Montréal a-t-il
exercé une influence chez cette première cohorte, mais pas
au point de leur faire renier le modèle français. Si, comme
le souligne le Dr Amyot, « vers les années 1950, les deux
spécialités se séparèrent et furent homologuées distinctement
par les institutions en autorité1 », il demeure que les activités
cliniques étaient partagées entre la neurologie et la psychiatrie
au détriment de la première. Certains ont même annoncé
la disparition de la neurologie comme discipline autonome
tant la neuropsychiatrie prenait de l’ascendant. C’est le cas
du Dr Saucier qui mentionne, en 1953, que la neurologie,
partagée entre la neurochirurgie et la psychiatrie, constitue
le maillon faible du secteur des maladies nerveuses et que
1R. Amyot, « Les sciences neurologiques au Canada français. Bref aperçu
de l’évolution depuis 1913, texte dactylographié, s.d., 6.
12 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
le neurologue « fait déjà fonction de parasite par rapport
aux neurochirurgiens » alors que « la cote du psychiatre est
à la hausse2 ». Mais il se montre mauvais prophète lorsqu’il
annonce la disparition prochaine de la neurologie, car les
choses allaient bientôt changer et une nouvelle génération
de pionniers, formés pour la plupart dans les grandes écoles
américaines, adoptera un profil essentiellement axé sur les
sciences neurologiques.
La rupture est alors définitivement consommée et ceux-ci
posent, dans les années 1960, les bases de l’établissement
en milieu universitaire et hospitalier de spécialités distinctes
en neurologie et en psychiatrie. Quant à leurs collègues
anglophones qui bénéficient du rayonnement croissant de
l’Institut neurologique et de son fondateur, ils poursuivent
l’immense travail amorcé et contribuent à faire de la neurologie
l’un des grands fleurons de la médecine québécoise. À partir
de là, de nouveaux acteurs — cliniciens, chercheurs,
professeurs — favorisent l’essor remarquable de la neurologie
au sein des grands hôpitaux québécois. Cette effervescence
est le résultat du travail acharné d’une seconde cohorte de
neurologues — Guy Courtois, Dan Boghen, André Barbeau,
Mihai Ioan Botez, Normand Giard, Jean-Marc Saint-Hilaire,
Yves Duchastel, Claude Bélanger, Jean-Pierre Bouchard,
Rémi Bouchard, James Preston Rob, Frederick Andermann,
Pierre Gloor, Georges Karpati, Jean Reiher et plusieurs
autres — qui implantent d’intenses activités de recherche et
mettent en place des cadres structurés d’enseignement dans
les trois facultés de médecine. Les programmes de recherche
en neurosciences mis sur pied par les Prs Cordeau, Poirier,
Sourkes et autres, dans les années 1960, jouent aussi un
rôle important dans cet essor. À souligner aussi, le formidable
dynamisme des recherches cliniques et fondamentales en
neurologie dans le sillage de la grande tradition inaugurée
lors de l’ouverture de l’Institut neurologique de Montréal.
Désormais, les pratiques cliniques subissent de profondes
transformations et on voit apparaître, à partir des années
1970, de nouveaux secteurs surspécialisés liés à une
technique, telle que l’électromyographie, à une maladie
neurologique (épilepsie, Parkinson, sclérose en plaques,
Alzheimer…), à un groupe de patients, la neuropédiatrie, ou
encore à une approche spécifique, la neurogénétique.
2J. Saucier cité par G. Rémillard, Les premiers pas de la neurologie
au Québec, conférence dans le cadre du 25e anniversaire de l’ANQ,
25 octobre 1986, 34.
Actualités (suite)

Denis Goulet
La parole au président de l’Association
des neurologues du Québec
Dr Girard, quels ont été, selon vous, les faits
marquants dans le développement de la neurologie
depuis les 50 dernières années ?
La neurologie est une spécialité fascinante, car elle
s’intéresse au système qui définit chacun d’entre
nous dans notre individualité, soit le système
nerveux. Lorsque l’on fait le choix d’une carrière
en neurosciences, nous nous engageons dans une
aventure avançant à grande vitesse grâce à l’apport
constant de la recherche.
Denis Goulet
Histoire de la neurologie au Québec
Histoire de la neurologie
au Québec
Le neurologue est donc passé d’un rôle plutôt
initialement contemplatif à une pratique beaucoup Dr J. Marc Girard
plus active grâce à l’arrivée d’un grand nombre
de traitements, fruit des progrès de la recherche
fondamentale. Nous pouvons maintenant offrir à nos patients des
thérapies malheureusement pas toujours curatives, mais suffisamment
efficaces pour améliorer leur condition.
Le Québec a joué, au cours des dernières décennies, un rôle important
dans le développement des neurosciences à l’échelle internationale.
La fondation de l’Institut neurologique de Montréal en 1932 par le
neurochirurgien Wilder Penfield et son concept novateur à l’époque de
travail interdisciplinaire ont été à la base de ces succès non seulement
en neurologie, mais aussi en neurochirurgie, en neuroradiologie et en
sciences fondamentales. Des médecins québécois ont ainsi vu leur
travail reconnu internationalement dans les domaines de l’épilepsie, de
la maladie de Parkinson, des maladies neuromusculaires, de la sclérose
en plaques et de la maladie d’Alzheimer. La relève est par ailleurs
assurée et notre contribution internationale se poursuit toujours.
CARTE BLANCHE
B
Comment entrevoyez-vous l’avenir de la neurologie ?
17/08/11 10:36 AM
Les années 1960 et 1970 sont aussi marquées par de grands
bouleversements dans le domaine de la santé : assurance
hospitalisation, assurance maladie, création des CLSC...
C’est dans ce contexte que sont créées, dans les années
1960, les deux grandes fédérations médicales, la FMOQ
et la FMSQ. Si cette dernière prend une forme fédérative,
c’est qu’il y a déjà quelques spécialistes regroupés en
association. Dès 1961, les neurologues décident d’opter
pour un regroupement syndical et professionnel et mettent
sur pied l’Association des neurologistes, neuropsychiatres
et électroencéphalographistes de la province de Québec
qui deviendra l’Association des neurologues du Québec. Or,
parmi les membres fondateurs, il y a le Dr Raymond Robillard
qui mettra sur pied, quelques années plus tard, la FMSQ.
Rien d’étonnant donc que ses collègues neurologues aient
été parmi les premiers à joindre les rangs de la Fédération.
Bref, cet ouvrage de synthèse, qui sera lancé en septembre
2011 dans le cadre des festivités entourant cet anniversaire,
illustre le formidable dynamisme de la neurologie au Québec.
Denis Goulet
Le développement de l’hygiène publique, l’arrivée des antibiotiques
et les améliorations de la santé cardiovasculaire apportées par la
prévention et le traitement sont parmi les principales raisons qui ont
permis l’amélioration de notre espérance de vie. Par contre, nous
sommes maintenant confrontés de plus en plus aux conséquences de
ces succès soit le vieillissement de la population et la gestion de la
maladie chronique.
Comme neurologues, nous nous sentons interpellés par ces deux
nouveaux défis. L’arrivée de la génération des baby-boomers à l’âge
de la retraite entraînera une augmentation épidémique des maladies
neurologiques liées au vieillissement telles que la maladie de Parkinson
et la démence. La recherche de solutions pour prévenir et traiter ces
maladies et notre obligation comme société de redéfinir la façon d’offrir
les services à notre population vieillissante sont des aspects où nous
désirons, comme spécialité, jouer un rôle actif.
En terminant, on ne peut passer sous silence la position de choix que
pourrait occuper le Québec dans la compréhension à venir de plusieurs
maladies neurologiques. Comme la population francophone vivant
en Amérique est issue d’un nombre limité de colons français, mais
avec une très forte descendance, elle représente un groupe de choix
pour l’étude de la contribution héréditaire aux maladies à cause de
son homogénéité génétique. Nous avons, dans les dernières années,
développé au Québec une expertise extraordinaire en neurogénétique,
ayant permis l’identification de nouvelles maladies. Grâce à cette
expertise, nos neurogénéticiens québécois ont, au cours de la
dernière année, publié des travaux importants sur la compréhension
de la génétique dans la migraine et la schizophrénie. À mon avis, ceci
pourrait être le début d’une grande contribution du Québec au futur de
la neurologie.
S
L
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 13
Suivi de l’actualité
Construction des futurs CHU
Depuis septembre 2010, nous poursuivons notre suivi photographique de l’avancement des travaux
de construction des futurs centres hospitaliers universitaires qui sont actuellement en chantier au
Québec. Comme une photo vaut mille mots, quelle meilleure façon de suivre ce dossier !
À ce jour, le nouveau Centre universitaire de santé McGill devrait ouvrir ses portes à l’automne 2014
tandis que l’ouverture du CHUM est prévue pour 2018.
CHUM
Photo prise le 26 août 2011
Avancement du Centre de recherche
CUSM
Photo prise le 17 août 2011
S
L
14 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
En manchettes
Prix et distinctions
Prix GENESIS
Six médecins spécialistes ont été nommés au sein de l’Ordre
national du Québec. Depuis 1985, chaque année, l’Ordre
national du Québec est remis par le premier ministre à des
personnalités d’exception qui ont marqué le Québec, que ce soit
par leurs réalisations ou leur rayonnement. Les récipiendaires
de l’Ordre national du Québec obtiennent un grade de chevalier
(C.Q.), d’officier (O.Q.) ou de grand officier (G.O.Q.).
Deux médecins spécialistes ont été honorés lors de la remise
des prix GENESIS présentés par BIOQuébec, le réseau
québécois des bio-industries et des sciences de la vie.
Dr Alain Beaudet, C.Q.,
spécialiste des
neurosciences et
président des Instituts
de recherche en santé
du Canada
Dre Margaret Becklake,
G.O.Q., pneumologue et
spécialiste en médecine
communautaire
Dr Pierre Daloze, C.Q.,
chirurgien général
Dr Jean-Claude Tardif, cardiologue, directeur
du Centre de recherche de l’Institut de Cardio­
logie de Montréal, professeur de médecine à
l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire
de recherche Pfizer en athérosclérose de
l’Université de Montréal, a reçu le prix BRIO
pour sa contribution significative au dévelop­
pement des sciences de la vie.
Crédit : CHU Sainte-Justine
Crédit : François Nadeau
Ordre national du Québec
r Guy Rouleau, neurogénéticien, directeur du
D
Centre de recherche du CHU Sainte‑Justine,
professeur titulaire de médecine à l’Université
de Montréal et titulaire de la Chaire de
recherche du Canada en génétique du
système nerveux, a reçu le prix Biotechnologie
de demain. Ce prix est remis à un individu ou
à une entreprise qui a eu un impact significatif
sur l’utilisation potentielle de la génomique
dans le système de santé ou dans le
développement d’une économie durable.
Prix Leadership – médecin
Dr Gilles Julien, O.Q.,
pédiatre
Dr Claude Laberge, O.Q.,
pédiatre
Dr Michel Maziade, C.Q.,
psychiatre
Prix de l’ANQ
Le prix ANQ 2011 a été décerné au
Dr Jean‑Pierre Bouchard pour souligner son
travail de pionnier dans le développement de
la neurogénétique, son action pour consolider
la neurologie au Québec ainsi que sa carrière
qui continue, encore aujourd’hui, d’inspirer
de nombreux neurologues québécois.
Le 13 mai dernier, Dr Guy Tremblay, chef du
Département de pédopsychiatrie du Centre
hospitalier universitaire de Québec, a reçu le
Prix Leadership, remis à un médecin pour la
mise en place de projets novateurs. Ce prix lui
a été remis lors de la 4e édition des Prix de
l’Association québécoise d’établissements de
santé et de services sociaux. Dr Tremblay a
également reçu un prix coup de cœur du jury pour
son impressionnant parcours et son dévouement auprès des enfants
et des adolescents aux prises avec des difficultés en santé mentale.
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Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 15
En manchettes (suite)
Prix de l’ASCPEQ
L’Association des spécialistes en chirurgie
plastique et esthétique du Québec a remis le
prix Reconnaissance de carrière (Life Time
Achievement) à Dr Harvey C. Brown.
Après 42 ans de pratique, ce médecin est
toujours actif auprès de ses patients et
contribue à l’enseignement et à la chirurgie
de la reconstruction.
Nouvelles parutions
1966 • 2006
40 ans d’importantes réalisations
L’Association des obstétriciens et gyné­co­­
logues du Québec a souligné le 40e anni­
versaire de sa fondation en publiant le livresouvenir 1966 • 2006 : 40 ans d’impor­
tantes réalisa­
tions. Ce livre retrace les
grands moments de l’histoire de
l’Association, ses présidents, adminis­
tra­teurs et présidents de comités.
Première femme doyenne d’une faculté de médecine
Pour la première fois dans l’histoire des
facultés de médecine du Québec, une femme
a été dési­
gnée pour occuper le poste de
doyenne à la Faculté de médecine de
l’Université de Montréal. Dre Hélène Boisjoly,
ophtal­mo­­logiste, est spécialiste de la transplan­­
tation de la cornée, chercheure, professeure
titulaire et gestionnaire de fonds destinés à la
recherche en ophtalmologie.
Temple de la renommée médicale canadienne
Crédit : ICM – Techniques audiovisuelles
onsidéré comme le pionnier de la cardiologie
C
au Québec, feu Dr Paul David, fondateur
de l’Institut de Cardiologie de Montréal, a été
intronisé au Temple de la renommée médicale
canadienne pour sa contribution exceptionnelle
à la pratique de la médecine et pour son
attachement à la santé et au bien-être de la
population. Il joint ainsi le rang des 82 lauréats
qui, avant lui, se sont illustrés en recevant
cette distinction nationale prestigieuse.
Suivi médical et déficience intellectuelle
Les personnes vivant avec une déficience
intellectuelle présentent souvent plus de
problèmes de santé physique et mentale que
la population en général. À cause de leurs
difficultés de communication et de compré­
hension, il est souvent plus difficile de diagnos­
tiquer leurs problèmes de santé. Cet ouvrage,
écrit par trois médecins dont le psychiatre
Robert Labine, veut informer les médecins et
autres professionnels de la santé sur la
pratique médicale exemplaire à adopter en fonction des
particularités de ces individus et préciser les lignes directrices
pour assurer la promotion de la santé et la prévention des
problématiques médicales.
Erratum
Errare humanum est ! Dans l’édition de juin 2011, à la
page 14, les photos des Drs Dominique Màrton et Jacques
Boisvert ont malheureusement été inversées.
!
Docteurs : importante mise en garde
Des membres ont communiqué avec la FMSQ après avoir été sollicités par courrier par la compagnie
The American Medical Directory (AMD) dont les coordonnées d’affaires sont à Lisbonne. Selon les informations
publiées sur son site Internet, cette compagnie offre une base de données aux personnes qui sont à la
recherche d’un médecin ou d’un autre professionnel de la santé.
Dans sa correspondance, AMD laisse entendre aux médecins qu’ils doivent vérifier si leurs données de base se
trouvant dans une première section d’un formulaire joint sont conformes. La correspondance mentionne que
le médecin peut publier des informations complémentaires en remplissant la deuxième section du formulaire,
laquelle sera considérée comme une commande payante. Ce n’est qu’à la fin du formulaire qu’il est indiqué
que cette commande aura une durée de 36 mois et que des frais de 1 421 $ par an seront facturés. De plus,
on y lit que cette commande sera automatiquement prolongée d’un an si elle n’est pas résiliée au moins trois
(3) mois avant la fin de la période contractuelle en cours.
