Ces ostéopathes qui prolifèrent

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Ces ostéopathes qui prolifèrent
MAINE-ET-LOIRE
Photo AFP
L’Anjou samedi
prochain sur France 5
Un peu d’Eurovision
à Sainte-Christine
« Échappée belle », l’émission phare
de France 5, sera consacrée samedi prochain à 20 h 35 à une descente de la Loire, de Saumur à SaintNazaire, en passant par Angers et
Nantes. Jérôme Pitorin, le journaliste
globe-trotter (à droite sur la photo) et
son équipe étaient passés en Anjou
début avril. Les téléspectateurs
pourront découvrir le Cadre noir de
Saumur, l’église des mariniers de
Saint-Clément-des-Levées, les habitations troglodytiques, le Lénin Café
de Chalonnes, la boule de fort… Le
reportage sera rediffusé le dimanche
15 mai à 10 h 25.
Il est celui qui, à 22 ans, va représenter
la France au concours Eurovision de
la chanson. Samedi, Amaury Vassili
interprétera, en direct de Düsseldorf
(Allemagne), « Sognu », qu’il chante
en Corse. Le jeune ténor, originaire
de Rouen, n’est pas un inconnu dans
les Mauges. Elie Jarry et son épouse
Maryline se souviennent l’avoir accueilli à trois reprises pour le festival de la chanson, organisé chaque
été à Sainte-Christine lors de la Fête
de la fouace. « Déjà, à l’époque, c’était
fou la puissance qu’il dégageait », se
souvient Elie Jarry. « C’était carrément
exceptionnel ».
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Mai
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13
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-0,58 -0,60 -0,60
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-1,51 -1,60 -1,70
-2,68 -2,75 -2,80
-0,07
Ces ostéopathes qui prolifèrent
De plus en plus nombreux à sortir des écoles, les jeunes ostéopathes ont du mal à survivre tant le marché est surchargé.
Émilie CHASSEVANT
[email protected]
U
n nouvel ostéopathe ouvre son
cabinet chaque mois. Et ce n’est
pas prêt de s’arrêter ! » Thomas
Capus, comme d’autres ostéos, est inquiet. Depuis quatre ans, le nombre
d’ostéopathes explose. Ils sont 161
dans le département.
Pour les jeunes diplômés, se faire
une clientèle est une vraie gageure.
Brice Thibault, installé à Angers, a
une façon de faire « très mécanique »
qui lui assure une renommée. Mais
beaucoup de ses camarades peinent
à s’en sortir : « Certains sont en grande
difficulté, d’autres sont partis à la campagne. Quand on a moins de cinq ans
de pratique, ça devient très dur ».
Pourtant, l’ostéopathie connaît un
engouement. Les patients sont de
plus en plus friands de cette forme
de médecine douce qui considère
l’individu dans sa globalité. Il traite
uniquement des problèmes fonctionnels, utilisant trois techniques :
structurelle (pour les articulations
bloquées), crânienne (pour rectifier
les problèmes du crâne) et viscérale (pour régler le mauvais fonctionnement ou positionnement des
organes).
La conséquence d’un
no man’s land juridique
Longtemps jugée illégale lorsqu’elle
était exercée par les non-médecins,
la pratique est restée dans un vide
juridique. Reconnue par la loi en
2002, réglementée par des décrets
en 2007, l’ostéopathie n’est toujours
pas considérée comme une profession. Il s’agit d’un titre que les ostéopathes exclusifs, mais aussi les
professionnels de santé (kinés, médecins, infirmiers…) peuvent obtenir
après avoir suivi une formation (lire
ci-dessous).
Pour Guy Roulier, membre fondateur
de la Chambre nationale des ostéopathes et pionnier de l’ostéopathie
à Angers, ce vide juridique est à l’origine de la prolifération des ostéos.
« Les écoles ont profité de ce no man’s
land pour former sans avoir conscience
f Anniversaire
Le souvenir
de Diên Biên Phu
Samedi matin, l’Association des
combattants de l’union française (ACUF) s’est recueillie devant sa stèle installée dans le
square Verdun à Avrillé.
Ses membres célébraient le
souvenir de la bataille de Diên
Biên Phu, en Indochine, perdue
par la France il y a cinquantesept ans.
L’ACUF poursuit le devoir de
mémoire pour les combattants, français ou d’origine étrangère, qui ont servi dans les
territoires de l’Union française
en Indochine, en Afrique du
nord ainsi que pour les militaires ayant servi dans des missions extérieures plus contemporaines de l’armée française.
Le Maine-et-Loire compte trois
sections, à Angers, Cholet et
Saumur.
Angers, jeudi. Guy Roulier est un des pionniers de l’ostéopathie. Ancien kiné, il a rayé son nom de l’ordre pour devenir exclusivement ostéo. Photo CO - Coralie PILARD.
du marché. » La France compte 60 écoles. « C’est plus que dans le reste du
monde ». Ces formations représentent
une manne financière, la formation
coûtant 7 000 € par an.
Pour réguler leur nombre, les ostéopathes aimeraient qu’un numerus clausus soit instauré. Impossible
tant que l’ostéopathie ne sera pas
reconnue comme une profession
de santé. Ils souhaitent également
qu’un diplôme national valide leurs
acquis. Un diplôme au niveau plus
difficile pour éviter d’être « la roue
de secours des recalés aux concours de
kinés ».
