degage, petit - Office Départemental de la Culture de l`Orne

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degage, petit - Office Départemental de la Culture de l`Orne
DEGAGE, PETIT
Au commencement, il y a l’œuf. Un œuf, plus gros, pas pareil, parmi les autres œufs, tous
bien semblables. Jusque-là, ça va. Mais, dès l’éclosion, cela se corse. Le petit, différent, fait tâche au
milieu de ses frères de nid. Et, si «ce n’est pas facile d’être une tâche, ce n’est pas non plus facile
d’être la maman d’une tâche». Aussi, c’est de la bouche de la maman, encombrée de cette
progéniture bizarre, que tombe la sentence : Il faut partir. Loin. C’est le début d’une fuite effrayante,
qui prend vite la forme d’un parcours initiatique parsemé d’épreuves et d’expériences : la solitude,
l’amitié, l’amour, tout un tas de dangers, la mort et pire encore, la nécessité de faire des choix.
Dégage petit ! revisite avec tendresse et lucidité le conte du vilain petit canard ou le drame de l’enfant
rejeté ; un spectacle à la fois original et intelligent, redoutablement drôle et poétique. Le tout servi par
un grand nom du théâtre jeune public : Agnès Limbos, qui s’entoure d’«objets personnages», de
décors à roulettes, d’accessoires simples mais plein d’astuces et d’inventivité.
Un texte empli de dérision, rendu avec lucidité et crudité
Sur fond de rideau de rouge, Agnès Limbos plante ce drame familial avec trois fois rien, un abat-jour,
quelques bocaux, deux tables et un tableau noir. Un décor dépouillé qui va comme un gant à ce texte
faussement naïf, empli de dérision, que la comédienne a fait sien jusqu’à le rendre totalement
bouleversant dans sa lucidité comme dans sa crudité. Mais cette héritière de Raymond Devos sait
aussi que l’humour est la politesse du désespoir. Et l’on rit à chaque instant devant la virtuosité de
l’interprète qui fait feu de tous ses talents, de clown, de danseuse et de manipulatrice d’objets, pour
nous raconter la fragilité, l’abandon, la culpabilité, l’instinct maternel et le droit de vie ou de mort sur
les autres. Il ne s’agit pas d’un Vilain Petit Canard de plus, mais d’une histoire de théâtre comme on
les aime, sensible et intelligente. Ne manquez pas cette comédienne unique, elle tourne dans le
monde entier, mais sa présence française est rare !
Plan :
1. Présentation par la Compagnie
2. Autour de « Le vilain petit canard »
•
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Biographie Andersen
Le vilain petit canard (texte)
3 Quelques pistes pédagogiques
I/ Présentation par la Compagnie
Si l'on considère que vivent sur cette terre des milliards d'individus, des centaines de milliards
d'animaux, et des milliards de milliards de brins d'herbe, si l'on tient compte du nombre de rêveurs et
du nombre de lacs, si l'on se réfère aux saisons, aux intempéries, au calme et à la tempête, quelles
chances avions-nous de faire se rencontrer à minuit moins le quart, en plein cœur de l'hiver sur un lac
gelé, un être fragilisé par la vie, deux printemps, des pensées noires et glaçantes, un homme
généreux vêtu d'un manteau en imitation raton laveur, un grand désir d'amour, … ?
Quelles chances ?… Raisonnablement aucune. Utopiquement, quelques-unes.
Théâtralement, toutes !
1
De et par Agnès Limbos d'après Le Vilain petit canard d'Andersen - Avec la précieuse collaboration de
Marie Kateline Rutten - Et les précieuses collaborations dans les laboratoires de travail / Danse :
Nicole Mossoux et Martine Godat / Travail d'acteur : Nathanël Harcq, Anne-Marie Loop, Gyula Molnar,
Francesca Bettini - Synthèse : Françoise Bloch - Collaboration à la réalisation : Sabine Durand Création lumière et régie : Marc Lhommel - Costume : Françoise Colpé - Accessoires, décor : Agnès
Limbos, Marc Lhommel, Maurice Vandenbroek - Administration : Yves Robic
Le thème
Marie Kateline Rutten m’a parlé un jour d’un rêve récurrent et obsessionnel qu’elle faisait
depuis longtemps : un sac contenant un poussin dont il faut prendre soin. Se pose alors le
choix de s’en occuper pour qu’il vive ou de le laisser s’étouffer en l’oubliant (plus ou moins
volontairement) et qu’il meure.
J’ai tout de suite percuté sur la richesse de ce propos, surtout à notre époque, et je voyais
défiler des images, des émotions me traversaient. Je lui ai proposé de partir de ce rêve pour
écrire ensemble un spectacle. Je me suis aussitôt mise à rêver, de jour comme de nuit, et nous
avons commencé à échanger nos rêves, au propre comme au figuré.
Des thèmes ont surgi, fragilité, abandon, instinct maternel, culpabilité, droit de vie et de mort
sur quelqu’un, et nous ont amenés à chercher les sens (ou l’essence) à travers des textes, des
images, des livres, des citations, des définitions et des symboles, y compris par le biais de
l’actualité : le petit poussin, l’œuf comme image cliché de la réalité (il renferme à la fois le
ciel et la terre), mais aussi comme symbole de rénovation périodique de la nature) ; couver,
prendre soin de quelqu’un de laid et qu’on n’aime pas…
Je suis alors tombée par hasard sur le conte d’Andersen, « Le vilain petit canard » et, en le
relisant, je m’aperçus que, en plus de réveiller en moi toute une partie de mon enfance, il
synthétisait admirablement bien notre propos tout en rejoignant l’inconscient collectif (qui n’a
jamais croisé un « vilain petit canard », ou même ne s’est senti exclu comme lui ?).
…. Au matin, les canards sauvages s’envolèrent et ils regardèrent leur nouveau camarade.
« D’où viens-tu, drôle de type ? » demandèrent-ils, et le petit canard se tourna de tout coté en
saluant du mieux qu’il pouvait.
« Tu es réellement laid, dirent les canards sauvages, mais ça nous est égal, pour peu que tu
ne te maries pas dans notre famille !... « Le pauvre ! il ne pensait vraiment pas à se marier, il
ne demandait que la permission de rester dans les roseaux et de boire un peu d’eau du
marais…
De plus, le texte d’Andersen nous ouvre un très riche univers poétique dont la transposition
théâtrale nous séduit.
Il faisait si bon à la campagne. C’était l’été, les blés étaient jaunes, l’avoine, verte, on avait
mis le foin en meules dans le pré, la cigogne y déambulait sur ses longes pattes rouges en
parlant égyptien car elle avait appris cette langue de sa mère. Autour des champs et des prés,
il y avait de grandes forêts et, au milieu de ces forêts, des lacs profonds. Oh oui ! il faisait
vraiment bon à la campagne !
…
Il courut à travers champs et prés, il y avait du vent, il avait du mal à avancer. Vers le soir, il
atteignit une pauvre petite maison de paysans ; elle était si misérable qu’elle ne savait pas
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elle-même de quel côté elle s’effondrerait, en sorte qu’elle avait pris le parti de rester debout.
Le vent souffla si fort autour du caneton qu’il dut se mettre sur la queue pour résister. Et cela
ne cessait d’empirer.
Nous avons décidé de prendre ce conte comme référence pour notre travail et d’en faire une
très très libre interprétation…
Agnès Limbos
II/ Autour du vilain petit canard
Le vilain petit canard est rejeté de tous à cause de son physique. Il en est
réduit à partir pour ne plus subir les moqueries et les coups des autres. Il va
vivre seul car ceux qu'il rencontre ne l'acceptent pas vraiment. Jusqu'au jour où
il va oser aller vers des cygnes : eux ne le chassent pas ; il découvre alors qu'il
est lui-même un cygne majestueux.
Hans Christian Andersen
BIOGRAPHIE
Hans Christian Andersen est né le 2 avril 1805 à Odense. Après la mort de son
père en 1816 et le remariage de sa mère, il partit seul et presque sans
ressources à Copenhague (1819) pour y chercher fortune. Mais ce fut, au départ
tout du moins, un échec. En 1822, grâce à l'intérêt d'un directeur de théâtre,
Jonas Collin, il obtint une bourse qui lui permit de suivre des études régulières.
Son baccalauréat passé, il commença à publier, à partir de 1830. La jeune
réputation d'Andersen lui procura, grâce à l'appui de Jonas Collin, une bourse de
voyage. En 1833 et 1834, il visite la France et l'Italie. De retour dans son pays,
Andersen publie, en 1835, le premier fascicule des Contes racontés aux enfants.
Ce recueil connaît un grand succès, il sera suivi d'un autre presque chaque année
(comme par exemple La Petite Sirène, La Petite Fille aux allumettes, Poucette,
Le Vilain Petit Canard, La reine des Neiges). Devenu célèbre, Andersen partagera
son temps entre les voyages et les séjours auprès d'amis influents. Il écrit ainsi
des récits de voyages (Reflet d'un voyage dans la Harz, 1831), des pièces de
théâtre (Amour sur la tour de Saint-Nicolas), des poèmes (Fantaisies et
esquisses, 1831), des romans (L'Improvisateur, 1835 ; Les Deux baronnes, 1848).
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Andersen et les contes :
L'œuvre essentielle d'Andersen, qui lui valut la célébrité mondiale, est
constituée par ses contes. S'inspirant des récits populaires, empruntant ses
personnages et ses intrigues à la légende, à l'histoire ou à la vie quotidienne, il
écrivit 164 contes, dont les quatre premiers furent publiés en 1835. Destinés
aux enfants, ils s'adressent aussi aux adultes par leur imagination poétique et
surtout par le sens moral ou philosophique qui se cache derrière l'anecdote.
