Vignoble, valeur patrimoniale et valorisation touristique. Vieux

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Vignoble, valeur patrimoniale et valorisation touristique. Vieux
Vignoble, valeur patrimoniale et valorisation touristique.
Vieux terroirs, nouveaux territoires?
A. Vanneph
(Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement et le
Développement, France)
Comunicación aceptada por el Comité Científico del III Congreso
Internacional de la Red SIAL
“Alimentación y Territorios”
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Vignoble, valeur patrimoniale et valorisation touristique
Vieux terroirs, nouveaux territoires ?
Alain VANNEPH
Professeur des Universités ( Géographie)
Laboratoire C3ED ( Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement et le
Développement)
Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines ( France )
Résumé
Le vignoble n’est plus aujourd’hui le simple support physique d’un système de production
vitivinicole. Il évolue, au même titre que les autres espaces ruraux à la recherche d’une
résilience fondée sur des ressources complémentaires. Avec une mise en œuvre plus ou
moins rapide, selon la qualité des terroirs, les crises ou difficultés économiques de la
filière, et selon les capacités d’organisation des acteurs locaux et régionaux, de nouvelles
dynamiques
tendent
à
transformer
le vignoble en
un territoire intégré de
développement rural.
Grâce notamment à diverses formes de valorisation touristique qui prennent en compte, en
interaction avec la notoriété des vins, au-delà de l’étape initiale de vente directe en
propriété, une dimension patrimoniale du lieu
Abstract
Today, the vineyard is not the only part of the wine production system anymore. Like other
agrosystems, under pressure of the market, it is moving towards a resilience based on the
search of complementary resources. New rural dynamics reorganize vineyards into
integrated territories, at different speed, according to the quality of terroirs and initiative
action, or organizational capacities of local and regional actors.
A significant form of vineyards' development is tourism, which takes into account, further
than the first step of direct sales within estate, the peculiar patrimony of the place, in
interaction with the notoriety of both wine and terroir
.
Mots clefs :
Vignoble, tourisme, territoire, environnement, développement local, dynamique
rurale
1
INTRODUCTION
« …S’annonce un monde cruel et anonyme, d’où tout ce qui aura fait l’homme, le village,
l’église, la fontaine, le pain, les champs, sera effacé… » Antoine de Saint Exupery.
Le vignoble n’est plus aujourd’hui le simple support physique d’un système de
production vitivinicole. Il
évolue, au même titre que les autres espaces ruraux à la
recherche d’une résilience fondée sur des ressources complémentaires. Avec une mise en
œuvre plus ou moins rapide, selon la qualité des terroirs,
les crises ou difficultés
économiques de la filière, et selon les capacités d’organisation des acteurs locaux et
régionaux, de nouvelles dynamiques tendent à transformer le vignoble en un territoire
intégré de développement rural.
Grâce notamment à diverses formes de valorisation touristique qui prennent en compte, en
interaction avec la notoriété des vins, au-delà de l’étape initiale de vente directe en
propriété, une dimension patrimoniale du lieu
Plusieurs paramètres justifient le choix du vignoble comme terrain d‘étude :
-
La spécificité et lisibilité du vignoble, mais en même temps sa comparabilité sur
de nombreux pays.
- La nouveauté, mais aussi déjà à l’importance du phénomène (44% du tourisme
alsacien par exemple ),
- L’effet « laboratoire » d’un espace se construisant,, hors de toutes les territorialités
officielles (département, pays, SPL…)
-
Le
paradoxe
d’une innovation survenant au sein d’un milieu
fondé sur la
tradition, pour le cas français, et inversement pour les vignobles neufs argentins, la
recherche d’une image de tradition.
-
La singularité d’un espace très anthropisé et pourtant apparemment apprécié pour
ses qualités paysagères …etc.
Quant à la problématique de valorisation d’un produit agricole, au-delà de la démarche
classique du marché, elle répond essentiellement à deux priorités :
Celle, générale soulignée par les nouvelles directives de la PAC de recherche d’un
développement rural intégré et concerté
2
Celle, plus particulière, du Laboratoire de recherche C3ED, Centre d ‘économie et
d’éthique pour l’environnement et le développement »(IRD-UVSQ) dans sa démarche de
développement durable, et dans son axe « territoire » où s’inscrit cette étude qui vise à
aborder la thématique des « stratégies de valorisation d’un patrimoine rural global » en
prenant l’approche géographique et donc le territoire comme angle principal de la
recherche. .
A partir des exemples notamment français et argentins, la réflexion s’articule en deux
parties pour essayer de dégager l’existence et éventuellement l’exemplarité d’un modèle
de dynamique territorialement localisée.
Une analyse de cette affirmation patrimoniale dans ses différentes composantes d’abord :
Composantes tangibles : Environnement, paysages, architecture locale, sites historiques,
dessinant une ruralité originale dans sa lisibilité et sa pérennité
Mais aussi intangibles, à travers l’angle des images et des représentations patrimoniales
naturelles, historiques, ou culturelles, Comme en témoigne notamment de manière
emblématique
le
classement
par
l’UNESCO
du
site
de
Saint
Emilion.
La seconde question est celle de la mise en scène, ou mise en tourisme, de ces potentiels,
en développant prioritairement la thématique de la « route du vin. ,dans ses descriptions
diverses et ses problèmes plus ou moins communs.
Pour déboucher sur l’originalité, mais aussi les ambiguïtés et l’éventuelle exemplarité de
ce lieu singulier de convergence entre ruralité et tourisme, entre vieux terroir et nouveau
territoire…
« Ici la beauté des coteaux,
la richesse du patrimoine,
l’hospitalité des vignerons,
ont créé une géographie du bonheur. »
(1) Le Champagne, Comité départemental du tourisme
3
I Enquête sur une ressource, en quête d’un patrimoine …
Touristicité du vignoble
Le vignoble s’inscrit il objectivement dans le cadre d’un tourisme rural classique ?
Présente-t-il en soi un attrait, un attrait paysager, un attrait par sa seule ruralité ?
Le paysage.
« Le paysage, les espaces ne sont pas seulement des réalités présentes, mais aussi et
largement des survivances du passé. » (17) F. Braudel
En premier lieu, il y a la plante.
La vigne, …Et même si tout jugement esthétique se discute : son intérêt apparaît limité.
Voire négatif avec les ceps décharnés d’hiver, au charme... tortueux…
Et ce ne sont pas les rosiers témoins, de Champagne et d’ailleurs, en bord de parcelle qui
transfigurent réellement une valeur botanique minimaliste.
Certes le fruit, le raisin, le « pampre des poètes, a été chanté sous bien des formes…
Mais comme promesse, plus que pour ses attributs.
Vient ensuite le verger, le vignoble :
En général un alignement de ceps, séparés par du terrain en friche : les peintres de nature y
ont trouvé peu d’inspiration.
Et pourtant n’y a-t-il pas quelque chose de visuellement intéressant dans la géométrie
contrastée des parcelles, associant de manière singulière, l’ordre des alignements, au
désordre dominant des multiples petites parcelles éclatées au hasard des héritages et des
reliefs ?
