JVC 327 FR-xxx (Dierckx)

Transcription

JVC 327 FR-xxx (Dierckx)
NOUVELLE CONSTRUCTION
s
1. L’ouverture et la transparence
du séjour.
2. L’esprit de continuité et d’unité
omniprésent.
3. Une implantation judicieuse en
connexion maximale avec
l’extérieur.
4. Une lisibilité évidente de la pureté des volumes.
Semblable à un pont
À proximité de Jodoigne, dans le Brabant wallon,
cette demeure signe l’audace de deux architectes
pour qui structure, forme et fonction ne sont qu’un.
Une approche formelle matérialisée ici en
une esthétique très particulière: une maison
conçue comme un pont.
Texte: Stephan Debusschere
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LIGNES DE FORCE
ne structure en bois reposant sur deux socles, comme un pont. » Telle est l’idée fondatrice de Sébastien Dierckx et Laurent Devos, de l’atelier D2 Architecture, en réponse aux desiderata des maîtres d’ouvrage. « De
manière générale, notre envie première était contemporaine, basée sur une structure simple développant de belles perspectives
et beaucoup de lumière ; quelque chose aussi qui procure cette
sensation de connexion directe entre intérieur et extérieur, en utilisant des matériaux comme le bois, le verre et le béton», racon-
«U
tent les propriétaires. Ceux-ci s’étaient donné deux critères pour
choisir leur architecte : les réalisations, bien sûr, mais aussi l’ancrage de l’architecte dans la région, pour mettre toutes les chances de leur côté vis-à-vis des autorités locales, étant donné le caractère hors normes du projet. Au terme d’une présélection de
dix architectes, leur choix s’est finalement porté sur le bureau D2
Architecture, dont l’approche se résume en ces quelques mots :
intégration, lumière, simplicité et modernité. Une approche qui
colle parfaitement à ce projet très réussi.
© Photos : Laurent Brandajs
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GROS ŒUVRE
GROS ŒUVRE
NOUVELLE CONSTRUCTION
Le salon et la salle à manger sont bordés de baies vitrées
sur toute leur longueur. Une transparence qui fonctionne
comme une extension du jardin.
Ci-dessus : À l’arrière du bâtiment, le porte-à-faux de la structure en bois abrite
la chambre des parents et couvre la terrasse de la cuisine.
PRIORITÉ À LA CUISINE
Ci-dessus, de gauche à droite :
1. La cuisine a été conçue comme la pièce maîtresse de la maison. Un spacieux lieu de vie, où l’on mange aussi bien en famille qu’entre amis.
2. Des couloirs de circulation de part et d’autre du volume de stockage relient la cuisine au séjour et offrent de belles perspectives sur celui-ci.
DÉFENDRE SON PROJET
Le projet a tout d’abord été jugé trop «moderne» par les autorités
compétentes. Mais ce «non» presque catégorique n’a pas fait reculer les architectes. «Pour faire aboutir un projet, il est essentiel
d’être convaincu de la raison pour laquelle on se bat, expliquent-ils.
Cette raison, c’est notre volonté de cohérence, en réponse à la problématique de base, c’est-à-dire l’intégration totale du bâtiment à
son environnement.Pour plaider en faveur de ce projet, nous avons
développé des arguments qui allaient entièrement dans ce sens.»
UNE EXTENSION DU JARDIN
Le bâtiment se présente schématiquement comme un pont reposant sur deux socles qui accueillent respectivement la zone d’en-
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trée et la cuisine. Au centre, les espaces de vie – salon et salle à
manger – sont entièrement garnis de baies vitrées. «Cette transparence fonctionne comme une extension du jardin», commentent les
architectes. La volonté d’intégration se remarque d’ailleurs au sol
également, puisqu’aucun seuil ne vient entraver la circulation de l’intérieur vers l’extérieur. Cette sensation est renforcée par l’implantation de la maison. Le bâtiment présente en effet sa façade avant sur
la pointe du vaste terrain en forme de losange et se déploie sur toute
sa longueur (23 mètres), coupant en quelque sorte le terrain en
deux. Les trois autres façades de la maison bénéficient ainsi
presque à part égale du jardin qui«entre» dans la maison. «De cette manière, on profite absolument de tout le terrain», précisent les
architectes. Cette implantation accorde par ailleurs le bénéfice d’un
Lors de la phase de conception du projet, les architectes ont pleinement pris en considération le souhait des propriétaires de traiter la
cuisine en pièce maîtresse de la maison. «Nous voulions la cuisine
comme un lieu de vie, où l’on puisse à la fois cuisiner, vivre en relation avec l’extérieuret recevoir, résument-ils. Nous utilisons principalement la cuisine pour manger en famille, mais c’est aussi souvent le
cas lors de dîners improvisés entre amis.» Ce souhait a d’ailleurs
rencontré le souci formel des architectes d’opérer une continuité
maximale entre intérieur et extérieur, en excluant toute rupture. Très
lumineuse, la cuisine bénéficie d’une baie vitrée occupant quasiment toute la largeur de la façade arrière; comme partout au rez-dechaussée, le châssis a été encastré dans le sol pour permettre une
fluidité maximale. La couleur noire de l’ensemble des châssis contribue d’ailleurs elle aussi à effacer leur présence.
