Focus sur l`archive du videoart Festival de Locarno

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Focus sur l`archive du videoart Festival de Locarno
10, rue des Vieux-Grenadiers 1205 Genève www.centre.ch www.image-mouvement.ch
Dans le cadre de la plateforme
le Centre présente un programme de films sur moniteurs au 4e étage :
FOCUS SUR L’ARCHIVE DU VIDEOART FESTIVAL DE LOCARNO (1980-2001)
en collaboration avec le Museo Cantonale d’Arte de Lugano
14.9 – 25.11.2012
JEUDI 8 NOVEMBRE À 19H
SOIRÉE DE PROJECTION ET DE DISCUSSION
Point de départ : La Galleria Flaviana, Locarno (1962-1980)
RINALDO BIANDA (1931-2001), galeriste, éditeur, artiste, promoteur d’événements culturels et fondateur du
mouvement écologique tessinois, a dédié toute sa vie à l’art. Il a constamment réfléchi sur l’évolution de la
recherche esthétique dans le domaine des nouvelles technologies et s’est engagé sans répit à promouvoir les
formes d’art les plus novatrices.
Son aventure commence en 1962, quand il décide d’ouvrir la Galleria Flaviana à Piazza Grande à Locarno. Il y
présente les œuvres des acteurs marquants de l’art du 20ème comme JEAN ARP, LUCIO FONTANA,
PAUL KLEE, MARC CHAGALL. En août 1967, à la fin de l’exposition consacrée au Pop Art, la galerie accueille
un grand happening dont le public devient lui-même le protagoniste. L’événement déclenche un vif débat dans
les journaux locaux sur le sens de l’art, qui se termine par le déplacement de la galerie de Locarno à Lugano.
Dans l’ébullition culturelle qui caractérise les années 1968, la galerie se transforme de plus en plus en
laboratoire de recherche et d’expérimentation, ouverte aux expériences les plus novatrices qui murissent à
l’échelle internationale. En témoignent le concert de Fluxus, avec lequel la nouvelle galerie est inaugurée, et
l’exposition « Contempl'azione » à laquelle participent de nombreux artistes qui dans ces années gravitent
autour du mouvement de l’Arte Povera : BOETTI, FABRO, NESPOLO, MONDINO, PIACENTINO,
PISTOLETTO, ZORIO, BONALUMI.
En 1978, la galerie revient à Locarno et devient un véritable laboratoire où les moyens sont mis à la disposition
des artistes pour produire des projets graphiques, photographiques et vidéo.
Naissance du VideoArt Festival de Locarno (1980)
En 1980, en parallèle de l’exposition « Ciné-graphie », dédiée à la représentation du mouvement dans l’art,
RINALDO BIANDA organise la première édition du VideoArt Festival de Locarno, manifestation à laquelle il va
désormais consacrer toute son énergie. Dans ces années, dominées par un retour en force de la peinture, la
vidéo, élément crucial dans les recherches artistiques des années 1960-1970, ne jouit par encore de la
renommée qu’elle aura plus tard. Première manifestation en ce genre, le VideoArt Festival de Locarno fait
figure d’événement pionnier, dont le but n’est pas seulement celui de présenter les travaux des artistes, mais
aussi de donner naissance à un observatoire international sur les nouvelles technologies. C’est ainsi que se
crée une véritable plateforme de recherche scientifique autour de l’art vidéo, notamment grâce aux colloques
et aux symposiums pointus organisés au Monte Verità, en collaboration avec RENE BERGER (critique d’art,
Lausanne). De ces différentes rencontres entre chercheurs et spécialistes de l’art vidéo et des nouvelles
technologies naît en 1981 l’Association internationale pour la vidéo dans l’art et dans la culture (AIVAC), qui
prend en charge la direction scientifique du festival et attribue chaque année le Laser d’Or.