Les médecins ayant communiqué avec nous à ce sujet n’ont jamais transmis d’informations les concernant
à AMD, ni sollicité ses services. Ce message vise donc à vous inviter à la vigilance. Il importe que
vous soyez conscients que des frais vous seront facturés dans les conditions précédemment
mentionnées si vous remplissez le formulaire. Si vous ne désirez pas obtenir les services de cette
compagnie, nous vous invitons à ne pas donner suite à cette correspondance.
16 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
En manchettes (suite)
Le 6e Tournoi de golf des fédérations médicales
au profit de la Fondation du Programme d’aide aux médecins du Québec
La 6e édition du Tournoi de golf des fédérations médicales au profit du Programme d’aide aux médecins du Québec
a permis d’amasser la somme de 140 000 $. À l’instar des éditions précédentes, l’édition 2011 affichait complet quelques
semaines avant la tenue de l’événement. La prochaine édition est déjà en préparation, notez immédiatement la date à votre
agenda : 23 juillet 2012. Le Programme d’aide aux médecins du Québec vient en aide de façon entièrement confidentielle à tous les médecins,
résidents et étudiants en médecine qui éprouvent des difficultés personnelles (dépendances, épuisement, stress, etc.).
La FMSQ est un important bailleur de fonds de l’organisme : en 2010, la Fédération a versé au PAMQ un montant de 370 000 $
pour soutenir ses actions auprès de la communauté médicale.
Merci à nos commanditaires
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RÉFÉRENCES UTILES
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L’obésité...
DOSSIER
pas une mince affaire L’obésité...
pas une mince affaire
Si tout semble avoir été dit, publié et défendu à propos de l’obésité, la situation se détériore chaque année.
On connaît déjà les impacts de l’obésité sur : la santé (diabète de type 2, hypertension, cancers, hypercholestérolémie,
etc.), le comportement social (atteintes psychologiques, stigmatisation sociale, réduction du bien-être personnel et de
l’estime de soi, etc.), la situation financière (frais médicaux, perte de revenus et autres), pour ne nommer que ceux-ci.
Au cours des dernières décennies, plusieurs chercheurs et penseurs se sont penchés sur la question de l’obésité
et, depuis, bon nombre d’idées ont été proposées pour réduire, voire contrer cette problématique de santé
publique. Partout dans le monde, on constate une augmentation des actions de promotion de saines habitudes de
vie. Comment expliquer alors, qu’à intervalle régulier, les statistiques viennent assombrir la situation et démontrer
l’inefficacité de ces programmes et activités mis en place à grands frais ?
À quoi, à qui imputer la culpabilité ? À notre mode de vie de plus en plus sédentaire ? Au stress ? À l’industrie
alimentaire ? À toutes ces réponses ? Comment s’en sortir ?
Dans ce dossier thématique, l’équipe du magazine a choisi « d’alimenter » la réflexion et de voir comment les
médecins spécialistes, indépendamment de leur spécialité médicale, pourraient intégrer une lutte contre l’obésité
dans leur pratique quotidienne, un patient à la fois. Ayant déjà traité des cibles métaboliques, nous avons voulu,
cette fois, présenter un dossier qui soit avant tout porteur d’éléments de discussion... que vous pourrez poursuivre
avec vos patients, entre collègues et même avec nous, car nous aimerions savoir quelle serait votre solution pour
freiner l’épidémie d’obésité ([email protected]).
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 19
Propos recueillis et texte par Patricia Kéroack
L’obésité
Pas de solutions miracles, mais...
Le Spécialiste a lancé une invitation à quelques médecins spécialistes choisis selon leur pratique médicale
principale ; des médecins de différentes spécialités médicales traitant des clientèles variées (pédiatrique,
adulte, etc.), intéressés à mettre en commun leur expertise et surtout d’échanger et de trouver des idées
novatrices auprès de leurs confrères et consœurs. Voici un condensé de l’échange entre les participants.
Des outils, des idées, des réflexions, des inquiétudes et des suggestions donnés lors de cette table ronde.
Les programmes de lutte
et de prévention…
« Il est très difficile d’évaluer les programmes d’intervention qu’ils
soient à court, moyen ou long terme parce que l’obésité est
extrêmement complexe ; les facteurs à considérer sont multiples.
Depuis 25 ans, la prévalence de l’obésité a doublé, certains
pays crient déjà à la pandémie. Plus du quart des Canadiens est
obèse ; certains groupes d’âge sont carrément problématiques.
« L’INESSS doit publier sous peu un Guide de pratique clinique sur
le traitement de l’obésité pédiatrique pour donner aux médecins les
ressources qui manquent.
« Il faut en outre différencier les interventions faites auprès des
collectivités de celles faites auprès des individus. Des chercheurs
ont démontré, par modélisation mathématique, que si tous les
gens étaient placés sur un dénominateur commun tenant compte
du niveau économique, social, environnemental, de l’âge, du sexe
et de la scolarité, collectivement, tous seraient plus minces. Une
multitude d’hypothèses pourrait expliquer ces résultats, comme
l’accessibilité à la nourriture, la scolarité, l’environnement, etc. »
Bâtir une société plus saine…
« On est au b-a-ba de la création d’environnements favorables. En
santé publique, notre travail est de convaincre des municipalités
de devenir plus « marchables », et ce, pour favoriser la marche
vers l’épicerie et autres commerces légers plutôt que de prendre
la voiture. L’éducation individuelle n’est plus suffisante, il faut agir
à plusieurs niveaux. On peut dire aux gens qu’il est important de
bien manger, mais savent-ils comment faire et ont-ils les moyens
de se procurer ces aliments ? Si une personne doit faire 10 km
pour trouver une pomme fraîche et que le dépanneur local peut
lui offrir une variété complète de tablettes de chocolat, quel
sera son choix ? On a beau marteler des messages santé, si
l’environnement physique joue contre lui, ça ne sert à rien !
« Il y a la problématique liée au continuum de créer des environ­
nements favorables. Ce qui est bon pour les jeunes l’est aussi
pour les adultes, obèses ou non. L’intervention clinique doit
aussi s’attacher à ce continuum. Tant qu’on restera dans nos
tours d’ivoire, les problèmes perdureront. »
20 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011


Les participants à notre table ronde
Dr Jean-Luc Bigras, cardiologue au CHU Sainte-Justine
Dr Bigras s’intéresse depuis quelques années à
l’obésité, car, dans sa pratique clinique, elle est un
facteur de risque pour les patients atteints d’une maladie
cardiovasculaire. Il codirige le Centre CIRCUIT, un
centre de prévention qui offre aux familles qui ont un enfant présentant
un risque de maladie cardiovasculaire des stratégies d’intervention
personnalisées pour améliorer et optimiser leur santé.
Dre Yun Jen, médecin spécialiste en santé
communautaire, INSPQ
Dre Jen s’intéresse principalement à l’approche popu­­
la­­tionnelle dans la prévention de l’obésité. Les facteurs
environnementaux (environnements alimentaire,
phy­si­­que, social, culturel, etc.) font partie des éléments
qui sont surveillés par l’équipe dont elle fait partie. Elle s’intéresse
à l’observation du poids et à son évolution depuis les 20 dernières
années. Elle participe en outre à une étude qui veut évaluer l’impact
de l’obésité sur la santé des enfants et des adultes, sur l’espérance de
vie, sur les maladies chroniques, sur l’estime de soi, etc.
Dre Marie Lambert, généticienne pédiatrique au
CHU Sainte‑Justine
Dre Lambert manifeste un intérêt particulier pour les
maladies métaboliques et c’est de là qu’est venue
son implication dans les dyslipidémies héréditaires et
risques cardiovasculaires chez l’enfant. Elle dirige la
clinique des lipides au CHU Sainte-Justine. Depuis 2005, elle participe à
l’étude de la cohorte QUALITY (www.etudequalitystudy.ca) pour évaluer
l’histoire naturelle de la surcharge pondérale et de ses complications
métaboliques chez les enfants. Dre Lambert est également codirectrice
avec le Dr Jean-Luc Bigras du Centre CIRCUIT, un projet d’intervention
et de prévention en réadaptation cardiovasculaire.
L’obésité...
pas une mince affaire Le rôle des intervenants et le dépistage…
« Si on pouvait changer quelque chose rapidement, ce serait
d’augmenter le niveau de vigilance de tous les intervenants,
que ce soit à l’école, au service de garde ou dans un cabinet
médical. Nous devons revenir à la base dans nos interventions.
Les professionnels de la santé doivent augmenter leur niveau
d’attention pour identifier rapidement les familles et les contextes
obésogènes. Souvent, la perception des parents n’est pas
toujours la bonne. Il faut que ceux-ci réalisent qu’il y a une
problématique et qu’elle doit être prise en charge ; en étant plus
attentifs, ils pourraient participer au dépistage et changer les
habitudes de vie de la famille entière et de leurs enfants dès le
jeune âge, bien avant qu’il ne soit trop tard ! En tant que médecins
spécialistes, nous devons soutenir davantage les médecins de
Dre Linda Pinsonneault, médecin spécialiste en
santé communautaire, INESSS
Dre Pinsonneault s’intéresse aussi à l’approche
populationnelle, mais son mandat est d’élaborer un
guide de pratique pour le traitement (en première et
deuxième ligne) de l’obésité chez les enfants, basé
tant sur une approche participative que sur les données probantes.
Dr Farouk Radwan, biochimiste médical au CHUM et
directeur scientifique du regroupement des
Cliniques médicales de nutrition et de perte de poids
Dr Radwan, dans son travail clinique, travaille en équipe
avec des nutritionnistes et kinésiologues pour modifier
les comportements alimentaires des individus. Selon
lui, l’approche multidisciplinaire est primordiale pour assurer aux
patients de maximiser les chances de maintenir leur poids à long
terme, le plus difficile puisque l’obésité est une pathologie chronique
et doit être traitée sur une période dite de long terme.
Dre Élisabeth Rousseau, pédiatre au CHU
Sainte‑Justine (propos recueillis hors rencontre)
Dre Élisabeth Rousseau est pédiatre au CHU SainteJustine. Sa pratique médicale touche de près à
l’alimentation chez les enfants, d’où son intérêt pour
la thématique. Dre Rousseau nous a accordé une
entrevue avant la table ronde des experts. Ses propos ont été intégrés
dans le texte.
Dre Judith Simoneau-Roy, endocrinologue
pédiatrique au CHUS (participation par téléphone)
D Simoneau-Roy s’intéresse aux pathologies endo­­
cri­­niennes endogènes. Elle travaille au sein d’une
clinique d’obésité pédiatrique et de syndrome
métabolique, une clinique qui ne cesse de prendre de
l’expansion, tant le nombre de cas augmente. Elle a participé à l’étude
de l’enseignement et à la prise en charge de l’obésité en première ligne
dans les GMF.
re
première ligne et les organismes communautaires pour que
tout le monde soit plus alerte face à l’obésité. Il faut croire plus
à la prévention qu’au traitement. Il faut persister et donner les
outils nécessaires pour intervenir correctement, surtout pour les
populations limites ou dites de transition.
« Le corps médical participe malheureusement au problème et
nous devons le reconnaître. Nous n’avons pas étudié ou obtenu
les outils nécessaires pour affronter ce problème adéquatement.
L’obésité n’est pas juste une situation : elle est une pathologie
médicale chronique et elle doit être traitée au même titre que le
diabète ou l’hypertension. Le fait de perdre 25 ou 30 livres ne
changera rien tant que la rééducation du patient ne sera pas
complète. Le patient qui retourne chez lui quand tout est fini restera
un obèse, car on n’a pas encore trouvé de remède à l’obésité.
« Nous devons augmenter notre degré d’interventionnisme :
plusieurs comités de pairs ont émis des recommandations
cliniques claires et les médecins, qu’ils soient de première,
deuxième ou troisième ligne, doivent connaître ces recomman­
dations dont plusieurs sont mises de l’avant par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS). À titre d’exemple, combien
de médecins connaissent bien les différences entre la diète
hypocalorique (la plus connue, celle que les nutritionnistes
donnent dans la majorité des cas), la Low-calorie diet (LCD), la
Very-low calorie diet (VLCD) et la diète protéinée ? Il existe de
grandes différences entre ces diètes et les médecins doivent les
connaître. Une diète n’est pas un traitement contre l’obésité,
c’est un pas pour perdre du poids, un premier pas dans un long
processus vers une guérison. « Une surcharge pondérale n’est pas la même d’un individu
à l’autre. On doit commencer à mesurer systématiquement
chaque individu et faire son profil de complications avec les cibles
métaboliques et facteurs de risque (dyslipidémies, hypertension,
etc.) afin de l’aiguiller correctement vers les bonnes ressources.
Une bonne connaissance par le médecin du profil du patient
influencera l’approche clinique, sa prise en charge et celle de sa
famille. Dans une enquête de santé faite en 1999, on avait évalué
que 30 % des sujets présentaient une complication (deux facteurs
de risque ou plus, que ce soit l’APOB, les C-RP, les lipides,
etc.) comparativement à 3 % chez ceux ne présentant pas de
surcharge pondérale. Ce qui était tout aussi remarquable dans
l’étude était que 30 % des sujets avec une surcharge pondérale
ne présentaient aucun des facteurs de risque cardiovasculaires.
Rien ne dit qu’une telle personne ne développera jamais de
complications, surtout chez l’adulte.
« Les dernières courbes de l’OMS et les anciennes courbes de
l’IMC sont encore très peu utilisées ou interprétées dans les GMF.
Quand un médecin utilise les courbes pour démontrer au patient
l’état de la situation, un grand pas vers la santé est fait. Il faut
donc que tous les médecins intègrent cette habitude pendant
leur consultation, quelle que soit leur spécialité médicale. Il ne
faut pas attendre que le patient se retrouve en centre tertiaire et
qu’il soit trop tard. Il faut commencer dès que possible, dans les
examens routiniers ou urgents. » Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 21
Un travail d’équipe...
« On parle beaucoup du médecin, mais la clé du succès c’est
l’équipe multidisciplinaire. C’est avec l’appui de l’équipe que
le médecin pourra traiter correctement parce qu’un médecin
ne peut pas connaître toutes les subtilités des diètes. L’équipe
est là pour travailler de concert avec lui. Le médecin bénéficie
de l’apport de l’équipe pour motiver le patient. Ce n’est pas au
médecin de tout faire, au contraire, s’il devient très compétent
dans ce champ d’activité, il ne pourra rien faire d’autre, faute de
temps. Malheureusement, ces équipes multidisciplinaires sont
très rares.
« Les CLSC devraient tous offrir ce genre de structure, du moins
pour la clientèle pédiatrique. Au Québec, il n’y aurait que trois
CLSC qui ont une nutritionniste qui ne voit que des enfants
obèses, c’est trop peu. Les CLSC s’intéressent à la petite
enfance et aux nourrissons (0 à 2 ans). Après, les ressources se
raréfient ou sont carrément inexistantes. À partir de ce moment,
les gens doivent débourser pour des ressources nutritionnelles
de première ligne en consultation privée. Beaucoup de pression
est faite sur le MSSS pour rectifier les choses…
« Ces ressources doivent être disponibles pour les médecins et
les communautés, mais elles doivent avant tout découler d’une
décision ministérielle. Le Ministère doit prendre la décision d’agir
contre l’obésité et accorder les moyens nécessaires pour que les
ressources soient disponibles sur le terrain. Malheureusement,
ce qui joue encore contre une stratégie de lutte contre l’obésité
est le manque d’outils et de moyens pour évaluer les succès.
