Un code à bulles infalsifiable

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Un code à bulles infalsifiable
Tous droits réservés ­ Les Echos 2009
16/12/2009
P.11
LES STRATÉGIES
INNOVATION
Un code à bulles infalsifiable
Les étiquettes livrées par Prooftag comportent le code à bulles,
une fine pastille de résine transparente d’environ un centimètre
carré dans laquelle les bulles sont
emprisonnées, et une référence
alphanumérique aléatoire qui lui
est associée. Avant livraison, chaque code à bulles est photographié et référencé dans la base de
données de Prooftag.
A partir de bulles d’air
prises dans de la résine,
la start-up française
Prooftag a développé
une étiquette impossible
à contrefaire pour
authentifier produits de
marque, œuvres d’art ou
documents administratifs.
Produits de prestige
Lorsque, il y a une dizaine d’années, les ingénieurs de Novatec,
laboratoire privé de recherche
pour l’industrie électronique, ont
observé ces bulles formées inopinément lors de la mise au point
d’un procédé de dépôt d’adhésif,
ils ont tout fait pour les supprimer. Sans succès. D’où l’idée de
breveter le procédé et d’en explorer les potentialités. En quelques
années, ils ont validé la possibilité
de lire des bulles, testé l’intérêt
pour leur idée, remporté plusieurs prix avant de créer Prooftag
DR
D
onner à un produit ou à
un document un moyen
d’identification aussi unique que les empreintes digitales
pour les humains : tel est l’intérêt
du code à bulles. C’est une prem i è re. L e s au t re s m oye n s
d’authentification, comme les hologrammes, filigranes, encres ou
bandes magnétiques sont produits en masse et n’identifient pas
le produit. Conçu par Prooftag,
PME de Montauban (Tarn-et-Garonne) d’une trentaine de personnes, le code à bulles est, selon
ses fondateurs, unique, inimitable, infalsifiable et inamovible.
« Copier des bulles est impossible,
affirme Franck Bourrières, directeur opérationnel de Prooftag.
Elles sont générées de façon aléatoire, selon un processus chaotique. Elles ont des formes variées,
grossissent, fusionnent jusqu’à la
solidification de la résine. »
Le « scellé à bulles » garantit la bouteille de la cuve à la dégustation.
fin 2004. Au total, Novatec puis
Prooftag ont levé quelque 10 millions d’euros en dix ans.
Depuis, les bulles font leur chemin sur les marchés prometteurs
de l’authentification, à commencer par des produits d’excellence
comme les grands vins. « De 25 à
30 vignobles de prestige, en France
et aux Etats-Unis, authentifient désormais leurs bouteilles avec nos
« scellés à bulles », explique Franck
Bourrières. « Nous leur fournissons
les solutions clefs en main. » Pour
les plus gros producteurs, l’étiquette est appliquée automatiquement en ligne d’embouteillage
sur le col de la bouteille, recouvrant en partie la capsule, supprimant du même coup les risques
de réembouteillage, certifiant
ainsi les bouteilles de la cuve jusqu’à la dégustation… au plus
grand bénéfice du consommateur, qui a déboursé quelques dizaines à quelques milliers d’euros.
Dans la même veine, depuis le
mois de juin, un horloger suisse
de prestige, Parmigiani, authentifie sa production de quelques
milliers de montres par an, dont
le prix moyen est de quelque
60.000 euros. Plus récemment,
Hewlett-Packard a signé un partenariat avec Prooftag pour authentifier les œuvres numériques d’artistes et photographes imprimées
sur ses imprimantes professionnelles. Un site Internet, arttrustonline.com, gérera la base de
données entre HP et ses clients
en janvier 2010.
Les documents officiels en vue
La référence alphanumérique
permet via Internet d’authentifier
le produit de façon visuelle en
comparant le code à bulles à cette
photo. Selon Prooftag, ce simple
contrôle visuel serait efficace à
99,5 % en moins de cinq secondes. En outre, des lecteurs électroniques automatiques permettent un contrôle formel. Ils
éclairent le code à bulles, calculent des signatures électroniques
à partir d’algorithmes spécifiques
et les comparent à celles de la
base de données. Trois générations de lecteurs ont été développées : un premier connecté à un
PC, un second autonome connectable en Bluetooth à un téléphone, PDA ou ordinateur et le
dernier-né – conçu avec Detracom, spécialiste des radiocommunications – est intégré à un radiotéléphone professionnel pour
équiper les forces de l’ordre.
Car la PME ne veut pas se limiter à l’authentification des objets.
Prooftag a développé depuis deux
ans des solutions au Burkina Faso
pour authentifier les documents
douaniers. Elle vise désormais le
marché des documents officiels :
carte d’identité, passeport, vignette automobile, permis de
conduire et les certificats en tout
genre qui servent à les établir et
seraient, quant à eux, bien plus
facilement falsifiables. De quoi
faire !
ISABELLE BELLIN