Les Fils de la Charité Région France

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Les Fils de la Charité Région France
Les Fils de la Charité
Région France
Paris, le 6 janvier 2004
« Aujourd’hui, Seigneur, tu as révélé ton Fils unique aux
nations, grâce à l’étoile qui les guidait ; daigne nous
accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être
conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur. »
Oraison de l’Epiphanie.
Notre frère Claude Simonet est décédé subitement dimanche en début d’après-midi, à Mulhouse, lors
d’un déjeuner en famille. Il a été emporté par une crise cardiaque. Son neveu, médecin, pas plus que le
Samu n’ont pu le réanimer. Il venait d’avoir 77 ans.
C’est dans cette même région de l’Est, à Epinal dans les Vosges, que Claude est né le 8 novembre
1926. Son père était professeur de lettres au lycée d’Epinal et Claude a fait toutes ses études dans ce
lycée jusqu’en « Math’ Elem. » Il avait un frère, plus jeune que lui, ingénieur chez Peugeot à
Mulhouse, et qui est décédé il y a quelques mois.
Dans sa jeunesse il avait rencontré des prêtres dévoués, un Père Blanc alsacien, en particulier. Et il a
eu le désir de devenir lui aussi Père Blanc. C’est donc chez eux (Société des missionnaires d’Afrique)
qu’il fait un postulat, puis en 1946, son noviciat à Alger, suivi du scolasticat en Tunisie.
En 1949, malade de la tuberculose, il est soigné à Carthage puis à Pau où il termine sa théologie, ainsi
qu’à Strasbourg. Sa santé fragilisée fait que les Pères Blancs jugent déraisonnable son admission chez
eux pour un travail en Afrique. « C’est un sacrifice pour moi, dira-t-il alors, de quitter la société des
Pères Blancs. Les dix ans que j’y ai passé comme aspirant m’avaient permis de bien la connaître et
l’esprit qui l’anime, de l’estimer beaucoup et de m’attacher toujours un peu plus au champ
d’apostolat qui est le sien. Même après la maladie je pensais pour moi préférable de continuer dans
cette voie. Le supérieur général nous ayant fait connaître que cela lui paraissait imprudent… mon
devoir était donc clair. » Il en a toujours gardé quelque nostalgie.
Trois choses l’ont alors amené chez les Fils : le désir d’une vie missionnaire, le désir de conserver la
vie religieuse et quelques lectures (une lettre sur l’oraison du Père Monnier et deux livres du Père
Michonneau.)
Il fait alors un noviciat avec le P. Boidin et ses premiers vœux le 23 septembre 1954. Après un an de
scolasticat puis un an à Sallaumines, il est nommé en 1956 à Belleville et il est ordonné prêtre le 25
mars 1957. En 1959 il est nommé à l’Union des Oeuvres où il reste quatre ans avant d’être deux ans
socius au postulat de Bellevue.
Nommé à Montréal de 1964 à 1969, il y fut le premier formateur, tâche très difficile, selon nos frères
québécois. Il a ensuite succédé au Père Georges Briand comme curé.
Rentré en France il restera de longues années à Colombes jusqu’en 1986, comme vicaire puis comme
curé de St Pierre-St Paul.
En 1986, il fait partie de la première équipe d’Evreux. Puis en 1994 jusqu’en 2001, il est curé de
Bezons. Pour son départ de Bezons il dira : « J’arrive à 75 ans... et il faut quelqu’un de plus jeune et
de plus dynamique».
Et Lorsque le Conseil lui a proposé d’aller au Mans, il n’a pas souhaité venir «voir» les lieux avant
d’accepter. « Je n’ai pas de raison de dire non, donc je dis oui »…En révision de vie, il disait vouloir
« s’assimiler au Christ pour la recherche du Père " faire la volonté du Père" comme dit l’Evangile de
Jean et aimer le Seigneur à travers ce qu’il me demande, dans la méditation, les évènements. »
C’était un homme de prière, attaché à la messe, à la prière du bréviaire.
Un homme d’études, intelligent, minutieux, méthodique qui travaillait régulièrement la Bible avec les
«cahiers Evangile» et soignait ses homélies.
C’était aussi un pasteur qui est allé jusqu’au bout de ses forces. Courageux, serviable, il ne disait
jamais non. Il lui fallait faire quelque chose : des baptêmes, des enterrements, dire des messes…
Fatigué depuis quelques mois par la maladie et un traitement de radiothérapie qui l’avait guéri, il
voulait cependant toujours faire…
A Bezons, il avait des liens avec la « boutique solidarité », participait aux rencontres santé au Centre
de santé.
Tous ceux qui l’ont connu gardent l’image de ce marcheur rapide et infatigable par tous les temps,
vêtu de son éternel jean un peu délavé, de son blouson gris, de son béret et ses grosses chaussures, qui
faisait des kilomètres pour voir des gens ou distribuer des lettres. Cela lui a valu un jour cette
exclamation d’un gamin de la ZUP de la Madeleine à Evreux : « Tu marches toujours en quatrième,
c'est pas possible, t'as un turbot dans les mollets », ce qui l'avait bien fait rire. L’exubérance pourtant
n’était pas le trait dominant de son tempérament. C’était un homme discret, réservé, extériorisant peu
ses émotions, pas plus ses joies que ses peines. Il s’en excusait par avance, et quand on lui demandait
de se présenter, il commençait toujours par dire : « Je suis un homme de l’Est ».
Mais cette réserve naturelle ne l’empêchait pas d’être attentif aux personnes et de compatir
profondément à leurs peines. Il aimait les gens. Il était avec tous, comme avec ses frères d’équipe,
d’une extrême délicatesse.
Cet homme qui avalait ses repas à une vitesse incroyable, sans se préoccuper de ce qu’il mangeait, a
montré toutes les qualités de son cœur lorsque, durant de longs mois, il a pris tout son temps et
employé toute sa patience pour faire manger Pierre Chenailles, devenu handicapé. «Si j’avais à garder
une image de Claude, ce serait celle-là » dit son responsable d’équipe : le service, l’attention, le
désintéressement, l’humilité.
Ce vrai religieux, humble, délicat, pauvre, d’une grande austérité de vie, dévoué aux gens et à ses
frères nous laisse un véritable appel pour notre propre vie religieuse.
Désormais comme le dit l’oraison de l’Epiphanie qu’il a célébrée juste avant de mourir, «il est conduit
à la claire vision de la splendeur de Dieu ».
Je suis sûr qu’il s’est présenté devant Lui avec les mots de l’Evangile de Luc 17,10 « Nous sommes de
simples serviteurs, nous n’avons fait que ce que nous devions »
Le Conseil Région France.
Une messe de sépulture a eu lieu à Mulhouse en l’église Ste Jeanne d’Arc
le mardi 6 janvier à 18 heures
Nous nous retrouverons aussi le mercredi 7 janvier à 15h 45
pour une célébration eucharistique en l’église St Etienne d’Issy-les-Moulineaux
suivie de l’inhumation dans le caveau des Fils au cimetière d’Issy