Faisant face à la baie vitrée de la cuisine, un volume rectangulaire
contenant la zone de stockage domestique sépare la cuisine du
reste des espaces de vie, sans l’isoler pour autant. En effet, de part
et d’autre de ce volume, des couloirs de circulation garantissent la
fluidité de mouvement et de vision tout en procurant de longues perspectives. Petite astuce au niveau de la porte donnant accès à cet
espace de stockage: elle a été montée en porte battante «va et
vient», à l’image des portes de cuisine dans les restaurants. Pratique lorsqu’on a les mains chargées...
Ci-dessus : La simplicité des volumes et l’utilisation intensive des murs
de rangement renforcent la fluidité de circulation.
LUMIÈRE ET SIMPLICITÉ
Derrière le volume de stockage, on découvre la zone de vie proprement dite, comprenant le salon et la salle à manger. Dans cet espace encadré par de longues baies vitrées, lumière et simplicité sont
au rendez-vous. De part et d’autre, la vue se prolonge dans le jardin,
et ce mouvement perpétuel donne la sensation de vivre à la fois à
l’intérieur et à l’extérieur.
Excentré, un poêle à bois sépare virtuellement la salle à manger du
salon. Les propriétaires ont choisi un modèle pivotant, de sorte
qu’ils peuvent orienter le spectacle du feu selon leur activité et leur
désir du moment.
L’accès au hall d’entrée – distribuant une toilette et une buanderie –
et à l’escalier menant à l’étage se fait par une porte qui coulisse
dans le mur et dont le rail a été encastré dans le plafond. Comme un
mur mobile. «Nous ne l’utilisons qu’en cas de besoin, pour mieux
isoler acoustiquement la zone de nuit de l’étage», commentent les
propriétaires.
PLACARDS À VOLONTÉ
Les architectes des lieux aiment aussi prolonger leur travail dans
l’aménagement intérieur de leur création. Ils ont donc dessiné
pour ce projet un modèle de placard, pour le démultiplier et le
déployer dans le hall d’entrée et tout au long de l’étage. Ces pla-
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ensoleillement maximal tout au long de la journée, ce qui constitue
un élément important d’apport thermique.
GROS ŒUVRE
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Ci-dessus, de gauche à droite : 1. Le long hall de nuit qui distribue les chambres est habillé d’un plancher en chêne teinté wengé. Les placards intégrés
aux murs forment des meubles double face, dédoublant les espaces de rangement. 2. Le bloc-évier de la salle de bains des enfants a été dessiné par les architectes.
3. Dans la salle de bains des parents, la façade du sauna intégré sert de support aux miroirs.
cards se présentent extérieurement comme des panneaux sans
poignées, pour leur procurer plus de légèreté. Une légèreté qui
se mue même en flottement, grâce à la peinture noire utilisée
pour teinter les interstices, agissant dès lors comme une ombre.
Un accompagnement intérieur que les propriétaires ont grandement apprécié pour son apport à la cohérence de l’ensemble.
Ces mêmes placards se retrouvent à l’étage, tout au long du couloir qui distribue les chambres. Les parois des trois chambres
d’enfant ont en effet été utilisées pour intégrer un mur de placards dont les clones se retrouvent de l’autre côté, formant des
meubles double face de quelque 80 centimètres de profondeur,
qui augmentent considérablement les surfaces de rangement.
vail de gros œuvre a en fait suivi celui du charpentier qui a réalisé
l’ensemble de la structure en bois de l’étage. «Ce travail hors normes, réalisé par un charpentier compagnon de France, a servi de
base au gros œuvre, puisqu’il a fallu travailler de manière extrêmement précise au niveau des mesures. Faire le contraire aurait été
totalement improductif et aurait considérablement retardé le chantier.» La base de cette structure consiste en une immense poutre
en lamellé-collé en forme de «U». «C’est le genre de poutre que
l’on utilise pour la construction de halls omnisports», notent les architectes. Le reste de la structure a également été préfabriqué
avant d’être monté sur place en quelques jours à peine. Le bardage et les châssis de cette structure ont été réalisés en bois de mélèze. La toiture est recouverte d’ardoises naturelles.
