logue includes a thoughtful discussion of Bethune

Transcription

logue includes a thoughtful discussion of Bethune
CBMH 31.2_Book Reviews Oct 26 2014 21:03:28 book reviews
/
comptes rendus Page 259
259
other observers’ accounts of events, in useful explanatory endnotes. An epilogue includes a thoughtful discussion of Bethune’s legacy and the political
currents that continue to affect how he has been memorialized in Spain, China,
and Canada.
Phoenix is a highly readable account of Bethune’s life; it is not an intellectual biography and it will not provide readers with a deep understanding of
Bethune’s politics. It is clear, for example, why Bethune was drawn to socialist
ideals, but the authors do not fully explore why he attached himself specifically
to the CPC, exactly how his commitment to communism developed, or why
he maintained his party membership even when it was clear that he was in
disgrace for his behaviour in Spain. Although the authors draw on some of
Bethune’s writings, including personal letters, reports to various agencies, and
articles written for publication, readers learn about Bethune largely through
the eyes of others. As well as scouring archival sources on three continents,
the Stewarts have made good use of memoirs written by Bethune’s contemporaries. The many interviews that Roderick Stewart conducted with Bethune’s
colleagues, friends, and lovers add depth and life to the narrative. The result
is a close and insightful look at the extraordinary life of a historical figure who
remains, despite the authors’ best efforts, enigmatic.
ANNE FRANCES TOEWS York University
Du front à l’asile, 1914-1918
Stéphane Tison et Hervé Guillemain,
Paris, Alma éditeur, 2013, 417 p., $36.10
Alors que le centenaire, du premier conflit mondial fait l’objet de nombreuses
commémorations1 et publications de toutes sortes, force est de constater que la
santé, et particulièrement la santé mentale, reste le parent pauvre de ces célébrations et plus largement de l’historiographie de 14-18. Peu abordés par les historiens de la grande Guerre, la folie et son traitement n’ont pas fait l’objet d’une
attention plus soutenue, dans le monde francophone, de la part des historiens
de la médecine ou des sciences psychologiques2. Le manque est aujourd’hui
comblé grâce à Stéphane Tison et Hervé Guillemain, respectivement spécialistes
de la Grande Guerre et des pratiques thérapeutiques à l’université du Maine
au Mans, qui ont mutualisé leurs compétences pour étudier, dans cette monographie, le sort des soldats atteints de maladie mentale lors du premier conflit
mondial.
Que fut l’expérience de ces hommes qui glissèrent, rapidement ou progressivement, du front vers l’asile ? Quel fut l’impact des horreurs de la Grande
Guerre sur les esprits de ces combattants ? Comment fut perçue cette folie de
guerre ? Comment les médecins s’organisèrent pour la prendre en charge ?
Quels enjeux institutionnels, scientifiques, ou patriotiques déterminèrent les
parcours individuels de ces soldats fous ? Et surtout comment ont-ils finalement
vécu, en leur for intérieur, cette folie qui les affectait ? C’est à ces questions que
tentent de répondre les deux chercheurs en se plongeant dans « l’expérience
ordinaire » de ces soldats fous de la Première Guerre Mondiale.
CBMH 31.2_Book Reviews Oct 26 2014 21:03:28 260 Page 260
book reviews
/
comptes rendus Selon une approche microhistorique dont ils sont coutumiers3 et qui renouvelle depuis quelques années le paysage francophone de l’histoire de la psychiatrie4, les auteurs ont choisi de fonder leur étude sur l’analyse de dossiers
de malades extraits des fonds d’archives de trois asiles de la 4e région militaire
française (les asiles du Mans, de Mayenne et d’Alençon), et ce afin de rendre
compte de leurs parcours individuels et institutionnels, de leurs rencontres avec
les soignants et leurs thérapeutiques, mais aussi des conditions scientifiques,
militaires, et politiques à partir desquelles s’organisa leur expérience de soldats-fous. Loin de se limiter à l’échelle microscopique des existences individuelles, ils s’appuient donc sur ces dernières pour mieux comprendre ce que
fut de manière plus globale la folie au cours de la première guerre mondiale.