THEMES RECURRENTS DANS LES CONTES D'ANDERSEN
La religion
Les contes d'Andersen sont marqués par la religion, alors même que l'auteur
n'était pas très pieux, sauf vers la fin de sa vie. L'importance qu'elle y revêt
provient peut-être du fait qu'à l'époque où Andersen écrivait, religion et
littérature étaient les deux sujets dominants dans la société danoise.
Dans la presque totalité des contes, on retrouve au moins une référence à la
religion : les prières, la messe, la confirmation, des passages de la Bible sont
cités, il parle aussi du paradis, des anges, de la mort et bien évidemment de Dieu.
Dieu
Dieu est cité dans un grand nombre de contes. Andersen le représente comme le
Tout-puissant, un être contre lequel on ne peut rien. Dieu décide à la place des
personnages, il les guide, et eux lui font totalement confiance.
Ce que racontait la vieille Jeanne (1872) :
"Tiens
-
t'en
à
toi
même
et
à
Notre
Seigneur."
Le camarade de voyage (1835) " Notre Seigneur me viendra toujours en aide. "
Dans ces contes la volonté de Dieu est la meilleure. Andersen met en scène des
personnages, qui sous le coup de la colère, de la tristesse se détournent de Dieu ;
ils ne comprennent pas pourquoi Il leur fait vivre une telle épreuve, mais ils vont
très vite se rendre compte qu'Il a tout à fait bien agi.
L'enfant dans la tombe (1859) : " La volonté de Dieu est toujours la meilleure "
dit
une
mère
qui
vient
de
perdre
son
enfant
;
La Vierge des glaces (1861) : " Dieu agit au mieux pour nous", dit une jeune fille
dont le fiancé vient de mourir.
La Mort
Elle est présente dans la plupart des contes. Mais Andersen ne présente pas la
mort comme une occurrence négative ou un état mauvais, néfaste, il nous la
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décrit comme le prolongement de la vie ; celui qui meurt accède à la vie éternelle.
Ainsi La Petite Ondine (1835) veut devenir humaine pour acquérir une âme
éternelle.
Et les disparus nous attendent là-haut pour nous accueillir :
La dernière perle (1854) : " A chaque personne chère qui meurt et nous quitte,
nous avons un ami de plus au ciel vers qui vont nos désirs. "
La mort apparaît souvent, de surcroît, comme un soulagement, une délivrance :
La petite fille aux allumettes (1845) :
" Elles s'envolèrent superbement et joyeusement, haut, très haut et là pas de
froid, ni de faim, ni d'inquiétude...Elles étaient chez Dieu. "
Sous le saule (1853) : " Dieu laisse-moi rêver encore. "
Anne-Lisbeth (1859) : " Maintenant je suis dans la maison de Dieu, et là on est
sauvé.
"
Andersen représente la mort physiquement, il en fait un personnage concret qui
n'est
pas
représenté
comme
quelqu'un
de
mauvais.
L'histoire d'une mère (1848) : la mort apparaît sous les traits d'un pauvre
vieillard. Elle obéit simplement à Dieu, dont elle n'est qu'un émissaire :
"
Je
ne
fais
que
ce
qu'il
veut
".
Ole Ferme l'œil (1842) : le frère d'Ole est la Mort, Ole le décrit au petit
Hjalmar " : Tu vois il n'a pas du tout l'air aussi méchant que dans les livres
d'images, où il n'est qu'un squelette; non c'est de la broderie d'argent qu'il a sur
son costume, cela fait un bel uniforme de chasseur; un manteau de velours noir
flotte derrière lui : regarde comme il court au galop ! " Hjalmar réplique : " Mais
la mort est un charmant Ole Ferme l'œil numéro deux, je n'ai pas peur de lui. "
Si Andersen représente la mort physiquement, Dieu, lui n'est jamais décrit ; il
reste
cependant
quelqu'un
de
très
vivant
quoique
invisible.
Andersen essaie de démystifier la mort, il en parle énormément en bien, la
présentant comme la suite logique et normale de la vie terrestre : dans la lumière
de Dieu, elle n'est pas effrayante. Mais peut-être tente-t-il en en parlant
beaucoup, en la couchant sur papier, de l'apprivoiser et de se convaincre luimême.
Confrontation de la raison et du sentiment
Dans l'œuvre d'Andersen, plusieurs personnages doivent faire un choix entre la
raison et le sentiment. Andersen, lui, ne tranche pas vraiment : dans certains
contes le personnage va choisir la raison, dans d'autres il choisira le sentiment.
Elle n'était bonne à rien (1853) : l'héroïne a renoncé à l'amour et au bonheur par
raison, pour respecter les convenances. Andersen montre comment les
prétentions et préjugés humains brisent des idylles. Histoire d'une vie gâchée.
La Reine des neiges (1844) : ici le sentiment est plus fort que la raison, et c'est
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lui qui guidera l'héroïne Gerda pour libérer son ami Kay. Gerda n'a jamais
renoncé à son amour pour Kay, même si parfois elle semble l'oublier un peu, et
malgré les découragements des autres personnages. Gerda pense encore à Kay,
lorsque les autres se sont fait une raison de sa disparition ; elle seule va
persévérer, et grâce à son amour, sa bonté et son courage elle retrouvera son
ami.
Ce thème est également présent dans La Petite Ondine : la raison voudrait
qu'elle demeure comme elle est, mais ce qu'elle désire par dessus tout, c'est une
âme éternelle, elle fera tout pour y parvenir malgré les discours cherchant à la
dissuader. Le sentiment dans les contes d'Andersen l'emporte finalement bien
souvent
sur
la
raison.
Les personnages qui triomphent y parviennent car ils sont restés proches de la
nature, sincères et purs.
Personnage mal à l'aise dans l'univers dans lequel il vit
Le vilain petit canard (1842) : personnage rejeté par tous à cause de son
physique, il en est réduit à partir pour ne plus subir les moqueries et les coups
des autres. Il va vivre seul car ceux qu'il rencontre ne l'acceptent pas vraiment.
Jusqu'au jour où il va oser aller vers des cygnes : eux ne le chassent pas ; il
découvre
alors
qu'il
est
lui-même
un
cygne
majestueux.
S'il ne prêche pas pour une société de tolérance, ce conte est cependant
optimiste par rapport aux autres abordant le même thème : le vilain petit canard,
après bien des malheurs, finit par trouver sa place dans une société à son image,
où
il
va
enfin
vivre
heureux.
Dans les autres contes, c'est l'inverse qui se produit : l'histoire est celle d'un
personnage parfaitement intégré dans une société, qui a tout pour être heureux
mais qui désire autre chose et va tout faire pour l'obtenir.
La Petite Ondine (1835) : princesse du royaume sous-marin, elle est la plus jolie
des six petites sirènes, elle possède la plus jolie voix ; admirée de tous, elle
désire cependant une autre vie. Bravant les dangers, et consentant de terribles
sacrifices, elle va essayer d'obtenir une âme éternelle à travers un amour humain
qui
lui
sera
refusé,
et
elle
mourra.
La Dryade (1868) : heureuse où elle se trouve, elle veut cependant découvrir et
parcourir Paris ; elle pourra le faire à condition que son espérance de vie soit
réduite à celle d'un éphémère, elle accepte. Elle visite donc Paris intensément et
meurt.
Ce sont des contes pessimistes, car ils finissent mal. Cependant les personnages
ne se plaignent jamais, ni ne regrettent leur choix ; ils sont allés jusqu'au bout
de leur envie, de leur ambition et c'est ce qui est le plus important.
Ces personnages tiennent du narrateur : ils vont droit leur chemin et suivent leur
vocation propre.
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Jeune homme qui n'a rien pour réussir et à qui la chance va sourire
Le briquet (1835) :
Un briquet magique permet à un soldat sans argent de devenir riche et de voir
ses souhaits réalisés. Il se retrouve roi et épouse une princesse.
Le fils du concierge (1866) :
Un simple fils de concierge va se voir offrir des études par un comte qui le prend
sous son aile ; ainsi il va se faire un nom et une place dans le beau monde.
Hans le balourd (1855) :
Histoire d'un niais qui va réussir par sa simplicité originale à gagner le cœur
d'une
princesse.
Là encore les héros ressemblent à leur créateur : partis de peu, ils sont élus par
le destin, voués à la chance.
Le jeune homme éconduit
Les contes où l'on trouve ce thème retracent grosso modo la même histoire :
deux enfants, un garçon et une fille grandissent ensemble, ils s'aiment comme
frère et sœur, s'entendent à merveille, mais un jour ils sont séparés. Quelque
temps plus tard ils se retrouvent, le garçon déclare alors son amour à la jeune
fille, mais celle-ci décide de faire sa vie avec un autre homme.
Le
garçon
désespéré,
fuit,
voyage
pour
oublier.
Sous le saule (1853) : Le héros très épris, déçu par le comportement de son
ancienne amie, finit par mourir de froid en rêvant d'elle, sous le saule où ils
jouaient
si
souvent
ensemble
dans
leur
enfance.
Ib et la petite Christine (1855) : ici ce n'est pas le héros qui meurt mais
l'héroïne. Ayant éconduit Ib, Christine épouse un homme de bonne condition,
mais qui ne gère pas son budget ; très vite le couple tombe dans la misère et
Christine est abandonnée avec sa fille. Ib la rencontre par hasard alors qu'elle
est mourante, elle lui demande de recueillir et d'élever sa fille, il accepte.
Ce
que
racontait
la
vieille
Jeanne
(1872)
Le
bonnet
de
nuit
du
commis
au
poivre
(1858)
Ces contes ont été inspirés à Andersen par sa propre vie sentimentale : plusieurs
fois
éconduit,
il
ne
s'est
jamais
marié.
Sous le saule : dans ce conte le personnage féminin fait carrière dans la chanson.
Andersen a lui aussi été amoureux d'une chanteuse, Jenny Lind, qui a repoussé
sans ambages sa demande en mariage. Chaque fois qu'Andersen tombait
amoureux, la jeune femme lui en préférait un autre ; il ne lui en tenait pas
rigueur, et continuait d'entretenir avec elle de bonnes relations.
