Fiche Réduction de la gêne sonore due aux installations

Transcription

Fiche Réduction de la gêne sonore due aux installations
Fiche action Harmonica
Réduction de la gêne sonore due aux installations
héliportuaires du site de Fontvieille (Monaco)
1. Contexte
Les installations de l’hélistation de Monaco sont situées à proximité immédiate d’immeubles
d’habitation de grande hauteur. Plusieurs plaintes de riverains concernant la gêne sonore provoquée
par les activités de l’héliport ont été enregistrées par le Service de l’Aviation Civile. Le Gouvernement
Princier de la Principauté de Monaco, par l’intermédiaire du Département de l’Equipement, de
l’Environnement et de l’Urbanisme a réagi à la problématique en sollicitant différents intervenants du
domaine de l’acoustique environnementale, dont Acoucité.
Une étude de perception réalisée auprès des habitants a permis de définir les actions suivantes, qui
ont ensuite été réalisées :
-
Nouvelles procédures « moindre bruit » pour l’approche et le décollage,
Modification de l’Ordonnance Souveraine qui réglemente l’urbanisme du quartier de
Fontvieille afin de permettre aux riverains le souhaitant de fermer leurs loggias,
Temps de stationnement au sol des appareils avec le rotor allumé limité à 10 minutes
Par suite, une autre proposition de l’étude de perception a été mise en œuvre avec l’installation d’un
réseau permanent de mesure des niveaux sonores autour de l’hélistation. Cette proposition a pris
forme en 2009 avec la pose de deux stations de mesures en continu.
Pour les mesures et l’enquête les moyens ont été estimés à environ 20 jours ETP soit 15.000 €.
2. Etude de perception
Objectifs :
L’étude de perception répondait aux objectifs suivants :
-
caractériser la perception sonore et le vécu de la gêne
évaluer les attentes des riverains de l’héliport
apporter des réponses en termes de protections les plus adaptées.
Méthodologie :
23 entretiens en face à face individuels ou en couple ont été conduits au domicile des riverains. 3
autres entretiens ont ensuite été réalisés par téléphone et 7 échanges complémentaires ont été
réalisés (courriels et courriers) avec 7 autres riverains. Par ailleurs, 27 questionnaires fermés ont été
remplis par des riverains n’ayant pas participé aux entretiens.
Résultat des entretiens et questionnaires :
Bien que la gêne exprimée soit réelle et souvent intense, l’héliport bénéficie plutôt d’une bonne image
statutaire (activité économique, infrastructure utilisée par certains riverains). Les attentes en matière
de réduction des nuisances demeurent néanmoins très fortes, et un transfert de l’héliport sur une
autre zone semble une issue peu probable. D’autres solutions plus envisageables se sont dégagées de
l’enquête. Les pistes d’action suivantes ont alors été retenues :
- Possibilité pour les riverains le souhaitant de fermer leurs loggias afin de se réapproprier un
espace de leur logement délaissé à cause du bruit grâce à la modification de l’Ordonnance
Souveraine réglementant le quartier de Fontvieille (comparable à une modification simplifiée
de PLU),
- Réduction du nombre d’évènements bruyants par une limitation de l’activité aux seuls vols
« socialement » acceptés, et en diminuant les vols de découverte touristiques, les vols
d’essais…,
- Mise en place de nouvelles procédures d’approche et d’atterrissage afin d’amoindrir la
propagation des ondes sonores vers les riverains,
- Mesure en continu des niveaux sonores à proximité de l’héliport, afin d’objectiver les
nuisances et de suivre l’évolution de l’impact sonore des installations au cours du temps. Cette
solution est détaillée ci-après.
3. Réseau permanent de mesure des niveaux sonores
Pour faire face aux externalités négatives induites par le dynamisme économique de la Principauté, la
Direction de l’Environnement a réalisé une cartographie du bruit bien avant que la directive
européenne ne l’exige (2003-2004). Le réseau de mesure permanent a été mis en place par la Direction
de l’Environnement à la suite de propositions d’action contre le bruit (2005).
Les actions d’ordre curatif étant difficilement envisageables sur l’héliport en dépit des propositions
d’ADP et du CSTB, le principe d’une action de monitoring était fortement recommandé. Deux stations
ont été installées, une directement au droit de la tour de contrôle et une autre sur l’immeuble
d’habitation « Monte-Marina ».
