Tiers-lieu et autres fablab, hackerspace, medialab, living lab

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Tiers-lieu et autres fablab, hackerspace, medialab, living lab
Tiers-lieu et autres fablab, hackerspace, medialab, living lab, …
vous n’y comprenez plus rien ?
lescahiersdelinnovation.com/2015/04/tiers-lieu-et-autres-fablab-hackerspace-medialab-living-lab-vous-ny-comprenez-plus-rien/
Jean-Pierre Leac
Quand on travaille comme moi depuis des années pour le développement économique, il est parfois difficile de faire
la différence entre une mode passagère et une véritable révolution. Les fablabs, hackerspaces, livinglabs,
biohacklabs et même museumlabs fleurissent sur tous les territoires et semblent remettre en cause profondément la
façon dont les projets émergent et dont les gens travaillent ensemble. De façon apparemment contradictoire,
l’autonomie et le travail collaboratif sont mis en avant dans chacune de ces initiatives. De plus, les considérations
politiques sont souvent présentes et reprises par les collectivités locales (citoyenneté, stratégies de densification, de
rétablissement de la proximité, du lien social, de la cohésion sociale, du développement économique et de la qualité
d’un territoire). Si la pauvreté commence bien, selon le diagnostic de K. Marx, quant on est dépossédé de la propriété
des moyens de production, la dimension politique des tendances actuelles apparait car on peut les analyser comme
des tentatives, pour des citoyens seuls ou groupés, de se réapproprier les outils de production qu’ils ne possèdent
plus (via l’impression 3D par exemple).
Mais qu’en est-il vraiment de cette « révolution » ?
La solution est-elle, comme on me l’a dit récemment de « fermer tous les pôles, incubateurs autres
accélérateurs et d’ouvrir des espaces ouverts où les citoyens créent librement et obtiennent à
la mesure de leur implication » ?
Le Tiers-Lieu
D’après Movielab, le mot tiers-lieu est souvent utilisé de façon générique pour parler des espaces physiques ou
virtuels de rencontres entre des personnes et des compétences variées qui n’ont pas forcément vocation à se
croiser. Il s’agit donc d’un mot chapeau très large pour désigner les espaces de coworking, les FabLabs, les
HackerSpaces, les jardins partagés et autres habitats partagés ou entreprises ouvertes.
Wikipedia nous rappelle l’origine du terme : le tiers-lieu, ou la troisième place, ou est un terme traduit de l’anglais The
Third Place. Il fait référence aux environnements sociaux se distinguant des deux principaux que sont la maison
et le travail. Dans son livre datant des années 1980 The Great, Good Place, Ray Oldenburg, professeur émérite de
sociologie urbaine à l’université de Pensacola en Floride, indique que les troisièmes places sont importantes pour la
société civile, la démocratie, l’engagement civique et instaurent un sentiment d’espace.
Contrairement à la première définition, on parle donc bien d’espaces physiques de rencontres, d’échanges, voire de
travail collaboratif.
Le FabLab
A tout seigneur tout honneur, le plus connu des Tiers-Lieux est le fablab ou « atelier de fabrication numérique » en
français. Abréviation de « Fabrication laboratory » en anglais, c’est un lieu ouvert au public mettant à la disposition de
ses utilisateurs des ressources techniques, technologiques et humaines (machines, outils, logiciels, procédés, savoirfaire, mentors) nécessaires à la création et à la fabrication d’objets et de projets de toutes sortes qui répondent à un
besoin personnel ou collectif.
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Le concept de FabLab est né d’une initiative du Center for Bits & Atoms du MIT (Massachussets Institute of
Technology) afin de démocratiser les processus de conception, de prototypage et de fabrication d’objets. L’un des
objectifs de cette expérimentation était de donner un accès public à des outils et des machines (numériques
ou non) pour observer l’utilisation qui en serait faite au quotidien sans contraintes académiques.
Constatant le succès de cette idée, un programme, une fondation ainsi qu’une Charte des FabLabs ont été mis en
place, ce qui a permis l’émergence d’un réseau d’envergure internationale. Un FabLab est un lieu de recherche, de
création, de conception, d’exploration, d’expérimentation et de réalisation. Il invite aussi à la découverte, au jeu
et à la coopération. Il vise à faciliter l’accès aux outils et aux technologies en vue de stimuler l’expression, l’innovation
et l’inventivité personnelles, de même que l’apprentissage par la pratique et par le mentorat.
Pour porter l’appellation officielle FabLab, un atelier de fabrication numérique doit respecter les exigences suivantes :
être ouvert au public gratuitement ou en échange de services bénévoles (formation, animation, entretien, etc.)
déclarer adhérer et souscrire à la Charte des FabLabs
participer activement au réseau international des FabLabs, et non pas agir en vase clos, en échangeant et
partageant des connaissances, l’état d’avancement des recherches, des designs, des plans, des codes, des
logiciels, etc.
partager avec le reste du réseau un ensemble d’outils, de matériaux et de processus communs pour faciliter les
échanges, l’entraide et la collaboration.
J’ai eu la chance de visiter le FabLab porté par Tektos sur la
côte d’Opale. Il s’agit d’un bon exemple de ce que peut être
cet outil et son ambition pour un territoire donné, ici le
Calaisis.