Quand le Ministère a décidé d’autoriser les pompes à insuline
chez la clientèle pédiatrique, il connaissait les données et
pouvait ainsi évaluer les retombées. En ce qui a trait à l’obésité,
les mesures de succès sont très difficiles à établir à cause de
la notion de long terme. Que doit-on évaluer, la perte de poids
seule ou le poids qui aurait pu être pris et qui ne l’a pas été ?
Et comment évaluer l’acquisition et l’intégration des nouvelles
habitudes alimentaires ? »
La rééducation de la personne obèse…
« Le directeur de la recherche en cardiologie de l’Hôpital Laval,
Dr Jean-Pierre Després, a récemment émis le souhait que
les 23 000 patients qui se font soigner à ce centre hospitalier
puissent, pendant un an, rencontrer et bénéficier gratuitement
des services de nutritionnistes et de kinésiologues pour améliorer
leurs habitudes de vie et ainsi participer à leur retour à la santé1.
C’est un très bon projet d’étude, mais est-ce applicable à tous
les centres hospitaliers du Québec ? Ce sera à voir. Un petit
bémol, cependant, c’est qu’il faut attendre que les gens entrent
à l’hôpital pour avoir droit à ces services. Une grande partie de la
population obèse n’est pas malade ou ne semble pas présenter
de conditions nécessitant une visite médicale et cette population
est tout aussi vulnérable. »
1Pelchat P. Nutrition et exercice physique pour tous les patients. Le Soleil,
14 juin 2011.
22 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
Influences sociétales…
« Il n’y a pas que les conséquences métaboliques de l’obésité
chez l’enfant, il y a aussi les conséquences psychologiques et
sociales. Des études ont démontré que ces jeunes réussissent
moins bien à l’école, certains décrochent plus tôt. Il y a tout
un manque pour eux et pour la société, lié à des phénomènes
psychosociaux, pas à des phénomènes physiques, mais qui
sont lourds de conséquences sur leur avenir. On sait qu’un
décrocheur aura une moins bonne santé dans le futur. L’obésité,
c’est plus que juste des marqueurs cardiométaboliques.
« Dans notre équipe, on a cette préoccupation des effets
secondaires de notre lutte contre l’obésité, de la préoccupation
excessive du poids qu’on crée chez les jeunes, les adolescents et
les femmes. On craint que ce phénomène prenne trop d’ampleur.
« C’est là une question de société avec toutes les images
projetées de corps parfaits, les campagnes de mode avec des
mannequins filiformes ou à la beauté retouchée et les autres
images qui démontrent ce qu’on juge idéal. C’est un problème et
DÉCOUVREZ COMMENT
on doit y porter attention.
VOS ASSURANCES
« Il y a une augmentation générale des troubles alimentaires.
POURRAIENT
C’est en partie le reflet
de notre société,ÉVOLUER
mais est-ce un effet
miroir de l’obésité ? » AU MÊME RYTHME
QUE VOTRE STYLE DE VIE
ET VOS BESOINS.
L’enfant obèse et sa famille…
« Il y a beaucoup d’enseignement à faire. Les gens obèses et
leur famille ont besoin de soutien dans leur démarche. On ne
peut pas accompagner toutes les familles, mais on peut leur
démontrer que les ressources existent bel et bien et qu’elles
sont disponibles pour eux.
« Lorsque la famille
vientENconsulter
pour :un problème
POUR
SAVOIR PLUS
spécifique de santé, 1il faut
que
le
médecin
800 361-5303 spécialiste établisse
le diagnostic en prenant soin d’inclure celui d’embonpoint ou
514 350-5070 / 418 990-3946
d’obésité. La majorité des parents sous-estime ou ignore ce
problème et, in extenso, ses conséquences sur la santé. Tous
Par courriel
ou Internet
les médecins spécialistes
devraient
nommer: le problème et
[email protected]
voir à ce que le patient
et sa famille améliorent leurs habitudes
www.sogemec.qc.ca
de vie. La santé publique
doit poursuivre, en ce sens, ses
activités de prévention et d’éducation.
« Contrairement à l’adulte, chez l’enfant, le tour de taille
n’ajoute pas beaucoup à l’évaluation par l’indice de masse
corporelle (IMC). La corrélation entre le tour de taille et l’IMC
est au-delà de 0,9. Chez l’adulte, le calcul du tour de taille
ajoute beaucoup à l’évaluation. Il n’est pas dit de ne pas en
tenir compte, mais ce n’est pas un marqueur important.
« Qu’on parle d’un adulte ou d’un enfant, c’est toujours
une intervention familiale qui est faite, car, à l’intérieur d’une
maison, on partage les mêmes habitudes, qu’elles soient
bonnes ou mauvaises ! »
SOGEMEC ASSURANCES
filiale de la
POUR TOUS VOS
BESOINS D’ASSURANCES
Réapprendre
la base…
Grâce au
SERVICE PRÉFÉRENCE
« Notre mode de vie a beaucoup changé depuis les 25 dernières
années. Tout s’est accéléré à une vitesse folle. On doit préconiser
une sorte de retour en arrière, avec, par exemple, le retour des
cours d’économie familiale où, dans le temps, on apprenait les
bases de la cuisine, du budget et de la saine alimentation.
SOGEMEC ASSURANCES
AVEC
VOUSde jeunes qui ne sait
« OnÉVOLUE
rencontre aujourd’hui
une génération
même pas que les aliments peuvent être cuisinés à la maison. Ils
connaissent seulement les aliments préparés ou surgelés. Les
nutritionnistes
demandent
de revenir
à la base et ça ne leur dit
Qu’il s’agisse
d’assurance
professionnelle
rien.ou
Onpersonnelle
doit souvent les
référer
à des centres
communautaires
(vie,
invalidité,
auto, habitation),
où on
donne des
cours de de
cuisine.
le yservice
Préférence
Sogemec Assurances
sait répondre à toutes vos attentes.
« On a dépassé le « je n’ai pas le temps » pour arriver à « je ne sais
pas comment ». C’est un cercle vicieux.
« C’est aussi une question de classe économique. [Ils] savent
comment faire cuire des saucisses et ouvrir des boîtes de
conserve. On est loin de pouvoir leur faire comprendre les
informations nutritionnelles. Et, malheureusement, les gens peu
fortunés utilisent moins les ressources qui, pourtant, leur sont
accessibles. Est-ce une question de temps ou de manque
d’intérêt ? La difficulté actuelle de cuisiner transcende les niveaux
socio-économiques. Les raisons sont différentes d’un niveau à
un autre. Et il y a toute la question du « soi ». Être obligé de passer
par-dessus la honte d’aller à la cuisine collective.
« C’est toute une histoire de société devenue isolée. Les jeunes
sont pris par leur Internet, ils mangent devant la télévision. Ils ne
jouent plus ensemble physiquement, mais ensemble en ligne. Il
y a même une grande isolation intrafamiliale. Il y a tout un travail
de fond à faire ici, c’est devenu un grand problème de société. »
L’influence des TIC…
« Les technologies de l’information et des communications sont
en partie responsables de l’augmentation de la sédentarité chez
les jeunes. Et on est encore au stade du développement de tous
ces jeux. Qui sait où on sera rendu dans quelques années ? Si
rien n’est fait, on pense que les choses ne pourront qu’aller en
se dégradant.
« Par contre, les études nous démontrent qu’il y a une certaine
stabilisation des cas d’obésité depuis les dernières années.
Certes, le nombre de cas a doublé ou triplé depuis les
25 dernières années, mais selon les données de 2004, 2007
et 2009, l’obésité est relativement stable chez les enfants. Il
peut y avoir une augmentation dans un groupe d’âge et une
diminution dans un autre : globalement, la moyenne démontre
une stabilisation. Plus ça va, plus c’est pareil. On a équilibré les
choses, mais c’est encore trop ! »
SOGEMEC ASSURANCES
filiale de la
L’obésité...
pas une mince affaire Passer le message des saines
habitudes de vie…
« Parler plus de l’obésité n’accroîtra pas le nombre de
désordres alimentaires, surtout si le discours tenu est celui
de l’amélioration des habitudes de vie. Quand on fait des
messages pour améliorer les habitudes de vie, ça va, mais
quand on fait des messages de lutte à l’obésité, on ostracise
davantage les personnes obèses (et on justifie cette
condamnation), on augmente les impacts psychosociaux,
surtout chez les gens qui sont quelque part entre les deux et
qui sont déjà fragiles, et c’est là que sont les effets pervers.
« Quand on voit ces jeunes, on leur passe un message que
ce n’est pas nuisible pour qui que ce soit, même pour les
personnes qui n’ont pas de problèmes liés au poids, d’avoir
de saines habitudes de vie. On veut que la famille tout entière
puisse améliorer des habitudes de vie. Ça enlève l’accent
sur la problématique de l’enfant seulement. Le message
à passer est qu’on voudrait que les familles québécoises
soient en meilleure forme physique, point !
« Et plus globalement, l’élément d’hygiène de vie : le
sommeil, l’alimentation, la régularité des repas, l’exercice,
etc. L’équipe de recherche de Québec a bien démontré
l’impact du manque de sommeil sur la prise de poids. »
Et l’exercice ?
« Un paradoxe : on remarque une augmentation de l’activité
physique chez les adultes et c’est bon signe, mais le taux
d’obésité, lui, ne fait qu’augmenter dans cette population.
« On voit des annonces publicitaires qui disent : « Bravo ! Tu as gravi
deux étages en escalier, tu peux donc t’offrir une petite gâterie :
des biscuits 100 calories… ». Dans le fond, tu as brûlé quatre
calories en montant ces escaliers et tu engouffres 25 fois ce que
tu as dépensé. Cette culture de la récompense doit être revue. Il
y a un effet paradoxal à faire de l’exercice. Les gens s’inscrivent
dans des classes pour faire de l’exercice deux fois par semaine et
les autres jours, ils s’autorisent à prendre l’ascenseur parce qu’ils
ont dépensé de l’énergie dans leur classe.
« Il ne faut pas faire le marketing de l’activité physique uniquement
dans sa relation avec le poids, mais avec la qualité de vie et le bienêtre général. Les individus qui commencent à faire de l’exercice
voient une amélioration globale de leur vie. Dans le programme
CIRCUIT, on ne regarde pas le poids en premier. On regarde
la capacité à faire de l’exercice et l’augmentation du bien-être.
Quand on essayait d’isoler le facteur d’exercice physique chez les
jeunes, on ne voyait pas d’impact sur leur IMC. On voyait des
impacts favorables sur leur capacité cardiométabolique et sur leur
qualité de vie. L’exercice a beaucoup plus de bienfaits que juste le
contrôle du poids.
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 23
« Les gens rapportent souvent que leur niveau d’énergie est
meilleur quand ils font de l’exercice. C’est là-dessus aussi qu’il faut
se concentrer : la perte de poids se fera à plus long terme. Pour
les adolescents, il faut porter son attention sur l’adhérence pour
démontrer les bienfaits. Il faut réfléchir comment rendre attrayant
l’exercice pour toute la société, non seulement pour l’individu.
« L’activité physique chez un ado a un avantage marqué : ça
permet de prendre l’air sans avoir de parents à ses trousses.
Mais le sport n’est pas une activité innée chez les jeunes ; tous ne
sont pas bons au premier coup ou n’ont pas les compétences de
base requises. Dans les cours d’éducation physique, on devrait
penser à bien enseigner et transmettre ces compétences.
« Nous avons des demandes de consultation en cardiologie
pour des enfants qui font de la diaphorèse à l’effort. Et ce sont
des demandes de consultation assez fréquentes. Ce qui est
inquiétant, c’est que ces demandes de consultation proviennent
de médecins. Quand un médecin ne peut plus faire la part des
choses, il y a un problème. Notre société en est une de voitures,
rien pour faire hausser le nombre de battements cardiaques.
À la moindre tachycardie, c’est la panique totale. La moindre
transpiration est symbole de saleté. »
Et l’imposition d’une taxe ?
« C’est une solution avancée partout dans le monde. Certains
États américains ont proposé les U.S. Fat Tax, d’autres misent sur
les programmes ciblés de taxation (malbouffe, boissons sucrées,
etc.). La FMSQ en a fait une proposition dans sa campagne
publicitaire L’expertise a un prix (voir texte à cet effet en page 26).
« Il y a toutes sortes de positions à cet effet. Il n’y a pas beaucoup
d’évidence empirique, toutes les études qui ont été faites sont
des études de modélisation mathématique. Selon elles, il peut
y avoir, en théorie, une incidence avec l’ajout d’une taxe, mais
pas aux taux qui ont été suggérés jusqu’ici, comme une taxe
de 25 cents sur une bouteille de boisson gazeuse. Ça prendrait
une mesure de taxation beaucoup plus élevée. Cependant, il
faudra s’inquiéter des enjeux éthiques autour d’une telle taxe.
Qui consomme ces produits ? On sait que les populations
défavorisées en consomment plus. Peuvent-elles payer
cette taxe ?
« Les objectifs de l’imposition d’une telle taxe sont de forcer
le changement comportemental. Si le prix est assez élevé, la
24 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
clientèle qui consomme ce genre de produits se tournera vers
autre chose. Et justement, la question est là : vers quoi va-t-on se
tourner ? Rien ne nous assure que ce sera vers un produit santé.
Si la personne se tourne vers un autre produit sucré comme les
biscuits ou les muffins, on n’aura rien réglé.
« Tout ça est basé sur une théorie économique qui présuppose
l’objectivité totale de l’être humain. Devant une contrainte, tu
prends le choix logique et intelligent et non le choix affectif. En
plus de ça, des études ont démontré, à l’aide de PET-Scan, une
dépendance à certains types d’aliments. »
Changer les opportunités…
« Il y a moyen, pour la santé publique, de changer les opportunités,
que ce soit à l’école, au travail ou à la maison. Quand les
possibilités sont limitées au fil du temps, les gens ne font plus
l’effort d’aller chercher ce qui se trouve à 20 ou 30 minutes plus
loin. Il faut travailler sur un changement de comportement, de
mentalité. Par exemple, il faut voir ce que vendent les dépanneurs
situés à côté des écoles.
« Il faut mettre des contraintes à la vente de certains produits
comme ce qui est fait pour le tabac et
l’alcool. Ces produits sont bien définis, mais
la nourriture, c’est autre chose. Y aurait-il
certains aliments pour lesquels on aurait
besoin d’un permis pour en effectuer la
vente ? Les autorités publiques pourraient
choisir alors les endroits où émettre les
permis et selon quelles mesures restrictives
(âge, heures, etc.).
« Il y a moyen de penser selon cette logique
et voir ce qui pourrait être réaliste. On devrait
commencer avec certains produits, mais
il faudrait s’assurer de ne pas déplacer le
problème vers des produits de substitution. Rappelez-vous, dans
les années 1970, quand on a voulu diminuer la consommation du
gras principalement pour s’attaquer aux problèmes de cholestérol,
les gens ont commencé à consommer plus de glucides. Et ils
sont devenus encore plus gros et le diabète a explosé. C’est le
principe de la crème glacée et du yogourt glacé : on remplace la
crème par du sucre. Là, ils ont les mêmes facteurs de risque, mais
autrement. Qu’est-ce qui est mieux, avoir davantage de cholestérol
ou de triglycérides ?
« On sait que le gras apporte un certain plaisir au cerveau, il faut
travailler à le reprogrammer pour trouver d’autres sources de plaisir
moins obésogènes.
« On peut définir une diète santé et en augmenter son offre en
faisant des efforts pour la présenter de façon positive et agréable.