Un paysage rural qui peut même devenir dans une certaine mesure spectaculaire, quand
cette unité dans la diversité devient bien lisible grâce à la pente, omniprésente notamment
dans les meilleurs crus. Cuestas, coteaux, collines, cônes, terrasses, glacis, collines sont
terres d’élection du vignoble grâce aux qualités pédologiques et climatiques induites sur le
terroir.
4
Cette déclivité qui rompt la monotonie confère par la diversité des vues et des points de
vue une valeur au paysage. En même temps qu’elle permettra, d’en bas et d’en haut
d’embrasser justement en, vues panoramiques la double géométrie du vignoble…
C’est ce relief omniprésent qui facilitant spontanément
la vision permet au regard
d’appréhender au mieux les qualités du paysage.
De ce point de vue _ dans les deux sens du terme_ la toponymie des vignobles ou des
appellations AOCest en soi éloquente : Savoie, Valais, Alpujarras, Montagne de Reims.
Apremont ,Côtes du Rhône, Côtes et, hautes côtes de Beaune, Côte des Nuits, côtes de
Blaye, coteaux d’Aix, etc …
Sans oublier le regard porté aux villages nombreux en ces terroirs de forte main d’œuvre,
villages anciens souvent opulents, étagés en ces terroirs de richesse agricole particulière .
Une image se dessine propre à tous les vignobles au-delà des spécificités locales
Image reconnaissable, chargée de typicité, et
reconnue, en première impression
de
connotation positive, d’agrément …
Une carte postale d’un paysage classé « pittoresque » aux côtés par exemple, du bocage,
… en opposition à la plaine céréalière, non seulement par la variété des horizons et des
formes liée à l’entrecroisement des pentes et des parcelles, mais à la diversité, liée au
paradoxe de terroirs spécialisés, mais jamais en monoculture
Notamment parce que l’étroitesse du lien de typicité au terroir implique la concentration
du vignoble sur les seules terres favorables ou délimitées, laissant donc entre ces espaces
privilégiés, une place à d’autres cultures, à l’élevage ou à la forêt dans le même finage.
« La qualité majeure du patrimoine rural est celle d’un espace multidimensionnel apte à
produire et à donner à voir sa diversité » (9) Elma Montana
Cela suffit -il ? Le vignoble n’a pas a priori l’attractivité d’une palmeraie… ou d’une
rizière pour le regard européen..
Mais il possède souvent, presque structurellement par ailleurs, aux alentours, un écrin
paysager, un patrimoine paysager naturel, qui met en valeur de manière primordiale le
terroir viticole.
Une vallée : :le fleuve et ses versants pour le vignoble bordelais ou le Val de Loire, les
rives du Douro pour Porto, ou la Moselle allemande, les bords de lac pour le Leman ou le
Balaton, les talus de faille et leur faîtage forestier de Bourgogne, etc..
5
Une montagne : garrigues des collines et plateaux pour les
Corbières. Sommets des
Vosges. Les falaises rocheuses de Chartreuse et des Bauges et le lointain de Belledonne
pour le vignoble de Savoie
Montagne et mer à la fois pour Banyuls (ou Porto)
Et naturellement, l’écrin mythique de la montagne Ste Victoire pour le vignoble d’Aix en
Provence, ou les Andes pour l’Argentine.
Les exemples peuvent être multipliés tant la règle domine et soufre peu d’exceptions qui
associe grands vignobles et qualité paysagère de l’environnement et des alentours.
Entre autres facteurs parce que justement la pente -et le sol associé- est favorable à la
vigne, autant qu’elle s’oppose le plus souvent à d’autres formes d’agriculture…
Ce qui est vrai pour la France, l’est aussi pour la plupart des vignobles du monde associant
le double signal visuel du vignoble et de l’écrin en « insulaires singularités » de la
géographie ou de l’histoire, telles les terrasses de Porto, du Leman, du Valais, le résiné de
Thira
Mais aussi
le vignoble pilote du Mont Liban à 1600m d’altitud,
projet associant
symboliquement sur ce terroir d’exception, l’exceptionnelle coopération de 7 villages
chrétiens et 4 musulmans
Avec emblématique le vignoble andalou des Alpujarras, au cœur de la Sierra Nevada, sur
« la route des villages blancs « , dans sa niche bio, à 1 300m d’altitude retrouvant la
dernière enclave de l’ultime fief mauresque .
A fortiori, plus généralement les vignobles des Suds, lorsque la montagne plus haute
s’impose au vignoble, par son gradient thermique d’altitude pour compenser l’excès de
chaleur de la latitude
Ainsi en Argentine, les vignobles des piémonts andins, dans leurs oasis échelonnées de
Mendoza à Salta et Jujuy, en passant par les sites célèbres des vallées Calchakis
Enfin à coté des trois niveaux d’analyse visuelle du paysage, il convient d’ajouter les
agréments climatique attachés
naturellement au vignoble terroir, et en particulier
l’ensoleillement, caractéristique régionale des pays du vignoble, mais souvent spécificité
micro climatique locale..
On pense à l’Argentine et aux vignobles du piémont andin, sur de véritables climats
d’oasis, avec pour Mendoza où selon le dicton local : « le soleil fait des heures
6
supplémentaires. » 14h3O par jour offertes , mais aussi aux « niches » d’ensoleillement
de l’alsace, du Valais ( avec le même effet de protection de l’écrin/écran montagnard )du
Grésivaudan, avec les 2000 heures d’adret savoyard ,de la Bourgogne, du val de Loire ou
des Pyrénées catalanes avec 2500 heures d’ensoleillement annuelles affichées par le terroir
de Banyuls-Colioure….
Mais, au-delà de la qualité du patrimoine naturel et paysager, le décor bénéficie aussi
d’autres apports liés à l’homme et à l’histoire, En relation avec l’ancienneté d’un
l’agrosystême intimement lié à un potentiel local de richesse qui n’a pas manqué de
s’illustrer dans l’art et le monumental.
Avec R Dion , F Braudel ou d’autres le poids de l’histoire a été démontré, et les héritages
tangibles de la longue durée viennent ponctuer le terroir et son voisinage
Intimement lié au à la noblesse, aux cours seigneuriales et surtout au clergé et en
particulier au rôle des moines, le vignoble européen s’associe tellement intimement à un
patrimoine historique de toutes époques et dimensions qu’il est non seulement une culture,
mais une partie de la culture européenne
Depuis les amphores des épaves romaines jusqu’au chai de R Bofill
Avec , de manière , emblématique, le site de St Emilion, bien sur, premier exemple de
classement UNESCO.
Mais aussi les Hospices de Beaune et leur confrérie, et toutes les richesses romanes et
ducales de la Bourgogne…La cathédrale » de Reims . Les monastères et châteaux de la
Loire.
.Et même si les « châteaux » du Bordelais sont plus souvent récents et bourgeois, il reste
Bordeaux ville-monument du vin.
Et bien d’autres villes , compte tenu de la relation ville-vignoble si bien illustrée
ironiquement par Oscar Wilde : Cf. Oscar Wilde « Les Français sont tellement fiers de
leurs vins qu’ils ont donné à certaines villes des noms de grand cru.. »
A ces monuments s’ajoutent toutes les richesses architecturales des villages fortifiés, avec
leurs demeures patriciennes, leurs représentations de l’architecture rurale locale,
ou
simples échoppes des ouvriers agricoles, et les témoignages des techniques et de pratiques,
caves troglodytiques du tuffeau,, pressoirs, tonneaux séculaires …
Et naturellement les chais, banals mais intéressants en temps que patrimoine technique.