Le Living Lab
Un Living Lab, l’abréviation pour « Living Laboratory » en
anglais, se traduit littéralement par « laboratoire vivant ». Un
Living Lab est une méthodologie de recherche en innovation
menée par une réunion d’acteurs publics, privés et citoyens
qui travaillent en concertation continue, plutôt qu’en vase
clos, pour concevoir, améliorer et valider dans le vécu (la
« vraie vie »), des produits, des services, des technologies,
Lauréat d’un appel à projets lancé par l’état, le FabLab porté par
Tektos est un instrument au service de l’ambition de tout un
territoire
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des outils, etc.
Le concept de Living Lab est né à la fin des années 1990 au Media Lab du MIT (encore !). Il proposait une nouvelle
méthodologie de recherche pour répondre aux enjeux d’innovation associés à l’utilisation, souvent peu conviviale, des
technologies de l’information et de la communication par les consommateurs. Cette méthodologie se différenciait des
méthodes courantes, car elle ne considérait pas l’usager de produits et de services technologiques comme un simple
objet d’investigation passif, mais plutôt comme un participant actif, qui détient un véritable savoir d’usage.
On a déjà pu observer ces tendances dans cet article sur le design thinking ou bien celui-ci sur le design en général.
Le concept a ensuite été exporté en Europe où l’organisme ENoLL (European Network of Living Labs) a été créé en
2006. L’ENoLL est mis en place afin de structurer l’émergence des Living Labs par l’homologation des projets et la
documentation des bonnes pratiques.
Depuis 2011, les Living Labs explorent, entre autres, le thème de la ville intelligente sous différents angles, dont
notamment ceux de la santé, de l’éducation, de la logistique et du transport, de l’aéronautique, de l’environnement, du
tourisme, de l’agriculture, du génie et de l’administration publique.
On répertorie aujourd’hui plus de 340 Living Labs, répartis dans une quarantaine de pays sur les cinq continents. Il
existe une grande diversité d’expériences au sein des Living Labs qui varient selon les objectifs qu’ils souhaitent
atteindre, les outils qu’ils utilisent ainsi que la structure stratégique et opérationnelle qu’ils mettent en place.
A titre d’exemple, un Living Lab opère à Lille depuis plusieurs années sur le site d’Humanicité 1. Le nouveau quartier
Humanicité rassemble des organismes et des habitants motivés par un nouveau « vivre ensemble ». Ce nouveau
« vivre ensemble » se construit peu à peu avec les 2 200 habitants et 800 professionnels partageant ensemble le
même environnement. Le Living Lab permet l’expérimentation et la mise en place d’expériences et de solutions
innovantes, profitant à tous.
Les hackerspaces
Un hackerspace, hacklab ou media hacklab est un lieu où des gens avec un intérêt commun (souvent autour de
l’informatique, de la technologie, des sciences, des arts…) peuvent se rencontrer et collaborer. Les Hackerspaces
peuvent être vus comme des laboratoires communautaires ouverts où des gens (les hackers) peuvent partager
ressources et savoir. Beaucoup de hackerspaces utilisent et participent à des projets autour du logiciels libres, du
hardware libre, ou des médias alternatifs.
Fablab, Hackerspace : Les lieux de fabrication numériques collaboratifs
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Ils sont souvent physiquement installés dans des maisons des associations ou des universités, mais dès que le
nombre d’adhérents et l’éventail des activités augmente ils déménagent généralement dans des espaces industriels
ou d’anciens entrepôts.
Une carte des Labs en France
Pour s’y retrouver, le plus simple est peut-être d’aller sur le site http://www.makery.info qui vous donne une information
en temps réel des lieux où se trouvent les Labs en France et alentours.
Tiers Lieu. Où sont situé les Labs en France ? makery vous le dit !
Où sont situé les Labs en France ? makery vous le dit !
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Tiers-lieu : révolution ou feu de paille ?
L’émergence d’un Tiers-lieu n’est pas due au hasard. Déjà dans cet article, nous mettions déjà en avant les
différentes tendances qui préfigurent une nouvelle façon de travailler ensemble (voir aussi cette interview d’Olivia
Lisicki). Pour mémoire, cette infographie représente les différentes tendances, repérées par le projet Wave, qui
concourent à l’émergence de l’intelligence collective. Le mouvement des makers, la co-création et l’économie du
partage sont des tendances qu’ont peut relier à la montée en puissance du Tiers-lieu et des Labs.
Le monde change et l'intelligence collective prend progressivement de l'importance.
Le monde change et l’intelligence collective prend progressivement de l’importance.
Il est donc probable donc que le Tiers-lieu et le Lab s’inscrivent à l’avenir durablement dans le paysage. Pour ma part,
je conduis d’ailleurs actuellement une étude afin de voir comment stabiliser les modèles économiques d’un Tierslieu et comment améliorer dans ma belle région son articulation avec des outils plus traditionnels, comme les
incubateurs, les accélérateurs ou les pépinières d’entreprises. N’hésitez pas à contribuer si vous le souhaitez
(twitter, linkedIn), je serais très heureux d’échanger avec vous sur le sujet.
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