La plupart des gens connaissent ce qu’est une diète santé,
cependant, le problème est associé aux émotions négatives, au
stress quotidien, au désespoir (les centres du déplaisir). On sait
qu’il y a des liens entre les centres du plaisir et ceux du déplaisir.
Comme on a besoin de plaisirs dans la vie, le plus facile à aller
L’obésité...
pas une mince affaire chercher est la nourriture. On prend plus de sucreries, de jus, de
gras pour diminuer les émotions négatives et les déplaisirs, comme
le stress quotidien. On a tous entendu des patients dire : « Le jour,
je n’ai pas de problèmes, mais le soir, j’ai besoin de me détendre. »
Cette personne arrive le soir, après avoir emmagasiné stress et
émotions négatives et quel est son plaisir ? Manger. L’obésité est
un problème engendré par les émotions, le profil psychologique,
les habitudes de vie, le comportement, etc. »
Une question d’équilibre de vie…
« Une bonne idée est d’offrir des thérapies de relaxation qui
augmentent l’efficacité de l’intervention. Dans l’étude du
comportement des gens face aux aliments, on voit qu’un bon
comportement améliore l’estime de soi et donne une perception
plus positive.
« J’ai souvent recommandé de la méditation transcendantale à des
patients : ça a marché. Ces patients collaborent tellement mieux
après, ils sont mieux dans leur peau et avec leur environnement.
Malheureusement, ce n’est pas accessible à tout le monde et il y a
un manque de ressources.
« Il y a sûrement d’autres formes d’intervention plus accessibles. Ce
serait quelque chose d’intéressant, de facile et d’agréable à intégrer
dans les écoles ; c’est déjà fait dans les classes de maternelle. La
relaxation augmente la capacité à gérer le stress.
« En pédiatrie, on sait que les services de garde aident les enfants
à avoir de meilleures habitudes de vie. À la maison, ces enfants
s’écraseraient devant l’ordinateur ou le téléviseur et mangeraient
pour décompresser de leur journée. Au service de garde, ils peuvent
jouer, se défouler au gymnase, interagir avec les autres sans penser
à manger. Les enfants ont passé la journée entière en classe,
inactifs ; rendus au service de garde, ils se défoulent et c’est bon
pour eux. Certains kinésiologues se sont intéressés à savoir s’il y
avait une relation entre la quantité de temps consacrée à l’exercice,
le moment de la journée où est fait l’exercice et celle réservée à
l’alimentation. À la lumière des résultats obtenus, parmi des mesures
sociales idéales, on pourrait imposer 30 minutes d’exercices avant
le souper ou au retour de l’école. Ce serait la même chose pour
les adultes. Une période d’exercice de 30 minutes au retour du
travail permettrait l’évacuation du stress, des tensions, de la fatigue
psychologique et aiderait à moins manger.
« Récemment, j’ai appris que la tendance, dans les services de garde,
était d’obliger des heures de lecture aux enfants afin de minimiser le
nombre de ressources nécessaire et d’équilibrer les budgets. Dans
un gymnase, ça prend plus de surveillance, pas dans un local où
l’on impose le calme. Et ce serait une volonté ministérielle que
d’imposer au moins une heure de lecture aux jeunes pour la culture.
« Il y a une nette exagération dans la perception du risque. On a
tendance à trop protéger. Ce n’est pas grave de tomber, c’est
même bon ! Qu’on envoie les jeunes quelques instants dans la cour
d’école, ils reviendront lire par la suite. Les écoles ne veulent pas
ça : c’est trop risqué. Les jeunes peuvent se blesser et l’école sera
tenue responsable.
« Nous sommes devenus surprotecteurs pour nos enfants. Notre
société les empêche de jouer au ballon dans la rue, des villes de
banlieue interdisent les paniers de basket aux abords des rues,
on met à l’amende ceux qui jouent au hockey balle, bref une
culture du « pas ici ». Les écoles interdisent carrément l’accès à
la cour de récréation pendant les vacances estivales pour ne pas
déranger la quiétude du quartier.
« Certaines écoles considèrent même comme trop dérangeant
d’habiller les enfants, l’hiver, pour aller jouer dehors. »

Passer un message positif…
« Il faut faire attention de ne pas imposer trop d’interdits. Il faut faire
de l’éducation avec un message positif et miser fort là-dessus. Les
interdits attirent toujours plus et invitent à l’exagération. Prenez
l’exemple d’une chaîne de restauration rapide américaine qui a
développé un hamburger qu’elle a appelé le « Triple Bypass ».
Son compétiteur a rapidement répliqué avec le « Quadruple
Bypass ». Puis, ce fut au tour des autres chaînes qui ont toutes
rivalisé de créativité en ce sens. De tels produits induisent à la
surconsommation et attirent les gens vers une gamme d’interdits.
Le message de santé publique devra être tout aussi attirant que son
inverse. Tout se joue dans la modification de fond des habitudes
de vie.
« Il n’y a malheureusement pas de solutions miracles. L’éducation
est la clé, mais le message doit être axé sur le plaisir de bien
manger et de bouger. L’industrie a bien compris ce concept. La
recherche bio-alimentaire consacre beaucoup d’énergie sur le
plaisir alimentaire, surtout en ce qui a trait aux gras, aux sucres,
aux boissons énergisantes, etc. Elle a compris le goût du plaisir
chez les ados, chez ceux qui cherchent à repousser les limites, qui
aiment les sports extrêmes et les sensations fortes. J’ai souvent
l’impression que la santé publique a atteint sa limite par rapport
aux messages santé possibles (santé, mauvais pour la santé,
donne le cancer, etc.). Les gens connaissent les messages, ils ne
les suivent pourtant pas. Il faut maintenant aller au-delà de ça.
« Il faut donner des moyens aux gens, pas seulement leur dire
de bien manger, mais les intégrer aux messages en leur faisant
prendre des cours de cuisine, participer à des activités sportives
et aux efforts de diffusion de saines habitudes de vie.
« Il faut aussi former les médecins, faire en sorte que le message
de prévention devienne automatique et primordial dans toute
rencontre avec un patient. Il faut leur donner les outils requis, voir
à ce qu’ils les utilisent et les intègrent à leur pratique médicale. Ce
serait encore mieux si tout pouvait s’intégrer au sein d’une équipe
multidisciplinaire composée d’une nutritionniste, une infirmière, un
kinésiologue et plus. Les ressources actuelles sont très limitées.
« La beauté d’une table ronde comme celle-ci est qu’on peut
souligner les bons coups des uns pour en faire bénéficier les
autres. La problématique de l’obésité est très vaste (individuelle,
industrielle, alimentaire, sociétale, etc.), on doit tous faire un
petit effort…
« On a l’impression que tout a été dit sur l’obésité, pourtant on
est encore aux balbutiements d’un problème en expansion (sans
mauvais jeu de mots !). »
S
L
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 25
Par Richard-Pierre Caron
Conseiller principal
Affaires publiques et communications, FMSQ
Taxer la malbouffe : pourquoi pas ?
La campagne L’expertise a un prix a battu son plein à l’hiver 2010 avec la présentation d’une
série de mesures économiques pouvant être mises en application par le gouvernement dans
le contexte de la crise économique qui sévissait, de l’état précaire des finances publiques
et du retour au déficit.
il a été décidé d’opter pour une solution
plus simple, consistant à déterminer une
trentaine de produits courants vendus sur
les tablettes des supermarchés et des
dépanneurs comme les boissons gazeuses,
les croustilles, les friandises, les confiseries ;
des produits alimentaires non essentiels,
saturés de sucre, de gras, de sel, de
composés divers et réputés dommageables
pour la santé. Il fallait identifier des produits
pouvant facilement être classés et regroupés
dans des supercatégories sans égard à la
marque, au format ou aux intrants. En clair,
peu importe la méthode de fabrication, le
« branding », la forme ou les ingrédients qui
entrent dans sa composition, une croustille
demeure une croustille…
Ces mesures étaient économiques, mais
la Fédération visait aussi à ce qu’elles
comportent une valeur ajoutée, c’està-dire de concourir à des objectifs
supplémentaires et utiles pour la société
québécoise. Par exemple, avec la
proposition de créer deux taxes, l’une
de 15 % sur l’eau embouteillée en format
de 500 ml et l’autre de 20 cents l’unité
sur les formats de plus de 500 ml, la
Fédération visait aussi la protection de
l’environnement par la réduction des
déchets de matières plastiques.
À l’automne 2009, en pleine préparation
de la campagne, on entendait de plus
en plus parler de l’épidémie mondiale
d’obésité frappant plus spécifiquement
les pays membres de l’Organisation
de coopération et de dévelop­
pement
économiques (OCDE) ; une situation inquiétante, puisque
largement présente chez toutes les franges de la population,
mais touchant désormais les enfants et les jeunes adultes. Nos
jeunes, pour la première fois depuis 50 ans, risquaient de vivre
moins longtemps et en plus mauvaise santé que leurs aînés. La
Fédération a alors décidé de proposer une mesure spécifique
destinée à contrer l’une des principales composantes de
l’épidémie, soit les mauvaises habitudes alimentaires, en
proposant une taxe sur la malbouffe, histoire de faire d’une
pierre deux coups !
Une revue de littérature a d’abord permis de constater qu’il était
quasi impossible d’appliquer une taxe sur les intrants, c’està-dire sur les ingrédients qui entrent dans la composition des
repas ou des mets préparés par les chaînes de restauration
rapide ou par l’industrie alimentaire. Quels types de mets ou
d’intrants cibler ? Les gras, les huiles, les sucres composés,
le sodium et ses dérivés ? Afin d’éviter de potentiels écueils,
À partir des données disponibles sur le site
Internet du ministère de l’Agriculture, des
Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, en tenant compte
des volumes des ventes, de l’élasticité de la demande et du prix
de vente en 2008 – année pour laquelle les données s’avéraient
disponibles, il apparaissait qu’une taxe de 15 %, applicable
sur la trentaine de produits sélectionnés, pouvait générer des
revenus récurrents de l’ordre de 350 millions de dollars par
année pour le gouvernement.
La Fédération ne souhaitait pas mettre l’emphase sur la liste de
ces produits pour deux raisons principales : éviter que le débat
ne dérive sur le choix des produits et éviter que le public se laisse
distraire par autre chose que l’à-propos de la mesure. De toute
façon, il appartiendrait au gouvernement de refaire l’exercice,
ne serait-ce que pour effectuer les mises à jour requises pour
tenir compte de l’évolution des volumes de vente, de l’arrivée
de nouveaux produits sur le marché et de la fluctuation des prix.
Nous voulions faire une démonstration, point. L’objectif a été
atteint et nous n’avions pas besoin d’aller plus loin.
« L’obésité a atteint des proportions épidémiques dans les pays de l’OCDE au cours des 30 dernières
années. […] Plus de 50 % de la population est actuellement en surpoids dans presque la moitié des pays
de l’OCDE. »
Source : Sassi F. L’obésité et l’économie de la prévention : objectif santé. Paris : OCDE, 2010.
26 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
L’obésité...
pas une mince affaire Des fonds alloués aux bonnes places
La littérature démontre clairement, qu’en matière de lutte contre
l’obésité, le recours à plusieurs types d’interventions est nettement
souhaitable. Il faut pouvoir agir sur plusieurs fronts. Une mesure
fiscale visant à modifier les comportements de consommation par
le truchement d’une taxation dédiée est encore plus utile si une
partie des revenus qu’elle génère sert, par exemple, à financer des
campagnes de sensibilisation grand public sur les conséquences
des mauvais choix alimentaires sur la santé ; si une autre portion
est utilisée pour réduire le prix d’achat des aliments sains (fruits et
légumes) pour les familles à faibles revenus et si une autre part est
dédiée à l’embauche de nutritionnistes dans les écoles primaires et
secondaires ou au sein d’équipes multidisciplinaires de première et
de deuxième ligne pour la prise en charge et le suivi des personnes
présentant des problématiques de poids. Autrement dit, la somme
récoltée peut servir à financer plusieurs types d’interventions qui,
combinés et menés simultanément, sont susceptibles de maximiser
les résultats.
Soulignons qu’afin que les changements de comportement souhaités
soient durables, les interventions doivent concourir sur une longue
période de temps.
Justesse de la mesure proposée
Le 3 février 2010, par voie de communiqué, la Coalition québécoise
sur la problématique du poids, un organisme parrainé par l’Association
pour la santé publique du Québec, se réjouissait de notre proposition
de taxer (certains produits de) la malbouffe. Croyant cependant qu’il
serait difficile de définir ce qu’est la malbouffe, la Coalition a suggéré
au ministre des Finances de s’en tenir aux boissons gazeuses et
énergisantes, reprenant ainsi à son compte une proposition provenant
des États-Unis.
Lors du Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire tenu à
Montréal du 23 au 27 octobre 2010, soit quelques mois après la fin
de la campagne L’expertise a un prix, quelque 3 800 professionnels et
spécialistes ont pris connaissance d’un rapport alarmant portant sur
l’épidémie d’obésité infantile qui sévissait actuellement au Canada,
comme ailleurs dans le monde. Parmi les solutions proposées,
on préconisait, entre autres, l’introduction d’une taxe de 20 % sur
les boissons sucrées. En marge de ce congrès, la FMSQ a réitéré
publiquement sa mesure auprès du gouvernement (voir publicité en
page 31).


Utiliser la voie de la fiscalité
selon l’OCDE
L’OCDE a répertorié neuf types d’interventions
susceptibles d’avoir un impact propre à faire
diminuer le taux d’obésité. Ces interventions
sont les suivantes : interventions dans les écoles,
campagnes médiatiques, autoréglementation de
la publicité alimentaire, étiquetage des produits
alimentaires, interventions dans l’entreprise,
réglementation de la publicité alimentaire, conseils
des médecins, mesures fiscales et conseils des
médecins-diététiciens.
L’intervention qui produit l’impact le plus marqué
est celle où médecin et diététicien (nutritionniste)
accompagnent les personnes à risque et effectuent
un suivi rigoureux dans le système de soins
primaires. Les mesures fiscales arrivent au second
rang en termes d’impact, d’efficacité et de coûts.
Quant aux coûts d’implantation d’une telle mesure,
une modélisation effectuée par l’OCDE à partir
des données sur les dépenses des ménages au
Royaume-Uni et décrite dans son récent rapport
portant sur l’obésité et l’économie de la prévention
a démontré que « l’imposition d’une taxe sur les
aliments à teneur élevée en graisse ayant pour effet
de relever le prix de 10 % et, consécutivement,
entraînant une baisse de la consommation
de 2 % générerait des recettes de l’ordre de
1 milliard d’USD PPA1 au Royaume-Uni, le coût
administratif estimé de la taxe [toujours sur la base
des hypothèses de modélisation proposées par la
FMSQ] se montant à 16,8 millions d’USD PPA au
plus, soit 1,6 % des recettes totales générées par
la taxe ». Toutes choses étant égales par ailleurs,
on peut donc présumer que la modélisation de
l’OCDE donnerait des résultats similaires pour le
gouvernement du Québec.
1En dollar américain calculé en parité de pouvoir d’achat
« La forte corrélation entre obésité et maladies chroniques donne à penser que les personnes obèses auront
vraisemblablement recours aux soins de santé plus qu’à proportion de leur part dans la population, suscitant,
de ce fait, des dépenses notablement supérieures à celles suscitées par des personnes de poids normal.
De nombreuses études ont mis ce fait en évidence, sur la base de données se rapportant à au moins 14 pays de
l’OCDE et à quelques pays hors OCDE, l’approche étant essentiellement centrée sur les dépenses consacrées
aux soins médicaux ».