Ou chais à valeur architecturale ou historique particulière ; souterrains voûtés
du clos
7
Fourtet à St Emilion, chai à charpente métallique de Gustave Eiffel du château BellefontBelcier…
Compte tenu du décalage dans l’échelle chronologique, les vignobles d’Amérique Latine et
en particulier ceux d’Argentine remontant au XVIIIème siècle prennent relativement la
même valeur historique, le même potentiel de patrimonialisation.
Il existe donc un potentiel, une ressource présente, une valeur dans la ruralité du vignoble
en elle-même et dans ses accompagnements périphériques naturels et historiques.
Une valeur rurale certes particulière, par rapport à d’autres. Mais serait-elle suffisante pour
être reconnue sur place, révélée, valorisée et stimuler un tourisme significatif ?
En réalité cette potentialité ne peut trouver à s’exprimer que dans l’intime et indissociable
connivence du terroir avec le vin, en tant que produit, produit marchand, produit local,
produit de qualité , et que patrimoine culturel primordial par rapport au reste.
Mais un reste dont la faible valeur intrinsèque se trouve à son tour révélée et multipliée
par le vin dans un étonnant jeu de concordances dans tous les sens du terme, entre
l’identité du territoire et la spécificité de l'appellation.
La qualité de patrimonialisation du territoire transfère son image sur la qualité du vin, en
même temps que réciproquement la notoriété du vin transcende l’imaginaire local perçu et
vécu…
« Le paysage doit alors véhiculer une image de qualité. Il porte la promesse de saveurs
consubstantielles au charme du terroir. Le paysage se fait gage de qualité pour le futur
consommateur »
Fanny Petit (9)
Le vin :
Parce que ce produit n’est pas un banal fruit de la ruralité. Pas un simple jus de raisin.
Mais un nectar chargé de subjectivité particulière. Et de typicité liée à un lien au terroir
qui lui est propre et traduit en France et ailleurs par les AOC ou les « vins de pays »
Le tourisme viticole est un tourisme du vin qui passe donc par l’exploitation viticole ellemême et par le vigneron. L’offre du producteur et la demande du touriste consommateur se
rejoignent pour le développement de visites au sein même de l’exploitation en contact
8
direct avec l’artisan responsable de cette qualité, médiateur par son travail entre la nature
et l’objet consommable.
La visite à la ferme, à l’exploitation, éventuellement à la coopérative ou l’écomusée permet
de connaître le lieu et les
lieux précis
où se mettent en oeuvre les techniques de
fabrication qui lui confèrent cette qualité
Elle permet de déguster sur place donc en principe dans les meilleures conditions la
production en pouvant suivre les conseils du meilleur des spécialistes le fabricant lui
même
Elle permet d’acheter le vin en direct, en principe
encore au meilleur prix, sans
intermédiaires un vin dont il a pu de visu apprécier la saveur, les formes et l’atmosphère de
fabrication, le professionnalisme du producteur, les racines mêmes du produit à travers le
terroir et fonder son jugement personnel
Car si, dans l’ordre, mais avec peu de différences les facteurs dégustation, achat direct,
connaissance du milieu sont effectivement confirmés dans les enquêtes de motivation des
touristes, en premier lieu vient la recherche du contact humain, la pertinence et surtout
convivialité, qualité de l’accueil.
Un élément fondamental d’un ensemble qu’on peut appeler atmosphère, magie ou culture.
F. Mauriac « Ce que je dois à Bordeaux.., ce que je dois à notre Guyenne,c’est son
atmosphère dont j’ai été baigné dès l’enfance …Cet éternel orage qui rôde dans mes
livres…voilà ce que ma terre m’a donné.. » (16)
Une qualité, une civilité à retrouver dans toute l’ambiance tangible et intangible qui
accompagne le vin
En
premier
lieu
dans
le
patrimoine
culinaire
spatialement
et
quasiment
consubstantiellement lié au vin
Avec Bordeaux et ses sauces au vin, bien sur liant dans tous les sens du terme le breuvage
et les autres spécialités du terroir : Entrecôte à la Bordelaise, cèpes à la Bordelaise,
lamproie à la Bordelaise…Et en accompagnement incontournable pour le foie gras des
Landes ou du Perigord, les huîtres d’Arcachon, l’agneau de Pauillac, caviar de la Gironde.
Et naturellement avec en dessert, les "cannelets" , gâteaux bordelais traditionnellement
confectionnés avec le solde de jaunes d’œuf, après utilisation des blancs pour une phase de
coagulation dans la vinification ancienne.
Un supplément d’enracinement du touriste au pays par le vignoble en son terroir, qui se
retrouve tout aussi naturellement en Bourgogne, lorsque les crus locaux se conjuguent dans
9
le patrimoine culinaire étoilé ou non au jambon persillé, au coq au vin, aux escargots,
gaudes, meurettes et autres gougères ;;
En Savoie avec les spécialités fromagères ou diots
En Alsace avec les couples indissociables Riesling/ choucroute, Sylvaner/schiefala( palette
de porc fumée) Tokay/ baekeroffe (potée boulangère) ou Gewurtztraminer/ koughelhopf...
Mais ce « mariage au palais »se retrouve aussi en argentine par exemple, associant les
cépages nobles de Salta et de Jujuy aux recettes locales locro et empanadas ou pour
Mendoza, la chaya (à base de nandou) la carne con cuero (agneau entier non dépecé au
four): ou le cabrito (chevreau rôti aux braises) ou pour le Rio Negro, le mouton ou la truite
farcis aux champignons ou l’épaule de cerf au vin blanc…
C’est donc une civilisation du vin qui caractérise le vignoble et son environnement et
suscite son attractivité touristique
« Le vin est un patrimoine total »
« aujourd’hui en relation ave c la quête d’une image à la hauteur de la qualité des vins, le
patrimoine rural devient un bien commun », F..Petit (9), parce que perçu comme tel
Car, au-delà des caractéristiques tangibles certes présentes on l’a vu, mais relativement
modestes cette spécificité par rapport à d’autres agrosystemes, tient avant tout à un "
supplément d’âme »
A l’intangible, aux représentations, à l’image du complexe vin/vignoble et en fait à une
véritable « iconisation »
« Iconisation » emblématique dans le choix pionnier de St Emilion ou de Porto comme
Patrimoine de l’humanité, au titre , dont l’association des trois termes est tout à fait
significative, de « paysage culturel vivant »
Les représentations
Hegel : « Les choses n’arrivent pas en soi. Mais telles qu’on se les représente. »
Il existe bien une signification spécifique du vignoble, un passage du « signifiant » au
"signifié », une valorisation subjective
qui transcende les aménités,
somme toute
relativement banales ou modestes du vignoble, en signal touristique fort : essentiellement
10
par l’association sur un même registre de qualité du terroir et du produit, « parole et
musique » en quelque sorte…
La dimension émotionnelle transforme la réalité en dans un imaginaire , auquel on pourra
attribuer des qualificatifs différents : rêve ou illusion notamment, mais dont l’importance
est indéniable
Comment traduire une représentation (3 ), mesurer le subjectif ?
