Depuis la terre d`Assise et Francis l`esprit de prophétie
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Depuis la terre d`Assise et Francis l`esprit de prophétie
MASSIMO COPPO Depuis la terre d’Assise et Francis l’esprit de prophétie IACA – Secteur de vulgarisation www.iaca.it Publication éditée par : IACA International Association For Christian Action 06081 Rocca Sant’Angelo – Petrignano di Assisi (PG) Tel. (0039) 75 / 803 84 08 www.iaca.it [email protected] Traducteur Fabrice Harschene Titre original: Dalla terra di Assisi e di Francesco lo Spirito di profezia Coordination éditoriale Angela Grösser Photographies Emmanuela Ciai A Daniel Ciai, le “rejeton” Le témoignage de Jésus, c’est l’esprit de prophétie (Apocalypse 19,10) Indice Objectif La prophétie sur l’effondrement de l’économie Chapitre I Le tremblement de terre économique Extraits d’une histoire prophétique Chapitre II La semence Chapitre III Un conseil d’ami Chapitre IV Le code sémitique Chapitre V Genèse d’une communauté Chapitre VI A Viole Chapitre VII Amour et paix Chapitre VIII Nous nous habillions en haillons Chapitre IX Des irréguliers Chapitre X Une béni règle de vie ChapitreXI Ora et labora Chapitre XII A Rocca Sant’Angelo Chapitre XIII En sac Chapitre XIV Des hérétiques à Assise Chapitre XV Guido Ceronetti: « Les prophéties fumeuses de Marcello» Chapitre XVI A Gaiche Chapitre XVII Retrait de permis Chapitre XVIII A la télévision Chapitre XIX Dans l’Encyclopédie des Religions Chapitre XX L’Eglise. Ensemble. Finalement ! Chapitre XXI A la discothèque Chapitre XXII Le rejeton Chapitre XXIII Et maintenant ? Bénévolat chrétien : la IACA Chapitre XXIV Naissance d’une association Chapitre XXV Accueil Chapitre XXVI En mission : quand la terre tremble Chapitre XXVII En mission : quand la terre glisse Chapitre XXVIII En mission : quand la terre brûle Chapitre XXIX Une façon particulière d’éteindre un incendie Chapitre XXX Internet, une nouvelle frontière de mission Chapitre XXXI Projets et rêves La fin du monde Chapitre XXXII Réjouissez-vous : le grand jour est proche Post-scriptum Vue aérienne d’Assise Objectif « Va, François, et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines» : Dieu a vraiment parlé, à Assise, il y a huit siècles, à un jeune baptisé Jean par sa mère mais que son père, Pierre Bernardone, voulut ensuite, comme on le raconte, appeler François. « Le silence de Dieu est plus tragique que la guerre » - écrivit Jean-Paul II- « Le Créateur en silence semble enfermé au Ciel et ne se révèle plus… On se sent seuls et abandonnés, privés d’espérance… » Voilà, l’objectif de ce livre, il s’agit de montrer que c’est justement ici dans cette terre glorieuse d’Assise, visitée chaque an par des millions de personnes provenant du monde entier, que Dieu a rompu une fois de plus le silence, et il est vraiment en train de parler encore à l’Eglise et au monde. Singulier « privilège » pour Assise ! Au début de ce livre, je ferai référence à une des prophéties reçues il y quelques années par un homme de la région, qui les a partagées, tout d’abord à son confesseur, et puis les a divulguées peu à peu au grand public. C’est surtout la dramatique prophétie pour ne pas dire tragique sur l’effondrement de l’économie mondiale, révélée en 1995, qui nous intéresse actuellement. Mais pour mieux comprendre comment et par qui ces prophéties nous sont parvenues, je raconterai ensuite l’histoire « prophétique » particulière qui en décrit le contexte, un récit commencé il y a quarante ans dans cette province mythique de l’Ombrie : des événements personnels et communautaires passionnants et difficiles qui ont abouti à la création d’une association active de bénévolat chrétien ; dans laquelle les prodiges de la foi et les mystères de la prophétie s’entremêlent à des initiatives et des épisodes passionnant d’un engagement social et de solidarité humaine. Enfin, en guise de conclusion, plutôt que d’avoir peur de s’immerger dans un sujet aussi délicat que celui de la prophétie (largement manipulé, et donc discrédité, par plusieurs sectes et de faux « prophètes » autoproclamés), nous devons accueillir avec confiance les véritables paroles que l’Esprit de prophétie adresse aux croyants et au monde parce que, bien que dérangeantes, elles ont comme but final de consoler et fortifier ceux qui les reçoivent dans la foi, l’espérance et la charité. C’est pour cela qu’afin de vivre ces trois vertus dans les temps difficiles de l’histoire humaine et d’arriver à l’accomplissement de cette glorieuse prophétie, l’Eglise ne se lasse pas de répéter depuis 2000 ans : Jésus Christ, le Ressuscité, reviendra et son règne n’aura jamais de fin. Règne d’amour, de joie et de paix. Alors : Maranatha ! Viens, Seigneur Jésus ! Chapitre I Le tremblement de terre économique « Les industriels, les commerçants et les dessinateurs de mode seront confus et blêmiront. L’économie s’effondrera et les ouvriers resteront consternés… » C’est ce que prédisait la prophétie sur l’effondrement de l’économie qui, de l’Amérique au Japon, a mis en crise les sécurités, les projets et les vies de milliards de personnes ; reçue, en été 1995, par un homme de la région d’Assise répondant au nom de Marcello, qui venait de se remettre d’une maladie très grave. Cette même personne avait eu peu de temps avant une parole de prédiction – devenue à présent largement connue – sur le séisme qui se produisit ensuite à Assise en 1997. « Que les dirigeants de la science sont intelligents ! », - lit-on dans la prophétie sur l’effondrement de l’économie mondiale – « Les plus doués des conseillers du Président forment un conseil stupide… Les sages sont devenus stupides, et ils trompent les illustres maîtres, à tel point qu’ils induisent en erreur tous leurs dirigeants…» C’est précisément ainsi : ils ne comprennent plus rien, ils ne savent pas comment endiguer ce crash économique avec ses conséquences tragiques, incalculables, dont la portée dépasse de loin les prévisions et les analyses des plus grands économistes. « Prophétise ! » « Que vais-je prophétiser? » « Crie ! » « Que devrai-je crier ? » : C’est ainsi que commence cette prophétie, avec un cri d’alarme, suivi d’un récit anticipé et impressionnant sur des événements qui, à cette époque précise, commencèrent à s’enchaîner de façon croissante et incessant : « Je vois une procession de réfugiés en deuil, malades, blessés, suspendus au cou… Apportez de l’eau ! Apportez du pain aux fugitifs ! Pour qu’ils ne dépérissent pas et ne meurent. » Et ensuite : une pénible liste sans fin de conflits entre les hommes, à tout niveau : familial, social, politique, racial : « Je dresserai l’orgueil contre l’orgueil et l’homme contre l’homme, la femme contre la femme…épouse contre mari, mari contre épouse… pouvoir contre pouvoir, race contre race, classe contre classe… » Et finalement, après d’autres « signaux d’avertissement», l’effondrement global de l’économie avec l’impuissance des super-experts, et la consternation des travailleurs. « Ils feront appel à des mages, des astrologues et devins » dit-on (quelque chose de déjà largement pratiqué, même au sein des dirigeants et du gouvernement soi-disant « de très haut niveau ») mais : « Ils ne feront rien de bon… ». Les prophéties véridiques, celles qui viennent de Dieu, non seulement, elles « prévoient » et « prédisent », mais surtout elles « révèlent » la raison fondamentale de ces événements ; et ce passage « je dresserai l’orgueil contre l’orgueil » renferme tout. Mais ensuite ils indiquent aussi une porte de sortie, parce que le Dieu qui parle à ses créatures et un bon « Père ». Dans cette prophétie, il y a ainsi un appel poignant qui retentit : « Venez, venez et demandez ! Convertissez-vous tant que c’est encore le matin… » En l’honneur de Rina Ricciarelli Ciai Pendant qu’il était en train de chasser dans le marais du Lac Trasimeno près du vieil aéroport de Castiglione del Lago… Chapitre II La semence Il y a plus de quarante ans, sur les rives du lac Trasimeno, un homme absorbé par la chasse de bécassines, vit tout à coup « quelque chose ». C’est seulement bien plus tard, lors d’une convalescence à la suite d’une grave maladie que cette homme – appelé Marcello – partagea pleinement cette expérience peu commune. Cet événement fut rapporté dans le « Prologue » d’une publication éditée en peu d’exemplaires par la Iaca en 1995 et intitulée « Il sacchetto con 10 covoni » (NdT: « Le sachet de 10 gerbes » : l’explication de ce titre peu clair exigerait un traitement à part). Guido Ceronetti reprit « l’incipit » de ce récit dans un article publié sur la page « Société et Culture » de La Stampa de Turin le 6 mars 1998. « Pendant qu’il était en train de chasser dans le marais du lac Trasimeno près du vieil aéroport Castiglione del Lago, un homme d’Assise, Marcello Ciai, le vingt-neuvième jour du onzième mois de l’an mille neuf cent soixante-sept, eut une vision qui marqua profondément sa vie jusqu’à le convertir à Dieu. » Le compte-rendu de cette vision suscite un sens du mystère et une sainte crainte. « Tout à coup, mon regard fut attiré irrésistiblement en haut. Je regardai en l’air vers l’orient et voici… qu’une formation longue, fantastique et parfaite comme de grosses lentilles d’agrandissement. Elles étaient grises comme la fumée et elles avançaient deux à deux en allant tout droit devant elles-mêmes. Tout d’un coup, quatre de ces formes opalescentes se détachèrent des autres, pour se laisser glisser en-dessous lentement pour arriver sur les roseaux en face de moi. J’eus la claire perception que les formes étaient animées. Un peu encore avant que je ne parvins à me diriger vers elles, je les vis se lancer de façon foudroyante vers le ciel, pour rejoindre les autres qui étaient en train de disparaître à travers la voûte nuageuse. » D’après les documents sur les observations d’OVNI que la France – premier pays à les divulguer – a décidé de rendre publics, il apparaît qu’un des premiers cas signalés était justement un gros objet volant en forme de « lentille », vu par des passagers d’un avion de ligne. Mais en réalité dans l’épisode de Trasimeno, il y a quelque chose de bien plus profond que ce que l’on peut lire par rapport aux apparitions « normales » d’ « objets non identifiés », et en plus, les suites données à cet événement peu commun n’eurent pas un sensationnalisme immédiat. Marcello ne parla que des années après, parce que, comme on le lit dans le « Prologue » de la publication cité au début, « à la suite de cette vision, il se sentit mal pendant trois jours ; et il en resta perturbé pendant une longue durée. Mais c’est à ce moment-là qu’il commença a regarder en haut, à s’ouvrir aux réalités célestes et invisibles, à chercher ce qui transcende l’esprit et la science humaine, à penser au surnaturel, à Dieu. » François d’Assise avait choisi le lac Trasimeno comme un de ses lieux de retraite. Peut-être, au bout d’un de ces carêmes qu’il y passait en jeûnant, priant et souffrant pour les autres, il y aura laissé une prière particulière et une bénédiction : une semence qui des siècles après aurait germé sur la rive du lac, en faveur de son compagnon de cette terre et d’autres avec lui. Qui sait… Chapitre III Un conseil d’ami Ce que Marcello avait cherché jusqu’alors, c’était l’argent, le succès, les femmes…comme tant de gens. Le bonheur, somme toute, comme beaucoup se l’imaginent. Et en matière « d’affaires séculières », il s’était débrouillé, avec un certain succès, dans diverses activités commerciales et industrielles. Mais à présent, le sens du divin, du transcendant le poussait à dire, avant de s’endormir : « Si tu es là, tu es Dieu, tu es Père, tu es Amour, et je suis ton fils : est-il possible que tu ne trouves pas un moyen de communiquer avec moi ? » Le temps passé au cours duquel Marcello adressait avec persévérance cette simple prière sincère au Ciel, la réponse du Père arriva et c’était : Jésus lui-même, le Verbe de Dieu, l’Amour de Dieu, envoyé à Marcello pour une « rencontre » céleste et stupéfiante qui sera relatée dans le chapitre suivant. Entre-temps, Marcello, demandait de l’aide spirituelle de ceux dont il pensait qu’ils vivaient une véritable expérience de foi. Il avait, parmi ses amis, un « croyant » qui avait déjà abandonné sa carrière professionnelle et l’environnement nanti dont il était issu, pour vivre côté à côté avec des jeunes et moins jeunes ayant non seulement besoin d’un « centre d’assistance », mais en plus de quelqu’un qui les aime et souffre avec eux jusqu’au bout. Ce « bon ami » sut donner à Marcello un conseil « éclairé »/ « Chaque nuit, avant de te coucher, tourne-toi vers l’orient, et lis ce psaume… » Marcello, en tant que diligent «apprenti », suivit à la lettre et fidèlement cette indication ; et tous les soirs, avant d’aller au lit, il lisait à voix haute : « Toi qui habites à l’abri du Très-Haut et demeures à l’ombre du Tout-Puissant, dis au Seigneur : « Mon refuge et ma force, mon Dieu en qui je me confie…» Un traité à part pourrait être écrit sur la « portée » de ce psaume messianique (le n° 90 du Psautier) : notre Seigneur devait beaucoup l’apprécier, tant et