Faire et défaire les frontières indigènes : Terres et
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Faire et défaire les frontières indigènes : Terres et
Faire et défaire les frontières indigènes : Terres et Corumbiara Fazer e desfazer fronteiras indígenas: Terres e Corumbiara Doing and undoing indigenous borders: Terres and Corumbiara Hacer y deshacer fronteras indígenas: Terras y Corumbiara Vitor Zan L’Université Paris III – Sorbonne-Nouvelle, France. Résumé Le présent article analyse et compare deux films brésiliens contemporains dans l'intention d'approfondir la réflexion à propos de différentes manières dont le cinéma s'est emparé des frontières amazonienne situées dans des régions habitées par des peuples indigènes. Dans le documentaire intitulé Terres, dont la plasticité est originale et minutieuse, les frontières sont vouées à être oblitérées par des interactions à la fois humaines et environnementales. Sa "poétique de l'imbrication" semble, toutefois, renier les tensions géopolitiques présentes dans l'histoire des lieux représentés dans le film. À son tour, le film Corumbiara subordonne le souci esthétique à l'engagement vis-à-vis des droits des populations indigènes, mobilisant les outils cinématographiques afin d'imposer une frontière aux avancées des propriétaires fonciers vers les terres habitées par des populations autochtones. Le cinéma, de Terres à Corumbiara, est affirmé comme l'un des agents qui constituent le territoire, plus précisément celui des terres indigènes en Amazonie. Mots-clés: Documentaire; Indigène; Frontière; Terres; Corumbiara. Resumo O presente artigo analisa e coteja dois filmes brasileiros contemporâneos, com o intuito de adensar a reflexão sobre as diferentes formas como o cinema se apropriou e interferiu em fronteiras amazônicas situadas em regiões habitadas por populações indígenas. No documentário intitulado Terras, cuja plasticidade é original e minuciosa, as fronteiras estão fadadas a serem obliteradas por interações tanto humanas quanto do próprio meio-ambiente. Sua "poética da imbricação" parece desconsiderar, entretanto, as tensões geopolíticas que marcaram a história do local retratado pelo filme. O filme Corumbiara, por sua vez, subordina a preocupação estética à defesa dos direitos das populações indígenas, mobilizando o aparato cinematográfico para impor uma fronteira ao avanço de latifundiários Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 - 172 | 154 Zan, V. ________________________________________________________________________ em direção a terras habitadas por povos autóctones. O cinema, de Terras a Corumbiara, se afirma como um dos agentes constituintes do território, no caso aquele balizado por fronteiras indígenas na região amazônica. Palavras-chave: Documentário; Indígena; Fronteira; Terras; Corumbiara. Abstract This article analyses and compares two contemporary Brazilian films with a view to deepening reflection on ways cinema has portrayed the Amazonian borders located in areas inhabited by indigenous people. In the documentary called Terras, in which plasticity is original and thorough, borders are doomed to be obliterated, both by human and environmental interactions. However, its "aesthetic of entanglement" seems to ignore the geopolitical tensions of the history of the places depicted in the film. By contrast, aesthetic care in Corumbiara is subordinated to a commitment vis-à-vis the rights of indigenous populations. Cinematic apparatus is mobilized here to impose a border limit to the landowners' invasions of the indigenous territory. Thus the film takes sides within the unequal forces that have been constantly reshaping the concerned territory. From Terras to Corumbiara, cinema represents an agent that constitutes the territory of indigenous people in Amazonia. Keywords: Documentary; Indigenous; Boundary; Terras; Corumbiara. Resumen El presente artículo analiza y coteja dos películas brasileras contemporáneas, con el intuito de adensar la reflexión acerca de las diferentes maneras como el cine se apropió e interfirió en las fronteras amazónicas ubicadas en las regiones habitadas por poblaciones indígenas. En el documentario intitulado Terras, cuya plasticidad es original y minuciosa, las fronteras están predestinadas a ser obliteradas por interacciones tanto humanas cuanto del propio medio ambiente. La película Corumbiara, a su vez, subordina la preocupación estética a la defensa de los derechos de las poblaciones indígenas, movilizando el aparato cinematográfico para imponer una frontera al avanzo de los terratenientes en dirección a tierras habitadas por nuevos pueblos autóctonos. Tratase de tomar partido en el seno de las desproporcionales líneas de fuerza que reconfiguran incesantemente el territorio abordado. El cine, de Terras a la Corumbiara, se afirma un agente que constituye el territorio de las poblaciones indígenas de la región de Amazonía. Palabras Clave: Documentario; Indígena; Frontera; Terras; Corumbiara. Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 155 Zan, V. ________________________________________________________________________ Faire et défaire les frontières opérateurs à de nombreux pays du globe indigènes: Terres et Corumbiara ou bien lorsqu'Albert Khan conçoit les Archives de la planète, le cinéma franchit Les innocents du Leblon des frontières afin de rendre visible n'ont pas vu le bateau arriver. d'autres territoires. Dans le contexte des indigènes Transportait-il des danseuses? Transportait-il des immigrants? brésiliens, les images de ces peuples, Transportait-il un gramme de radium? surtout celles tournées dans la première Les innocents, définitivement innocents, moitié du XXe siècle, sont historiquement ignorent tout, liées à une vaste démarche colonisatrice, mais le sable est chaud et il y a l'huile douce où le contact avec l'autre s'établit dans un qu'ils mettent sur leur dos, et oublient. cadre d'expansion territoriale. Les innocents du Leblon1. Carlos Drummond de Andrade Ainsi, la économique et figuration des frontières est un élément central dans l'histoire de la représentation des indigènes au cinéma. Le film Autour du Brésil: Introduction aspects de l'intérieur et des frontières brésiliennes, réalisé par Luiz Thomaz Reis Depuis l'invention des caméras en 1932, en est un bon exemple. Pour ne légères 16mm et surtout depuis l'arrivée de citer que les deux précurseurs du cinéma la vidéo, le cinéma documentaire n'a ethnographique brésilien, il convient de jamais cessé de réfléchir et d'agir sur les noter que Luiz Thomaz Reis est au service frontières. Un exemple récent tout à fait de l'armée et Silvino Santos financé par un remarquable est Cinq caméras brisées marchand de latex. Ils représentent, ainsi, (2011), dans lequel le paysan Emad Burnat deux entités ayant été terriblement néfastes n'utilise que des caméras d'amateur pour aux indiens : le colonialisme national d'une s'opposer à des Israéliens en train de part et la force exploratrice du commerce construire une muraille qui spolie les d'autre part. Au sein de ces deux pôles villageois palestiniens d'une grande partie d'expansion, l'indigène est soit ausculté, de de leurs terres. Mais bien avant cela, manière similaire à celle utilisée par les lorsque les frères Lumière envoient des géographes pour décortiquer les aspects du territoire, soit traité comme l'une des Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 156 Zan, V. ________________________________________________________________________ richesses naturelles que l'on s'engage à tout au long du XXe siècle. En effet, une exploiter. partie du cinéma contemporain portant sur S'attachant à décrire leur physionomie, ces images de l'aurore du les cinéma ethnographique font écran aux survivances d'une histoire catastrophique, véritables questions comme le montrent Serres du Désordre ou indigènes. Au concernant lieu les d'utiliser indigènes est traversé par les Parallèle 103. l'enregistrement cinématographique pour L'année 2009 a vu sortir deux aider à assurer leurs droits et à comprendre documentaires sur la question des terres leur culture, ce sont contradictoirement des indigènes: Corumbiara, de Vincent Carelli images anthropométriques qui émergent, et Terres de Maya Da-Rin. Tandis que comme si l'essentiel dans la connaissance Corumbiara de l'autre pouvait passer par la surface et historique, retraçant vingt ans de luttes en par les mesures de son corps. Dans de faveur des indigènes, Terres s'attache à la telles circonstances, et tout au long du situation vingtième siècle, les questions territoriales majorité des terres indigènes a déjà été ou frontalières s'imposent, étant présentes démarquée), cherchant à dévoiler les dans la quasi totalité des films sur les spécificités d'une société interculturelle. peuples autochtones (voir figures 1 et 2). intègre actuelle une (quand l'immense Face à Il a fallu attendre jusqu'aux années hétérogènes sur 1970 pour que le cinéma puisse rendre relativement analogues, compte de la gravité de ce qui était en jeu, consacre à délimiter les contours de ces l'envisageant d'abord poétiquement, à poétiques concernant les indigènes et la travers œuvres allégoriques et question foncière qui est intrinsèquement des mélancoliques, comme l'a dit Edgar deux approche des perspectives problématiques l'analyse se liée à leur histoire. Teodoro da Cunha2. C'est seulement dans les années 1980 que certains réalisateurs TERRES (2009), de Maya Da-Rin ont essayé d'intervenir directement dans la réalité des indigènes en prenant parti pour La motivation première de Maya ceux-ci. C'est le cas de Sérgio Bianchi et Da-Rin est commune à de nombreuses de Vincent Carelli. Ce type d'initiative est œuvres d'art contemporain. La réalisatrice donc arrivé, hélas, très tardivement, bien envisage d'explorer les lieux de passage, après l'usage de la figure de l'indigène dans les interstices, ou encore les entre-lieux. de discours nationalistes et surtout après de C'est par le biais de cette thématique que nombreux massacres qui se sont produits Maya Da-Rin arrive pour la première fois à Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 157 Zan, V. ________________________________________________________________________ la ville de Leticia, en 2005, pour y passer du film, qui consiste à produire des images deux ville dont le contenu conteste visuellement la colombienne fait frontière avec la ville fonction isolatrice des frontières. Le film brésilienne de Tabatinga, là où l'Avenue de s'attache l'Amitié devient Avenue Internationale. La mouvements, particulièrement à ceux qui conurbation de ces deux villes fait aussi suggèrent l'idée d'une traversée. D'où la frontière avec le Pérou, de l'autre côté du récurrence d'autant de moyens de transport fleuve