La littérature, et l’analyse personnelle sur le terrain permettent de dégager plusieurs
facteurs (4) n’excluant pas naturellement des instrumentalisations éventuelles (que l’on
oubliera pas d’étudier en seconde partie…) expliquant le succès et l’avancée vers une
iconisation du vignoble : autour en résumé des notions clef, d’équilibre, de qualité, et
de proximité.
Selon J Maby (5) notamment, le paysage doit son vécu particulier même d’abord à la «
métaphore de l’équilibre » qu’il dégage à titre exceptionnel dans le rural, entre la nature
et l’homme, Ce paysage est anthropisé, mais il n’est pas jugé dégradé. Au contraire, il
reflète ce que le labeur de l’homme peut créer, tout en restant beau. Notamment par sa
géométrie des ceps et des parcelles associant l’ordre et la diversité.
Le même sentiment d’harmonie émane des coteaux, équilibre entre le trop plat ( ce qui
porte préjudice aux vignobles de plaine ) et trop violent. A fortiori pour les terrasses qui
visualisent encore davantage le travail de l’homme capable de trouver par son action
séculaire une réponse adaptée au défi du terrain.
Un terrain qui est donc un terroir issu à la fois de l’empreinte de la nature et du travail de
l’homme pour maintenir et améliorer une qualité révélée dans la qualité des produits,
issus de ce même terroir et de ces mêmes savoir-faire, donc fatalement porteur de la même
qualité.
Or cette qualité, le consommateur à son tour la ressent intuitivement comme encore mieux
partagée sur place, par une proximité physique et affective avec le terroir et les hommes.
Proximité avec un espace rural ni banal, ni spectaculaire.
Proximité avec un cadre de loisir différent, mais où la présence du travail de l’homme
rapproche de la nature.
11
Familiarité avec des lieux dont l’image stéréotypée par la tradition et la publicité signifie
plus une confirmation qu’une découverte.
Familiarité confinant, notamment en France avec une sorte de sentiment implicite de
propriété collective. La place du vignoble et de la culture du vin est telle dans l’inconscient
collectif qu’elle se traduit par un sentiment de « chez soi » plus sensible que dans d’autres
cadres ruraux… on est dans le vignoble « en famille », dans un « patrimoine national »…
implicite .
Il y a apparemment paradoxe, mais en fait équilibre ici particulier entre l’altérité
recherchée dans toute aventure touristique et son exil ou dépaysement volontaire, et ce
complément de tranquillité issu de multiples proximités rassurantes.
Y compris avec une proximité physique avec le vin, déjà connu par ailleurs au moins de
nom, dont la dégustation sur place en son terroir, s’accompagne d’un sentiment de partage
meilleur de l’authenticité et de compréhension de la typicité. *
Un sentiment au sens propre : une médiation des sens : La valeur originale de la visite
tient aussi à la possibilité devenue de plus en plus rare dans le monde moderne du visuel,
d’une satisfaction d’autres sens, ici mis en œuvre dans la dégustation : odorat, goûter,
voire toucher du verre.
Enfin, proximité surtout avec le vigneron, sa compétence, avec la visite technique et les
explications sur le savoir-faire.
ET avant tout son accueil. L’accueil chez le vigneron vient en effet en première position
partout parmi les enquêtes de motivation .
La convivialité est le terme clef présent à la fois ( cf seconde partie) dans les présentations
de l’offre touristique et dans la demande exprimée des consommateurs Enfin de manière
encore plus sensible ici que dans d’autres situations rurales l’altérité se relie ici à la
temporalité. Le voyage se fait dans le temps, dans un lieu de mémoire.
« » La naturalisation des espaces ruraux ne provient pas de l’importance attachée au sol
et au climat, mais (à) la découverte d’un ordre éternel des champs et d’une sagesse
paysanne toujours identique à elle-même » (2) M Roncayolo
Comme pour les musées ou les monuments, le touriste par
l’ancrage historique du
patrimoine du vignoble accède à l’histoire .
Dans une certaine mesure le vignoble est aussi un monument ( rappelons l’étymologie)
Dans un monde moderne, urbain, uniformisé, changeant où tous les repères vacillent, le
vignoble apparaît comme une île de durée. La vigne, son travail, le paysage, le produit et
12
son travail, tout inspire une image d’enracinement particulièrement gratifiante dans une
suscité de l’éphémère, y compris dans la majorité du monde rural
ET même mieux et plus rare, plus cher qu’un musée puisque le patrimoine est vivant en
mémé temps qu »inscrit dans une permanence
« derrière le refus de l’uniformisation, la crise des identités traditionnelles ( mobilités,
passéismes)« dans beaucoup de cas, c’est vers le passé que l’on se tourne pour découvrir
un sens à un univers que l’on ne comprend plus et qui effraie.. » (6)
Ce qu n’exclut pas des conflits entre conservatisme et passéisme, rentabilité et respect des
traditions, authenticité et touristicité
Comment ensuite mettre en valeur ce potentiel de touristicité ?
II Valorisation et mise en scène :
Touristification
Une anecdote permet d’illustrer symboliquement cette démarche : la demande (7) des
viticulteurs de l’AOC « Coteaux d’Aix-en –Provence » de faire modifier le décret INAO
d’appellation sous la forme « vins d’Aix en Provence » : il s’agit clairement de focaliser
désormais la notoriété par le mot « Provence » à forte connotation touristique (donc les
ventes à l’exportation et la vente directe) en substitution à la politique antérieure qui
mettait en avant la qualité topographique de « coteaux » en opposition avec le vignoble de
plaine/ vignoble de masse :
« Le mot coteaux qui, il y a 50 ans était valorisant n’a plus de sens réel aujourd'hui … Les
vins de plaine ont dans leur grande majorité disparu. Par ailleurs notre nom était de plus
en plus souvent amputé du mot Provence. Il a semblé aux producteurs plus important de
rappeler aux consommateurs que nos vignes étaient en Provence, plutôt que sur les
coteaux » (7)
13
La communication /publicité a pour objectif de révéler au public ces aménités. Avec la
particularité de fonctionner en double entrée : à la fois sur le produit et sur le
territoire/terroir
A
la fois par les professionnels de la filière agroalimentaire, et par les agents
institutionnels ou privés de l’industrie touristique, tant la synergie entre le produit, sa
notoriété et la région est incontournable, et implique à la fois coopération
interprofessionnelle et engagement collectif, au service d’une image porteuse de qualité
réciproque.
Une image véhiculée essentiellement par la communication collective du terroir.
« Inventée par les vins de Bordeaux, la publicité collective est désormais adoptée par tous
les terroirs français, à partir de « cotisations volontaires à l’hectolitre » pour financer le
retour à la notoriété et contrer l’étranger »(8)
Cce qui se traduit concrètement par une progression généralisée des budgets : en 2003 le
BIV Bourgogne, augmente son budget communication de 50%, pour passer à 5 Millions
d’Euros. L’Alsace progresse de +40% à 4,7ME. Le CIVBordeauxsele majore encore de
21% pour culminer à 21ME. A remarquer que le seul californien Gallo, en 1998,
pour la seule grande Bretagne a dépensé 4,5 M’E en publicité…
Compte tenu de cette masse d’investissements et de possibilités offerte par la publicité
terroir de contourner les lois limitant la propagande en faveur du vin… de la
communication, à la publicité et à l’instrumentalisation de ces représentations, il n’y a
qu’une frontière indécise…
Une illustration du travail sur image, voire de la dérive, réside dans les chais.