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Une vie
Andersen aime écrire l'histoire d'une vie, que ce soit celle d'un être humain ou
légendaire, d'un animal, d'un végétal ou bien encore d'un objet. Il donne vie,
langage et sentiments humains aux objets et aux animaux, comme dans le genre
traditionnel des fables.
Il décrit soit la vie d'un personnage de sa naissance à sa mort, soit simplement
une période de cette vie.
Elle n'était bonne à rien (1853) : dans ce conte, Andersen met en scène une
femme d'un certain âge, dont il nous révèle par la suite les conditions de vie qui
ont fait d'elle une alcoolique.
Sous le saule (1853) : le début du conte met en scène un garçon et une fille dont
l'enfance nous est racontée ; toujours ensemble, ils vont bientôt se trouver
séparés, la jeune fille devant déménager. Quelque temps plus tard, lorsqu'ils se
retrouvent, le jeune homme déclare son amour, mais son amie le repousse
gentiment. Désespéré, il voyage pour oublier ; un jour il la revoit mais elle ne le
reconnaît pas. Alors, désemparé, il retourne dans leur village, et sous le saule où
ils jouaient enfants, il va se laisser mourir de froid.
La vierge des glaces (1863) : Andersen narre l'histoire de Rudy ; on y suit toutes
ses aventures depuis sa petite enfance jusqu'à sa mort.
Le goulot de la bouteille (1858) : ici sont retracées toutes les aventures et les
heures fortes de la vie d'une bouteille.
La fille du roi de la vase, Le perce-neige, Les souliers rouges, Le lin, Poucette...).
Si Andersen a du goût pour la description des existences, il aime également
comparer les destins :
Laquelle fut la plus heureuse ?(1871) : le conte décrit un rosier dont l'auteur
s'interroge sur le bonheur de chaque fleur ; comparant leurs vies, il cherche à
savoir laquelle a eu l'existence la plus heureuse.
Les cinq d'une cosse de pois (1853) : Andersen compare ici l'existence de cinq
petits pois d'une même cosse, qui vont connaître des destins bien différents.
Les lumières (1871) : la chandelle envie la bougie qui est toujours placée dans de
l'argent, côtoie le beau monde, dont elle partage le bonheur et les joies, alors
qu'elle-même reste confinée à la cuisine. Comble de l'ironie, un jour elle est
offerte à une famille pauvre... mais elle va vite s'apercevoir que le bonheur se
trouve parfois où l'on ne pense pas le découvrir.
Importance des femmes
Dans les contes d'Andersen, les femmes tiennent une place prépondérante.
Certains sont presque dépourvus de personnages masculins.
La Petite Ondine (1835) : les hommes sont pour ainsi dire absents de ce conte,
même le prince qui devrait être un personnage important n'a pas d'existence
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autonome.
La Reine des neiges (1844) : les personnages principaux de cette histoire sont
deux enfants, Kay et Gerda. En fait Andersen met vite de côté le garçon : Kay va
être enlevé par la Reine des neiges et Gerda va partir à sa recherche. Lors de
cette quête, elle rencontrera essentiellement des personnages féminins ou
femelles (une sorcière, une corneille, une petite fille de brigand, une finnoise et
une lapone) ; les quelques personnages masculins ou mâles (le renne, l'autre
corneille, le prince) qui émaillent le conte n'ont pas la même importance. De plus,
ici comme dans La Petite Ondine, l'héroïne sauve le héros, Andersen inversant
les rôles convenus.
Les femmes jouent souvent un rôle masculin : elles ont du pouvoir, sont fortes (la
Reine des neiges et la Vierge des glaces), portent secours aux hommes.
Enormément de contes sont consacrés aux femmes : La petite fille aux
allumettes (1845), L'histoire d'une mère (1848), Elle n'était bonne à rien (1853),
La juive (1856), La petite fille qui marcha sur le pain (1859, Anne-Lisbeth (1859).
A l'intérieur de ce thème, on retrouve celui de la femme qui ne peut être mère.
Poucette (1836) et La fille du roi de la vase (1858) : dans ces contes, deux
femmes stériles se retrouvent pourvues d'enfants un peu particuliers : Poucette
est minuscule, et la fille du roi de la vase, belle au caractère exécrable le jour,
devient la nuit un vilain crapaud très gentil. Mais les mères ne garderont pas ces
enfants tombés du ciel : Poucette sera enlevée par une grenouille, et la fille du
roi de la vase repartira avec sa mère naturelle. Notons encore ici qu'Andersen a
donné à ces femmes des enfants de sexe féminin.
Esthétisme
Andersen est sensible dans ses contes à la beauté, beauté des personnages, des
choses, de la nature. Et il sait la rendre.
Son sens de l'observation très développé nous vaut dans ses récits des
descriptions fines et précises.
Et les nombreux voyages du conteur lui permettent de planter des décors riches
et variés.
La nature, à laquelle Andersen voue respect et amour, est décrite de façon
poétique, enflée parfois d'un brin de lyrisme romantique qui fait apparaître des
images évocatrices ; ainsi La Vierge des glaces commence par une description de
la Suisse : " Visitons la Suisse, voyons un peu ce superbe pays de montagnes, où
les forêts poussent jusqu'en haut des rocs escarpés ; montons sur les champs de
neige éblouissante, et redescendons dans les prairies vertes où fleuves et
ruisseaux courent en grondant...Au dessus d'eux, les nuages sont souvent
accrochés comme d'épais et lourds rideaux de fumée aux cimes des montagnes,
tandis qu'au dessous dans la vallée, où sont disséminées tant de maisons de bois
brun, un rayon de soleil luit encore et accuse un espace de splendide verdure qui
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semble transparent. "
Andersen nous dresse également de jolis portraits de personnages, dans la
tradition poétique du conte :
La Petite Ondine : " Mais la plus jeune était la plus belle de toutes, la peau fine
et transparente tel un pétale de rose blanche, les yeux aussi bleus que l'océan le
plus profond. "
Andersen met par ailleurs en scène assez souvent des artistes (peintres,
sculpteurs, poètes), dont le beau est par définition la spécialité.
Cependant dans Charmant, Hans Christian Andersen insiste sur le fait que le
beau est important mais pas primordial : c'est l'histoire d'un sculpteur qui
épouse une jeune fille très belle avec laquelle il ne tarde pas à s'ennuyer, et qui
va être séduit en revanche par une amie de sa femme, sans beauté mais pleine
d'esprit.
L'objet qui change la vie
Les objets magiques, dans les contes d'Andersen comme dans la plupart des
autres, changent certes la vie, mais pas toujours dans le bon sens : certains
deviennent vite des gâche-vie...
Le briquet (1835) : Ici, tout va bien : un soldat va devenir riche et puissant grâce
à un briquet magique.
La malle volante (1839) : un homme se voit offrir une malle par son ami, comme il
n'a rien à mettre dedans il s'y met lui-même, la malle l'emmène en Turquie.
Grâce à cette malle il va pouvoir se rendre chez la princesse, tenue à l'écart par
son père dans une tour, il va donc passer pour un magicien et obtenir la main de la
princesse. Mais un jour avant le mariage, le coffre brûle et voilà notre héros
dans l'incapacité d'aller rejoindre sa fiancée.
Les souliers rouges (1845) : une petite fille très fière de ses nouveaux souliers
rouges décide de les porter toujours, même à l'église où ce n'est pas convenable.
Elle ne va plus pouvoir les ôter, jamais ils ne lui laisseront de répit, elle devra
marcher, courir, danser, jusqu'au jour où, exténuée, elle va aller voir le bourreau
pour qu'il lui coupe les pieds.
Les galoches du bonheur (1838) : quiconque porte ces galoches se trouve à
l'endroit et à l'époque où il voudrait être. Ces galoches vont entraîner les
personnes dans des situations étranges.
Ces objets sont les principaux acteurs du conte, c'est grâce à eux que les
personnages vivent des aventures incroyables, bonnes ou mauvaises.
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Le merveilleux, le fantastique et le folklore
Comme dans tous les contes, le merveilleux est très présent dans les récits
d'Andersen, notamment celui qui appartient au folklore danois.
Il parle souvent des nixes (petits lutins attachés à chaque maison), des trolls,
des fées, des sorcières, des gargouilles, des elfes, des ondins, des dryades.
Les malédictions sont aussi le point de départ de plusieurs contes :
Les cygnes sauvages (1838)
La fille du roi de la vase (1858)
Les souliers rouges (1845)
Hans Christian Andersen s'est beaucoup inspiré du folklore des pays nordiques,
des croyances, des légendes. Ainsi on retrouve plusieurs fois le thème des
cigognes qui apportent les bébés : Les cigognes (1839), Pieter, Peter, Pier (1867),
La fille du roi de la vase (1858).
A travers des légendes nationales, comme Ogier le Danois (1845), ou des
histoires réelles de personnages historiques (le vent raconte l'histoire de
Valdemar Daae et de ses filles (1859)), le merveilleux et le fantastique
s'expriment, notamment dans les premiers contes. Par la suite, les puissances
mystérieuses vont avoir tendance à s'effacer.
DIFFERENCES ENTRE ANDERSEN, LES FRERES GRIMM ET Charles
Perrault
La première différence réside dans le fait que les frères Jacob et Wilhelm
Grimm et Perrault ont recueilli et transcrit des récits populaires circulant de
bouche à oreille.
Ces contes ont d'ailleurs inévitablement été modifiés : Charles Perrault a
rationalisé les naïves créations de la fantaisie populaire et y a ajouté son
commentaire, les frères Grimm eux, y ont mis une griffe littéraire très
particulière : ils les ont stylisés et interprétés.
Andersen quant à lui se contente d'emprunter des idées aux contes populaires,
ils lui fournissent un point de départ à partir duquel son imagination va se
mettre en marche.
