Barcelone vit une métamorphose permanente
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Barcelone vit une métamorphose permanente
Les Acteurs de l’Immobilier Les Acteurs de l’Immobilier «Les Barcelonais ont retrouvé le contact avec la mer, puisque plus de 4 kilomètres de promenade et de plage ont été aménagés». Octavio Mestre «Barcelone vit une métamorphose permanente» Elle est sympathique et festive, on s’y bouscule pour des week-ends de convivialité et de farniente, mais elle est aussi dynamique et active, et on s’y presse pour cueillir les fruits d’une expansion économique qui ne faiblit pas. La douceur de vivre d’un côté, la fureur de vivre d’autre part: c’est le secret de la capitale de la Catalogne, explique Octavio Mestre, architecte et professeur à Barcelone. 58 N u m é r o 12 A v r i l – Ma i 2 0 0 8 59 Les Acteurs de l’Immobilier Les Acteurs de l’Immobilier Les ramblas: «C’est le symbole de la vie sociale, ils illustrent à merveille cette forme de relation simple et facile entre les gens. On a l’impression que tout est fluide et léger, comme la vie dans les pays du Sud». Le projet de rénovation et d’agrandissement du stade de football du Camp Nou, de Norman Foster. «Le stade est le cœur de Barcelone! Il est déjà l’un des plus grands du monde, puisqu’il peut accueillir 120 000 spectateurs, mais il va être agrandi pour en accueillir 150 000. A l’intérieur du stade, c’est le déchaînement des émotions et des passions; à l’extérieur, Norman Foster a prévu un revêtement dans une matière sensible, comme une espèce de seconde peau. La communication est encore plus profonde, plus fusionnelle». La tour Torre Agbar de Jean Nouvel. «Elle n’est pas conçue pour s’intégrer dans la trame environnante, mais pour devenir un symbole de la ville. Elle tranche, elle marque un repère. Du haut de ses 35 étages, elle domine tout et montre au monde la puissance de Barcelone. C’est très phallique, bien sûr! Et sa forme est originale, on dirait la métaphore d’un geyser solidifié». «O n dit souvent qu’on a le niveau de vie du Nord et la qualité du vie du Sud: on travaille dur la journée et on s’éclate le soir. Ce qui est sûr, c’est que la ville vit intensément et qu’elle se transforme sans cesse; cela saute aux yeux sur le plan de l’architecture et de l’urbanisme». Architecte et professeur à Barcelone, inlassable globe-trotter, par ailleurs, pour donner des conférences et des cours dans le monde entier, Octavio Mestre observe avec intérêt ce rap- 60 N u m é r o 12 port subtil entre la vie sociale, économique, culturelle, et ses transcriptions sur le visage de la ville. «A Barcelone, dit-il avec humour, le mieux pour un jeune est de devenir footballeur. C’est le plus prestigieux! Ensuite, il y a architecte. N’oubliez pas qu’il y a 12 000 architectes qui travaillent dans la ville, même s’il n’y a pas 12 000 chantiers. Les habitants sont très sensibles à l’esthétique de la ville, ils ont tous un peu le virus». Depuis une vingtaine d’années, la capitale de la Catalogne n’a pas lésiné sur les nouveaux projets et les réalisations spectaculaires. Une reconquête de l’espace public qui résonnait aussi, en ces années du début de l’ère post-franquiste, comme une reconquête de son autonomie et de sa créativité propre. «On a beaucoup développé les espaces publics, explique Octavio Mestre, aussi bien les parcs que les lieux de convivialité: il n’y avait pas de grands parcs, mais on en a déjà créé une dizaine et deux autres vont l’être prochai- nement; la mer était lointaine, elle n’était pas dans la tête des gens et ne faisait pas partie de leur mode de vie, mais on a aménagé près de cinq kilomètres de plage pratiquement au centre-ville. Les Jeux olympiques ont dopé toutes les envies, puis le Forum des cultures a pris le relais. La ville s’est ouverte, elle a pris confiance en elle… Aujourd’hui, elle reste fidèle à son passé, mais elle ne craint plus de grands gestes architecturaux». n Philippe Lemaire A v r i l – Ma i 2 0 0 8 61