Source : Sassi F. L’obésité et l’économie de la prévention : objectif santé. Paris : OCDE, 2010.
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 27

Mesures fiscales selon l’OCDE
« Les incitations fiscales peuvent affecter directement les habitudes
de consommation et, ce faisant, influer sur les choix de mode
de vie. Les taxes, les exonérations fiscales et les subventions
sont des instruments couramment utilisés sur les marchés de
produits alimentaires et agricoles dans la zone OCDE. La taxation
différenciée des produits alimentaires est relativement fréquente.
[…] Plusieurs études montrent qu’elle (la taxation) peut avoir un
impact sur la consommation de produits non sains et sur le poids
des personnes.
« Lorsque la réduction de la morbidité associée aux maladies
chroniques est prise en compte, les gains annuels retirés de la
prévention augmentent, dans une fourchette comprise entre 40 et
140 000 années de vie ajustées sur l’incapacité (NDLR : connu
sous l’acronyme DALY ou Disability-adjusted life year) épargnées.
« Plus particulièrement, le coût de mise en œuvre relativement
modique et l’efficacité relativement élevée des mesures fiscales
font de cette intervention la seule susceptible de s’autofinancer –
c’est-à-dire de générer des économies de dépenses de santé
supérieures à ses coûts de mise en œuvre.
« Certaines données montrent que les personnes à statut socio­
économique élevé, qui ont généralement un niveau d’études
supérieur, sont plus enclines que d’autres à réagir positivement
aux programmes de prévention axés sur la promotion de la santé
et l’éducation à la santé. Cependant, certaines données montrent
aussi que les interventions à caractère plus persuasif, telles que
les mesures fiscales ayant pour effet de modifier le prix de produits
industriels, suscitent davantage de réactions auprès des catégories
socioéconomiques plus faibles.
« Il n’existe pas de formule magique pour stopper l’épidémie
d’obésité. […] Il faut mettre en place des stratégies globales,
regroupant de multiples actions visant toute une gamme de
déterminants, afin d’atteindre une « masse critique » et d’obtenir
des retombées significatives sur l’épidémie d’obésité, en suscitant
un changement profond des conventions sociales.
« En conclusion, une stratégie rationnelle de lutte contre l’obésité
et de prévention des maladies chroniques qui lui sont associées
doit prendre en compte les deux approches principales de la
prévention, l’approche collective et l’approche individuelle, ainsi
que les approches axées sur le risque élevé. […] Nos données
indiquent que la lutte la plus efficace et la plus efficiente contre
l’obésité passe par une approche pluridimensionnelle ou par un
ensemble d’approches correspondant à la complexité du problème
en question. »
Source : Sassi F. L’obésité et l’économie de la prévention : objectif santé.
Paris : OCDE, 2010.
Les plus récentes données sur l’obésité au Canada
Un récent rapport réalisé conjointement par l’Agence de la
santé publique du Canada et l’Institut canadien d’information
sur la santé (ICIS) fait état des plus récentes analyses sur la
prévalence, les déterminants et les conséquences de l’obésité
au Canada. Histoire de démontrer l’urgence d’agir, voici certains
faits saillants de ce rapport présentés en rafale :
« Entre 1981 et 2007-2009, l’obésité mesurée a grosso modo
doublé chez les hommes et les femmes appartenant à la
plupart des groupes d’âge des catégories adultes et jeunes.
Non seulement la prévalence de l’obésité a-t-elle augmenté
avec le temps, mais elle est en train de s’aggraver pendant que
les niveaux de condition physique déclinent.
« On estime que l’obésité a coûté à l’économie canadienne
environ 4,6 milliards de dollars en 2008, soit 735 millions de
dollars de plus, ou 19 % de plus, que les 3,9 milliards de dollars
qu’elle avait coûté en 2000. Il s’agit là d’une estimation prudente,
car elle ne tient compte que des coûts liés aux huit maladies
chroniques le plus souvent associées à l’obésité. Une étude
s’appuyant sur une méthodologie analogue et tenant compte
de 18 maladies chroniques en arrive à des coûts encore plus
élevés, qui atteignent les 7,1 milliards de dollars.
« Une étude des coûts médicaux menée en Ontario a révélé
que les hommes et les femmes adultes obèses (âgés de 18 ans
et plus) sont à l’origine de coûts médicaux 14,7 % et 18,2 %
supérieurs à ceux des sujets comparables de poids normal. »
« L’information joue manifestement un rôle important dans les choix relatifs au régime alimentaire et à l’activité
physique. […] On a pu constater que les interventions reposant sur la fourniture d’information sous diverses
formes (étiquetage nutritionnel ou campagne d’éducation à la santé, présentation des bienfaits pour la santé
dans les messages publicitaires ou diffusion de recommandations nutritionnelles) ont au moins un certain
impact sur les choix alimentaires individuels, ce qui donne à penser qu’il est possible d’étoffer les informations
en fonction desquelles les individus opèrent leurs choix alimentaires ».
Source : Sassi F. L’obésité et l’économie de la prévention : objectif santé. Paris : OCDE, 2010.
28 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
L’obésité...
pas une mince affaire En guise de conclusion
À l’aube de la période où le ministre des Finances entreprendra
ses traditionnelles consultations prébudgétaires, taxer certains
produits de la malbouffe comme l’a suggéré la FMSQ est
une mesure qu’il devrait sérieusement songer à mettre en
application, car il y a urgence d’agir maintenant.
Au cours des dernières années, le gouvernement a agité
le spectre du vieillissement de la population pour justifier
l’explosion des dépenses en santé. Or, comme nous l’avons
vu dans l’édition de mars 2011 du magazine Le Spécialiste, le
vieillissement de la population ne compte que pour une faible
part de l’augmentation des coûts. Le reste, comme le soulignait
l’étude de l’Office fédéral de la statistique de la Suisse que nous
citions, tient davantage à la façon dont le système de santé
est administré.
La menace ne viendra vraisemblablement pas du vieillissement
puisque, comme nous l’avons vu, tout dépendra de l’état
de santé des personnes âgées. Si rien n’est fait, la menace
qui risque de changer la donne et de faire exploser les coûts
du système de santé sera bien davantage engendrée par
l’épidémie d’obésité qui sévit et qui touche un nombre croissant
d’adultes, d’enfants et de jeunes adultes. Cette frange de la
population sédentaire, aux mauvaises habitudes alimentaires,
vieillira en cumulant nombre de pathologies liées qui requerront
davantage de visites, de suivis, d’examens, d’interventions, de
prise de médicaments, etc. Difficile de croire que le réseau sera
en mesure de supporter une telle pression, lui qui peine déjà à
suivre la cadence.
Le gouvernement devrait profiter du prochain budget pour
introduire cette taxe « prévention santé » et verser les sommes
perçues dans un fonds dédié qui servirait uniquement aux
activités d’intervention et de prévention telles que décrites
précédemment. Le produit de cette taxe aurait le mérite
d’autofinancer ces activités, tout en permettant de réaliser des
gains sur le plan de la santé des personnes et, in extenso, des
économies appréciables en matière de soins de santé. Et si
nous évitions le pire maintenant, pour un meilleur demain ?
Prévalence de l’obésité autodéclarée selon les provinces et les territoires,
sujets âgés de 18 ans et plus, en 2003, en 2005 et en 2007-2008
Source : Obésité au Canada. Ottawa : Agence de la santé publique du Canada et Institut canadien d’information sur la santé, 2011, p. 9.
« Dans beaucoup d’économies développées, les niveaux d’obésité chez les enfants ont doublé entre
la décennie 1960 et la décennie 1980, et ils ont encore doublé depuis lors. […] En 2005, un tiers des
enfants aux États-Unis souffraient d’une surcharge pondérale et les enfants dans les autres économies
développées suivent la tendance des États-Unis. »
Source : Sassi F. L’obésité et l’économie de la prévention : objectif santé. Paris : OCDE, 2010.
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 29
« Une abondante littérature traite des facteurs
individuels et environnementaux qui ont contribué
à l’épidémie d’obésité. […] Les connaissances qui
peuvent être tirées de ces travaux permettent d’isoler
trois grands groupes de facteurs ayant contribué
à la progression de l’obésité durant la dernière
partie du XXe siècle et au-delà : les facteurs liés à
l’offre de produits de consommation, en particulier
alimentaire ; les interventions des pouvoirs publics
dans divers secteurs qui n’ont pas toujours tenu
compte des effets indésirables potentiels sur le mode
de vie et la santé des individus ; et l’évolution des
marchés de l’emploi et des conditions de travail. […]
Le recours à des techniques de marketing de plus
en plus sophistiquées va naturellement de pair
avec une augmentation des approvisionnements
alimentaires et ce facteur a probablement aussi
contribué à l’épidémie d’obésité »
Source : Sassi F. L’obésité et l’économie de la prévention : objectif
santé. Paris : OCDE, 2010.
Dernière heure
Le 31 août, plusieurs organisations se sont
réunies, à l’initiative de la Coalition québécoise
sur la problématique du poids, afin de
proposer au Gouvernement du Québec, la
création d’une redevance sur les boissons
gazeuses et énergisantes pour financer l’offre alimentaire
scolaire. Selon les signataires, une redevance d’un sou par litre
de boisson gazeuse permettrait d’amasser annuellement plus
de huit millions de dollars, un montant équivalent à l’ensemble
des investissements gouvernementaux pour la mise en œuvre
de la politique alimentaire dans les écoles en 2007.
Le 24 août, le premier ministre de la France,
François Fillon, a présenté 23 mesures
d’austérité destinées à réduire le déficit du
pays. L’une d’entre elles constitue l’imposition
d’une taxe sur les boissons sucrées. Cette
mesure veut lutter contre l’obésité. Selon le gouvernement,
depuis 1997, la prévalence de l’obésité a progressé de 70 % :
le poids moyen des Français ayant augmenté de 3,1 kg. En
imposant une taxe sur les boissons sucrées, le gouver­­­ne­ment français pense réduire une consommation non
maî­trisée qui favorise la prise de poids. La mesure entrera en
vigueur le 1er janvier 2012.
Références principales
Autres références
Liens Internet des sources utilisées pour
l’établissement de la mesure (disponibles
sur le microsite L’expertise a un prix,
www.lexpertiseaunprix.com)
L’obésité et l’économie
de la prévention
OBJECTIF SANTÉ
Franco Sassi
OBÉSITÉ
AU CANADA
RAPPORT CONJOINT DE L’AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA
ET DE L’INSTITUT CANADIEN D’INFORMATION SUR LA SANTÉ
L’obésité et l’économie de la prévention est le résultat des travaux
menés par l’OCDE depuis 2007 en collaboration avec l’OMS. Il présente
de multiples données et analyses pour étayer l’élaboration de politiques de
lutte contre l’obésité et de prévention des maladies chroniques dans les
pays membres.
Produit par l’Agence de la santé publique du Canada et l’Institut canadien
d’information sur la santé, le rapport Obésité au Canada fait état des
nouvelles analyses sur la prévalence, les déterminants et les conséquences
de l’obésité au pays.
Madore O. Effet des mesures économiques
pour favoriser une alimentation saine,
encourager l’activité physique et combattre
l’obésité : revue de littérature. Ottawa :
Bibliothèque du Parlement, 2007. www2.parl.
gc.ca/Content/LOP/ResearchPublications/
prb0634-f.htm
Jacobson MF, Brownell KD. Small taxes
on soft drinks and snack foods to promote
health. American Journal of Public Health
2000:90(6) ;854-7. www.ajph.org/cgi/reprint/
90/6/854
Kuchler F, Tegune A, Harris JM. Taxing snack
foods: what to expect for diet and tax revenues. Agriculture Information bulletin 2004:(74708). www.ers.usda.gov/Publications/AIB747/
aib74708.pdf
Rapport sur les dépenses alimentaires
des Québécois 2008, selon les données
MarketTrack de la firme d’ACNielsen.
Québec : MAPAQ, 2010.
S
L
30 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
malbouffe_fmsq_02:Layout 2
29/08/11
12:55
Page 1
Lors du Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire
tenu à Montréal en octobre 2010, 3 800 experts et
professionnels ont recommandé l’instauration d’une taxe
sur les boissons sucrées pour contrer l’épidémie d’obésité.
Parmi les neuf mesures proposées par la Fédération des
médecins spécialistes du Québec dans sa campagne télévisée
L’expertise a un prix, se trouvait justement une mesure visant
l’instauration d’une taxe « prévention santé » de 15 % sur la
malbouffe, des produits non essentiels comme les boissons
gazeuses, les friandises et les croustilles.
Cette mesure pourrait rapporter jusqu’à 350 millions de dollars
par année dans les coffres du gouvernement.
L’idée de taxer ces produits vise un triple objectif : inciter les
gens – dont les enfants – à manger mieux, prévenir l’apparition
de maladies graves et réaliser des économies à long terme en
matière de soins de santé.
Le gouvernement du Québec devrait suivre les
recommandations des experts. En incluant cette
mesure dans son prochain budget, il donnerait
l’exemple au monde !
lexpertiseaunprix.com
Par Patricia Kéroack
Si on s’y mettait vraiment...
La table ronde des experts a dit que le meilleur moyen possible pour freiner l’épidémie d’obésité est
d’intensifier les efforts d’éducation publique, surtout auprès des jeunes clientèles, car c’est jeune que
les bonnes habitudes de vie se prennent et, qu’en plus, cette population est susceptible de conserver
ses acquis tout au long de sa vie. Voici quelques exemples répertoriés dans le monde démontrant la
pertinence, la faisabilité ou la portée de ces interventions.
L
e Grand défi Pierre Lavoie
(www.legdpl.com)
Depuis 2008, Pierre Lavoie, l’initiateur du grand défi qui porte
son nom, a développé un programme complet pour faire bouger
les enfants du primaire. L’objectif est d’amasser le maximum de
cubes d’énergie (un cube est accumulé à chaque 15 minutes
d’activité physique effectuée). Au début, les enfants amassaient
individuellement ces cubes et s’encourageaient entre eux pour
que leur classe (et leur école) s’inscrive au palmarès québécois.
Le programme était intégré dans les projets scolaires de
l’année. Constatant l’engouement des enfants pour cette
compétition amusante, et à la lumière des commentaires
reçus, le programme s’est élargi et a intégré des objectifs pour
toute la famille (frères et sœurs, parents et grands-parents).
Aujourd’hui, le programme ne se limite pas à la promotion de
l’activité physique, mais intègre aussi des activités entourant
l’alimentation et la persévérance scolaire.
L’entourage complet de l’enfant participe maintenant à un
programme qui combine activité physique, saine alimentation,
activités ludiques et éducatives. Depuis 2009, le Véhicube,
une imposante caravane de deux étages remplie de vélos
stationnaires, ordinateurs et systèmes de jeux virtuels, sillonne
le Québec pour visiter les écoles participantes et stimuler la
participation et les résultats.
En 2011, près de 37 millions de cubes énergie ont été
accumulés en l’espace d’environ deux mois par les participants
au volet Lève-toi et bouge !
L’équipe Doctopus 2011
appelons que la Fédération
R
a été un partenaire majeur
de l’événement à ses débuts
et que, depuis trois ans,
une centaine de médecins
spécialistes prennent part
annuellement au 1000 km,
un marathon cycliste où les
participants roulent sur une
période de 60 heures, entre
Saguenay et Montréal.