La seconde différence est que Charles Perrault et les frères Jacob et
Wilhelm Grimm cherchent à faire passer un message. Pour eux le conte doit
être moralisateur, il se termine d'ailleurs clairement chez Perrault par une,
voire deux, "moralités". Ils ont souvent modifié le texte initial qu'ils jugeaient
cruel et immoral.
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Andersen lui, ne cherche en aucun cas à être moralisateur, certes ses contes
véhiculent un message, mais celui-ci est flou, voilé.
Cela vient peut-être du fait que chez Andersen il n'y a pas d'opposition
bien/mal, alors que celle-ci est présente dans tous les contes de Charles
Perrault et Grimm.
Andersen ne met pas en scène de mauvais personnages, il n'y a pas vraiment
de méchants, il y a des bons et des moins bons : "Connais les hommes, même
dans les méchants réside une partie de Dieu, une partie qui vaincra et qui
éteindra le feu de l'enfer", dit la morte dans Une histoire. Contrairement aux
ouvrages de Grimm et de Charles Perrault où les méchants sont vraiment
méchants et réellement punis (Barbe-bleue, la sorcière de Blanche-Neige
meurent), les "moins bons" d'Andersen sont simplement oubliés.
CONCLUSION
" Ma vie est un joli conte, marqué par la chance et le succès. " H.C. Andersen, Le
conte de ma vie (1855).
Andersen, qui pensait devenir chanteur ou danseur et se produire sur une scène
devant un public, était convaincu dès l'adolescence qu'il serait un jour célèbre.
En fait, si ses premiers ouvrages lui ont apporté déjà une jolie notoriété, ce sont
véritablement ses contes qui l'ont popularisé. Lorsqu'il n'était pas directement
confronté au public, il se faisait un plaisir de lire ou de raconter ses récits
devant des assemblées d'amis et connaissances.
Malgré un certain nombre d'échecs, Hans Christian ne s'est jamais découragé, et
sa persévérance, jointe à son talent, a donné l'œuvre que nous connaissons.
Les Contes, traduits en 80 langues, sont assez magiques pour fasciner presque
tous les publics de la planète. Ils font naître des résonances à tous les âges de la
vie, et petits et grands s'y retrouvent.
Aujourd'hui, plus d'un siècle après sa mort, Hans Christian Andersen reste, à
travers cette partie la plus heureuse et la plus riche de son œuvre, l'un des
auteurs les plus lus du monde entier.
12
TEXTE :
Le vilain petit canard
Comme il faisait bon dans la campagne! C'était l'été. Les blés étaient dorés,
l'avoine verte, les foins coupés embaumaient, ramassés en tas dans les prairies,
et une cigogne marchait sur ses jambes rouges, si fines et si longues et claquait
du bec en égyptien (sa mère lui avait appris cette langue-là).
Au-delà, des champs et des prairies s'étendaient, puis la forêt aux grands arbres,
aux
lacs
profonds.
En plein soleil, un vieux château s'élevait entouré de fossés, et au pied des murs
poussaient des bardanes aux larges feuilles, si hautes que les petits enfants
pouvaient se tenir tout debout sous elles. L'endroit était aussi sauvage qu'une
10 épaisse forêt, et c'est là qu'une cane s'était installée pour couver. Elle
commençait à s'ennuyer beaucoup. C'était bien long et les visites étaient rares les
autres canards préféraient nager dans les fossés plutôt que de s'installer sous les
feuilles
pour
caqueter
avec
elle.
Enfin, un oeuf après l'autre craqua. « Pip, pip », tous les jaunes d'oeufs étaient
vivants
et
sortaient
la
tête.
- Coin, coin, dit la cane, et les petits se dégageaient de la coquille et regardaient
de tous côtés sous les feuilles vertes. La mère les laissait ouvrir leurs yeux très
grands,
car
le
vert
est
bon
pour
les
yeux.
Comme
le
monde
est
grand,
disaient
les
petits.
Ils avaient bien sûr beaucoup plus de place que dans l'oeuf.
- Croyez-vous que c'est là tout le grand monde ? dit leur mère, il s'étend bien
loin, de l'autre côté du jardin, jusqu'au champ du pasteur - mais je n'y suis jamais
allée.
«
Etes-vous
bien
là,
tous
?
»
Elle se dressa. « Non, le plus grand oeuf est encore tout entier. Combien de
temps va-t-il encore falloir couver ? J'en ai par-dessus la tête. »
Et
elle
se
recoucha
dessus.
- Eh bien! Comment ça va ? demanda une vieille cane qui venait enfin rendre
visite.
- Ça dure et ça dure, avec ce dernier oeuf qui ne veut pas se briser. Mais
regardez les autres, je n'ai jamais vu des canetons plus ravissants. Ils ressemblent
tous à leur père, ce coquin, qui ne vient même pas me voir.
- Montre-moi cet oeuf qui ne veut pas craquer, dit la vieille. C'est, sans doute, un
oeuf de dinde, j'y ai été prise moi aussi une fois, et j'ai eu bien du mal avec
celui-là. Il avait peur de l'eau et je ne pouvais pas obtenir qu'il y aille. J'avais
beau courir et crier. Fais-moi voir. Oui, c'est un oeuf de dinde, sûrement. Laissele
et
apprends
aux
autres
enfants
à
nager.
- Je veux tout de même le couver encore un peu, dit la mère. Maintenant que j'y
13
suis
depuis
longtemps.
- Fais comme tu veux, dit la vieille, et elle s'en alla.
Enfin,
l'oeuf
se
brisa.
Pip,
pip,
dit
le
petit
en
roulant
dehors.
Il était si grand et si laid que la cane étonnée, le regarda.
- En voilà un énorme caneton, dit-elle, aucun des autres ne lui ressemble. Et si
c'était un dindonneau, eh bien, nous allons savoir ça au plus vite.
Le lendemain, il faisait un temps splendide. La cane avec toute la famille
s’approcha du fossé. Plouf ! Elle sauta dans l'eau. Coin ! Coin ! Commanda-telle, et les canetons plongèrent l'un après l'autre, même l'affreux gros gris.
- Non, ce n'est pas un dindonneau, s'exclama la mère. Voyez comme il sait se
servir de ses pattes et comme il se tient droit. C'est mon petit à moi. Il est même
beau quand on le regarde bien. Coin ! Coin : venez avec moi, je vous conduirai
dans le monde et vous présenterai à la cour des canards. Mais tenez- vous
toujours près de moi pour qu'on ne vous marche pas dessus, et méfiez-vous du
chat.
Ils arrivèrent à l'étang des canards où régnait un effroyable vacarme. Deux
familles se disputaient une tête d'anguille. Ce fut le chat qui l'attrapa.
- Ainsi va le monde ! dit la cane en se pourléchant le bec.
Elle aussi aurait volontiers mangé la tête d'anguille.
- Jouez des pattes et tâchez de vous dépêcher et courbez le cou devant la vieille
cane, là-bas, elle est la plus importante de nous tous. Elle est de sang espagnol,
c'est pourquoi elle est si grosse. Vous voyez qu'elle a un chiffon rouge à la patte,
c'est la plus haute distinction pour un canard. Cela signifie qu'on ne veut pas la
manger et que chacun doit y prendre garde. Ne mettez pas les pattes en dedans,
un caneton bien élevé nage les pattes en dehors comme père et mère. 65
Maintenant, courbez le cou et faites coin !
Les petits obéissaient, mais les canards autour d'eux les regardaient et
s'exclamaient à haute voix :
- Encore une famille de plus, comme si nous n'étions pas déjà assez. Et il y en a
un vraiment affreux, celui-là nous n'en voulons pas.
Une cane se précipita sur lui et le mordit au cou.
- Laissez le tranquille, dit la mère. Il ne fait de mal à personne.
- Non, mais il est trop grand et mal venu. Il a besoin d'être rossé.
- Elle a de beaux enfants, cette mère ! dit la vieille cane au chiffon rouge, tous
beaux, à part celui-là : il n'est guère réussi. Si on pouvait seulement
recommencer les enfants ratés !
- Ce n'est pas possible, Votre Grâce, dit la mère des canetons ; il n'est pas beau
mais il est très intelligent et il nage bien, aussi bien que les autres, mieux même.
J'espère qu'en grandissant il embellira et qu'avec le temps il sera très présentable.
Elle lui arracha quelques plumes du cou, puis le lissa :
14
- Du reste, c'est un mâle, alors la beauté n'a pas tant d'importance.
- Les autres sont adorables, dit la vieille. Vous êtes chez vous, et si vous trouvez
une tête d'anguille, vous pourrez me l'apporter.
Cependant, le pauvre caneton, trop grand, trop laid, était la risée de tous. Les
canards et même les poules le bousculaient. Le dindon - né avec des éperons - et
qui se croyait un empereur, gonflait ses plumes comme des voiles. Il se
précipitait sur lui en poussant des glouglous de colère. Le pauvre caneton ne
savait où se fourrer. La fille de basse-cour lui donnait des coups de pied. Ses
frères et soeurs, eux-mêmes, lui criaient :
- Si seulement le chat pouvait te prendre, phénomène !
Et sa mère :
- Si seulement tu étais bien loin d'ici !
C'en était trop ! Le malheureux, d'un grand effort s'envola par- dessus la haie, les
petits oiseaux dans les buissons se sauvaient à tire d'aile.
«Je suis si laid que je leur fais peur», pensa-t-il en fermant les yeux.
Il courut tout de même jusqu'au grand marais où vivaient les canards sauvages.
Il tombait de fatigue et de chagrin et resta là toute la nuit.
Au matin, les canards en voyant ce nouveau camarade s'écrièrent :
- Qu'est-ce que c'est que celui-là ?
Notre ami se tournait de droite et de gauche, et saluait tant qu'il pouvait.