Essentiellement équipements professionnels traditionnels visités pour leur mise en lisibilité
d’un patrimoine technique, ils sont aujourd’hui, non seulement révélés comme patrimoine
historique, ( château de Bellefond Bercier, le chai à charpentes métalliques de G Eiffel)
restaurés, mais aussi parfois transformés ou recréés pour devenir en soi une attraction
touristique
C’est le cas par exemple , avec le chai de Cadiar , en Andalousie , au pied du Mulhacen, où
l’accord de la voûte et des vitraux évoque « Un lieu de culte où les barriques sont les
fidèles… », aux USA avec la Nappa Valley, et en France , au château Lafite Rothschild et
son chai construit par l’architecte R Bofill ,chai circulaire, 50m de diamètre, reposant sur
14
16 colonnes, au château d’Arsac et son chai exposition parmi des cuves colorées style
Beaubourg, ou pour le château Cos d’Estournel :
:»Ce sera le chai le plus spectaculaire du bordelais. Concocté par jean Michel Wilmotte,
la voûte appuyée sur des colonnes en verre translucide diffusera une lumière aquatique et
irréelle…. pour …offrir à ses vins un écrin capable de rivaliser en prestige avec le chai
californien Dominus des architectes jacques Herzog et pierre de Meuron dans la Nappa
Valley ou la bodega espagnole Marques de Riscal de Franck Gehry dans la Rioja. « . (10)
Remarquons au passage que la « monumentalisation, » artistique et moderne des chais
n’est probablement pas seulement une attraction touristique, mais un moyen d’associer ( ou
de camoufler ?…) « la beauté du modernisme » aux technologies modernes utilisées pour
la rentabilité des vins…
Un élément parmi d’autres d’une touristicité non seulement révélée, mais organisée autour
d’un patrimoine global. …A travers essentiellement le modèle de la « Route des vins. »
Un modèle avec ses poins communs, ses niveaux de mise en œuvre différents et ses
problèmes
Route du vin
« Faire route à pied par un beau temps, dans un beau pays, sans être pressé, et avoir
pour terme de ma course un objet agréable : voilà de toutes les manières de vivre, celle qui
est le plus à mon goût… »
JJ .Rousseau « confessions »
Même si l’ »objet » joliment chanté par Rousseau n’était sûrement pas le vin, le discours
ne correspond -il pas parfaitement au vin et aux promenades en terroir viticole ?
Il s’agit partout de faciliter avant tout l’accès des visiteurs au vignoble et aux vignerons,
Il s’agit en particulier d’installer les conditions matérielles ( cartes, signalétique…)
susceptibles de faciliter le séjour du visiteur. , En commençant par l’étape de la visite et de
la dégustation dans le vignoble, en vue de ce qui constitue le principal intérêt du tourisme
pour la profession : la vente directe chez l’exploitant, dans la coopérative ou
éventuellement dans une « maison des producteurs » « desde la granja , hasta la mesa »
15
Cette forme de mise en tourisme qui se généralise depuis l’expérience pionnière de
l’Alsace (1953) s’établit en coopération avec les autres acteurs de la région qui
bénéficieront eux aussi des retombées tangibles ou d’image.
Pour les littoraux surchargés ou concurrence, on pense au levier de développement de
l’arrière pays, à la fois pour décongestionner la côte et pour un « plus » en terme de
compétitivité territoriale…
On trouve un exemple type avec Banyuls où les terrasses du vignoble illustrent la portée
de l’enjeu touristique, son importance mais aussi son ambivalence
Si tout vigneron dans le souci à la fois de protéger le type de terroir à terrasses qui fait son
originalité et le caractère du vin, reçoit une subvention pour la reconstruction ou la
restauration des murets et des canaux d’écoulement, (prime à l’hectare sur contrat de 5 ans,
pour 260 vignerons sous contrat dans les ‘ communes ), cette prime est substantiellement
augmentée si l’opération concerne un vignoble à moins de 100 m d’un lieu de passage
touristique…
Par ailleurs, de plus en plus la « route des vins », à la fois pour être plus attractive sur sa
visée primordiale de mise en contact du vigneron et du touriste, et plus valorisante pour
l’ensemble de pays viticole, cherche à s’enrichir de centres d’intérêts « périphériques » par
rapport à la cible initiale et au terroir viticole proprement dit, dans une patrimonialisation
globale incluant :
patrimoine naturel
patrimoine historique ( monuments du voisinage )
patrimoine vernaculaire retrouvé et technique ( y compris écomusées)
patrimoine gastronomique
patrimoine artistique, artisanal
patrimoine folklorique..etc…
« A coté des vins : Chapelles, jardins exotiques, canal, châteaux, cadre méditerranéen,
expositions, mas typique, souffleur de verre, cloître, abbaye et viande de veau ( en liberté,
lait de mère, herbe d’estive, vente directe, boucheries traditionnelles) et croquant de St
Paul ( biscuit aux amandes )… (13)
16
Une autre piste de valorisation concerne la recherche de synergie avec d’autres gammes
touristiques : telles que la musique (cf. Festival Musique dans les vignes à Bordeaux)
Ou le golf :
« Du coté de Bordeaux le vin sert de prétexte à bon nombre d’escapades. Une aubaine
pour les golfeurs épicuriens, ravis de mêler passions sportive et gastronomique, passant
allégrement du cadre des prestigieux vignobles au bassin d’Arcachon, pour ajouter
quelques huîtres à leur tour de table. La véritable vie de château pour un itinéraire
golfique riche en saveurs. « (11)
De même que cette spatialité se complète et se diffuse autour de marqueurs variés, et
d’activités diverses, elle s’enrichit par la recherche d’évènements festifs tournant autour
du vin ou de la vendange,
« Fête du vin » à Bordeaux« , en Alsace, « Vendimia "’ à Mendoza, fêtes de la St
Vincent... En Champagne, chaque village, chacun son tour en juillet organise la fête du
vin, sur la route des vins. Ainsi Ay, le premier week end de juillet les années paires, etc.…
Il s’agit d’avancer toujours dans le sens de la participation, des « proximités électives », et
du tourisme actif, comme en témoigne par exemple la possibilité offerte au visiteur de
participer au « foulage « du raisin, à Porto, ou dans le vignoble argentin de Salta ‘( patear)
En réponse à un paramètre essentiel on l’a vu, du tourisme viticole : l’accueil.
La rencontre avec le vigneron vient en tête de toutes les enquêtes de motivation des
visiteurs.
