Septembre 1942 Batailles de convois

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Septembre 1942 Batailles de convois
Septembre 1942
4 – La bataille de l’Atlantique (et d’autres mers)
Batailles de convois
1er-2 septembre
3 septembre
Sous dix drapeaux
Atlantique sud – La vigie du corsaire Stier repère un grand paquebot qui se révèle être le
Pasteur. Le corsaire tente de le prendre en chasse, mais le navire français, utilisé comme
transport de troupes par les Alliés, est bien plus rapide que lui et le distance vite.
4-5 septembre
6 septembre
Guerre météo : l’opération Bansö
Spitzberg – Les reconnaissances aériennes allemandes signalent depuis deux mois le passage
de convois entre l’Angleterre et Mourmansk. Mais les attaquer, comme le réclame le haut
commandement, nécessite des informations sur les conditions météorologiques plus
complètes que celles que peuvent fournir les quelques Ju 88 des Wetteraufklarung-Staffeln.
Ces vols météorologiques ont par ailleurs repéré l’incendie des dépôts de pétrole et de
charbon et l’abandon apparent des zones habitées du Spitzberg depuis l’opération Gauntlet, en
juillet. La Luftwaffe décide alors de tirer parti de cette évacuation en montant l’opération
Bansö (pour Banak – Spitsbergen – Oya). Pendant ce temps, la Kriegsmarine, ignorant tout
des intentions des aviateurs, prend une décision semblable…
(D’après J. Jonathan, Les convois de Mourmansk et la guerre dans l’Arctique, Marabout
Université, Bruxelles)
7-8 septembre
9 septembre
L’obsession norvégienne
Brême – Les S-Boots S-83 et 84 sont livrés à la Kriegsmarine. Sur un ordre direct du Führer,
ces vedettes rapides sont affectées à la 6e Flottille de S-Boots, opérant de Bergen (Norvège).
Relations interalliées
Alger – En fin de journée, l’amiral Ollive, chef d’état-major de la Marine Nationale, s’envole
pour Washington sur le Boeing 310 Bellatrix (cet avion avait appartenu à l’excentrique
millionnaire américain Howard Hughes).
10 septembre
L’obsession norvégienne
Kiel – Suivant les ordres d’Hitler, les DD Z-4 Richard Beitzen, Z-5 Paul Jakobi, Z-7
Hermann Schoemann, Z-14 Friedrich Ihn, Z-15 Erich Steinbrinck et Z-29 quittent Kiel pour
Trondheim et Narvik. Outre que ce mouvement permet de soutenir le Scheer dans la
perspective d’une tentative de débarquement allié en Norvège ou d’actions contre contre des
convois alliés dans l’Océan Arctique, il est probable que c’est aussi pour Hitler une façon de
conjurer le souvenir du massacre des destroyers allemands en 1940 dans le fjord de Narvik.
11 septembre
L’obsession norvégienne
Au large de la Norvège – Alors qu’ils approchent de Trondheim, les six destroyers
allemands venus de Kiel sont attaqués par 18 Beaufort du Coastal Command escortés par 8
Bristol Banshee. Le Z-7 Hermann Schoemann est légèrement endommagé par deux nearmisses. Avec les Z-4 Richard Beitzen et Z-5 Paul Jakobi, il rejoint Trondheim, où il pourra
être réparé. Les trois autres continuent vers Narvik, où ils arriveront le lendemain.
Mission spéciale
Iles Shetlands – Pour le sous-marin MN Orion (LV Rossignol 1), les huit premiers mois de
l’année ont été stériles, si l’on excepte une vaine chasse au Tirpitz le 11 mars. Des problèmes
de moteurs diesel l’ont même immobilisé à Dundee en mai et juin. Les quatre derniers mois
de l’année vont se révéler plus fertiles en émotion, le submersible ayant été retenu pour des
missions spéciales.
Ce jour, l’Orion quitte la base avancée des sous-marins alliés avec à son bord douze hommes,
Anglais et Norvégiens, du Special Operations Executive (SOE), chargés de détruire la
centrale électrique de Glomfjord (opération Musketoon). En prenant quelques risques, l’Orion
réussira à déposer le commando le 15, avant de rentrer à Dundee le 22 septembre.