- Tu es affreux, lui dirent les canards sauvages, mais cela nous est bien égal
pourvu que tu n'épouses personne de notre famille.
Il ne songeait guère à se marier, le pauvre ! Si seulement on lui permettait de
coucher dans les roseaux et de boire l'eau du marais.
Il resta là deux jours. Vinrent deux oies sauvages, deux jars plutôt, car c'étaient
des mâles, il n'y avait pas longtemps qu'ils étaient sortis de l'oeuf et ils étaient
très désinvoltes.
- Ecoute, camarade, dirent-ils, tu es laid, mais tu nous plais. Veux-tu venir avec
nous et devenir oiseau migrateur ? Dans un marais à côté il y a quelques
charmantes oiselles sauvages, toutes demoiselles bien capables de dire coin, coin
(oui, oui), et laid comme tu es, je parie que tu leur plairas.
Au même instant, il entendit Pif ! Paf !, les deux jars tombèrent raides morts
dans les roseaux, l'eau devint rouge de leur sang. Toute la troupe s'égailla et les
fusils claquèrent de nouveau.
Des chasseurs passaient, ils cernèrent le marais, il y en avait même grimpés dans
les arbres. Les chiens de chasse couraient dans la vase. Platch ! Platch ! Les
roseaux volaient de tous côtés ; le pauvre caneton, épouvanté, essayait de cacher
sa tête sous son aile quand il vit un immense chien terrifiant, la langue pendante,
les yeux étincelants. Son museau, ses dents pointues étaient déjà prêts à le saisir
quand - Klap ! Il partit sans le toucher.
- Oh! Dieu merci! Je suis si laid que même le chien ne veut pas me mordre.
Il se tint tout tranquille pendant que les plombs sifflaient et que les coups de
fusils claquaient.
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Le calme ne revint qu'au milieu du jour, mais le pauvre n'osait pas se lever, il
attendit encore de longues heures, puis quittant le marais il courut à travers les
champs et les prés, malgré le vent qui l'empêchait presque d'avancer.
Vers le soir, il atteignit une pauvre masure paysanne, si misérable qu'elle ne
savait pas elle-même de quel côté elle avait envie de tomber, alors elle restait
debout provisoirement. Le vent sifflait si fort qu'il fallait au caneton s'asseoir sur
sa queue pour lui résister. Il s'aperçut tout à coup que l'un des gonds de la porte
était arraché, ce qui laissait un petit espace au travers duquel il était possible de
se glisser dans la cabane. C'est ce qu'il fit.
Une vieille paysanne habitait là, avec son chat et sa poule. Le chat pouvait faire
le gros dos et ronronner. Il jetait même des étincelles si on le caressait à
rebrousse-poil. La poule avait les pattes toutes courtes, elle pondait bien et la
femme les aimait tous les deux comme ses enfants.
Au matin, ils remarquèrent l'inconnu. Le chat fit «chum» et la poule fit
«cotcotcot ».
- Qu'est-ce que c'est que ça ! dit la femme.
Elle n'y voyait pas très clair et crut que c'était une grosse cane égarée.
« Bonne affaire, pensa-t-elle, je vais avoir des oeufs de cane. Pourvu que ce ne
soit pas un mâle. Nous verrons bien. »
Le caneton resta à l'essai, mais on s'aperçut très vite qu'il ne pondait aucun oeuf.
Le chat était le maître de la maison et la poule la maîtresse. Ils disaient: « Nous
et le monde », ils pensaient bien en être la moitié, du monde, et la meilleure. Le
caneton était d'un autre avis, mais la poule ne supportait pas la contradiction.
- Sais-tu pondre ? Demandait-elle.
- Non.
- Alors, tais-toi.
Et le chat disait :
- Sais-tu faire le gros dos, ronronner ?
- Non.
- Alors, n'émets pas des opinions absurdes quand les gens raisonnables parlent.
Le caneton, dans son coin, était de mauvaise humeur ; il avait une telle nostalgie
d'air frais, de soleil, une telle envie de glisser sur l'eau. Il ne put s'empêcher d'en
parler à la poule.
- Qu'est-ce qui te prend, répondit-elle. Tu n'as rien à faire, alors tu te montes la
tête. Tu n'as qu'à pondre ou à ronronner, et cela te passera.
- C'est si délicieux de glisser sur l'eau, dit le caneton, si exquis quand elle vous
passe par-dessus la tête et de plonger jusqu'au fond !
- En voilà un plaisir, dit la poule. Tu es complètement fou. Demande au chat, qui
est l'être le plus intelligent que je connaisse, s'il aime glisser sur l'eau ou plonger
la tête dedans. Je ne parle même pas de moi. Demande à notre hôtesse, la vieille
paysanne. Il n'y a pas plus intelligent. Crois-tu qu'elle a envie de nager et d'avoir
de l'eau par-dessus la tête ?
- Vous ne me comprenez pas, soupirait le caneton.
16
- Alors, si nous ne te comprenons pas, qui est-ce qui te comprendra ! Tu ne vas
tout de même pas croire que tu es plus malin que le chat ou la femme ... ou moimême ! Remercie plutôt le ciel de ce qu'on a fait pour toi. N'es-tu pas là dans
une chambre bien chaude avec des gens capables de t'apprendre quelque chose ?
Mais tu n'es qu'un vaurien, et il n'y a aucun plaisir à te fréquenter. Remarque que
je te veux du bien et si je te dis des choses désagréables, c'est que je suis ton
amie. Essaie un peu de pondre ou de ronronner !
- Je crois que je vais me sauver dans le vaste monde, avoua le caneton.
- Eh bien! Vas-y donc.
Il s'en alla.
L'automne vint, les feuilles dans la forêt passèrent du jaune au brun, le vent les
faisait voler de tous côtés. L'air était froid, les nuages lourds de grêle et de neige,
dans les haies nues les corbeaux croassaient kré ! kru ! krà ! oui, il y avait de
quoi grelotter. Le pauvre caneton n'était guère heureux.
Un soir, au soleil couchant, un grand vol d'oiseaux sortit des buissons. Jamais le
caneton n'en avait vu de si beaux, d'une blancheur si immaculée, avec de longs
cous ondulants. Ils ouvraient leurs larges ailes et s'envolaient loin des contrées
glacées vers le midi, vers les pays plus chauds, vers la mer ouverte. Ils volaient
si haut, si haut, que le caneton en fut impressionné; il tournait sur l'eau 185
comme une roue, tendait le cou vers le ciel ... il poussa un cri si étrange et si
puissant que lui- même en fut effrayé.
Jamais il ne pourrait oublier ces oiseaux merveilleux ! Lorsqu'ils furent hors de
sa vue, il plongea jusqu'au fond de l'eau et quand il remonta à la surface, il était
comme hors de lui-même. Il ne savait pas le nom de ces oiseaux ni où ils
s'envolaient, mais il les aimait comme il n'avait jamais aimé personne. Il ne les
enviait pas, comment aurait-il rêvé de leur ressembler...
L'hiver fut froid, terriblement froid. Il lui fallait nager constamment pour
empêcher l'eau de geler autour de lui. Mais, chaque nuit, le trou où il nageait
devenait de plus en plus petit. La glace craquait, il avait beau remuer ses pattes,
à la fin, épuisé, il resta pris dans la glace.
Au matin, un paysan qui passait le vit, il brisa la glace de son sabot et porta le
caneton à la maison où sa femme le ranima.
Les enfants voulaient jouer avec lui, mais lui croyait qu'ils voulaient lui faire du
mal, il s'élança droit dans la terrine de lait éclaboussant toute la pièce ; la femme
criait et levait les bras au ciel. Alors, il vola dans la baratte où était le beurre et,
de là, dans le tonneau à farine. La paysanne le poursuivait avec des pincettes ;
les enfants se bousculaient pour l'attraper... et ils riaient ... et ils criaient.
Heureusement, la porte était ouverte ! Il se précipita sous les buissons, dans la
neige molle, et il y resta anéanti.
Il serait trop triste de raconter tous les malheurs et les peines qu'il dut endurer en
ce long hiver. Pourtant, un jour enfin, le soleil se leva, déjà chaud, et se mit à
briller. C'était le printemps.
Alors, soudain, il éleva ses ailes qui bruirent et le soulevèrent, et avant qu'il pût
17
s'en rendre compte, il se trouva dans un grand jardin plein de pommiers en fleurs.
Là, les lilas embaumaient et leurs longues branches vertes tombaient jusqu'aux
fossés.
Comme il faisait bon et printanier ! Et voilà que, devant lui, sortant des fourrés
trois superbes cygnes blancs s'avançaient. Il ébouriffaient leurs plumes et
nageaient si légèrement, et il reconnaissait les beaux oiseaux blancs. Une
étrange mélancolie s'empara de lui.
- Je vais voler jusqu'à eux et ils me battront à mort, moi si laid, d'avoir l'audace
de les approcher ! Mais tant pis, plutôt mourir par eux que pincé par les canards,
piqué par les poules ou par les coups de pied des filles de basse-cour !
Il s'élança dans l'eau et nagea vers ces cygnes pleins de noblesse. A son
étonnement, ceux-ci, en le voyant, se dirigèrent vers lui.
- Tuez-moi, dit le pauvre caneton en inclinant la tête vers la surface des eaux.
Et il attendit la mort.
Mais alors, qu'est-ce qu'il vit, se reflétant sous lui, dans l'eau claire ? C'était sa
propre image, non plus comme un vilain gros oiseau gris et lourdaud ... il était
devenu un cygne !!!
Car il n'y a aucune importance à être né parmi les canards si on a été couvé dans
un oeuf de cygne !
Il ne regrettait pas le temps des misères et des épreuves puisqu'elles devaient le
conduire vers un tel bonheur ! Les grands cygnes blancs nageaient autour de lui
et le caressaient de leur bec.
Quelques enfants approchaient, jetant du pain et des graines. Le plus petit
S'écria : - Oh! Il y en a un nouveau.
