Printemps : le plan social qui se cache derrière le rachat par le Qatar

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Printemps : le plan social qui se cache derrière le rachat par le Qatar
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Directeur de la publication : Edwy Plenel
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Au moins 226 emplois supprimés dans un
premier temps
Printemps : le plan social qui se cache
derrière le rachat par le Qatar
PAR MARTINE ORANGE
ARTICLE PUBLIÉ LE JEUDI 25 AVRIL 2013
Que va-t-il rester du Printemps, après sa revente
aux Qataris ? D’après les documents internes que
s’est procurés Mediapart, cela n’aura plus grand-chose
à voir avec le grand magasin connu. Oubliés les
couettes, les jouets, les casseroles, les meubles… tout
ce qui fait partie du grand bazar des grands magasins.
Le Printemps Haussmann, le seul qui intéresse les
acheteurs qataris, est appelé à devenir, au moins
dans un premier temps, un centre commercial, les
propriétaires comptant louer à prix d’or des espaces
pour des marques de luxe.
Un temple du luxe
Cet immeuble est appelé à devenir le royaume du
luxe pour les hommes. Dior, Vuitton, Omega, Weston,
Dolce Gabbana… Toutes les marques prisées par les
« beautifuls », ceux à la vie sur papier glacé ou
qui en rêvent, sont invitées à louer très cher des
espaces pour y vendre leurs produits siglés. Le groupe
espère augmenter son chiffre d'affaires de 163 millions
d'euros par cette seule transformation. Les taux de
marge prévus y sont impressionnants : 38 % pour
l'horlogerie, 36,7 % pour les chaussures. L'îlot 2 – le
premier magasin, transformé –, deviendra, selon le
projet, le plus rentable du groupe avec une marge de
plus de 17 %.
Un business plan précis a été établi par la direction
pour détailler l’évolution du grand magasin du
boulevard Haussmann. Nommé Arthur 3, ce document
a été achevé le 5 décembre 2012, afin d’être présenté
aux acheteurs qataris : l’accord de négociations
exclusives révélé par Mediapart a été signé le 21
décembre 2012.
Une transformation identique est prévue pour la
maison. Là encore, tout est appelé à être concédé aux
marques renommées. Avec comme objectif de devenir
« une référence unique et incontournable grâce une
expérience shopping renouvelée et unique » (sic).
Officiellement, ce plan n’existe pas. La direction a
nié son existence à l’intersyndicale du Printemps,
rassemblant la CGT, la CFDT, l’UGIT-CGT et la
SAPP, qui l’interrogeait sur le futur du groupe.
Pourtant, sur le papier, tout est déjà écrit. Le futur plan
d’action prévoit la suppression totale du rayon enfants,
du rayon bain, la division par deux des produits de
la maison, des arts de la table, des meubles. Dans la
foulée, on supprime aussi les services médicaux et
sociaux, les locaux du personnel et syndicaux.
Mais ces changements taisent le plan social qui se
cache derrière ce “plan d’action”. L’intersyndicale
du Printemps, à qui ce document a été montré,
a établi une première estimation des suppressions
d’emploi induites par le projet Arthur 3. Selon
ses calculs, ce sont au minimum 226 postes qui
paraissent condamnés par la première transformation
du Printemps Haussmann, sans compter les emplois
indirects dans les départements achats, logistiques,
comptabilité. Car toutes ces activités appelées à
disparaître sont gérées directement par le Printemps.
Les marques qui les remplaceront, elles, gèrent tout par
elles-mêmes. Les salariés dépendent directement des
marques. Ce sont souvent des employés intérimaires,
précarisés, employés au coup par coup et qui
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ne disposent d’aucune couverture sociale, d’aucune
convention collective. Le revers de la médaille de ce
monde du luxe.
Pour les syndicats, cette réorganisation prévue risque
d’être la première d’une longue série. Le plan Arthur
3 dévoile en effet la véritable nature du projet de
rachat par le Qatar : une opération immobilière
destinée à assurer une rente très lucrative et qui ne
s’embarrasse pas des salariés. À voir les millions
d’euros de commissions promis aux uns et autres (voir
les millions de commissions promis par le Qatar),
tout cela s’annonce comme une affaire très juteuse. Au
moins pour quelques-uns.
Sans attendre, la direction a déjà commencé à
mettre en œuvre le plan Arthur 3, avec, dès
décembre, les premières suppressions de points de
vente dans les Arts de table, pointe l’intersyndicale.
Tout s’est fait naturellement sans plan social. En
cinq ans, la direction du Printemps est parvenue à
supprimer plus de 900 emplois sans le moindre plan
d’accompagnement des salariés.
Directeur de la publication : Edwy Plenel
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