Fils DE PuB ! dossier p. 5 > 8
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Fils DE PuB ! dossier p. 5 > 8
15 11 EV 20 F N A J 2010 DEC fils de pub ! Société Débat Pour enfin tout comprendre sur la crise politique belge actuelle, le Jef a rencontré pour vous Jean-Benoit Pilet, politologue de l’ULB Les baptêmes étudiants sont souvent adulés par les uns ou dénigrés par les autres. Jef a demandé le point de vue de deux étudiants universitaires > Interview dossier p. 5 > 8 > Faites-vous votre opinion Trimestriel DEC 2010 JAN-FEV 2011 - P911030 / Bureau de dépôt : Bd Léopold II, 44 / 1080 Bxl Intro INTRO JEF 15 Decem b re - J anvier - F évr ier édito J E F 1 5 De cem b re - J a n v ier - F é v r ier Les premières tendances de notre TITOM le ventre vide ? Comment s’intéresser aux cours quand l’estomac se plaint et que la fatigue menace ? Inutile de rappeler la célèbre phrase de Mougeotte, boss de TF1, disant que « ce que nous vendons à Coca-C***, c’est du temps de cerveau humain disponible ». Bref, on nous prend pour des cons. On nous le dit. Clairement. Mais nous continuons quand même à regarder les publicités interrompues de temps en temps par des émissionsbouses de téléréalité. Aaaaaah la pub. Je suis sans doute trop enthou[Image d’une femme. Elle renifle un flacon d’adoucissant Gronounous ©. Image d’une machine à laver qui tourne. On voit ensuite la femme qui sort le linge et l’étend sur un fil dans son jardin vert fluo. Le soleil brille. Tout le monde a l’air heureux]lez sur ce, bonnes fêtes de fin d’année ! Alexandre Azer-Nessim Pour répondre aux besoins de base des élèves, le service de prévention de la commune (Saint-Josse) a lancé en 2008-2009 le projet « Hygiène de vie » avec le souci que les élèves soient réellement acteurs de l’initiative. Ce projet, piloté par le service de prévention de SaintJosse en partenariat avec l’association « Bouillons de culture », comprend deux volets : des ateliers cuisine pour encourager les jeunes à s’alimenter sainement (avec des repas économiques et faciles à préparer) et des sorties sportives pour faire découvrir aux jeunes une série d’activités physiques originales (et faciles d’accès). Projet « Hygiène de au lycée Guy Cudell vie » Rencontre avec Pia van Boxtel, coordinatrice du projet au Service de Prévention (Saint-Josse) Le projet « Hygiène de vie » fête, cette année, sa troisième rentrée. Au programme : une alimentation saine et économique, cuisinée par une poignée d’élèves du lycée Guy Cudell, sous l’œil attentif de Pia et Ramouna. À la cantine du lycée, une trentaine d’assiettes sont ainsi préparées. Du côté des élèves, on en redemande ! Il y a trois ans, le lycée Guy Cudell faisait part à la commune d’une préoccupation : sur l’heure de midi, beaucoup d’élèves mangeaient soit mal soit très peu, voire pas du tout. En essayant de soutenir ces élèves, les moyens du service social de l’école tombaient à court dès la Toussaint. Or, comment rester attentif en classe Côté cuisine, la première année du projet était résolument consacrée à la préparation de soupes ; puis, lassés de peu mâcher, les élèves se sont alors tournés vers des repas plus variés, alternant la préparation de deux repas et de deux soupes par semaine. Concrètement, huit élèves du secondaire inférieur se rendent à tour de rôle (sur base volontaire) à l’atelier cuisine. Ils y participent sur l’heure de midi et préparent ensemble trente repas pour le lendemain (dix pour l’atelier et vingt pour la cantine). Parmi les jeunes interrogés, une large majorité se déplace en transport en commun (71,2%) et ce principalement pour l’école et le travail. Les déplacements dans les autres communautés linguistiques du pays sont relativement rares (seuls 24,1% s’y déplacent régulièrement) puisque souvent jugés non nécessaires (35%). Les jeunes usagers portent un regard relativement critique sur la qualité de l’offre des transports mise à leur disposition en termes de ponctualité (66,4% jugent qu’ils ne sont plutôt pas ou pas du tout à l’heure), de fréquence (53% des jeunes ne sont pas satisfaits) et surtout de prix, puisque 74,6% les estiment trop chers, avec un pic pour les Bruxellois qui sont 80% à le penser. Parallèlement, lorsqu’on demande aux jeunes usagers de se positionner quant aux réductions qui leur sont accordées, ceux-ci estiment à 35,6% qu’elles sont largement insuffisantes. Cette année, le lycée va intégrer le projet « Hygiène de vie » de manière plus transversale dans son programme. Plusieurs occasions seront données aux élèves d’aborder l’alimentation et la consommation dans le cadre des cours « académiques ». Le calcul d’un budget, l’impact des choix du consommateur, la circulation des marchandises, etc. seront autant de thématiques que les élèves de Guy Cudell auront l’occasion d’explorer. Une manière de renforcer les aspects concrets des cours donnés, avec le souhait que les élèves sortent de l’école mieux informés sur la place et l’impact qu’ils peuvent avoir dans la société, en fonction de leur choix alimentaires. Priscilla de Radiguès 774 francophones, âgés de moins de 30 ans, ont répondu à ce questionnaire sur leurs habitudes en matière de déplacement et ont, par le même biais, communiqué leur avis sur plusieurs recommandations en vue d’améliorer leur mobilité. Ces attentes identifiées seront transmises aux politiques concernés sous forme de recommandations et seront également adressées aux prestataires de services en matière de transport. Concernant la « p’tite reine », 82% estiment qu’il n’y a pas suffisamment de pistes cyclables dans leur région (contrairement aux Flamands qui sont seulement 40% à le penser) et 58,7% disent ne pas se sentir en sécurité lorsqu’ils se déplacent à vélo en milieu urbain. Néanmoins, 64,2% déclarent ne jamais porter de veste ou accessoires voyants lorsqu’ils se déplacent à vélo. Ce chiffre grimpe à 74% lorsqu’il s’agit du port du casque. Alors, téméraires ou contradictoires, les jeunes francophones ? Depuis un an, le Conseil de la Jeunesse s’est lancé dans une vaste consultation des jeunes sur l’emploi. Ce Dialogue structuré avec les autorités belges et européennes entre désormais dans sa troisième et dernière phase. L’objectif étant de parvenir à l’écriture d’une résolution européenne à la fin de la présidence hongroise en juin 2011. Année internationale du Volontariat Pour l’année 2011, l’UE a décidé de mettre l’accent sur le volontariat. Cette thématique, très présente dans le secteur jeunesse, va faire l’objet de plusieurs activités : débats, conférences, expositions, etc. Une plateforme, coordonnée par la Communauté française, se met actuellement en place pour rassembler les associations, désireuses de travailler sur ce projet. > [email protected] Beaucoup d’autres données intéressantes ont été récoltées à travers ce sondage. L’ensemble de ces résultats va maintenant être présenté aux autorités compétentes afin de changer concrètement certains aspects de notre mobilité. Le Conseil, en tant qu’organe d’avis, va désormais exercer pleinement son rôle de pression politique. Françoise Verheyen Pour découvrir les résultats complets de cette enquête, > www.conseildelajeunesse.be Pour cette négociation, le Conseil de la Jeunesse poursuit plusieurs objectifs. Il souhaite tout d’abord se battre pour la mobilisation des jeunes. En effet, il est important de démontrer l’importance majeure de la voix de la jeunesse dans ces négociations. Les jeunes ne sont pas que de simples acteurs mais ils doivent être considérés comme des partenaires incontournables car principalement concernés par l’aboutissement de ces négociations. Dernières consultations sur l’emploi > [email protected] Enfin, les recommandations à visée politique qui récoltent le plus de soutien chez les jeunes sont la construction de parkings à l’entrée des villes, connectés efficacement aux transports publics (94%), développer les transports en commun, notamment de nuit (92%), mettre gratuitement à disposition des vélos (92%) et inciter au covoiturage (91%). Par contre, augmenter le prix de l’essence ou instaurer des autoroutes payantes sont jugés négativement. Le péage urbain (40%), la vignette autoroutière comme en Suisse (47%) et une taxe sur les billets d’avion de courte distance (51%) méritent réflexion puisque les jeunes sondés y sont partagés. Le climat, c’est Cancun s’y met ? brèves Vous avez donc la possibilité de vous positionner sur ce sujet. Il suffit de répondre à notre questionnaire en ligne via www.conseildelajeunesse.be avant le 27 janvier 2011, ou même de participer à l’une de nos rencontres. Les jeunes ont une voix… alors donnez-là ! www.conseildelajeunesse.be 2 © http://www.schaerbeek.irisnet.be 40 recommandations pour l’emploi ont été identifiées par les jeunes européens, lors de la conférence de jeunesse européenne à Louvain en octobre dernier, et qui marquait la fin de la deuxième phase. Il s’agit maintenant de proposer des mesures concrètes pour la mise en œuvre de ces recommandations. Le Conseil de la Jeunesse est l’organe officiel d’avis et de représentation des jeunes en Communauté française. Sa mission principale est d’être porteur de la parole des jeunes au niveau national et international. Le Conseil a pour objectif de valoriser l’image et l’engagement des jeunes, de favoriser leur épanouissement et leur émancipation ainsi que de promouvoir leur expression. Par ailleurs, le Conseil de la jeunesse se veut le relais des jeunes belges francophones auprès du monde politique en général et de la Ministre de la Jeunesse en particulier. Le Conseil a pour vocation d’être consulté sur tout ce qui touche de près ou de loin à la jeunesse. Pour se positionner sur des sujets liés aux compétences fédérales, le Conseil travaille généralement en partenariat avec ses homologues germanophones et néerlandophones. Le Conseil de la jeunesse était constitué de 85 Organisations de Jeunesse, mais désormais tout jeune âgé entre 18 et 30 ans peut faire partie de l’assemblée générale. 