y : voitures, vélos et bateaux cadencent le seulement rythme du film, auquel s'ajoute les piétons mois en repérage. Amazonas. présente La n'est La confluence pas ainsi toutes ethnique, la s'entremêlent dans le chassé-croisé du (peuple centre-ville. À ce titre, il est opportun de amérindien), une grande partie de la remarquer que 5 sur les 7 personnes population est métisse. interviewées sont en mouvement en même prépondérance des Ticuna de L'intérêt que Maya Da-Rin porte aux particularités engendrées par le temps qu'elles concernent ponts de qui dépit des sortes géographique, mais aussi linguistique et puisqu'en traversent à parlent. plus et Ces qui plans particulièrement les métissage et par les échanges culturels, frontières dites naturelles. Si les distances thèmes centraux du film, détermine la et les obstacles font partie de l'espace façon dont elle s'adresse à l'autre (du choix physique de la vie courante, l'homme les des personnages à la manière dont elle transgresse continuellement. découpe l'espace filmique). Le récit ne se Cette première manœuvre va de limite pas aux témoignages recueillis, il pair avec la deuxième, qui s'appuie sur le puise sa force dans l'association de trois témoignage de membres de la population régimes d'images directement liés à la locale. L'argumentation verbale s'agence question de la frontière. avec l'argumentation visuelle précédente. La figuration de la frontière comme Le film privilégie, globalement, des lieu de passage annonce dès la première personnages qui franchissent les frontières séquence du film une constatation mise en quotidiennement, ce qui tend à les rendre valeur par la réalisatrice. L'accent est mis critiques envers les frontières. C'est le cas sur le fait que, paradoxalement, même là des deux chauffeurs de taxi et du chauffeur où autant de limites visent à marquer des du bateau-taxi, dont le travail implique ces séparations, une permutation d'objets et allers-retours. Ceux-ci font comprendre, d'individus se produit inlassablement. Cela comme correspond au premier régime de visibilité représente pour eux soit un empêchement Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 escompté, que la frontière | 158 Zan, V. ________________________________________________________________________ de circuler librement, soit une conception terre qui appartiendrait véritablement aux abstraite incompatible avec leur réalité. Ticuna, où ceux-ci pourraient même Concernant frontières envisager de constituer une nouvelle géopolitiques, cette deuxième stratégie nation. Ce faisant, ce dernier est le seul à filmique dénonce des mécanismes de aller dans le contre-courant du reste du contrôle qui restreignent la liberté des film, car au lieu d'envisager les frontières citadins (qui en l'occurrence ne constituent comme quelque chose dont il vaudrait qu'un seul peuple, selon l'avis de l'un des mieux se défaire, il souhaite plutôt les personnages). renforcer. Curieusement, il est également davantage Toujours dans les la logique de le seul à envisager la situation dans une l'entretien, Terres présente au spectateur perspective deux directement les conséquences du processus personnages indigènes (qui se revendiquent en tant que tels). Maya Da- historique, évoquant de colonisation. Rin s'avère être consciente du fait que si Ces deux premières instances du l'on parle de l'aire de l'Alto Solimões, il est film indiquent que si d'une part il promeut difficile d'occulter la problématique des une imagerie nettement antiraciste, d'autre terres indigènes. Elle cherche ainsi à part il se constitue à partir de l'oubli, où recueillir les points de vue d'indigènes sur l'éloignement du contexte historique écarte la question. Le premier est celui d'Irene du même mouvement les conflits inhérents Ipuchima, qui conteste l'idée de la frontière au sujet qu'il traite (voir figures 3). à travers l'idéalisation de l'ethos Alors que relèvent les deux d'un premiers traditionnel qui supposément était jadis régimes celui de son ethnie. Selon le personnage, cinématographique étant donné que l'environnement représente troisième fait preuve d'originalité. C'est là l'entité sacrée de la mère, la notion de où se confondent la plus grande beauté du frontière n'a aucun sens pour les indigènes. film et son aspect le plus problématique. Il serait donc inconcevable de découper, de Maya Da-Rin développe une manière très partager ou de posséder la terre. personnelle de filmer la nature. Les images assez lexique commun, le Le deuxième personnage indigène, de la flore amazonienne diffèrent du vivant dans un village ticuna, à proximité paysage classique, dont la composition se de Tabatinga, révèle son inquiétude à fait habituellement en plan d'ensemble. propos du statut de leurs terres, qui Alors que le paysage a traditionnellement intègrent, le une tendance panoramique, Maya Da-Rin patrimoine de l'État brésilien. Il rêve d'une plonge dans l'intimité de la nature, en dernière instance, Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 159 Zan, V. ________________________________________________________________________ examinant ses détails avec sa caméra, l'hybridation apparait comme l'axe qui révélant des guide tout le regard du film, jalonnant les intersections à peine perceptibles. Les trois types d'images qui le composent. plans à Ainsi, l'originalité du film concerne la mise l'homogénéisation et