si bien que Satan le lui cita – manifestement dans un esprit de tromperie – pour l’induire à faire une entrée triomphale à Jérusalem non pas à dos d’âne, mais en volant en dessous du pinacle du temple… Chapitre IV Le « code sémitique » Je fis la connaissance de Marcello deux années après sa conversion. J’étais rempli de certitudes doctrinales et d’incohérences morales – je dirigeais alors un Centre Biblique Universitaire à Pérouse - ; mais cet homme me parlait du Seigneur Jésus comme s’il le connaissait réellement… et c’était exactement ainsi, parce qu’il l’avait vraiment « vu ». J’étais alors très sceptique et prudent sur les phénomènes de mysticisme : j’avais tellement vu de supercheries. Mais ce que je commençai à connaître sur les expériences spirituelles de Marcello, et ce dont j’ai été ensuite témoin pendant de nombreuses années, ne m’a jamais fait douter de la réalité de ce que cet homme a reçu de Dieu. Je me souviens d’une des première fois où j’allais le voir à sa maison, sur les pentes du Subasio, c’était en 1980. Il vivait à présent là, de façon modeste, mais avait d’autres « richesses » à montrer. En ouvrant un volume de l’Encyclopédie Italienne Treccani, il m’indiqua, dans un tableau comparatif des alphabets anciens, trois lettres de l’alphabet sémitique méridional : il les avait « vues » - et annotées dans un carnet, au réveil – au cours d’une vision nocturne qui avait définitivement changé sa vie deux ans auparavant. Ce récit – comme tant d’autres de ses expériences spirituelles - n’a été intégralement partagé et publié qu’en 1995. Nous en rapportons ici au moins une partie : juste ce qu’il faut pour donner un goût de la « Bonté divine », et à quel point ses actions sont insondables et fascinantes avec nous les humains, seulement pour qu’il voie en nous un peu de bonne volonté. « Tandis que je dormais, je fus ravis jusqu’au Paradis. Dans l’endroit que je rejoignis, des hommes assis autour d’une longue table étaient en train de prier sous la direction de celui qu’ils appelaient le « Maître » : une silhouette majestueuse qui se distinguait au milieu d’eux, avec une longue barbe et de longs cheveux, et dont la face était impénétrable. Pour moi, il n’y avait pas de place à la table ; toutefois, là par terre, je vis une pierre attirante et je m’assis dessus, juste en face de celui qui était le Seigneur Jésus... Le Maître me déposa de sa main droite une espèce d’écriteau et me dit : « Maintenant, c’est à toi de lire ». Je compris que c’était justement moi qui devais lire, je pris donc seul l’écriteau timidement, tout en ayant peur de ne pas satisfaire le Maître. C’était un moment dur et difficile pour moi. Je me mis à lire la première feuille, mais ma lecture n’était pas fluide, parce que je ne comprenais pas bien. Le maître insista pourtant afin que je lise mieux, et je recommençai donc depuis le début et lus correctement. Tout à coup, je trouvai dans ma main comme un parchemin céleste, brillant, sur lequel n’étaient plus inscrits des mots mais des signes carrés en relief qui m’étaient inconnus, comme imprimés sur la peau même. Ces signes, je pouvais les voir de mes propres yeux et les toucher du bout des doigts, mais j’étais incapable de les déchiffrer et encore moins de les lire. Je m’arrêtai donc, ne sachant plus continuer ; j’éprouvais du regret de ne pas savoir mener à bien ce que le Maître avait demandé. Mais certains hommes précités se tournèrent vers moi et me dirent : « Nous t’aiderons, calme-toi.» C’était seulement après sept mois que je revis avec stupéfaction ces caractères sur une table des alphabets antiques, dans une encyclopédie qui était arrivé chez moi récemment. Parmi les caractères sémitiques méridionaux, je reconnus les lettres « BETH, « HE » et « HETH ». Et je découvris qu’elles indiquaient les strophes correspondantes du Psaume 118 (119). Un psaume unique en son genre, dans lequel avec une tension constante entre l’amour et la crainte, le serviteur du Seigneur demande et obtient que Dieu lui révèle directement, au plus profond de son cœur, ses enseignements. Ce psaume devint ainsi ma prière fervente et constante. » Chapitre V Genèse d’une communauté En l’entendant parler de sa conversion, plutôt que d’avoir cherché Dieu, Marcello s’était senti « cherché » par Dieu. Maintenant, le fait que Dieu nous cherche tous, constitue une vérité bénie et sacrosainte, exprimée par de nombreux passages univoques des Saintes Ecritures (par exemple : l’Apôtre Paul écrit à Timothée que « Dieu …veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. », 1 Timothée 2. 3-4) ; une vérité établie par les paroles mêmes de Jésus « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (2vangile selon Saint Luc 19,10). Mais il est bien vrai que Dieu, dans son impénétrable bienveillance, fait irruption de façon toute particulière dans la vie de certains. Seulement voilà, ces « privilégiés » sont en réalité appelés à témoigner et à souffrir pour le bien de la multitude. Le fait est que la vie de Marcello s’est totalement tournée vers la recherche de ce qui plaît à ce Jésus par lequel il s’était senti cherché et duquel il était resté fasciné. Il était tombé amoureux du Christ et voulait par conséquent suivre sa Parole : il n’y a peutêtre pas meilleure illustration de ce que signifie vraiment « être chrétien.» Cet amour le poussait à faire pénitence pour les péchés qu’il voyait à présent dans sa vie passée, pour le mal qu’il reconnaissait avoir commis aux autres ; et à chercher des frères à aimer et avec lesquels partager les charges, et d’être d’ « un seul cœur et une seule âme» : exactement comme ce qui est écrit des croyants des premières communautés chrétiennes dépeintes dans les Actes des Apôtres. En réponse à ses prières, en 1981, une petite et singulière communauté commença à se rassembler autour de Marcello et de sa famille dans la maison de Viole à Assise. Cette communauté était composée de personnes de différents pays et de diverses cultures, réunies dans le désir de réaliser l’amour envers Dieu et le prochain, unies dans le partage effectif des biens matériels, talents, capacités, joies et douleurs. Chapitre VI A Viole Viole – appellé maintenant « San Vitale » - forme un petit village à quelques kilomètres d’Assise en direction de Foligno. La maison où nous vivions dans les premiers temps, était une vieille ferme restaurée, sur deux étages, située au-dessus du village. Tout autour, on y trouvait des oliveraies, sur cette « terre rouge » rocheuse idéale pour les olives, mais moins bonne pour y implanter un potager . Cependant, nous étions parvenus à en cultiver un et le produit de la récolte surprenait tout le monde. Il y avait également un poulailler ainsi qu’une oie qui circulait librement mais que Marcello avait réussi à domestiquer : il fallait débusquer où elle pondait ses œufs et on en remplissait des paniers entier. Marcello habitait là depuis un bon bout de temps avant que la communauté ne voie le jour, et quelque chose de peu commun y était déjà survenu : comme quand la femme qui contribuait aux tâches ménagères, rapporta que le soir avant et depuis son habitation située plus haut sur le mont, elle avait vu un feu qui brûlait sur le toit de la maison de Marcello. Et c’est justement au cours de cette soirée-là que Marcello était à son domicile en prière avec ses amis croyants. Dans le village, on commença à voir les membres de la communauté, vêtus de tuniques colorées, qui disaient comme salutation « amour et paix » ; pour ne pas parler du fait qu’ils déambulaient dans leurs habits en sac, à pieds nus et en se frappant éventuellement la poitrine. Ce sont des points sur lesquels nous reviendrons. Mais entre-temps, cette présence faisait peur aux gens, qui percevaient dans la communauté quelque chose de profond, de sérieux et d’un peu mystérieux. Un peu au-dessus de la maison, une petite route de campagne serpentait en bordant la pente du Subasio, pour ensuite monter vers une petite chapelle dédiée à Saint Antoine abbé. C’est dans ces parages que Marcello se retirait en prière et en pénitence, tout en dormant dans un taudis de pierre construit sur une vieille carrière abandonnée; Et c’est dans cet endroit que toute la communauté se rendait parfois, en partant de Viole dès l’aube, pour arriver à temps à la Messe célébrée par un prêtre allemand, singulier appartenant aux franciscains conventuels : Père Beltram. Marcello l’avait rencontré là-bas durant une de ses retraites, autant dire que c’était une réponse à ses prières. Chapitre VII Amour et paix « Dans ces temps-là », écrivit Marcello dans le mémorandum qui devait servir comme base d’une règle à présenter à l’Evêque « je proposais de se saluer en disant « Amour et paix », convaincu que la vraie paix peut seulement venir de l’amour de Dieu. Ce salut n’est pas quelque chose de conventionnel ou original, mais il doit être ressenti du profond du cœur… » Eh bien oui, il s’agissait là d’une salutation exigeante pour nous qui la formulions, et si elle ne venait pas « du profond du cœur », son bruit strident écorchait les oreilles des gens et les nôtres aussi. Toutefois, elle transmettait un véritable « message » pour tous, dans cette terre d’Assise où au fil des années tant de manifestations pour la paix se sont multipliées. La paix porte un nom et un visage : celui de Jésus Christ. Parce que c’est seulement en lui que nous pouvons puiser le pardon et l’amour de Dieu, pour ensuite pardonner et aimer ceux qui nous entourent, amis et ennemis. C’est seulement ainsi que nous pourrons vivre en paix, réconciliés avec Dieu, avec celui à qui on peut avoir fait du mal, avec les histoires mêmes de notre vie. Le Père Pietro Giorgi, ancien franciscain des frères mineurs du Monastère de San Damiano, nous demanda s’il pouvait adopter notre salutation dans sa correspondance. Nous avons accepté de bon gré : nous sentions son affection paternelle pour notre communauté, il se considérait comme « l’un des nôtres », une fois, il vint nous trouver, nous allâmes aussi quelques fois chez lui au Monastère où il était responsable entre autres de la salle de conférences. Il avait saisi, au-delà de tout « abus sémantique » que l’on peut conférer à de tels termes, la signification la plus profonde et le lien intime entre ces deux mots, dits et écrits dans cet ordre « Amour et Paix ». Chapitre VIII Nous nous habillions en haillons Dans une « édition spéciale » d’avril-mai 2006 du mensuel « Focus », consacré aux 2000 ans du Christianisme, on pouvait notamment lire à propos des groupes et mouvements chrétiens apparus au XXème siècle : « Dans les années Quatre-vingts, les « Centoniani » s’appelaient ainsi car ils s’habillaient en haillons (« centoni » en italien) ». C’était nous qui les portions ces haillons. Il s’agissait de tuniques et de demi-tuniques que nous produisions en communauté en cousant ensemble des morceaux de tissu de couleurs variées. Pour bien des gens, ils avaient certainement l’air « extravagants » : et même l’Evêque, par respect duquel, nous avons en fait dû à un certain point les ôter. Mais en réalité, ils transmettaient un message profond, pour nous-mêmes d’abord qui les portions : en effet, nous avions obtenu les bouts d’étoffe multicolores en mettant en pièces les vêtements les plus élégants que nous possédions, comme signe de coupure nette avec la vanité et l’aisance financière du monde. L’intention cachée derrière la variété des couleurs était par contre d’exalter la créativité fantastique de Dieu, et la beauté de la nature créée par lui. Récemment, j’ai entendu dire que Saint François se faisait offrir des morceaux de tissu coloré, et il les rapiéçait sur son sac : mais regardez-moi donc cela! Nous conservons une photo dressant le portrait de la Communauté, pendant qu’elle animait, dans ces habits polychromes et à pieds nus, une liturgie a San Rufino, la Cathédrale d’Assise. Marcello – qui avant sa conversion recourait à un important tailleur de Pérouse – portait un « centone » composé de morceaux découpés dans de vieux draps. Une belle façon de s’humilier devant tous, et même de se rappeler de ne pas être un « sépulcre blanchi » (comme le Seigneur lui avait dit). Chapitre IX Des irréguliers Parmi les membres de la communauté, la majeure partie était des « irréguliers ». A commencer par Marcello : compte tenu de la séparation en cours avec sa première femme, qu’il avait pourtant aimée et avec laquelle il avait eu deux garçons ; et uni à une très belle femme, hollandaise, d’origine indonésienne : Sylvia Constance, « le délice de ses yeux ». Sa situation matrimoniale allait ensuite se régulariser par l’annulation du premier mariage – un évêque lui proposa de s’occuper gracieusement du dossier auprès du tribunal ecclésiastique de Pérouse – ce qui permit à Marcello de se remarier à l’Eglise, dans la cathédrale de San Rufino, avec sa femme actuelle avec laquelle il eut huit enfants – quatre fils et quatre filles. Mais Marcello était alors un « irrégulier » et dans son cas, avant l’annulation de son mariage, tant de religieux à qui il s’adressait disaient qu’« il n’y avait rien à faire ». Angela Grösser, une autrichienne, était une