Station n°1 : Tour de contrôle de l’héliport
Station n°2 : Bâtiment Monte Marina
La révision de la cartographie et du plan d’action (2010), réalisée par le bureau d’étude Acouphen
Environnement, a souligné l’intérêt de suivre certaines zones fortement exposées au bruit
héliportuaire en continu et en temps réel.
L’objectif du réseau de surveillance acoustique est de stocker des indicateurs acoustiques pertinents
afin de qualifier l’ambiance sonore, de suivre leurs évolutions en fonction du temps, de traiter les
données et de les mettre en forme afin de guider la prise de décision et faciliter la communication sur
la thématique du « bruit ».
01dB Metravib, société experte en vibrations et acoustique, a été titulaire du contrat et a mis en place
le réseau. Deux stations de type « Opéra » enregistrent toutes les secondes le niveau sonore
équivalent pondéré A, Leq A ;(t=1s), par bande de tiers d’octave. Les données sont rapatriées
quotidiennement vers un serveur central. Un PC connecté au serveur central permet l’exploitation des
résultats à l’aide du logiciel de traitement dB Trait.
La problématique est ici de caractériser les émergences des différents événements relatifs aux
hélicoptères : décollage, approche, stationnement (turbine en fonctionnement) et survol. La Direction
de l’Environnement a donc, avec l’aide de 01dB, mis en place un ensemble d’indicateurs d’émergence
expérimentaux à base de codage sur seuil.
Opera N°10372 Ch1
110
Leq 1s A
M 02/01/10 13h03m05
55.1 dB M 02/01/10 13h28m40
48.0 dB
105
100
95
90
85
80
75
70
65
60
55
50
Approche
45
Stationnement
Décollage
40
13h05
13h10
13h15
13h20
13h25
OVL
65dB 30s : Cet indicateur calcule la durée cumulée des épisodes pendant lesquels le seuil de 65 dB(A) a
été dépassé pendant une durée comprise entre 30 secondes et 5 minutes, ainsi que le niveau sonore
équivalent pondéré A atteint pendant la période d’intégration correspondante. Cet indicateur permet
de caractériser les périodes de stationnement des hélicoptères rotor allumé (courtes périodes).
65dB 5m : Cet indicateur calcule la durée cumulée des épisodes pendant lesquels le seuil de 65 dB(A) a
été dépassé pendant une durée comprise entre 5 minutes et 10 minutes ainsi que le niveau équivalent
atteint pendant la période d’intégration correspondante. Cet indicateur permet de caractériser les
périodes de stationnement des hélicoptères, rotor allumé, de plus de 5 minutes (périodes longues). Plus
la durée de stationnement rotor allumé est longue, plus la gêne pour les riverains est importante. Cet
indicateur donne donc une idée de la gêne subie ce jour-là.
65dB 10m : Cet indicateur calcule la durée cumulée des épisodes pendants lesquels le seuil de 65 dB(A)
a été dépassé pendant plus de 10 minutes ainsi que le niveau équivalent atteint pendant la période
d’intégration correspondante. La durée de stationnement rotor allumé des hélicoptères étant limitée à
10 minutes (par directive interne de l’aviation civile monégasque), cet indicateur évalue la durée
cumulée des événements qui ont dépassé la limite réglementaire.
95dB 1m : Cet indicateur calcule la durée cumulée des épisodes pendant lesquels le seuil de 95 dB a
été dépassé pendant plus de 1 minute ainsi que le niveau équivalent atteint pendant la période
d’intégration correspondante. Le seuil de 95 dB n’étant atteint que par les hélicoptères de gros tonnage
et bruyants, cet indicateur donne une estimation de la durée cumulée de stationnement des
hélicoptères les plus bruyants.
105 dB 2s : Cet indicateur calcule la durée de pic d’intensité sonore, au moment du décollage à pleine
puissance d’un gros hélicoptère.
Le niveau résiduel correspond au niveau sonore équivalent hors épisodes codées par les indicateurs
ci-dessus. Il peut être considéré comme le niveau sonore sans le bruit des hélicoptères. Ce niveau est
compris entre 52 et 55 dB(A).
4. Conclusion
Acoucité travaillera en partenariat avec la Direction de l’Environnement pour le calcul des indicateurs
chaque année et la communication des résultats aux riverains de l’hélistation. Un projet d’intégration
des résultats dans un recueil des données environnementales est en cours.
Une étude bibliographique des différentes pratiques des héliports internationaux permettra également
de faire évoluer le système d’évaluation du bruit événementiel.