L`alimentation de l`enfant

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L`alimentation de l`enfant
L’alimentation de l’enfant
L’alimentation de l’enfant est souvent une préoccupation importante pour les parents, surtout
lorsqu’il s’agit de leur premier enfant. Dans cette fiche, il ne s’agit pas de proposer des recettes en
fonction de l’âge de l’enfant mais plutôt de comprendre quelle place tient l’alimentation dans les
soins quotidiens auprès de l’enfant et quel impact elle a dans la construction de son développement
affectif. Tout commence dès la naissance et même pendant la vie intra-utérine.
L’alimentation, les premières relations
Avec sa naissance, le nouveau-né passe des mois in-utero protégé à un univers étrange, rempli
d’odeur, de bruit et de couleur. Inquiet, il ne peut retrouver son bien être interne que si les
premières relations avec son entourage très proche (le plus souvent ses parents) sont suffisamment
accueillantes et sécurisantes. Ces relations sont « sécure »si elles sont ajustées aux besoins de
sommeil, d’échanges et de tendresse. L’alimentation, qu’il s’agisse du biberon ou de l’allaitement, est
l’un des supports importants à ces premiers échanges. Elle permet de créer avec le bébé un véritable
dialogue apaisant fait de tendresse corporelle, de paroles, de sourires et de regards bienveillants.
Etant donnée l’importance des qualités relationnelles lors de l’alimentation du bébé, il est
nécessaire, pour cela, que les parents se sentent à l’aise avec l’alimentation qu’ils proposent à leur
enfant. Doté de capacités relationnelles et d’une sensibilité très développée dès sa naissance, le
bébé ressent toujours ce qui se passe durant le temps du repas sur le plan émotionnel d’autant plus
qu’il existerait une angoisse de la mère et/ou du père.
Un bébé qui pleure n’a pas forcément faim.
Les pleurs sont les premières formes du langage oral pour signifier à son entourage qu’il ressent
une sensation désagréable, ce qui est très différent de ressentir une sensation « grave ». Le calmer
par le sein ou le biberon est souvent une réussite mais cela conduit aussi très souvent à des
aberrations alimentaires. En effet, plus tard, l’enfant en situation d’instabilité affective trouvera une
réassurance et un bien être en se remplissant d’aliments favorisants l’apparition de l’obésité.
Les pleurs du bébé sont donc des comportements d’attachement qui peuvent avoir plusieurs
significations :
Besoin de succion, besoin de câlins, besoin de relation, besoin de sommeil, besoin de
manger besoin de bouger, besoin d’explorer.
Pour savoir si l’alimentation est adaptée à l’enfant et notamment au nouveau-né, il n’est pas
nécessaire de le peser. L’observation de son comportement, de son sommeil, de sa forme physique,
de ses jeux est un élément très précieux qui permet aux adultes proches de l’enfant de savoir si celuici est suffisamment nourri.
L’alimentation, un temps d’apprentissage, de découverte, de convivialité.
Quel que soit l’âge de l’enfant, l’alimentation reste un apprentissage au même titre que d’autres
apprentissages.
Dès sa naissance, le bébé est toujours plus à l’aise avec les situations plus faciles. Dans le contexte de
l’alimentation, il est fréquent qu’un bébé préfère le biberon au sein et quelques mois plus tard
l’alimentation mixée aux morceaux. De même, le bébé possède très tôt des préférences alimentaires
avec lesquelles il s’est familiarisé durant les neuf mois de sa vie intra-utérine. En effet, le liquide
amniotique possède toutes les odeurs et saveurs transmises par l’alimentation de sa mère.
Le temps du repas est aussi un moment d’expérimentation de nouvelles saveurs. En partant de ce
qu’il connaît, il va pouvoir élargir son panel de connaissance et ce, tout au long de son existence.