autre « irrégulière » : à l’époque, l’Autriche ne faisait pas encore partie de l’Union européenne et son père – un « gros bonnet» de Vienne, ingénieur en chef du Génie Civil affublé du titre de « Sénateur » parvint à la faire extrader de l’Italie, à l’échéance de son permis de séjour. Avançant comme motivation – absolument de mauvaise foi – qu’elle n’avait ni de raisons ni de moyens de subsistance pour rester en Italie. Elle fut même internée dans un hôpital psychiatrique à Vienne, duquel elle fugua de façon rocambolesque. Angela se sentait désormais appelée à vivre dans la petite communauté de Viole d’Assise. Monitrice de ski doublée d’une enseignante en langues, elle franchit avec désinvolture les Alpes en échappant aux contrôles frontaliers, pour revenir à Assise, où la communauté et surtout Marcello ont fait l’objet d’une campagne diffamatoire déchaînée par l’influent sénateur Grösser et son épouse. Angela fut incarcérée à bien deux reprises dans la prison pour femmes Santa Scolastica de Pérouse pour avoir enfreint l’acte d’extradition. Mais finalement, elle triompha et obtint un permis de séjour régulier pour rester à Assise (Angela devint ultérieurement présidente de la IACA : elle est montée « en grade » sur le champ de bataille !). Mais plusieurs parmi nous étaient également des irréguliers de par leur origine évangélique: un vrai casse-tête pour la hiérarchie ecclésiastique. Je me souviens de la première fois que le vieux doyen Don Lamberto vint chez nous à Viole pour célébrer la Messe et nous donner l’Eucharistie ; il apporta aussi un document, de la part de l’Evêque, à signer par ceux qui avaient été « protestants » : il s’agissait d’une abjuration formelle de leur ancienne foi évangélique. « D’abord les abjurations » insistait Don Lamberto – « ensuite l’Eucharistie ». Marcello fulmina en déclarant: « Le Corps du Christ ne se « marchande » pas ! » Alors nous reçûmes l’Eucharistie en premier lieu… Chapitre X Une règle de vie bénie C’était le Seigneur qui pensa à donner une règle de vie à notre communauté ainsi « irrégulière » : et ce fut celle de St Benoît. Beaucoup de personnes, lorsque ils découvrent que une communauté d’inspiration bénédictine est né dans la ville très franciscaine d’Assise, me demandent : « Pourquoi donc ? » Je réponds : « Parce que Dieu en a voulu ainsi »; et ce ne sont pas des paroles en l’air. Parmi les nombreuses révélations précieuses qui ont marqué le parcours spirituel de Marcello et de la communauté avec lui, celle-ci est celle que je raconte avec le plus de plaisir, parce qu’elle me semble d’une grande valeur spirituelle, et de plus, j’y suis impliqué directement. Marcello me dit un jour que le Seigneur lui avait montré un livre à lire, écrit par un « certain Saint Grégoire » : un livre qui avait rencontré un franc succès à travers tous les âges (bref : un « best-seller ! »). Je ne cesserai jamais d’être surpris par la manière dont Dieu paraît parfois presque « jouer » avec les âmes qui se confient en lui en toute simplicité : tout comme le faisait Marcello, qui cherchait la sagesse de Dieu pour porter secours à ceux qui s’étaient unis à lui dans cette aventure spirituelle hasardeuse. Saint Grégoire le Grand ! Le « grand » (« magnus ») Pape bénédictin qui vécut à la fin du VIème siècle, le quatrième et dernier père de l’Eglise d’Occident. La vision reçue à cet égard avait été très profonde et lourde de sens spirituel (on peut même la lire in extenso sur un site internet où nous avons ressenti qu’elle devrait être publiée avec d’autres « perles » spirituelles). Le fait est que Marcello m’envoya à la librairie religieuse « Fonteviva » à Assise, pour aller chercher ce livre important. Le gérant de cette librairie était Don Aldo Brunacci, doyen des prêtres de la cathédrale, puis décoré d’un important titre honorifique par le Président de la République pour s’être dépensé sans compter au cours de la dernière guerre pour sauver les juifs persécutés. « Comment va votre prophète ? » me demanda-t-il avec bienveillance. Quand je lui parlai du message reçu par Marcello, il me dit de lui apporter la « Règle pastorale» de Saint Grégoire : son livre le plus connu, destiné aux évêques et s’avérant être au cours des siècles un véritable trésor pour les papes, rois, princes et tous ceux qui étaient au pouvoir. Un « manuel » très important pour la direction des âmes. Marcello passa de la « Règle pastorale » à la lecture de la « Règle de Saint Benoît » que Saint Grégoire nous a transmis dans le deuxième livre de ses « Dialogues ». Ce fut ainsi que la communauté se modela sur la règle bénédictine : « Ora et labora ». Chapitre XI Ora et labora Cette maison où habitait Marcello au-dessus du petit village de Viole d’Assise, immergée dans la quiétude des oliveraies, commença à résonner de la psalmodie prévue par la règle bénédictine. Nous faisions toutes les « heures » de prière : en débutant par l’office des « nocturnes » ; on se levait en plein milieu de la nuit et l’on se plongeait dans un long « office » de psaumes, de lectures bibliques et des Pères de l’Eglise. Après, à l’aube, prime ; ensuite terce; sexte, à midi ; none, les vêpres, complies… Nous chantions tous les 150 psaumes du psautier au cours d’une semaine, et en plus nous avions réalisé un recueil d’hymnes et de chants composés par nos soins. La « Parole de Dieu » - lue, écoutée ou psalmodiée – et les écrits des Saints Pères retentissaient dans nos esprits et nos cœurs, même lorsque nous passions ensuite à une activité professionnelle. La règle de Saint Benoît modelait tous les aspects de la vie communautaire. Les repas, par exemple : certains jours ou périodes de l’année, nous les adultes nous n’en consommions qu’un par jour, en d’autres temps deux. Au réfectoire, il y avait toujours un lecteur de service, qui mangeait à la fin. La cloche sonnait périodiquement dans la journée pour appeler aux rencontres de la prière : on déposait en lieu sûr les outils de travail et l’on s’empressait de se retrouver avec les frères autour de la Parole de Dieu ; et si quelqu’un arrivait en retard, il se tenait prostré à terre. Oui parce que la cloche était la voix de Dieu, qui appelait à se détacher des choses terrestres pour penser aux affaires célestes : un jour, nous devrons tout laisser… Pour les adultes, la nourriture était plutôt frugale. Durant certaines périodes de dénuement, nous ramassions de l’herbe des champs ou nous montions sur le Subasio pour cueillir les baies comestibles, mais puis la Providence revenait toujours frapper à la porte de la maison. Tout comme c’était le cas du temps de Saint Benoît, quand la dernière réserve de nourriture était épuisée, les moines trouvaient au matin des sacs de farine laissés de façon anonyme à la porte du monastère. Nous avions tous quitté notre travail « séculier », et mis nos biens en commun : c’est d’ailleurs pour cette raison que la richissime famille viennoise d’Angela avait cru bon « de la déshériter » ; et elle, toute contente, avait signé la renonciation à sa part d’héritage. La « communion des biens » - cette forme de « communisme chrétien » semblait une opération trop impraticable pour de nombreuses personnes qui nous regardaient de l’extérieur (« ces choses allaient bien aux temps des premiers chrétiens ») : certains observateurs externes pronostiquaient que cette folle aventure communautaire ne tiendrait pas plus de trois ans. Et pourtant, c’est ainsi que nous lisions que les premières communautés chrétiennes vivaient et dès lors, nous considérions que nous pouvions également vivre comme cela : « Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun – écrit Saint Luc dans les Actes des Apôtres - La multitude des croyants n'avait qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun. » (Actes 2,44 ; 4, 32). Mettre les biens en commun – chose somme toute faisable, et au fond libératoire – comme voie pour atteindre une vraie communion plus prenante des cœurs dans l’amour du Christ : ce qui constitue le caractère fondateur et indispensable de toute véritable communauté chrétienne. Il est difficile de partager le « climat » spirituel vécu lors de ces années. Nous avions pris au sérieux la Parole de Dieu ; et nous avions pris au sérieux la règle bénédictine que Dieu nous avait mise entre les mains. Nous sentions que nous avions à traiter avec Dieu lui-même, non pas avec un projet humain, ni avec un homme au charisme certain et d’une si bonne volonté qu’était Marcello. Nous respirions cette sainte « crainte » qui flottait dans les premières communautés : «La crainte s'emparait de tous les esprits : nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres. » (Actes 2, 43). Et les « signes et prodiges » avaient réellement lieu : il faudrait écrire un livre à part pour les raconter. Mais je vais en relater au moins un… Austin était un jeune nigérien que j’avais connu à l’Institut d’Arpentage de Terni, où j’avais enseigné pendant quelques années. Il allait toujours mal et se plaignait de fortes douleurs à la tête qui lui faisaient même perdre la mémoire ; il avait déjà subi une intervention chirurgicale mais sans aucun résultat. Je l’invitai à venir à Assise, auprès de la communauté, où il put faire la rencontre de Marcello, lequel commença à prier pour lui, jusqu’à ce qu’il reçût du Seigneur la révélation que ce garçon … était possédé par des esprits malins ! Austin confirma avoir fait l’objet d’un maléfice dans la difficile situation familiale et culturelle d’où il provenait, et ce à cause de la rivalité existant entre les deux épouses du père. Et Marcello, ignorant ces normes canoniques qui réservent la pratique de l’exorcisme aux seuls prêtres qui « se distinguent par leur piété, leur science, leur prudence et leur intégrité de vie », trouva la foi et la force d’amour pour prier sur lui en lui imposant les mains le libérant ainsi de ces esprits qui tourmentaient son âme et le faisait tomber malade physiquement. Il m’est difficile d’oublier comment Austin se contorsionnait en bavant et en hurlant. Mais finalement, son visage, qui avant l’exorcisme était renfrogné et recouvert de boutons, nous vîmes maintenant après la prière que celui-ci était sain et à la peau lisse et veloutée. Le mal de tête lancinant avait disparu et il témoignait qu’il sentait une paix jamais éprouvée auparavant… Mais comme dit Jésus dans l’Evangile, si celui qui est libéré du malin ne se convertit pas ensuite vraiment, sa situation finale peut s’empirer. Ce fut ainsi que pendant une prière communautaire, Marcello eut pour Austin, qui à présent demandait de devenir membre de la communauté, une vision tout à fait encourageante, et la partagea exactement comme il l’avait reçue : Austin était un « rapace » qui faisait de la contrebande d’or ! En l’entendant, il s’agenouilla, tout tremblant, et confessa qu’avec son cousin, il était en train de trafiquer des lingots du Nigéria… Chapitre XII A Rocca Sant’Angelo Rocca Sant’Angelo forme un petit village de collines au nord de la périphérie de la Commune d’Assise. Au-dessus du village, une ancienne maison rural, le « Casone » (la grande maison), d’un intérêt historico-architectural, et quelques demeures rurales plus petites, entourées d’oliveraies, quelques champs cultivés, des bois. Il s’agit de la siège communautaire de l’Association IACA, qui fut précisément constituée ici en 1991. Sur la partie de la carte de membre réservé aux adhérents, on peut voir dans une photo aérienne les quatre maisons de la communauté, chacune avec son nom et son histoire : le « Fienile » (NdT: la grange) ; le « Casone » lui-même, la «Casetta » (NdT: la petite maison) et la « Casa sulla Roccia » (NdT: la maison sur le rocher). Nous réussîmes à entrer en possession de cette propriété rustique en 1981. Nous avions besoin d’un endroit où il était possible de suivre la règle « ora et labora » (dans la maison à Viole d’Assise, il n’y avait plus assez de place) et d’une petite maison de plain-pied pour un frère ne sachant plus marcher. Le déménagement depuis Viole eut lieu progressivement, dans les faits, nous nous installâmes définitivement en 1985. Sur ces entrefaites, quelque chose de déterminant survint pour Marcello et toute la communauté, car pendant l’été 1981, Marcello se sentit appelé à pratiquer un « carême » de prière et de jeûne en s’isolant à l’étage supérieur du « Fienile », qui n’était alors pas aménagé et manquait de confort. Il n’y avait qu’une table servant de lit, un petit guéridon et une chaise. Il s’alimentait avec la même nourriture que Dieu avait prescrite au prophète Ezéchiel il y a 25 siècles : trois cents grammes de pain, préparé avec de la farine à base de céréales et de légumineuses, et un litre d’eau par jour. La compagnie d’une petite poule bantam – répondant au nom de « Fiocco di neve » (NdT: « Flocon de neige ») – un canif pour entailler un bâton de boi. Et la Sainte Bible naturellement. Mais voici ce que Marcello écrivit suite à cette retraite, dans un « mémoire » que certains prêtres lui demandèrent, et qu’il soumit tout d’abord à son confesseur (qui voulut l’intituler « Extraits d’une histoire prophétique que le Seigneur est en train de