50 membres sont élus tous les deux ans suite à des élections, ouvertes à tous les jeunes de 16 à 30 ans. sondage mobilité des jeunes Récemment nous vous avions sollicité pour répondre à un sondage sur la mobilité des jeunes. Cette enquête, menée conjointement par le Conseil de la Jeunesse et le Vlaamse Jeugdraad, révèle plusieurs résultats intéressants. En voici un petit aperçu. Aaaah la pub ! Quel bonheur ! Que de créativité ! Que d’humour ! Que d’intelligence ! Il y en a [Image d’une femme nue. Elle mange un yaourt. La musique est douce. Le mouvement de la caméra aussi. A la fin, gros plan sur sa tête et une bête phrase du genre « ce qui se passe à l’intérieur se voit à l’extérieur ». Fin. Reprise des émissions] où on vante des produits dont on ignorait complètement le fait qu’on en avait besoin [Bruit de voiture et klaxons. Une voix insupportable nous demande si on en a marre des bouchons et si on veut connaître une méthode magique pour les faire disparaître. « Alors appelez pour seulement 4 euros la minute le 0800 ******. Bruits de klaxons. Fin. Reprise des émissions]onsommer certains produits, c’est trop cool, là où médecins et scientifiques nous disent que c’est tout le contraire. Les télés (publiques y compris), les radios (publiques y compris), les journaux, les sites Internet, les films (via les placements de produits notamment), les vélos en ville, les encarts publicitaires de plusieurs mètres carrés sur les bâtiments, en rue, les équipes de foot, les festivals, les bloggeurs pseudo influents, etc. Tout support a désormais son encart publicitaire. Ça en fait des pubs vues en une journée ! Ca en fait de la pollution visuelle et sonore. ACTU Non, dans la vie il n’y a pas que conflits linguistiques, scission de BHV ou Standard-Anderlecht. Il y a aussi et surtout la COP 16 à Cancun. Le Conseil de la Jeunesse y sera et il n’a pas l’intention de squatter la playa ! Dans le dictionnaire des villes, Cancun se définit par ville de fêtes et plage pour étudiants américains dans le cadre du Spring-break. Mais en décembre 2010, Cancun est l’hôte de la COP 16, c’est-à-dire la 16ème conférence des parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Cette année, les enjeux sont simples : la première « période d’engagement » du protocole de Kyoto se terminant en 2012, l’objectif principal de la conférence sur le climat est de trouver un accord entre tous les pays sur ce que sera l’après 2012 : quels objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ? Quels mécanismes pour atteindre ces objectifs ? Comment les financer ? Comment favoriser les mesures d’adaptation dans les pays en développement ? Le Conseil de la Jeunesse est présent à cette conférence capitale pour le sort de la planète. Nous (Pauline, 24 ans, et Thomas, 26 ans) avons été sélectionnés pour le représenter. Nous nous sentons pleinement concernés par ces questions et travaillons chacun dans le domaine. Une asbl œuvrant pour un monde économique durable pour l’une et une faculté de recherche en économie pour l’autre. J’étais déjà présent à Copenhague en 2009 où j’ai assisté à l’échec politique des négociations (qui sont tombées presque aussi bas que les négociations politiques en Belgique, ce qui n’est quand même pas rien). Par le biais de ses deux représentants, le Conseil de la Jeunesse compte mener des actions de sensibilisation auprès des leaders politiques afin de leur rappeler l’importance de l’obtention d’un accord rapide et contraignant. Il nous semble fondamental que cet accord permette de limiter les effets du changement climatique de manière significative afin que l’essentiel des efforts ne soit pas reporté sur les générations futures. Le Conseil de la Jeunesse estime en effet que l’inaction politique en matière de changements climatiques compromet l’avenir des jeunes, de tous les jeunes ! Enfin, le Conseil défend en particulier la cause des petits États insulaires. Ceux-ci, particulièrement vulnérables, voient leur avenir compromis en raison de notre mode de développement. Il en va de notre responsabilité de mettre tout en œuvre pour les sauver, même s’il n’y a aucune réserve de pétrole et d’or, ou d’enjeux géostratégiques à y défendre. Enfin, au travers d’une stratégie de coopération et de coordination avec différentes organisations de jeunesse internationales, nous envisageons de défendre la voix des jeunes sur les questions relatives à l’éducation, la sensibilisation aux enjeux climatiques et à l’importance de la participation des jeunes dans les négociations climatiques. Le Conseil de la Jeunesse nourrit de grandes ambitions pour cette négociation. Nous voulons nous battre pour faire en sorte que Cancun soit, en décembre 2010, la ville de l’espoir et de l’optimisme. Il le faut pour notre planète, aujourd’hui et demain, ici et là-bas… Pauline Remouchamps etThomas Eraly Pour les suivre sur place > www.sustainableyouth.be et la page Facebook « Belgian Youth Delegate » Actu 3 Société Régularisation des JEF 15 Decem b re - J anvier - F évr ier sans-papiers : un an après Un an après l’opération de régularisation des sans-papiers, des milliers de demandeurs attendent toujours une décision. Attente, incertitude et précarité caractérisent l’existence de ces milliers de personnes qui vivent et, souvent, travaillent illégalement dans des conditions inacceptables. Dans un tel contexte, le durcissement récent de la politique d’asile et d’immigration inquiète. Malgré l’engagement de personnel supplémentaire à l’Office des Étrangers, le traitement des dossiers de demande de régularisation est extrêmement lent. D’après le Secrétaire d’État à la Politique de Migration et d’Asile, Melchior Wathelet, près de 16 000 dossiers auraient été traités durant les 8 premiers mois de l’année 2010. 40 000 autres dossiers seraient toujours en attente. Au rythme actuel, il faudra encore attendre au moins un an avant que tous les dossiers ne soient traités. © vers l’avenir Suite à la chute du gouvernement, le problème de la sécurité juridique en matière de régularisation s’est (re)posé. En effet, annulée par le Conseil d’État en décembre 2009, l’instruction ministérielle en matière de régularisation a malgré tout continué à être appliquée, le Secrétaire d’État s’étant engagé à user de son pouvoir discrétionnaire pour appliquer les critères de régularisation. L’Office des Étrangers s’était alors engagé à continuer à traiter les dossiers en cours selon les critères de l’Instruction tant que des règles contraires ne seraient pas adoptées. Dès lors, l’attente - également interminable La Belgique va changer de visage… - d’un nouveau gouvernement fait peser l’incertitude sur le sort qui sera réservé à l’Instruction par le successeur de M. Wathelet. C’est quoi cette loi de financement dont tout le monde parle ? Pourquoi ça a l’air si problématique ? La loi de financement organise la distribution de l’argent entre tous les niveaux de pouvoir, le niveau fédéral (la Belgique), les 3 régions (Région wallonne, Région flamande et Région de Bruxelles-Capitale) et les 3 communautés (Communauté flamande, Communauté française et Communauté germanophone). Le but est d’avoir un mécanisme de financement qui permet deux choses. Premièrement, il faut que chaque niveau de pouvoir ait assez d’argent pour assurer ses compétences. Deuxièmement, des transferts d’argent sont mis en place afin que les niveaux de pouvoir les moins riches (pour l’instant, la Wallonie, la Région de Bruxelles-Capitale et la Communauté française) reçoivent des moyens complémentaires de la part des régions disposant de plus de moyens (pour l’instant, la Flandre). Le débat actuel vise à changer les mécanismes mis en place depuis 1989. Les partis flamands réclament deux choses en particulier. Un, ils souhaitent que les transferts d’argent entre régions soient assortis d’objectifs à atteindre (ex : baisser le chômage). C’est la responsabilisation. Deux, ils voudraient que les régions et communautés disposent de plus de pouvoir sur les impôts payés par les individus et 4 Société Va-t-on retourner voter ? Qu’est-ce que cela changerait ? Ce n’est pas le scénario le plus crédible car on ne voit pas ce que cela changerait. Les sondages semblent annoncer que les mêmes partis gagneraient les élections (le PS et la N-VA, comme en juin dernier). Et ils devraient se mettre d’accord sur les mêmes dossiers : la réforme de l’État, la loi de financement et la formation d’un gouvernement fédéral. Est-ce l’une des plus graves crises que la Belgique ait connue ? Depuis 50 ans, la Belgique a connu plusieurs moments de crise qui ont mené à plusieurs réformes de l’État (1970, 1980, 1988, 1993, 2001). On est à nouveau à l’un de ces moments qui va changer le visage de la Belgique pour les années à venir. Propos recueillis par Alexandre Azer-Nessim intro de p u b Au Conseil de la Jeunesse, la thématique de