Dernière solution : que seuls les ostéopathes exclusifs puissent exercer.
« On éviterait une confusion entre la médecine ou la kinésithérapie et l’ostéopathie. Ce serait plus de clarté pour les patients et moins de tentation d’arnaque à
la Sécurité sociale (les séances d’ostéo
n’étant pas remboursées, N.D.L.R.) »,
recommande Guy Roulier. « Hors de
question », réagissent les professionnels de santé. « J’ai un double diplôme,
je ne vois pas pourquoi je devrais y renoncer, défend Stéphane Rubin, kiné-ostéo depuis trois ans. Les deux
pratiques sont étroitement liées. Quand
j’arrive aux limites de mon exercice, je
propose des séances d’ostéo. Mais je
dissocie toujours les deux. »
Pour les futurs ostéos qui voudront s’installer dans le Maine-et-
Loire, la tache risque d’être compliquée. « Je leur conseillerais d’aller en
Afrique francophone, remarque Guy
Roulier. Ostéopathe n’est pas une profession d’avenir. » D’autres optent pour
des solutions surprenantes. Comme
cette ostéopathe niçoise qui propose
des soins à 19 € sur le site d’achats
groupés Groupon.fr. « Il y a un vrai
risque de dérive commerciale. »
3 QUESTIONS À Alain Poirier
REPÈRES
« Pour les kinés, ce n’est pas un souci »
161 ostéopathes pour 652 kinés
kiné. Nous maîtrisons donc déjà une
grosse partie du programme (anatomie, physiologie, palpation…). Je
pense d’ailleurs qu’avec cette formation, les kinés font de meilleurs
ostéos. Je ne vois pas pourquoi ils
devraient renoncer à cette double
compétence. »
Ancien praticien à Chalonnes-surLoire, Alain Poirier siège au conseil
départemental de l’ordre des
masseurs-kinésithérapeutes.
1
Le nombre d’ostéopathes ne
cesse
d’augmenter.
Est-ce
quelque chose qui inquiète votre
profession ?
« C’était inévitable. Le nombre d’écoles et le peu de barrières pour
accéder à la formation encouragent
cette ruée vers l’ostéopathie. Mais des
problèmes économiques vont bientôt
se poser, leur situation ne va plus être
viable. Pour les kinés, ce n’est pas un
souci. Même si au rythme actuel, les
ostéos seront bientôt aussi nombreux
que nous, ça ne portera pas atteinte
à notre profession. On a toujours besoin de kinés, surtout dans les déserts
médicaux. Le seul danger serait que
des ostéos, pour survivre, se mettent
à faire des exercices de kinés. Ce qui
est illégal. »
3
Ne risque-t-on pas une confusion des genres quand un kiné a
cette double compétence ?
Alain Poirier.
2
Trouvez-vous normal que les ostéos doivent suivre 2 660 heures
de formation pour obtenir leur titre
alors que les kinés n’en suivent que
1 225 ?
« Le kiné qui a la double compétence
se doit d’être honnête pour qu’il n’y
ait pas de dérapage. Il doit mentionner au patient en quelle qualité
il exécute tel acte. Quant à facturer
des actes d’ostéo en tant qu’actes de
kiné pour se faire rembourser par la
Sécu, c’est totalement illégal. Ça n’est
jamais arrivé dans le Maine-et-Loire,
mais si c’était le cas, l’ordre ne défendrait pas le kiné en question. »
« C’est tout à fait normal car nous
avons déjà suivi une formation de
JEUDI 12 MAI 2011
En France, on recense 14 484 ostéopathes en février 2011. Le Maine-etLoire compte 161 ostéopathes pour
652 kinés. Il y a quatre catégories
d’ostéopathes. 68 (soit 42 %) sont
des ostéopathes à temps plein (aussi
appelés les exclusifs ou les « ni… ni »).
46 praticiens (soit 28 %) sont à la fois
ostéo et kiné. 30 sont à la fois ostéo
et médecin (soit 19 %). Enfin, comme
Guy Roulier, certains ont leur diplôme
de kiné ou de médecin mais ont décidé de se rayer des listes pour devenir
ostéopathes uniquement. Ils sont 16
(soit 10 %).
Formation
Mais tous n’ont pas eu leur diplôme
en faisant le même nombre d’heures.
Pour les ostéos exclusifs, qui intègrent
une école après le bac, la loi recommande d’avoir suivi une formation de
2 660 heures, soit cinq années d’études. Selon la Chambre nationale des
ostéopathes, la qualité des soins n’est
satisfaisante qu’après 4 200 heures
de pratique. C’est ce qui est d’ailleurs
recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pour garantir la sécurité et le bien-être des patients.
Les médecins bénéficient de l’agrément au bout de 150 à 350 heures
de formation. Les kinésithérapeutes
doivent suivre 1 225 heures de
formation.
Tarifs
Une consultation en ostéopathie coûte
entre 40 et 50 € selon les tarifs du praticien. Les actes ne peuvent en aucun
cas être remboursés par la Sécurité sociale. Mais ils sont de mieux en mieux
remboursés par les assurances et les
mutuelles complémentaires santé (de
20 % à 100 % selon les contrats).
Chez le kiné, une consultation coûte
entre 14 et 18 €. Elle est remboursée à
60 % par la Sécu et le reste par les mutuelles. Une consultation chez le médecin coûte 23 € et est remboursée à
70 % par la Sécurité sociale.