réaliser dans la terre d’Assise ») : « Le 15 août 1981, le jour de l’Assomption, je me retirai comme dans un désert pour quarante jours dans l’ancienne grange d’une maison rural à Rocca Sant’Angelo…Je voulais imiter Jésus, Moïse et Saint François. J’étais sûr que je serais sorti édifié de ce temps de carême et avec tant de bonnes choses à donner aux frères. Le prêtre de la paroisse, le Père Augusto Drago, avec lequel nous avions instauré un excellent rapport (le Seigneur m’avait donné une vision dans laquelle il me fit voir le Père Augusto bien avant de le connaître : dans la vision, il retirait de mon chemin une grosse pierre qui me barrait la route), pour l’occasion, il célébra la Sainte Messe en me donnant l’Eucharistie et sa bénédiction pour ce carême…Ce fut pour moi une expérience mystique indescriptible ; le Seigneur m’inspira aussi à écrire une parole prophétique, que je soumis immédiatement au discernement du Père Augusto, professeur entre autres de Patristique et des Saintes Ecritures…Après l’avoir lue, il se sentit mal, tant et si bien qu’il ne parvenait plus à en dormir. Il affirma que cette écriture ne pouvait provenir que du Seigneur. Il le dit également publiquement, en célébrant le Sainte Messe, tout de suite après la fin de ma retraite. Encouragé par les affirmations du Père Augusto, je diffusai ce message prophétique en particulier à Rome… ». Cette « prophétie » était la première et la plus grande reçue par Marcello ; il en eut quatre autres en 1995, le lendemain d’un très grave infarctus - je la soumis moi-même au discernement d’un Archevêque – actuellement Cardinal, une personnalité vraiment éminente de l’Eglise – qui la lut sous mes yeux, n’y relevant rien de contraire à la Foi Catholique. Mais il était aussi à l’origine de beaucoup de tribulations pour Marcello et toute la communauté ; surtout quand la prophétie commença à se diffuser à Assise… Chapitre XIII En sac A Santa Luciola di Foligno, où nous fîmes une brève – et difficile expérience de vie paroissiale, ils nous appelaient les « ensachés ». Et encore il y a peu, en sortant d’un bureau de poste, d’un quartier d’Assise, je sentais l’employée qui disait avec une pointe d’ironie aux personnes présentes : « Mais cet homme-là, ne déambulait-il pas avec un sac ?... » En effet, nous prenions justement les sacs de jute – ceux des pommes de terre – et nous confectionnions ces « sacs » que nous portions déchaussés, pour faire pénitence, ou comme signe de pénitence. Les gens interprétaient ce message dans un esprit franciscain ; mais lorsque, en marchant en sac de Rocca Sant’Angelo à Assise, on entendait quelques femmes pieuses dire à leur petit enfant « regarde Saint François !», on était honteux comme un renard qu’une poule aurait pris. A l’intérieur de ce sac, il n’y avait pas un dévot fervent de ce saint ; il y avait un misérable « apprenti» chrétien qui avait besoin de sentir un peu de froid et quelques épines sous les pieds, pour anéantir l’orgueil et la dureté du cœur. Parfois, on allait dans cette tenue à Assise, devant la basilique de Saint François, à l’occasion de la visite de quelques hommes politiques ou en raison de quelques autres événements officiels qui remplissaient la place de la Basilique de belles voitures et de personnalités importantes, afin de rappeler que le véritable « esprit d’Assise », celui de Saint François, était tout autre chose : il s’agissait d’un esprit qui faisait tomber amoureux du Christ et de ses pauvres, un esprit de pénitence pour ses propres péchés et ceux d’autrui, un esprit de soif de salut dans la crainte de cette « seconde mort », cette mort qui ne meurt jamais, somme toute, l’enfer éternel, dont ce Saint parle aussi dans son très beau Cantique des Créatures. La parole prophétique reçue par Marcello provoqua un énorme retentissement dans Assise : « Malheurs à vous, prêtres et frères, qui vous menez vous-mêmes paître, vous portez une lourde responsabilité… » « Que tu étais belle, mon épouse, mère de mes enfants, délice de mes yeux, splendeur pour tous les gens… Que tu étais belle ! Tu étais encore nue, pauvre et entachée du sang versé pour moi… ». C’est toujours en sac que nous participions aussi aux marches de la paix depuis Pérouse à Assise, mais comme signe de contradiction. Un passage de la prophétie que nous proclamions souvent à cette occasion stipulait : « On parle de paix, on cherche la paix, mais les hommes ne savent même plus la signification de la « paix ». La paix, seul moi, je peux vous la donner, dit le Seigneur… » ; et nous crions aussi les paroles déconcertantes de Jésus « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre… » (Comme il écrit dans l’évangile selon Saint Matthieu 10,34). L’excommunication épiscopale qui nous a été imposée en 1994 – une véritable bulle d’hérésie, retirée seulement au début de 2006 – était en quelque sorte à mettre à notre actif. Nous l’avions également en partie méritée – il se peut que nous ayons été trop accusateurs et peu miséricordieux. Mais cette « parole prophétique » provenait de Dieu, et cette « parole » nous ne pouvions la passer sous silence; et nous ne la nions pas. Chapitre XIV Des hérétiques à Assise « Mais regarde ! Les hérétiques, cela existe donc encore ?! » S’exclamait quelqu’un sur un ton entre l’étonnement et l’amusement en apprenant que nous avions fait l’objet d’une lourde excommunication épiscopale. Ce n’était pas une petite plaisanterie : ce furent douze années d’une grave émargination ecclésiale ayant des implications déconcertantes même dans la sphère des droits civils des membres individuels de la communauté : il y eut même en Italie une question parlementaire sur cette affaire. Nous prîmes connaissance de l’existence de cette « bulle » de la bouche des enfants de la communauté : ils se lamentaient que leurs compagnons de classe « se moquaient d’eux » en les pointant du doigt comme « des hérétiques ». « Et qu’est-ce que cela veut dire ?» Demandaient-ils. Lorsque, faisant suite à une demande de clarification de la part de la Curie épiscopale, nous reçûmes une lettre du Vicaire confirmant ce qui avait été publié, sans aucun préavis, à notre égard dans le mensuel diocésain « Chiesa Insieme » (NdT: Eglise ensemble) (!) et dans les tableaux d’affichage à l’entrée des différentes églises du Diocèse, Marcello resta un moment absorbé par le lissage de ses moustaches avec ses doigts, comme il fait dans les situations les plus prenantes. Mais après, je le vis avoir une illumination avec cette attitude positive indéfectible qui le caractérise : « Il s’agit là d’un diplôme honoris causa » commenta-t-il. Mais en réalité, ce furent des années difficiles. Toute personne qui venait faire des recherches à notre sujet ou nous demandait des informations au couvent d’en bas ou au village, était découragée à poursuivre ses investigations... C’était presqu’une « ghettoïsation » physique doublée d’une exclusion – encore plus douloureuse – de la communion ecclésiale et des sacrements, qui eut beaucoup d’effets négatifs sur la vie et sur le développement de la communauté. Toutefois, il y eut des gens qui voulurent y voir un peu plus clair dans toute cette histoire, malgré le mur de préjugé et de méfiance qui nous entourait : l’une de ces personnes était l’écrivain et journaliste Guido Ceronetti, qui demanda à rencontrer Marcello et vint à Rocca Sant’Angelo accompagné d’une chercheuse, Cecilia Gattotrocchi, experte en sectes et divers groupes ésotériques… Chapitre XV Guido Ceronetti : « Les prophéties fumeuses de Marcello» Dans le grand reportage précité de Guido Ceronetti sur Marcello et sa communauté, publié le 1998 dans « La Stampa », on lisait entre autres : « « Oriente fumante » (« Orient fumeux ») fut le premier nom que l’on donna à la communauté rassemblée – nombreuse – autour de Marcello, et c’était une belle appellation, elle inspirait la peur, mais ils l’ont abandonné en faveur de la dénomination plus tranquille « Famiglie di Betlem » (NdT: « Familles de Bethléem ») et d’un sigle qui indique en anglais son sens général « Christian action » (« Action chrétienne »)… Après des allées et venues, l’évêque d’Assise a fini par les exclure de la communion : la rupture entre le prophétisme et le sacerdoce est toujours inévitable. Toutefois, en parcourant les prophéties fumeuses de Marcello (âgé à présent d’une soixantaine d’années, à la barbe blanche et d’une chaleur humaine), on lit que le premier mai quatre-vingt-un, il eut la vision du Pape gravement malade, debout « derrière une petite table blanche d’hôpital ». Treize jours après, Agca tenta d’assassiner Jean-Paul II et il est vrai que malgré ses blessures, le Pape demeura debout ». L’article mérite quelques remarques : tout d’abord sur les prédictions de l’attentat sur la personne du Pape à la Place Saint Pierre. A la veille de cette tentative d’assassinat, nous dinions chez Marcello, à Viole di Assise. Il nous dit de prier pour le Pape, parce qu’il l’avait « vu » gravement malade. Seul Dieu sait pourquoi l’Esprit Saint a voulu lui révéler à l’avance ce tragique événement ; mais ce qui n’est certainement pas sans signification, c’est l’atmosphère de profond respect à l’égard de ce grand Pape, qui filtre dans le commentaire final que fit ensuite Marcello sur cette vision : « Moi aussi, j’étais debout devant lui, en silence, comme un élève devant son maître ». Et puis, il faut encore ajouter quelque chose concernant le nom que la communauté avait choisi au début : « Orient fumeux ». « C’était une belle appellation, elle inspirait la peur » écrivit Ceronetti. Cette dénomination nous était et reste toujours très chère, parce qu’elle nous avait été donnée par un humble agriculteur de la plaine d’Assise, appelé Isidoro, qui avait accueilli avec simplicité le charisme de Marcello, et allait souvent chez lui pour prier. Une fois, j’allai lui rendre visite alors qu’il était malade ; il me raconta qu’il avait rêvé de rencontrer Marcello et de lui avoir demandé : « Mais toi, d’où viens-tu ? » et une voix lui avait répondu en songe : « Il vient de l’Orient fumeux ». Isidoro pouvait comprendre « Oriente », mais pas « fumeux ». Même nous, au départ, nous ne le saisissions pas, quand nous en parlâmes ensuite en communauté. Mais par la suite, nous trouvâmes une telle abondance de références bibliques sur les « théophanies » les manifestations de Dieu – dans le feu et la fumée, que nous en restâmes surpris, et comme des enfants jouant à se faire peur, nous décidâmes de nous appeler ainsi, « Orient fumeux ». Ce sens de l’émerveillement s’accrut encore, quand nous lûmes que Dante, dans sa « Divine comédie », écrivit qu’«Assise » en réalité devrait s’appeler « Oriente » (Paradis XI, 52-54). Mais il avait déjà fallu abandonner depuis très longtemps ce nom, parce que selon l’opinion de l’Evêque, il dégageait des relents… de la « Maçonnerie ». Chapitre XVI A Gaiche Gaiche forme un ancien petit village médiéval à une trentaine de kilomètres de Pérouse. Ce site a connu une histoire particulière car il y a sept siècles, il constituait une petite « république » jouissant d’un statut propre. Nombreux sont ceux qui le connaissent pour une raison ou une autre et ils en parlent avec sympathie. Quand nous commençâmes à nous y établir – en 1986 – le « Château de Gaiche » était alors en ruine ; l’ancienne enceinte murale fut ensuite restaurée et le château ainsi que les maisons du vieux noyau résidentiel à l’intérieur furent restructurés. Mais voici comment Marcello, dans sa brève note écrite en 1989 – « Extrait d’une histoire prophétique ….» nous rappelle comment nous parvînmes dans cette belle niche montagneuse retirée de la verte Ombrie : « En juillet 1986, un certain héritage me tomba dessus. Presqu’en même temps, on nous offrit une propriété agricole à Gaiche di Piegaro à des conditions incroyables, à tel point qu’on crut y voir la main de Dieu. Il y avait une ferme à restaurer, une grande grange qui ressemblait quasiment à un temple et une source d’eau appelée « Beato Leopoldo » (NdT: Bienheureux Léopold), qui au dire des gens était prodigieuse. Au sein de la Communauté, nous crûmes que c’était la volonté du Seigneur et nous décidâmes de l’acquérir. Ceci permit, au moins, à ma famille et à moi de déménager entretemps. C’est en commençant ainsi que nous nous sommes extirpés du ghetto dans lequel… on nous emmurait ». Nous nous déplacions de la Rocca Sant’Angelo à Gaiche à l’aide d’un vieux fourgon converti en camping-car, « l’archetta » (NdT: la petite arche). Parfois, nous nous enlisions sur cette route qui serpentait en montant du petit village à la maison : qui était submergé de ronces jusqu’à l’étage de la bâtisse. Il n’y avait pas d’électricité, le soir « nous accrochions » les lampes à kérosène. Dans le coin extérieur de la maison, nous mîmes un gros « lamparo à gaz » comme ceux des pécheurs. Nous avions un petit frigidaire à gaz, aucun téléphone (les téléphones portables n’existaient pas à l’époque et par la suite, nous commençâmes à nous équiper de « talkies-walkies »). Cet endroit nous enthousiasmait, même si cela nécessitait de beaucoup travailler presque comme des pionniers. La population