la publicité est l’une des priorités du plan d’action 2010-2011. Parce que même si l’on peut, de temps en temps, admirer une pub intelligente, créative ou drôle, la profusion des espaces publicitaires pose question. Surtout quand on sait que les jeunes sont particulièrement visés. Le principe du dossier du JEF est d’ouvrir la réflexion sans pour autant prendre position. Le lecteur ou la lectrice que vous êtes doit pouvoir trouver les éléments pour, soit se faire une opinion, soit permettre d’aller plus loin dans la construction de son avis. En attendant, la politique d’enfermement et d’expulsion des sans-papiers se poursuit. La crise de l’accueil des demandeurs d’asile aussi. Et à l’approche de l’hiver, ce sont des centaines, voire des milliers de personnes, qui se retrouvent à la rue, ne s’étant toujours pas vues désigner de place d’accueil. Toutefois, pluralistes et soucieux de ne pas fermer des portes de manière radicale, l’équipe de rédaction souhaite vraiment ouvrir le débat autour de ce thème (voir l’article page 7 sur les bienfaits de la pub). Des réflexions et des discussions sont d’ailleurs menées au sein de la commission médias du Conseil de la Jeunesse. Et un avis sur un Conseil Fédéral de la Publicité a récemment été validé par notre Assemblée générale (page 7). Cet avis sera une nouvelle étape de la réflexion, que nous souhaitons la plus ouverte à toutes les personnes qui veulent y participer. Bonne lecture ! (Et n’hésitez pas à réagir…C’est le but). Dans ce dossier consacré à la publicité, la majorité des articles dévoilent l’aspect sombre des pratiques publicitaires (page 6). C’est un parti pris et le Comité de rédaction l’assume. De nombreuses pratiques commerciales induisent ou valorisent des comportements sociaux, environnementaux, de santé ou de consommation qui vont à l’encontre de ce que défend le Conseil de la Jeunesse. Caroline Alofs Croissance (durable) ou décroissance pistes de solution au chômage des jeunes ? Apprendre à lire, apprendre à les sociétés. C’est l’autonomie fiscale. Pour l’instant, la compétence fiscale est essentiellement entre les mains de l’État fédéral. Quels sont les autres enjeux importants pour parvenir à la formation d’un gouvernement ? Pour parvenir à la formation du gouvernement, il faut un accord sur trois points. Premièrement, il faut un accord sur une réforme de l’État qui va donner plus de compétences aux régions et aux communautés, et moins à l’État fédéral. Deuxièmement, il faut un accord sur la loi de financement. Troisièmement, il faut un accord de gouvernement, c’està-dire un accord sur ce que les partis qui seront au pouvoir veulent faire pour les compétences du gouvernement fédéral (justice, asile et immigration, affaires étrangères, défense, sécurité sociale, santé, etc.). f i l s Dans ce contexte déjà fragile, d’aucuns s’inquiètent de la proposition de réforme de la procédure d’asile du Secrétaire d’État. Visant à « simplifier et accélérer » les procédures, ces nouvelles mesures fortes trahissent un durcissement de la politique d’asile et d’immigration d’autant plus étonnant que le gouvernement est toujours en affaires courantes. Toujours enfoncée dans la crise politique, la Belgique piétine et semble dans l’impasse. Jean-Benoit Pilet, professeur en Sciences Politiques à l’ULB, fait le point de la situation pour nous. Rencontre. La question est délicate car elle touche aux moyens financiers de chacun et car elle porte aussi sur les mécanismes de solidarité que l’on souhaite encore garder entre les régions du pays. Dossier J E F 1 5 De cem b re - J a n v ier - F é v r ier © journaleurope.info Face au problème récurrent du chômage des jeunes, les partis politiques et certaines associations proposent des pistes de solution entre productivisme classique, croissance durable et décroissance. Le chômage des jeunes de moins de 25 ans en Europe a désormais atteint le seuil inacceptable de près de 21% (Eurostat, juin 2010). En Belgique, c’est pire ! Le taux de chômage des moins de 25 ans était de 34,8% en Région de Bruxelles-Capitale et de 34% en Région wallonne (moyenne sur l'année 2008). Alors que faire ? Une fois pour toutes, tordons le cou à un mythe qui a la vie dure : il s’agirait d’un phénomène « conjoncturel », lié donc à la crise économique. Non. La crise a bien sûr fait croître le taux de chômage mais comme on le sait, ces taux sont anormalement élevés depuis des décennies. On parlera plutôt de chômage « structurel », lié à la structure même de l’économie de marché qui ne crée plus assez d’offres d’emplois pour intégrer la demande. La croissance aide à créer de l’emploi mais comme il s’agit d’un problème économique « structurel », le taux de croissance ne sera jamais suffisamment élevé pour résorber complètement le problème du chômage. Les économistes le savent bien. On peut avoir plusieurs approches de la publicité dans les médias et de son impact sur les jeunes publics. Une plutôt protectrice viserait à la réguler voire l’interdire, l’autre, plutôt éducative, viserait à outiller les jeunes afin de pouvoir la décrypter. Plusieurs organismes font le pari de ce qu’on appelle couramment l’ « éducation aux médias ». Il existe très peu d’organismes qui ont l’éducation aux médias comme objectif principal. Nous en avons épinglé deux : Action Ciné Média Jeunes (ACMJ), Organisation de Jeunesse, et Média Animation, Centre de ressources en Education aux Médias, service général d’éducation permanente agréé de la Communauté française de Belgique. Média-animation organise principalement des formations à l’intention des professeurs, mais elle touche également certains publics de jeunes. Yves Collard y est le spécialiste de la formation à la publicité. Il nous livre ses réflexions par rapport au rôle d’un éducateur à la publicité : « Il est important de ne pas diaboliser la publicité. Le formateur voir doit apprendre aux gens comment elle fonctionne, et c’est à eux de faire leurs choix par la suite de façon autonome et responsable. Le formateur a un rôle difficile à tenir : il doit s’interdire de prendre position au niveau moral (c’est bon/pas bon) ou esthétique (c’est beau/laid). En outre, il doit inviter à apprendre à utiliser le vocabulaire et les concepts des publicitaires eux-mêmes : le vocabulaire des années 50 est trop limité pour décrire et comprendre les techniques actuelles. » En effet, une des caractéristiques de la publicité est d’être changeante : « Quand on peut analyser une publicité, elle perd de son intérêt. Elle doit constamment surprendre le public et les annonceurs adaptent leurs techniques dans ce sens ». mots clés de nos recherches sur Google. » Les jeunes ne sont pas toujours conscients de la présence de publicité sur Facebook ou dans certains buzz sur Internet. Il faut leur donner des outils : « Tout d’abord, on va regarder la pub pour elle-même et pas comme un fond sonore entre le JT et le film. Il faut adopter un regard critique en se posant des questions. Il y a souvent un moment de surprise lorsqu’on réalise ce qui est présenté et la manière dont c’est présenté. Les jeunes vont ensuite être amenés par diverses méthodes à décrypter et à comprendre les mécanismes de la publicité en réalisant une affiche, une publicité, une campagne de sensibilisation ou de la propagande. » Action Ciné Média Jeunes est spécialisée dans l’éducation aux médias pour les publics jeunes. La publicité peut y être traitée de deux manières : soit on l’aborde en décryptant un média particulier, soit elle est le sujet même d’un atelier. Johnathan Manzitto, animateur chez ACMJ, nous donne quelques pistes de réflexion : « Avec les nouveaux médias, la publicité est de plus en plus ciblée. Nous recevons maintenant des publicités influencées par les Quels conseils donner aux jeunes ? « Il faut rester curieux par rapport à la pub, essayer de comprendre ce qui est derrière, ne pas se limiter à la première lecture, qui est celle du consommateur, mais passer derrière le décor ». Isabelle Letawe Les courants politiques principalement écologistes, socialistes et centristes misent de plus en plus sur une croissance « durable », respectueuse de l’environnement et créatrice d’emplois verts. Mais depuis quelques temps, un nouveau paramètre a fait son entrée au panthéon des solutions à la crise : la décroissance ou l’alter-croissance. Certains mouvements anti-productivistes, anticonsuméristes et/ou écologistes, les « objecteurs de croissance », s’opposent au dogme de l’augmentation du taux de croissance comme loi de l’économie. Ils luttent pour une réduction contrôlée de la croissance, s'opposant ainsi aux défenseurs d’une croissance durable. Pour les « décroissants », le taux de production et de consommation ne peut être accru à l’infini, ni même maintenu à son niveau actuel, car cette création de richesses a pour contrepartie la destruction d’un capital naturel épuisable. Ils proposent notamment de relocaliser les activités économiques afin de réduire l'empreinte écologique et les dépenses énergétiques et de conscientiser au maximum les choix et comportements de consommation individuels. Simple piste de solution ou véritable changement de modèle économique ? Gilles Corbiau 5 Dossier f i l s de JEF 15 Decem b re - J anvier - F évr ier b pu p u b À la recherche de la La publicité nouvelle pub Depuis quelques années, de nouvelles techniques de publicité ont fait leur apparition. Si certaines sont considérées