Et tous les enfants de s'exclamer et de battre des mains et de danser en appelant
père et mère.
On lança du pain et des gâteaux dans l'eau. Tous disaient : « Le nouveau est le
plus beau, si jeune et si gracieux. » Les vieux cygnes s'inclinaient devant lui.
Il était tout confus, notre petit canard, et cachait sa tête sous l'aile, il ne savait
lui-même pourquoi. Il était trop heureux, pas du tout orgueilleux pourtant, car un
grand coeur ne connaît pas l'orgueil. Il pensait combien il avait été pourchassé et
haï alors qu'il était le même qu'aujourd'hui où on le déclarait le plus beau de tous!
Les lilas embaumaient dans la verdure, le chaud soleil étincelait.
Alors il gonfla ses plumes, leva vers le ciel son col flexible et de tout son
coeur comblé il cria: «Aurais-je pu rêver semblable félicité quand je n'étais que
le vilain petit canard »
18
III/ Quelques pistes pédagogiques.
A/ Des ouvrages
•
Analyse de Le cygne argenté Michaël Morpurgo (IA du Val de Marne)Éditeur : Ecole
des loisirs, collection kaléidoscope
Présentation générale :
Album de 40 pages non numérotées - format 28,5 x 24 – Traduit de l’anglais
Histoire : Un enfant passe tout son temps à pêcher sur un lac. Il aperçoit un cygne
femelle qui se pose sur l’eau. L’enfant va se passionner pour l’oiseau, l’observer,
apprendre à le connaître et à l’aimer infiniment. Le cygne va construire son nid avec un
mâle et mettre au monde cinq petits. Un jour, une renarde affamée attaque le nid, par
nécessité pour nourrir ses petits. Le garçon va alors entendre « le chant du cygne » qui
annonce sa mort. Il ne récupérera qu’une plume en souvenir, qu’il gardera toute sa vie.
La vie continue selon les lois de la nature. Une autre femelle se posera sur le lac, par une
nuit étoilée.
Personnages : L’enfant – les cygnes (en particulier la femelle) – le renard
Les lieux : Un lac - des régions nordique
Epoque : Actuelle
Choix narratifs :
Récit écrit à la 1ère personne à l’imparfait et au passé simple
Hymne à la nature te à la cause animale.
Vocabulaire riche, proche de la poésie.
Temporalité :
L’enfant
raconte
son
vécu
d’il
y
a
5
ans.
Il
s’adresse
au
lecteur
d’une
manière
très
intime.
Il confie au lecteur son désir d’enfant : Garder la plume du cygne toute sa vie.
Il se projette comme il projette aussi l’histoire du couple reconstruit : « Ils sont toujours
ensemble ».
Thèmes et valeurs :
La vie – l’amour – l’attachement de l’enfant à l’animal.
La mort : inéluctable, dans la nature et par extension : le parcours de la vie à la mort et
le retour à la vie. L’idée de l’acceptation et de l’espoir.
Relation texte / image :
L’illustration est très belle et réaliste. Un aspect cotonneux, duveteux. La couleur
dominante est le bleu avec des tonalités plus ou moins appuyées donnant l’effet d’un
brouillard.
La dernière illustration est très colorée avec des teintes chaudes è et dans le ciel, une
étoile
qui
se
reflète
dans
l’eau
du
lac.
19
· Le bleu représente le froid des pays nordiques et le froid annonciateur d’une violence à
venir : la mort du cygne. La mort annoncée par « le chant du cygne » sous la lune.
· Il y a la prédominance du cygne dans toutes les illustrations et en particulier : le
déploiement
des
ailes.
· Sur la dernière illustration: présence d'une étoile
Dans la mythologie nordique, le cygne est un Dieu qui ne meurt jamais. Son chant au
moment de mourir annonce le passage vers un ailleurs; la mort n'est pas définitive.
- Les ailes sont le symbole de l'élévation céleste. A la fin de l'album, une étoile illumine le
ciel
symbole
du
retour
à
la
vie.
- Le brouillard omniprésent (dans la mythologie celte représente. le passage entre réel et
irréel).
Spécificité et intérêt de l'album:
C'est un album qui peut se lire comme un documentaire sur le déroulement du cycle de
vie animale ne laissant pas de place à l'action mais aussi comme une poésie, une ode, un
hymne à la nature.
Les pistes pédagogiques:Conseils préalables pour la mise en œuvre pédagogique
Récit rétrospectif
1 album ou 2 de format 28,5 x 24 pour la solennité de la présentation collective
.1 format plus petit par élève
Le texte est raconté, en mettant en évidence les illustrations et en y incluant des
symboles de la mythologie Celte :« Le cygne, un dieu qui ne meurt jamais »Ce qui
amène pour la partie orale, à un débat collectif sur la vie, la mort, la perte d’un être cher,
l’espoir.
A l’écrit, mettre en parallèle : les évènements et le traitement des couleurs dans les
illustrations, sur un ligne du temps :
-> Apparition du cygne, douceur de vivre, la formation du couple de cygnes, douceur
des couleurs, mais non loin, l’horizon s’obscurcit, les couleurs s’embrument, la mort, la
solitude et l’espoir :
A nouveau, apparition d’un cygne sur le lac
-> Éternel cycle de la vie
2ème séance : De la lecture fusionnelle à la lecture experte
Lecture individuelle :
On tentera de cerner le cheminement symbolique des couleurs et des plans :
- Gros plans, plans lumineux
- Omniprésence du bleu
- Présence d’autres animaux dans l’album : les gardiens de la loi de la nature
On relèvera la spécificité lexicale qui sacralise le cygne, qui admet l’inéluctable mort pour
la survie (adjectifs qualificatifs, phrases complexes, passé simple, phrase de type
exclamatif)
=> Flash sur l’O.R.L
20
La recherche des temps : leur connotation, différences entre les évènements qui durent
(descriptions et habitudes) et brutalité, soudaineté des évènements.
Verbes d’actions, très expressifs et rapides.
Approfondir le travail sur la ponctuation
A l’écrit : Travail poétique et mise en voix à effet d’Hymne ou d’Ode Þ en mettant en
avant et comme modèles, les très belles poésies de la page de garde, puis de la 1ère
page du récit ainsi que la 11ème page qui évoque le chant du cygne.
En parallèle, travail d’expression plastique Þ le déploiement des ailes.
- Observer et reproduire le déploiement des ailes avec un aspect duveteux, cotonneux
- Chorégraphie possible sur un thème des oiseaux
- Ecoutes musicales
3ème séance :
On présentera tout ce qui se rapporte aux notions de respect et d’amour infinis dans les
relations de l’homme à l’animal ainsi que celle de l’impuissance face à la loi de la nature
(travail oral).
4ème séance :
Ecouter lire :
On pourra y associer des contes, des légendes, des œuvres musicales à valeur culturelle
autour du thème du cygne :
=> Le lac des cygnes de TCHAÏKOWSKI
=> Tristan et Isolde de Richard WAGNER
La Mise en réseau :
La petite marchande d'allumettes (Anderson)
Le vilain petit canard (Andersen)
Le rôle du renard dans La Fontaine
Loup Rouge ( Karl Friedrich Waechter)
L'Oeil du Loup (Daniel Pennac) pour la rencontre enfant / animal
Pour un petit chien gris (Ivan Mauffret)
Œuvres musicales :
Le Lac des Cygnes de Tchaïkowski
Tristan et Isolde de Richard Wagner (mort d'Isolde qui chante comme un cygne)
• Analyse de Okilélé de Claude Ponti
http://www.ac-creteil.fr/crdp/telemaque/document/ponti02.htm
Extrait : Le rejet de la différence
Cet album, dont le titre Okilélé est remarquable par la phonétique
quenellienne du nom de son personnage principal, est construit sur la
même ambiguïté que celle que l'on trouve dans Le Vilain Petit Canard. Ces
deux héros sont déclarés affreux par les autres personnages du récit et par
21
le narrateur, alors qu'ils apparaissent simplement différents et même plutôt mignons aux yeux des lecteurs.
Okilélé avec sa trompe n'est en réalité pas plus laid que sa famille au nez rond et n'a rien à leur envier. Ce qui
compte alors est la perception de la différence par les autres personnages. Placé d'emblée sous le signe d'une
laideur manifeste par cette exclamation peu flatteuse concernant son identité, Okilélé ne peut par la suite
échapper à l'image dévalorisée de celui dont la différence n'est pas acceptée. Il en vient ainsi à se percevoir tel
qu'on le dit, et le lecteur jouant le jeu se laisse entraîner aussi vers cette interprétation.
Mais c'est avant même sa naissance qu'Okilélé semble avoir été touché par le sort d'une façon néfaste : son œuf
vert est tout cabossé, peut-être signe de la " malformation " à venir, tout comme l'œuf de cygne gris du vilain petit
canard annonçait déjà la différence parmi les œufs de canards. Inconscient tout d'abord de cette différence
insupportable pour sa famille - même la peluche de sa soeur en est effarée - il croit baigner dans l'amour familial
alors qu'il est repoussé par sa mère dès ses premiers élans de tendresse. Jusqu'au jour où, première prise de
conscience douloureuse dans son existence, le miroir de la maison lui renvoie son reflet se mordant les doigts
d'une telle vision d'horreur. Okilélé se trouve être à lui-même aussi effrayant dans sa différence que le prétend
son
entourage.