locale nous regardait avec curiosité, un peu de méfiance, un tantinet de sympathie (ils nous appelaient « les gens de l’amour et paix »). Nous vécûmes ainsi sans lumière et sans téléphone pendant environ trois ans. Marcello se retirait dans la prière ou dans la chapelle en ruine de Saint Antoine le Grand, à quelques kilomètres et à moitié cachée par la végétation, ou dans un terrain un peu à l’écart et très évocateur de la propriété, que nous avions appelée « zone paradisiaque ». Les premiers travaux, que nous entreprîmes, portèrent sur l’accessibilité par routes : nous dressâmes une liste de ceux que nous appelions « les amis de la source », des personnes qui venaient plus ou moins régulièrement prendre de l’eau à la source du Bienheureux Léopold. La Commune nous fournit quelques camionnées de brèche, et ces « amis » collaborèrent à son épandage sur la route et à l’installation de drains. Après, cette zone déjà frappée par plusieurs incendies de par le passé nécessitait très urgemment la réfection de son réseau routier interne : une opération très astreignante, vu la grandeur de cette propriété montagnarde (une soixantaine d’hectares). Nous conclûmes dans ce sens des accords avec la Comunità Montana (NdT: une organisation étatique responsable des matières environnementales dans les zones montagneuses), qui nous aida aussi avec ses moyens à remettre en culture des champs abandonnés. Ensuite, nous procédâmes à l’élagage et à la remise «en service» des bois environnants abandonnés et dégradés. Toutes ces interventions, nous les réalisâmes avec un soin et une attention extrême par rapport à cet environnement qui de temps en temps nous dévoilait des « signes » d’activités humaines passées: tantôt un « terrassement » construit en murets à sec, tantôt des « lunettes » toujours bâties avec les pierres juxtaposées autour de la souche des oliviers. Ou bien de vieilles plantes de vigne encore accrochées – « mariées » - à l’érable. On pourrait ajouter bien des choses sur la richesse de ces « signes » laissés là par des générations de simples, souvent pauvres, agriculteurs ; et sur la variété de la faune et la flore locale. Nous croyons que, si Dieu le veut, l’avenir fera sortir de terre une belle oasis dont beaucoup pourront profiter. Chapitre XVII Retrait de permis de conduire 1998 fut l’année au cours de laquelle commença à se lever le voile du silence qui depuis quatre ans déjà, s’était créé autour de notre communauté « en marge » et taxée de l’étiquette paradoxale « d’hérétique » dans une terre comme Assise, marquée spirituellement par l’œcuménisme et l’inter-religiosité. Si Ceronetti a été le premier à rompre cette conspiration du silence avec son article publié dans « La Stampa » en mars de cette année-là, à la fin octobre survint un fait qui suscita un grand intérêt de la part de la presse, de la télévision, et divers représentants du monde politique et culturel. Au Vatican, se tenait un symposium international sur l’hérésie. Le jubilée de 2000 s’approchait et l’Eglise sentait le besoin de purifier lé mémoire des erreurs commises dans le passé dans le traitement de cas d’hérésie, tels que ceux de Savonarola et de Giordano Bruno. Il pouvait aussi y avoir de l’espoir pour nous, petite communauté hérétique de familles… Nous allâmes à Rome, à pieds nus et en sac, pour chercher d’émouvoir quelques prélats haut placés qui participaient à cette rencontre. Toutefois, sous les colonnades de Saint Pierre, je fus arrêté et emmené à un commissariat à proximité, puis à la préfecture de police de la Piazza Cavour ; là, ils me « fichèrent » en prenant mes empreintes digitales, et ensuite, ils me remirent entre les mains un ordre d’exclusion de Rome pour un an parce que je représentais « une personne dangereuse pour la sécurité publique » et qui « pouvait commettre des actes délictueux ». Mais cette histoire n’était pas terminée. Après quelques mois – en février 1999 – je reçus une sorte d’«avis d’ouverture d’enquête judiciaire » (cela arrive à beaucoup de gens de nos jours) : la Préfecture de Pérouse m’annonça que le retrait de mon permis de conduire était en cours. A ce moment-là, on se demande directement quelle énorme infraction au code de la route on pourrait avoir commis (qui est sans péché… ). Eh bien non, quand on est sous le coup d’un ordre d’exclusion, la loi vous interdit de conduire des véhicules à moteur : je n’en avais pas les « conditions morales requises ». Cet épisode en fit sourire beaucoup, surtout quand, le journal « Il Messagero » publia un dessin me dépeignant en sac en train de dialoguer avec un « arancione » (NdT: mot argotique pour désigner un membre de la secte hindou Hare Krishna, pour son vetement orange ) et de lui dire : « Bienheureux es-tu, je n’ai même plus le « feuille rose » (permis provisoire de conduire) . L’article d’Italo Carmignani qui commentait l’incident à la une de ce journal – du 15 avril 1999 – se terminait ainsi : « si son groupe est considéré comme hérétique, qu’est-ce que peut réserver la bureaucratie aux satanistes ? ». Il y eut même une question que un sénateur, Luigi Manconi, adressa au Ministre de l’Intérieur et au Ministre de la Justice, « pour savoir si les ministres interpelés n’ont pas l’intention de vérifier la validité des motifs pour lesquels il a été décidé de limiter la liberté de mouvement, d’expression et d’opinion d’un citoyen italien qui manifestait simplement une forme de protestation ». Pendant deux ans, je me déplaçai en mini-scooter, grâce auquel je parcourais – même en hiver – les 50 kilomètres qui séparent les deux centres de l’Association. Jusqu’à ce que le commissariat d’Assise me rendit le permis de conduire : il ne s’agissait pas là d’une « grâce » accordée à l’occasion du Jubilé (c’était en décembre 2000), mais parce que cette même année, la Cour constitutionnelle avait déclaré illégitime tout la réglementation qui avait motivé ce retrait de permis. Somme toute, ils s’étaient trompés… ou peut-être que non. En effet, des années auparavant, le Seigneur avait donné à Marcello une vision nocturne qu’il raconta dans ces écrits comme suit : « Une faucille et une bougie venant d’en haut me sont tombés dessus. La bougie était à la place du marteau. Oui, justement une « faucille et bougie » était sur le point de m’écraser quand une myriade d’étoiles la détournèrent de moi, et une croix grandiose apparut au-dessus de moi. Je m’attendais de la part du pouvoir politique et religieux à des oppressions et à des afflictions, mais la croix m’aurait de toute façon toujours sauvé ». Entre-temps et de toute manière, cet épisode avait cependant servi à faire bouger les choses autour de notre « cas communautaire », mon permis de conduire avait fait office de pavé jeté dans la marre. Chapitre XVIII A la télévision …plusieurs reportages ont été tournés à notre sujet, le premier dans l’émission « Italia Sera » de Rai 1, il y a quelques années : il portait sur un aspect un peu marginal mais curieux et sympathique de nos activités dans le domaine de la nature, à savoir un petit élevage amateur de Chinchillas de compagnie. C’était une jeune fille de la communauté qui l’avait lancé, l’attribut « de compagnie » était tout un programme. Nous avons apporté plus d’une fois ces rongeurs gracieux et énigmatiques, à la fourrure très prisée, à des expositions agricoles, des foires et des festivals estivaux. Les gens passaient devant en les reluquant, et après quelques pas, il faisait marche arrière pour demander « Mais qu’est-ce que c’est ? » Ils sont peu nombreux à les connaître, nous nous amusions à leur faire deviner : ils sortaient les noms les plus étranges… Jusqu’à ce que même la télévision finit par s’intéresser à cette initiative de notre communauté, une petite équipe vint à Gaiche, réalisa un beau reportage avec de gros plans très sympathiques de nos « animaux domestiques », et un arrière-fond musical divertissant qui ne pouvait manquer pas de reprendre « Oh Chinchilla, oh chinchilla » de l’opérette du même nom. Mais plus contraignant fut le reportage diffusé dans le programme télévisé hebdomadaire « Terra » de TG5 le 13 janvier 2001, qui avait pour thème les « Expulsions ». Un des sujets avait trait aux immigrés clandestins extradés de l’Italie, mais ensuite, l’émission parlait aussi de notre expulsion d’…Assise. La journaliste Cristina Bianchino monta à Rocca Sant’Angelo accompagnée de deux caméramans : nous ne savions pas qu’ils avaient déjà été à Assise, où ils avaient interviewé des gens de la rue et même le vicaire de l’Evêque, pour recueillir plusieurs avis sur notre communauté. Nous en étions à notre septième année d’excommunication, et devions passer encore six années avant d’être réadmis dans la communion ecclésiale : mais qui sait comment et à quel point même ce reportage, transmis par une chaîne nationale a pu être utile. Nous avons perçu et apprécié le respect, la discrétion et un sincère désir de vouloir « comprendre » notre situation, avant de la relater au grand public. C’était vraiment du journalisme télévisuel de qualité, et il en va de même pour Tony Capuozzo qui a présenté sur « Terra » notre « cas ». Parmi les autres reportages télévisés, Rai 3 en a passé un dans la plage matinale consacrée au Bénévolat, promu par CESVOL – Centro Servizi per il Volontariato (NdT: Centre de services pour le bénévolat) de Pérouse. Le tournage fut réalisé auprès du Centre communautaire de Rocca Sant’Angelo, avec de beaux plans de la zone et un bon reportage sur les activités qui s’y déroulent. Mais désormais, nous étions même fini dans une encyclopédie : juste comme cela… Chapitre XIX Dans l’Encyclopédie des Religions Dans la deuxième édition de l’Encyclopédie des Religions publiée par le CSNUR (NdT: Centre d’étude des nouvelles religions) de Turin en Octobre 2006 – la première édition était sortie en 2001 – nous apparaissons encore parmi les « Groupes catholiques de frange ». En fait, la notification épiscopale de réadmission et de reconnaissance ecclésiale de la communauté était déjà survenue depuis les débuts de cette même année ; mais en raison du temps nécessaire pour le travail typographique, la fiche relative à notre « Communauté Familles de Bethlehem » est restée là où elle se trouvait avant, dans le volumineux tome du CESNUR. De prime abord, nous ne fûmes pas très enthousiastes d’avoir été définis comme « catholiques de frange » ; mais par la suite, Marcello nous fit remarquer que les franges peuvent aussi être quelque chose de joli et d’embellissant. Le professeur Massimo Introvigne et Pier Luigi Zoccatelli, qui se sont chargés de l’article sur notre communauté, nous ont non seulement donné le sentiment de nous d’être « étudiés », mais également en quelque sorte d’être « compris », avec une attention singulière, meme prévenante, à l’évolution de notre situation ecclésiale. En parlant du CESNUR de Turin et de l’image que celui-ci nous a donné dans l’encyclopédie, nous ne pouvons pas passer sous silence une « autre » image : celle imprimée sur le linceul qui enveloppa le corps de Jésus dans la tombe : le Saint Suaire conservé à Turin. Les images que nous – ou d’autres personnes pour nous - donnons de nous-mêmes (et aujourd’hui, nous vivons dans la culture de l’image, entre « l’être » et « le paraître »), sont plus ou moins « truquées » ou au moins « retouchées » par rapport à la réalité que seul Dieu connaît. Même ce que nous avons écrit sur notre histoire et ce que les autres ont dit de nous, n’échappent pas à cette vérité impitoyable. L’avènement des vidéophones répand la manie de prendre et d’être pris en photo, peut-être pour montrer son propre visage – ou sa propre vidéo – sur Facebook ou YouTube, toujours souriant, cela va sans dire. Mais la « photographie » que le Seigneur Jésus a laissée de lui est d’un autre genre : il s’agit de l’image du vrai Amour avec un « A » majuscule, qui souffre et qui s’offre aux autres pour toujours. Dans une vision qui changea sa vie, Marcello ne vit pas un Jésus à l’expression souriante et captivante, mais « une figure majestueuse…avec une longue barbe et de longs cheveux et au visage impénétrable ». Quelques temps après, il revit et reconnut cette face dans une exposition itinérante sur le Suaire, montée par Monseigneur Ceccobelli – Evêque actuel de Gubbio – à la périphérie de Pérouse, ou il était curé à la paroisse de Ponte Felcino A propos : à l’occasion de la visite de cette exposition, un rapport de communion cordiale et de visites réciproques s’instaura entre Monseigneur Mario Ceccobelli et Marcello avec sa communauté. Dans une lettre écrite ensuite à la communauté, il faisait ainsi mémoire de cette rencontre et de ce temps de fraternité: « Frères dans le Seigneur, nous avons fait connaissance en octobre 1981 à l’occasion de l’exposition sur le Suaire dans ma paroisse. Une belle amitié a été immédiatement nouée. J’ai été frappé par la radicalité de vos choix. Je trouvais en vous la fraîcheur évangélique qui caractérisa déjà Saint François. Je vous ai accueilli avec une disponibilité totale. Une phase de prise de connaissance a débuté à travers plusieurs rencontres spécialement avec Marcello. Je suis