comme illégales, d'autres débordent de plus en plus des habituels spots diffusés à la télévision. Quand les produits se tapent l'incruste La bonne vieille présentation de produits, on la connait tous. Une charmante jeune femme vous vante les mérites d'un shampoing. Un beau jeune homme vous démontre tout le plaisir qu'on peut avoir à conduire le nouveau bolide à la mode. Mais les publicitaires continuent de se creuser les méninges pour justifier leur salaire et nous faire consommer. Aujourd'hui, on ne se contente plus d'interrompre les programmes télé pour essayer de vendre sa marchandise. En effet, les produits viennent carrément s' « incruster » dans nos programmes préférés ! Cela s’appelle le « placement de produit ». La montre de James Bond ? Une Omega. Le moteur de recherche préféré des héros de Gossip Girl ? Bing. Films, séries, clips musicaux, les exemples pullulent. Il faut dire que la visibilité offerte par Internet (grâce aux sites de partage de vidéos) est un atout de choix. Et ce ne sont pas les bénéfices colossaux (près d'un cinquième des recettes totales des grandes chaînes US) qui vont stopper cette pratique. Elle s’est même désormais propagée sous nos latitudes. En effet, suite à une recommandation de l’Union européenne, le CSA a légalisé cette technique en Communauté française. Bien sûr, certains produits sont prohibés, comme le tabac ou l'alcool. Les enfants ne peuvent y être soumis. Toutefois, la question est de savoir jusqu'où ces techniques peuvent nous emmener. La publicité a déja envahi notre espace audiovisuel, après s'être approprié la presse écrite. Elle pourrait même prendre place dans notre inconscient ! Et le consommateur dans tout ça ? Une des techniques les plus manipulatrices est sans aucun doute la publicité subliminale. Il s'agit d'exposer le consommateur à des stimuli en lui montrant une image tellement rapide qu'il n'est même pas conscient de l'avoir vue. Mais s'il n'a pas l'impression d'avoir aperçu l'image, son cerveau a malgré tout reçu l'information que contenait celle-ci. De nombreuses études scientifiques ont été menées afin de déterminer quels étaient les pouvoirs réels du subliminal. Les résultats n'ont jusqu'ici pas pu prouver de façon claire l'efficacité d'un tel procédé. Il est généralement admis que l'influence de la publicité subliminale possède certaines limites. Elle ne pourrait pas « forcer » une personne à acheter une bouteille de soda. Mais elle pourrait néanmoins activer des comportements déjà existants. Les résultats dépendent également de facteurs tels que l'âge, le sexe ou encore le milieu social. Cette pratique pose en tout cas des questions essentielles : peut-on pénétrer l'inconscient du consommateur pour le faire acheter à tout prix ? Ce dernier a-t-il encore le pouvoir de décider de son propre comportement d'achat ? Afin de protéger les consommateurs, les institutions belges et européennes ont clairement interdit l'usage de la pub subliminale. J E F 1 5 De cem b re - J a n v ier - F é v r ier « below the line »: la face cachée de l’iceberg >> >> Le buzz marketing Technique promotionnelle consistant à faire du bruit autour d’un nouveau produit ou d’une offre. On peut aussi parler de quelque chose ayant fait son « buzz » quand il s’agit d’un contenu (vidéo ou audio) qui aura été ébruité le plus possible au point d’avoir été vu par beaucoup de gens en un temps très court. Cette pratique commerciale permet de faire parler de la marque, sans l’identifier comme une publicité « classique». du bon ! pub pub >> pub >> Le marketing viral Forme de publicité s’appuyant sur les réseaux sociaux. Le consommateur devient lui-même ambassadeur de la marque en diffusant les supports visuels ou sonores de la marque (e-cards, vidéos, fake-videos, mp3,...), en personnalisant parfois le message, ce qui le rend encore plus efficace pour l’annonceur. Depuis le développement d’Internet, on a pu voir se développer de manière exponentielle ce nouveau phénomène. La pub nous envahit… Chacun d’entre nous est confronté en moyenne à 1200 messages commerciaux, visuels ou sonores, par jour1 . La publicité est donc omniprésente : à la télévision, à la radio, dans la rue, sur le web, sur notre GSM, dans les jeux vidéos, dans les événements, les stades, etc. La grande majorité de ces nombreux messages quotidiens est perçue inconsciemment. Et la tendance va vers encore plus de pubs, mieux ciblées et plus agressives. Le consommateur n’en sortira pas gagnant et notre cerveau a de plus en plus de mal à faire le tri ! Le contrôle de la publicité aux mains des publicitaires ! La pub, je sais ce que c’est… La grande majorité d’entre nous voit la publicité là où elle est facilement identifiable comme telle : dans les messages vus à la télévision, dans la presse écrite, dans l’affichage public, à la radio… soit dans les médias de masse. Mais il faut comprendre la publicité comme toute action visant à mettre en avant un produit ou un service dans un but commercial et non uniquement comme une démarche médiatique. Cela veut donc dire que la publicité couvre tout le spectre des pratiques commerciales, des plus évidentes (comme la pub à la télé par exemple), aux plus discrètes ou sournoises (le packaging, le placement de produits dans les films, dans l’évènementiel, le buzz marketing, le parrainage, etc.). Ou plutôt, je croyais savoir… Aurélie HERMAN La pub, ça a aussi pub La publicité se retrouve donc principalement là où on ne l’attend pas, où on l’identifie mal : dans les médias qu’on appelle « below the line », terme qui désigne les investissements marketing réalisés en dehors des investissements publicitaires sur les cinq médias traditionnels (télévision, radio, presse écrite et revues, cinéma, affichage) qui ne représentent aujourd’hui plus que 30% des investissements publicitaires. La grande masse publicitaire « below the line » représente donc plus de 70% de la pub aujourd’hui ! Or, les dérives les plus graves et les plus fréquentes se retrouvent de plus en plus dans ces nouveaux médias, lors d’événements ou dans la rue (street marketing, marketing viral, tribal, buzz, etc.), dans la pub que l’on ne perçoit donc pas ! Le citoyen n’est pas protégé des excès de pub… La quantité et la fréquence excessives des messages publicitaires dans notre société de (grande) consommation sont en perpétuelle augmentation, ces messages sont plus agressifs et plus ciblés, et les jeunes, premiers utilisateurs des « nouveaux » médias, sont les cibles principales. Et l’Etat ne fait rien aujourd’hui pour mieux protéger le consommateur. Réagissons, ne soyons pas dupes ! Cependant, ne soyons pas non plus trop pessimistes, la majorité des jeunes font preuve d’un esprit critique développé, le réflexe du « consom’acteur » critique et responsable peut donc encore être renforcé. Mais l’immense marché publicitaire et son énorme pouvoir persuasif font de notre action éducative une entreprise sans cesse à renouveler ainsi qu’un combat inégal. Si on ne veut pas rester comme un mouton devant ces pratiques, mieux vaut rester informé et critique ! Martin de Duve 1 Outil de sensibilisation « Notre cerveau n’est pas à vendre », Les Equipes Populaires, mai 2007 Les pratiques publicitaires ne sont actuellement contrôlées par aucun organe public en Belgique ! Cela peut paraitre aberrant, mais c’est le cas, puisque c’est le JEP (Jury d’Ethique Publicitaire) initiative privée, qui s’autorégule. Alors, le Conseil de la Jeunesse a décidé de se lancer dans un projet d’envergure et a sorti un avis d’initiative pour mettre en place un Conseil fédéral de la Publicité afin d’éviter les conflits d’intérêts flagrants. Malgré ses effets pervers et envahissants, la publicité comporte pourtant plusieurs avantages importants pour le citoyen. Et, bien souvent, il n’en a pas conscience. Aujourd’hui, nous avons tendance à sous-estimer les impacts positifs de la publicité. Tout d’abord, il est important de rappeler que la publicité sert avant tout à informer le consommateur sur les produits disponibles. Même si les techniques des annonceurs deviennent de plus en plus manipulatrices, la publicité reste un élément indispensable pour le marché : d’un côté, les entreprises font connaitre leurs produits et de l’autre, la population peut se tenir informée facilement de ce qui existe sur le marché. Sans publicité, au sens noble du terme, les échanges commerciaux connaitraient un énorme pas en arrière. De plus, ce secteur génère des milliers d’emplois en Belgique. Des jeunes artistes, des graphistes, des spécialistes de la communication, ou encore des managers vivent de cette pratique. Mais, plus important encore, la publicité permet de financer de nombreux projets publics. En effet, certains dispositifs publics, comme les Villos à Bruxelles, ou les TEC en Wallonie, ne pourraient sans doute pas être rentables sans la publicité. En Italie, c’est même la rénovation de certains édifices (églises, bâtiments publics, monuments historiques, etc.) qui est totalement financée par une affiche publicitaire les recouvrant durant la durée des travaux. Le contribuable ne doit donc pas payer la note dans ces conditions. Sur Internet ou dans l’événementiel, la publicité permet également de faire vivre beaucoup de projets. En effet, de nombreux jeunes ont, par exemple, l’occasion de créer leur propre site web sans débourser le moindre centime, grâce à la mise à disposition d’espace pour les