Septembre 1942 Batailles de convois
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Septembre 1942 Batailles de convois
Septembre 1942 4 – La bataille de l’Atlantique (et d’autres mers) Batailles de convois 1er-2 septembre 3 septembre Sous dix drapeaux Atlantique sud – La vigie du corsaire Stier repère un grand paquebot qui se révèle être le Pasteur. Le corsaire tente de le prendre en chasse, mais le navire français, utilisé comme transport de troupes par les Alliés, est bien plus rapide que lui et le distance vite. 4-5 septembre 6 septembre Guerre météo : l’opération Bansö Spitzberg – Les reconnaissances aériennes allemandes signalent depuis deux mois le passage de convois entre l’Angleterre et Mourmansk. Mais les attaquer, comme le réclame le haut commandement, nécessite des informations sur les conditions météorologiques plus complètes que celles que peuvent fournir les quelques Ju 88 des Wetteraufklarung-Staffeln. Ces vols météorologiques ont par ailleurs repéré l’incendie des dépôts de pétrole et de charbon et l’abandon apparent des zones habitées du Spitzberg depuis l’opération Gauntlet, en juillet. La Luftwaffe décide alors de tirer parti de cette évacuation en montant l’opération Bansö (pour Banak – Spitsbergen – Oya). Pendant ce temps, la Kriegsmarine, ignorant tout des intentions des aviateurs, prend une décision semblable… (D’après J. Jonathan, Les convois de Mourmansk et la guerre dans l’Arctique, Marabout Université, Bruxelles) 7-8 septembre 9 septembre L’obsession norvégienne Brême – Les S-Boots S-83 et 84 sont livrés à la Kriegsmarine. Sur un ordre direct du Führer, ces vedettes rapides sont affectées à la 6e Flottille de S-Boots, opérant de Bergen (Norvège). Relations interalliées Alger – En fin de journée, l’amiral Ollive, chef d’état-major de la Marine Nationale, s’envole pour Washington sur le Boeing 310 Bellatrix (cet avion avait appartenu à l’excentrique millionnaire américain Howard Hughes). 10 septembre L’obsession norvégienne Kiel – Suivant les ordres d’Hitler, les DD Z-4 Richard Beitzen, Z-5 Paul Jakobi, Z-7 Hermann Schoemann, Z-14 Friedrich Ihn, Z-15 Erich Steinbrinck et Z-29 quittent Kiel pour Trondheim et Narvik. Outre que ce mouvement permet de soutenir le Scheer dans la perspective d’une tentative de débarquement allié en Norvège ou d’actions contre contre des convois alliés dans l’Océan Arctique, il est probable que c’est aussi pour Hitler une façon de conjurer le souvenir du massacre des destroyers allemands en 1940 dans le fjord de Narvik. 11 septembre L’obsession norvégienne Au large de la Norvège – Alors qu’ils approchent de Trondheim, les six destroyers allemands venus de Kiel sont attaqués par 18 Beaufort du Coastal Command escortés par 8 Bristol Banshee. Le Z-7 Hermann Schoemann est légèrement endommagé par deux nearmisses. Avec les Z-4 Richard Beitzen et Z-5 Paul Jakobi, il rejoint Trondheim, où il pourra être réparé. Les trois autres continuent vers Narvik, où ils arriveront le lendemain. Mission spéciale Iles Shetlands – Pour le sous-marin MN Orion (LV Rossignol 1), les huit premiers mois de l’année ont été stériles, si l’on excepte une vaine chasse au Tirpitz le 11 mars. Des problèmes de moteurs diesel l’ont même immobilisé à Dundee en mai et juin. Les quatre derniers mois de l’année vont se révéler plus fertiles en émotion, le submersible ayant été retenu pour des missions spéciales. Ce jour, l’Orion quitte la base avancée des sous-marins alliés avec à son bord douze hommes, Anglais et Norvégiens, du Special Operations Executive (SOE), chargés de détruire la centrale électrique de Glomfjord (opération Musketoon). En prenant quelques risques, l’Orion réussira à déposer le commando le 15, avant de rentrer à Dundee le 22 septembre. L’opération elle-même sera un succès : la centrale sera mise durablement hors service. Mais seuls quatre hommes du commando pourront gagner la Suède. 