venu moi aussi à plus d’une reprise soit à la Rocca soit à Gaiche. Vous m’avez demandé de vous aider à saisir la Volonté de Dieu. Je vous ai incité à écrire votre expérience, il en est né un opuscule intitulé « Extraits d’une œuvre du Seigneur Jésus… ». Voilà une « photographie », une de plus, du climat spirituel que la communauté vivait dans ces premières années, dans la ferveur de son premier amour pour « l’homme du linceul ». Nous nous rendîmes plusieurs fois à Turin, à l’occasion de l’Ostentation du Suaire de 2000 ; et nous portâmes ce témoignage au Cardinal Saldarini: « Notre communauté s’est éclose grâce à un homme qui a vu Jésus, et il l’a vu à la ressemblance exacte de la face du Suaire ». Le Cardinal était affairé, mais eut le temps d’exclamer : « Bienheureux cet homme ! » Chapitre XX Eglise. Ensemble. Finalement ! Tout comme la notification épiscopale d’hérésie contre la communauté Familles de Bethleem avait été publiée dans le mensuel diocésain « Chiesa insieme » (NdT: Eglise ensemble) du mois de février 1994, c’est ainsi dans ce même périodique du numéro de Mars-Avril 2006 que la nouvelle de sa réadmission dans la communion ecclésiale fut rapportée. Son diffuseur fut justement le même Evêque – Monseigneur Sergio Goretti – sous le magistère duquel la communauté avait vécu a long parcours « pénitentiel » comme « hérétique ». Et quand on pense que sur la Cathèdre de San Rufino à Assise, on avait déjà nommé à sa succession l’Archevêque Domenico Sorrentino, auteur entre autres d’une courageuse « hypothèse d’absolution » au sujet de Giordano Bruno, le grand hérétique du XVIème siècle… Ce fut un véritable soulagement pour la Communauté, et en particulier pour Marcello, même s’il avait « encaissé » la bulle d’hérésie comme un diplôme « honoris causa », une singulier et autant souffert reconnaissance de sa vocation et des prophéties qu’il avai reçu.Tout en étant conscient, comme l’avait mis en évidence Ceronetti dans son article à « La Stampa », que « la rupture entre le prophétisme et le sacerdoce est toujours inévitable », il n’avait pourtant jamais sous-estimé la gravité d’une tel prononcé de l’Eglise diocésaine. status Pour un authentique « catholique », le fait que l’Eglise « lie » et « délie » constitue une affaire extrêmement sérieuse, parce que son action est avalisée par la parole même de Jésus : «En vérité je vous le dis : tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié. » (Evangile selon Saint Matthieu 18,18). C’est pourquoi Marcello avait plusieurs fois cherché – par le biais «de tentatives courageuses de réconciliation », comme relatées par l’Encyclopédie des Religions– le dénouement de ce difficile « statut » canonique et ecclésial. Et cela pas autant pour lui-même, mais plutôt pour la crainte qu’au moment de sa disparition de ce monde, ses enfants et les autres membres de la communauté purent rester privés de l’étreinte et de la protection de « mère Eglise ». A présent, la communauté peut continuer son chemin sous la guidance sûre, paternelle, et éclairée du nouvel Archevêque d’Assise, Domenico Sorrentino, pleinement insérée dans le corps ecclésial en tant qu’ « association privée » (il s’agit d’une définition du Code du Droit canonique ; de par sa nature et sa finalité, l’association IACA représente tout autre chose, elle qui trouve également ses « racines » dans la communauté d’Assise). Chapitre XXI A la discothèque « Bonne nuit, papa ». A l’issue des « Complies » - la dernière prière communautaire de la journée, après le repas du soir – on prend la bénédiction pour la « bonne nuit » en souhaitant de « beaux rêves », les jeunes disent au revoir et se retirent. Au lit ? Non, en…boîte. Mais le père ne le sait pas : la maman oui, et même quelques membres de la communauté, tous complices dans l’hypocrisie, cette hypocrisie toujours autant détestée par Marcello et condamnée si fermement par Jésus, que dans sa Parole, il anticipe sans équivoque ce que sera « le sort que les hypocrites méritent » : « des pleurs et des grincements de dents ». Ensuite, comme toujours, la douloureuse vérité remonte à la surface. Mais comment ? Autant d’années passées à inculquer à la famille et à la communauté la vérité, l’amour et la crainte du Seigneur, ou au moins les valeurs humaines fondamentales, telles que la loyauté, le courage… et voilà que tes enfants vont à la discothèque en cachette. Mais que s’est-il passé ? Non, le problème est ailleurs : que n’est-il pas arrivé ? On n’a pas allumé dans les cœurs ce « feu » que Jésus a dit être venu apporter sur la terre (comme dans l’évangile selon Saint Luc 12,49) : la force vitale de l’amour de Dieu, l’amour pour les réalités célestes, l’amour prêt à tout pour le bien et le salut du prochain, qu’il soit ami ou ennemi… Les Pères de l’Eglise enseignent que l’on peut prêcher toute une vie mais si celui qui écoute n’ouvre pas son cœur à l’Esprit de Dieu, tout cela est en vain. Il reste un formalisme religieux vide, le rite, la liturgie. Mais le cœur se trouve… en boîte. Et chacun a la sienne. « Ils s’endorment sur les autels, où tout se réduit à un culte formel et extérieur… », ces paroles reçues par Marcello lors de la première grande prophétie de 1981 stigmatisaient ainsi ce comportement. Maintenant, il le vivait parmi les siens…Mais cela devait se produire. Celui qui a une vocation prophétique, est appelé à vivre dans sa chair, dans son expérience personnelle et dans celle de son entourage, le message que Dieu lui a confié. « «Va, prends une femme se livrant à la prostitution et des enfants de prostitution, car le pays ne fait que se prostituer en se détournant du Seigneur » : et le prophète Osée obéit (Osée 1 ,2-3). Depuis le début, Dieu avait dit à Marcello : « Et toi, mon petit fils, tu seras ainsi un symbole parce que toi non plus, tu ne peux avoir Sylvia, le délice de tes yeux…» Il fallait que cela arrive, le fait que sa femme ne l’aime plus, et que ses enfants s’allient avec leur mère pour pouvoir vivre finalement une vie « normale », comme tous les autres, sans tant de prières, tant de lectures de la Parole de Dieu, tant d’exhortations… Et combien de personnes parmi ceux qui ont fait un temps partie de la communauté, ont « lâché », en filant souvent à l’anglaise, ou même en rendant le mal pour le bien ! C’est aussi ce que Job subit. Il avait également des enfants qui s’amusaient au cours de fréquents festins, et il était un peu préoccupé de cette tournure des choses ; et même sa femme s’était désolidarisée d’avec lui et d’avec ses souffrances physiques et spirituelles (Job 1,4-5 ; 2,9). Cela signifiait-il la décomposition d’une famille chrétienne ? Oui, mais une décomposition qu’il convient de créditer, vu la vocation prophétique la plus particulière de Marcello. Cela devait se passer ainsi. " Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie, dans sa parenté et dans sa maison. " est-il écrit (Marc 6,4). C’est justement ce qui se produisit avec le Seigneur Jésus : après trois ans d’un ministère glorieux, accompagné de signes et de prodiges, les siens s’échappèrent de tout part. Celui-ci le trahit, celui-là le renie… il resta seul. Ainsi fut également le martyre spirituel qu’expérimenta Saint François en constatant que l’Amour –Jésus Christ, le véritable Amour – n’était pas « aimé », même pas par tant de ses confrères ; il devint presque aveugle tant il pleurait. Mais en même temps… - - - Si la Communauté se trouve dans cette phase, l’Association IACA qui en est émané en 1991 a au contraire grandi autant en nombre d’associés – actuellement plus de trois mille – qu’au niveau des initiatives poursuivies en faveur de nombreuses personnes. Les enfants de Marcello, même s’ils n’ont pas suivi sa spiritualité, se comportent correctement, travaillent et étudient avec application ; et s’ils vont en discothèque…ils ne se droguent pas. Et ils continuent à avoir plus que jamais de l’estime et de l’affection pour leur père. Et il y a toujours quelqu’un dans la Communauté que Marcello continue à guider sur la voie de la vérité et de l’amour, que l’on peut trouver seulement en Christ, et dans la prière, que Marcello appelle « la respiration de l’âme ». Et en dernier lieu, quelque chose de réel, de spirituellement « vrai » a pourtant eu lieu au cours des trente ans de cette aventure communautaire. Au sein de la communauté, l’Esprit de sanctification a vraiment œuvré avec des signes prodigieux et des révélations qui seraient difficilement exprimables par écrit, de véritables « perles » spirituelles, des gouttes de rosée qui une fois ayant produit leur effet bénéfique ne se voient plus, mais demeurent imprimées de façon indélébile dans les cœurs et les consciences de ceux qui en ont été témoins. A l’extérieur, un témoignage a été rendu, à Assise et pour l’Eglise dans son ensemble. Des prophéties ont été écrites et proclamées sur les places (« ce que vous entendez par vos oreilles, prêchez-le sur les toits… » dit le Seigneur dans l’Evangile). Marcello, qui les a reçues dans la prière et la pénitence, ne les défend pas ni n’en fait étalage. Elles ne sont pas « sa propriété ». Elles sont datées, dites pour être lues et comparées avec ce que l’on est en train de vérifier autour de nous… Personnellement, moi qui ai également suivi aussi mal et avec tant de contradictions cette voie spirituelle accidentée et pénitence, je n’ai pas perdu mon émerveillement face à tant de choses précieuses qu’un homme ignorant la théologie tel que Marcello a eu la grâce de recevoir d’en haut. Je tiens à vous en souligner au moins deux. La première : comment le Seigneur l’a amené à lire et à suivre les écrits de Saint Grégoire le Grand, et la règle de Saint Benoît. Cela donne matière à réflexion. Et ensuite, un avertissement qui remonte déjà à la prophétie de 1981 : « le grand jour est proche !» Mais nous reviendrons sur ce sujet à la fin de ce livre. « Le sable s’écoule rapidement dans le sablier de ma vie », dit parfois Marcello : sans une veine de tristesse ou de mélancolie, tout au plus avec une préoccupation affectueuse pour les personnes auxquelles il viendra à manquer, à commencer par le petit fils Dany, son rejeton. Pour le reste, il sait que « de là-haut» il se tiendra debout avec ce Christ qui a daigné lui montrer son visage, et qui depuis lors, il n’a jamais cessé d’aimer. « Personne ne m’arrachera de ses mains », répète-t-il souvent. Sa santé est précaire. Aux débuts de l’année 1995, il eut un grave infarctus ; l’on désespérait pour sa vie. Mais lui, sa vie, il l’avait remise entre les mains de Dieu ; elle était suspendue par un fil ténu, mais celui qui tenait ce fil était le Tout-Puissant…Il ne voulut pas se soumettre à aucune intervention chirurgicale ni à les pharmacothérapies; ils le firent signer parce qu'il prît toute responsabilité. Il s’en tira. Il passa une période de convalescence à Sant’Arcangelo, sur la rive du ce lac Trasimeno qui avait été si important dans sa vie. En effet, à présent, nous voulons parler de quelque chose, ou mieux de quelqu’un, très important et… sympathique : Dany, le Rejeton. Chapitre XXII Le rejeton Marcello a un rejeton appelé Dany qui est né en 2000 : il lui consacre beaucoup de temps, il compte beaucoup sur lui – et même nous à la communauté – parce que c’est un enfant franc, déterminé et avec des sentiments authentiques, bref il a « du caractère ». Un jour, ce pourrait être lui qui devra poursuivre l’œuvre que le grandpère a lancé. Un papy que Dany appelle papa, malgré qu’on lui ait expliqué sa situation à plus d’une reprise. En effet, son père l’a abandonné lui et sa maman et il est parti. Mais Dany a trouvé en Marcello un autre père, qui vaut plus qu’un père naturel, parce qu’il représente un « père de cœur ». Il y a un lien spécial, une entente bénie entre eux deux, un « feeling » tout particulier : et pourtant, Dany lui en fait voir de toutes les couleurs… Quand il était en première année de l’école primaire, on lui demanda de préparer un rapport d’évaluation du « papa » ; une cote – d’un à dix – pour chacune de ces caractéristiques : la patience, la sympathie, la sévérité, la disponibilité à jouer, la câlinerie, le ronchonnement. Sur quelques unes de ces évaluations (sévérité: 3; ronchonnement: 7, patience : 9), Dany a avoué ensuite s’être trompé…par défaut: ces cotes devaient être plus élevées. Pour la « câlinerie » par contre, il était sûr depuis le début :dix! « Il est trop gâté à la maison cet enfant » - c’est ce qu’a dit le professeur du gymnase d’arts martiaux – « C’est pourquoi, il est ici un peu distrait, déconcentré… » Marcello s’en est alors sérieusement entretenu avec lui : « Dany, je vais devoir cesser de te chouchouter ». « Non, papa » - a répondu Dany – « Continue à me chouchouter, et je promets de changer. » Et effectivement, il l’a fait. Même à l’école, les professeurs disent que maintenant, il est bien plus appliqué : il a appris une leçon importante, celle de l’amour ! Dany est le dernier des enfants de la « Communauté Familles de Bethleem ». Même sa maman – fille aimée de Marcello – a une histoire qui lui appartient. A vingt-quatre ans, elle quitta cette communauté de vie religieuse