L’opération elle-même sera un succès : la centrale sera mise durablement hors service. Mais
seuls quatre hommes du commando pourront gagner la Suède.
12 septembre
En eaux froides
Côtes de Norvège – Le cargo allemand Robert Bornhofen (6 723 GRT) est la plus grosse
victoire de l’année 1942 pour les sous-marins de la Flotte du Nord. Il coule à l’entrée du
Porsangerfjord, devant le port d’Honningsvag, sur une mine d’un champ posé le 6 août
précédent par le K-1.
Le K-1 remportera deux autres succès le 6 décembre : les patrouilleurs V-6116 (Ubier, 350
GRT) et V-6117 (Cherusker, 304 GRT) seront victimes des mines d’un champ mouillé le 9
novembre dans le Porsangerfjord. Il s’agit de deux chalutiers ASM britanniques, les
Rutlandshire et Jasmine, coulés en Norvège en avril 1940, relevés et remis en service.
13 septembre
14 septembre
Relations interalliées
1
Auparavant second de l’Ondine, le LV Georges Rossignol a remplacé le 14 janvier 1942 le LV Jacques Vichot.
Washington – Les amiraux King (US Navy) et Ollive (MN) et leurs états-majors se
retrouvent pour discuter de la coopération technique et stratégique entre leurs deux marines.
15 septembre
Des renforts pour le Pacifique
Norfolk (Etats-Unis) – Les amiraux King et Ollive assistent à l’appareillage de la flotte
franco-américaine en partance pour le Pacifique Sud. En raison de la fermeture pour quelque
temps du canal de Panama, ces navires doivent traverser la Méditerranée et l’Océan Indien
avant d’atteindre l’Australie. Ils sont attendus à Sydney fin octobre. A noter que les
Américains ont fait une bonne manière aux Français : c’est le vice-amiral d’escadre Emile
Duplat qui commandera toute la flotte de renfort jusqu’à son arrivée dans le Pacifique, car
King a évité d’affecter à ses navires un amiral d’un grade au moins égal.
La nouvelle Escadre française du Pacifique est constituée autour des cuirassés Dunkerque et
Strasbourg, sortant tout juste d’un grand carénage et d’un rééquipement complet. Tous deux
ont été hérissés de DCA : deux affûts quadruples et dix doubles de 40 mm, 32 affûts simples
de 20 mm à la place des canons de 37 et des mitrailleuses lourdes d’origine. Diverses autres
modernisations de systèmes annexes (mais importants), tels que les moteurs entraînant les
tourelles, ont considérablement amélioré leur efficacité. La catapulte a été modernisée, et
chaque navire emporte à présent trois hydravions OS2U-3 Kingfisher. Déjà équipés de radars
britanniques, les deux vaisseaux ont reçu des systèmes américains. Le Dunkerque porte
maintenant un type-279 (détection aérienne), un SG-1 et un type-271 de détection navale (les
deux systèmes utilisent le même magnétron), deux type-283 pour régler le tir de l’artillerie
secondaire et un Mark-3 pour celui de l’artillerie principale (ce radar, qui peut déterminer la
distance des gerbes à 15 000 mètres, a remplacé le type-284 durant son rééquipement aux
Etats-Unis). Le Strasbourg est doté d’un radar de détection aérienne CXAM-1 (qui remplace
son type-79 de la Royal Navy), d’un type-271 de détection navale, d’un type-284 pour
l’artillerie principale, de deux type-283 pour l’artillerie secondaire et de quatre type-282 pour
ses 40 mm.
Leurs quatre escorteurs, de la classe Le Hardi, ont eux aussi été modifiés. Leur armement se
compose à présent de six (3 x 2) 5,1 pouces/45 LA, quatre (1 x 2 et 2 x 1) Bofors de 40 mm,
six 20 mm Œrlikon, 7 tubes lance-torpilles de 550 mm (un affût triple et deux doubles,
modifiés pour tirer des torpilles de 21 pouces de la Royal Navy), quatre lance-grenades ASM
et deux grenadeurs de sillage avec 40 grenades. Ces destroyers ont reçu un radar de détection
aérienne type-286, un type-271 de détection navale et un type-282 pour l’artillerie. Le Hardi a
également un radar SG de modèle américain.