à la domination qui en forme d'une syntaxe cinématographique intègrent indigène diversifiée, où l'aspect plastique joue un notamment à travers les vues aériennes. rôle central, et où chaque régime visuel Les micro-paysages de Terres, tournés en investit son point de vue de manière caméra distincte. ainsi de des textures détail et s'opposent l'iconographie fixe, prennent une valeur particulière parmi autant de mouvements. Cette originalité esthétique On y découvre des textures, des couleurs, enveloppe, néanmoins, des propositions des feintes et surtout des imbrications. qui Encore une fois, le film met l'accent, cette montage parallèle entre les transgressions fois-ci la de barrières dans le monde des hommes et connectivité de toute chose, malgré les dans celui de la nature semble engendrer fissures. un certain déterminisme, selon lequel à travers la nature, sur méritent d'être questionnées. Le Outre la composition de ces plans, l'omniprésence de l'hybridation dans la leurs durées, assez longues, induit le flore environnante indiquerait que ce spectateur à dégager de significations processus serait également « naturel » dans complémentaires à partir de l'expérience la vie humaine. Ce rapprochement devient esthétique. des d'autant plus évident à la fin du film, processus mentaux, comme la description lorsque dans une longue séquence de et l'association (avec d'autres séquences du portraits, des individus aux traits métissés film), on s'aperçoit que l'intérêt par la sont filmés de la même façon avec laquelle diversité remarqué la réalisatrice avait filmé la nature. Le auparavant résonne également dans ces pouvoir argumentatif de ces images tend à micro-paysages Tout naturaliser le métissage, ce qui pose comme les différentes sortes de frontières essentiellement deux problèmes. D'un côté, sont franchies par les personnages, les au-delà d'avoir conduit à des théories feintes de ces portions de nature sont déterministes, la tentative d'essentialiser montrées en train d'être transgressées par les caractéristiques anthropologiques et des fourmis et des araignées. Au travers de sociales à travers l'observation de la nature ces indices de plus en plus flagrants, la constitue une contrainte à l'harmonie dissolution des frontières en faveur de raciale, comme l'a montré Michael Banton4 C'est que ainsi l'on que avait par rhizomatiques. Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 160 Zan, V. ________________________________________________________________________ (à partir d'un tout autre contexte). D'un gouvernement colombien estime que autre côté, et surtout, cette construction quatre indigènes de la région sur cinq ont reste hermétique aux rapports de pouvoir été exterminés pendant les deux premières qui sont en jeu lorsqu'il s'agit de frontières décennies du XXe siècle. en général, et des frontières amazoniennes À mesure que les images d'un film en particulier. Loin de réactiver l'histoire se révèlent, elles l'inscrivent, malgré lui, pour montrer que certains aspects de dans différentes histoires, qui sont aussi domination sont toujours en cours, le des histoires d'images, comme celle de la caractère amnésique du film maintient le représentation des indigènes au cinéma. statu C'est pourquoi on a souvent dit que les quo, autorisant un regard contemplatif, voire optimiste, sur les significations sont très difficilement (non)frontières. maîtrisables au cinéma. À ce sujet, l'on Observer les rapports sociaux liés pourrait affirmer que les plans serrés qui au territoire avec un regard non-critique permettent à Terres de dévoiler les serait oublier non seulement l'histoire du singularités propres à la région frontalière siècle offusquent, dernier, mais les histoires en contrepartie, la vue spécifiques du film : celle des frontières de d'ensemble et la prise de recul, comme si le l'Alto Solimões, de Tabatinga, de Leticia, découpage spatial et thématique du film des Ticuna, ou encore de l'acculturation éjectait colonisatrice5. Si l'on devait absolument historiques et politiques. promptement les dimensions faire la relation entre ces frontières et la nature, il aurait fallu souligner que dans la CORUMBIARA (2009), de Vincent nature on trouve à la fois des rapports de Carelli symbiose et de prédation. La ville de Tabatinga, par exemple, Corumbiara n'était pas à l'origine surgit au XVIIIe siècle, de la jonction d'un un projet de film. Vincent Carelli raconte village jésuite avec les locaux d'une que douane mise en place afin de surveiller les expériences cinématographiques de ce qui frontières avec le Pérou et la Colombie. est devenu par la suite l'association Vidéo Leticia, pour sa part, ne prend son essor dans les villages, Marcelo Santos lui avait qu'au début du XXe siècle, avec la demandé d'enregistrer les vestiges d'un construction d'un port destiné notamment à massacre d'indigènes qui aurait été commis exporter l'hévéa que les indigènes étaient sous l'ordre des propriétaires du territoire. forcés Les à extraire. Dû à cela, Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 le lorsqu'il images faisait de les Corumbiara premières auraient | 161 Zan, V. ________________________________________________________________________ d'abord eu une fonction de document, Corumbiara, cela se fait notamment par destinées à attester de la présence de des commentaires en voix off, mais aussi peuples indigènes dans