Cependant, l’introduction de nouveaux plats dans l’alimentation de l’enfant devra s’adapter au
tempérament de celui-ci. Il y a des enfants plus ou moins explorateurs, plus ou moins prêts à de
nouvelles découvertes en fonction de leur curiosité et de leur tempérament. En s’adaptant à sa
personnalité et en lui laissant le temps de la découverte, l’adulte permet à l’enfant de prendre du
plaisir à goûter, à manger et à apprécier d’autres saveurs. Il est possible de lui proposer
régulièrement des plats nouveaux en famille sans toutefois le forcer, en lui laissant le temps de la
découverte tactile puis gustative avec ses propres moyens d’exploration (les mains, la bouche, dans
un premier temps) en favorisant une présentation attirante pour lui donner envie de goûter et de
manger.
Ainsi, le temps du repas devient un temps de plaisir, d’apprentissage, de découverte, de convivialité
et de partage. L’adulte doit prendre le temps de solliciter et d’encourager l’enfant à devenir
autonome et désireux d’exploitation dès que possible en fonction de son développement. A partir de
18 mois - 2 ans, l’enfant commence à avoir une alimentation proche de celle de l’adulte. C’est
notamment à l’occasion des repas en famille que l’enfant construit peu à peu son comportement
alimentaire en se référant à celui de ses parents et aux limites qu’ils vont poser .Cet
accompagnement éducatif peut protéger l’enfant d’éventuelles dérives alimentaires (obésité ou
restrictions alimentaires) devenues à ce jour un problème de santé publique. Une remarque
cependant : durant la première année de vie, l’enfant va se constituer des réserves en vue de sa
motricité et de l’acquisition de la marche autour de 1 an. Cependant, s’il possède une alimentation
variée et équilibrée, il perdra ses « rondeurs »lorsqu’il fournira d’importants efforts pour réussir à
marcher.
L’alimentation, un temps d’opposition.
L’alimentation, au même titre que le sommeil, est une des situations sur laquelle l’enfant va
s’opposer d’autant plus s’il sent que ses parents sont très sensibles au fait qu’il ne mange pas du fait
d’un éventuel risque vital. Si ce n’est qu’un enfant ne se laissera pas mourir de faim. Cependant, très
vite conscient de la préoccupation des adultes concernant les repas, l’enfant devient très jeune
capable d’opposition active ou passive dans l’attente d’une réaction de la part de son entourage. Le
conflit devient important pour l’enfant car il l’aide à se structurer et à s’autonomiser. C’est dans ce
contexte que la réaction de l’entourage doit être adaptée, ferme sans violence, compréhensive sans
être permissive, sereine sans être indifférente. La qualité de cette réaction permettra, en partie, la
mise en place de repères éducatifs stables, nécessaires au développement de l’enfant.
Par exemple, si l’enfant refuse de se nourrir, les parents peuvent dire « Je vois que tu n’as plus
faim »et ils lui proposent un dessert (pas deux !) « Si tu n’as plus faim, tu peux sortir de table. Le
prochain repas est à 16 heures » par exemple après le repas de midi. Si le parent dit ce qu’il fait mais
surtout fait ce qu’il dit, l’enfant pourra s’ajuster à la demande de son père et/ou de sa mère. A 16
heures, les parents lui proposent le goûter comme s’il ne s’était rien passé à midi.
La colère parentale ou les efforts multiples à trouver le bon repas pour l’enfant ne font que
cristalliser le conflit autour d’une situation de repas. L’enfant se sent alors tout puissant vis-à-vis de
ses parents en exerçant un chantage affectif autour de l’alimentation. Pour arrêter une situation
conflictuelle concernant l’alimentation, le parent doit réussir à s’en dégager émotionnellement et
doit poser ses limites auprès de l’enfant avec fermeté sans autoritarisme.
Par ailleurs, il existe un âge pour lequel l’enfant sera plus sélectif, il se situe entre 18 mois et 4 ans.
Cette période développementale correspond à celle de l’opposition et de la découverte du monde.
C’est aussi un âge au cours duquel l’enfant comprend qu’il peut avoir avec son comportement un
impact sur ses parents.
Si toutefois, des conflits s’installent autour de l’alimentation avec l’apparition de déviance dans le
comportement alimentaire de l’enfant (obésité ou restriction alimentaire, il est nécessaire que les
parents consultent avec leur enfant, un pédiatre ou un pédopsychiatre pour comprendre ce qui
serait de l’ordre de difficultés alimentaires, de difficultés et/ou relationnelles.