32 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
Q
uébec en Forme
(www.quebecenforme.org)
Au début du 2e millénaire, la Fondation Lucie et André Chagnon
prenait un virage majeur dans ses activités de promotion de la
santé. La Fondation avait déclaré vouloir investir dans la promotion
de la bonne forme physique pourvu que le gouvernement
du Québec en fasse autant et qu’un projet mobilisateur soit
déployé. C’est ainsi que Québec en Forme voit le jour en 2002
en s’adressant aux enfants de 4 à 12 ans vivant dans des milieux
défavorisés. Aujourd’hui, l’organisme fait la promotion des saines
habitudes de vie chez les jeunes Québécois, de la naissance à
17 ans, provenant de tous les milieux.

Pour vous, docteurs :
7 idées pour freiner l’épidémie d’obésité
1. Si vous n’en avez pas, développez une fiche-patient dans
laquelle pourrait figurer : „„Âge,
grandeur, tour de taille, poids actuel
indications sur les problèmes chroniques (diabète,
hypertension, dépendances, etc.)
„„Cible de poids santé pour ce patient
„„Habitudes d’exercice du patient
„„
Informations similaires sur la famille immédiate (enfants,
conjoint)
„„Cible à atteindre pour le prochain rendez-vous annuel
„„
Photo du patient brochée au dossier. Si votre patient a suivi
vos consignes, vous aurez un moyen de le féliciter… et de
prendre une nouvelle photo !
„„
Quelques
2. Placez dans votre bureau une affiche avec un message
santé court et clair
„„Votre
poids est-il une menace pour votre santé ?
bonne santé passe par une bonne alimentation
„„Aidez-moi à améliorer votre santé : commencez par revoir
vos habitudes de vie
„„Chaque année, la cigarette coûte un milliard de dollars au
système de santé québécois
„„Pensez-y bien avant de commander votre repas
„„Une
L’obésité...
pas une mince affaire L
e programme EPODE
(www.epode.org)
En France, 250 villes participent au programme EPODE, un
programme de prévention de l’obésité, d’éducation aux saines
habitudes alimentaires et de vie et de mobilisation collective.
Issu d’un projet de recherche du Professeur Pierre Fossati,
l’étude Fleurbaix-Laventie Ville Santé voulait évaluer l’influence
de l’éducation alimentaire des enfants sur les comportements
de toute la famille. Les premiers groupes de recherche (début
en 1992) se sont concentrés sur les écoles et les cabinets
de médecine générale. Jusqu’en 2004, d’autres acteurs et
groupes cibles s’y sont graduellement ajoutés. À la vue des
résultats obtenus dans le projet de recherche, un programme
structuré a été mis en place : le programme EPODE.
En 2011, 4 millions de personnes y participent au sein de
leur communauté. Le programme englobe, à sa base, les
activités liées à la prévention de l’obésité (alimentation, activité
physique, surveillance des mesures personnelles, etc.), mais
aussi les politiques communautaires (urbanisme, implications
sociales et communautaires, marketing, etc.), la formation des
professionnels (EMC, congrès thématiques, etc.) et bien plus.
Marketing ludique de l’activité
physique
Stockholm Movement
(http://vimeo.com/22360676)
Une adepte de jeux vidéo a eu une idée de génie : développer
un jeu dans lequel le héros est le participant. L’idée n’a rien
de génial en soi, certes, c’est même dépassé. Cependant,
lorsque le jeu est disponible sous forme d’application
iPhone, qu’il y intègre des données de géolocalisation,
un accéléromètre et un gyroscope, qu’il se joue en ligne
ou individuellement et qu’il est captivant comme tous les
jeux électroniques à succès, le joueur est prêt à tout pour
accéder au tableau final. C’est ainsi que le Stockholm
Movement est né. L’application mobile, soutenue avec l’aide
d’Adidas, connaît un succès phénoménal à Stockholm où,
aujourd’hui, il est devenu courant de croiser des jeunes qui
se mettent à sauter, courir ou grimper partout dans la ville.
Après seulement cinq ans, le programme avait déjà réussi à
obtenir des résultats probants. Une diminution de 9 % de la
prévalence de l’obésité chez les enfants âgés de 5 à 12 ans
avait été observée.
3. Prenez l’habitude de toujours inclure un message percutant
sur le poids santé, l’alimentation et l’exercice dans votre
interaction avec vos patients
4. Faites provision de dépliants et brochures d’information
santé à distribuer aux patients
5. D
emandez à votre personnel et aux infirmières de dresser une
liste des ressources disponibles pour obtenir du soutien
6. N’hésitez pas à prescrire de l’activité physique. Un « papier
du médecin » est souvent considéré comme une obligation
de s’y conformer. De plus, un crédit d’impôt fédéral est
disponible pour l’inscription des enfants à des programmes
d’activité physique
7. Participez aux efforts de la communauté médicale
en signant les pétitions, lettres d’opinion et autres
interventions publiques pour conscientiser la population
aux conséquences de l’épidémie d’obésité
Fun Theory (http://thefuntheory.com/)
C’est également à Stockholm que Volkswagen a lancé
le projet de l’escalier-piano appelé le Fun Theory. Dans
une station de métro de la ville, des ingénieurs de la
multinationale se sont amusés à recouvrir les marches
d’un escalier (situé à côté d’un escalier mécanique) d’une
pellicule tactile émettant des sons au contact des touches
qui rappellent un immense piano. De 97 % des passants qui
autrefois empruntaient l’escalier mécanique, la tendance a
été renversée radicalement. Aujourd’hui, plus des deux tiers
des passants préfèrent composer leur propre mélodie, tout
en s’activant de façon ludique.
Les études démontrent que les patients doivent participer à leur
guérison. Si votre message est clair, vous obtiendrez d’excellents
résultats. La situation est telle, aujourd’hui, qu’il est nécessaire d’agir
avec les moyens possibles. Vous êtes au cœur de la solution.
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 33
Offre de produits alimentaires
Partout au monde, les cafétérias scolaires et de centres
hospitaliers ont modifié leur offre de service pour y intégrer des
produits plus santé. Les machines distributrices ont été bannies
dans certains endroits comme dans les écoles ; en Italie, ces
machines doivent proposer des fruits et légumes frais.
La ville de Chicago interdit aux restaurateurs d’utiliser des
graisses issues d’hydrogénation industrielle. À New York,
toutes les graisses d’origines industrielles sont bannies dans
les 24 000 restaurants de la ville. À Los Angeles, la ville
interdit la construction de tout restaurant minute dans les
quartiers défavorisés.
Lors d’un colloque sur les saines habitudes alimentaires à
Abu Dhabi, en 2007, le Prince Charles a proposé que le
gouvernement britannique adopte une loi pour bannir les
chaînes de restauration rapide américaines comme McDonald’s.
Ses propos en sont restés là !
Médecins américains contre la
chaîne McDonald’s
Tout a commencé par le film documentaire Super Size Me
de Robin Spurlock. La cible : McDonald’s, le chef de file de
l’industrie de la restauration minute.
En avril 2011, plus de 550 médecins (www.lettertomcdonalds.org)
signaient une lettre dans laquelle ils lançaient un véritable cri
d’alarme quant aux problématiques de santé des enfants et
dénonçaient les techniques marketing utilisées par McDonald’s
pour les attirer dans sa chaîne de restauration rapide.
Avant cette lettre, plus de 9 000 médecins américains se sont
regroupés pour former une association de lutte contre les effets
de la malbouffe. Un premier message télé de 30 secondes a
été mis en ondes à la fin de 2010. On y voit un homme mort,
couché sur une civière métallique avec, dans ses mains,
un hamburger à demi entamé. La caméra fixe les pieds qui,
lentement, se changent en logo de McDonald’s. Le message
est clair, cet homme est mort des conséquences liées à la
malbouffe (hypertension, hypercholestérolémie, cardiopathies,
etc.). L’asso­ciation invite la population à réduire la consommation
de gras et à se tourner vers une alimentation contenant plus de
légumes et de produits sains.
Autoréglementation/Réglementation
de la publicité alimentaire
En Europe, l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments
(www.efsa.europa.eu) a entrepris un grand ménage dans les
allégations santé utilisées par l’industrie alimentaire ; jusqu’à
80 % d’entre elles seraient trompeuses et mensongères.
L’Agence estime que les allégations doivent avoir une base
scientifique. Dorénavant, les entreprises qui désirent commer­
cialiser des produits avec une étiquette qui indique une allégation
santé sans l’approbation de la Commission européenne devront
préalablement en faire la démonstration scientifique.
Mesures fiscales
Fin juillet, la Hongrie était le dernier pays à créer une taxe sur les
produits de malbouffe : y sont visés les aliments et boissons à
haute teneur en sucre, en sel ou en caféine. Cette nouvelle taxe
entrera en vigueur en septembre. La Hongrie y voit un moyen
de réduire son déficit. Divers nouveaux impôts ont été créés
dans cette foulée.
Plus on est gros, plus on coûte cher en soins de santé. C’est
ainsi que plusieurs pays évoquent maintenant l’idée de taxer
l’obésité. L’Arizona tente, depuis 2008, d’introduire un nouvel
impôt : un montant de 50 $ serait chargé à tous les fumeurs
et toutes les personnes obèses. La même proposition a été
évoquée en Allemagne créant tout un tollé dans la population
qui demande plutôt au gouvernement de s’occuper de
règlementer l’industrie alimentaire.
Plusieurs États américains imposent déjà, ou sont en processus
d’imposer, une taxe sur certains produits ou même… sur le
surpoids ! Ainsi, « plusieurs États américains taxent déjà les
boissons sucrées, mais la santé publique n’est pas forcément
à l’origine de ces décisions. Au cours de l’année 2009‑2010,
17 États ainsi que les villes de Baltimore, Philadelphie et
Washington ont déposé des propositions de taxe sur les
boissons gazeuses. L’idée fait son bout de chemin notamment
grâce à son double objectif : agir concrètement pour réduire
la consommation des boissons sucrées tout en générant
des revenus1 ».
Depuis 2008, la France a reçu plusieurs propositions de
députés et de ministères afin d’ajouter une taxe sur divers
produits tels que les boissons gazeuses non alcoolisées, les
pizzas, les sandwichs, les hamburgers et l’alcool. La taxation
proposée veut lutter contre le fléau de l’obésité, mais aussi agir
sur certains coûts sociaux dont ceux liés à certains types de
cancer. Malgré toutes les tentatives, aucun projet de loi n’a
encore vu le jour et la ministre de la Santé, Roseline Bachelot, a
clairement indiqué son opposition à une telle mesure.
1
Bulletin de santé publique, septembre 2010:(32)3:34-5.
S
L
34 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
Les grands noms de la médecine au Québec
Par Patricia Kéroack
La vie à la vitesse « Grand V »
Il vient à peine d’éteindre une 40e bougie, pourtant il cumule
déjà une feuille de route fort remplie. Depuis l’obtention de son
diplôme de médecine, en 1995, la carrière du Dr Paul Khairy bat
des records de vitesse.
Passionné de sciences physiques, de lettres et de sciences
humaines, à la fin de ses études collégiales, Paul Khairy s’inscrit
en médecine sachant que cette discipline lui permettrait
d’intégrer toutes ses passions. Mais les ascendants familiaux
ont certainement eu une influence sur ses choix. Son père était
interniste au Caire. Lorsque ce dernier a immigré au Québec, alors
que Paul n’avait que deux mois, il a repris les études médicales
pour obtenir, cette fois, une spécialité en anesthésiologie (il
pratique encore aujourd’hui au Centre hospitalier de St. Mary). Sa
mère, maintenant retraitée, a pratiqué la médecine familiale. De
plus, sa sœur aînée est pédiatre et son jeune frère œuvre dans le
domaine du génie biomédical.
Son diplôme de médecine en poche, Paul Khairy obtient un
certificat en médecine interne, puis est attiré par la cardiologie.
Il trouve dans cette spécialité une dynamique où s’entrecroisent
force et délicatesse : celle du cœur où, du côté de la force, un
petit organe réussit à lui seul, par la pression sanguine, à faire
circuler le sang partout au travers du corps, mais de l’autre
côté, son extrême fragilité ; la vie d’une personne en dépend.
Cette dualité philosophico-scientifique lui rappelle ses disciplines
collégiales préférées.
Dr Khairy s’intéresse aux troubles du rythme cardiaque.
Rapidement, il voit que l’arythmie est la première cause de morbidité
et de mortalité chez les adultes nés avec des malformations
cardiaques. Pour approfondir ce champ de la cardiologie, il
entreprend un premier fellowship en électrophysiologie adulte,
suivi d’un second pour étudier les cardiopathies congénitales chez
l’adulte (CCA). Parce qu’il ne fait pas les choses à moitié, pendant
son séjour au Harvard Medical School, il fait des études doctorales
en épidémiologie et en biostatistique (et c’est à Montréal que lui
sera décerné son doctorat).
À Boston, il réalise que les équipes d’arythmologues les plus
expérimentées en cardiopathie congénitale travaillent en milieu
pédiatrique. Pour bénéficier de toutes les connaissances dispo­
nibles, Paul Khairy décide donc de faire un 3e fellowship, cette
fois, en arythmologie pédiatrique. « Il y a 40 ans, 90 % des
enfants nés avec une malformation cardiaque modérée à sévère
ne se rendaient pas à l’âge adulte. Il s’agit donc d’une nouvelle
population de patients. Avec l’amélioration des connaissances
et des techniques interventionnelles et chirurgicales, aujourd’hui
c’est 85 % de cette population qui se rend à l’âge adulte et la
cause principale de leur décès est l’arythmie », confie-t-il.
La population d’adultes avec une cardiopathie congénitale
est, selon l’American College of Cardiology, celle qui connaît la
croissance la plus rapide. Ce champ d’expertise a bénéficié au
cours des années des avancées multiples de la médecine, des
soins intensifs aux connaissances chirurgicales. « Ces patients
m’inspirent énormément. Plusieurs devaient mourir jeunes, du
moins de l’avis de leurs médecins. Aujourd’hui, ils vivent à fond,
mènent une vie presque normale et sont des modèles dont
plusieurs devraient s’inspirer. »
Dr Paul Khairy
Cardiologue
Dr Khairy, détenteur de la Chaire de Recherche Canadienne
en électrophysiologie et cardiopathies congénitales, est un
chercheur clinicien engagé. En plus de ses activités cliniques,
il s’investit à fond dans la recherche et l’enseignement en
cumulant de multiples fonctions. Il dirige aujourd’hui le Centre
de cardiopathies congénitales adultes de l’Institut de Cardiologie
de Montréal (ICM) ainsi que l’équipe d’épidémiologie clinique et
de recherche évaluative du Centre de coordination des essais
cliniques de l’ICM. Il est également le cofondateur de l’Alliance
for Congenital Quebec Interinstitutional Research (ACQUIRE), le
président sortant de l’Alliance nord-américaine de la recherche
en cardiologie congénitale adulte (AARCC) et membre de
plusieurs comités scientifiques pour l’octroi et la distribution de
fonds alloués à la recherche scientifique. Il est aussi membre de
l’équipe de recherche du Boston Adult Congenital Heart Service
de l’Université Harvard.
En quelques années à peine, il a cumulé plus d’une trentaine de
reconnaissances dont le prix André-Dupont du jeune chercheur
du Club de recherches cliniques du Québec, le prix Arista pour le
jeune professionnel de l’année du Québec et a reçu une mention
Canada’s Top 40 Under 40TM. Des prix qu’il partage avec ses
équipes de travail, ses pairs et ses collaborateurs sans qui, selon
lui, rien n’aurait pu avancer de cette façon.
Dr Khairy a encore une longue liste de projets devant lui. « La
science médicale a évolué et beaucoup reste à accomplir puisque
les adultes ayant une malformation cardiaque vivent plus vieux. »
Il veut donc devenir plus productif pour avoir plus d’impact dans
son domaine. « Les dernières années ont été excellentes pour
le centre avec l’octroi d’importantes subventions de recherche.