12 septembre En eaux froides Côtes de Norvège – Le cargo allemand Robert Bornhofen (6 723 GRT) est la plus grosse victoire de l’année 1942 pour les sous-marins de la Flotte du Nord. Il coule à l’entrée du Porsangerfjord, devant le port d’Honningsvag, sur une mine d’un champ posé le 6 août précédent par le K-1. Le K-1 remportera deux autres succès le 6 décembre : les patrouilleurs V-6116 (Ubier, 350 GRT) et V-6117 (Cherusker, 304 GRT) seront victimes des mines d’un champ mouillé le 9 novembre dans le Porsangerfjord. Il s’agit de deux chalutiers ASM britanniques, les Rutlandshire et Jasmine, coulés en Norvège en avril 1940, relevés et remis en service. 13 septembre 14 septembre Relations interalliées 1 Auparavant second de l’Ondine, le LV Georges Rossignol a remplacé le 14 janvier 1942 le LV Jacques Vichot. Washington – Les amiraux King (US Navy) et Ollive (MN) et leurs états-majors se retrouvent pour discuter de la coopération technique et stratégique entre leurs deux marines. 15 septembre Des renforts pour le Pacifique Norfolk (Etats-Unis) – Les amiraux King et Ollive assistent à l’appareillage de la flotte franco-américaine en partance pour le Pacifique Sud. En raison de la fermeture pour quelque temps du canal de Panama, ces navires doivent traverser la Méditerranée et l’Océan Indien avant d’atteindre l’Australie. Ils sont attendus à Sydney fin octobre. A noter que les Américains ont fait une bonne manière aux Français : c’est le vice-amiral d’escadre Emile Duplat qui commandera toute la flotte de renfort jusqu’à son arrivée dans le Pacifique, car King a évité d’affecter à ses navires un amiral d’un grade au moins égal. La nouvelle Escadre française du Pacifique est constituée autour des cuirassés Dunkerque et Strasbourg, sortant tout juste d’un grand carénage et d’un rééquipement complet. Tous deux ont été hérissés de DCA : deux affûts quadruples et dix doubles de 40 mm, 32 affûts simples de 20 mm à la place des canons de 37 et des mitrailleuses lourdes d’origine. Diverses autres modernisations de systèmes annexes (mais importants), tels que les moteurs entraînant les tourelles, ont considérablement amélioré leur efficacité. La catapulte a été modernisée, et chaque navire emporte à présent trois hydravions OS2U-3 Kingfisher. Déjà équipés de radars britanniques, les deux vaisseaux ont reçu des systèmes américains. Le Dunkerque porte maintenant un type-279 (détection aérienne), un SG-1 et un type-271 de détection navale (les deux systèmes utilisent le même magnétron), deux type-283 pour régler le tir de l’artillerie secondaire et un Mark-3 pour celui de l’artillerie principale (ce radar, qui peut déterminer la distance des gerbes à 15 000 mètres, a remplacé le type-284 durant son rééquipement aux Etats-Unis). Le Strasbourg est doté d’un radar de détection aérienne CXAM-1 (qui remplace son type-79 de la Royal Navy), d’un type-271 de détection navale, d’un type-284 pour l’artillerie principale, de deux type-283 pour l’artillerie secondaire et de quatre type-282 pour ses 40 mm. Leurs quatre escorteurs, de la classe Le Hardi, ont eux aussi été modifiés. Leur armement se compose à présent de six (3 x 2) 5,1 pouces/45 LA, quatre (1 x 2 et 2 x 1) Bofors de 40 mm, six 20 mm Œrlikon, 7 tubes lance-torpilles de 550 mm (un affût triple et