le territoire, ainsi par le montage, ou encore par la réalisation que de la violence qui leur était infligée. de nouveaux enregistrements mettant à Cela avait pour but de garantir à la jour les sujets traités. Le procédé du population autochtone le droit sur leur remploi trouve son analogie au sein même terre, et de permettre que les responsables du film. Lors de la visite de Vincent du crime soient punis. Carelli à Marcelo Santos, ce qui est déjà un N'ayant atteindre dispositif de réactivation, celui-ci sort un entièrement ses objectifs, Vincent Carelli vieux dossier rempli de documents portant décide de reprendre les images qu'il avait sur les événements traités par le film. tournées décennies Ceux-ci étant à l'état brut, leur usage n'est précédentes pour en faire un film malgré possible qu'à partir d'un long processus de tout. d'envisager révision, de sélection et de recyclage. En Corumbiara comme un film de remploi : il effet, la visite à Marcelo Santos permet au y a d'abord la constitution d'un réservoir réalisateur, non seulement d'évoquer des d'images, ensuite l'écart temporel entre souvenirs et d'affects partagés, mais aussi l'enregistrement et l'utilisation, et enfin le de rendre évident le déplacement effectué déplacement du sens premier que l'on par le geste créateur de la reprise. cherche à accorder aux images au moment Désormais, affirme Carelli, « il ne s'agit où elles ont été prises. Ce déplacement est plus de prouver ou pas, il s'agit de raconter possible grâce à l'intervalle qui sépare ces l'histoire. »7 (Voir figure 4). deux pas durant Ce les procédé pu deux permet temporalités, permettant au Tenir compte de l'échec d'où les réalisateur de faire, entre autre, une images sont issues permet de comprendre révision de lui-même.6 C'est aussi la les caractéristiques liées à leur nature : la maturité de son activité d'indianiste qui recherche de traces, la frontalité des permet à Vincent Carelli de prendre du compositions visuelles, la valorisation des recul par rapport au processus dans lequel témoignages et même l'usage de la caméra il cherchait à intervenir. cachée. Dans un premier temps, Le passage du domaine judiciaire Corumbiara témoigne d'une militance de au domaine cinématographique implique la premier ordre, envisageant d'intervenir constitution nouvelle, directement sur un problème territorial. Si propre aux images, capable de faire vivre la comparaison fréquente entre la caméra les archives filmiques. Dans le cas de et le fusil se manifeste nettement vers la fin d'une stratégie Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 162 Zan, V. ________________________________________________________________________ du film, l'objet belliqueux que n'était, en théorie, pas aussi insensé que la représenterait le mieux la caméra de manière dont il a été mis en pratique. Alors Vincent Carelli serait sûrement le bouclier, qu'en principe la protection des indigènes visant à protéger les tribus par la et de l'environnement était prévue, celle-ci revendication a été largement ignorée sur le terrain. d'une barrière capable d'empêcher l'avancée colonisatrice. L'écart, toujours présent, entre les lois et « Le sud de Rondônia c'est le front leur application est d'autant plus important d'expansion du moment », dit Carelli au lorsqu'il s'agit de l'histoire des indigènes, début du film. La phrase employée par le ce qui est très visible dans le récit de réalisateur suggère Corumbiara. problème territorial la constance dans du Dès le début de la l'histoire colonisation, la législation concernant les brésilienne, alors qu'aujourd'hui c'est le sud peuples autochtones semble vouloir avant de Rondônia, hier c'était une autre région tout soulager la conscience des colons, et et demain une autre. Rondônia, appelé non pas garantir le bien-être de ces ainsi en hommage au maréchal Cândido populations. Rondon, porte dans son nom le signe d'un colonialisme progressiste Le lorsque Vincent Carelli commence le contexte dans lequel le projet de Vincent tournage, la restructuration de la politique Carelli s'insère fait suite à l'énorme concernant les indigènes isolés, conçue en croissance économique et démographique 1987, n'est pas encore mise en place. Outre ayant eu lieu dans la région entre les cela, la FUNAI8 présentait à l'époque un années 1960 et 1980. Cela résulte de la grand nombre de déficiences, révélées et politique régime analysées par Alfredo Wagner de Almeida militaire, qui a pris des mesures visant à et João Pacheco de Oliveira en 19859. développer que Parmi celles-ci, figurent l'absence d'une l'investissement dans la construction de archive centralisée et d'une méthode de routes, les travail clairement établie. Les auteurs entreprises locales, la mise aux enchères affirment en outre que « malgré les des terres de la région et l'installation des nombreuses initiatives prises entre 1975 et Centres de colonisation prévus dans le 1979, la préoccupation systématique avec Statut de la Terre de 1964 (soit la première la régularisation des terres indigènes est année de la dictature de 1964 à 1985). bien plus récente »10, ce qui fait tout à fait Malgré écho aux difficultés éprouvées par Marcelo de colonisation la la région, baisse la tardif. Il est important de mentionner que du telles d'impôts logique pour manifestement colonisatrice de ce dernier, le programme Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 