publicitaires. De même, la majorité des événements festifs sont désormais sponsorisés par l’une ou l’autre marque afin de couvrir une partie des frais d’organisation. Dans de telles situations, chacun y trouve effectivement son compte : l’entreprise donne de la visibilité à son produit et l’organisateur obtient des fonds pour financer son projet. De nos jours, la publicité est omniprésente et les jeunes en sont souvent les premières cibles. Aucun garde-fou politique n’est, à l’heure actuelle, mis en place pour éviter les dérives de la publicité. Les pratiques commerciales des annonceurs sont de plus en plus agressives, et visent principalement les jeunes ! Il faut donc imposer des règles claires au secteur afin de l’empêcher de pratiquer ses techniques de marketing, les plus souvent à la limite de l’éthique et de la décence (ex : distribution gratuite d’alcool lors de séjour au ski), tout en ne tombant pas dans la censure. Pour éviter ce sujet sensible, l’État a pris la facilité de confier au secteur le soin de se contrôler lui-même… On appelle cela l’autorégulation. Tout le monde comprendra aisément qu’il existe là un conflit d’intérêt flagrant au sein de ce secteur, brassant des milliards d’euros chaque année (entre 5 et 8 en Belgique, selon les chiffres). Comment, en effet, un secteur commercial, où le gain d’argent est l’objectif quasi unique, pourrait-il s’imposer de lui-même des règles éthiques qui limiteraient ses pratiques publicitaires ? Il est donc urgent que l’État belge prenne les choses en main et ne laisse pas de côté cette problématique de santé publique (surconsommation, assuétudes, etc.). La proposition du Conseil de la Jeunesse Dans un avis d’initiative, le Conseil de la Jeunesse propose la création d’un organe public transparent aux pouvoirs réellement contraignants qui pourrait interdire en amont (avant publication) certaines publicités, jugées contraires aux règles définies (ex : sexiste, raciste, violente, etc.). Ses missions se déclineraient en trois pôles importants : une mission d’observation (pour récolter des données statistiques et mieux comprendre les nouvelles techniques de marketing utilisées) ; une mission de contrôle (gestion des plaintes, autorisation préalable de publication) ; et une mission d’éducation (éducation aux médias, campagne de sensibilisation). Le contrôle de la publicité est un enjeu transversal de notre société. Outre les aspects éducatifs, éthiques et sociaux, la publicité touche aussi aux enjeux de santé publique. A l’heure où l’on essaye de sensibiliser les jeunes à une consommation responsable d’alcool, la publicité vante parfois les mérites et les bienfaits de la consommation. Les efforts importants qui sont faits en termes de prévention et de sensibilisation sont anéantis par ces pratiques commerciales agressives. Le JEP, organe d’autorégulation de la publicité où le secteur reste majoritaire, se déclare incompétent dans de nombreux domaines et le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) n’est compétent que pour les espaces publicitaires – et non sur le fond des publicités. Il existe donc un vide à combler urgemment si l’on ne veut pas voir notre société permettre tout et n’importe quoi à la télévision, sur Internet, dans nos journaux et lors de nos événements festifs préférés. Joachim Wacquez Pour plus d’infos sur la proposition de création d’un Conseil fédéral de la Publicité > www.conseildelajeunesse.be Pour participer au débat et donner votre avis sur la question, > [email protected] (02/413.28.98) En Belgique, les taxes et les redevances instaurées sur la publicité permettent de renflouer les caisses de l’État et ainsi développer des politiques publiques au service du citoyen. Un manque à gagner qui serait conséquent si la publicité venait à disparaitre. Enfin, les médias publics y trouvent aussi leur intérêt. Même s’ils deviennent de plus en plus dépendants du bon-vouloir des annonceurs, cet argent leur permet de maintenir une offre de qualité. Il faut donc parfois nuancer certains propos très négatifs sur la publicité, puisqu’elle comporte finalement plus de bienfaits qu’il n’y parait ! Junior Aggelacis et Joachim Wacquez 6 7 Dossier f i l s de JEF 15 Decem b re - J anvier - F évr ier débat p u b Des stéréotypes dans la publicité ? Entre clichés et créativité Focus sur le mouvement Le monde de la pub est rempli de figures, de couleurs, de diversité, et nous aborde de milles et une façons pour nous séduire, nous amuser, nous rallier à la cause d’une marque en particulier. Tout le talent de la publicité est d’associer aux besoins humains des fantasmes et des plaisirs pour stimuler la consommation du produit sublimé. Clichés, humour et créativité, interrogeons la publicité... « Quand on me dit non, j’enlève mon pull », dit une belle jeune fille en soutien gorge de Barbara, en regardant « le » et/ou « la » destinataire ; « Le haut débit en réseau, c’est comme si on pouvait se toucher » (9 télécom) précise le slogan en dessous d’une image où une jeune femme (aux airs très professionnels) indique un mystérieux document sur un écran d’ordinateur à un homme en tenue de cadre, visiblement troublé par le généreux décolleté... Vous l’aurez deviné, la publicité ne se prive pas de clichés sexués ! Les nombreuses analyses réalisées sur l’image de la femme et/ou de l’homme dans la publicité trouveraient dans ces stéréotypes le prétexte pour commenter le rapport femme/ sexe/pouvoir/... Ici, il semble surtout important de rappeler que les genres représentent la première (et la plus fiable) de n’importe quelle segmentation des marchés. Cette fracture élémentaire entre l’homme et la femme permet donc, mieux que n’importe quel autre clivage, d’utiliser des clichés compréhensibles universellement, dans le seul but de s’adresser à différents types de consommateurs à travers un même message. En s’appuyant sur des stéréotypes sexués, les publicitaires mènent leur campagne de séduction des consommateurs, martelant les clichés, suscitant les désirs, confortant les >> Le marketing tribal hommes et les femmes dans des rôles bien déterminés... En parlant aux passants, quelque part, la publicité parle aussi du monde qui la produit. Aujourd’hui, en pleine révolution informatique, la publicité évolue aussi : Internet se présente désormais comme une incroyable source d’informations, permettant notamment la diffusion de messages de plus en plus individualisés. Les techniques de traçage et d’identification dans ce monde virtuel permettent, en effet, une étonnante (et inquiétante?) personnalisation des messages, qui font rêver les professionnels de la publicité. Forts de ces nouvelles segmentations, les créatifs tendent aujourd’hui à intégrer de plus en plus d’humour dans les messages publicitaires. Le public de la Toile est en effet relativement plus jeune, plus cultivé et plus aisé que la moyenne... Plus disposé aussi à rechercher les annonces drôles et insolites, et à les diffuser dans des réseaux sociaux. Dans ce monde technologique, la « vieille » publicité est désormais recherchée et surtout... elle y est parodiée ! Grâce à la maniabilité croissante des images et des slogans, rendue possible par l’informatique, à côté des publicités « réellement » stéréotypées se multiplient les publicités « faussement » stéréotypées, où l’antipublicitaire peut désormais aussi faire sa publicité. Priscilla de Radiguès Source : Sergio Poli, Publicité, « humour » et guerre des sexes : itinéraire entre stéréotype et rire, Publifarum n. 6, 2007, http://publifarum.farum.it/ezine_articles.php?id=32 >> Technique promotionnelle touchant principalement les adolescents et visant à créer une culture commune autour d’un produit, d’une marque. Cette technique ne vise pas seulement à mieux comprendre les jeunes consommateurs d’aujourd’hui, mais aussi à contourner leur indifférence croissante pour la publicité. POUR ou CONTRE Débat le baptême étudiant ? antipub D’un côté, les défenseurs de cette pratique étudiante, vieille de plus de cent ans ; et de l’autre, les détracteurs qui jugent ce folklore déplacé et humiliant. Tout étudiant du supérieur a été confronté à ce dilemme lors de sa première rentrée académique. La critique de la publicité apparaît simultanément avec son développement. Plusieurs associassions se sont créées pour dénoncer les dérives de la publicité. Petit tour d’horizon… Cette tradition estudiantine, très développée en Belgique, fera, sans nul doute, encore beaucoup parler d’elle à l’avenir. Jef a récolté deux avis : Bruno, dit « Djibleu », membre du cercle d’Agro à l’UCL et Denis, qui vient d’entrer en 1ère Bac à l’ULg. À vous de vous faire votre propre opinion… Ces associations reprochent principalement à la pub son invasion de l’espace public, de la vie courante (télévision, radio, boîtes aux lettres, téléphone, journaux, cinéma, Internet, panneaux publicitaires...) et son emploi de techniques nuisibles à l’environnement et souvent agressives, comme le matraquage ou la manipulation mentale. Une autre critique affirme que la publicité prise dans son ensemble diffuse un message politique fort, prônant la société de consommation, incitant au gaspillage et à la pollution. N’apportant pas une information objective, elle détournerait de la vérité, valoriserait au contraire l’illusion et le mensonge. Mais les acteurs du mouvement anti-publicitaires sont souvent sous le feu des critiques aussi. On leur reproche