Tout au long du récit, Okilélé semble attiré par des personnages ou des objets qui, comme lui, possèdent une
trompe ou quelque chose qui y ressemble : Gradusse et son petit " moi ", le dragon, la princesse, l'oiseaufontaine à la tête de robinet et même l'évier de la cuisine. Comme si, adhérant malgré lui à l'image qu'on lui
renvoie, il sentait que ces personnages qui présentent une similitude avec son appendice nasal participent de sa
vraie nature et constituent sa véritable famille. Il est d'ailleurs difficile de penser qu'il est le fils de sa mère,
puisque possédant des mamelles de mammifères, celle-ci ne devrait pas pondre des oeufs
Petit être à trompe qui découvre qu'il s'est trompé sur lui-même et sur les autres, sa première réaction est de
tenter de dissimuler sa vraie nature et de rentrer ainsi dans la norme. Il se fabrique un masque, qu'il abandonne
très vite car sa trompe en dépasse, renforçant un sentiment d'étrangeté qui inspire encore plus d'effroi que son
vrai visage. Il ne réussit donc pas à modifier son statut de vilain petit canard et n'existe auprès de ses parents
qu'à travers le rejet. Les premiers temps de sa vie sont ainsi marqués par la négation de son existence.
• La montagne aux trois questions (IA 84)
Descriptif physique de l’ouvrage
Auteur TANAKA Béatrice d’après un conte populaire vietnamien.
Illustrateur JIANG-HONG Chen, Editeur Albin Michel Jeunesse Collection
Petits contes de sagesse
Forme littéraire Conte
Note de présentation Ministère :
Un jeune homme très laid entreprend l’ascension d’une montagne merveilleuse
pour y apprendre de trois génies la raison de sa disgrâce. Mais, oubliant sa
préoccupation personnelle, ce sont finalement les questions dont ses «
passeurs » l’ont chargé qu’il pose. Il redescend, dénoue leur malheur grâce aux
réponses obtenues, et finit par rencontrer l’amour et le succès malgré une
laideur maintenant acceptée. Ce conte merveilleux s’inscrit dans toute la
tradition transculturelle des questions posées aux divinités, illustrée par Les
Plumes du dragon, par exemple. Il sera intéressant de mettre au jour
cette tradition par un travail de mise en réseau.
Le thème de la laideur peut solliciter la culture des élèves et permettre
d’opposer le motif ici illustré de l’intelligence et de la beauté morale, comme dans
Riquet à la Houppe de Perrault, à celui de la laideur provisoire, comme dans Le
Vilain Petit Canard d’Andersen. On peut aussi mettre en valeur le motif du
dépouillement, du renoncement à la puissance, qui amène à une conquête
plus intime et rend, du coup, possible l’accès à une puissance mesurée.
Le livre vaut aussi par la construction progressive d’un univers étouffant,
composé de terre, d’air et d’eau, avant que s’allume in fine le feu du regard de la
22
bien aimante. Les illustrations inspirées des maîtres orientaux des techniques
d’encre ajoute à cette atmosphère.
La comparaison avec d’autres titres de la collection permettra de mieux définir
ce qu’est un « conte de sagesse ».
Axes de travail possibles : En lecture * En écriture A l’oral *
Dispositifs pédagogiques possibles
Première proposition :
Un conte se raconte. L’élève qui l’a lu peut le raconter à la classe. Et si plusieurs
élèves l’ont lu, ces élèves peuvent raconter ce conte ensemble (moins d’anxiété à
plusieurs). L’enseignant peut aussi raconter (ou lire) une autre version de ce
conte.
- Les encres de Chine
On peut regarder ensemble les tableaux de Chen Jiang Hong. On peut aussi
regarder des estampes japonaises (Hokusaï) et lire “ Le vieux fou de dessin ” de
F. Place. C’est un monde extrême-oriental très graphique que nous découvrons
avec ce petit livre.
Deuxième proposition :
Un seul exemplaire suffit et fera l’objet d’une unique séance.
a) Découverte de la 1ère de couverture :
- Que peut être un conte de sagesse : hypothèses
- Hypothèse de mise en relation du titre et des 3 personnages.
- Hypothèse sur l’origine du conte à partir de l’illustration.
b) Découverte de la 4ème de couverture. Lien possible entre les personnages et
les trois génies.
Confirmation de l’origine du conte : Asie
c) Lecture à haute voix par le maître du début du conte jusqu’à la page 10. Pause
pour anticipation de suites possibles.
d) Lecture silencieuse ; trois groupes d’élèves, chaque groupe recevant un des
trois passages correspondant aux trois rencontres.
Groupe 1 : page 10 “ Un soir……. ” jusqu’à la page 14 “ continuant son voyage ”
Groupe 2 : page 14 “ Le sentier …. ” jusqu’à la page 17 “ … le lendemain à l’aube.
Groupe 3 : page 17 “ La montagne…. ” Jusqu’à la page 22 “ …. En signe d’adieu. ”
Chaque groupe raconte en essayant de se dégager du texte.
Page 2 sur 2
La réflexion portera sur la chronologie des évènements. Comment la vérifier ?
e) Le maître lit à haute voix les trois étapes et continue jusqu’à la page 29 “ …. Il
commence sa descente. ”
Pause pour interprétation et anticipation orale de la fin du récit.
f) Lecture à haute voix de la fin du conte et débat “ philosophique ”(laideur
physique et beauté intérieure, renoncement, générosité, sagesse…).
Mise en réseaux possibles
23
Avec d’autres ouvrages de la liste
Sagesse : Le poil de la moustache du tigre – Albin Michel
Philosophique : Le génie du pousse-pousse – Milan (altruisme, amitié, générosité)
Avec d’autres ouvrages hors liste
Contes Jeannot le malchanceux, d’Evelyne Reberg (d’après un conte libanais).
Sagesses et malices de Nasreddine, le fou qui était sage – Albin Michel
Sagesses et malices de la Perse – Albin Michel
Les philo-fables – Michel Piquemal –Albin Michel
Thème : laideur
Le vilain petit canard – Andersen
Riquet à la houppe - Perrault
Du même auteur Un cheval blanc n’est pas un cheval : cinq énigmes chinoises
Dragon de feu, Je ne vais pas pleurer ! La légende du cerf-volant Zhong-Kui
La Mythologie chinoise - Claude Helft,
Sur le même thème Les trois questions – Didier DUFRESNE - d’après la tradition
chinoise, ill. Bruno Pilorget, Flammarion (Père Castor)
Boîte à outils complémentaires pour l’enseignant
Sur l’auteur Béatrice Tanaka, née en Roumanie, brésilienne d’adoption, vit à Paris
et porte un nom japonais.
Elle se considère comme “ terrienne ” et “ passeuse de contes ”. Elle a publié une
quarantaine de livres pour la jeunesse dont Le Trésor de l’homme, La Farandole
1971 ; Bouffe Boeuf et bang !, Vif Argent 1985 ; Trois sorcières, Syros 1988.
Bibliographie + Biographie sur http://www.ricochet-jeunes.org
Sur l’illustrateur Chen Jiang Hong, illustrateur et peintre chinois, vit à Paris. Il a
publié à l’école des Loisirs Un cheval blanc n’est pas un cheval, 1995 ; La légende
du cerf-volant, 1997. Il utilise une technique traditionnelle à l’encre de Chine sur
papier de riz. Il expose régulièrement au Lotus Rouge, à Paris.
Bibliographie + Biographie sur http://www.ricochet-jeunes.org
Site de Chen Jiang Hong : http://lotusrouge.free.fr
Rédacteur de cette fiche : Groupe départemental « Littérature de jeunesse »
Vaucluse.
•
Liste d’ouvrages émanant du CRDP de Toulouse
Accepter les différences
Accepter toutes les différences
Livres à lire et "à discuter"
Homme de couleur.
Ruillier Jérôme. Bilboquet. Cycle 1
/Cycle 2
- Un Noir est noir, de sa naissance à sa mort. Le Blanc, qui est
rose à sa naissance, rouge au soleil, bleu au froid ou vert devant la
peur l’appelle homme de couleur ! Un conte africain plein
d’humour et de poésie sur la différence, qui bouscule les idées
reçues.
24
Le vilain petit canard. Andersen, Hans Christian. Cycle 1
/Cycle 2
- Il existe de nombreuses éditions de ce conte d’Andersen où un
petit canard, rejeté dès sa naissance parce qu’il est différent des
autres, part à la recherche d’amis qui l’accepteront tel qu’il est.
Lili.
Lacor Agnès, Le Gac Gwen. Thierry Magnier. Cycle 1
- Un enfant décrit sa petite sœur mongolienne dont les gens ont
un peu peur alors qu’elle est douce et caline. Un album simple et
émouvant.
Mina la fourmi. Chapouton Anne-Marie. Père CastorFlammarion. Les Mini Castor. Cycle 1
- Mina n’a que 5 pattes. Les fourmis ouvrières la rejettent avec
pitié, la reine la repousse avec mépris. Mais Minna,
courageusement, va montrer qu’elle peut être utile. L’album
présente, dans un style accessible aux jeunes enfants, la difficile
insertion des handicapés dans la société.
Des Français comme moi.
FAS. Gallimard Jeunesse. Cycle
2 /Cycle 3
- Tous Français, et poutant si différents ! Des enfants, originaires
de Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie ou Polynésie en témoignent.
Celui qui est nouveau. Petit Olivier, Héliot Éric. Petit à petit.
Mine de rien. Cycle 2
- Quand on est nouveau à l’école la vie n’est pas facile. Puis peu à
peu les autres vous acceptent et vous intègrent dans leur groupe.
Des enfants comme moi.
Kindersley Barnabas et
Anabel. Gallimard Jeunesse/Unicef. Cycle 2 /Cycle 3
- La vie de 36 enfants venant de pays différents. Chaque enfant
présente sa famille, son école, ses amis, sa nourriture, ses jeux.
Emeline qui voit tout.
Coran Pierre. Casterman. Je
commence à lire. Cycle 2 /Cycle 3
- L’histoire de la petite Emeline, non-voyante, racontée dans une
édition bi-graphique, écriture visuelle et écriture braille. Pour que
tous les enfants, voyants et non-voyants, se retrouvent dans les
mêmes classes, et apprennent à lire...et à vivre ensemble.
La géante Solitude.