Santos et Vincent Carelli à Rondônia. | 163 Zan, V. ________________________________________________________________________ L'intervention de Vincent Carelli lors, quelque chose de l'ordre d'un combat dans cette problématique confirme que le iconographique et pouvoir des images peut figurer parmi les s'ajouter au procès judiciaire. La contre- nombreux pouvoirs qui s'exercent sur les attaque des propriétaires consiste à accuser terres indigènes (politique, symbolique, Marcelo Santos et Vincent Carelli des territoriaux, sociaux, etc.). Le réalisateur crimes qu'ils auraient commis, en utilisant précise, avec sarcasme, que « l'indien les mêmes moyens que ceux-ci, à savoir, le n'existera légalement que si nous le médiatique, manipulant des images et des filmons. Un indien que personne n'a vu témoignages. Deux faux témoignages ont n'est qu'une rumeur ». Ce système force été enregistrés au Cartório regional de Vincent Carelli à côtoyer une pratique dont Vilhena, il aimerait s'éloigner, celle qui autrefois aujourd'hui le cabinet de Flauzino. Il s'est inspirée de l'anthropométrie judiciaire convient de souligner que l'un de ces ville où médiatique se trouve vient encore d'Alphonse Bertillon,11 ayant utilisé témoignages est celui d'Osny Ferreira, l'appareil cinématographique pour licencié de la FUNAI et accusé de s'être ausculter les indigènes indépendamment de associé à des marchands de bois. Celui-ci leur accord. Afin d'assurer leur droit sur la reproche à son tour Marcelo Santos d'avoir terre, Vincent Carelli a du « envahir » leur implanté des indiens dans la région dans le territoire. but d'extraire du bois lorsque la terre leur L'enregistrement des deux indiens serait accordée. D'ailleurs, ce même Osny de la tribu Canoê a eu un impact direct sur Ferreira, accompagné d'indiens d'une autre le contexte du litige, surtout à partir du tribu (Cinta-larga) s'est rendu au village moment Canoê où les images ont été pour offrir des vêtements à nationalement diffusées par l'émission Tiramantu et à sa mère afin de prendre des télévisuelle pouvoir photographies qui prouveraient qu'elles médiatique entra en jeu, contribuant à ce vivaient en bon voisinage avec les blancs. que L'argument la Fantástico. Police Le Fédérale interdise de l'inauthenticité des l'exploitation de la région. Représentés par indigènes se fonde principalement sur la l'avocat Flauzinho (Odair Flauzino de manière dont ils sont habillés. Aux mots de Moraes), les propriétaires contestent la Vincent Carelli suggérant qu'aux yeux décision judicaire en s'inspirant de la (naïfs ou corrompus) de la loi, l'indigène stratégie de Vincent Carelli. De cette qui n'a pas été filmé n'existe pas, l'on façon, les deux camps de cette bataille pourrait ajouter que l'appartenance de s'emparent du pouvoir des images. Dès l'indigène à son peuple est jugée en Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 164 Zan, V. ________________________________________________________________________ fonction des vêtements qu'il porte (ou pas), constituent ce qui indique l'ampleur du décalage entre l'encontre de Flauzino et des intérêts qu'il la politique, ou le pouvoir législatif, et représente. La puissance critique des l'anthropologie, déjà assez développée à archives filmiques est alors employée l'époque. En d'autres termes, selon le point contre l'oubli et l'impunité des coupables, de vu des propriétaires fonciers, « nu » tout en se manifestant en faveur de voulait dire « indigène » et « habillé » était l'histoire des victimes. synonyme de « civilisé ». La une lutte critique pour virulente démarquer à les La presse, qui avait auparavant frontières des terres indigènes devient dans contribué à la démarche des indianistes, le film une réflexion sur l'indianisme et sur publie cette nouvelle version des faits, sans la représentation de l'indigène. La révision faire le moindre effort de vérification à de Vincent Carelli intègre aussi une l'égard de sa véracité. En classant ensuite autocritique, dans laquelle il constate qu'il la situation comme polémique, les médias avait tendance à idéaliser l'image des refusent de publier des enregistrements indigènes. Le réalisateur se défait de cet postérieurs, comme ceux des indiens de la idéal, en exposant dans le film plusieurs tribu Akunsu, contactés ultérieurement par événements qui le contredisent, comme la l'équipe combat rivalité entre les Akunsu et les Canoê (qui iconographique se poursuit en 1995, se sentent supérieurs), la frontière en bois lorsque Vincent Carelli retourne à Vilhena construite par Tiramantu pour empêcher pour enregistrer une conversation avec les Akunsu de passer, le meurtre de Flauzino, l'avocat des propriétaires. Carelli l'indigène Canoê par les Akunsu, etc. s'aperçoit que Flauzino ne se souvient pas Ainsi, de lui, contrairement aux indigènes qui ne seulement à l'image médiatique falsifiée cessent de faire revivre leurs mémoires par le lobby des propriétaires, mais aussi tragiques dans leurs témoignages. Cet aux figures idylliques de l'indien, qui oubli inattendu de l'ennemi permettra au prennent leur essor au lendemain de réalisateur de le filmer, ce qui est rarement l'indépendance possible lorsque celui-ci est conscient de notamment avec le Romantisme littéraire l'intention de la personne qui le filme. (dont la première génération fait de Ainsi, le bourreau expose la logique