deux doubles, modifiés pour tirer des torpilles de 21 pouces de la Royal Navy), quatre lance-grenades ASM et deux grenadeurs de sillage avec 40 grenades. Ces destroyers ont reçu un radar de détection aérienne type-286, un type-271 de détection navale et un type-282 pour l’artillerie. Le Hardi a également un radar SG de modèle américain. Tous les bâtiments de cette classe ainsi que les Dunkerque et Strasbourg ont bénéficié (ou bénéficieront) d’un accroissement de leur autonomie grâce à l’augmentation du nombre des soutes à mazout par transformation de locaux inutiles et surtout par aménagement de mailles vides dans les doubles fonds. ……… I – Escadre française du Pacifique (vice-amiral Emile Duplat, sur le Dunkerque) 1ère Division de Ligne BB Dunkerque (C.V. Pierre Tanguy), BB Strasbourg (contre-amiral Gabriel Barois, commandant la Division) 10e Division de Torpilleurs TB Le Hardi, L’Adroit, Le Foudroyant, Casque Cette force sera rejointe à Alexandrie par le CA Tourville, qui opère pour l’instant avec la Flotte de Méditerranée. … II – Task Force 34 de l’US Navy – Groupe d’attaque (TF 34.1, contre-amiral Robert C. Giffen) BB Indiana BB Massachusetts CL Columbia DD Beatty, Cowie, Doran, Fitch, Forrest, Knight, Mervine, Quick – Groupe de porte-avions (TF 34.2, contre-amiral Lyam A. Davidson) CVE Sangamon (VGF-26 : 12 F4F-4, VGS-26 : 9 TBF-1 et 9 SBD-3) CVE Suwanee (VGF-27: 16 F4F-4, VGS-27 : 12 TBF-1) CVE Santee (VGF-29 : 14 F4F-4, VGS-29 : 9 SBD-3 et 8 TBF-1) Au total : 42 F4F-4, 18 SBD-3, 29 TBF-1. CL Cleveland (Captain E.W. Burrough) DD Bailey, Bancroft, Barton, McCalla, Meade, Murphy, Rodman, Fletcher, Jenkins, Nicholas, O’Bannon et Saufley. ……… Si la Marine Nationale envoie des forces importantes dans le Pacifique, si l’Armée de l’Air n’est pas en reste, l’envoi d’un régiment parachutiste, un moment envisagé fin juin, a été annulé. Les Américains, qui ont déjà à régler les problèmes de coopération avec les Australiens, étaient rien moins qu’enthousiastes, et surtout, l’état-major français avait grand besoin du régiment en question, le 1er REP, sur le théâtre méditerranéen. Pour compenser diplomatiquement cette annulation vis-à-vis des Australiens et des NéoZélandais, le Bataillon du Pacifique formé en Polynésie française va être envoyé en NouvelleCalédonie, où il sera renforcé par le recrutement local d’un autre bataillon. Le tout formera le Régiment du Pacifique – un régiment à deux bataillons seulement, mais qui saura s’illustrer sur le terrain. 16 septembre Des Italiens dans l’Atlantique Bordeaux – Alors que son Tazzoli est en cours de remise en état après sa seconde longue mission (71 jours à compter du 24 juin) de l’année 1942, le CC Carlo Fecia di Cossato est appelé à prendre le commandement de l’un des sous-marins affectés à la Xa MAS, l’Adua. Lorsqu’il quitte Betasom, son palmarès « Atlantique » est de douze victoires 2 : aux quatre obtenues en 1941 3, Fecia di Cossato en a ajouté huit : six au cours de sa première mission de l’année, deux au cours de la seconde 4. C’est le CC Giuseppe Caito qui le remplace sur le Tazzoli. 17-18 septembre 19 septembre 2 Le palmarès total de Fecia di Cossato est de quatorze succès : il en avait obtenu deux en 1940 en Méditerranée comme commandant du Ciro Menotti. 3 Trois victoires décomptées à la fin juillet 1941 plus une quatrième le 19 août, avec le torpillage du pétrolier norvégien Sildra (7 313 GRT). 