hugues vassal

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hugues vassal
E X H I B I T I O N
April 1 to May 13, 2011
- HUGUES VASSAL
- EDITH PIAF
n jour d'automne 1957, alors que jeune photographe, je traînais de petits faits divers en petits reportages sur des vedettes du show-biz de troisième catégorie, je fus convoqué par un homme
que je n'oublierai jamais, André Larue, alors chef des informations du
magazine à scandales, néanmoins à grand tirage : France-Dimanche. Il
m'envoya photographier Edith Piaf, qui faisait une tournée en province
en vue de sa prochaine rentrée à l'Olympia, chez Bruno Coquatrix. Ce
grand reportage m'avait été confié parce que les photographes vedettes
étaient absents et qu'il y avait urgence. En effet, je devais photographier
le nouvel amant de Madame, ainsi que l'ancien d'ailleurs. Ce reportage
aurait dû être pour moi l'unique, car je n'étais que remplaçant, pourtant
il a duré sept années. (...) J'ai donc vécu Piaf à deux vitesses, celle
où de connivence avec elle et le média qui m'employait, je faisais des
photos, des images correspondant au grand public, le public d'Edith.
Mais au fil des années, j'ai pris simultanément une voie parallèle, une
voie où se mélangeaient l'image et l'esprit.
J'ai donc fait mes photos pour mon journal, mais intégré avec les
intimes j'ai pu voir, entendre et photographier, non pas comme un
voyeur, mais avec mon cœur — Edith avait confiance en moi.
Dans le salon du 67 bis boulevard Lannes, j'avais pour moi un
fauteuil défoncé et de là je voyais, après de longues attentes, Edith
émerger de sa chambre pour aller de son canapé au piano, du piano au
canapé, en passant parfois par la salle à manger, et moi je faisais des
images. La valeur de ces images était ce qu'Edith voulait qu'elles soient,
même si cela paraissait parfois choquant. Du boulevard Lannes aux récitals, de la province à l'Olympia, de cliniques en cliniques. Edith a toujours su utiliser les événements souvent tragiques de sa vie, pour un
profit qui aujourd'hui sert sa légende. La confiance qu'elle a eu en moi
a fait qu'elle s'est donnée entièrement à mes objectifs, mes flashs, mes
demandes de pauses farfelues.
Edith Piaf fut ma chance, et sa force de caractère m'a permis de
dominer les moments parfois tragiques de ma propre existence.
•
a vie d’Edith Piaf aura été brève et intense, le destin la rattrapant
toujours lors de brefs instants de bonheur. Edith Piaf n’aura
jamais su se guérir des blessures de l’enfance et des désillusions de l’amour.
Elle a dédié sa vie à son public, sa relation la plus fidèle et la plus sincère.
Le patrimoine laissé par Piaf est immense et nombre de ces chansons à
l’image de "La vie en rose", de "L’hymne à l’amour" ou de "Non, je ne
regrette rien" demeurent encore dans l’inconscient collectif. Piaf est sans
conteste l’artiste féminine qui aura le plus marqué le XXème siècle, tant par
la grandeur de sa voix que par son destin des plus tragiques.
EDITH PIAF
by HUGUES VASSAL
U
OPENING
RECEPTION
April 1, 6 to 8 p.m.
LA MAISON FRANÇAISE, NEW YORK UNIVERSITY
16 Washington Mews, New York, NY 10003
Tel. 212-998-8750
e.mail : maison.franç[email protected]
www.nyu.edu/maisonfrancaise
Hugues Vassal
L
« Oh ! regardez cette petite personne dont les mains sont celles du lézard des
ruines. Regardez son front de Bonaparte. Ses yeux d'aveugle qui viennent de
retrouver la vue. Comment chantera-t-elle ? Comment sortira-t-elle de sa
poitrine étroite les grandes plaintes de la nuit ? Et voilà qu'elle chante, ou plutôt
qu'à la mode du rossignol d'avril elle essaie son chant d'amour... Elle se dépasse,
elle dépasse ses chansons, elle nous dépasse. L'âme de la rue pénètre dans toutes les
chambres de la ville. Ce n'est plus madame Edith Piaf qui chante, c'est la pluie
•
qui tombe, le vent qui souffle, c'est le clair de lune qui met sa nappe… »
Extraits de l'Hommage de Jean Cocteau à Edith Piaf.
La "môme" de la chanson française. Musicienne (19/12/1915 - 10/10/1963)
ne fall day in 1957, when I was still a young photographer,
chasing after minor stories about third-rate show-biz stars, I
received a call from a man I will never forget. It was André Larue, who
was at the time the editor for the French tabloid magazine FranceDimanche. He sent me out to take photographs of Edith Piaf during her
tour in France. This was right before her show in Paris at L’Olympia,
directed by Bruno Coquatrix. I was only asked to do the job because all the
seasoned celebrity photographers were busy. I was supposed to take pictures
of Madame’s new lover, and as a matter of fact, of the former one too. This
assignment was to have been unique, since I was just subbing. But it lasted
seven years... This allowed me to experience Edith Piaf in two very different
ways. In complicity with Edith and the media which hired me, I took the
pictures expected by the public, her public. With time, though, I came simultaneously to take a parallel approach, one which mixed image and spirit.
I started to take photos for my own diary. Integrated into the group of
Edith's close and intimate friends, I was able to see, listen, and take pictures not
as a voyeur, but with my heart.
Edith trusted me.
In her living room at 67bis boulevard Lannes, I had my own broken armchair. From there, after long waits, I could see Edith emerge from her bedroom
and go to the piano, and from the piano to the sofa, sometimes going to the diningroom ; all the while I was taking images. These images were what Edith wanted
them to be, even if they seemed sometimes shocking. From her home to the concerts,
from the countryside to L’Olympia, from one hospital to the next, Edith always knew
how to use the often tragic events in her life to benefit what is now her legend. The
trust she had in me meant that she completely surrendered to my camera and flash,
and to my requests for silly pauses.
Edith Piaf was my lucky star, and her willpower allowed me to overcome tragic
moments in my own life.
•
O
Hugues Vassal
dith Piaf’s life was brief and intense, destiny always overtaking short moments of
happiness. Edith Piaf was never able to heal the wounds of her childhood and the
disillusions of love. She dedicated her life to her public, and this was her most sincere and
faithful relationship. The heritage left by Piaf is vast, and so many of her songs - “La vie en
rose”, “L’hymne à l’amour” , “Non, je ne regrette rien” - remain in the collective subconscious.
Piaf is, without a doubt, the female artist who most influenced the twentieth century, as much
for the magnificence of her voice as for her most tragic fate.
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création
Edith Piaf (12/19/1915 - 10/10/1963).
idelen / photos : Hugues Vassal
E