L`Espace européen de l`Enseignement supérieur, bilan et perspectives
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L`Espace européen de l`Enseignement supérieur, bilan et perspectives
L’Espace européen de l’Enseignement supérieur, bilan et perspec7ves Eric Froment Président du Comité du Registre Européen des Agences d’évalua:on de l’Enseignement supérieur (EQAR) Erasmus + enjeux et opportunités pour l’Enseignement supérieur en Bretagne Brest, 27 novembre 2013 Plan de l’intervention 1. L’ins:lla:on du virus européen dans les systèmes na:onaux d’enseignement supérieur à par:r de 1976 2. Le processus de Bologne et la transforma:on européenne des systèmes na:onaux à par:r de 1998 3. Une situa:on européenne actuelle complexe et incertaine 4. Et l’aTtude de la France dans tout cela 5. Conclusion : l’avenir est lié à un réveil d’un désir d’Europe 1. L’instillation du virus européen dans les systèmes nationaux d’enseignement supérieur à partir de 1976 Le rôle de la Commission • Avec la « joint study initiative » (1976) et le programme Erasmus (1987) la Commission lance la construction d’une Europe universitaire en favorisant la mobilité des étudiants entre une dizaine de pays. • Elle va inciter à la création de système national d’évaluation et d’assurance qualité (CNE en France 1984) pour faciliter les accords de mobilité intra européens. Le réseau européen des agences ENQA naît en 1998. • Dans les établissements certains enseignant-e-s sont contaminé-e-s et se lancent très rapidement : les pionniers 2. Le processus de Bologne et la transformation européenne des systèmes nationaux à partir de 1998 2.1 L’intervention des Gouvernements • Processus intergouvernemental associant désormais 47 pays et des représentants des acteurs de l’enseignement supérieur (établissements, étudiants, agences d’évaluation). La Commission n’est qu’un membre. • Objectif : bâtir un espace européen, distinct au plan mondial à l’horizon 2010 par une harmonisation (rapprochement) des systèmes nationaux. • Processus volontaire, mais plaçant tous les 2-3 ans chaque gouvernement sous le regard des autres • Comment effectuer le rapprochement : – Par une harmonisation des systèmes nationaux autour de 3 cycles – En utilisant des outils créés auparavant (mobilité Erasmus – crédits – supplément au diplôme) – En l’amplifiant par un système commun d’assurance – qualité devant accroître la confiance mutuelle et donc la coopération entre établissements au sein de l’Europe des 47 2.2 Le processus de Bologne a créé une dynamique en Europe • Des objectifs reconnus et conservés par les gouvernements européens plus de 15 ans (et atteints en partie) • Pourquoi cette force? – Processus extra-national (n’émane pas du ministère national) il crée des conditions propices à l’évolution de l’enseignement supérieur dans les divers pays européens – Surtout par l’implication des acteurs au plan européen (y compris étudiants) et leur participation aux décisions – Prônant la coopération dans un monde de compétition • Bologne suscite l’attention du reste du monde – Il est perçu comme la marque de la construction européenne en matière d’enseignement supérieur – Il aide à positionner les systèmes nationaux européens malgré le rang des universités du continent dans les classements 2.3 Bologne : des empreintes claires • L’incitation à centrer les systèmes universitaires sur l’apprenant • Une segmentation en 3 cycles avec une définition commune des compétences acquises • L’incidence sur le changement du type de mobilité : mobilité verticale apparaît avec la mise en place des masters • La mise en place des écoles doctorales (D) qui se distinguent des graduate schools (M et D) en vigueur aux Etats-Unis • Une conception réformée du doctorat, avec l’accent mis sur le doctorant = jeune chercheur et sur les post-doc 2.3 (suite) Bologne : des empreintes claires • L’adoption de règles communes en matière d’assurance qualité (ESG) et d’un registre européen des agences opérant en Europe respectant ces règles • L’obligation de faire participer systèmatiquement