Notre centre est devenu un centre de référence national. Les
patients viennent de partout au Canada pour être traités chez
nous. On a beaucoup de pain sur la planche ! »
Paul Khairy ne fait rien à moitié. Papa de cinq enfants, dont deux
couples de jumeaux, il aime passer tous ses temps libres avec les
siens. Il apprécie les moments où il peut jouer de la musique avec
ses enfants et... ceux où il peut s’éclater sur sa planche à neige.
S
L
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 35
Développement professionnel continu
Par Gilles Hudon, M.D.
Directeur, Politiques de la santé et Office de Développement professionnel
La sécurité des patients
La prévention des accidents évitables dans la prestation des soins de santé doit être une priorité : elle est tout à l’avantage des
patients bien sûr, mais également à celui de toute l’équipe hospitalière, particulièrement des médecins. Au Québec, l’avènement
des années 2000 a connu la publication du rapport du comité ministériel (rapport Francœur) La gestion des risques, une priorité
ministérielle, l’adoption du projet de loi 113 et la création du Groupe Vigilance pour la sécurité des soins (GVSS) ; au Canada est
né l’Institut canadien pour la sécurité des patients (ICSP). Voici un bref aperçu de ce que font ces deux organismes.
L’Institut canadien pour la sécurité des patients
Par Pierrette Leonard, ARP, FSCRP
et Markirit Armutlu, Msc, PSO*
L’Institut canadien pour la sécurité des patients est issu d’un comité
directeur national sur la sécurité des patients mis sur pied en 2001
par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada (CRMCC)
lors de son congrès annuel, en collaboration avec une trentaine
d’organisations canadiennes de la santé. L’ICSP fut incorporé en
2003, avec un siège social à Edmonton et un bureau à Ottawa ; son
soutien financier est en grande partie assuré par Santé Canada.
L’ICSP est un organisme à but non lucratif qui travaille de concert
avec les organisations de prestations de soins de santé canadiennes
ainsi qu’avec les administrateurs et les professionnels du domaine
de la santé des provinces et territoires, en collaboration avec les
ministères de la Santé des gouvernements fédéral, provinciaux
et territoriaux. Cette collaboration peut s’exprimer sous la forme
de subventions à des projets communs, par l’émission d’avis ou
directives ou encore par la préparation de matériel de promotion. Le
conseil d’administration de l’ICSP est composé de dix-huit membres
élus, dont la docteure Micheline Sainte-Marie qui préside aussi au
Québec le GVSS ; ces administrateurs sont élus pour leur expertise
en sécurité des patients, et non pas pour défendre les intérêts de
leur propre organisation. Par ailleurs, plus de 80 organismes et
gouvernements de divers paliers au Canada sont des membres
votants de l’ICSP et assurent annuellement sa bonne gouvernance
ainsi que la représentation des différents domaines de la santé sur
son conseil d’administration.
La vision de l’ICSP Des soins plus sécuritaires pour tous les Canadiens
ainsi que sa mission Inspirer une amélioration extraordinaire de la
sécurité des patients et de la qualité encadrent, depuis ses débuts,
la volonté d’agir de l’ICSP tout en étant à l’écoute du système.
Le rôle de l’ICSP
Pour soutenir tous azimuts le système de soins de santé, l’ICSP
développe des produits fondés sur des données probantes et conçoit
des produits et services visant la qualité des soins et la sécurité des
patients, et ce, en fonction des besoins du personnel de première
ligne, des cadres intermédiaires, des cadres supérieurs et des
conseils d’administration. Les ressources mises à la disposition des
intéressés sont disponibles sans frais aux abonnés sur le site Web de
l’ICSP (www.securitedespatients.ca).
36 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
Le programme Soins de santé plus sécuritaires maintenant !
(SSPSM) est aussi connu sous le nom de la campagne Ensemble,
améliorons la prestation sécuritaire des soins. Ce programme,
établi au Québec en 2006 et considéré par plusieurs comme étant
le programme phare de l’Institut, procure les outils et les ressources
nécessaires aux prestataires de soins de première ligne, en offrant
soutien et expertise aux équipes de soins interdisciplinaires et
aux établissements du réseau désirant évaluer et améliorer leurs
pratiques basées sur les données probantes. Des trousses de
démarrage, des conférences, des ateliers, des webinaires, des
outils d’amélioration pratiques (adaptables, fiables et éprouvés), des
feuilles de mesure d’indicateurs, des graphiques de séquences, des
données de références, des cibles provinciales et nationales sont
autant d’outils qui sont partagés afin de rendre plus sécuritaire la
prestation de soins.
Les stratégies Soins de santé plus sécuritaires maintenant ! sont
disponibles sans frais à www.soinsplussecuritairesmaintenant.ca.
Elles présentent à la fois, aux équipes inscrites au programme,
l’expertise clinique et les connaissances spécialisées en amélioration
de la sécurité des patients. Elles offrent tout ce qu’il faut pour la mise
en œuvre de projets d’amélioration sur la sécurité des patients, la
mesure et l’évaluation des résultats. De plus, des communautés de
pratiques favorisent l’échange de connaissances.
L’ICSP offre aussi : un guide d’instructions sur la Liste de
vérification des étapes d’une chirurgie sécuritaire ; le programme
Gouvernance efficace pour assurer la qualité et la sécurité des
patients, avec une trousse à outils conçue spécialement pour les
administrateurs ; Compétences liées à la sécurité des patients
conçu en collaboration avec le CRMCC ; Projet d’éducation
en sécurité des patients – Canada pour les gestionnaires de
risque ; Lignes directrices nationales relatives à la divulgation
des événements indésirables et Guide canadien de l’analyse
des causes souches, ces deux derniers adaptés au Québec en
collaboration avec le GVSS. Mentionnons encore une trousse sur
L’hygiène des mains, Rapport de recherche sur la santé mentale
et la sécurité des patients et Les soins primaires. Enfin, l’ICSP est
aussi le moteur de la Semaine nationale de la sécurité des patients.
Les produits et services de l’ICSP sont déjà largement utilisés au
Québec et l’ICSP invite tous les spécialistes québécois à faire de
la prestation de soins auprès de chaque patient et patiente, une
expérience sécuritaire.
* Les auteures sont respectivement conseillère principale – partenaires
nationaux et directrice régionale.
Développement professionnel continu (suite)
Le Groupe Vigilance pour la sécurité des soins
Par Micheline Ste-Marie, gastro-entérologue
pédiatrique*
En 1998, l’Institute of Medicine (Washington, DC)
publiait un rapport à la fois percutant et dérangeant,
mais aussi inspirant, To Err is Human : Building a Safer Health
System1. Ce rapport allait conscientiser le monde de la santé en
Amérique du Nord de l’importance des événements indésirables
dans la prestation des soins et de leurs effets néfastes sur les
patients, sur leurs proches et sur les intervenants des équipes de
soins. Subséquemment, en 2001, le Québec adoptait le projet de
loi 1132 qui enchâssait dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux (LSSSS)3 les principes d’une culture de sécurité
dans nos établissements de santé. Le Québec s’est alors doté
d’un groupe d’experts permanent : le Groupe Vigilance pour la
sécurité des soins4. Ce groupe d’experts réalise des travaux qui
ont préalablement été convenus avec le MSSS afin de promouvoir
la sécurité des soins et des services dans le réseau de la santé et
des services sociaux. À la demande du sous-ministre adjoint de
la Direction générale de la planification, de la performance et de
la qualité (DGPPQ), le Groupe fournit des avis sur un ou plusieurs
aspects spécifiques en rapport avec la sécurité des soins et des
services. Il assure le suivi des dossiers d’actualité et de l’élaboration
des pratiques en matière de sécurité des soins et des services,
collabore à l’amélioration des pratiques professionnelles dans les
domaines concernés par la prestation sécuritaire de soins et de
services et propose au Ministère des stratégies visant à favoriser
le développement d’une culture de sécurité au sein du réseau.
Les professionnels de la santé n’ont qu’un seul but : offrir les
meilleurs soins possible à leurs patients. Malgré ces bonnes
intentions, des événements indésirables surviennent, dans un
contexte habituel de gens normaux, accomplissant des tâches
normales, dans des organisations normales. La gestion des
risques est donc un processus continu et dynamique qui nécessite
un travail d’équipe et interprofessionnel, le patient étant au cœur
du processus. L’événement indésirable a des conséquences
sérieuses sur le bien-être physique et émotionnel du patient
et de ses proches. L’impact d’un évènement indésirable est
également considérable pour chacun des professionnels de
l’équipe soignante : le doute sur sa compétence, la déception
de sa performance, la peur du blâme, la honte, la crainte d’être
poursuivi ou, pire encore, d’être mis à l’écart par les pairs, peuvent
tous causer une détresse physique et émotionnelle dont le
professionnel concerné se remettra difficilement.
1Kohn LT, Corrigan JM, Donaldson MS, eds. To err is human: building a safer
health system. Washington, D.C.: National Academy Press, 2000.
2Québec. Projet de loi n° 113, Loi modifiant la Loi sur les services de santé
et des services sociaux concernant la prestation sécuritaire de services de
santé et de services sociaux : sanctionné le 19 décembre 2002. Québec :
Éditeur officiel du Québec, 2002.
3Québec. Loi sur les services de santé et les services sociaux : L.R.Q.,
chapitre S-4.2, à jour au 1er juillet 2011. Québec : Éditeur officiel du Québec,
2011.
4
http://www.msss.gouv.qc.ca/ministere/vigilance/index.php ?accueil
* L’auteure est directrice associée des services professionnels à l’Hôpital de
Montréal pour enfants (CUSM) et présidente du Groupe Vigilance pour la
sécurité des soins.
La sécurité des patients est définie comme étant la prévention
et la réduction des conséquences des actes dangereux dans le
système de santé. Jusqu’à maintenant, la plupart des démarches
entreprises s’appuient sur celles liées à la qualité et à la sécurité
dans les entreprises à haute fiabilité. C’est ce modèle de
gestion de risques et d’assurance qualité que nous utilisons la
plupart du temps dans nos établissements. Il faut aller plus loin
et s’approprier l’objectif d’une culture de sécurité des patients
au-delà du modèle industriel [de sécurité] en le faisant charnière
des valeurs professionnelles. Pour ce faire, « Il (…) faut valoriser
et développer des caractéristiques de fiabilité organisationnelle
liées à l’intelligence collective, à la réactivité, à la maîtrise des
situations (y compris imprévues), à la gestion des marges (y compris
l’anticipation des marges futures), à la gestion de réserve5 ». Comment réussir ce virage ? Les caractéristiques d’une culture
de sécurité sont l’information (connaissance des forces et
faiblesses), la déclaration et la divulgation, la prudence (degré
élevé de vigilance, anticipation de l’inattendu), la justice (approche
sans blâmes, mais juste), l’adaptabilité (capacité de réagir et
de s’adapter au changement) et l’apprentissage (capacité
d’apprendre et de s’améliorer). Patients, familles et intervenants
doivent devenir des partenaires qui visent le but commun d’offrir
des soins de qualité aux moindres risques et dispensés avec
compassion. Les médecins spécialistes intègrent les valeurs du
cadre de compétence CanMEDS dans leur pratique courante ;
ils doivent maintenant intégrer dans leur pratique quotidienne
les compétences en matière de sécurité des soins en créant une
culture de sécurité des patients. Pour ce faire, il faut travailler
en équipe, communiquer efficacement, gérer les risques,
optimiser les facteurs humains et environnementaux,
reconnaître les événements indésirables, y réagir et les
divulguer. La communication améliorée ainsi que le travail en
équipe avec les patients et leurs proches comme partenaires de
soins pourront assurer la pérennité d’une culture de sécurité dans
nos établissements et la certitude d’un travail bien fait.
5Rome F, Pariès J, Nyssen AS. Analyse bibliographique portant sur les
expériences nationales et internationales pour promouvoir ou améliorer la
sécurité des patients. Paris : Haut Conseil de la santé publique, 2010.
http://www.hcsp.fr/explore.cgi/accueil ?ae=accueil
Ajout d’une activité aux 4e JFI
Une nouvelle activité s’est ajoutée aux
4e JFI : L’ICSP : de fond en comble et
La campagne québé­coise : Ensemble,
améliorons la prestation sécuritaire
des soins de santé. Cette présentation
fera connaître la mission, le rôle et les
actions de l’ICSP ainsi que les diverses interventions de la
Campagne québécoise. Un lien sera fait entre le plan stratégique et
les nombreuses initiatives, les programmes, les outils et les
ressources mis à la disposition des professionnels de la santé du
Québec dans les domaines de la formation, de la gouvernance, de
la divulgation des événements indésirables, de l’analyse des causes
souches, de la simulation, de la chirurgie sécuritaire, de la prévention
des événements iatrogènes médicamenteux et du contrôle et de la
prévention des infections. Cette activité est ouverte à tous, sans
égard à la spécialité médicale.
S
L
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 37
Le vendredi 11 novembre 2011
Palais des congrès de Montréal
Réservez cette date à votre agenda !
AU PROGRAMME
•
DE L’ADOLESCENCE À LA MÉNOPAUSE : SANTÉ MENTALE CHEZ LES FEMMES
En partenariat avec les associations des obstétriciens-­gynécologues et des psychiatres
TARIF
SPÉCIA
L
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INSCR UR
IPTION
AVAN
10 OC T LE
TOBRE
•DOCTEUR, J’AI MAL PARTOUT !
En partenariat avec les associations des psychiatres et des rhumatologues
•JOURNÉE QUÉBÉCOISE SUR LA TUBERCULOSE : MIEUX COMPRENDRE POUR MIEUX COMBATTRE
En partenariat avec les associations des microbiologistes infectiologues, des pneumologues et des médecins spécialistes en santé communautaire
•COMPLÉMENTARITÉ DE LA CHIRURGIE ET DE LA RADIOLOGIE DANS LA PRISE EN CHARGE DES
PATHOLOGIES CHIRURGICALES COURANTES
En partenariat avec les associations des chirurgiens généraux et des radiologistes
•L’IMPORTANCE DU COMITÉ DES TUMEURS : LE MODÈLE BIEN ARTICULÉ DES CANCERS DE LA TÊTE ET DU COU
En partenariat avec les associations des hématologues-oncologues, des oto-rhino-laryngologistes et des radio-oncologues
•LA LECTURE CRITIQUE D’UNE ÉTUDE RANDOMISÉE CONTRÔLÉE
•LES HABILETÉS DE GESTION D’UN CHEF DE DÉPARTEMENT OU DE SERVICE / LES COLLÈGUES DIFFICILES
•VOS PAPIERS S.V.P. ! : AUTOGÉRER MA FORMATION CONTINUE : DÉMARCHE ET OUTILS PRATIQUES POUR
M’ARRIMER AUX PROGRAMMES DE DPC DU CMQ ET DU CRMCC
•SURVIVRE AUX COMPLICATIONS INATTENDUES, AUX PLAINTES ET AUX POURSUITES / COMMENT TENDRE LA
MAIN À UN COLLÈGUE EN DIFFICULTÉ ?
•PLANIFICATION DE LA RETRAITE, À COURT ET À LONG TERME
Les aspects financiers, les assurances et les aspects juridiques ainsi que les aspects psychosociaux, réglementaires et déontologiques
•LES ORDONNANCES COLLECTIVES - QU’EN SAVEZ-VOUS ?