Tous les bâtiments de cette classe ainsi que les Dunkerque et Strasbourg ont bénéficié (ou
bénéficieront) d’un accroissement de leur autonomie grâce à l’augmentation du nombre des
soutes à mazout par transformation de locaux inutiles et surtout par aménagement de mailles
vides dans les doubles fonds.
………
I – Escadre française du Pacifique (vice-amiral Emile Duplat, sur le Dunkerque)
1ère Division de Ligne
BB Dunkerque (C.V. Pierre Tanguy), BB Strasbourg (contre-amiral Gabriel Barois,
commandant la Division)
10e Division de Torpilleurs
TB Le Hardi, L’Adroit, Le Foudroyant, Casque
Cette force sera rejointe à Alexandrie par le CA Tourville, qui opère pour l’instant avec la
Flotte de Méditerranée.
…
II – Task Force 34 de l’US Navy
– Groupe d’attaque (TF 34.1, contre-amiral Robert C. Giffen)
BB Indiana
BB Massachusetts
CL Columbia
DD Beatty, Cowie, Doran, Fitch, Forrest, Knight, Mervine, Quick
– Groupe de porte-avions (TF 34.2, contre-amiral Lyam A. Davidson)
CVE Sangamon (VGF-26 : 12 F4F-4, VGS-26 : 9 TBF-1 et 9 SBD-3)
CVE Suwanee (VGF-27: 16 F4F-4, VGS-27 : 12 TBF-1)
CVE Santee (VGF-29 : 14 F4F-4, VGS-29 : 9 SBD-3 et 8 TBF-1)
Au total : 42 F4F-4, 18 SBD-3, 29 TBF-1.
CL Cleveland (Captain E.W. Burrough)
DD Bailey, Bancroft, Barton, McCalla, Meade, Murphy, Rodman, Fletcher, Jenkins,
Nicholas, O’Bannon et Saufley.
………
Si la Marine Nationale envoie des forces importantes dans le Pacifique, si l’Armée de l’Air
n’est pas en reste, l’envoi d’un régiment parachutiste, un moment envisagé fin juin, a été
annulé. Les Américains, qui ont déjà à régler les problèmes de coopération avec les
Australiens, étaient rien moins qu’enthousiastes, et surtout, l’état-major français avait grand
besoin du régiment en question, le 1er REP, sur le théâtre méditerranéen.
Pour compenser diplomatiquement cette annulation vis-à-vis des Australiens et des NéoZélandais, le Bataillon du Pacifique formé en Polynésie française va être envoyé en NouvelleCalédonie, où il sera renforcé par le recrutement local d’un autre bataillon. Le tout formera le
Régiment du Pacifique – un régiment à deux bataillons seulement, mais qui saura s’illustrer
sur le terrain.
16 septembre
Des Italiens dans l’Atlantique
Bordeaux – Alors que son Tazzoli est en cours de remise en état après sa seconde longue
mission (71 jours à compter du 24 juin) de l’année 1942, le CC Carlo Fecia di Cossato est
appelé à prendre le commandement de l’un des sous-marins affectés à la Xa MAS, l’Adua.
Lorsqu’il quitte Betasom, son palmarès « Atlantique » est de douze victoires 2 : aux quatre
obtenues en 1941 3, Fecia di Cossato en a ajouté huit : six au cours de sa première mission de
l’année, deux au cours de la seconde 4. C’est le CC Giuseppe Caito qui le remplace sur le
Tazzoli.
17-18 septembre
19 septembre
2
Le palmarès total de Fecia di Cossato est de quatorze succès : il en avait obtenu deux en 1940 en Méditerranée
comme commandant du Ciro Menotti.
3
Trois victoires décomptées à la fin juillet 1941 plus une quatrième le 19 août, avec le torpillage du pétrolier
norvégien Sildra (7 313 GRT).