De sorte qu’au-delà, et autour des dégustations et de la vente, la qualité de l’accueil se
trouve donc être prise prioritairement en compte dans l’organisation des visites et des
séjours :
)« . De simple touriste vous devenez invité privilégié ….Les châteaux visités sont triés sur
le volet selon des critères rigoureux : Partout vous serez reçu en ami. Cette convivialité
s’installe avec le premier petit déjeuner pris dans sa propriété de St Michel de Fronsac ,
où avec sa femme Anne , il vous initie à l’art de la dégustation autour d’un Château Vray
Canon Boyer de sa production … Accueil personnalisé du propriétaire ou du régisseur,
belles histoires, originalité du terroir…Château Angélus,
château Trianon,
château
Laniote, château Dassault, Château Lascombes… Vous repartez comblé, avec l’impression
d’avoir approché de plus près le rare, presque le divin.. » (11
17
A travers les divers niveaux de collectivités territoriales : région, département, communes
voire parcs naturels, pour le vignoble touristique, toute une organisation se constitue
Elle s’efforce de fournir de l’information, Elle se veut aussi garantie de qualité, y compris
en allant jusqu’à des formes de labellisation. On peut ainsi citer en référence le label
spécifique : " Relais tourisme vigneron en Languedoc " avec « charte régionale de qualité
et de l’accueil à la propriété » et pour Banyuls, le label particulier au vignoble en terrasse
« Paysage de reconquête »ou également l’inscription au label « sites remarquables du
goût » comme pour le cellier des templiers
Elle répertorie et parfois construit et balise des circuits routiers, pédestres, cyclistes,
équestres... , des hébergements, des relais, tout un réseau d’irrigation secondaire autour de
la principale « route « pour desservir tous les points d’intérêt identifiés et signalés, et
construire sur les terroirs, un « territoire du vignoble » puis un ""territoire élargi " autour
du vignoble.
Ainsi. en pays d’Agly, 17 randonnées pédestres, et 20 VTT familiales sont en place…
Parfois même (Bordeaux), elle prend en charge les déplacements du touriste tout en
associant dans ses parcours-type le maximum d’aménités autour du pôle de base de
dégustation./vente directe.
L’exemple peut être le plus achevé étant celui de l’Alsace, incluant une signalétique
élaboré, non seulement pour baliser, mais pour donner à voir et commenter toute la gamme
des points de vue répertoriés sur les 170km de desserte principale.
« Elle serpente du nord au sud, au pied des pentes boisées des Vosges. Cités médiévales,
ruelles fleuries, winstubs chaleureuses ou restaurants étoilés, églises romanes ou maisons
Renaissance sont quelques-uns uns des multiples trésors qui jalonnent un parcours
enchanteur et plein d’animation (fête des vins).
Des sentiers viticoles permettent de découvrir au départ de nombreux villages l’Art du vin
d’Alsace et le travail du vigneron au cœur même des vignes (’14)
Avec
parfois même pour mieux assurer la connectivite entre le tourisme et l’
agroalimentaire, l’entrée en scène du secteur privé et l’intromission d’agences de voyage
généralistes et même, pour Bordeaux au moins, la naissance d’agences spécialisées dans le
produit touristique viticole et ses accompagnements
18
A l’inverse, on voit en France comme en Argentine des « routes du vin » restées plus
basiques ; et réduites à quasiment à un listage des chais désireux d’accueillir des visiteurs
Ainsi à Salta qui s’affiche : « le vignoble le plus haut du monde « , seulement 15 chais
sont aptes à recevoir le public et: seuls quelques-uns uns misent sur la qualité. Avec un
refus de faire participer les « petits » vignerons ( pateros ), malgré le vague projet de
création d’un label créole.
A Mendoza on retrouve sensiblement le même problème d’une route réduite aux seuls
chais, faute d’une conscience identitaire réelle de la population :
« Sur le terrain, il y n’y a pas d’indications sur la route à prendre pour se rendre d’une
bodega à l’autre… On ne trouve le long de la route, ni plan ,ni éléments pittoresques ayant
un rapport avec la culture du vin »
Certes, « Les bodegas cessent d’être des établissements agro-industriels à part entière,
ou tout au moins essaient de moins y ressembler, pour devenir des objets touristiques
destinés à être vus et visités » F .Petit (9), mais sur 99 une douzaine seulement est visitable
et la sauvegarde est tardive, (destruction récente de la bodega Arizu, après son rachat ) et
partielle : seulement 5 bodegas centenaires préservées dont Escorihuela, visitable depuis
peu …
en fait cette « route du vin » s’apparente à une « route des marques »
Avec faible mobilisation des acteurs locaux « le contenu culturel, facteur d’identité
que laisse entendre le secrétariat au tourisme, ne nous a pas paru très
convaincant. » (9)
En dehors de la fête de la "vendimia ", où il y a une participation locale, où chaque
boutique présente des références au vin dans ses vitrines, et en dehors des quelques objets
artisanaux proposés ( grappes sur petits fruits en bois ), le marqueur identitaire vin ne
progresse que lentement ainsi que l’identité métissée : le vin demeure « le vin de
l’immigrant »
Les actions conjointes (Municipe, province, secrétariat au
tourisme, associations
professionnelles) sont insuffisantes pour promouvoir un territoire réseau identitaire réel,
face au problème de base lié au tremblement de terre de 1861 qui a effacé toutes les traces
coloniales (à la différence de Salta)
19
De sorte que se dessine, notamment grâce à la confrontation de l’expérience des
deux pays, une typologie des routes du vin entrecroisant et hiérarchisant deux critères
principaux
1. Une hiérarchie de dimensions spatio-temporelles et de variétés de prestations, partant
d’un simple « route du vin » (cas de Mendoza, par exemple) pour aboutir, à travers de
multiples intermédiaires, à une irrigation de circuits d’ »Un pays du vin » ( avec le cas le
plus achevé, celui du vignoble alsacien)
2. Une hiérarchie de
modèles de cadrage touristique et donc de stratégies et d’image
différenciées, opposant les vignobles, en tant que lieux premiers d’attractivité, ou en tant
que proposition de visite complémentaire, associée par la proximité à des sites touristiques
majeurs.
Vieux terroirs , nouveaux territoires ?
Ambiguïtés, singularités, exemplarité……
« La gueule de l’endroit, les tripes de l’homme qui l’a fait » (21) JP Coffe
1. Trajectoire touristique
Le premier problème du tourisme viticole est celui de l’insuffisance. On l’a vu pour la
route du vin. le tissu rural souffre d’un déficit d’équipements
Partout apparaît un retard des accompagnements, hébergement (surtout gîtes et chambres
d’hôtes), restauration, et surtout des accompagnements participant à la même démarche de
terroir / qualité. Or la touristicité du vignoble peut difficilement s’affirmer en solitaire.
Autonome peut être, mais pas indépendante
Elle dépend à la fois du global et de la notoriété du vin emblématique du local et de
multiples périphéries géographiques sectorielles ou culturelles…
Paradoxalement , à l’inverse se dessine déjà à l’instar de toute dynamique touristique en
général et de toute évolution des formes d’écotourisme en particulier, un risque de
déséquilibre au profit du commercial, et un dérapage éthique.