C’est ainsi que dans les premières années du VideoArt Festival, plusieurs pionniers de l’art vidéo passent par
Locarno, comme NAM JUNE PAIK (Laser d’Or en 1982), JEAN-PAUL FARGIER (rétrospective 1984), STEINA
et WOODY VASULKA (rétrospective 1994), KATSUHIRO YAMAGUCHI (rétrospective 1995), ROBERT CAHEN
(rétrospective 1996), GIANNI TOTI (rétrospective 1997). Les années suivantes le Festival s’élargit au territoire
péninsulaire voisin de Cannobio, Verbania, Maccagno et s’ouvre aux évolutions les plus récentes de la
communication digitale, intégrant également, dès 1994, les expériences liées à Internet.
Du Festival à l’Archive (2000 – aujourd’hui)
En l’an 2000, RINALDO BIANDA fait don de l’archive du VideoArt Festival de Locarno au Museo Cantonale
d’Arte de Lugano, qui depuis est en charge de sa sauvegarde et de sa conservation. La majeure partie de
l’archive a notamment pu être digitalisée grâce à la collaboration avec Memoriav (Association pour la
sauvegarde de la mémoire audiovisuelle suisse). Avec plus de 3'500 titres, cet archive rassemble les 20
éditions du VideoArt Festival de Locarno et représente l’un des ensembles les plus importants et complets au
niveau international. Il permet de documenter l’évolution du langage multimédia dans le domaine artistique : de
la vidéo, aux nouveaux langages télévisuels au cinéma électronique, des années 1960 à aujourd’hui.
Focus sur l’Archive du VideoArt Festival de Locarno (1980-2001)
Le programme présente une sélection d’œuvres à partir de l’archive du Videoart Festival de Locarno - qui avait
déjà été présentée lors de l’exposition « Il tempo, la luce e la materia », conçue et réalisée par MARCO MARIA
GAZZANO (curateur et ancien directeur du Festival) au Museo Cantonale d’Arte de Lugano en 1996. Le
programme propose cinq chapitres sur différentes thématiques, pour une durée de deux semaines par thème,
présentant une totalité de 27 œuvres.
PROGRAMME 1
L’ART DE COMPOSER LA MUSIQUE AVEC LA VIDÉO (13.9 -23.9.12)
La première installation vidéo « 13 Distorded TV sets » (1963) du père de l’art vidéo NAM JUNE PAIK (19322006), donne naissance à un nouveau langage : un savant mélange entre télévision, publicité, cinéma et
nouvelles technologies électroniques, où l’artiste arrive à composer de la musique avec le médium de la vidéo.
La relation entre image, son et musique devient un sujet de prédilection pour les artistes de la première
(1960-1970), de la deuxième (1970-1980) et de la troisième génération (1980-1990).
- NAM JUNE PAIK, « Beatles Electroniques », USA, 1966-69, 3’
- NAM JUNE PAIK, « Electronic Moon n°2 », USA, 1969, 5’
- NAM JUNE PAIK, « A tribute to John Cage », USA, 1973-76, 29’
- STEINA VASULKA, « Voice windows », USA, 1986, 8’
- JAROSLAW KAPUSCINSKI, « Variations Mondrian », Pologne/France, 1992, 10’
PROGRAMME 2
PEINTRES, POÈTES ET VIDÉO EN ITALIE (25.9 - 7.10.12)
En Italie se développe un mouvement qui lie arts visuels, peinture et narration électronique, dont les artistes
se forment et produisent leurs œuvres dans l’historique Centro Videoarte di Palazzo Diamante à Ferrara, crée
et dirigé par LOLA BONORA de 1974 à 1994. La recherche esthétique et narrative dans les arts électroniques
italiens donne également naissance au « computer art », dont le collectif milanais CORRENTI MAGNETICHE
et l’artiste romaine IDA GEROSA sont parmi les plus illustres représentants.