4 Parmi ces six victoires, remportées entre le 6 et le 15 mars 1942, figure le cargo uruguayen Montevideo (5 785 GRT), ex-italien Adamello saisi le 1er septembre 1941. C’est le second navire ex-italien coulé par Fecia di Cossato, après le Fortunata (devenu Sainte-Jacqueline), envoyé par le fond le 5 septembre 1940 en Méditerranée. La route du Sud des chasseurs américains Meknès – Les avions du 97e Fighter Squadron de l’USAAF arrivent en Afrique après avoir traversé l’Atlantique Sud. Pour accélérer leur déploiement en Méditerranée, les P-38 se rendent en effet des Etats-Unis au Maroc par leurs propres moyens en cinq étapes : MiamiFort-de-France (2 376 km), Fort-de-France-Cayenne (1 512 km), Cayenne-Natal (2 300 km), puis traversée de l’Atlantique Sud entre le Brésil et Dakar (3 025 km), enfin Dakar-Meknès (2 780 km). Meknès a été choisi comme point d’arrivée, car il s’agit du principal aérodrome de l’Armée de l’Air. Il possède de nombreux ateliers d’entretien capables de réviser les avions après leur long voyage. Après quelques jours de repos, les pilotes américains vont s’exercer avec des instructeurs français (dont certains pilotent un Bf 109F récupéré dans le Péloponnèse) pour mise au point opérationnelle. L’arrivée des avions du 97e FS signifie que le 82e FG est maintenant au complet à Meknès. Il sera très bientôt déployé dans la région de Tunis. ……… Ces avions ont été (certains d’entre eux du moins) guidés par un P-38 français piloté par l’écrivain-pilote Antoine de Saint-Exupéry. Celui-ci a subi le 16 février 1941, pendant l’opération Merkur, de graves blessures et des brûlures quand son Bloch 174 a été durement touché par des Bf 109F. Il a dicté pendant sa convalescence une suite à Pilote de Guerre, sous le titre Orphelins du Ciel (“orphelins” en raison de l’occupation de la France métropolitaine). Il a ensuite effectué une tournée de conférences très suivie à travers les Etats-Unis, tout en écrivant un nouveau livre, dans un genre très différent. En juin 1942, à 42 ans, il s’est à nouveau porté volontaire pour servir dans l’Armée de l’Air, qui n’a pu refuser de le réengager, malgré son âge. L’idée de lui confier le rôle – en partie fictif – de guide d’un Squadron de chasse à travers l’Atlantique Sud est venue de l’Ambassade de France à Washington et non, comme l’affirmeront de mauvaises langues, de l’éditeur américain de Saint-Exupéry, soucieux de lancer dans les meilleures conditions son nouveau livre, Le Petit Prince, dont le style très original a d’abord fait redouter un échec commercial. ……… La Route de l’Atlantique Sud a été reconnue dès septembre 1940 par des pilotes français, dont certains avaient déjà pratiqué la vieille ligne de l’Aéropostale allant à Natal. Deux bâtiments de surveillance (en général, des avisos de classe Bougainville ou des croiseurs auxiliaires) ont été stationnés en permanence sur la partie Natal-Dakar du voyage par la Marine Nationale, jusqu’à l’entrée en guerre du Brésil. A ce moment, les deux vieux croiseurs brésiliens Bahia et Rio Grande do Sul ont repris en charge cette surveillance ; ils seront progressivement rejoints par six vieux destroyers four-pipers cédés par les Etats-Unis et convertis en destroyers d’escorte dans des chantiers de Rio. Ce ne sera pas le seul engagement de la flotte brésilienne dans la guerre. Après avoir escorté quelques convois “blé-viande-laine” entre le Rio de la Plata et Dakar, le vieux cuirassé Minas Gerais se rendra début octobre à Colon (Zone du Canal de Panama) pour une modernisation limitée, afin de se joindre aux forces déployées en Méditerranée dès janvier 1943. 