d’utiliser les moyens qu’ils dénoncent, à savoir les techniques publicitaires : contre-affichage et barbouillage de slogans. Ces techniques ont cependant un caractère artisanal. À l’opposé des techniques industrielles utilisées dans la publicité, il est difficile pour les supporters du mouvement antipub de diffuser un même message à très grande échelle. Le baptême étudiant nourrit souvent les fantasmes chez les personnes extérieures à ce milieu, considéré parfois comme trop fermé. Mais les baptisés, bleus et autres comitards remettent souvent ces préjugés et idées reçues à leur place. Néanmoins, certains dénoncent de plus en plus la perte du folklore traditionnel au profit de la beuverie. Faux diront les concernés ! Un passage symbolique La symbolique du baptême est de montrer le passage d’un monde à l’autre. Du cocon des humanités qui sont obligatoires et sous la responsabilité des parents, à l’université qui est un choix et où l’on est appelé à être plus autonome. Notre société, fortement individualiste, ne propose presque plus aucun rite social pour marquer les étapes de la vie. Le baptême est donc là pour marquer ce cheminement vers la vie étudiante, qui pour beaucoup restent des années d’épanouissement et d’investissement collectif. © sudpresse.be Le baptême étudiant, Qui en Belgique ? un rite initiatique volontaire et encadré • VAP: Vigilance Action Pub Cette plateforme associative qui rassemble plusieurs organismes vise à sensibiliser l’opinion publique et le monde politique sur les dangers que représente la prédominance de la publicité sur les modes de consommation, de vie, de pensée. Selon le VAP, la publicité renforce une série d’effets néfastes tels que : la surconsommation mettant en danger l’équilibre environnemental et social, l’exacerbation des stéréotypes sexistes dégradant fortement l’image des femmes, l’impact d’une mauvaise alimentation sur la santé... Chaque année, lors de la rentrée académique, les baptêmes étudiants recommencent dans toutes les universités belges. Certains, souvent sans l’avoir vécu, déclarent que ce baptême consiste uniquement à ce que d’anciens « frustrés » reproduisent « bêtement » ce qu’ils auraient « subi ». Après cinq années de vie active dans la vie étudiante à Louvain-la-Neuve et plus particulièrement au Cercle Agro (le plus grand de la galaxie), mon expérience et ma vision sont tout autre. Petit tour de la question… • Respire asbl Respire est une asbl fondée en Septembre 2005. L’association regroupe des personnes aux parcours et aux croyances diverses mais qui sont toutes convaincues de la nocivité de la surconsommation et des modes de vie qui l’accompagnent. Ses membres et adhérents estiment que la publicité commerciale, et le système publicitaire qui l’organise, sont nocifs aux personnes, à la société et à la nature. Parmi leurs actions, la journée sans achat dont l’objectif était de sensibiliser la population aux conséquences de la surexploitation de la planète. • RAP: résistance à l’agression publicitaire L’association a pour objet principal de lutter contre les effets négatifs, directs et indirects, des activités publicitaires sur l’environnement et les citoyens. En dénonçant les procédés publicitaires destinés à la mise en condition de la personne, elle se propose de combattre les nuisances qui en résultent pour l’environnement (gaspillage des ressources, pollution paysagère et du cadre de vie, déchets, bruit…) et la société (développement de la surconsommation, inégalités, obésité, violence…). L’antenne belge de ce mouvement à l’origine français est actuellement peu développée. Aurore Peignois > http://www.vigilanceactionpub.org/ > http://www.respire-asbl.be/ > http://antipub.org/ 8 J E F 1 5 De cem b re - J a n v ier - F é v r ier © nordeclair.be Le baptême ou comment se ridiculiser pour rien ! Aujourd’hui le baptême estudiantin s’est vidé de son sens. Rite initiatique, tradition fraternelle ou folklore étudiant ne riment plus du tout avec baptême… et c’est bien dommage ! Lors du baptême, « le bleu », le nouveau, apprend à connaître de nouveaux rites, de nouvelles personnes, une nouvelle façon de s’impliquer dans l’université qu’il fréquentera durant des années. Le baptême est donc une porte d’entrée pour s’investir dans la vie étudiante. Elle n’est évidemment pas la seule. De plus, sans être baptisé, une multitude de personnes fréquente les cercles et certains s’y investissent par après. Le baptême n’est pas une fin en soi, le but est de constituer un noyau d’étudiants qui organiseront une partie des activités culturelles, festives et académiques propres à la vie universitaire. les bleus crasseux jouent un rôle. À l’université, ils vont être confrontés à de nombreuses épreuves, ils vont devoir se surpasser et collaborer entre eux, comme au baptême. Les baptisés sont donc poussés à développer ensemble le second degré, l’entraide et l’esprit de cohésion. Ce qui compte, c’est le fait d’être solidaire entre nouveaux et après de partager des moments de vie avec les étudiants plus anciens. Personne n’est obligé de faire son baptême et si l’on ne s’y plait pas, on peut arrêter à tout moment. Tout cela, sans aucune répercussion sur sa vie sociale ou universitaire. À l’UCL, il existe une charte très précise qui réglemente les baptêmes. Il existe un comité de baptême et des parrains qui sont responsables de chaque bleu. Afin que le baptême ne dévie pas de sa raison d’être, un jeu ludique entre personnes consentantes pour marquer sa rentrée à l’université. Ceux qui critiquent le baptême s’arrêtent généralement aux premières images vues de l’extérieur. Pour ceux qui ont fini leur baptême, cela reste très souvent des moments de camaraderies, drôles et inoubliables. Et qu’ils ont envie de partager avec les futurs nouveaux étudiants… Djibleu Un jeu de rôle pour découvrir et partager membre du Cercle agronomique de Louvain-la-Neuve Quand je n’étais pas baptisé, je me demandais qui étaient ces gens qui prenaient plaisir à se faire salir et crier dessus. Une fois que j’ai fait mon baptême, j’ai compris une chose essentielle : le baptême, c’est un jeu de rôle. Malgré certains clichés, parfois compréhensibles, aucune animosité réelle n’existe. Les poils gueulant tout comme Si vous voulez poursuivre la réflexion sur le folklore étudiant néo-louvaniste, n’hésitez pas à consulter le site Lors de sa première rentrée universitaire, chaque étudiant est confronté au choix – parfois cornélien – de faire ou non son baptême… Que vais-je en retirer ? Combien de temps cela va-t-il me prendre ? Serais-je tout de même intégré si je ne fais pas mon baptême ? Autant de questions qui aboutissent de plus en plus à un choix négatif, puisque le nombre de « bleus » diminuent sans cesse. S’intégrer, mais à quel prix ? Aujourd’hui, le baptême étudiant se résume à plusieurs énormes beuveries durant lesquelles on se fait ridiculiser, crier dessus, insulter,… et parfois pire encore ! Certes, il ne faut pas généraliser ce phénomène à tous les cercles, mais cette tendance est bien réelle. Quel sens y a-t-il à « afonner » des dizaines de bières par soirée à s’en rendre malade ? Quel message véhiculent les facultés par cette initiation ? À l’heure où l’on essaye de responsabiliser la consommation d’alcool chez les jeunes, les baptêmes étudiants tournent davantage à celui qui tiendra le mieux l’alcool, qu’à celui qui incarnera au mieux la tradition de la faculté. Même s’il faut éviter les stéréotypes, il faut bien reconnaître que les coutumes, parfois centenaires, ne sont plus observées dans la majorité des cercles. Si les chants restent le principal élément conservé de ces traditions, le reste s’est perdu de fil en aiguille. Les parrains, censés accompagnés les « bleus » dans leur passage initiatique, sont devenus de « véritables brutes » qui les harcèlent partout et tout le temps. > http://lejouretlanuit.guindaille.com S’il faut admettre que le baptême permet une certaine intégration des nouveaux étudiants, pourquoi celle-ci doit-elle automatiquement se faire à travers l’alcool et la soumission ? Suivant l’humeur des baptisés, les « bleus » accumulent frustrations et humiliations… qui refont, me semble-t-il, surface l’année suivante et qui s’expriment alors de manière exponentielle sur leurs nouveaux bleus. Un cercle vicieux qui entraine parfois de terribles dérives et accidents. De plus, je pense que les « bleus » sont de plus en plus sollicités, presque un soir sur trois, sans compter les petits services à effectuer pour leur parrain. Ces étudiants passent donc leurs trois premiers mois de l’année entre devoirs obligatoires du baptême (festivités, services, apprentissage des chants, etc.) et leur lit (il faut bien récupérer de ces guindailles !!!). Et souvent, la sentence des examens de janvier fait mal… Au final, tout ça pour appartenir à un cercle fermé d’étudiants qui s’amusent ensuite à infliger les mêmes humiliations aux nouveaux et à dénigrer les non-baptisés, jugés trop ringards. Mais, c’est vous les ringards ! Denis Triffaux (1er Bac à l’ULg) 9 opinions JEF 15 Decem b re - J anvier - F évr ier Manifestants ? Vous êtes en état d’arrestation ! À vous la parole ! Coups de matraque, gaz lacrymogène, menottes et puis derrière les barreaux… Et pourquoi ? Parce qu’ils manifestaient. Un policier leur crache même « Vous êtes complices de l’anarchie et de la destruction de tout ». Étrange quand on constate qu’aucun acte violent