l'indigène un mythe national12). du film. Le Vincent Carelli du s'oppose Brésil non (1822), (absurde) qui guide ses actions. Repris dix Corumbiara se donne pour tâche de ans après, lors de la réalisation de bâtir une histoire capable d'envisager les Corumbiara, terres ces séquences filmiques Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 du sud de Rondônia | 165 (et Zan, V. ________________________________________________________________________ indirectement celles de tout le Brésil) à naïf de sa part de croire que les massacres partir du point de vue de l'autre, cherchant de Corumbiara n'avaient qu'un coupable. Il à renverser les paradigmes officiels sur la s'est rendu compte, par la suite, qu'il question. Le récit du film permet de s'agissait d'une grande chaîne d'omissions, réactiver dimension de négligences et de violences touchant catastrophique de l'histoire des indigènes. différents cercles de la société. Cela élargit La circulation d'images et de thèmes qui se la gamme de responsables de cette contre- répètent incite le spectateur à comprendre histoire qui ne peut même pas être les événements du film non pas comme racontée. isolés, mais comme un long processus criminelles évoquées par Carelli sont toujours en cours. Pour ne prendre que analogues à celles qui ont peuplées quelques exemples : Passaká et le chef l'histoire de l'État de Rondônia, ou même Akunsu ont été blessés par balle ; un celle du Brésil dans sa globalité. Du point tracteur rase les constructions de leur de vue de l'indigène, toute la panoplie village ; Manuzinho raconte qu'il a perdu colonisatrice, de l'impérialisme portugais toute sa famille, victime de la rougeole ; au colonialisme national s'inscrit dans une l'indigène du trou, dernier membre de sa même lignée. La résignation personnelle tribu, est condamné à errer seul dans la du réalisateur prend part à un processus de jungle. La mise en rapport de ces histoires conscientisation historique, en cheminant individuelles vers un partage des responsabilités. affectivement permet la d'entrevoir une Les nombreuses actions histoire plus vaste où les personnages du film (tout d'aujourd'hui) comme sont les des indigènes Conclusion survivants, autrement dit, des rescapés d'un massacre décentralisé et à grande échelle. Que peut le cinéma à présent vis-àvis des indigènes et de leurs terres ? Sans En dépit de l'irréversibilité de la oublier que les enjeux de la situation tragédie, le ton de résignation adopté par présentée dans chacun des films son assez Vincent Carelli ne veut pas pour autant dissemblables, l'on peut constater que dire que rien ne reste à faire. Au contraire, Terres et Corumbiara répondent de façon le réalisateur s'investit de plusieurs façons, contrastée à cette question, sans toutefois dont le cinéma, où le récit qu'il met en s'opposer. œuvre prend des dimensions critiques, Terres se penche sur le métissage ethnographiques, poétiques et historiques. afin d'appréhender les nouveautés qui en Il déclare qu'au début du tournage c'était découlent. Sa démarche est légitime, et à Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 166 Zan, V. ________________________________________________________________________ certains égards, fructueuse. L'imagerie du partialement ses objectifs. Concrètement, film s'approche du mouvement perpétuel les images de Corumbiara ont contribué à par lequel les organismes vivants se faire en sorte que les terres indigènes contaminent entre eux. Les barrières sont soient rarement infranchissables ; l'isolement se symboliquement, elles composent un récit soumet à l'interaction ; l'état de pureté est qui s'approchant des intérêts des indigènes invraisemblable. De ce point de vue, qui remet en question différents aspects des fait l'éloge de tout métissage, la notion de discours dominants à propos du territoire frontière, et surtout son application dans la du Brésil en général et de Rondônia en réalité, se vide de sens. Les frontières particulier. La révision proposée à partir de territoriales seraient donc vaines, puisque la micro-histoire du film est extensible à contraires au sens naturel de la vie dans ses des instances plus larges, fondatrices de ce différentes formes. Le film opère alors le qu'est le Brésil, aussi bien dans la rapprochement iconographique entre les tangibilité de son espace que dans le noyau imbrications de la végétation amazonienne de son imaginaire, au sein duquel les et celles des visages métisses de la populations autochtones occupent une population locale, comme si les enjeux de place considérable. Quelle est la légitimité ces deux instances étaient du même ordre. d'une nation qui anéantit les peuples Cependant, son approche n'est possible indigènes tout en faisant d'eux son mythe qu'à partir d'un certain présentisme qui ne premier ? La question prend force dans le tient pas compte de multiples rapports de chagrin de Vincent Carelli, qui jovialement force qui agissent sur le territoire. En effet, poursuit sa quête interminable. ce qui fait défaut à Terres est justement ce que propose Corumbiara. légalement reconnues ; et Le présent article ne soutient pas que toute représentation relative aux Le geste cinématographique de indigènes doive forcément intégrer cet Vincent Carelli vise à faire frontière, car aspect tragique de l'histoire. Il s'agit plutôt les frontières peuvent servir à empêcher les de mettre