Arts Lettres - Espace Art Gallery

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Arts Lettres - Espace Art Gallery
Qu’est-ce qui dans ce triptyque est surréaliste et qu’est-ce qui est naïf ?
Rappelons qu’il s’agit ici de l’expression d’un langage personnel, lequel s’écarte singulièrement des conventions
formelles du Surréalisme.
Dans le panneau central, cette pénétration du soleil (en jaune très vif) dans la mer au large (dans un bleu
presque blanc), renoue avec le vocabulaire surréaliste « classique », tout en demeurant très personnel. Tandis
que ce même bleu de la mer devient de plus en plus épais, au fur et à mesure qu’il s’approche de la présence
physique d’Ève et de celle du visiteur qui entre en contact visuel avec le tableau, c'est-à-dire avec la réalité
picturale du récit symbolique.
La dimension naïve, elle, se manifeste surtout d’un point de vue stylistique dans l’élaboration de la végétation,
inquiétante, fantastique et luxuriante ainsi que par le rendu plastique des animaux. Ce choix stylistique n’est pas
sans rappeler l’art du DOUANIER ROUSSEAU. Un art ancré dans un fantastique tendre et joyeux.
La présence de ce triptyque s’explique en tant que facteur de comparaison entre les styles surréaliste et
suairique de l’artiste. Cela s’imposait, surtout si l’on songe que JEAN-PAUL BODIN a eu l’occasion de pratiquer
un surréalisme plus conventionnel, proche notamment, d’un MAGRITTE, pour des œuvres qui ne sont pas
exposées actuellement à l’ESPACE ART GALLERY et qui mériteraient pleinement d’y figurer.
Autodidacte de formation, JEAN-PAUL BODIN a néanmoins fréquenté les Beaux-Arts où il s’est formé à la
technique du dessin. Il peint essentiellement à l’huile, dans une technique axée sur un mélange savant d’huiles
diverses.
Ce qui fait de lui un véritable maître dans la brillance de la lumière, grâce à la maîtrise qu’il a de la composition
des glacis.
Un dénominateur commun réunit les styles surréaliste et suairique : une recherche absolue du sacré dans ses
formes les plus insensées.
Artiste de l’introspection mais aussi du rêve en fête, son art entretient le dialogue séculaire entre l’Homme et ses
fins dernières.
François L. Speranza.
Arts
Lettres
Recueil n° 2 – 2013
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