- FABRIZIO PLESSI, « Back Water. Remare all’indietro », Italie, 1974-84, 18’
- MAURIZIO CAMERANI, « Pensieri domestici », Italie, 1983, 6’
- CHRISTINA KUBISCH, « Stille Nacht », Italie , 1975, 4’
- FEDERICA MARANGONI, « Il volo impossibile », Italie, 1983, 5’
- MAURIZIO BONORA, « Sisma (close up) », Italie, 1984, 11’
- ENZO MINARELLI, « Chorus », Italie, 1984, 4’38’’
- GIORGIO CATTANI, « Prisma », Italie, 1984, 8’
- FLAVIA ALMAN & ANGELICA NASCIMENTO, « Photosyntesi », Italie, 1990, 2’30’’
- MARIO CANALI, « Form in progress », Italie, 1990, 4’30’’
- IDA GEROSA, « Trip to ideal city », Italie, 1993, 3’
PROGRAMME 3
L’ART VIDÉO DANS SA MATURITÉ : LA VISION, LA PAROLE, LE MYTHE (9.10 - 28.10.12)
Il s’agit de l’art vidéo de la troisième génération (1980-1990), qui réfléchit radicalement sur les nouvelles
formes de narration cinématographique et les liens possibles entre les différents codes expressifs et
médiatiques. Les artistes vidéo témoignent d’une parfaite maîtrise des nouvelles technologies électroniques,
qui leur permet de transgresser et de mélanger avec aisance les frontières entre peinture, cinéma, télévision,
publicité, musique, performance et littérature.
- ERIC LANZ, « Orphée », Suisse, 1986, 6’15’’
- JOHN SANBORN, « Cause and Effect », USA, 1986, 10’
- JEAN-LUC GODARD, « Puissance de la parole », France, 1988, 25’
- IRIT BATSRY, « Leaving the old ruin: contamined view », USA, 1989, 8’
PROGRAMME 4
VERS LES ANNÉES 1990 : LE CORPS, LE PASSÉ ET LA DÉMATÉRIALISATION (30.10 - 11.11.12)
Les nouvelles technologies électroniques et télévisuelles, la haute définition, le montage cinématographique
non linéaire, la caméra portable, les ordinateurs rattachés au web et les banques de données audiovisuelles,
transforment le langage de l’art vidéo de la dernière génération (1990-2000), qui devient toujours plus
multimédia. Le corps et la mémoire s’affirment comme thèmes de l’art vidéo avec une force originale et
presque physique, complices de la nouvelle tactilité de l’image électronique.
-
TERRY FLAXTON, « The world within us », Grande Bretagne, 1988, 16’
JULIE KUZMINSKA, « Archaos (cirque) », Grande Bretagne, 1990, 11’
RAPHAEL MONTANEZ ORTIZ, « Dance Number 22 », USA; 1992, 4’
ENRIQUE FONTANILLES, « Absence », Suisse, 1994, 14’
PROGRAMME 5
VOYAGE LITTÉRAIRE ET INTÉRIEUR (13.11 – 25.11.12)
Dans « Joyce digital » (1984) JEAN-PAUL FARGIER (rétrospective en 1984) reprend la technique de
composition adoptée par JAMES JOYCE dans « Finnegans wake » (1939), où le poète et romancier irlandais
utilise le mélange d'une soixantaine de langues différentes, des mots peu courants et de nouvelles formes
syntaxiques, qui rendent le langage peu compréhensible. JEAN-PAUL FARGIER fait lire à plusieurs artistes des
extraits du même roman, décompose l’image en mosaïques, et livre ainsi une vision kaléidoscopique du dernier
opus de JOYCE.
En 1995, PATRICK DE GEETERE gagne le Grand Prix de la Ville de Locarno avec son film « Jeanne ». Voyage
intime dans la vie d’une femme, à travers des images d’archives relatant son passé de grande voyageuse et
des images prises en temps réel, lors de la maladie et de la lente agonie qui la mène à la mort. PATRICK DE
GEETERE s’apparente à la tradition de la vidéo dite narrative, qui raconte une histoire, qui met en jeu le corps
de l’artiste ou celui d’un autre personnage choisi par l’artiste. Ici c’est celui de « Jeanne », dont on voit le
corps traverser les âges et les épreuves.
- JEAN-PAUL FARGIER, « Joyce digital », France, 1984, 34’
- PATRICK DE GEETERE, « Jeanne ». France, 1995, 33’
Un projet de Laura Györik Costas.
EN PARALLÈLE :
BOURSES. Ville de Genève – Fonds Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland pour la jeune création
contemporaine
5.09 – 14.10.2012