n’a été commis par les manifestants lorsqu’on les interpelle. On a comptabilisé ainsi 244 arrestations préventives, lors de la grande manifestation européenne pour l’emploi en septembre dernier. Cette violation des droits démocratiques n’est autre qu’un symptôme de plus de la montée sécuritaire européenne. Culture Les rues de Bruxelles hurlent leur opposition aux mesures d’austérités européennes. On est le 29 septembre 2010 et 100 000 personnes, venues de toute l’Europe, marchent à l’unisson. Tout à coup, vers 15h30, à la Porte de Hal, un groupe est isolé par la police. Impossible pour eux de rejoindre le reste du cortège. On les soupçonne de posséder des objets dangereux. C’est l’artillerie lourde qui est sortie. Les policiers en civil n’y vont pas de main morte. Un débordement isolé ? Pas du tout. Plus tôt dans la journée, des gens ont été arrêtés dans les stations de métro de Ribeaucourt et d’Yser. Ce n’est pas un choix anodin. En effet, les gens du « No Border Camp » logeaient à Tour et Taxi. Cela ne les a pas empêchés d’arrêter tout de même des gens qui, en réalité, ne faisaient que passer. Dans la foulée, une trentaine de clowns manifestants se retrouve en détention. Constituaient-ils une réelle menace ? Selon le porte-parole de la STIB, aucun acte de vandalisme n’avait été perpétré. C’est assez logique vu que le No Border Camp est en réalité une initiative pacifiste qui vise à éliminer les frontières et à rapprocher les gens. Alors, rien n’indiquait que ces personnes représentaient un danger. Jusqu’à présent, aucune explication du comportement de la police n’a été communiquée. À cela s’ajoutent les arrestations à la gare du Midi, deux jours plus tard. Un arrêté communal y interdisait tout rassemblement. Les escadrons anti-émeute n’ont donc pas hésité à boucler environ 70 personnes. On parle ici d’arrestations pour la plupart violentes. Tout au long de la semaine, ces gens ont été victimes de la police : insultes, humiliations, menaces de viol sur des femmes auxquelles on avait retiré le pantalon. Oscar Flores, présent sur place, Une équipe du Jef s’est baladée dans les rue de Louvain-la-Neuve pour récolter vos impressions sur le nucléaire, future thématique abordée par le Conseil de la Jeunesse. Extraits ! Mariana (22 ans) Le nucléaire est une grande source d’énergie qui peut être une alternative au manque de ressources fossiles, mais malheureusement, il existe beaucoup de risques. Donc, je pense qu’il faudrait davantage réfléchir à des énergies renouvelables, moins risquées, même si pour le moment on a besoin du nucléaire ! © http://bxl.indymedia.org nous raconte le traitement dénigrant qu’ils ont subi et ce qu’il a vu : « Il n’y a aucune logique, n’importe qui est arrêté sans aucune raison, juste pour être à l’intérieur d’un périmètre devenu tolérance zéro. […] Alors que j’étais menotté, j’ai entendu un grand coup sur le côté du bus. C’était un garçon qui était en train de subir des coups. Plusieurs policiers, cinq ou six frappent très fort de leurs matraques, le garçon avait les mains attachées, il ne pouvait pas se défendre. » La police reconnaitra les 244 arrestations administratives. Drôle d’appellation pour des abus de pouvoir et des violences policières. Cela surprend d’autant plus lorsqu’on sait que manifester est un droit ! L’article 11 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme le reconnait. Mais nous sommes dans un contexte de plus en plus sécuritaire. En effet, les policiers ne cachent pas qu’ils n’ont fait qu’obéir aux ordres. L’Union européenne est en train de prendre des mesures qui desservent les gens. C’est pourquoi, ils craignent que la population ne se retourne contre eux. Leur seule issue : la répression, avec pour but que les gens restent à leur place. Dans ce cas-ci, au contraire, ils ont déclenché la colère. Des gens s’en sont pris à un bureau de police. Et puis, une manifestation a dénoncé la manière d’agir de la police, le 16 octobre. Les 500 personnes présentes ont voulu montrer qu’on tente de limiter nos droits démocratiques. L’ironie du sort a voulu que dans cette même période, les policiers aient manifesté pour améliorer leur sécurité. Euxaussi sont victimes d’agressions régulièrement. Sébastien (20 ans) Pour moi le nucléaire, c’est ce qu’il y a de mieux à l’heure actuelle. Aucun autre processus énergétique n’est pour le moment aussi efficace. On ne peut donc pas se passer du nucléaire. Guillaume (28 ans) Je sais que la question est complexe et je ne connais pas tous les tenants et aboutissants. Néanmoins, les déchets nucléaires m’effraient… En fait, je suis davantage pour une diminution de la consommation d’énergie, un changement des comportements et une adaptation des infrastructures afin de les rendre plus efficientes énergétiquement. John (23 ans) Je suis plutôt contre le nucléaire, car je trouve que cela amène davantage de problèmes que de solutions : déchets et, surtout, guerres. Camila Villarroel Retrouvez en vidéo d’autres témoignages sur > www.conseildelajeunesse.be Former les jeunes à la citoyenneté Depuis quelques semaines, on parle d’intégrer les parents et les élèves dans les conseils de classe du primaire et secondaire. De quoi poser la question de la participation des jeunes à la vie de l’école. Cette proposition suscite un vif débat en Communauté française. Certains y voient une excellente manière de réunir toutes les parties au sein d’une même discussion et d’y amener une dimension plus humaine. En France, cette pratique est bel et bien intégrée dans les mœurs et personne ne semble s’en plaindre. Mais les enseignants y voient une énième remise en cause de leur capacité de prise de décision et de leur autorité. En outre, la confidentialité pourrait être mise à mal. Or, il s’agit selon eux d’un élément fondamental dans le processus décisionnel. Elle seule serait garante d’une réunion où tout peut être abordé, y compris des aspects plus personnels de la vie de l’élève. Ainsi, le conseil serait plus à même de prendre une décision mûrement réfléchie. Toutefois, cet argument ne plaît pas à tout le monde. Selon Stephane Houbion, Secrétaire général de l’asbl Jeune et Citoyen, il s’agit d’une fausse réponse. « Les jeunes sont tout à fait capables de garder pour eux ce qui s’est dit durant un conseil », dit- 10 il. « Il faut leur faire confiance et leur donner des responsabilités. Ceci dit, on peut se demander si un conseil de classe est vraiment le meilleur endroit où ils pourront faire entendre leur voix. » Selon lui, une intervention des élèves ou des parents au sein de ces conseils ne va pas apporter grand chose aux débats. «Les profs sont formés pour ce genre de discussions. Ce n’est pas le cas des collégiens. En quoi seraient-ils plus aptes que leurs professeurs à prendre la bonne décision ? Et puis va-t-on véritablement leur offrir une autorité ? N’est-ce pas juste pour la forme ? Je pense que c’est une fausse solution », conclut Stephane Houbion. Un rôle démocratique à jouer Malgré tout, écarter les jeunes de la vie démocratique de leur école serait une hérésie. Il est impératif d’encourager d’autres types de réunions, telles que les conseils de délégués ou de participation. « C’est via ce type de plateformes Opinions que l’élève va véritablement agir sur la vie de l’école », déclare le Secrétaire général de l’asbl JEC. « Ils sont élus par leurs camarades et ont donc des responsabilités envers eux. Des décisions très importantes peuvent être prises, comme la suppression du port de l’uniforme, par exemple. » Le vrai pouvoir des jeunes doit donc s’exercer dans la classe elle-même. Organiser des réunions (parfois chapeautées par des adultes), trouver des solutions entre élèves à certains conflits sont les instruments qui vont former les jeunes à devenir des citoyens à part entière et à prendre conscience du rôle qu’ils ont à jouer au sein de leur propre établissement. Si les conseils de classe ne sont pas forcément les meilleurs endroits pour que les jeunes prennent la parole, l’école reste le premier prof en matière de citoyenneté. J E F 1 5 De cem b re - J a n v ier - F é v r ier livres Alissia Lone entre trash et poésie La littérature belge recèle de nombreux trésors, trop souvent méconnus du grand public. Etienne Ethaire fait partie de ces auteurs peu connus et pourtant d’une rare qualité. Publié par Les Éditions du Somnambule Équivoque, une « maisonnette d’édition » comme elle aime elle-même se nommer, ce livre est une merveille de poésie et de trash. Car pour son second roman, Etienne Ethaire n’a pas eu froid aux yeux. « Alissia Lone » décrit l’horreur vécue par une star du petit écran confrontée à la bestialité masculine, le viol collectif. Alors que la journaliste est en vacances à la mer avec ses deux enfants, elle se retrouve aux prises avec trois hommes en overdose de testostérone qui, chacun à leur tour, vont la violer. La jeune femme se raccroche alors à son passé, à son futur, à la vie qui l’attend et aux étoiles pour survivre à l’immonde. Écrit dans un style qui jongle à la fois avec la poésie et la vulgarité, ce court roman est un véritable pamphlet contre les violences sexuelles faites aux femmes. Son style direct prend le lecteur aux tripes et l’empêche de sortir de ce huis-clos terrible où l’agonie du sexe est mise en jeu dans une atmosphère étouffante. Avec une écriture simple et crue, l’auteur parvient étonnamment bien à se mettre dans la peau de cette