•MA PRATIQUE ET LA SÉCURITÉ DES PATIENTS
•L’EXPERTISE ET LE MÉDECIN SPÉCIALISTE : UNE LONGUE CARRIÈRE FAIT-ELLE DE VOUS UN EXPERT ?
•MIEUX APPRENDRE POUR MIEUX SOIGNER : LE PROGRAMME DE MAINTIEN DU CERTIFICAT
DU COLLÈGE ROYAL DE L’APPLICATION WEB (Sessions en français et en anglais)
•POUR ÉVITER DE FAIRE LA UNE DU JOURNAL : GESTES DE BASE en réanimation
•VOUS, VOTRE PATIENT ET LES MÉDICAMENTS : BÉNÉFICES ET RISQUES DE L’APPLICATION INTÉGRALE DES
LIGNES DIRECTRICES
•L’INSTITUT CANADIEN POUR LA SÉCURITÉ DES PATIENTS (ICSP) : DE FOND EN COMBLE./
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Financière des professionnels
Par Alain Doucet, B.Sc., A.S.A., Pl. Fin.
Directeur principal - Planification financière
Un dur coup pour les régimes de
retraite individuels (RRI)
On se souvient que le dernier budget du Québec a nettement réduit l’attrait d’une retraite
anticipée en termes des prestations du Régime de rentes du Québec. Voilà qu’avec son
dernier budget, le fédéral est venu porter un dur coup aux RRI. On pourrait même dire le
coup de grâce !
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un RRI ? C’est un régime de retraite
à prestations déterminées. Il peut être mis en place par un
médecin, pour lui-même et son conjoint, lorsque ce médecin est
incorporé, qu’il se verse un salaire annuel de plus de 100 000 $
et qu’il est âgé de 45 ans ou plus. Dans ce cas, le RRI permet
le versement de cotisations supplémentaires beaucoup plus
importantes que celles permises par le plafond de cotisations
à un REER. Un régime à prestations déterminées garantit une
rente de retraite équivalente à 2 % du salaire indexé jusqu’à la
retraite, pour chaque année de service. La cotisation requise
pour constituer cette rente est déterminée par un actuaire, en
fonction de facteurs tels que l’âge et le revenu, et elle est revue
au moins une fois tous les trois ans. Le calcul se fait en fonction
d’un rendement prévu de 7,5 % l’an. Le montant requis pour
générer la rente promise sera considéré comme une dépense
de la société, tout comme les frais d’administration du régime. Si
le rendement est inférieur à cette prévision, le manque à gagner
pourrait être comblé par une cotisation spéciale de la société.
Le revenu de retraite généré par un RRI est généralement plus
élevé que celui généré par un REER.
le RRI permet le versement de
cotisations supplémentaires beaucoup
plus importantes que celles permises
par le plafond de cotisations à un REER.
Au moment de la retraite, il est possible de modifier les dispositions
d’un RRI afin de maximiser les prestations dans les cas suivants :
indexation de la rente, retraite anticipée sans réduction et prestation
de raccordement. Ces modifications entraînent une cotisation
additionnelle, qui est également déductible d’impôt pour la
société. Notez qu’il est toujours possible de transférer les sommes
accumulées dans un RRI vers votre REER. Par contre, si vous avez
toujours maximisé le RRI, il y aura un impact fiscal lors du transfert.
En effet, le montant du transfert permis par la Loi de l’impôt est
fonction de la rente qui vous est promise à la retraite. Ce facteur
varie selon l’âge : par exemple, à 65 ans, le facteur est de 12,4.
Si la rente promise était de 25 000 $ par année, vous n’auriez le
droit de transférer que 310 000 $ dans votre REER. Votre RRI
sera sûrement plus élevé que cette somme ; tout excédent ne
pourra donc être transféré dans votre REER et les sommes
transférées dans des placements non enregistrés seront
imposables au moment du transfert.
Dans le cadre d’un RRI, il était auparavant possible de racheter
des années de services passés durant lesquelles vous étiez
incorporé et receviez un salaire. Une partie du rachat devait être
comblée par le REER et l’autre, par une cotisation provenant
de la société et déductible pour cette même société. C’est ici,
entre autres, que le dernier budget fédéral est venu changer la
donne. En effet, depuis le 22 mars 2011, toutes les cotisations
à un RRI relatives aux années d’emploi antérieures à la mise en
place du RRI doivent d’abord être financées à même les actifs
existants du REER ou par une réduction des droits de cotisation
au REER, avant qu’une contribution déductible de la société ne
puisse être effectuée. Ceci élimine complètement l’avantage du
rachat des services passés, les nouvelles mesures réduisant les
épargnes déductibles pour la retraite en obligeant le participant
à vider d’abord son REER pour le rachat.
Une fois votre pratique professionnelle incorporée, il pouvait
être avantageux, auparavant, de vous verser un salaire durant
une certaine période puis, quelques années avant la retraite, de
mettre en place un RRI et d’effectuer le rachat des années de
services passés. Cette pratique abrégeait la durée du RRI, les
frais de maintien de ce régime étant relativement élevés. À titre
d’exemple, les frais d’évaluation actuarielle se chiffrent à environ
1 250 $ tous les trois ans ; à cela s’ajoutent des frais de mise
en place d’environ 4 000 $ et des frais de fermeture du régime
d’environ 1 500 $.
Selon les nouvelles règles, mettre un RRI en place dès l’âge
de 45 ans et le conserver jusqu’à la retraite, sans possibilité
de rachat des services passés, réduit nettement l’avantage de
ce régime face au REER à cause de tous les frais afférents.
À moins que vous n’ayez toujours cotisé au REER de votre
conjoint, auquel cas votre solde de REER est nul et vous n’avez
aucun droit de cotisation REER inutilisé…
Avant de mettre en place un RRI, ou pour toute question
concernant l’incorporation, n’hésitez pas à nous consulter :
nous pourrons vous offrir des conseils judicieux et vous guider
dans vos choix.
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 39
Sogemec assurances
Par Yves Martel, M.B.A., B.A.A.
Conseiller en sécurité financière
Trois recommandations pour
votre assurance invalidité
Avez-vous déjà réfléchi à l’impact financier à long terme que peut représenter une invalidité ?
La perte financière engendrée par une invalidité représente des millions de dollars si l’absence
de revenus survient tôt au début de la carrière et se poursuit pendant plusieurs années.
Une telle éventualité représente des conséquences financières
catastrophiques non seulement pour vous, mais également
pour les membres de votre famille.
Par contre, avec les années, l’évolution de votre situation
financière (c’est-à-dire la diminution et même l’extinction des
dettes, l’autonomie des enfants et l’accumulation d’actifs)
viendra amoindrir l’impact financier et justifiera un réajustement
de votre protection d’assurance.
À la lumière de ce constat, voici trois recomman­
dations
susceptibles de vous permettre de mieux adapter le produit
d’assurance invalidité à l’évolution de votre situation financière.
POUR TOUS VOS
BESOINS D’ASSURANCES
Quelle proportion du revenu couvrir ?
Choisir en début de carrière un niveau de couverture
d’assurance qui se rapprochera le plus possible de votre revenu
annuel réel est primordial afin de ne pas mettre en péril votre
situation financière. Un dollar perdu aujourd’hui est beaucoup
plus précieux qu’un dollar perdu demain puisque ce dernier
bénéficiera de moins de temps pour fructifier.
L’assurance invalidité du régime groupe association de la FMSQ
permet d’ailleurs de couvrir 100 % de votre revenu.
Grâce au
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SOGEMEC ASSURANCES
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Sogemec Assurances, toutes vos
assurances sont pensées en fonction
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40 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
Sogemec assurances (suite)
L’assurance frais de bureau prévoit des prestations
mensuelles, après un délai de carence de 30 jours,
pour le paiement de vos dépenses fixes :
Nombre d’années de pratique
(30 à 65 ans)
„„le loyer ;
Valeur de vos connaissances
„„le coût des services publics tels que
8 750 000 $
et de votre capacité à travailler
250 000 $
X 35 ans
Revenu annuel moyen =
l’électricité, le téléphone et l’eau ;
„„le
salaire des employés ;
Quel délai de carence choisir ?
„„les
honoraires comptables ;
Le peu de ressources financières en début de carrière pour faire
face à une absence de revenus à court terme a un impact direct
sur le choix du délai de carence. Quelles sont donc les solutions
qui s’offrent à vous pour couvrir les premiers mois d’invalidité ?
„„les
frais de crédit-bail ;
Une première solution est le recours au crédit. Toutefois,
l’endettement créé par le recours au crédit différera dans le
temps toutes possibilités d’épargner.
Une deuxième solution est le recours à l’épargne accumulée.
Le problème de cette solution est que, comme on l’a dit, un
dollar aujourd’hui a une plus grande valeur qu’un dollar futur,
les efforts entrepris pour reconstituer l’épargne à la suite d’une
invalidité devront donc être plus importants.
Le choix d’un délai de carence court, par exemple 30 jours,
en début de carrière est la solution la plus économique et n’a
aucun impact financier négatif à long terme. Ce délai pourra
être allongé n’importe quand par la suite, au fur et à mesure que
votre situation financière s’améliorera. Il est aussi possible de
choisir de ne placer qu’une partie de la prestation à 30 jours, en
maintenant l’autre partie dans un délai plus long, par exemple
90 jours.
Encore une fois, l’assurance groupe association de la FMSQ
permet d’opter pour une telle solution avec une incidence
minime sur la prime.
Que faire de vos frais de bureau ?
Vous êtes protégé, en cas d’invalidité, contre la perte de votre
revenu professionnel. Il serait dommage que vos prestations
d’invalidité, destinées à remplacer votre revenu, servent en partie
ou même en totalité à payer les frais de bureau (en fonction d’un
contrat d’emploi, d’une convention entre associés ou encore
d’une convention entre actionnaires) dont vous continuez
d’assumer la responsabilité pendant votre période d’invalidité.
L’assurance frais de bureau est le complément idéal à
l’assurance invalidité. Elle couvre vos frais de bureau pendant
une période de 15 à 24 mois si une maladie ou une blessure
vous empêche d’exercer votre profession.
„„votre
contribution aux différentes
associations professionnelles ;
„„vos
autres dépenses fixes.
Ce produit méconnu a l’avantage
d’être peu dispendieux, considérant
sa durée de prestations limitée. De
plus, contrairement à l’assurance
invalidité (perte de revenu), les
primes de l’assurance frais de
bureau sont déductibles de
votre revenu de profession aux
fins de l’impôt.
En conclusion
Que vous soyez travailleur autonome ou médecin incorporé,
l’assurance frais de bureau est une assurance essentielle à
la bonne gestion de votre clinique. Advenant une invalidité,
vous pourrez vous concentrer sur votre « retour à la santé »
sachant que vos obligations envers votre clinique sont
prises en charge pendant un certain temps.
N’oubliez pas que votre couverture d’assurance invalidité
peut être modifiée selon l’évolution de votre situation
financière pour vous permettre d’obtenir une meilleure
couverture à court terme tout en réduisant les pertes
majeures de revenus possibles à long terme.
N’hésitez pas à communiquer avec les conseillers de
Sogemec Assurances pour discuter de votre situation
particulière. Vous pouvez nous joindre en composant le
514 350-5070 ou le 1 800 361-5303.
Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011 | 41
Word from the president
Dr. Gaétan Barrette
­­­Readiness, Steadfastness
and Transparency
F
ollowing are a few highlights of the new Agreement we
have signed with the government. You can be proud of
this success, since it meets your hopes and stresses the
place and importance of specialized medicine in Quebec. Let’s
start with a quick look back...
In 2006, the FMSQ’s road took an important turn. We dared
to speak, and to continue speaking, about ‘remuneration’,
and we mobilized as never before. What did we fear after the
2007 mediation? That things would calm down and become
as before? This did not happen. This was clear at Presidents’
Commissions and Delegates Assemblies. It was also clear when
government representatives tested the lie of the land during the
last negotiations: they always do it – and that’s fair enough. The
results too were clear: you were ready, so were we. They had
to avoid providing a trigger. We needed to strike a balance.
This created a ‘Cold War’ between us and the government over
our own negotiations and, parenthetically, those of our general
practitioner colleagues, which by the way proved very useful.
We were lucky in one respect: we held discussions with the
President of the Conseil du trésor and her secretary, Mr. Denys
Jean. We had a good relationship with Madame Courchesne,
based on transparency and a direct approach.
However, our opposite numbers expected us with daggers
drawn. A mistake. In negotiations, you have to be able to fight,
but also withstand, which is what we demonstrated. I can
never say it often enough: you have to be able to count on
mobilizing troops who are always ready to contribute. I said it
in 2003 during our famous meeting at the Olympic Stadium:
you do not discuss power, you exercise it! It’s not enough for
the ball to be in your court, it has to be yours! You must also
have a coherent, unassailable position. Let’s say it loud and
clear! To date, no one has been able to fault the FMSQ’s public
stance and we concluded our negotiations without any shadow
of pressure tactics! Not bad! Fortunately, we do not have a
François-Pierre Gladu among our members. The author of
several texts attacking me personally or voluntarily biased when
it came to discussing numbers, in particular for Santé inc., he
even went so far as to attack his own organization, declaring
in Cyberpresse on August 21 that family physicians had been
forced to accept their agreement under the threat of emergency
legislation! Believe me, when emergency legislation is in the air,
you know it! Just one suggestion, don’t waste your time on
François-Pierre Gladu’s comments – even better, write to the
CMA, owners of Santé inc., and ask for him to be replaced.
The turn we took in 2007 was of a different stamp altogether,
based on a new principle regarding the distribution of the funds
provided by these two series of negotiations. The principle was,
in fact, a commitment to decrease the gap between the average
income of all specialties by the year 2016. I recall the regional
tour we undertook in 2007 to explain that year’s agreement.
In our presentation, we even announced the objective of the
current negotiations, based on the various projections of how
remuneration levels would evolve in Canada. In fact, this coloured
our entire approach, and, in this regard, we succeeded. Once
again, this was thanks to you. Realize that bad negotiations
would have made it harder, but not impossible.
Thus, by adding together the results of the two negotiations
since 2006, I believe we now have the means to respect our
overall commitment regarding the income gaps between
various specialties. However, this is a subject that will no doubt
generate a lot of passion... Those of you who lived through the
events of 2007 will remember them. Those of you who have
just arrived, will remember them later. One fact remains: we
promised you steadfastness and transparency – concrete
criteria and parameters, rather than vague, subjective ones. This
is what we have delivered so far and what we intend to pursue.
This commitment will force us through a transition. The next
distribution is the one that will have the greatest impact on gaps
in remuneration. Reducing them means an uneven distribution.
Wider distribution may involve a greater degree of unevenness.
But it will always be done transparently and objectively. You will
understand that after celebrating the successful signing of this
agreement, we will be faced with arduous internal debates from
which we must come out stronger and more determined than
ever in preparation for the next round of negotiations that will
begin... in late 2014!!!
The year 2011 will conclude a process begun in 2003 under the
presidency of Doctor Yves Dugré, who has just passed away
and whose contribution we salute in this issue. As you can see,
your Federation has been operating at a hellish rhythm for the
last five years and, not only is there no let up, but it will probably
get worse in 2014. It will be up to you to push us to maintain this
rhythm. You have a duty to do so.
I cannot end this editorial without taking the time to thank the
Federation’s management and each member of the staff for its
outstanding team spirit during this period because, believe me,
every one of them contributed beyond the call of duty and did
so with passion and commitment. My gratitude to you all!
Yours in solidarity!
S
L
42 | Le Spécialiste | vol. 13 no 3 | Septembre 2011
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