4
Parmi ces six victoires, remportées entre le 6 et le 15 mars 1942, figure le cargo uruguayen Montevideo (5 785
GRT), ex-italien Adamello saisi le 1er septembre 1941. C’est le second navire ex-italien coulé par Fecia di
Cossato, après le Fortunata (devenu Sainte-Jacqueline), envoyé par le fond le 5 septembre 1940 en
Méditerranée.
La route du Sud des chasseurs américains
Meknès – Les avions du 97e Fighter Squadron de l’USAAF arrivent en Afrique après avoir
traversé l’Atlantique Sud. Pour accélérer leur déploiement en Méditerranée, les P-38 se
rendent en effet des Etats-Unis au Maroc par leurs propres moyens en cinq étapes : MiamiFort-de-France (2 376 km), Fort-de-France-Cayenne (1 512 km), Cayenne-Natal (2 300 km),
puis traversée de l’Atlantique Sud entre le Brésil et Dakar (3 025 km), enfin Dakar-Meknès
(2 780 km).
Meknès a été choisi comme point d’arrivée, car il s’agit du principal aérodrome de l’Armée
de l’Air. Il possède de nombreux ateliers d’entretien capables de réviser les avions après leur
long voyage. Après quelques jours de repos, les pilotes américains vont s’exercer avec des
instructeurs français (dont certains pilotent un Bf 109F récupéré dans le Péloponnèse) pour
mise au point opérationnelle.
L’arrivée des avions du 97e FS signifie que le 82e FG est maintenant au complet à Meknès. Il
sera très bientôt déployé dans la région de Tunis.
………
Ces avions ont été (certains d’entre eux du moins) guidés par un P-38 français piloté par
l’écrivain-pilote Antoine de Saint-Exupéry. Celui-ci a subi le 16 février 1941, pendant
l’opération Merkur, de graves blessures et des brûlures quand son Bloch 174 a été durement
touché par des Bf 109F. Il a dicté pendant sa convalescence une suite à Pilote de Guerre, sous
le titre Orphelins du Ciel (“orphelins” en raison de l’occupation de la France métropolitaine).
Il a ensuite effectué une tournée de conférences très suivie à travers les Etats-Unis, tout en
écrivant un nouveau livre, dans un genre très différent.
En juin 1942, à 42 ans, il s’est à nouveau porté volontaire pour servir dans l’Armée de l’Air,
qui n’a pu refuser de le réengager, malgré son âge. L’idée de lui confier le rôle – en partie
fictif – de guide d’un Squadron de chasse à travers l’Atlantique Sud est venue de
l’Ambassade de France à Washington et non, comme l’affirmeront de mauvaises langues, de
l’éditeur américain de Saint-Exupéry, soucieux de lancer dans les meilleures conditions son
nouveau livre, Le Petit Prince, dont le style très original a d’abord fait redouter un échec
commercial.
………
La Route de l’Atlantique Sud a été reconnue dès septembre 1940 par des pilotes français, dont
certains avaient déjà pratiqué la vieille ligne de l’Aéropostale allant à Natal. Deux bâtiments
de surveillance (en général, des avisos de classe Bougainville ou des croiseurs auxiliaires) ont
été stationnés en permanence sur la partie Natal-Dakar du voyage par la Marine Nationale,
jusqu’à l’entrée en guerre du Brésil. A ce moment, les deux vieux croiseurs brésiliens Bahia
et Rio Grande do Sul ont repris en charge cette surveillance ; ils seront progressivement
rejoints par six vieux destroyers four-pipers cédés par les Etats-Unis et convertis en
destroyers d’escorte dans des chantiers de Rio.
Ce ne sera pas le seul engagement de la flotte brésilienne dans la guerre. Après avoir escorté
quelques convois “blé-viande-laine” entre le Rio de la Plata et Dakar, le vieux cuirassé Minas
Gerais se rendra début octobre à Colon (Zone du Canal de Panama) pour une modernisation
limitée, afin de se joindre aux forces déployées en Méditerranée dès janvier 1943.
