Qu`est-ce qu`un Etat islamique
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Qu`est-ce qu`un Etat islamique
Action Islamique Qu’est-ce qu’un Etat islamique ? Qu’est-ce qu’un Etat islamique ? Résumé du livre du Dr. Saïd Ramadan 1. Le Mythe de la Théocratie Dans un pays islamique, la loi (ash-shari`â) ne peut être autre que la volonté d’Allah révélée au Prophète (saaws). C’est pourquoi certains parlent de théocratie lorsqu’ils évoquent la loi islamique. Du grec « theos », qui signifie « Dieu », le terme « théocratie » signifie, en théorie, un Etat gouverné par Dieu de manière directe ou indirecte. En pratique, ce terme fait allusion aux gouvernances religieuses propres à l’Histoire occidentale où des représentants de Dieu sur terre étaient au pouvoir. Dans notre société, l’idée reçue est de présenté le concept d’Etat islamique à l’image des théocraties occidentales passées. Pourtant, l’islam repose sur l’idée que Dieu n’est que Dieu et qu’Il ne peut être représenté ni de façon humaine, ni de façon matérielle. Le Prophète (saaws) n’est pas Dieu et les lois divines ne sont pas Dieu non plus. Ces lois ont été énoncées sous formes d’injonctions aux croyants. Les musulmans en ont parfois une interprétation différente, mais, en aucun cas cette interprétation ne repose sur une autorité humaine. La seule autorité en la matière est le texte lui-même, qui, ne s’applique qu’avec la compréhension de la pensée humaine. La loi islamique est donc un concept révolutionnaire par rapport aux concepts anthropomorphiques existants. Elle est solidement issue des sources islamiques mais son application découle de la raison humaine. Tout repose alors sur le texte et non sur une représentation humaine de Dieu. De nombreux exemples viennent appuyer ce concept : lorsque le Prophète (saaws) changeait d’avis pour suivre l’avis d’un de ses compagnons ; lorsque les califes bienguidés précisaient qu’ils n’étaient que les successeurs du Prophète (saaws) et qu’ils n’étaient pas infaillibles ; dans les Etats islamiques historiques, le calife (le gouvernant), n’avait ni la fonction d’exégète, ni celle d’un législateur. On peut également noter qu’à l’époque médiévale, lorsqu’il existait en même temps théocraties européennes et califat islamique, l’Andalousie musulmane était reconnue comme centre de la pensée libre, un endroit où l’on venait de toute l’Europe pour apprendre la philosophie, les mathématiques, l’astronomie, la médecine... etc. On ne peut donc pas réduire la loi islamique à une théocratie car, en islam, aucun représentant ne serait être au dessus de la loi elle-même. 1 Action Islamique Qu’est-ce qu’un Etat islamique ? 2. Système de gouvernement Le Coran et la Sunna ne prescrivent aucune forme spécifique de gouvernement pour un Etat islamique. Les sources définissent les principes fondamentaux sur lesquels l’Etat doit s’appuyer. Ensuite, le gouvernement peut être alors créé suivant les nécessités du moment, en prenant en compte le niveau des connaissances humaines, l’accroissement de la population, l’expansion de l’Etat ou encore les moyens de communication et d’expression de l’opinion publique. Par exemple, la procédure de désignation d’Abu Bakr comme calife fut différente de celle de `Umar. Cet aspect du système musulman est une sagesse d’un point de vue du droit constitutionnel. Le système islamique est basé sur l’acceptation inconditionnelle de la puissance de Dieu sur toutes les choses créées. Ainsi, les commandements de Dieu transmis par Son Prophète (saaws) doivent être respectés par tous les membres de la société. Et les lois promulguées ne doivent en aucun cas contredire l’esprit du Coran ou de la Sunna. Tout ce qui se rapporte aux affaires publiques peuvent faire l’objet de consultations (shoura), à l’image du Prophète (saaws) qui consulta ses compagnons avant la bataille de Badr. Dans un Etat islamique, on peut trouver une assemblée consultative élue par la nation qui a pour tâche de contrôler les actions du chef de l’Etat et des organes exécutifs. Cette assemblée a aussi pour fonction d’édicter les lois exigées par les intérêts de la nation, à condition, une fois encore, qu’elles ne contredisent pas le Coran ou la Sunna. Les décisions de cette assemblée sont prises à la majorité des voix. Le chef de l’Etat doit être musulman, adulte, homme et de bonne conduite. Les juristes musulmans ont défini beaucoup d’autres critères tels que la connaissance approfondie de l’islam, la fermeté de caractère, le sens de la justice... etc. Ces critères sont ensuite plus on moins importants selon le contexte de la gouvernance. Notons que le chef de l’Etat est dans la même position que le reste de la communauté et qu’il n’a droit a aucun privilège spécial. L’appareil judiciaire est, quant à lui, indépendant de l’exécutif et puise ses décisions dans le Coran et la Sunna. La personne humaine doit être protégée. Et cela s’applique à toutes les personnes habitantes dans un Etat islamique. Elles ont le droit à l’égalité pleine et entière. L’Etat doit assurer nourriture, vêtements, abris, soins médicaux à tous. Aucune discrimination religieuse, ethnique ou encore linguistique n’est admise. La liberté d’opinion (verbale ou écrite), la liberté de culte et la liberté de mouvement sont assurées à tous. Il n’est pas permis de restreindre d’aucune manière la liberté de l’individu, sauf s’il outrepasse ses droits définis par la loi ou s’il porte atteinte aux intérêts de la nation. 2 Action Islamique Qu’est-ce qu’un Etat islamique ? Ces droits et ces libertés s’appliquent évidement à « Ahl adh-Dhimmah » (les sujets nonmusulmans). En plus de la liberté de croyance et de culte, ils ont la possibilité d’être jugés selon leurs lois religieuses propres. Mais ils peuvent, s’ils le désirent, être jugés par la loi islamique. Ils sont exemptés de la Zakat (aumône légale pour les musulmans) et ont le choix entre payer la Djizyah (taxe moins élevée que la Zakat) ou se porter volontaire dans l’armée. Les femmes, les enfants, les infirmes, vieillards, prêtres ou moines sont dans tous les cas exemptés de la Djizyah. 3. Politique étrangère L’un des principes fondamentaux de l’islam est qu’il s’adresse à l’humanité toute entière. Le rapprochement des uns vers les autres est donc un objectif principal. L’Etat islamique doit donc se tenir aux côtés d’autres Etats pacifiques afin de propager le savoir et de contribuer au progrès et au bien-être des populations. Dans le cas où l’Etat islamique est confronté à des puissances agressives, il lui incombe de rechercher tous les moyens pacifiques possibles. En cas d’échec des moyens pacifiques, la guerre devient obligatoire tant que l’agression n’est pas repoussée. La guerre est l’objet de lois islamiques précises : la cruauté est interdite tout comme le meurtre des enfants, des vieillards et des femmes, le saccage de la nature n’est pas permis. Les pactes et les trêves convenus avec l’ennemi doivent être scrupuleusement respectés. Afin d’assurer sa défense ainsi que la paix, l’Etat islamique doit faire en sorte d’être fort à tel point qu’aucun agresseur ne soit tenté de l’attaquer. 3