Il s’agit pour eux de lire les archives à partir de la double volonté de « rétablir
la continuité entre l’avant-guerre et le conflit », et d’être « attentif à la variété
des pratiques de prise en charge des soldats » (p. 26). A la microhistoire répond
donc une perspective large et sur le « temps long », qui la complète et lui donne
sens, qui assure le glissement du regard de l’historien vers de nouvelles sources
et perspectives sans réduire la portée de son analyse. Dès lors, si l’asile est le
lieu privilégié de l’étude, c’est aussi pour mieux comprendre le rôle des centres
neurologiques ; si les dossiers de patients sont mis en avant, c’est pour mieux
envisager la construction et l’application du savoir des soignants ; si l’ensemble
des troubles mentaux sont traités, c’est aussi pour comprendre pourquoi
l’hystérie avait jusque là été privilégiée par les historiens ; si le regard est porté
sur la 4e région militaire, c’est pour dévoiler avec plus de précision ce qui se
déroulait sur le territoire français. Et finalement, si l’étude porte sur la période
1914-1918, l’événement de la guerre se trouve constamment réinscrit dans le
contexte de l’évolution de la psychiatrie, afin de comprendre comment les
médecins ont pu réagir face à des soldats atteints de troubles mentaux. Bref, étudier les expériences ordinaires particulières pour mieux en saisir les conditions
générales de possibilité d’une expérience de la folie en 14-18, tel est l’objectif
que se sont fixés les auteurs de cet ouvrage. D’un point de vue formel, ce ne
sont donc pas moins de quatorze chapitres, détaillant chacun une facette de ce
qui rendit possible l’expérience de la folie des soldats malades, et tous introduit
par un court récit transcrit ou reconstruit concernant l’expérience vécue d’un
malade singulier, que l’ouvrage contient et qui sont répartis, par souci d’unité,
en quatre grandes sections dont nous allons détailler le contenu.
La première partie de l’ouvrage présente les différents chemins et biais
qui ont pu conduire les soldats vers la folie. Certains, comme François, furent
emportés avant même le premier combat par la peur du conflit approchant ou
par l’alcoolisme qui faisait alors des ravages parmi les conscrits comme les réservistes. La deuxième vague d’internements est consécutive au choc des premiers
jours de bataille, soulevant alors la question du rôle de la violence des combats
dans le glissement des soldats tel le capitaine Maurice. Puis c’est la longueur
et la difficulté d’une guerre que l’on pensait rapide qui minent les esprits des
plus vaillants, engendrant le cafard d’Etienne ou la psychose du sergent L. Plus
les combats durent et les pertes s’accentuent, et plus on fait appel aux candidats refusés et ce sont alors les débiles et les psychotiques d’avant-guerre qui
rejoignent le front, à l’image de Lucien. Enfin, lorsque les canons s’éteignent et
que la fin de la guerre impose le retour à la vie « normale », certains, comme le
CBMH 31.2_Book Reviews Oct 26 2014 21:03:28 book reviews
/
comptes rendus Page 261
261
capitaine Georges, sombrent dans une mélancolie profonde, tandis que d’autres
laissent la menace persistante d’une reprise du conflit les emporter.
Face à ces soldats, nombreux, qui à un moment ou à un autre du conflit ont
été confrontés à l’expérience de la maladie mentale, la médecine a dû adapter
ses lieux institutionnels ou disciplinaires de prise en charge, ainsi que le détaille
la seconde partie de l’ouvrage. C’est tout d’abord une discipline à part entière, la
psychiatrie militaire, qui prend réellement corps au cours du conflit, sous l’égide
du médecin bordelais E. Régis, en s’appuyant notamment sur les travaux des
psychiatres russes confrontés au conflit de russo-japonais de 1905. C’est ensuite
le sort des asiles qui est décrit par les auteurs, ces lieux qui loin du refuge espéré
furent dépeuplés, d’abord de leurs personnels enrôlés puis de leurs malades
déplacés avec l’avancée de l’ennemi, mais également remis en question comme
lieu de cure face aux expérimentations d’hôpitaux-villages ou à l’établissement
des centres neuropsychiatriques avancés. Car très rapidement, dès la fin de 1914,
se pose la question d’adapter les conditions de prises en charge à la nature singulière du conflit. Des structures d’urgence – comme celle qui examine le soldat
Antoine – sont mises en place début 1915 au plus près du front pour assurer le
tri des malades et leur évacuation progressive vers l’arrière, les hôpitaux mixtes
puis les asiles. Cette distinction des lieux de prises en charge s’accompagne
d’une scission marquée entre les neurologues responsables des centres avancées
qui ont la primauté sur les malades, mais aussi l’attention des autorités, et les
psychiatres confinés dans les asiles de l’arrière suivant les avancées de cette
neurologie qui s’accapare finalement le psychonévrosé de guerre.