inspirée de Saint Benoît, et ce père exigent sur la foi et ses valeurs de vie : ce n’est pas facile de vivre à côté d’un parent de ce genre, même si on l’aime du plus profond de son âme, parce que l’on sait qu’il le mérite. Mais après, en dehors du nid, on découvre que tout ce qui brille n’est pas or dans ce monde fait de tant de vanité, tant d’apparence, tant d’hédonisme égoïste. Et alors, on repense à cette vie familiale et communautaire, bien plus simple mais aussi bien plus vraie : « J’irai chez mon père… » lit-on dans le récit du "fils prodigue". Mais il existe également la « fille prodigue », qui fait son retour à la maison ; et qui ensuite réjouit son papa, et tous les membres de la communauté, avec ce don de Dieu qu’est Dany, le rejeton. Le « Casone », qui revêt un intérêt historico-architectural, constitue le centre de l’hospitalité de la IACA à Rocca Sant’Angelo d’Assise. (Vue aérienne) Chapitre XXIII Comment est née l'association en 1991 En 1991, lors de l’une de ses retraites, suivie cette fois-ci auprès du couvent des Sœurs de Bethléem dans l’Abbaye de Monte Corona, entre Pérouse et Umbertide, Marcello sentit qu’il fallait créer une association qui partageait avec de nombreuses personnes les valeurs profondes de foi et de service pratique vécues – et même souffertes – au cours de plus d’une décennie de vie communautaire. Par ailleurs, pour ceux qui, parmi les membres de la communauté et ses propres enfants, avaient trouvé trop difficile ce chemin de prière et de sanctification, on pouvait tabler sur l’opportunité de continuer à se tenir debout et à œuvrer ensemble en tant qu’associés, peut-être avec des prétentions spirituelles moindres, mais toujours dans l’intérêt du prochain. Nous avions deux beaux sites en Ombrie pour accomplir cette mission ressentie profondément et destinée à porter « au nom du Seigneur Jésus Christ, l’amour et la paix entre les gens, dans la famille et la nature » (ce qui est le premier des objectifs de l’association que ensuite nous indiquâmes à l’article premier des statuts). L’association fut constituée à Assise le 24 avril de cette année 1991. Le nom « International Association for Christian Action » ne se voulait pas prétentieux : l’adjectif « international » et la tournure anglaise sous-entendaient la portée universelle du message et les destinataires auxquels celui-ci était adressé. Il y avait déjà des nationalités différentes parmi les premiers associés; actuellement, on compte une soixantaine de pays représentés par plus de trois mille membres de l’IACA. L’anglais allait d’ailleurs être la langue obligatoire pour communiquer avec tout le monde sur internet, cet instrument précieux que l’association adopta à partir de 2000. Comme « logo » de l’association, nous choisîmes un lion, constitué d’une mosaïque de pierre. Symbole du Christ, « le lion de la tribu de Judas », comme le définit le livre de l’Apocalypse (5,5), signe de force et de royauté. Les pierres qui composent cette mosaïque, renvoient à ce qu’écrit Saint Pierre, première « pierre », dans sa première épître (2, 4-5),: « Approchez-vous de lui, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu. Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtezvous à la construction d'un édifice spirituel… » Ce qu’il y a de curieux dans notre « logo » - figurant en jaquette -, c’est le museau qui n’est pas à proprement parler celui d’un lion. En effet, il s’agit de celui des « chowchows », dont nous avons un petit élevage. C’est une race de chiens « primitive » : cela a aussi tout son sens. Enfin, notre carte de membre reprends une phrase tirée des écrits d’un autre « lion », Léon (Lev) Tolstoï : « Puisque les gens corrompus s'unissent entre eux pour constituer une force, les gens honnêtes doivent faire de même». Cette « devise » est généralement appréciée par ceux qui la lisent : un signe des temps… Chapitre XXIV Accueil Le centre communautaire de Rocca Sant’Angelo a accueilli des personnes aux origines et situations humaines diverses : les uns cherchaient un peu de paix, les autres avaient besoin d’un lit et d’un plat chaud, tandis que pour certains, ils poursuivaient leurs rêves et d’autres cherchaient…l’évasion. Il s’est produit réellement un cas du genre, singulier certes mais aussi dramatique lorsqu’arriva un jour à Rocca Sant’Angelo un homme qui disait chercher une communauté chrétienne : il avait vu notre nom dans l’annuaire téléphonique, et demandait à rester un peu de temps avec nous. C’était tout… ou presque tout. Le « presque » est venu s’ajouter quand, après m’avoir parlé – et Dieu sait combien de gens m’en ont fait croire – il parla ensuite à Marcello : qui le convainquit de se rendre auprès du poste local des carabiniers, avec une Bible en main et la promesse qu’on l’aurait aidé à l’avenir. En fait, cet homme était en cavale dans toute l’Italie, après avoir commis un grave délit : Marcello était parvenu à lui soutirer des confidences sur sa réelle situation d’« homme recherché». Marcello alla lui rendre visite à plusieurs reprises, successivement, dans une prison psychiatrique où cet homme purgeait sa peine. Après quelques années, il vint dire bonjour à Marcello : il s’était « réhabilité » et travaillait à présent – il avait appris un métier en prison – et il avait même fondé une famille avec deux filles. Mais il y eut des histoires très différentes : comme celle d’une jeune fille, vêtue d’un drap blanc, qui faisait un voyage mythique en Orient. Ceci arriva une soirée en communauté, elle cherchait son frère qui, lui aussi, s’était embarqué dans cette aventure. Elle resta cette nuit-là, puis une autre encore, ensuite une bonne douzaine d’années. Elle avait trouvé l’Orient à Assise, tout comme le disait Dante. Mais si à Rocca Sant’Angelo, la capacité d’accueil était conditionnée par les espaces habitables limités, à Gaiche, nous avions une chaumière, tout à restaurer, susceptible de recevoir davantage de personnes. Et c’est ainsi qu’en 1998, nous nous décidâmes à faire face à cette tâche. Ce fut une aventure qui nous occupa pendant environ quatre ans, une grande partie du travail a été réalisé par des bénévoles : même deux Polonais vinrent nous aider , ils avaient l’IACA par le biais d’internet. Dans cette maison, nous avons pu accueillir, au fil du temps, des familles et des célibataires, pour des durées plus ou moins longues. L’environnement est très bon pour la santé : outre l’eau qui trouve sa source tout près – la maison avait été conçue comme centre pour hydrothérapie - il est possible de se promener aux alentours tout en respirant l’air aux senteurs boisés des conifères. Et l’on peut embrasser du regard le très beau panorama de la Vallée Nestore, avec le petit lac de la centrale de Pietrafitta qui semble donner un avant-goût du lac Trasimeno situé non loin de là et ces deux immenses « réacteurs » de la centrale (même la modernité porte en elle de la « beauté ») qui contribuent à créer une atmosphère qui relève du surréel. Un peu plus loin, on peut voir Pérouse, et en arrière-fond, les belles montagnes de l’Ombrie… Nous avons reproduit sur la quatrième de couverture de ce livre, une photo panoramique du site, prise aux débuts du printemps – on le voit au premier plan depuis les forêts encore défeuillés de Chêne - : la mise en relief de la beauté de ce coin de la Verte Ombrie vaut plus que tout autre commentaire. Mais de la contemplation, il est temps de passer à l’action: nous allons parler à présent des missions. Chapitre XXV En mission : quand la terre tremble La terre tremblait toujours incessamment à Assise et dans une large bande de terre de l’Apennin de l’Ombrie et des Marche au cours d’un séisme d’une très longue durée ayant commencé le 26 septembre 1997. Le « tremblement de terre d’Assise » : qui fit quatre morts à l’intérieur même de la Basilique de Saint François, dont deux étaient des frères. Deux ans auparavant, Marcello, convalescent d’une grave maladie, en retraite sur les monts du Trasimeno, avait reçu une prophétie pour Assise, qui ensuite s’est étendue à toute la terre. Un sévère avertissement : « Ecoute, Assise…Ta terre tremblera et se fendra ». Et une fissure s’ouvrit littéralement pour toute la longueur de la place inférieure de la Basilique de Saint François. Nous découvrîmes après avec stupeur qu’Amos, l’un des plus anciens prophètes bibliques, avait annoncé, lui aussi deux ans à l’avance, un grand séisme qui resta gravé dans la mémoire historique d’Israël. Que pouvions-nous faire dans ces jours de deuil et de confusion, si ce n’est de passer des nuits à veiller sous les portiques de cette place, pendant que s’affairaient les pompiers, les forces de l’ordre, la protection civile et des bénévoles de toute part ? Nous étions là aussi, avec notre prière et manifestations de solidarité; nous fîmes de même dans les camps d’accueil des victimes du séisme emménagés dans un premier temps sous des tentes et par la suite dans des containers. Quelques uns de nos jeunes collaborèrent activement auprès de la base logistique de Foligno. Nous cherchions à entrer en toute discrétion dans la douleur et le désarroi d’une personne qui peut-être avait vu s’écrouler en un instant cette maison qu’elle avait passé une vie à construire au prix de tant de sacrifices. Nous proposions autant que possible une aide pratique, et aussi une parole de foi. La foi en Dieu qui a non seulement créé la terre, mais qui gouverne aussi sa destinée, même par des événements insondables. Un Dieu qui reste cependant un « Père » pour tous ceux qui se confient en lui…. Chapitre XXVI En mission : quand la terre glisse Nous marchions dans les rues boueuses de Sarno, une ville de la province de Salerno en Italie du Sud, frappée en 1998 par un immense glissement de terrain, et devenue une ville fantôme. On nous déconseillait de monter plus haut, on sentait une odeur de mort. Nous parlions avec des jeunes et moins jeunes ; on nous invitait dans les maisons, où nous témoignions de ce que nous avions vécu à Assise pendant le tremblement de terre. Nous partagions les écrits d’un prophète, Habacuc, qui semblait avoir précisément parlé de cette catastrophe : « les monts éternels se disloquent, les collines antiques s'effondrent… De torrents tu crevasses le sol » et il priait ainsi : «Dans la colère, souviens-toi d'avoir pitié! » (Habacuc 3,2.6.9). Pour parler de Dieu le Père, Créateur et Seigneur du ciel et de la terre : il fallait du courage, lorsque cette « terre » s’était mise à s’ébouler vers la ville, engloutissant non seulement tes effets personnels, mais aussi tes êtres chers. Mais « Est-ce possible que la ville subisse une mésaventure, qui n’ait pas été occasionnée par le Seigneur ?» c’est ce que nous lisons dans la « Parole de Dieu », ceci nous avait été rappelé par ce livre prophétique d’Amos, qui s’était imposé à notre attention après le « tremblement de terre d’Assise » (Amos 3,6). Toutefois, quelle que soit les événements bouleversants dans lesquels nous nous trouvons à vivre, il y a le Seigneur derrière tout cela, nous ne sommes pas à la merci d’une « Nature » bizarre, tantôt mère, tantôt marâtre, et même pas non plus le jouet de la cruauté à laquelle le cœur de l’homme peut atteindre. C’est une question ardue. Tout comme d’ailleurs, il pouvait sembler « rude », difficile à accepter, d’écouter les paroles de Jésus quand on lui évoqua les victimes mortes sous les décombres d’une tour effondrée à Jérusalem, ou la cruauté avec laquelle Hérode avait massacré de pieux galiléens qui offraient des sacrifices au temple : «si vous ne voulez pas vous convertir, vous périrez tous de même » (Evangile selon saint Luc 13, 1-5). Mais que signifie « se convertir », si ce n’est revenir à Dieu le Père, et s’en remettre à son amour impénétrable ? Nous avons vu maintes fois que le visage et l’âme de ceux qui accueillaient ces paroles se détendaient. Chapitre XXVII En mission : quand la terre brûle Dans les deux centres de l’association, nous avons depuis toujours assuré une surveillance anti-incendie durant les mois estivaux, en contrôlant constamment le territoire jour et nuit. Ultérieurement et pendant quelques années, nous nous sommes alliés à deux Comunità Montane (NdT: organisation étatique responsable des matières environnementales en zones montagneuses), du Subasio et des Monts du Trasimeno, pour la détection des incendies : certains d’entre nous ont aussi suivi des cours de formation à ce sujet. Dans cette activité de sauvegarde de l’environnement, nous a soutenus l’amour pour notre terre ombrienne, ainsi que la conscience de l’effet dévastateur que les incendies exercent sur la flore, la faune, l’assiette hydrogéologique et la pollution atmosphérique. Nous sommes intervenus plus d’une fois pour affronter même directement les incendies. A Rocca Sant’Angelo, un incendie nocturne provenant du côté sud – vers Assise – avançait rapidement dans une zone pleine d’arbustes, surtout des genêts, très inflammables. Les pompiers nous déconseillaient de faire face à ce front de flammes, trop élevées et violentes. Mais nous sentîmes que nous pouvions surmonter cette épreuve avec l’aide de Dieu, et il en fut ainsi. Au