20 septembre
21 septembre
La bataille du convoi DDCH-100 (1)
Le DDCH-100 est un grand convoi lent (8 nœuds) parti de Durban (D) à destination de la
Grande-Bretagne (H pour Home). En route, il s’est arrêté à Dakar (D), où il a été grossi par
des bâtiments du convoi PLDC-87 (venant de la zone du Rio de la Plata, PL) avant de repartir
pour Casablanca (C), où certains de ses navires doivent s’arrêter. Le 21 septembre, ce sont 54
navires marchands qui rampent sur l’Atlantique entre Dakar et Casablanca. L’escorte venant
de La Plata est constituée de l’Escort Group A3 (Cdr Heineman, US Navy) avec les cotres
USS Campbell et Spencer et les corvettes HMS Nasturtium et HMCS Bittersweet, Lunenburg
et Weyburn. L’escorte venant de Durban est le GEAS (Groupe d’Escorte de l’Atlantique Sud),
avec les deux contre-torpilleurs de classe Aigle modernisés Epervier et Vautour 5, les deux
avisos de classe Bougainville Savorgnan-de-Brazza et Rigault-de-Genouilly et les trois
corvettes de classe Flower Arquebuse, La Dieppoise et La Malouine. Les deux contretorpilleurs Albatros et Milan, qui viennent d’arriver de Grande-Bretagne après l’opération
Rutter/Routier, se sont joints à l’escorte au large de Dakar.
Cependant, le Service B de la Kriegsmarine (écoute et déchiffrage des messages ennemis) a
réussi à décoder une partie des instructions du DDCH-100. Deux “meutes”, le Gruppe Lohs (9
sous-marins) et le Gruppe Pfeil (8 sous-marins) ont été déployées entre Dakar et Casablanca.
Dans la nuit du 20 au 21, deux heures après avoir quitté Dakar, le convoi est repéré par un Uboot du Gruppe Lohs, mais le message de celui-ci est détecté par HF/DF et l’Albatros attaque
aussitôt, tandis que le convoi entame une manœuvre d’évasion. Le sous-marin allemand n’est
pas touché, mais il est repoussé et perd le contact. Le Gruppe Lohs ne peut donc attaquer cette
nuit-là.
Dès l’aube du 21, les hydravions des Flottilles E 7 et E 21 de l’Aéronavale commencent à
patrouiller au-dessus du convoi. Le Sunderland n°4 de l’E 7 repère un U-Boot et lâche deux
grenades ASM – sans résultat, mais la menace d’une attaque aérienne force les sous-marins
allemands à rester en plongée toute la journée. Le soir, la chance du Gruppe Lohs est passée.
Mais le DDCH-100 n’est pas sorti de la zone dangereuse.
Peu avant minuit, les navires alliés commencent à détecter de nouvelles émissions allemandes
à haute fréquence. Cependant, les escorteurs sont trop occupés à rallier les traînards pour
pouvoir attaquer chaque “cut” (signal) HF/DF. Le Gruppe Pfeil va pouvoir passer à l’attaque.
22 septembre
La bataille du convoi DDCH-100 (2)
La première attaque se produit une heure avant l’aube du 22. Le cargo belge Roumanie (3 563
GRT) est torpillé et coulé alors qu’il tente de rattraper le convoi, dont il s’était écarté au début
de la nuit. La corvette canadienne Bittersweet, qui joue les chiens de berger sur l’arrière du
convoi, exécute peu après deux attaques infructueuses.
Le jour se lève sous des nuages bas, tandis que le vent forcit. Cela n’empêche pas deux PBY5F de la Flottille E 21 de détecter au radar deux U-boots en surface et de les attaquer à la
bombe. L’un d’eux – probablement l’U-221 – est endommagé ; incapable de plonger, il est
achevé à 13h50 par la corvette Arquebuse, accourue à l’appel du Catalina.
Il est à présent évident pour le Cdr Heineman, qui commande l’escorte, que le convoi risque
fort de subir une attaque en règle la nuit suivante. Les bâtiments de l’Escort Group A3 et ceux
du GEAS n’épargnent aucun effort pour rallier les isolés, même si le convoi doit, pour
récupérer ces derniers, réduire sa vitesse à 6 nœuds pendant une partie de l’après-midi.