les étudiants dans les processus d’évaluation des programmes, des institutions et du fonctionnement des agences d’évaluation • Et pourtant … tout n’est pas si clair, ni si simple 3. Une situation européenne actuelle complexe et incertaine 3.1 Un espace géographique incertain • A 28 ou à 47 en passant par 31 et 38 ! – Lisbonne ou 2020 (28 pays) – Bologne (47 pays) – Erasmus (31 pays) – Erasmus plus (34 pays) Croatie, Suisse, Macédoine – Recherche (PCRD) (41 pays) – Et ce ne sont pas les mêmes! Les pays membres de l’Union européenne L’Europe de l’Enseignement supérieur (EHEA) Les pays participants au programme Erasmus et au processus de Bologne L’Europe de la Recherche (ERA) L’Union européenne et les pays associés 3.2 Quel lien avec l’espace européen de la recherche? • Les universités sont concernées surtout par 2 espaces : – Celui de Bologne (l’EEES) et l’EER relié à la stratégie de Lisbonne • Une stratégie lancée en 2000 par la Commission (« L’Union s’est aujourd’hui fixé un nouvel objectif stratégique pour la décennie à venir : devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale. La réalisation de cet objectif nécessite une stratégie globale ») • Les 2 processus ne sont pas coordonnés – EER a d’autres objectifs (plus centrés sur l’économie – triangle de la connaissance) et une autre logique (excellence – compétition) – La Commission et une autre DG sont en charge – La méthode est différente (consultation des acteurs seulement) – Le rôle des établissements y est difficilement pris en compte • Et la « stratégie Europe 2020 » reste dans la même ligne (« Europe 2020 est la stratégie de croissance que l’Union européenne a adoptée pour les dix années à venir. Dans un monde en mutation, l’Union doit devenir une économie intelligente, durable et inclusive. ») 3.3 L’espace européen perdu de vue • Les universités, dans l’ensemble, sont moins soucieuses de l’espace européen et beaucoup plus sensibles à l’espace mondial • Les classements internationaux et la démographie les y incitent • Les gouvernements et la Commission aussi, avec l’insistance mise sur la compétition mondiale et sur l’importance des puissances émergentes (BRIC) • Les universités jouent la coopération avec des grands établissements et pays hors Europe (parfois dans une compétition avec d’autres établissements Européens). • L’incidence sur la diversité linguistique en Europe face à la pratique simple et mondiale de l’anglais 4. Et l’attitude de la France dans tout cela • Contraste entre – Des succès indéniables des établissements (ou plutôt d’enseignants ou chercheurs?) au plan européen en termes de projets erasmus, erasmus mundus, PCRD – Et par exemple des débats lors des assises montrant un faible intérêt des universitaires pour la mission n°5 (la participation à la construction de l’Espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche) • Le ministère reste très « national » et ne prête pas une attention soutenue aux questions européennes – Les directions DGRI-DGESIP-DREIC reproduisent la non coordination existant au plan européen et s’en satisfont – Des pratiques incohérentes demeurent par rapport au processus de Bologne : master coupé en 2, compensation des UE en 1er cycle, supplément au diplôme peu pratiqué • ET pourtant tout est parti d’un ministre français et de la Sorbonne! 5. Conclusion : l’avenir est lié à un réveil d’un désir d’Europe • Il manque des établissements ou des CUE ayant une stratégie claire et intégrée (formation – recherche) au plan européen ou international et européen. • Il manque une réflexion sur la politique des langues impliquée par une stratégie européenne • Il manque, en France, des autorités organisées pour conduire une politique européenne – Au plan des ministères et des agences – Travaillant en liaison avec une CPU (où les associations de VP RI et de VP recherche jouent leur rôle) • Mais il manque avant tout un désir et une volonté d’Europe comme ils ont, à certains moments, existé. • Il faut redonner une impulsion et une raison à la construction de l’espace universitaire européen.