20
Il est tentant de faire un parallèle entre les risques de l’ «oenoutourisme », et la dysney
landisation apparaissant notamment, on l’a vu, dans la course au prestige des chais et,
emblématiquement, dans le chai forme de pyramide pseudo maya de Catena à Mendoza
(en pays ..inca ! ), et les déviations issues de la « Parkerisation »des saveurs vinicoles…
Par ailleurs le développement des produits dérivés, et de la « vinothérapie » avec par
exemple, le « Complexe des sources de Caudalie » et des concurrences publicitaires,
peuvent faire craindre une évolution vers des formes de « Bacchus center »…
Excès de succès, massification (déjà 35 000 visiteurs annuels affichés par le vignoble
languedocien de Montpeyrous …), mercantilisme, effet de mode, et perte d’authenticité :
ce sont des risques classiques du tourisme pervertissant les facteurs originels de sa réussite
Révéler et optimiser les plus values cachées, sans les dénaturer, utiliser sans
instrumentaliser telle est bien l’alternative impossible de la dialectique du tourisme de
l’environnement…
Mais pour le vignoble s’ajoute une menace spécifique immédiate : celle de la banalisation
et dégradation et du facteur décisif de qualité de l’accueil, un risque catastrophique de
divorce entre l'aspiration des visiteurs, avant tout la convivialité, et la tentation des
viticulteurs, la rentabilité…
Pour la structure de base, la route du vin, il s’agit bien de maintenir et développer sa nature
de parcours de découverte et de rencontre, et non de trajectoire directe vers le vendeur…
2. Entre pratique et éthique : tourisme viticole et développement durable
Ancrage territorial et bien public global ?
Cette trajectoire rurale ne s’inscrit pas directement dans une perspective de
Développement Durable, même si certaines documentations locales y font référence.
Toutefois concrètement ce système agritouristique débouche sur des conséquences plutôt
positives sur les trois dimensions du développement durable
> Sur le plan économique, la création ou le maintien périphérique, et les retombées
indirectes profitent à la région. Mais en premier lieu au vignoble, à travers la vente
directe.
21
Celle-ci représente par exemple 40 % du chiffre d’affaires (4) pour les exploitants de
Savoie ( Chignin- Bergeron) dont 30 % d’achats par des visiteurs savoyards, 45% par des
touristes d’autres régions. Et 25% par des étrangers .
On peut citer des chiffres voisins pour les coteaux d’Aix en Provence, avec 22% de
moyenne et 30% pour quelques propriétés.
Cette relation privilégiée consommateur/ produit profite collectivement par la notoriété,
aux associations ou métiers intermédiaires (« maisons du vignoble ») Et en tant que filière
courte , individuellement aux exploitants, par l’amélioration de leurs revenus, et une
certaine assurance budgétaire en termes de quantités et de prix .
De même le touriste acheteur est réputé y trouver son compte , par une diminution de prix
induite par la suppressions des intermédiaires..
Ce que les économistes pourraient appeler un système de club.
Avec »un panier de biens » enrichi dans l’exploitation et dans la multiplicité des produits
et services déclinés autour de l’image du vignoble.
Et des répercussions sur l’ensemble de la région, , via la construction sociale de l’image de
marque de qualité (terroir, paysage, savoir-faire, produit ), par élargissement ou transfert
de l’attribut-terroir du produit vers d’autres produits locaux
«L’espace rural n’est plus réservé au seul usage agricole, il est devenu espace à protéger
par son caractère patrimonial…
L’intégration dans un territoire touristique par le renforcement des circuits de distribution
courts ( vente directe, animation/vente, marché de proximité )permet de faire jouer un effet
cumulatif des bouquets de produits et de s’insérer dans l’offre globale d’aménités et de
prestations du territoire jusqu’à en extraire une rente de position. »(22) V.Peyrachegadeau
Sur ce plan, remarquons aussi au passage la particularité d’une situation qui doit associer à
la fois des relations B to B, et B to C…
Et combien cette « niche » est représentative de phénomènes transcalaires
de la
mondialisation. Ainsi plusieurs bodegas argentines de Mendoza n’ont que deux marchés :
« Paradoxe, la mondialisation pourrait révéler que la richesse et la densité des liens
sociaux seront essentielles dans ce qui sera demain la vraie richesse des nations et de leur
territoire… »(12)
22
> Sur la dimension sociale, ces maintiens et créations d’emploi bénéficient à la région et
aux ménages de viticulteurs
La miltifonctionnalité
si recherchée en milieu rural
s’exprimant ici dans des métiers de service et de vente, souvent féminins.
On peut aussi prendre en considération, sur le plan qualitatif et donc encore une fois sous
l’aspect des représentations, la valorisation professionnelle et individuelle des exploitants
dans leur rôle d’accueillants et de formateurs auprès des visiteurs citadins.
Ainsi que leur engagement dans les associations et les proximités organisationnelles
participant à la création et au fonctionnement de l’agrosystème
touristique, acteurs
constructifs, au-delà des formes syndicalistes ou corporatistes classiques, et parties
prenantes d’une construction
de l’exploitation, comme entreprise, élargie au-delà du
métier de base et des relations intra professionnelles.
« La rupture entre le rural et l’urbain n’est plus franche…La mondialisation coexiste avec
la renaissance de ce qu’on peut appeler des économies-territoires, dont la compétitivité
repose largement sur des formes de coopération et des capacités d’apprentissage
hautement spécifiques…La compétitivité d’un tissu local… résulte surtout de sa capacité
d’organisation. » (18)
Un élargissement qui se traduit souvent par une meilleure participation et implication et
valorisation familiale
et par une solidarité accrue au sein des vignerons et de leurs
partenaires locaux et régionaux dans un réseau d’adhésion à un projet collectif.
Paradoxalement l’organisation rime avec l’ouverture. (d’autres études en cours, en Haute
Normandie, dans le « territoire du lin » en construction vont dans le même sens)
Donc une amélioration lien social, valable également
pour les consommateurs en
retrouvailles avec une convivialité perdue.
> Quant à la dimension environnementale, en attendant un éventuel, mais évitable risque
de surexploitation touristique et dysneylandisation, elle présente plusieurs composantes
positives
La conservation de vignobles et de paysages ancestraux
En particulier pour les terrasses.et d’autres patrimoines ruraux .
L’économie de polluants et d’énergie dans des pratiques traditionnelles (encore
qu'il y ait beaucoup à dire sur ce point y compris dans les AOC et les grands crus :
renommée rimant parfois un peu trop avec productivité et rentabilité. Comment
comprendre par exemple le maintien du désherbage chimique sur les premiers crus
de Meursault ?)
23
La protection du foncier rural face aux pressions suburbaines : Le phénomène est
visible en Savoie autour de Chambéry ou sur la banlieue Medocaine de Bordeaux,
tout comme autour de Mendoza en Argentine : seules les bodegas valorisées
résistent, y compris parfois sous forme insulaire (9) E Montana.
3. Trajectoire territoriale :
Hors des normes géographiques et administratives.
Ni région, ni statut, sauf pour le périmètre AOC, qui d’ailleurs est autant un périmètre , une
frontière créatrice de son contenu, qu’un contenu justifiant la frontière….
Comment passer d’un lieu de production, dont la structure de gouvernance est un syndicat
professionnel, à un territoire reconnu et organisé ? Comment passer du linéaire, plus ou
moins ramifié de la route des vins à une forme modulaire ? Comment passer du réseau ou
des réseaux plus ou moins juxtaposés parfois rivaux, ou au mieux étrangers les uns aux
autres, à un projet endogène ?