l'accent sur la mise en scène des minorités frontières amazoniennes, qui ayant suscité d'être englouties par des puissances hégémoniques. Le contexte autant dans lequel il intervient ne lui permet pas s'enrichir lorsqu'elle embrasse une vision d'ignorer le pouvoir qui s'exerce sur les plus dialectique des enjeux du Brésil limites territoriales. L'ennemi auquel il fait contemporain. Dans ce contexte, l'oubli, face est, toutefois, bien plus puissant que ainsi que des prétentions universalistes, lui, ce qui ne l'empêche d'atteindre peuvent Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 d'injustices oblitérer récentes, ces semble problématiques | 167 Zan, V. ________________________________________________________________________ toujours en cours. Si cette histoire avait été 6 suffisamment débattue, si elle avait été Oliveira compare Corumbiara à Santiago, largement intégrée en tant que tragédie de João Moreira Salles. Voir Índio que fondatrice de l'histoire et de la géopolitique ninguém viu é boato, disponible sur le site brésiliennes, il serait important de passer à web: autre chose. Ceci est pourtant loin d'être le gramado09dia4a.htm cas13. 7 Au contraire, le discours Quant à cela, le critique Rodrigo de http://www.revistacinetica.com.br/ Voix off de Vincent Carelli. national(iste), qui se veut opposé au 8 Fondation nationale de l'Indigène. colonialisme, refoule toujours ses erreurs, 9 ou, pire encore, se considère comme que quatre ans plus tard : Pacheco de victime. En effet, le soi de la nation Oliveira, J. brésilienne (largement répandu dans la (dir., 1989). Os poderes e as terras dos population) continue à envisager la figure Índios. Cópias Heliográficas Av. Central, de Museu Nacional l'indigène comme un ancêtre La publication de cette étude ne s'est faite . symbolique, revendiquant celui-ci comme 10 étant « le premier brésilien ». poderes e as terras dos Índios. Cópias Pacheco de Oliveira, J. (dir., 1989). Os Heliográficas 11 2 Central, Museu Nacional, p. 18. Notes 1 Av. Ma traduction Cunha, E; Bertillon, A. (1893) Identification anthropométrique, Barbosa, T. (2006) signalétiques. instructions Melun, impression Antropologia e Imagem. 1. ed. Rio de administrative. Janeiro: Jorge Zahar Editor. 12 3 Alencar ou bien de Gonçalves Dias. Documentaire réalisé en 2012 par Silvio Da-Rin concernant les populations indigènes du sud de l'État de l'Acre. 4 Banton, (1985). Promoting 13 Voir, par exemple, l'œuvre de José de Même si quelques mesures allant dans ce sens ont été prises récemment : racial l'apprentissage de l'histoire indigène est harmony. Cambridge University Press. devenu depuis peu obligatoire dans les 5 collèges brésiliens. Voir Pacheco de Oliveira, J. (2012) Formas de dominação sobre o indígena na fronteira amazônica: Alto Solimões, de 1650 a 1910. Caderno CRH, Salvador, v. 25, n. 64, jan./abr., p. 17-31. Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 168 Zan, V. ________________________________________________________________________ Sobre a Funai. Os poderes e as Références terras dos índios. Rio de Janeiro, Museu Nacional, v. 14, pp. 13-75. Banton, Michael (1985). Promoting racial harmony. Cambridge, Cambridge Oliveira Filho, J. P. (2012). Formas de dominação sobre o indígena na University Press. fronteira Camilo, Janaina (2011). Em busca do País CRH, Salvador, v. 25, n. 64, fronteira. Paraty, RJ, Simpósio jan./abr, pp. 17-31. brasileiro de cartografia histórica. Carelli, Vincent (2004). Moi, un indien. Padilha, Solange. O Imaginário da nação nas Vídeo nas aldeias. Disponible sur e indianismo Disponible sur http://www.naya.o 2009/biblioteca.php?f=../admin/gui rg.ar/congreso2004/ponencias/sola /files_upload/biblioteca/docs/moi+ nge_padilha.htm +un+indien+port.pdf (2011). alegorias romântico no Brasil do século XIX. http://www.videonasaldeias.org.br/ Teresa Alto Solimões, de 1650 a 1910. Caderno das Amazonas: o mito, o mapa, a Castro, amazônica: La pensée Piault, Marc (2008). Anthropologie et cartographique des images: cinéma et culture visuelle. Lyon, Aléas. passage passage par à l’image, l’image. Paris, Téraèdre. Cunha, E. T. ; Ferraz, A. L. C. ; Hikiji, R. S. G (2007). O vídeo e o encontro cinéma: Ribeiro, Darcy (1979). Frontières indigènes de la civilisation. Paris, etnográfico. 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Il est rattaché au laboratoire IRCAV et sa thèse porte sur les territoires urbains dans le cinéma s'intéresse brésilien également contemporain. aux Il territoires indigènes, dont l'analyse esthétique ne peut manquer de faire appel à l'anthropologie. Email: [email protected] Vitor Zan é doutorando em estudos cinematográficos pela Université Paris III – Sorbonne-Nouvelle, França. Ele integra o laboratório IRCAV. Email: [email protected] Enviado em: 10/12/2013 – Aceito em: 20/06/2014 Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 170 Zan, V. ________________________________________________________________________ Figures Figures 1 et 2: Luiz Thomaz Reis, In VASCONCELOS, F. T. P. Vicente. Expedição ao Rio Ronuro. Imprensa Nacional, 1945. Figure 3: Photogrammes de Terras, de Maya Da-Rin, 2009. Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 171 Zan, V. ________________________________________________________________________ Figure 4: Photogrammes de Corumbiara, de Vincent Carelli, 2009. Rev. Polis e Psique, 2015; 5(1): 154 – 172 | 172