Peu avant le coucher du soleil, le Sunderland n°7 de la Flottille E 7 obtient une victoire contre
un sous-marin en immersion périscopique, qui est probablement l’U-258. Il est possible que
5
Radar et Asdic modernes, armement transformé : 2 canons de 138 mm, 2 affûts doubles de 40 mm, 6 affûts
simples de 20 mm, 4 mortiers ASM et 2 grenadeurs de sillage.
celui-ci ait été chargé de guider le reste de la meute, car l’attaque, qui commence vraiment
vers 21h15, est très désordonnée. De plus, le Gruppe Pfeil a déjà perdu deux bateaux et six
type IX seulement sont de la partie.
A 22h10, le cargo britannique Tennessee (2 342 GRT) est torpillé et coulé. Le coupable est
l’U-617, qui a l’idée bizarre de rester en surface et d’engager au canon un autre Britannique,
l’Athelsultan (8 882 GRT). Ce cargo est endommagé et son équipage subit de sérieuses pertes,
mais l’USS Spencer surgit, le couteau entre les dents, forçant l’Allemand à plonger en hâte.
Pourtant, le Spencer ne parvient pas à obtenir un contact Asdic stable et l’U-617 s’échappe.
A 22h55, le Panaméen Stone Street (6 131 GRT) est coulé de deux torpilles. Cette fois,
l’agresseur ne s’en tire pas à bon compte. Les corvettes HMS Nasturtium et MN La Dieppoise
obtiennent un contact Asdic de bonne qualité et mènent une attaque bien coordonnée qui
expédie l’U-607 au fond de l’Atlantique.
Ce qui n’empêche pas les autres submersibles du Gruppe Pfeil de poursuivre leurs attaques…
23 septembre
La bataille du convoi DDCH-100 (3)
00h34 – L’aviso MN Savorgnan-de-Brazza échange plusieurs obus avec un sous-marin en
surface. Celui-ci finit par s’échapper à toute vitesse (la vitesse maximum du Savorgnan-deBrazza n’est que de 15,5 nœuds, au mieux, et l’aviso n’a pas eu d’entretien au port depuis
plus de six mois, ce qui n’améliore pas sa vélocité !).
02h05 – Le Yougoslave Nikolina Matkovic (3 672 GRT) est frappé par deux torpilles et coule
rapidement.
02h11 – L’aviso Rigault-de-Genouilly est touché en plein milieu, sans doute par une torpille
de l’U-boot qui vient de couler le Matkovic. Victime d’une grave voie d’eau dans son
compartiment moteur, l’aviso ne tarde pas à couler. Le coupable est repéré en surface par le
Milan et plonge en catastrophe. Le Milan lâche deux séries de dix grenades ASM, qui
secouent le sous-marin sans le détruire.
03h10 – Le contact est retrouvé par le Lunenburg et le Bittersweet. Les deux corvettes
pourchassent le sous-marin pendant plus d’une heure.
04h30 – Le gibier des Lunenburg et Bittersweet fait surface. Il semble que, pour échapper aux
attaques obstinées des corvettes, le commandant allemand ait dû manœuvrer à sa vitesse
maximale, épuisant ses accumulateurs. Les deux corvettes canadiennes l’endommagent au
canon, mais sont incapables de l’achever (leur artillerie est de trop petit calibre). L’U-boot
s’échappe vers l’ouest quand il est rattrapé par l’USS Spencer, qui le touche à deux reprises.
L’Américain se rapproche pour le coup de grâce, quand il devient évident que l’équipage
allemand est en train de saborder son navire. Ainsi finit l’U-615, quatrième U-boot coulé en
mois de 24 heures.
La bataille du convoi DDCH-100 est un tournant de la bataille de l’Atlantique. Ce grand
convoi lent, cible idéale, en théorie, pour les tactiques de meute de Dönitz, a eu à ses trousses
deux “Gruppen” totalisant 17 bateaux. Grâce à des tactiques intelligentes et à une bonne
coopération avec les hydravions basés à Dakar, une escorte relativement modeste a pu éviter
un Gruppe d’U-boots et a infligé 50 % de pertes au second (quatre U-boots sur huit), au prix
de quatre cargos et d’un escorteur.