femme violentée. Écrit entièrement en je, « Alissia Lone » met en lumière quelques unes des préoccupations de l’écrivain, déjà abordées dans « La Langoureuse », son premier roman qui portait sur l’inceste lesbien, dénonciation du machisme et angoisse de la mort en premier plan. L’occasion également de porter l’attention sur cette maison d’édition peu commune qui, en quelques années à peine (elle a été créée en 2004), a réussi à imposer sur le marché littéraire belge des univers singuliers et des écrivains au caractère affirmé. Etienne Ethaire est de ceux-là, avec une écriture toujours juste, une fiction aux antipodes de l’autobiographie si commune aux auteurs, un monde d’une rare intensité où le plus beau côtoie le pire de l’être humain. expo Culture Prostitution, l’envers du décor Le travail du sexe, largement répandu en Belgique comme partout dans le monde, est une profession qui véhicule de nombreux stéréotypes. Les clichés qui circulent oscillent entre le « elles n’ont pas le choix » ou « elles font ça parce qu’elles le veulent bien ». Une exposition du photographe belge, Frédéric Pauwels, présente pour une fois réellement la réalité du métier. Avec « Prostitution, passez derrière le rideau… », organisé en partenariat avec Espace P, un voile est levé sur ce que vivent ces femmes au quotidien. « Dans tous les rapports humains, il y a des choses qui se passent et auxquelles on ne s’attend pas, affirme Sonia. Je veux dire par là que tout n’est pas prévisible. On peut venir chercher du sexe et puis être submergé par ce qu’on reçoit, c’est imprévisible ». C’est là un des nombreux témoignages de prostituées qui offrent une nouvelle vision de celui qu’on surnomme « le plus vieux métier du monde ». Car l’exposition s’attache d’abord à présenter de manière humaine le métier. Le photographe réussit ici un pari qu’on croyait impossible : nous rendre intimes ces femmes tout en conservant leur anonymat. En une cinquantaine de photos, Pauwels rend compte d’un univers codé, loin des stéréotypes de luxure et de ballets roses. Les femmes qui nous sont présentées deviennent, au fil des photographies, des amies, des confidentes, leurs histoires font sourire, leurs anecdotes décortiquent « le client ». Un client qui n’est pas laissé de côté puisque des espaces de paroles lui sont également dédiés dans l’exposition. Une manière de dépasser une vision étriquée de la profession. « Je trouve que c’est un métier qu’il faut faire avec le cœur. Il faut donner à la personne, explique Elisa. Cela ne suffit pas de se mettre sur le lit, écarter les jambes et l’homme vient sur toi. Ce n’est pas ça le métier. Le métier, c’est te donner aux clients et t’exprimer ». Une vision qui permet de mieux comprendre les femmes qui exercent le métier, mais aussi les clients, des hommes « en mal d’amour », qui viennent les solliciter. L’exposition offre véritablement une perspective nouvelle et soulève également la question du statut des femmes. Un travail photographique « social » et « engagé » qui remue les consciences. ISFSC (du 06.12.10 au 17.12.10) Rue de la Poste 111, 1030 Bruxelles Amandine Colin ISFSC (du 06.12.10 au 17.12.10) Amandine Colin « Alissia Lone », Etienne ETHAIRE, Ed. du Somnambule Equivoque concours Dans un récent avis d’initiative, que propose le Conseil de la Jeunesse pour la publicité ? Pétard mouillé ! « Un des documents révélés par Wikileaks annonce la présence d’armes nucléaire en Belgique », un scoop qui n’en est pas vraiment un, puisque cela fait des années que la question est soulevée dans notre pays. La Libre du 30 novembre 2010. À gagner : le nouvel album du groupe belge, Vismet La réponse se trouve dans ce numéro ! Les gagnants seront tirés au sort parmi les réponses correctes reçues à [email protected] avant le 28 février 2010. Aurélie Herman Résultats du concours Jef n°14 : La Conférence de Jeunesse a eu lieu du 2 au 4 octobre à Louvain Félicitations à Tom qui a remporté le roman « Les Absentes » de Vincent Engel. Plagiat Je remercie le secrétaire d’État pour sa réponse littéralement empruntée à Wikipedia. Cela prouve au moins que le Gouvernement fédéral est connecté à internet Jacky Morael (sénateur Ecolo), à Bernard Clerfayt (MR) pour conclure une question réponse au Sénat, le mercredi 1er décembre 2010. 11 CULTURE À la guitare de Vismet, Vismet, en bruxellois, ça veut dire « petits voyous». Un nom qui interpelle pour un groupe au style électrorock. Ces petits voyous sont Dan, Anthony, Nicky et Rémy. Ce groupe s’est lancé à la conquête du public belge et nous sommes allés à la rencontre de leur guitariste, Rémy. Il nous parle de son groupe et de son amour pour la musique. JEF 15 Decem b re - J anvier - F évr ier un artiste Culture Une idée et une passion dans un appartement parisien, voilà le cocktail qui a amené Dan Klein à fonder les Vismet. Ils ne sont que trois mais les partitions sont prévues pour quatre. Alors, ils pensent à un ancien collaborateur : Rémy. Après beaucoup de travail, ils percent enfin ! Fin octobre, ils clôturent leur tournée d’été sur la scène de l’Ancienne Belgique. C’était un rêve, doublé d’une surprise quand ils ont atteint le sold-out un mois avant la date du concert. Quel bilan ? Plus que positif ! Un public fidèle, des scènes qui se multiplient, leurs chansons à la radio. Et ce n’est qu’un début. Bientôt, c’est la France qui tombera sous le charme de ces 4 rockeurs playboys, une suite logique vu qu’ils ont signé avec un label français. Mais rassuronsnous, ils n’oublieront pas la Belgique. Et le prochain album, c’est pour quand ? Pas pour tout de suite. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il sera encore plus « Vismet ». Les morceaux du premier disque, Gürü Voodoo, ont essentiellement été conçus par Dan puis chacun a ajouté sa touche. Mais le suivant « sera plus un travail d’équipe et de groupe. » Malgré un succès croissant, Rémy refuse de tomber dans le piège du commercial : « Il faut continuer à faire de la musique de manière intègre parce que tu l’aimes et parce que t’as quelque chose à dire. En même temps, il faut arriver à faire quelque chose de pas trop hermétique pour le grand public. » Ils franchissent donc peu à peu la porte du succès. Leur secret ? Une complicité à toute épreuve. Sur la même longueur d’onde, ils parviennent à écrire les morceaux quasi naturellement. Et pour aguicher le public, un vrai spectacle : « Pour nous, l’attitude et le look, c’est indissociable avec la musique qu’on fait. Ça fait partie du show. On fait un spectacle, on se met en scène. [..] Mais c’est pas du tout calculé parce qu’on est comme ça dans la vie aussi. » © http://public.dourfestival.be Derrière le guitariste de Vismet ? Rémy nous dit : « Vismet, c’est mon côté énergie, rock et sale, un peu punk même. Mon autre projet, mon bébé, « Ed and June », est essentiel pour moi. Il est beaucoup plus mélodique, plus dans la retenue. J’ai besoin des deux. Ce serait dommage de résumer ce que je suis à ce que tu vois sur scène avec les Vismet. Comme toute personne, on a plusieurs facettes. On n’est pas juste ces espèces de voyous arrogants qui font les malins sur scène. On est aussi sensibles, gentils, patients, attentionnés… (rires). » Ce groupe sortira son premier album début février. Ses six membres ont choisi de l’enregistrer en live pour capter un « moment organique ». Quel message pour les jeunes ? « Il n’y a rien de pire que de finir à 40 ans aigri, dans un boulot, enfermé dans une routine de laquelle on ne peut pas vraiment sortir parce qu’on a plus de responsabilité. À ce moment là, c’est souvent trop tard. Alors lancez-vous maintenant et ne Projet artistique Ce jeune artiste de Louvain-la-Neuve, qui veut rester anonyme, crée des jeux vidéo, dont ses propres personnages. Voici un exemple de son travail. postposez pas ce que vous avez envie de faire aujourd’hui à demain parce qu’il sera trop tard après. Vous avez un projet, c’est maintenant qu’il faut le faire, tout de suite, allez hop ! » Et pourquoi ne pas l’écouter ? Aujourd’hui à 27 ans, Rémy a choisi de se consacrer entièrement à la musique après avoir travaillé dans l’associatif. C’est peutêtre un exemple à suivre. Camila Villarroel Prochaine date au concept original : 19 décembre au « Père Noel est un rockeur » > www.vismets.com > www.myspace.com/thevismets > www.myspace.com/edandjune Jef est une publication trimestrielle gratuite du Conseil de la Jeunesse > www.conseildelajeunesse.be Éditeur responsable Alexandre Azer-Nessim Boulevard Léopold II, 44 – 1080 Bruxelles [email protected] Rédacteur en chef Alexandre Azer-Nessim 02/413.29.41 ou [email protected] Secrétaire de rédaction Joachim Wacquez 02/413.28.98 ou [email protected] Ont collaboré à ce numéro Junior Aggelacis, Caroline Alofs, Alexandre Azer-Nessim, Amandine Colin, Gilles Corbiau, Priscilla de Radiguès, Martin Deduve, Djibleu, Thomas Eraly, Aurélie Herman, Isabelle Letawe, Aurore Peignois, Pauline Remouchamps , Denis Triffaux, Françoise Verheyen, Joachim Wacquez. Illustrations Patrick Derenne, Tom Grimonprez, Jen Berger. Conception graphique Abrakam www.abrakam.com Mise en page Jen Berger, Martin Pierlot Distribution et abonnements Marie-France Florquin 02/413.29.30 ou [email protected] Pour soutenir le projet : 001-1044996-91 Imprimé à 20.000 exemplaires à l’imprimerie Sodimco à Bruxelles. Avec le soutien des gouvernements de la Communauté française et de la Région wallonne 12 Culture