UN SOL UNIQUE
Dans ce même esprit de cohérence, de continuité et d’unité, une
finition «pierre bleue» a été appliquée aux revêtements de sol en
béton, à l’intérieur comme à l’extérieur, sur tout le rez-dechaussée. Mais si le résultat confère un look uniforme à l’ensemble, les deux revêtements comportent des différences : à l’intérieur, il s’agit d’une chape de béton traitée à l’huile de lin, tandis
que les terrasses extérieures ont été lissées «à l’hélicoptère» en
vue d’obtenir une couche d’usure résistante.
LE CHARPENTIER D’ABORD
Consolidés par des colonnes en béton, les deux socles sur lesquels vient se poser la structure en bois ont été réalisés en blocs
Ytong. «C’est un matériau léger, rapide à mettre en œuvre grâce à
la grande dimension des blocs. Il présente aussi une excellente
capacité d’isolation et une grande inertie thermique, ce qui protège à la fois du froid et de la chaleur», expliquent les architectes.
Pour des raisons d’organisation mais surtout de précision, le tra-
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UNE BOÎTE DE NUIT
Si la zone de vie au rez-de-chaussée se caractérise par ses larges
ouvertures – les plus grandes admissibles techniquement –, le
«pont» de bois de l’étage, qui concentre la zone de nuit, est volontairement plus fermé. Cette «boîte» se prolonge à l’arrière, en porte-à-faux, pour couvrir largement la terrasse du rez-de-chaussée,
côté cuisine. Ce porte-à-faux repose entièrement sur la poutre de
base et contient la chambre des parents. Pour bien marquer la
fonction de cette zone, le pignon est presque entièrement aveugle.
Les façades latérales, en revanche, présentent une succession de
petites fenêtres offrant des vues de part et d’autre du jardin.
Tranchant avec l’escalier et le palier revêtus de béton (dans la
continuité du rez-de-chaussée), l’entièreté de l’étage est habillé
d’un plancher en chêne teinté wengé, une tonalité foncée qui gère très bien le passage d’un matériau à l’autre. Notons qu’un matelas amortissant a été placé sous le plancher pour une bonne
isolation phonique.
GROS ŒUVRE
NOUVELLE CONSTRUCTION
REZ-DE-CHAUSSÉE
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IMPLANTATION
ÉTAGE
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1. Hall d’entrée
2. Buanderie
3. WC
4. Salon
5. Salle à manger
6. Cuisine
7. Stockage
8. Terrasse
9. Couloir
10. Chambre parents
11. Salle de bains
12. Sauna
13. Chambres enfants
14. Salle de bains enfants
15. Bureau
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Le long couloir qui distribue les trois chambres des enfants
aboutit à l’espace des parents. À l’instar de la cuisine, la
chambre des parents occupe toute la largeur du bâtiment.
Deux couloirs mènent à la salle de bains et offrent chacun
une rangée de placards faisant office de dressing. Les miroirs de la salle de bains dissimulent la porte d’un sauna,
entre les deux lavabos cubiques. Au niveau de la douche,
le sol est constitué d’une chape de béton, discret rappel du
rez-de-chaussée.
L’autre extrémité de l’étage est intégrée dans le socle en
dur du côté rue et comprend la salle de bains des enfants
ainsi qu’un vaste bureau.
Intégration, simplicité, luminosité et modernité: des maîtresmots pour une réalisation très maîtrisée. ■
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FICHE TECHNIQUE
Architecte : D2 Architecture, Sébastien Dierckx &
Laurent Devos – ☎ 0475 32 1895 (S.Dierckx) ou
0477 59 97 18 (L. Devos) – www.d2architecture.be
Type de construction: unifamiliale 4 façades
Superficie habitable : ± 300 m2
Matériaux:
● Murs du rez-de-chaussée en béton cellulaire crépi
● Structure d’étage en bois avec bardage et
menuiseries en mélèze
● Toiture en ardoises naturelles
● Rez-de-chaussée: murs plafonnés + sol en béton
lissé, ton pierre bleue
● Étage : cloisons en bois + sol en chêne teinté wengé

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