24 septembre
Mines en eaux froides
Côtes de Norvège – Le MN Rubis (LV Rousselot) rentre à Dundee après avoir mouillé 32
mines devant Tromsø (champ qui ne donnera aucun résultat). Il va entrer en grand carénage
pour six mois : réfection complète des moteurs ; installation d’un canon de 20 mm AA et d’un
radar de type 291 (à la place de l’antenne périscopique 6) ; remplacement de la batterie
française par une batterie américaine Sargo. Son retour en première ligne, après une période
d’entraînement, est prévu en mai 1943.
25 septembre
Des Mexicains dans leur Golfe
Alger – A la suite de la visite du général Villalobos, un accord naval est signé entre la France
et le Mexique. Celui-ci va déployer trois avisos rapides de la classe Guanajato, les Guanajato,
Potosi et Queretaro, avec l’escadre d’escorte française qui opère de Fort-de-France et compte
actuellement huit patrouilleurs de 173 pieds achetés à l’US Navy. De plus, la canonnièretransport Durango sera déployée en Méditerranée dès le mois de novembre comme navire
d’appui amphibie.
26 septembre
Guerre météo : l’opération Bansö
Spitzberg – Une petite équipe est déposée par un Ju 52 escorté par deux Ju 88 dans la vallée
d’Adventdalen (au sud de Longyearbyen). Commandée par le scientifique D. W. Etienne,
cette équipe installe une station météo camouflée dans une hutte de trappeurs.
La station Bansö, rapidement détectée par les vols de reconnaissance alliés, devra être
évacuée en octobre.
(D’après J. Jonathan, op. cit.)
27 septembre
Sous dix drapeaux
Atlantique sud – Le corsaire Stier ravitaille à couple du forceur de blocus Tannenfels, qui lui
a apporté, entre autres, un hydravion Nakajima. Ce dernier se révèlera tout aussi inutilisable
que les Arado.
Alors que le temps se dégrade, les deux navires allemands sont surpris par le Liberty Ship
américain Stephen Hopkins. Gerlach lance immédiatement son navire à la poursuite de
l’intrus, en lui envoyant un coup de semonce. Mais ce dernier ne se laisse pas faire, répliquant
avec toutes ses armes. Alors que le Tannenfels tente de brouiller les signaux radios du cargo
allié, ce dernier et le Stier se canonnent à courte distance. Le corsaire est stoppé par un coup
dans le gouvernail tribord et un autre qui rompt l’arrivée du carburant aux moteurs. Après une
lutte acharnée, le Stephen Hopkins finit par couler, mais le Stier ne vaut guère mieux, car des
incendies non maîtrisés menacent le stock de torpilles. L’équipage est récupéré par le
Tannenfels, qui prend la direction de Bordeaux.
28 septembre
29 septembre
Changement de propriétaire
6
Qui avait elle-même remplacé le périscope de secours en 1939.
Argentine et Espagne – Faisant – bien après l’Italie – la part du feu tout en essayant de
ménager l’avenir, l’Allemagne a vendu à réméré (c’est-à-dire avec une clause de rachat) entre
le 7 septembre et ce jour dix bateaux de commerce immobilisés dans des ports étrangers. Elle
a ainsi cédé pour un tonnage d’environ 29 500 GRT : un paquebot et deux cargos (15 262
GRT) à l’Argentine 7 et sept cargos (14 366 GRT) à l’Espagne 8.
30 septembre
7
Paquebot Lahn (8 498 GRT), qui deviendra le San Martin puis, en 1943, le Rio Parana ; cargo Nienburg
(4 318 GRT), rebaptisé Belgrano puis (1943) Rio Juramento ; cargo Anatolia (2 446 GRT), rebaptisé Santa Fé
puis (1943) Rio Carcarana.
8
Ces cargos étaient immobilisés dans les ports de Séville, Cadix et Ayamonte : Hundseck (1 454 GRT), Porto
(2 185 GRT), Helios (3 847 GRT), Diana (1 551 GRT), Larache (1 999 GRT), Sevilla (1 995 GRT) et Spica
(1 385 GRT). Ils seront tous rebaptisés d’un nom de ria, respectivement : Ria de Pontevedra, Ria de El Ferrol,
Ria de Vigo, Ria de Corme, Ria de Camarinas, Ria de Ares, Ria de Muros.

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