20 septembre 21 septembre La bataille du convoi DDCH-100 (1) Le DDCH-100 est un grand convoi lent (8 nœuds) parti de Durban (D) à destination de la Grande-Bretagne (H pour Home). En route, il s’est arrêté à Dakar (D), où il a été grossi par des bâtiments du convoi PLDC-87 (venant de la zone du Rio de la Plata, PL) avant de repartir pour Casablanca (C), où certains de ses navires doivent s’arrêter. Le 21 septembre, ce sont 54 navires marchands qui rampent sur l’Atlantique entre Dakar et Casablanca. L’escorte venant de La Plata est constituée de l’Escort Group A3 (Cdr Heineman, US Navy) avec les cotres USS Campbell et Spencer et les corvettes HMS Nasturtium et HMCS Bittersweet, Lunenburg et Weyburn. L’escorte venant de Durban est le GEAS (Groupe d’Escorte de l’Atlantique Sud), avec les deux contre-torpilleurs de classe Aigle modernisés Epervier et Vautour 5, les deux avisos de classe Bougainville Savorgnan-de-Brazza et Rigault-de-Genouilly et les trois corvettes de classe Flower Arquebuse, La Dieppoise et La Malouine. Les deux contretorpilleurs Albatros et Milan, qui viennent d’arriver de Grande-Bretagne après l’opération Rutter/Routier, se sont joints à l’escorte au large de Dakar. Cependant, le Service B de la Kriegsmarine (écoute et déchiffrage des messages ennemis) a réussi à décoder une partie des instructions du DDCH-100. Deux “meutes”, le Gruppe Lohs (9 sous-marins) et le Gruppe Pfeil (8 sous-marins) ont été déployées entre Dakar et Casablanca. Dans la nuit du 20 au 21, deux heures après avoir quitté Dakar, le convoi est repéré par un Uboot du Gruppe Lohs, mais le message de celui-ci est détecté par HF/DF et l’Albatros attaque aussitôt, tandis que le convoi entame une manœuvre d’évasion. Le sous-marin allemand n’est pas touché, mais il est repoussé et perd le contact. Le Gruppe Lohs ne peut donc attaquer cette nuit-là. Dès l’aube du 21, les hydravions des Flottilles E 7 et E 21 de l’Aéronavale commencent à patrouiller au-dessus du convoi. Le Sunderland n°4 de l’E 7 repère un U-Boot et lâche deux grenades ASM – sans résultat, mais la menace d’une attaque aérienne force les sous-marins allemands à rester en plongée toute la journée. Le soir, la chance du Gruppe Lohs est passée. Mais le DDCH-100 n’est pas sorti de la zone dangereuse. Peu avant minuit, les navires alliés commencent à détecter de nouvelles émissions allemandes à haute fréquence. Cependant, les escorteurs sont trop occupés à rallier les traînards pour pouvoir attaquer chaque “cut” (signal) HF/DF. Le Gruppe Pfeil va pouvoir passer à l’attaque. 22 septembre La bataille du convoi DDCH-100 (2) La première attaque se produit une heure avant l’aube du 22. Le cargo belge Roumanie (3 563 GRT) est torpillé et coulé alors qu’il tente de rattraper le convoi, dont il s’était écarté au début de la nuit. La corvette canadienne Bittersweet, qui joue les chiens de berger sur l’arrière du convoi, exécute peu après deux attaques infructueuses. Le jour se lève sous des nuages bas, tandis que le vent forcit. Cela n’empêche pas deux PBY5F de la Flottille E 21 de détecter au radar deux U-boots en surface et de les attaquer à la bombe. L’un d’eux – probablement l’U-221 – est endommagé ; incapable de plonger, il est achevé à 13h50 par la corvette Arquebuse, accourue à l’appel du Catalina. Il est à présent évident pour le Cdr Heineman, qui commande l’escorte, que le convoi risque fort de subir une attaque en règle la nuit suivante. Les bâtiments de l’Escort Group A3 et ceux du GEAS n’épargnent aucun effort pour rallier les isolés, même si le convoi doit, pour récupérer ces derniers, réduire sa vitesse à 6 nœuds pendant une partie de l’après-midi. Peu avant le coucher du soleil, le Sunderland n°7 de la Flottille E 7 obtient une victoire contre un sous-marin en