Cette réalité institutionnelle et disciplinaire va avoir un impact sur la compréhension de la folie au cours du conflit, ainsi que le détaille la troisième partie.
Les auteurs analysent tout d’abord le discours des malades qui parlent de leur
folie dans des lettres, comme le fait Isidore, ou à travers les interrogatoires d’entrées réalisés dans les asiles et que leur dossier conserve. Ils découvrent dans ces
récits le souvenir prégnant du conflit de 1870, mais également l’importance des
discours patriotique et mystique qui forgent souvent les délires comme dans le
cas de Victor ou de Léon. Il existe bien un délire propre à la guerre, une psychose à thème militaire, dont il convient alors de déterminer les causes. Est-ce la
guerre qui déclenche la folie ou bien, comme on le pense depuis la seconde moitié du XIXe siècle, la biologie, la prédisposition et l’hérédité ? Le conflit marque
le glissement de l’influence des causes de temps long vers celles de temps court,
conduisant à la déstabilisation progressive de l’ancien dogme de la dégénérescence et de la thèse héréditaire qui l’accompagnait. L’émotion est mise en
avant par certains comme cause de trouble, tandis que d’autres valorisent la
commotion, plus en phase avec l’organicisme qui domine alors. Mais, malgré ces
controverses scientifiques, la psychiatrie ne se révolutionne pas réellement, se
contentant de s’adapter aux conditions du conflit. C’est ainsi que les médecins
voient réapparaître une forme d’hystérie propre à la guerre, réactivant ainsi des
débats du siècle précédent, sans pour autant parvenir à la définir ou à la guérir
correctement. Tout ce qui apparaît en définitive est une médicalisation massive
d’états mentaux jusqu’alors considérés comme normaux, à l’instar de la peur,
et ce dans une perspective aussi socio-économique que médicale, puisque les
malades reconnus blessés de guerre peuvent bénéficier, depuis 1898, de reversements de pensions et de compensations spécifiques.
CBMH 31.2_Book Reviews Oct 26 2014 21:03:28 262 Page 262
book reviews
/
comptes rendus Mais tous ne finissent pas la guerre avec la reconnaissance et l’argent de
l’Etat. Bien au contraire, peu de soldats fous obtiennent les honneurs de la
nation et beaucoup finiront leur vie à l’asile. Mais, il y en a pour qui l’expérience
psychiatrique s’acheva. Certains seront guéris, que ce soit par des thérapies
douces faites de nourriture, de repos, d’isolement et de purge, ou encore d’hypnose, ou par des thérapies plus violentes et controversées comme le torpillage
électrique du Dr Clovis Vincent. D’autres vont finalement être démobilisés grâce
aux requêtes renouvelées de leurs proches, les démarches d’associations ou
leurs efforts personnels, qu’accompagne la reconnaissance progressive d’un
droit des soldats malades ; ou encore du fait du manque criant de main d’œuvre
qui conduit des employeurs à soutenir leur demande de sortie. Enfin, beaucoup
de ces soldats qui croisèrent, un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, la
folie pendant la Première Guerre Mondiale, la retrouveront au cours du conflit
suivant. Ordinaire, l’expérience de la folie qui est décrite dans ces pages ne l’est pas.