« Paradoxe , la mondialisation pourrait révéler que la richesse et la densité des liens
sociaux seront essentielles dans ce qui sera demain la vraie richesse des nations et de leur
territoire… » (12)P Veltz
Comment fédérer les foisonnements d’initiatives de proximité ?
Comment faire de la proximité une identité ?
Comment associer les périphéries, (On pense par exemple à l’ignorance de l’Office du
Tourisme de Chambéry sur le vignoble voisin) et les initiatives parties de la base sur
plusieurs sources et éventuellement plusieurs intérêts ?
Comment coordonner les multiples territorialités qui parcourent le vignoble : parcelles,
exploitations, communes, AOC, crus, terroirs, couleurs, pays, cantons, départements, voire
parcs naturels régionaux. Avec par exemple, la prise en charge en Savoie du vignoble par
les deux parcs (Bauges et Chartreuse) qui ne possèdent chacun qu’une partie tandis qu’une
troisième est extérieure aux deux entités…
Comment faire de la proximité, d’un système ouvert de convergences implicites et de
cohérences socioprofessionnelles, une organisation spatialisée ? Avec, sans, voire contre
les élus ?
« Le leader de l’intercommunalité apparaît donc comme une esquisse de l’homme
politique de demain. Il est plus dans la gouvernance que dans le pouvoir, s’étant
débarrassé des derniers oripeaux du schéma partisan…il guide son territoire dans l’intérêt
des communes et de la communauté… » (15)
24
Peut-on, même s’il y a quelques projets de type pays ou pôle d’excellence rurale
(Bordeaux) se passer d’une formalisation administrative du périmètre
et de sa
gouvernance ?
Comment nommer ce territoire non institutionnel ?
Territoire-club ?
Territoire collaboratif ?
>>>> En conclusion
Quel que soit le nom de ce territoire à dimension humaine…dans tous les sens du terme, il
semble important de souligner trois réflexions sur l’exemplarité possible de ce cas pour
conclure cette approche :
1. L’Importance du qualitatif et des représentations typiques du monde contemporain et
allant à mon avis au-delà des aspects directs économiques ou territoriaux relevés dans cette
étude
2. L’ exemplarité de ce « lieu de singularité : vignoble » dans la mesure où il semble
répondre, « île »dans le temps et dans l’espace, au défi de M Serres (20), de concilier,
dans sa vision d’une nouvelle interconnexion réticulaire du local et du global,
« L’insulaire singularité … et l’universel des îles »
3. L’exemplarité, comme territoire auto protégé, hors des schémas institutionnels
classiques de parcs ou réserve : il existe donc une voie possible, à l’échelle locale et rurale.
Un territoire d’interface entre producteurs et consommateurs,
agriculture et service,
économie et écologie, public et privé, endogène et global.
Cette voie n’est pas simple. Elle n’est pas une panacée.
Elle est singulière dans l’espace rural par la complexité de la portée symbolique du vin.
Mais elle est exemplaire de ce que l’initiative locale peut créer…
Le Mesnil St Denis, juillet 2006
25
Alain Vanneph
Professeur de géographie
C3ED Centre d’économie et d’éthique sur le développement et l’environnement.
UVSQ Université de Versailles St Quentin en Yvelines
(1) Comité départemental du Tourisme de la Marne, fascicule « La route du champagne »,
« La vigne en effervescence »
(2) RONCAYOLO,M. (1986), » Le paysage du savant », in les lieux de mémoire, TII, la
Nation, P Nora Paris, Gallimard, P 499, 504
(3) ,SEKA, JM.,.« représentations sociales »
« forme de connaissance socialement élaborée et partagée concourant à la construction
d’une réalité commune à un ensemble social »
JC Abric « La représentation est le produit et le processus d’une activité mentale par
laquelle l’individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue
une signification spécifique »
(4) Enquête directe 2005
(5) MABY, J.. « paysage et imaginaire : l’exploitation de nouvelles valeurs ajoutées dans
les terroirs viticoles » ,UMR Espace, Université d’Avignon
(6) CARROUE , CLAVAL, Di MEO…,( 2002 ) « limites et discontinuités en
géographie » p93, Dossier Images économiques du Monde , collection André Gamblin ,
SEDES,
(7) DOUBLE,C. Le Figaro 27/03/05, p25 : le « poids des mots », château de Beaupré, St
Cannat, l (Aoc coteaux d’Aix (49 communes, 4000ha, 70 domaines)
8) l’Expansion, spécial vin, juillet 2003, n 677 p114 « Un verre de pub »
(9) PETIT, F.,(2004) mémoire de maitrise de géographie, direction D Ramousse
,Université de Versailles St Quentin en yvelines, 145p
(10): MUREAUD, G. Le Nouvel observateur p71, 8/14juin 2006
Encart « des chais décoiffants" : Chais de Michel Reybier, propriétaire du Château Cos
d’Estournel ( 2éme cru classé St Emilion :95/97sur 100 au robert Parker de 2005, 200e HT
la bouteille)
(11) FROGER, L. » Vins et golf, un séjour haute couture » Golf Magazine p93
N 189, juillet 2005 « Parcours girondins sur la route des vins. La vie de château»
26
(12 ) VELTZ, P. (2002 )« des lieux et des liens ,le territoire français à l’heure de la
mondialisation
Ed Aube
(13) Route des terroirs en pays Pyrénées-Mediterranée
(14 )Alsace Route des vins fascicule
(15 )MIRA, H. présidente de l’association des maires ruraux de France ( 2004),. P29 « Une
nouvelle forme de gouvernance… « Le maire et la communauté de commune »CA uniterritoire, aubin, Poitiers
(16 )MAURIAC, M.Discours à Bordeaux , le 18 octobre 1965
(17) BRAUDEL, F.(1986,) Identité de la France, T1
(18 ) LAVERGNE, JM., Avril 2003 à propos de la loi Gaymard dans « animer, le
magazine rural »
(19( PECQUEUR et MOLLARD ,( 1999)
(21) COFFE JP „ Ca se mange pas , ça se bouffe… » France Inter 3/11/05
(20) SERRES, M, .“Atlas“, Flammarion.
(22) PEYRACHE-GADEAU ,V.,(2002 ) »L’innovation en agriculture …développement
territorial en montagne », colloque ARSDLF, Trois Rivières , Canada »
Viñedo, valor patrimonial y valorización turística
Viejos terrunos, nuevos territorios?
Hoy en día, el viñedo es más que un simple soporte físico de un sistema de producción
vitivinícola. Evoluciona, del mismo modo que los otros espacios rurales, hacia una
resiliencia basada en recursos complementarios. Con una implementación más o menos
rápida, según la calidad del terroir, las crisis o dificultades económicas del sector, y según
las capacidades de organización de los actores locales o regionales, nuevas dinámicas
tienden a trasformar el viñedo en un territorio integrado de desarrollo rural.
Gracias especialmente a diversas formas de valorización turística que toman en cuenta,
interactuando con la notoriedad de los vinos, más allá de la etapa inicial de venta directa,
una dimensión patrimonial del sitio.
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