immersion périscopique, qui est probablement l’U-258. Il est possible que 5 Radar et Asdic modernes, armement transformé : 2 canons de 138 mm, 2 affûts doubles de 40 mm, 6 affûts simples de 20 mm, 4 mortiers ASM et 2 grenadeurs de sillage. celui-ci ait été chargé de guider le reste de la meute, car l’attaque, qui commence vraiment vers 21h15, est très désordonnée. De plus, le Gruppe Pfeil a déjà perdu deux bateaux et six type IX seulement sont de la partie. A 22h10, le cargo britannique Tennessee (2 342 GRT) est torpillé et coulé. Le coupable est l’U-617, qui a l’idée bizarre de rester en surface et d’engager au canon un autre Britannique, l’Athelsultan (8 882 GRT). Ce cargo est endommagé et son équipage subit de sérieuses pertes, mais l’USS Spencer surgit, le couteau entre les dents, forçant l’Allemand à plonger en hâte. Pourtant, le Spencer ne parvient pas à obtenir un contact Asdic stable et l’U-617 s’échappe. A 22h55, le Panaméen Stone Street (6 131 GRT) est coulé de deux torpilles. Cette fois, l’agresseur ne s’en tire pas à bon compte. Les corvettes HMS Nasturtium et MN La Dieppoise obtiennent un contact Asdic de bonne qualité et mènent une attaque bien coordonnée qui expédie l’U-607 au fond de l’Atlantique. Ce qui n’empêche pas les autres submersibles du Gruppe Pfeil de poursuivre leurs attaques… 23 septembre La bataille du convoi DDCH-100 (3) 00h34 – L’aviso MN Savorgnan-de-Brazza échange plusieurs obus avec un sous-marin en surface. Celui-ci finit par s’échapper à toute vitesse (la vitesse maximum du Savorgnan-deBrazza n’est que de 15,5 nœuds, au mieux, et l’aviso n’a pas eu d’entretien au port depuis plus de six mois, ce qui n’améliore pas sa vélocité !). 02h05 – Le Yougoslave Nikolina Matkovic (3 672 GRT) est frappé par deux torpilles et coule rapidement. 02h11 – L’aviso Rigault-de-Genouilly est touché en plein milieu, sans doute par une torpille de l’U-boot qui vient de couler le Matkovic. Victime d’une grave voie d’eau dans son compartiment moteur, l’aviso ne tarde pas à couler. Le coupable est repéré en surface par le Milan et plonge en catastrophe. Le Milan lâche deux séries de dix grenades ASM, qui secouent le sous-marin sans le détruire. 03h10 – Le contact est retrouvé par le Lunenburg et le Bittersweet. Les deux corvettes pourchassent le sous-marin pendant plus d’une heure. 04h30 – Le gibier des Lunenburg et Bittersweet fait surface. Il semble que, pour échapper aux attaques obstinées des corvettes, le commandant allemand ait dû manœuvrer à sa vitesse maximale, épuisant ses accumulateurs. Les deux corvettes canadiennes l’endommagent au canon, mais sont incapables de l’achever (leur artillerie est de trop petit calibre). L’U-boot s’échappe vers l’ouest quand il est rattrapé par l’USS Spencer, qui le touche à deux reprises. L’Américain se rapproche pour le coup de grâce, quand il devient évident que l’équipage allemand est en train de saborder son navire. Ainsi finit l’U-615, quatrième U-boot coulé en mois de 24 heures. La bataille du convoi DDCH-100 est un tournant de la bataille de l’Atlantique. Ce grand convoi lent, cible idéale, en théorie, pour les tactiques de meute de Dönitz, a eu à ses trousses deux “Gruppen” totalisant 17 bateaux. Grâce à des tactiques intelligentes et à une bonne coopération avec les hydravions basés à Dakar, une escorte relativement modeste a pu éviter un Gruppe d’U-boots et a infligé 50 % de pertes au second (quatre U-boots sur huit), au prix de quatre cargos et d’un escorteur. 