Les circonstances exceptionnelles de ce premier conflit mondial, que ce soit en
terme d’ampleur des moyens et hommes déployés, d’industrialisation massive
du combat, d’intensité des batailles, de longueur éreintante de la vie dans les
tranchées, ou de quantité de morts et de blessés, ont conduit les millions de
militaires et de civils engagés volontairement ou non à vivre un épisode sans
commune mesure. C’est une partie de cette folle expérience à laquelle nous
donne accès cet ouvrage. En plongeant dans l’expérience quotidienne des soldats fous nous percevons, cent ans après, l’horreur et l’effroi qu’a pu susciter
un tel événement. C’est là la grande qualité de l’ouvrage de Tison et Guillemain
que de nous immerger réellement au cœur de la folie de la Première Guerre
Mondiale (tant folie de la guerre que folie engendrée par la guerre). Les courts
récits introduisant chaque chapitre, ainsi que la fondation des analyses sur les
cas concrets de malades tirés des dossiers archivés, rendent particulièrement
vivant le récit tissé, d’une plume habile, par les deux historiens. Certes, le lecteur
tatillon regrettera une introduction plus thématique qu’analytique, esquissant
rapidement la méthode et oubliant entièrement le plan de l’ouvrage ; il s’interrogera parfois sur le choix des titres de chapitres, peu propices au repérage
a priori du contenu ; s’il est historien des sciences, ou pire épistémologue, il ne
manquera pas de souligner la rapidité et le manque relatif de clarté du traitement de la controverse disciplinaire entre la psychiatrie et la neurologie. Mais,
dans tous les cas, l’unité et la fluidité du récit, la qualité de l’écriture, l’originalité
de l’étude et son habilité à mêler des archives aussi surprenantes que poignantes
et des analyses aussi rigoureuses que passionnantes, ne pourront que lui faire
oublier ces désagréments, en lui rappelant que cet ouvrage n’est pas un traité
d’histoire de la psychiatrie et des sciences médicales entre 1914-1918, mais un
récit de l’expérience, au sens tant phénoménologique qu’historique, de la folie
qu’ont fait certains soldats de la Première Guerre Mondiale dans l’Ouest de la
France. Et il saura que, comme lui, au moment de refermer l’ouvrage, le lecteur
aura l’impression juste et persistante d’avoir vécu, pendant quelques heures,
au côté de ces soldats fous, de pouvoir en ressentir la souffrance, en percevoir
le désespoir, la peur ou l’inquiétude et de désormais en comprendre le sort. Et
il se demandera finalement comment était-il possible de rendre plus justement
CBMH 31.2_Book Reviews Oct 26 2014 21:03:28 book reviews
/
Page 263
comptes rendus 263
hommage à ceux qui, il y a cent ans cette année, vécurent une expérience si
traumatisante, si violente et si extra-ordinaire, qu’elle ne put que les conduire
à la folie.
ALEXANDRE KLEIN
Université d’Ottawa
NOTES
1 La France a ainsi mis en place une mission dédiée (http://centenaire.org/fr), ainsi que
le Royaume-Uni (http://www.1914.org/).
2 A l’exception notable de travaux de Geneviève Allard, Névrose et folie dans le corps
expéditionnaire canadien (1914-1918) : le cas québécois (Montréal : Athéna Editions,
2012) ; Julien Bogousslavsky et Laurent Tatu, La folie au front. La grande bataille des
névroses de guerre (1914-1918) (Paris : Imago, 2012) ; ou de Sophie Delaporte, « La
psychiatrie pendant la Grande Guerre », mémoire de DEA, 1993.
3 Hervé Guillemain, Chronique de la psychiatrie ordinaire. Patients, soignants et institutions
en Sarthe du XIXe siècle au XXIe siècle (Le Mans : Éditions de la Reinette, 2010 ; Laurence Guignard, Hervé Guillemain, et Stéphane Tison (dir.), Expériences de la folie. Criminels, soldats, patients en psychiatrie (XIXe-XXe siècles) (Rennes : Presses universitaires
de Rennes, 2013).
4 On pense notamment au travail pionnier de Marie-Claude Thifault et André Cellard,
Une toupie sur la tête. Visages de la folie à Saint-Jean-de-Dieu au tournant du siècle dernier
(Montréal : Boréal, 2007) ou celui, plus récent, de Benoit Majerus Parmi les fous. Une
histoire sociale de la psychiatrie (Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2013).
Deliver Me from Pain: Anesthesia & Birth in America
Jacqueline H. Wolf
Baltimore: Johns Hopkins University Press, 2009, 277 p., US$27.00 paper
With Deliver Me from Pain, Jacqueline Wolf makes an important and innovative
contribution to the literature on the history of childbirth. In this book, Wolf, Professor in Social Medicine at Ohio University, argues that debates surrounding
the value and uses of obstetric anaesthesia have been characterized by hyperbole since its development in the mid-19th century: “voices of moderation” were
consistently “drowned out by proponents of two extreme and contradictory
views of labor” (p. 1). Wolf contends that, rather than being shaped by medical
innovations and discoveries, lay and medical attitudes toward obstetric anaesthesia and physicians’ uses of it were inextricably connected to the wider milieu
of any given period. She centres her discussion around a series of “questions”
(of necessity, professional respect, safety, authority, convenience, and choice)
that have complicated both historical and contemporary debates surrounding
the role of anaesthesia in obstetrics. She ultimately concludes that, as women
have become increasingly distanced from their bodies and birth experiences as
part of an ongoing process of medicalization, “birth has become principally a
problem of pain management” (p. 7).
Taking a chronological approach, Wolf first demonstrates how ideas about
the nature of the female body in the second half of the 19th century supported
the obstetrical use of recently discovered anaesthetics such as chloroform and