Hoestlandt Jo, Novi Nathalie. Syros
Jeunesse. Cycle 2
- La géante Solitude est une enfant géante arrivée par hasard dans
notre petit monde terrestre. Rejetée de tous, elle finit par entrer
dans la mer et y former une île, refuge pour tous ceux qui
souhaitent la paix et la solitude. Un album poétique sur la
différence et l’incompréhension.
Poussin noir. Elliott Rascal, Elliott Peter. Pastel. Cycle 2
- Poussin noir naît au milieu de poussins jaunes dans une
couveuse. Tous choisissent les fermiers comme parents, sauf
Poussin noir qui veut trouver une famille de sa couleur. Deux loups
noirs l’attendent...
Timothée, un élève différent.
Roque Josiane, Wens
Isaac. Roque éditeur. Cycle 2 /Cycle 1
- Timothée est un petit garçon autiste. A l’école son comportement
déroute les autres élèves, mais ... L’album présente un enfant
autiste intégré dans une école maternelle.
Vivre ensemble les différences. Bayard jeunesse. Guide
pour un enfant citoyen. Cycle 3
- Trois histoires de vie quotidienne et trois jeux-test amorcent une
réflexion pour comprendre que chacun naît avec ses différences et
a son rôle à jouer dans la société.
Enfants d’ailleurs, racontés aux enfants d’ici. Laffon
Caroline, Laffon Martine. De la Martinière Jeunesse. Cycle 3
- Un très bel album pour découvrir comment vivent les enfants de
différents pays, leur cuisine, leurs vêtements, leur langue. Pour
25
mieux connaître les autres et mieux les comprendre.
Lettres à qui vous savez. Debry Hervé, Merlin Christophe
ill. Casterman. Romans Casterman : dix et plus. Cycle 3
- Un garçon de 10 ans atteint du sida raconte, sous la forme de
lettres, ses difficultés à l’approche de Noël. Jérémy nous laisse
découvrir la maladie qui l’habite ainsi que la réaction des autres
face à celle-ci.
Mon drôle de petit frère.
Laird Elizabeth, Brown Ken
ill. Gallimard Jeunesse. Folio junior. Cycle 3
- Le jour où Ben est né, la vie d’Anna, une adolescente de 13 ans,
se trouve transformée. Elle fait le récit émouvant de l’amour
qu’elle porte à ce petit frère trisomique au milieu du désarroi
familial.
Mon grand petit frère. Peskine Brigitte. Bayard Jeunesse. Les
romans de Je bouquine. Cycle 3
- Vincent est jaloux de son grand frère Xavier. Mais sa vie est
bouleversé par la méningite de Xavier qui fait de ce frère un
handicapé physique et mental. Une histoire touchante et
douloureuse.
Vivre ensemble filles et garçons.
Bayard jeunesse. Guide pour un
enfant citoyen. Cycle 3
- « Pour découvrir et apprendre à mieux connaître cet autre, d’un autre sexe,
à la fois si proche et si différent de soi. »
Et nous ? de Dorothée de Monfreid, L’école des Loisirs, 2006 dès 4
ans
L'éditeur
Quand Madame Coincoin voit éclore ses sept œufs, elle n’a d’yeux que
pour le dernier né, son « petit canard chéri », le seul à qui elle donne un
prénom. Les six autres ? Trop vilains à son goût. Ils ont beau essayer de
se faire aimer de leur mère, rien n’y fait. Bien heureusement,
l’intervention de leur père redonnera le sens des réalités à Madame
Coincoin, un peu penaude d’avoir ainsi rejeté ses petits…
L’attachement maternel, les rivalités enfantines et le rôle du père sont
habilement évoqués dans cette fable familiale en apparence bien
anecdotique, et pourtant marquée au coin du bon sens. Les plus jeunes
lecteurs s’amuseront de l’inversion concoctée par l’auteure (qui détourne
évidemment l’histoire du Vilain petit canard) et les plus grands liront
beaucoup d’autres choses entre les lignes… B. Longre (nov. 2006)
B/ Quelques activités
Une première activité pourrait être de faire lire le conte par plusieurs
élèves en leur distribuant chacun un morceau ; de ce premier échange : qui lit tel
passage ? Qui fait la voix de ? On pourra accéder à un premier sens après mise
en commun. Ce pourrait être le lieu de mettre en lumière le schéma narratif et
de comparer avec d’autres contes connus afin de voir si ce schéma se retrouve
ailleurs.
En fonction du niveau et du travail envisagé, on pourrait aussi envisager de
donner le conte en désordre (du plus simple ,3 parties, au moins aisé, les
26
diverses parties du schéma narratif) et demander aux élèves, par groupe, de
remettre en ordre le conte. Une fois remis en ordre, on pourrait procéder à un
questionnaire, oral ou écrit, qui aurait divers axes possibles :
I/
• A quel type de texte avons-nous à faire?
• A quel genre appartient-il ?
Les réponses pourraient faire l’objet d’un tableau qui dégagerait la typologie des
textes étudiés en classe.
II/
•
•
Quels sont les indices qui vous ont aidés à remettre ce texte dans
l’ordre ? Le repérage de la situation initiale peut se faire grâce aux temps
(imparfait), aux indications spatiotemporelles (imprécisions) ; celui de
l’élément déclencheur par le changement de temps (passé simple et
présence d’un « déictique » enfin à comparer à « un jour, tout à coup,
soudain…) Enfin, on pourra continuer ainsi avec les différentes parties du
schéma narratif.
On pourrait en « Maîtrise de la langue » s’intéresser à la conjugaison de
l’imparfait voire du passé simple (ébauche), au repérage du dialogue (tiret,
passage à la ligne, verbes de paroles, temps du dialogue…)
D’autres activités pourraient tourner de mots comme « discrimination »,
« différence », « rejet » …Le Téléthon, encore récent,ainsi que la journée du 10
décembre, serviraient aussi de point d’accroche.
On pourrait commencer par un remue-méninges autour de ces mots et inscrire au
tableau les propositions des élèves. Ensuite, par groupes, on pourrait envisager
de produire un panneau illustrant les mots et/ou thèmes retenus : cette
production pourrait se faire à l’aide poèmes, de peintures, de productions
d’écrits, de compte rendus de lecture d’albums, de paroles de chansons (Cf. Lili
de P. Perret, par exemple), de recherches sur Internet (listes de sites
prédéfinis à consulter
Dans un second temps, on pourrait peut-être envisager des actions réelles ou
virtuelles à mettre en place, afin soit de dénoncer, soit de réduire les marques
de discrimination (en fonction des propositions des élèves). Le travail engagé
autour de la dénonciation peut être le lieu d’ébaucher ce qu’est un argument, un
slogan et donc donner lieu à une production.
Enfin, peut-être envisager une ou plusieurs séances en arts plastiques autour du
thème : Guernica, Chagall (ci-dessous…)
27
Chagall, La crucifixion blanche.
Œuvre engagée qui dénonce le régime stalinien, les exactions nazies…La Crucifixion
Blanche : est une œuvre engagée de Chagall. Il y dénonce le régime La Crucifixion
Blanche : est une œuvre engagée de Chagall. Il y dénonce le régime et l'oppression
dont les juifs sont victimes.
28
DOSSIER PEDAGOGIQUE DU SPECTACLE « LE VILAIN PAS BEAU »
de la Compagnie Courte Echelle
(Au regard des programmes de l’école primaire)
Références au socle commun de connaissances et de compétences (Encart – B. O. n° 29 du 20 juillet 2006)
5 – La culture humaniste
…« La culture humaniste contribue à la formation du jugement, du goût et de la sensibilité.
Elle enrichit la perception du réel, ouvre l’esprit à la diversité des situations humaines, invite à la réflexion sur
ses propres opinions et sentiments et suscite des émotions esthétiques…
Elle se nourrit des apports de l’éducation artistique et culturelle.
En donnant des repères communs pour comprendre, la culture humaniste participe à la construction du sentiment
d’appartenance à la communauté des citoyens, aide à la formation d’opinions raisonnées, prépare chacun à la
construction de sa propre culture et conditionne son ouverture au monde ».
C
Y
Domaines
Références aux programmes
En amont : des clés pour per- Situations pédagogiq
mettre l’entrée dans le spectacle s’inscrire dans un pro
29
C
L
E
Maîtrise du
langage et
de la langue
française
2
« Le théâtre peut offrir l’occasion
d’un projet plus élaboré. Il peut en
être de même avec des assemblages de
textes en prose ou en vers…
…La littérature jeunesse offre de très
nombreux exemples de pastiches et de
détournements… »
Apports culturels
Lire :
- le conte traditionnel « Le vilain petit
canard » d’Andersen,
- des contes détournés,
- des albums illustrés avec des objets
détournés,
- des albums sur la différence, sur
l’exclusion.
Productions collectives o
- Ecrire un texte en détou
- Illustrer un texte av
détournés
Education
artistique
Présenter des œuvres
Arts visuels
détournant des objets.
« 2- Les compositions plastiques
…Si l’école maternelle a donné à
l’enfant l’occasion de jouer avec des
objets et des formes et lui a permis de
découvrir qu’on pouvait les détourner,
les activités du cycle 2 l’incitent à
transformer avec une intention de plus
en plus explicite une chose en une
autre : déstructurer les objets,
reprendre des formes connues et les
agencer, isoler un fragment et associer
d’artistes
30
C
Y
C
L
E
des éléments d’origines différentes en
variant les moyens d’assemblage. Les
ressources et les objets de l’environnement sont reconnus comme des
réservoirs de matières et de formes sur
lesquelles l’élève peut intervenir
(réemploi,
recyclage,
montage,
collage, assemblage, agencement,
installation…). »
2
(*) Pour information : Exposition Olivier Thiébaut du 13 octobre 2007 au 5 janvier 2008 à la
Médiathèque d’Argentan
31

Documents pareils