24 septembre Mines en eaux froides Côtes de Norvège – Le MN Rubis (LV Rousselot) rentre à Dundee après avoir mouillé 32 mines devant Tromsø (champ qui ne donnera aucun résultat). Il va entrer en grand carénage pour six mois : réfection complète des moteurs ; installation d’un canon de 20 mm AA et d’un radar de type 291 (à la place de l’antenne périscopique 6) ; remplacement de la batterie française par une batterie américaine Sargo. Son retour en première ligne, après une période d’entraînement, est prévu en mai 1943. 25 septembre Des Mexicains dans leur Golfe Alger – A la suite de la visite du général Villalobos, un accord naval est signé entre la France et le Mexique. Celui-ci va déployer trois avisos rapides de la classe Guanajato, les Guanajato, Potosi et Queretaro, avec l’escadre d’escorte française qui opère de Fort-de-France et compte actuellement huit patrouilleurs de 173 pieds achetés à l’US Navy. De plus, la canonnièretransport Durango sera déployée en Méditerranée dès le mois de novembre comme navire d’appui amphibie. 26 septembre Guerre météo : l’opération Bansö Spitzberg – Une petite équipe est déposée par un Ju 52 escorté par deux Ju 88 dans la vallée d’Adventdalen (au sud de Longyearbyen). Commandée par le scientifique D. W. Etienne, cette équipe installe une station météo camouflée dans une hutte de trappeurs. La station Bansö, rapidement détectée par les vols de reconnaissance alliés, devra être évacuée en octobre. (D’après J. Jonathan, op. cit.) 27 septembre Sous dix drapeaux Atlantique sud – Le corsaire Stier ravitaille à couple du forceur de blocus Tannenfels, qui lui a apporté, entre autres, un hydravion Nakajima. Ce dernier se révèlera tout aussi inutilisable que les Arado. Alors que le temps se dégrade, les deux navires allemands sont surpris par le Liberty Ship américain Stephen Hopkins. Gerlach lance immédiatement son navire à la poursuite de l’intrus, en lui envoyant un coup de semonce. Mais ce dernier ne se laisse pas faire, répliquant avec toutes ses armes. Alors que le Tannenfels tente de brouiller les signaux radios du cargo allié, ce dernier et le Stier se canonnent à courte distance. Le corsaire est stoppé par un coup dans le gouvernail tribord et un autre qui rompt l’arrivée du carburant aux moteurs. Après une lutte acharnée, le Stephen Hopkins finit par couler, mais le Stier ne vaut guère mieux, car des incendies non maîtrisés menacent le stock de torpilles. L’équipage est récupéré par le Tannenfels, qui prend la direction de Bordeaux. 28 septembre 29 septembre Changement de propriétaire 6 Qui avait elle-même remplacé le périscope de secours en 1939. Argentine et Espagne – Faisant – bien après l’Italie – la part du feu tout en essayant de ménager l’avenir, l’Allemagne a vendu à réméré (c’est-à-dire avec une clause de rachat) entre le 7 septembre et ce jour dix bateaux de commerce immobilisés dans des ports étrangers. Elle a ainsi cédé pour un tonnage d’environ 29 500 GRT : un paquebot et deux cargos (15 262 GRT) à l’Argentine 7 et sept cargos (14 366 GRT) à l’Espagne 8. 30 septembre 7 Paquebot Lahn (8 498 GRT), qui deviendra le San Martin puis, en 1943, le Rio Parana ; cargo Nienburg (4 318 GRT), rebaptisé Belgrano puis (1943) Rio Juramento ; cargo Anatolia (2 446 GRT), rebaptisé Santa Fé puis (1943) Rio Carcarana. 8 Ces cargos étaient immobilisés dans les ports de Séville, Cadix et Ayamonte : Hundseck (1 454 GRT), Porto (2 185 GRT), Helios (3 847 GRT), Diana (1 551 GRT), Larache (1 999 GRT), Sevilla (1 995 GRT) et Spica (1 385 GRT). Ils seront tous rebaptisés d’un nom de ria, respectivement : Ria de Pontevedra, Ria de El Ferrol, Ria de Vigo, Ria de Corme, Ria de Camarinas, Ria de Ares, Ria de Muros.