cours de la nuit illuminée par cette lueur, on pouvait voir les silhouettes de certains membres de la communauté et de Marcello avec eux, tout en faisant obstacle à l’avancée des flammes, en battant le terrain avec des branches et en jetant des seaux d’eau. On en parle encore dans le village… Au centre montagnard de Gaiche aussi, nous avons contribué à l’extinction de plusieurs incendies. L’un avait été occasionné par la foudre, nous fûmes les premiers à le signaler. Mais l’incendie qui éclata juste au sommet de Montalvino – sur les pentes duquel se trouve notre maison d’accueil – mérite un traitement à part… Chapitre XXVIII Une façon particulière d’éteindre un incendie Une alerte provenant du siège montagneux de l’association à Gaiche parvint au centre de la communauté de Rocca Sant’Angelo : un incendie éclaté au sommet de Montalvino se frayait un chemin de façon menaçante vers la maison d’accueil, alimenté par un vent fort qui soufflait dans cette direction. Le temps de chercher quelques outils appropriés pour faire face à cette urgence et allons, en courant pour rejoindre le lieu le plus tôt possible. Marcello, qui, à cette époque, se trouvait en retraite dans ces montagnes, était déjà monté au sommet, pendant qu’arrivaient les véhicules du Corpo Forestale (NdT: un organisme paramilitaire chargé de tous les aspects concernant le contrôle et la supervision des forêts), un camion-citerne de la Comunità Montana, un « Canadair » qui survolait la zone tout en la pulvérisant de mousse d’extinction. Mais lorsque nous arrivâmes nous aussi sur le site, la situation était désormais sous contrôle : le vent avait tourné à 180 degrés et faisait reculer les flammes vers la zone déjà brûlée : un véritable prodige! La chose avait surpris tout le monde. Un adjudant du Corpo Forestale rapporta à son commandant la présence de Marcello sur le front de l’incendie en train de prier que le Seigneur fasse régresser le vent, alors qu’il semblait qu’il n’y avait à présent plus rien à faire. Le supérieur – un colonel – eut toutefois quelque chose à redire : n’était-ce pas une prière égoïste adressée seulement pour sauver les bois et la maison de l’association ? Eh bien, non : Marcello avait prié Dieu afin que le feu soit maîtrisé et s’éteigne sans occasionner davantage de dégâts à personne ; c’est précisément cela qui s’était produit, grâce à l’inversion inattendue de la direction du vent. Voilà une façon véritablement particulière d’éteindre des incendies ; même si, à bien y regarder, tout s’est déroulé selon … les statuts. Eh oui, en effet, les statuts de l’IACA stipulent que pour l’accomplissement de ses objectifs, l’association « prie Dieu pour qu’il guide toute chose et accompagne l’œuvre avec des signes et des prodiges de la puissance de son amour » art. 2 a.1). Et ce qui s'est réellement passé Chapitre XXIX Internet, une nouvelle frontière de mission « Internet, nouveau prophète pour la Parole de Dieu » : cette définition émane de Jean-Paul II. Mais si on y regarde un peu, Saint Pierre - le premier « Pape » - laissa les filets de pêcheur parce que Jésus l’avait appelé à devenir « pêcheur d’hommes » ; ce grand Pape « communicateur » a dit qu’il est temps de pêcher avec un autre « filet » … celui du web. Déjà en 2000, après beaucoup de réflexions et prières, nous sentîmes de nous approprier cette « mission ». «La Sagesse crie par les rues, sur les places elle élève la voix » - lit-on au début du livre des Proverbes (1,20) - : et sur internet une nouvelle « place » planétaire s’est créée dans laquelle il est possible de faire retentir la sagesse de l’Evangile, et de « proclamer » ça qui a été « chuchoté dans le creux de l'oreille » (Mat 10,27). Le nombre de nos sites a progressé au fur et à mesure – ainsi que le temps que nous y investissons en y travaillant jour et nuit. Et le nombre de visiteurs a continué d’augmenter. Sur ces sites, ils trouvent non seulement un large aperçu de ce que notre Association est et fait, des lieux où elle est active, des événements du témoignage rendu à Assise… mais également une mise en relief « prophétique » de tant d’événements dans lesquels nous sommes impliqués (Jésus reprochait à ses contemporains d’être des experts dans les « prévisions » météorologiques – justement comme nous aujourd’hui – mais nous ne savions pas distinguer « les signes des temps » : Evangile selon Saint Luc 16,4. Chapitre XXX Projets et rêves Pour le siège principal de la IACA, il existe un projet prenant : une « oasis » ! Le mot évoque de la fraîcheur, de la tranquillité, de l’eau, des animaux, du silence, des randonnées vertes. Il y a tout cela, et bien plus à Gaiche, dans une zone qui entre autres verra s’accroître le nombre de visiteurs grâce à la présence du très important Musée Paléontologique de Pietrafitta et aux nombreuses initiatives environnementales, culturelles et folkloriques de la Vallée Nestore remplie de vie. Le tout est de commencer… Et enfin, un « rêve » : un centre de recherche et d’assistance pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, en l’honneur de la mère de Marcello Ciai, Rina Ricciarelli, touchée par cette pathologie impitoyable dans les 15 dernières années de sa vie. Voici ce que Marcello a écrit à ce sujet : Elle a tout à coup été saisie Par l’obsession de ne plus se trouver chez elle Et elle cherchait à fuguer pour aller – comme Elle disait – à son propre domicile. Elle oubliait souvent qu’elle avait mangé Et demandait continuellement de la nourriture. Elle confondait son assiette avec L’écuelle du chien. Elle se couchait le soir dans son lit Complètement habillée, Chaussures comprises, et refusait Violemment une quelconque intervention, Que ce soit du mari ou de la domestique. Ces épisodes symptomatiques et d’autres encore Ont concerné La maladie de ma mère. Je priai et j’obtins sa garde dans ma Communauté (les Familles de Bethléem) Et ici avec l’aide de Dieu, elle ne cherchait plus à s’enfuir Ou à échanger son assiette avec l’écuelle Du chien et elle se laissait dévêtir pour aller au lit. J’étais le seul qu’elle reconnaissait et à qui elle parlait Mais ses étreintes me manquaient, Tout comme ses baisers et ses caresses. Je me rappelle encore quand j’étais enfant, Après une de mes énièmes espiègleries, Elle me poursuivait avec le balai, Pour m’en donner des coups et comme c’était beau de voir Que je lui demandais pardon sur ses genoux, Entre ses bras pleins d’amour. Ses baisers étaient alors toute ma joie ! C’est pourquoi j’ai lancé cette initiative D’un centre d’accueil et d’études Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Avant de mourir, j’espère être capable D’étreindre encore quelqu’un. Chapitre XXXI Réjouissez-vous : le grand jour est proche Dans la première prophétie – « Le manteau » - reçue par Marcello en 1981, retentit ce cri d’alerte : « Le grand jour est proche ! ». Oui, parce qu’il y aura une fin aux tourments de notre humanité. « Quel sera le signe de ta venue et de la fin du monde ?» demandèrent une fois les apôtres à Jésus. Et le Seigneur ne les reprit pas d’avoir posé une bête question, mais répondit en indiquant toute une série de signes dramatiques qui auraient précédé Son retour : des signes dans la vie familiale, sociale et religieuse ; dans la nature, dans les rapports entre les peuples… C’est le fameux discours prophétique de Jésus mais pourtant si négligé qui est adressé pour encourager et préparer les Siens en vue de Son retour : « Quand vous verrez toutes ces choses » - et aujourd’hui, il est vraiment difficile de faire semblant de ne pas les voir- « sachez que Lui – Jésus parle de lui-même – il se tient juste devant la porte… Levez-vous et levez la tête, parce que votre rédemption est proche ! » (Saint Matthieu 24,33 Saint Luc 21,28). « Votre rédemption est proche » : eh oui, celui qui reconnaît en Jésus « le premier et le dernier, l’Alpha et l’Omega » - comme il est écrit dans l’Apocalypse – sait que la fin du monde ne sera pas un rideau qui se baisse sur l’histoire humaine tout en occultant et en annulant. Non, la fin du monde, c’est justement Jésus qui revient sur cette terre pour la libérer définitivement du mal : « Il se manifestera depuis le ciel avec les anges de Sa puissance en feu ardent, se vengera de ceux qui ne connaissent pas Dieu et n’obéissent pas à l’Evangile… », écrit l’apôtre Paul, car hélas, bien des personnes connaîtront cette « colère de Dieu », dont parlent les saintes écritures de façon concordante. « Le grand jour est proche ! ». Mais, « à quel point » est-il proche ? Bien des gens montrent un grand intérêt pour la datation de la « fin du monde » indiquée par l’ancien peuple précolombien des Mayas, dont le calendrier astronomique finirait le 12 décembre 2012. Mais Jésus a été explicite sur le manque de fondement des « dates d’échéance» présumées de la fin du monde et de Son retour : « Nul ne sait ni le jour ni l’heure…sauf le Père » (Saint Matthieu 24,36). Ceci ne dispense pas pourtant ceux qui – comme il est écrit – attendent « avec amour la manifestation de Jésus », de scruter avec anxiété les signes qui annoncent anticipativement le retour du Sauveur et Juge du monde. Parmi les écrits de Marcello, il y en un seul – datant de 1981 – faisant référence au temps du retour de Jésus- et mérite d’être cité ici : « Le quatorze du quatrième mois de l’an mil neuf cent septante-huit, est né un enfant flamboyant du feu d’un nuage ; il est monté au ciel, mais à l’âge du Christ, il reviendra avec le feu d’un nuage et ce sera alors, les pleurs et les grincements de dents. Réveillez-vous ! Repentez-vous ! Et Priez » ! » Des mots, même s’ils avertissent quant à la proximité rapide du « grand jour », laissent une certaine indétermination sur le « moment ». Que signifie « l’âge du Christ » ? Si l’on se réfère à la durée de vue terrestre de Jésus, il faut toutefois tenir compte que la majeure partie des experts sont d’accord pour dire que le Seigneur est resté au milieu de nous plus de trente-trois ans que la tradition lui attribue… L’extrait rapporté ci-dessus inspire toutefois une sainte crainte bénéfique, en indiquant par la même occasion le chemin du salut : « Réveillez-vous ! Repentez-vous ! Et priez ! ». Parce que pour beaucoup, Jésus a clairement et répétitivement mis en garde dans l’Evangile – ce « jour » signifiera «pleurs et grincements de dents ». Mais pour ceux qui on foi en lui et se confient en lui, ce sera un jour au cours duquel, comme on peut lire à la fin de la prophétie de Marcello sur le tremblement de terre d’Assise : « Le désert se transformera donc ensuite en jardin. Dans un livre finalement ils liront. L’humilité écoutera, la justice verra. Le railleur et le joyeux luron disparaîtront et personne ne pourra plus porter atteinte à autrui. Les messagers de paix ne s’étrangleront pas et les hérauts les accueilleront. Le jardin se transformera en un parc et le livre en doctrine. L’Esprit du Seigneur étreindra la terre et les morts s’aimeront. » Une prière que je vous adresse Cela fait plus de trente ans qu’est apparue en terre d’Assise l’œuvre singulière et précieuse que j’ai voulu vous faire connaître. L’engagement consacré à une solidarité authentique au bénéfice du grand nombre a progressé. Mais le besoin en ressources adéquates pour réaliser les objectifs, les missions et les projets de cette œuvre dont j’ai bien que brièvement parlé, a aussi évolué. Marcello, lui-même, l’homme dont j’ai relaté l’histoire et les révélations stupéfiantes reçues de Dieu, vit dans quelques mètres carrés d’une vieille grange au toit en ruine, recouvert d’une grande tente d’où lui tombent dessus parfois … des fourmis. Vous pouvez certainement apporter une aide quelconque et je vous prie de le faire. Le contact le plus direct, c’est en téléphonant au (+39) 075 8038408, ou en envoyant un e-mail à [email protected] Vous pouvez également verser un don par virement bancaire à : Associazione I.A.C.A. International Association for Christian Action – Assisi, Petrignano. IBAN IT75 O063 1538 2801 0000 0002 226 SWIFT/BIC CRSPIT3S Retrouvez-nous sur internet: http://www.iacaassisi.org/donations-on-line.htm Merci pour quel que soit ce que vous voulez faire, Dieu vous le rendra L’auteur Massimo Coppo, fils de l’écrivain et professeur d’Arts et de philosophie Alberto Coppo, est né à Foligno (Pérouse) le 10 mai 1948. Il a décroché un diplôme au lycée classique et a obtenu une bourse de l’American Field Service, grâce à la quelle il a vécu pendant un an dans l’état de l’Indiana, fréquentant la Columbus High School et y achevant le programme d’étude aboutissant au diplôme. Plus tard, il a été diplômé en sciences agronomes, avec félicitations à la Faculté Agricole de l’Université de Pérouse. Devenu professeur dans un Institut pour les arpenteurs de Terni, il était tour à tour directeur du Centre biblique universitaire de Pérouse et Pasteur évangélique. Après avoir rencontré Marcello Ciai, tout comme lui, il quitta tout – profession, maison, et ses biens – et est revenu à l’Eglise catholique. En fait, maintenant, il est conseiller à la IACA, où en tant que bénévole, il s’occupe de la trésorerie et se charge du secteur agricole.